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Littérature, Fictions / Écrits et tableaux
« le: dimanche 26 mars 2017, 17:40:53 »ÉCRITS ET TABLEAUX
SOMMAIRE
ÉCRITS
- (poème) La rose satinée
- Morceau de souffrance quotidienne (/!\ traite de la dépression)
- (poème) Martinet noir
- (poème/chanson) Ne me quitte pas avant la fin de l'été
- La Sauvageonne du métropolitain [NOUVEAU]
ÉCRITS BREATH OF THE WILD
TABLEAUX
- Petite mésange (miniature) [NOUVEAU]
- Bouledogue français [NOUVEAU]
BRODERIES
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La chute inexorable de la pluie l'apaisait. Le son que produisait l'averse semblait ne jamais être semblable à un autre, si bien que cela en devenait une mélodie aux oreilles du jeune homme. De grandes flaques où iraient, une fois la tempête terminée, s'ébaudir les petits oiseaux, jonchaient le sol. Le ciel couvert d'imposants nuages noirs grondait et par moment, le jeune homme pouvait observer des éclairs se dessiner au loin. Ils traversaient le ciel avant de disparaître aussi vite qu'ils étaient apparus. Ils semblaient si lointain, qu'il crut un instant que jamais la foudre ne pourrait l'atteindre. Il aurait aimé admirer le paysage, mais la brume formée par cette averse l'empêchait de voir au-delà du bout de son nez. Si cette pluie ne s'était pas abattue sur eux, il se serait posté au bord de cette petite montagne qui surplombait une mince partie de la plaine, et aurait contemplé - peut-être des heures durant - les troupeaux de chevaux parcourir la vaste étendue verdoyante, les animaux sauvages qui paissaient sur le versant d'une autre montagne, le ciel noir moucheté d'étoiles. Il aurait écouté les murmures nocturnes, les grands mouvements silencieux des nuages et du vent qui s'engouffrait dans les feuilles des arbres. Peut-être se serait-il endormi par la suite, ne pouvant résister davantage à la fatigue qui l'écrasait.
Le souffle bruyant de l'un des chevaux le tira de ses pensées. Son regard se détacha de la pluie, et se reporta sur la jeune femme qui caressait sa monture à la robe immaculée. Sa main glissait sur son encolure, puis sur sa crinière. Elle arborait un air dépité, accentué par les cernes provoqués par son sommeil irrégulier et insuffisant. Tous deux ne parvenaient pas à dormir convenablement, assaillis par la crainte d'être attaqués durant leur sommeil. Près de quatre jours que l'épuisement s'était installé, ils avaient atteint leurs limites. Le jeune homme arrivait encore à lutter contre celui-ci, mais sa coéquipière manquait de tomber de fatigue à chaque instant. Heureusement pour eux, ils avaient trouvé refuge dans un tas de ruines sur le plateau d'une montagne. Ici, ils seraient en sécurité le temps d'une nuit jusqu'à ce qu'ils puissent reprendre la route jusqu'au village le plus proche. Là-bas, ils pourraient profiter d'un lit et de quelques jours de repos mérité, de même pour leurs chevaux.
« Zelda, je monte la garde cette nuit, dit-il.
- Hm ? répondit-elle, tirée de sa torpeur. Tu dois te reposer, toi aussi.
- Nous alternerons. »
Silence. Seul le crépitement du feu vint combler le calme qui venait de s'installer. Le ciel gronda, un éclair le traversa. Le jeune homme pouvait entendre d'ici les cerfs et les biches prendre la fuite, remuer la végétation sur leur passage. Ils devaient être une dizaine, tout au plus. Une nouvelle fois, le jeune homme se perdit dans ses pensées. Il ferma les yeux quelques secondes. Happé par l'épuisement, il se laissa porter par les songes. L'endroit était propice à un agréable repos. Dans un faible mouvement, il s'appuya contre le mur délabré avant de sombrer.
Les premiers rayons matinaux vinrent l'éblouir. Ils réchauffaient son corps endolori. A moitié éveillé, Link peinait à se situer. Ce ne fut qu'après une minute de flottement qu'il finit par se lever. Il était resté au même endroit, appuyé contre ce mur. Son sommeil n'avait pas été des plus réparateurs mais il avait recouvert assez de forces pour poursuivre le voyage jusqu'au prochain village. Le jeune homme s'étira, se redressa puis inspecta les environs. Le feu qui brûlait les fagots de bois il y avait de cela une poignée d'heures, était désormais éteint. Une légère fumée noire s'élevait jusqu'au plafond avant de se dissiper sous les coups du vent qui s'infiltrait. Zelda était couchée sur le flanc près du bois calciné, plongée dans un profond sommeil.
Personne n'avait monté la garde cette nuit, une aubaine qu'ils n'aient pas été attaqués ou dépouillés de leurs vivres et armes. Il en restait à peine pour subsister ne serait-ce que deux jours. Ce village, ils devaient le rejoindre de n'importe quelle manière. Le jeune homme poussa un long soupir et mit un pied hors de leur refuge de fortune. Le plateau de la montagne baignait sous la lumière du soleil matinal, l'herbe était humide et des flaques jonchaient le sol. Par moment, l'ombre d'un nuage s'y reflétait. Les oiseaux s'égosillaient dans les arbres à proximité. C'était le meilleur moment pour observer la nature se réveiller. Désireux de profiter de quelques minutes de tranquillité et de solitude, il s'installa au bord de la montagne pour contempler le ciel orangé, les chevaux sauvages en contre-bas et le versant de la montagne opposée.
Si le jeune homme avait pu choisir, peut-être n'aurait-il pas choisi cette vie. C'était ce à quoi il songeait lorsqu'il observait le monde autour de lui, lorsqu'il était livré à ses pensées. Peut-être aurait-il préféré ne pas être fils de chevalier, ne pas se préoccuper de ses responsabilités et de pouvoir les fuir rien qu'en lançant son cheval au galop à travers les plaines. Voyager dans l'insouciance avec pour seul et unique objectif : traverser la contrée à la recherche d'une réponse. Laquelle ? Lui-même l'ignorait. Une réponse, voilà tout. Peut-être serait-il parvenu à la trouver, peut-être l'aurait-il trouvé sans avoir voulu la chercher.
Plus les journées défilaient, plus il sentait Hyrule trembler sous le courroux du Fléau. Lui, n'était pas encore éveillé et espérait que jamais il ne reviendrait. Malheureusement, sa résurrection semblait inévitable, qu'importe le nombre de fois où le Héros le scellait. Jamais Link n'avait souhaité être le Héros, le destin s'était abattu sur lui sans crier gare. Tout ce qu'il pouvait faire désormais, c'était supporter.
« Nous sommes préoccupés par la même chose ? demanda une voix féminine dans son dos. »
Intrigué, il se retourna pour découvrir Zelda. Combien de temps était-il resté assis ici, à contempler le paysage ? Elle vint s'asseoir à ses côtés, posa son regard sur l'horizon avant de le reporter sur lui. Elle lui adressa un sourire harassé.
« Probablement, répondit-il.
- Tu es sûr qu'il va revenir mais tu ne le crains pas, n'est-ce pas ? Tu ne crains rien, ni personne. »
C'était faux.
« Tu es confiant. Tu sais que tu sauras en venir à bout.
- Je n'en sais rien.
- Moi aussi. (elle marqua une pause) Je suis désolée d'avoir été aussi rustre avec toi, ces derniers temps... Je m'en excuse. »
Link se redressa. Il voulait mettre fin à cette conversation qui, dans tous les cas, n'aboutirait à rien. De toute façon, il n'avait jamais été enclin à la conversation. Zelda ne fit aucune remarque, elle s'y était accommodée au fil du temps. Elle, en revanche, demeura dans la même position, le regard rivé sur le lointain. Elle observait les biches à l'affût sur la montagne opposée. Tout était si paisible, que personne n'aurait pu croire un instant que le Fléau pouvait apparaître à tout moment. Elle était inquiète, bien trop inquiète. Ce voyage lui nouait le ventre tant l'anxiété la poignardait, mais ils réussiraient comme chaque siècle. Ils n'échoueraient pas. Ils n'échoueraient plus. Ils n'étaient plus seuls désormais, les autres Prodiges lutteraient à leurs côtés.
« Et si tout ne se passait pas comme prévu, qu'adviendra-t-il de nous ? D'Hyrule ?, avait-elle demandé. » Il n'avait pas répondu. Sûrement s'exileraient-ils ou mourraient sur le champ de bataille, mais c'était pour cette raison que Link existait : pour les protéger ou plutôt, pour la protéger.
« Je n'ai jamais eu besoin de toi pour assurer ma protection. »