Bien, allons-y pour un petit test rapide d'un petit RPG qui m'a scotché :
Shin Megami Tensei :
Digital Devil Saga
Ce jeu est un spin-off de
Shin Megami Tensei, lui-même étant la suite des
Megami Tensei, et ces jeux sont reconnus comme des "
MegaTen". Dans notre chère Europe, ces titres sont pour la plupart de grands méconnus du public. Pour cause : un tirage toujours faible, des traductions inexistantes, un contenu pas toujours adapté à nos mœurs plus un niveau de jeu quelque peu rédhibitoire.
Digital Devil Saga est une bilogie, pour l'instant je ne parlerai que du premier opus (pour cause, le second, je l'ai pas encore fini). Il s'agit d'un des rares
MegaTen à avoir franchi l'Atlantique : sur plus d'une vingtaine de titres, nous n'en avons connu que sept jusqu'à présent...
L'histoire de
DDS se déroule dans un monde déprimant, baptisé la Junkyard (décharge en français). Ce monde est peuplé d'humains sans émotions, tous vêtus en guerriers, et qui vivent comme tel. La Junkyard est un champ de bataille perpétuel qui vit dans un obscur conflit dont nul ne connaît les origines. Tous les occupants ne sont motivés que par une seule légende, un seul but : accéder au Nirvana...
Le Nirvana, un paradis promis à la Tribu qui triomphera de toutes les autres. Le joueur entre en contact avec cet univers de violence quand l'Embryon, la plus petite Tribu, affronte leurs rivaux, les Vanguards. Alors que l'affrontement fait rage, un objet mystérieux tombe du ciel et une mystérieuse lueur traverse tous les humains... L'instant d'après, la bataille est gagnée pour l'Embryon, les Vanguards sont morts, et au cœur de l'objet mystérieux, une jeune fille nue aux cheveux noirs.
Rapidement, la nouvelle situation s'impose : tous les humains sont dorénavant capables de se transformer en démons, et pour gagner en puissance, il leur faudra dévorer leurs semblables...
L'histoire de
DDS est assez innovante en elle-même puisqu'ici nous ne devons pas sauver le monde mais le conquérir, et les questions qu'elle soulève par moments peuvent nous faire réfléchir. Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour atteindre nos objectifs, et ne manquons-nous pas certaines vérités à force de focaliser sur des buts trop vagues ? Le scénario se laisse suivre, il recèle son lot de bonnes scènes, mais il est parfois assez peu accrocheur, surtout sur le début. Et quand je dis début, comprenez les trois ou quatre premières heures ! Mais si vous dépassez ce stade, alors vous verrez tout l'intérêt du soft. A la lumière de cette situation, à vous de voir si vous voulez aller plus loin ou non. Le caractère des personnages n'est pas la moindre des forces du jeu, et si on retrouve quelques clichés comme la vierge nunuche à sauver toutes les heures ou la tête brûlée "too cool", on trouvera tous notre (ou nos) chouchou(s) dont les répliques nous feront apprécier le déroulement. Dans mon cas, j'ai vraiment adoré l'accent jamaïcain à couper au couteau de Cielo, un excellent personnage comique, dans le meilleur sens du terme !
Le jeu est sorti en 2004 au Japon, et malgré cela,
DDS a tout simplement, je n'hésite pas le dire, les meilleurs graphismes qui soient parmi les
MegaTen PS2. Un cell-shading et des couleurs pas trop vives, bon je n'ai jamais dit que c'était un des plus beaux jeux de la PS2, mais les cinématiques en Motion Capture, la qualité de l'animation et la résolution de l'affichage pulvérisent les
Persona d'une seule main. Sur les screenshots présentés ici, on note un fort aliasing, mais je peux vous jurer qu'il ne se voit pas à ce point sur une télé. L'emballage a bien vieilli, de sorte qu'aujourd'hui encore, le tout soit agréable à découvrir (de mon point de vue).
Par contre, impossible de ne pas le dire, votre équipe de protagonistes est... frustrante. Kazuma Kaneko est un monster designer de première force, mais pour ce qui est du chara design, il a vraiment du mal à convaincre. Alors que Heat, Argilla ou Cielo ont des allures plus que correctes voire plaisantes compte tenu de leur personnalité, Serph, Gale et Sera sont carrément moches pour ne pas dire affreux. Votre avatar, Serph, peut même se targuer d'avoir le Worst Design Ever for a Main Character. Quant à leur double démoniaque, leur Atma, au début il faut vraiment se les cogner tellement ils manquent de classe ou de prestance, jusqu'à ce qu'une persistance rétinienne vous fasse oublier de les regarder.
En ce qui concerne l'OST, je ne suis pas un grand fan de Shoji Meguro, j'estime que ses musiques ne sont pas assez "marquantes". C'est bien simple, sur les 30 pistes que présente le jeu, les seules dont je me souvienne réellement, ce sont
Muladhara (le thème du QG de l'Embryon, délicieusement jazzy) et
Hunting - Comrades, la musique des boss. Autant on reconnaît facilement que cet aspect léger, aérien et onirique colle au plus près à la Junkyard et à l'univers, autant j'ai largement préféré le travail fourni sur
Persona 3 où là, qu'on le veuille ou non, les musiques, ben on les entendait quoi.
Le gameplay de
Digital Devil Saga est basé sur celui de
Lucifer's Call. Pour faire simple, il repose essentiellement sur l'exploitation des Faiblesses. Autant lâcher tout de suite le point qui fâche : il s'agit d'un RPG à combats aléatoires. Et la fréquence, par ailleurs, est assez élevée, voire par moments carrément barbante. Ceci étant dit, étudions le système de jeu en lui-même.
Vous contrôlez Serph à travers des lieux plus ou moins labyrinthiques qui mêlent le modernisme à l'archéologie. Il peut y avoir des interrupteurs, des coffres normaux ou des coffres dorés. L'exploration se fait assez facilement, la caméra ne pose jamais de problème, la carte est facile à lire et aucun passage ne peut être vraiment qualifié de prise de tête. La progression se limite à trouver par où il faut passer après avoir trouvé un interrupteur.
Les combats sont très faciles à comprendre. Vous avez trois combattants au front, pour un à cinq ennemis. Vos personnages ont une forme démoniaque, qui gagne des compétences via les Mantras équipés (pensez au système de
Final Fantasy IX, c'est plus ou moins la même chose) et leur forme humaine, plus faible mais qui est immunisée aux Hama. Chaque fois que vous utilisez un élément qu'ils craignent, que vous placez un coup critique ou que vous restez inactif, vous gagnez un tour d'action supplémentaire. Chaque fois que vous utilisez un élément auquel l'ennemi est immunisé ou que vous manquez votre cible, vous consommez deux tours pour rien, et si l'ennemi absorbe ou renvoie, tous vos tours y passent. Le principe peut sembler profondément inégalitaire ou hasardeux, il est vrai qu'il peut le devenir, mais il combine intelligemment le tour par tour classique et la stratégie. Gardez à l'esprit que le jeu est d'une difficulté, pas insurmontable, généralement acceptable mais elle devient parfois vraiment corsée.
Je m'en tiendrai là pour l'instant, mais pour conclure, je soutiens que
Digital Devil Saga est l'un des meilleurs spin-off de
Shin Megami Tensei. Ses plus grandes forces sont sa qualité graphique (pour un MegaTen), son scénario un peu poussif sur le début mais qui finit par être vraiment captivant, son gameplay simple à comprendre et d'une richesse remarquable en terme de personnalisation des personnages, ainsi que son faible coût.
Ses faiblesses restent le goût assez discutable du character design, les textes restés en anglais, sa durée de vie faiblarde (une petite trentaine d'heures), les combats aléatoires qui peuvent casser les pieds par moments, et puis une fois qu'on a vu la fin, on veut forcément avoir le 2, et tout de suite !
(ce qui d'ailleurs confine à la vente forcée, le second étant un gros poil moins bon que le premier)... Dans tous les cas de figure, je le répète, j'estime que
Digital Devil Saga a beaucoup de qualités et je trouve ce titre peut concurrencer le surmédiatique
Persona 3. Ce jeu a également ses avantages mais... Nous y reviendrons plus tard, si cela vous dit !