Et puis, tant qu'à faire, j'ai commencé le premier tome du Seigneur des Anneaux de Tolkien en anglais... Mauvaise idée, déjà qu'en français Tolkien c'est pas évident, alors l'ancien anglais, bonjouuur la difficulté ! Mais quand on l'a déjà lu une fois ça reste possible. Et puis Tolkien c'est toujours bon à lire, en n'importe quelle langue. Si des gens ne l'ont pas lu, je ne peux que les inviter à le faire au plus vite.
Je pense que ton problème vient du fait que le SdA est concrètement rempli de descriptions, qui compliquent fatalement le texte quand on le lit dans une langue qui n'est pas notre langue natale, et une langue assez soutenue (mais qui dans tous les cas me semble plus accessible qu'un anglais plus familier. Mais peut-être trop scolaire ?). J'ai lu tous les livres de Tolkien en anglais et je peux t'assurer que le SdA est le plus compréhensible de tous, en plus de ne pas être spécialement ancien.
Dans les autres récits, comme le Silmarillion, ou plus globalement tous les récits de sa mythologie, Tolkien utilise un anglais plus archaïque, avec beaucoup de "Thou, Thy, Thee, Thine", et autres subtilités de langage, qui donnent un style littéralement ancien et "noble" du texte, puisque c'est également sous cette forme qu'on trouve les pièces et sonnets de Shakespeare, les mythologies, pas mal de poésie, et même la Bible.
Je t'invite à garder en tête les "Thou, Thy, etc" puisque de mémoire, on les voit très peu dans les manuels, et que réussir à les caser dans une copie, c'est un peu montrer au prof qu'on est pas là pour trier les lentilles.
Pour la difficulté du SdA, et de tes futures lectures, il y a des pièges à éviter. Déjà, ce n'est pas parce qu'un texte est réputé difficile en français qu'il l'est forcément en anglais. J'ai comme exemple l'Illiade et l'Odyssée, qui ont des traductions modernes en anglais plus adaptées aux lecteurs d'aujourd'hui que la traduction française typique qui aime bien embrouiller et faire transpirer pour se donner un style.
Ensuite, l'ancienneté du texte n'entre pas trop en compte, c'est ce que veut raconter l'auteur qui fait foi. Harry Potter 1 est plus compliqué que Dracula parce que le vocabulaire et la construction même de HP est volontairement loufoque là où Dracula est plus posé.
Et le piège ultime de vouloir apprendre l'anglais en lisant en anglais, c'est que la langue a une base romane, comme le français (plus de la moitié des mots français et anglais ont la même racine), du coup c'est facile de comprendre le sens mais pas tous les mots. La conséquence un peu fourbe c'est qu'on a bien lu et compris l'histoire, mais qu'on a pas spécialement progressé niveau vocabulaire, ce qui rend l'usage d'un dictionnaire obligatoire même lorsqu'on commence à lire rapidement.
Honnêtement c'est un peu décourageant mais personnellement je ne lis plus qu'en anglais, je trouve ça plus ludique et conséquemment, lire en français m'ennuie. Si tu recherches des classiques il y a les éditions
Penguin Classics qui sont globalement assez accessibles et ont un large éventail de choix, pour tous les âges, pour tous les styles. Personnellement c'est ce que je privilégie en poche anglais. Après il faut faire le tri, ce qui implique qu'il faut se renseigner avant d'acheter, feuilleter pour voir si ça convient ou pas. Sophocle ça passe, Shakespeare beaucoup moins. Jane Eyre c'est facile, Wuthering Heights c'est hardcore. Homer c'est plutôt cool, Ovide un peu plus balèze. La poésie en général ça pique le fion mais bizarrement chez moi Byron ça passe, et le Leviathan de Hobbes m'embrouille moins en anglais qu'en français (mais peut être que c'était la philo scolaire qui m'a soulé). Bref, tout est question de sensibilité perso.
Concernant ta recherche de classiques, je crois malheureusement un classique va souvent avec la prise de tête, et c'est ça qui fait le charme de la littérature classique. Ce qui différencie un classique d'un livre normal c'est sa qualité d'écriture, les idées qu'il fait passer. Le hic c'est qu'il faut réussir à décrypter les dites qualités d'écriture, et parfois les idées subtiles qui parfument le récit.
Or c'est rarement marrant à faire et c'est pour ça que bien souvent les classiques étudiés sont une plaie à lire parce que paradoxalement, les élèves n'ont pas les outils suffisants pour décrypter le texte. Lire Zola au collège c'est un non-sens total alors qu'il y a des milliers de livres plus adaptés, qui ne sont pas des classiques à proprement parler mais qui sont géniaux, et qui sont une porte grande ouverte vers des lectures plus complexes (Harry Potter par exemple).
Bref pour des classiques pas trop Bovariens :
- L'Odyssée. l'Illiade est un peu trop barbant pour quelqu'un de pas impliqué dans le trip, mais l'Odyssée est littérallement la base de la littérature occidentale. C'est même pas exagéré, tout roman que tu as déjà lu dans ta vie existe grâce à Homère ;
- Alice au Pays des Merveilles ;
- Le Meilleur des Mondes ;
- To Kill a Mockingbird ;
- Moby Dick ;
- L'Appel de la Forêt ;
- Jane Eyre ;
- Frankenstein ;
- Catch 22 ;
- Siddhartha ;
- Sa Majesté des Mouches ;
- Blade Runner (Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) ;
- Les Frères Karamazov ;
- Au cœur des ténèbres (l'inspiration du film Apocalypse Now) ;
- Tom Sawyer et Huckleberry Finn ;
- Le Vieil Homme et la Mer ;
- Candide ;
- A l'Est d'Eden ;
- Watership Down ;
- Ainsi parlait Zarathoustra ;
- Cthulhu et les autres Lovecraft ;
- Walden (pas mal référencé dans le film "Le cercle des poètes disparus") ;
- MacBeth - Hamlet - Romeo et Juliette (pour info en ce moment on peut trouver MacBeth à 1€ chez les marchands de journaux) ;
- La Métamorphose ;
- Lysistrata ;
- Le Paradis Perdu ;
- Aventures Extraordinaires et Nouvelles Aventures Extraordinaires ;
- Les Souffrances du jeune Werther ;
- Faust ;
- Ms Dalloway ;
- The Good Soldier Svejk ;
- Andromaque ;
Tu verras, si tu te plonges dans quelques ouvrages de cette liste qu'ils n'ont rien de marrant et sont pour certains très difficiles à percer, mais ce sont les plus révélateurs de ce que la littérature compte de mieux parmi ses ouvrages (la liste étant bien évidemment non exhaustive).
PS : La Peste ça déchire.