Ploc. Ploc. Ploc. Les gouttes d'eaux ne cessaient de tomber du plafond. Deux heures, qu'il entendait des plocs. Deux heures qu'il guettait le moindre bruit nouveau, pour ne pas devenir fou. Sa geôle était un vulgaire renfoncement de pierre humide dans une grotte aménagée. Elle n'était pas très profonde, mais suffisamment pour que sa seule source de lumière soit une torche pourrie accrochée de l'autre côté de ses barreaux en métal. Ces barreaux qui étaient censés l'empêcher de s'échapper... Bah ! pourquoi s'échapperait-il ? Pour la liberté ? Il n'en voulait pas. Avec le patron, il était assuré d'obtenir ce qu'il voulait : à manger, à boire, mais surtout du combat. C'était tout ce qu'il souhaitait, et il l'avait. Pas besoin de s'échapper, donc.
Le patron, c'était un horrible gugusse, un petit gros toujours en vêtement de fourrure qui se donne des airs de tyrans. Mais ça sautait aux yeux qu'en réalité c'était une flippette. Il était continuellement couvert de sueur, et s'essuyai continuellement le front avec un mouchoir - lequel dégage force une odeur infecte. Le patron était la seule personne avec qui il échangeait. Du moins, la seule personne en vie. C'était un marchand d'esclave, ou comme il préfère le dire : un loueur de mercenaire. En effet, il "prêtait" des guerriers prêts à faire n'importe quelle besogne nécessitant la force, en échange de quelques billets. Une sorte de mafia, ou quelque chose dans le genre. Après tout, lui, il se fichait pas mal des affaires du patron. Ça ne l'intéressait pas, c'est tout.
Il venait d'être transféré dans cette "prison" le jour-même, ce qui signifiait qu'il allait avoir du travail d'ici peu. Et effectivement, le patron était venu le voir :
≪ Bon, aujourd'hui tu auras une mission particulière : il n'y a pas de client.
ー Et je dois faire quoi ?
ー Simplement un peu de publicité. Tu vas représenter mon entreprise dans un combat d'arène. Tu as déjà entendu parler de Blood Lust ?
ー Non, mais le nom me plaît.
ー Evidemment. C'est un combat à mort entre différents guerriers, un spectacle, quoi. Comme c'est un événement officiel, je t'ai inscris en tant que mercenaire indépendant, et tu devras faire comme si tu en était un. Bien sûr, bon nombre de potentiels clients seront dans les gradins, et savent qui tu es réellement. Tu as intérêt à tuer un maximum de guerrier, sinon ce ne serait pas bon pour mes affaires ー et donc ce ne serait pas bon pour toi. ≫
Le patron le regardait d'un faux air mauvais, car il pensait toujours que ses menaces lui faisait peur. C'était faux. Il se fichait de savoir s'il serait fouetté, ou si sa nourriture diminuerait. Il voulait juste se battre. Tuer. Entendre le bruit du fer sur un crâne ou voir le sang gicler de ses adversaires. Actuellement, il avait ce qu'il voulait et n'avait aucune raison de ne pas se donner à fond. Le patron le savait très bien, mais continuait toujours de sortir ses mêmes menaces, sans doute pour nourrir son ego.
≪ Bref, tu sais ce qui t'attend. Les hostilités débuteront en début d'après-midi, mes hommes de main viendrons te chercher deux heures avant. Je compte sur toi. ≫
Et voilà qu'il devait faire semblant d'être libre ! En même temps, il ne se considérait pas vraiment comme un esclave. Il faisait ce qu'on attendait de lui, et recevait de quoi vivre. C'était plus un marché honnête, finalement.
Après avoir attendu une éternité, des gardes vinrent effectivement l'emmener. Il quittait la caverne, il quittait les plocs. Et le voici partant se battre au grand jour devant une foule en délire, avide de sang et de mort, tout comme lui. Ce n'était pas trop mal, comme boulot.