PS: n'hésitez pas à poster pour réagir par rapport aux avis/tests, le topic peut servir aux débats, tant qu'on reste dans le respect mutuel.
Circonspection, quand tu nous tiens...
Bien, je profite de ce topic pour donner mon avis sur un jeu que j'ai fini récemment et qui m'a beaucoup marqué :
Alors, pour commencer par le début, à savoir qu'est-ce que
Silent Hill pour ceux qui ne connaissent pas. Il s'agit d'une série de jeux vidéo créée par Konami, le premier opus étant sorti sur PlayStation en 1999 et ayant rencontré un vif succès, non pas à cause de son sentiment de terreur ou de faiblesse, mais grâce à la profondeur insondable de l'intrigue, qui pouvait changer radicalement de teneur selon le point de vue que le joueur adopte. Les jeux suivants respectent tous, à leur façon, cet élément fondateur du malsain et du vertige du haut propres à la série. A l'heure actuelle,
Silent Hill est l'une des séries de survival-horror les plus connues avec
Resident Evil et
Siren.
Ce petit historique, pour barbant qu'il fut, était nécessaire. En effet, le dernier opus en date,
Shattered Memories (traduisez "
Souvenirs Eparpillés"), se veut un remake du premier opus. C'est son argument publicitaire central. Nous sommes censés retrouver le scénario et l'ambiance du 1... Ou pas ?... Non, en effet. Ce jeu est foncièrement et radicalement différent de son modèle dans sa narration et son déroulement. Il est sorti en 2010 sur PS2, Wii et PSP. J'ai fait la version PS2 et je me base donc dessus pour le gameplay.
Le jeu commence avec Harry Mason, un père de famille épanoui qui adore sa fille, Cheryl, âgée de sept ans. Un soir d'hiver, il perd le contrôle de son 4x4 et finit éjecté de la route. Au terme d'un tonneau qui met sa voiture hors d'état, il réalise que sa fille, qui se trouvait sur le siège passager, a disparu. Inquiet, il se saisit d'une lampe torche et commence à explorer les environs, à la recherche de l'être qu'il chérit plus que tout au monde...
Mais cette quête le mènera bien plus loin qu'il ne le pensait au départ, et il se rendra vite compte que beaucoup de choses à son sujet sont pour le moins floues et déroutantes...
Si le début du jeu peut rebuter tant il est brillant d'opacité, couplé à des cinématiques de qualité très inégale, le jeu en lui-même recèle des trésors de gameplay, de scénario et d'ambiance, qui valent largement le détour. D'une part, le scénario est sombre, très sombre, mais pas besoin de se forcer pour avoir envie de dénouer l'immense sac de nœuds que composent le vrai et le faux dans ce déroulement qui ne manque jamais de prendre au dépourvu pour mieux relancer l'intrigue. Cette dernière n'est, d'ailleurs, pas aussi fixe qu'on a l'habitude de le voir dans ce genre de jeux : à plusieurs reprises, vous vous entretiendrez avec un sympathique psychiatre nommé le docteur K. Ce dernier vous posera des questions, et selon vos réponses, les designs des personnages, les décorations des lieux voire des pans entiers de dialogues seront différents, et la difficulté du jeu changera sensiblement.
Rien que pour ça, on prend plaisir à faire et refaire ce jeu, pas si long que ça en lui-même de surcroît ; les fans de
Silent Hill 2 comme moi ne pourront qu'être conquis par l'épilogue influencé par vos actes et décisions auprès de K. Refaites le jeu après l'avoir fini, et vous serez happés, soufflés et broyés par tous les détails révélés à la cinématique finale et leur impact considérable sur les événements.
Mais un jeu, ce n'est pas qu'un scénario, si brillant soit-il.
Silent Hill : Shatt. Memo (je préfère l'abréger ainsi) se fend de graphismes relativement magnifiques, avec des environnements, des mouvements et surtout des expressions faciales d'un réalisme saisissants qui compensent les ombres gravement aliasées ; toutefois, je fais partie des traumatisés de
Valkyrie Profile 2, on pourra jamais faire plus beau sur PS2 du coup je suis difficile à émerveiller. Les musiques sont rares et discrètes, mais à l'image de Wagner, Akira Yamaoka a créé une bande-son où même le silence est de lui.
Le titre bénéficie également d'un maniement moderne, de style FPS, plutôt inédit dans la série, mais ce titre est bien le plus maniable de tous les
Silent Hill. Du joystick gauche, qui contrôle les "jambes", vous faites avancer ou reculer Harry plus ou moins vite, vous pouvez le faire tourner légèrement sur le côté, et vous pouvez courir en maintenant L2, mais pour se tourner rapidement, il vaut mieux utiliser le joystick droit, qui contrôle la "main" qui tient la lampe torche. Forcément, il faut un petit moment pour s'y faire. Enfin, citons R2 qui sert à regarder de près. Si Harry "zoome" sur une affiche ou un tag, il le lira avec un petit commentaire personnel.
La progression est entravée par des énigmes, moins tirée par les cheveux qu'auparavant (genre boucher une gouttière avec une baballe) qui se résolvent à la première personne. Vous aurez une porte à ouvrir en enlevant le loquet et la sécurité, des cannettes à secouer, des statues à placer correctement... On déplace un curseur, on saisit ce qui peut l'être avec X, et on bouge plus ou moins dans tous les sens jusqu'à ce que l'illumination nous vienne. Personnellement, je n'ai eu que deux énigmes qui m'ont donné un peu de fil à retordre, les autres n'ont pas posé de problèmes.
Abordons rapidement le téléphone. Cette innovation majeure du jeu revêt plusieurs aspects : vous pouvez téléphoner, bien sûr, pour passer le temps ou parfois pour faire avancer l'histoire, mais vous avez aussi un GPS bien pratique, un appareil photo et la fonction Sauvegarder. A savoir, prendre une photo d'un "fantôme" ou vous approcher suffisamment d'un objet qui émet des parasites provoquera la réception d'un message audio ou textuel. Lisez-les... Certains sont tout à fait... Terrifiants. Vous pourrez aussi ramasser des objets hétéroclites, leur sens vous sera révélé... Tôt ou tard...
Car oui, c'est là un aspect que je n'avais jamais ressenti dans
Silent Hill, alors que ce devrait être son aspect primordial, et qui ici m'a saisi aux tripes :
la peur.A des moments clés du scénario, la ville se recouvre de glace bleue et le temps s'arrête pour tout le monde, sauf pour Harry. Les lieux deviennent alors infestés de monstres putrides, sans visage, assoiffés de sang et -surtout- invulnérables. Dans ces moments, souvenez-vous de l'adage : si tu vois un tyrannosaure dans la rue, c'est qu't'as trop bu ; mais si t'as pas bu...
Cours, débile !Les monstres surgissent de partout, de nulle part ; Harry peut entraver leur progression en renversant des bibliothèques ou des stèles, mais il n'a aucun moyen de les blesser et ne peut que les repousser. Cela dit, chaque contact le blesse, le ralentit, et à terme, le tue. Pour s'extraire de cet enfer glacé, il faut rejoindre un certain endroit, indiqué par une croix sur le GPS. Mais au milieu des monstres, obnubilé par notre propre survie, comment voulez-vous qu'on prenne le temps de regarder où aller ?! On court, on court, on se cache, on renverse les objets, on ne regarde que vers l'avant, c'est ça, il n'y a pas d'autre mot, c'est le sentiment d'impuissance qui vous saisit et ne vous lâche pas avant d'être sorti du danger.
On ne sort pas indemne de la première incursion dans ce royaume de l'angoisse. Les graphismes s'y affinent encore, pour devenir tout simplement, et ce coup-ci je n'hésite pas à le dire, somptueux de froideur, a fortiori on a pas le temps de les regarder de trop près. La terreur s'installe, et l'expérience atteint son paroxysme. Car c'est bien ce qu'est ce jeu : une expérience, autant pour un gamer, que pour une personne.
Evidemment, je me base essentiellement sur la version PS2, car c'est celle que j'ai faite ; et bien que je n'ai pas de Wii à disposition, je pense pouvoir affirmer que le principe du pointer-cliquer de la WiiMote rendra les énigmes plus accessibles et plus rapides que le curseur de la PS2, mais les phases de Cauchemar pourront être un peu plus confuses. Après, l'avis d'un joueur ayant testé les deux versions vaudra plus cher que le mien !
Bref,
Silent Hill : Shattered Memories est un grand, un très grand jeu qui nécessite juste qu'on accroche un petit peu à son concept d'exploration-survie et au fossé considérable qu'il y a entre les deux aspects. Je le conseille "chaudement" à ceux qui aiment le premier et le second opus, ainsi qu'à ceux en manque de trip psychosymboliques délicieusement profonds !
Note générale : 18/20+ la place de
2ème meilleur Silent Hill après Silent Hill 2 !