Je sais plus qui avait conseillé ici le
Maître du Haut Château de Philip K. Dick, et je tiens à dire que... je ne l'ai pas bouquiné
En revanche, j'en ai fais l'acquisition en même temps que son autre roman culte,
Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, que par contre j'ai torché bien dans les règles puisque je l'ai acheté hier et que je l'ai fini ce soir, ce qui en fait officiellement le livre que j'ai lu le plus rapidement de ma vie.
Et pour cause, il m'a chamboulé en profondeur, encore plus et je pouvais déposer plainte pour viol
Alors autant j'ai toujours adoré le film, autant le roman l'explose dans tous les sens autant "visuellement" que dans le fond. Visuellement, parce que même si c'est magnifique dans Blade Runner, l'univers dépeint dans le livre est l'un des plus poisseux que j'ai jamais vu. Au point de ressentir "physiquement" cette saleté ambiante, ce pessimisme et cette solitude qui emplit chaque recoin de cette terre recouverte de poussière radioactive. Un monde tellement pourrave que des gens sont prés à s'endetter avec un crédit sur 4 ans avec taux d'intérêt de 7% pour acheter un chat, car la plupart des espèces, même les plus communes, sont, au mieux rares, au pire disparues. Ce qui fait que même une simple araignée vaut de l'or en barre.
Et même sur les colonies martiennes, on est loin du paradis attendu, au point que les androïdes "réfugiés" sur Terre décrivent la misère dépeinte dans le livre comme quelque chose d'encore mieux.
Mais même l'histoire explose celle du film de Scott (qui était déjà bien, cela dit), car déjà il y a plus de péripéties (notamment dans ce commissariat parallèle tenu par des androïdes, je n'en dit pas plus), mais surtout que c'est largement plus profond, et pousse d'autant plus à la réflexion. Déjà d'un point de vue théologique avec ce culte de l'empathie gravitant autour d'une métaphore de l'humanité gravissant une colline aride, condamné à chuter dans un gouffre, mais à se relever et recommencer à gravir la pente. Celle ci pourchassée par la Souffrance, des démons invisibles qui font connaître l'empathie à une humanité entière littéralement connectée à ce culte mystérieux.
Je reviendrais pas trop sur le côté enquête de Deckard pourchassant les androïdes fuyards, parce que c'est globalement assez similaire au film. Il y a la même perte de repère concernant ce qui définit l'humain. Pour le héros, une femme artificielle chantant Mozart est plus (enfin paraît plus) humaine qu'un connard inhumain et sans pitié.
Je passe également sur le changement de comportement de certains personnages (la Rachel de K. Dick est radicalement différente de celle jouée par Sean Young) et carrément de ceux qui disparaissent dans l'adaptation.
Pour le reste, ça vaut largement le coup, je pense que je le relirai, déjà parce que j'ai pas spécialement tout capté, mais aussi parce que c'est vraiment un sacré bouquin qui prend aux tripes, comme jamais je n'ai ressenti ça.
Bref, mes prochains sur la liste sont le
Livre de la Jungle (mon premier livre de Rudyard Kipling) et le très connu
L'Attrape-Coeur de Salinger.