J'ai continué dans ma lancée des Misérables et j'ai "profité" de l'actualité récente pour lire
Notre-Dame de Paris, bien moins long que les Misérables et pas moins passionnant, tant le style et l'écriture sont d'une rare beauté.
Je connaissais seulement l'adaptation de Disney et j'ai été surpris (je ne saurais dire si c'est agréablement ou non) de la tournure de l'histoire, qui ferait chialer Belzébuth lui-même. Littéralement tout est noir et pessimiste : Quasimodo est sourd et méchant, Esmeralda aveuglée par un Phoebus qui n'est qu'un coureur de jupons et la dédaigne, le même Phoebus qui par conséquent s'en retrouve lâche, Frollo tellement pété de la tête que son alter-ego du DA passerait pour un mec mignon... Il y a des enfants enlevés, des ruelles crades, sombres et boueuses, de la populace cruelle, un roi (Louis XI) méchant, vieillard et difforme, du plomb fondu et bouillant qui perce des crânes, des pieds écrasés par des instruments de torture, des innocents pendus, des membres amputés, des dos lacérés, des corps disloqués contre la pierre, des cadavres jetés dans la Seine... Finalement seule Djali la chèvre s'en sort toute propre.
Comme dans le DA deux personnages surnagent dans cette fange : La Esmeralda et Quasimodo, peut être les deux seuls du livre qui ont bon fond mais sont emportés par la marée du monde violent dans lequel ils sont nés, et par conséquent entachés eux-même par les vices.
La Esmeralda est tellement belle qu'elle est le centre d'au moins un quadruple (!) amour, la tragédie venant du fait qu'elle n'en aime qu'un, qui par malheur ne l'aime pas en retour. Or un des quatre amoureux est Frollo, homme dévoué à la science et à l'église, et donc d'autant plus disposé à éviter de tomber amoureux. Cependant il n'a pas le choix, et cet amour non-voulu mais existant le plongera dans une pure folie.
Quasimodo lui est laid, rejeté par le monde, et devenu méchant à cause de ça. De plus le bruit des cloches l'a rendu sourd, ce qui lui jouera de sacrés mauvais tours dont un passage sur le pilori (une des plus belle scène du livre). Son destin est de se briser entre deux rocs : l'amour pour son père adoptif, qui l'a sauvé des griffes du monde, ou celui pour Esmeralda, seule personne à l'avoir jamais pris en pitié. Difficile de ne pas éprouver soi-même de la pitié pour ce personnage, surtout lorsque, après le sauvetage de la Esmeralda et le fameux "Asile !" (qui est un passage plus fort encore dans le livre que dans le Disney), cette dernière, un peu malgré elle, est rebutée par sa laideur, et finalement l'abandonne pour se tourner vers un autre qui la dédaigne.
Bref je vais pas en dire plus mais on sort pas de "Notre-Dame..." Indifférent, bien que comme dans les Misérables, le monde de Hugo soit finalement bien petit, et qu'il s'y passe de douteuses coïncidences. De même on devine rapidement une tournure de l'histoire qui ne sera révélée que bien plus tard dans le livre :
L'origine d'Esmeralda qui n'est pas du tout bohémienne mais originaire de Reims et s'appelant en réalité... Agnès.
Ce qui n'est pas hyper grave puisque la scène qui suit cette révélation prend bien aux tripes, et la scène de...
la pendaison de la Esmeralda
...nous tiens en haleine jusqu'au bout.
Très grand livre mais qui, comme tous les Hugo, est riche en descriptions et mots sortis des limbes de la langue française et qui ne rendent pas toujours bien clair. De même il y a pas mal de notion d'histoire qu'il faut être prêt à digérer.
En bref, du tout bon ! Je conseille et moi je m'en vais m'acheter d'autres livres de ce maître