Salut c'est moi! (olol)
Silver ==> Content que le dernier chapitre t'ait plu, j'ai moi même pris beaucoup de plaisir à l'écrire. Je ne sais pas quand je posterai la fin de Monarque, peut être d'ici une semaine. Merci!
GdO ==> Je ne pensais pas que tu accrocherais autant à Marcherêve, ça me fait plaisir! Pour ta remarque sur l'originalité de l'univers, pour tout dire quand j'ai écris le premier chapitre je n'avais aucune idée derrière la tête. Tout est arrivé après, et paf ça a fait des chocapic comme on dit! Quant aux Wisigoth, effectivement je l'ai écrit en anglais, mea culpa
En tout cas merci d'être passé ca m'a fait bien plaisir!
Raph ==> Merci pour le commentaire! La montée en puissance du récit va bientôt servir à l'explosion qui approche, je t'assure!
PdC ==> Je te rassure, moi aussi je ne suis pas fana de SF, plutôt l'inverse en général. Marcherêve devrait garder globalement la même ambiance du début à la fin, pas de combats de blaster au programme en tous les cas! Cela dit, je suis content que tu aimes tout de même j'espère que la suite ne te décevra pas. Cependant, je n'ai jamais lu X-1999 (ni aucun clamp en fait, à part le début de Tsubasa, et ça remonte!). L'une de mes inspirations clé vient plutôt de la Forêt des Mythago, oeuvre magistrale de Robert Silverberg même si seule le premier des quatre tomes est vraiment fort. C'est vrai qu'il y a un peu du dieu-cerf dans le Marcherêve. Je n'y avais pas songer avant mais maintenant que tu le dis oui. Il faut dire que j'aime beaucoup Mononoké, peut être une de mes nombreuses inspirations inconscientes. Pour Faër, le nom vient plutôt de Faërie (dont est aussi tiré la Faërite comme tu as judicieusement fait le rapprochement! ) qui est selon Ismaël Mérindol le pays des fées. Je suis content de ce que tu dis à propos du style, car j'ai vraiment voulu donner au récit une ambiance lente et paisible. Quant à l'orthographe, désolé, j'y travaille toujours, et tu sais comme ça me tient à coeur En tout cas, un gros merci pour ce commentaire crépusculien comme je les aime!
Yorick ==> Lyrik va bien, et il te salut! :p En tout cas, j'ai bien rit en lisant ça : "(comme je suis fin quand je parle dis-moi... "Moi" roh tais-toi <- ceci est une ruse de Prince du Crépuscule pour faire paraître ses messages plus longs, il fait plein de petites parenthèses de petites dispersions ce qui fait que le texte s'allonge et s'allonge et on arrive à ces si célèbres pavés)" C'est tellement vrai! *Court se cacher pour ne pas recevoir les foudres du Prince* En tout cas, je suis bien heureux que tu sois venu faire un tour dans le coin, et encore plus que tu ais apprécié! N'hésite pas à revenir! De toutes les références de film animation il n'y a que Final Fantasy que j'ai déjà vu mais ça remonte un peu, je ne saurais trop te dire si ça cadre avec ma vision des émanations ^^ Quant au Marcherêve, étant le centre de l'histoire, ses aspirations seront révélées petit à petit. Merci bien pour ton commentaire en tout cas!
Bon, en ce qui me concerne, je n'ai pas de suite à proposer, pas encore (j'ai bien entamé le chapitre 23 du Cycle, j'ai bientôt fini le chapitre suivant du Marcherêve, je planche toujours sur le début de Monarque Tome II. Le tout arrive, ne vous inquiétez pas!), mais un nouveau projet (Encore un me direz vous!).
Et pour faire original, c'est carrément une fanfiction Zelda! Il y a des siècles que je n'avais rien écrit sur le monde de notre saga préférée (ou ex mais là n'est pas la question), mes derniers écrits dessus remontant au temps du concours de Furiouze! J'avais donc envie de revenir aux sources en quelque sorte, et c'est chose faite avec cette fanfic. Pour le speech, l'histoire se déroule dans une période chronologiquement indéfinie au niveau de la série, mais dans l'Hyrule d'OOT/MM, avec cependant des modification socio-géographiques importantes. L'histoire ne se veut pas être un pastiche et donc possède son scénario propre, reprenant pas mal de personnages connus mais changés pour quelques uns et qui n'hésite pas à bouger beaucoup de base.
Voilà, j'espère que cela vous plaira et que vous m'en direz quelques nouvelles. Amis du soir bonsoir et bonne lecture!___________________________
The Legend of Zelda:
Triangle de Pouvoir
Prologue
-Tarquin-
La foule rassemblée rendait méconnaissable les jardins extérieurs, de par la basse rumeur qui en sourdait, de l’amalgame des odeurs qui en devenait écœurant -surtout cette immonde fumée de friture qui s’élevait depuis les stands des marchands installés à l’extérieur du cercle humain- , les cris des enfants braillards et les notes aiguës des musiciens qui se confondaient dans un joyeux n’importe quoi sonore. Si plus de la moitié du bon peuple de la Cité d’Hyrule s’était rassemblée là, ce n’était pas par hasard. Toutes ces bonnes gens formaient un cordon autour d’une plateforme surélevée que couronnait un socle orné des trois Triangles d’Or dont jaillissait la lame d’acier scintillant d’une épée, et sa garde d’azur sertie d’or et d’argent toisait la foule comme dans une posture de défie.
Ce défie, Tarquin l’avait vu relevé trop de fois pour être compté. Presque tous les jours un hardi pénétrait dans le Temple du Temps, là où gisait d’ordinaire l’épée et son socle, avec l’espoir insensé de retirer l’acier du granit où il était scellé depuis des siècles. Les textes de la Loi des Trois Déesses étaient formelles : quiconque parviendrait à sortir la Lame Purificatrice hors de son tombeau minéral en deviendrait le maître, et de fait se verrait attribuer le titre de Héros, des titres de noblesse, des possessions terrestres et, bien sûr, aurait l’insigne honneur d’épouser la fille du roi et ainsi mêler son sang à celui de la royauté.
Un doux rêve qui n’était que ça : un rêve. Les mages du Consortium Aedeptus avaient depuis longtemps statué sur le cas de cette épée. Une puissante trame de magie liait la lame à son socle, si puissante que les mages si arrogants d’ordinaire n’avaient montré aucune mauvaise volonté à déclarer tout net que cela dépassait leurs compétences. Alors les chevaliers, les reîtres, les franc-coureurs, les Lords, les fermiers, les forgerons et les artisans pouvaient bien défiler autant qu’ils le voulaient, quelqu’un ou quelque chose avait fait en sorte que cette arme ne soit plus jamais brandie et il connaissait son affaire.
Fendant la foule avec tellement d’habilité que personne ne semblait le remarquer, Tarquin s’approcha de la tribune des Lords, dont les gradins de bois surélevés préservaient les seigneurs et leurs dames de la populace et des désagréments qui lui étaient associés. Non pas qu’il appréciait la compagnie de tous ces fats bouffis d’arrogance, comploteurs et sournois, mais il devait entretenir l’Intemporel de sujets sérieux, et ce dernier avait eu la folle idée de se joindre à la nuée seigneuriale. Tout en jouant des coudes, Tarquin dardait son œil unique dans toutes les directions. Si pour le peuple ce genre d’événement était source de fête et de joie, pour Tarquin et ses hommes, c’était des moments tendus et pénibles. N’importe lequel d’entre-eux pouvait cacher une dague à lancer, une sarbacane ou, pire, un parchemin de sort. N’importe lequel d’entre eux pouvait potentiellement être l’assassin du roi, et c’est ainsi que Tarquin et les siens les considéraient.
Il constata avec satisfaction que tous ses acolytes étaient à leur poste, les yeux aux aguets. Il n’avait pas à s’en faire. En s’arrachant à la foule, il fut pris de suffocation, tant l’air pur lui fit un drôle d’effet. Il était essoufflé, et pour cela il maudit sa vieillesse et sa débilité grandissante. Mais, il fallait faire attention, ne rien montrer. La seconde suivante, il redressait le torse, inspirait une grande goulée d’air et entreprit de longer le cercle humain par l’extérieur. Personne ne faisait attention à lui, et il se consola en se disant qu’il restait tout de même un Sheikah aguerri. En arrivant aux abords de la tribune des Lords, il débusqua l’Intemporel à l’extrémité gauche de l’édifice, apparemment en grande conversation avec Ser Sedrik, le fils cadet de Lord Darunia. Le colosse au teint de bronze et à la tunique moulante écarlate frappée du Rubis donnait l’impression de pouvoir broyer le saint homme rien qu’en le serrant dans ses bras. Et pourtant, Rauru l’Intemporel, grand prêtre des Trois et Gardien du Temple, avait une certaine carrure. Corpulent, son crâne carré et rasé que venait renforçait une rude barbe grise brossée et taillée était soutenu par un cou robuste dont la chair amollie par le poids des ans gardait une vigueur honorable. Le prêtre portait sa soutane de soie jaune d’or maintenue à la taille par une fantastique ceinture de cuir frappée des Triangles.
Tarquin se faufila à l’insu des sentinelles par l’arrière de la tribune, escalada avec aisance la paroi de bois et se laissa choir depuis le toit derrière l’ultime rangée de banc, dans une flaque d’ombre. Personne ne le vit. Il se coula d’ombre en ombre jusqu’à se tenir tout à fait derrière l’Intemporel, sans que ni lui ni le Ser ne s’en rendent compte. Il attendit qu’ils terminassent puis s’agenouilla au côté du saint homme en murmurant.
-Quelqu’un va sous peu mander votre bénédiction, votre Sainteté.
S’il fut surpris par l’arrivée soudaine du Sheikah, Rauru n’en montra rien. Il répondit d’une voix basse sur un ton de conversation.
-Vous avez des nouvelles.
-Si fait, votre Sainteté. Il s’est mis en marche, et les clans le suivent.
-Combien?
-Un mois, tout au plus, s’il conserve sa vitesse. Mais si je m’en fie à ce qu’on me rapporte à son sujet, il serait homme à imposer une marche forcée par souci d’obtenir plus vite son gain.
Le prêtre passa ses doigts légèrement boudinés dans sa barbe rêche. Un pli soucieux barrait son front.
-Devons nous…
-L’homme est ambitieux, et ses horizons s’étendent bien au-delà des cuisses de la princesse, si vous me permettez, votre Sainteté.
-Vous savez que j’aime que vous me traitiez en supérieur mais vous et moi savons que ce n’est pas le cas, alors cessez vos manières, je vous prie.
Un sourire tordit la bouche de Tarquin.
-Je pensais que vous aimiez ça, vous autres prêtres, qu’on cajole votre égo. En tout cas, vous aimez ça quand c’est le petit boulanger qui le fait, le soir après votre service. Comment s’appelle-t-il déjà? Spike?
-Epargnez moi vos vantardises. Je sais que vous savez tout de moi, et je ne vous cache rien. De plus, son nom est Ike et j’ai pris bien plus de plaisir encore à partager sa couche que je sais que c’est vous qu’il l’y avait mis pour m’espionner.
Cette fois, ce fut au tour de l’Intemporel de sourire ; un sourire bref.
-Je me suis toujours demandé, fit Tarquin en portant son attention sur la plateforme de l’épée, pourquoi c’est au roi qu’est échue cette tache alors que, clairement, ce devrait être votre office.
-La famille royale est issue du sein même des Déesses. Sa majesté est la plus à même d’être entendue. Je ne suis que le porte-parole des Trois. A présent, taisez vous un instant.
Tarquin recula et disparut à la vue d’éventuels observateurs. Son œil aguerri par l’expérience scrutait la foule à la recherche de tout comportement suspect, de tout visage inamical ou hostile. Vite lassé, il se concentra sur la tribune. Au premier rang, les Lords du Conseil des Sages encadraient la famille royale, le prince Nohansen Hyrule, la princesse Zelda, sa sœur aînée, et leur mère la reine Ishtark. Le petit affichait un air émerveillé, du haut de ses huit printemps, et ses grands yeux lumineux voguaient sur la mer de couleurs et de sons qui s’étendaient devant lui. Tarquin savait qu’il se faisait violence pour ne pas gigoter sur son siège comme une girouette. A sa gauche, Zelda affichait un visage neutre, comme la Lady qu’on lui avait appris à être. Son opulente chevelure d’or cascadait sur ses épaules et ses cuisses comme une rivière, et la mince tiare d’argent sertie de saphirs n’avait qu’un effet ridicule. La majorité des Ser, des menus chevaliers et quelques Lords, dont Lord Dorf lui-même, ne pouvaient s’empêcher de la dévorer des yeux, et ils auraient tout donné pour partager sa couche rien qu’une nuit. Ils étaient ceux qui avaient essayé le plus fort possible de retirer l’épée de son socle. Il fallait dire que la jeune femme était à quatorze ans d’une rare beauté -certains hardis allant jusqu’à la comparer aux Déesses elles-mêmes-, ayant emprunté toute la beauté de son père et toute celle de sa mère. Elle feignait de ne pas s’apercevoir qu’elle était le centre de tant d’attention et d’adoration, mais Tarquin savait qu’elle s’en nourrissait comme d’une bonne sucrerie, en gavait son égo et ne s’en aimait que plus. Il savait aussi qu’elle passait plusieurs heures à admirer son reflet dans son grand miroir, et qu’elle s’était même
embrassée une fois.
Le reine sa mère paraissait être son opposé. Dotée de la brune chevelure de la maison Parel, sa beauté jadis éclatante se fanait plus vite que celle de son mari qui avait pourtant deux fois son âge. La maladie la rongeait comme un chien un vieil os, et Tarquin ne pouvait que respecter et admirer la force de cette femme qui malgré tout ne délaissait aucun de ses devoirs, faisait l’effort de se montrer en public et de donner des fêtes. Les docteurs ne parvenaient pas à la guérir, et ils lui avaient annoncé avec des mines peinées qu’il ne lui restait guère plus de deux ans à vivre. Elle ne s’était montrée abattue en rien et n’en avait trouvé que plus de force. Le roi Salomon d’Hyrule son époux était pour sa part un vieillard grisonnant d’une exceptionnelle vigueur. Âgé de près de quatre-vingt ans, il n’en avait pas pour autant délaissé la chasse, l’escrime, et rentrait encore parfaitement dans son armure de cérémonie. Un ouvrage magnifique qu'il portait ce jour, et dont les massives épaulières frappées des Triangles d'Or donnait à sa carrure de guerrier un aspect titanesque. Loin d'un frêle vieillard, c'est d'un pas alerte et sûr qu'il franchit la haie d'honneur érigée par les hommes de la Garde Royale sous les vivats de son peuple jusqu'au pied de la plateforme.
Des "Vive le Roi! Longue vie au Roi!" raisonnaient à présent avec exaltation dans le jardin extérieur, et la foule s'anima comme une bête longtemps assoupie. Tarquin se fit la réflexion que c'était là l'opportunité rêvée pour tout assassin d'en finir et de disparaître à l'insu de tous. Une certaine appréhension naquit dans le coeur de Tarquin, mais il la rejeta assez vite. Il n'avait vent d'aucun complot, d'aucune machination pour ce jour là, et en scrutant attentivement les visages des Ser et des Lords dans la tribune, il ne constata rien qui put trahir une certaine forme d'appréhension, de tension particulière, de joie excessive ou d'impatience chez aucun des loyaux vassaux du Roi. Le silence frappa l'atmosphère si soudainement que les oreilles de Tarquin en bourdonnèrent. Le roi avait posé le pied sur la première marche qui menait au socle de l'épée.
La Cérémonie de la Grâce se déroulait tous les ans, au sortir de l'hiver et pour demander la bénédiction des Déesses pour l'année à venir. C'était une cérémonie publique, à laquelle tout un chacun était convié sans distinction de classe, de revenus, de lignage. On faisait amener le socle de l'épée dans le jardin extérieur afin que tous put assister au rituel. Autrefois, cela se faisait dans la Chambre de l'Epée, au sein du Temple du Temps, mais la population du Bourg d'Hyrule, trop importante, ne permettait plus de se réunir là bas. Le Roi devait se rendre auprès de l'Epée, l'empoigner sans chercher à la tirer, et demander la bénédiction des Déesses, dont il était le fils par le sang. On prêtait beaucoup de fonctions à la Lame Purificatrice, l'épée des légendes, et celle d'être un lien avec le Saint Royaume des Déesses en était une.
Tarquin trouvait cette cérémonie parfaitement ridicule. Les Déesses ne répondaient jamais, et le Roi se contentait de jouer la comédie en annonçant que les Très-Hautes lui avaient envoyé un message d'abondance et de prospérité. Alors, la foule en liesse se déversait dans les rues du Bourg pour faire la fête toute la journée et toute la nuit, et l'année pouvait officiellement débuter. Pour preuve de la stupidité de cet événement, aucun mage ne daignait y assister. Il n'y avait qu'Aghanim, mais l'homme se montrait en sa qualité de Premier Conseiller. Il avait d'ailleurs troquer sa robe de mage pour une tunique pourpre et hauts-de-chausses blancs modestes mais bien coupés.
Salomon montait les quelques marches avec une lenteur qui irritait Tarquin. Mais c'était moins un signe de vieillesse qu'un respect de l'usage. On disait que montrer trop d'empressement n'apportait que du malheur. Enfin, il se tint devant l'épée, et pour marquer le coup, entreprit de faire un tour sur lui même afin de scruter son peuple de ses yeux bleus, fermes mais justes. La populace se remit alors à l'acclamer quelques instants, puis il posa ses mains gantées d'acier sur la poignée de l'arme sacrée. Le clame revint aussitôt. Les petites gens retinrent leur souffle.
-S'ils pouvaient se montrer aussi silencieux tous les jours, fit remarquer Lord Dumor, nous n'aurions plus grand chose à faire, nous autres Lord.
Quelques petits rires rapidement étouffés accompagnèrent sa boutade. Il était mal vu de briser ce silence
-Ô Déesses!, cria le Roi d'une voix forte afin que tous l'entendît. Sang de mon sang, moi, Salomon d'Hyrule, Roi d'Hyrule, vous demande, vous implore, au nom de mon peuple, de nous accorder votre gracieuse bénédiction pour l'année à venir.
Conformément à la coutume, le Roi cessa de parler et inclina la tête vers le sol, yeux fermés, fronça les sourcils comme s'il se concentrait. Tarquin nota avec un certain amusement que le jeu d'acteur de son seigneur et maître gagnait chaque année en crédibilité. Mais alors, à la surprise générale, la lame de l'Epée se mit à
vibrer. Le mouvement était à peine perceptible mais le son qu'il produisait l'était parfaitement. On aurait dit un son de cloche, suraigu, délicat, continu. Parallèlement au phénomène, l'acier de la lame commença à briller. Une gangue d'or pur l'enveloppa doucement, sous les yeux écarquillés de l'assistance et les murmures de l'assemblée. Tarquin lui même en décroisa les bras.
Jamais, jamais quelque chose de la sorte ne s'était produit. Etait-ce un présage? Un signe des Déesses elles-mêmes? Salomon, éberlué, recula promptement. Le son de cloche gagna en intensité. Dans la tribune des Lords, on s'agitait. Certains s'étaient levés, d'autres avaient agrippé les rambardes de bois, d'autres encore s'étaient figés sur leur siège, les yeux grands ouverts. Même la placide Zelda en gardait la bouche stupidement ouverte, tandis qu'à son côté son jeune frère ne se contenait qu'à grand peine, tout sourire et joie qu'il était.
-Qu'est-ce que cela signifie?, murmura Tarquin à Rauru après s'être approché à nouveau. Je croyais que cette cérémonie n'était qu'une mascarade?
-Toute mascarade qu'elle soit, répondit l'Intemporel d'une voix émue et étrange, elle tire son origine d'un véritable rituel religieux. Les... Les Déesses ont peut être choisi ce moment pour nous envoyer un message, un vrai message.
La lame de l'Epée était à présent totalement couverte d'or et brillait d'une lumière aveuglante. Émerveillés, les gens la pointait du doigt, échangeaient des propos enflammés avec leurs voisins. On avait jamais vu ça! Puis, aussi soudainement qu'il avait commencé, le phénomène s'arrêta. La lame retrouva le brillant classique de l'acier gris, un silence stupéfait retomba sur le jardin extérieur. Tous les regards convergèrent vers Salomon, dont la mine perplexe cherchait des yeux une explication. Il adressa une question muette à Aghanim, mais le Premier Conseiller secoua la tête.
-Je.., commença le monarque d'une voix hésitante, puis plus forte. Bonnes gens d'Hyrule! Les... Les Déesses nous ont entendus! Elles nous ont envoyé ce message d'or. Un message d'or... pour un âge d'or!
Les vivats, les acclamations, la joie et l'allégresse éclatèrent comme un fruit trop mûr tandis que Feryl, le capitaine de la Garde, aidait son seigneur abasourdi à descendre de la plateforme.
-Ce qu'il dit est vrai?, demanda Tarquin à l'Intemporel.
-Je donnerais beaucoup pour le savoir, Sheikah. Une chose est sûr, quoi qu'il se soit passé aujourd'hui, c'était un message du Saint Royaume. Vous savez aussi bien que moi que nulle magie des hommes ne peut altérer l'Epée. Les Déesses nous ont envoyé un message. A nous de le comprendre.
Tarquin ne répondit rien. Il ne savait pas trop quoi penser, mais un malaise s'empara de lui qu'il ne s'expliqua pas. A présent que le Cérémonie était achevée, et dans les meilleures conditions pour le peuple, celui-ci s'en retourna vers le Bourg afin de remplir les tavernes, les auberges, les maisons de jeux ou de plaisir et se saouler jusqu'au matin. Les Lords, leurs suites et leurs hommes d'armes quittèrent la tribune, devisant entre eux de l'étrange phénomène. Rauru coula un regard derrière lui en se levant , mais Tarquin avait déjà disparu, sans un bruit.
Tarquin n'était pas allé bien loin. Il sortit de derrière un arbre au moment même où le Roi passait devant. L'air de rien, il se mit à marcher à côté de son maître.
-Tu es au courant de quelque chose?, finit par demander Salomon, qui ne s'en était pas encore remis.
-Rien du tout, Majesté. Sa Sainteté n'est pas encore à même d'être formelle. Quoi qu'il en soit, selon elle cela ne peut être qu'un message du Saint Royaume, Majesté.
-Un message, un vrai message.. Qui l'eut cru? Mon père ne m'avait jamais parlé d'un tel événement! Je crois qu'il est assez clair, pourtant.
-Majesté?
-Les Très-Hautes nous annoncent une venue. Celle du Héros... Tarquin.
-Majesté?
-Mande notre plus rapide messager. Envoie une missive au sieur Link. Demande lui de se hâter, je ne souffrirai point de ne pas le rencontrer dans les plus brefs délais. Dis lui de précéder ses hommes, que nous lui envoyons une escorte pour le conduire dans la cité.
-Bien, votre Majesté. Je m'en vais quérir maître Baelon sur l'heure.
Tarquin s'esquiva et disparut dans une ombre. Il pensait comme Rauru. C'était un message. Mais la question qui turlupinait le vieux Sheikah était : quel était le contenu de ce message? Le son de la vibration pouvait être celui d'une cloche sonnant pour une célébration... ou celle d'un glas. Etait-ce vraiment l'annonce de l'arriver du Héros, comme le pensait Salomon? L'Epée allait-elle enfin être brandie à nouveau? Par ce Link?
Tarquin s'en méfiait. C'était un homme ambitieux, dur. Jailli de nul part, ce reître avait par la seule force de son épée fédéré les Clans des plaines du sud à la Couronne. En quelques années il était devenu le nouveau héros national, et beaucoup voyait en lui le Héros de la légende, celui qui brandirait la Lame Purificatrice. Sa sanglante campagne s'était achevée quelques mois auparavant, lorsque tous les Chefs de clan lui avaient juré allégeance, et à travers lui au Roi d'Hyrule, leur ennemi de toujours. A présent il remontait vers le Bourg, à la tête d'une petite armée issue de tous les clans. Il entendait recevoir une récompense, et on lui avait déjà promis la main de la princesse, des richesses, des terres et un titre de Lord ainsi qu'une place au Conseil des Sages. Personne n'avait trouvé rien à y redire. Tarquin avait glissé un de ses espions parmi les hommes de confiance de Link. Ce qu'il lui apprenait ne lui plaisait guère, mais il ne pouvait pas changer la volonté du roi. Il n'était que le Maître des Sheikah, les espions de la famille royale, ses plus fervents défenseurs, ses hommes de l'ombre. Son avis n'avait de crédit auprès de Salomon que ce que le Roi consentait à lui accorder.
Avec un soupir, Tarquin regagna ses appartements et fit mander maître Baelon, le haut chambellan. Il rédigea en vitesse le message convenu et le transmit au maître avec les instructions de sa Majesté. Ensuite, enfin à l'aise pour réfléchir, il s'autorisa quelques minutes de repos. Le royaume était en train d'entrer dans une nouvelle page de son histoire. Tarquin devait s'assurer que tout se passerait bien. Il retira ses vêtements de civil poussiéreux et passa une longue tunique bleu de nuit frappée de l'emblème Sheikah sur la poitrine -un oeil rouge surmonté des Trois Triangles d'Or pleurant une larme sanglante-, des hauts-de-chausses de même couleur et des bottes souples et moulantes noires. Il se coiffa d'un turban gris et peigna grossièrement sa barbe hirsute. Non qu'il était coquet, mais on lui avait prié d'être présentable lorsqu'il devait apparaître en public.
La véritable identité des Sheikah n'était connue que de la famille royale et des Sheikah eux-mêmes. Ils vivaient au jour le jour comme serviteurs, artisans, fermiers, soldats, nobles parfois, et permettaient à Tarquin de tout connaître sur le royaume et ses habitants. Rien ne se passait sans qu'on l'informât, des infidélités conjugales des Lords , aux velléités de révolte des campagnes en passant par les magouilles du Consortium Aedeptus ou les dangereuses explorations de la Guilde des Alchimistes. Tarquin était les yeux et les oreilles de la Couronne, et en certaines occasion, sa main également. A la cour, tout le monde le connaissait, de vue tout du moins, mais bien peu connaissaient sa véritable fonction. Cependant, tous le craignaient.
Le tirant de ses réflexions, les cris du petit Noah, jaillissant au détour d’un couloir, le prévinrent de l’arrivée de celui-ci. Lorsqu‘on apercevait le jeune prince, on ne pouvait s‘empêchait de penser qu‘il n‘avait su choisir entre sa mère et son père. Sa crinière emmêlée de cheveux était d’un châtain clair presque blond, et ses yeux vairons -vert forêt à gauche bleu océan à droite- étaient un rappel constant de sa double parenté, de même que ses oreilles, ni tout à fait en pointe, ni tout à fait rondes. Il était assez beau, mais Tarquin craignait que cette beauté ne soit dut qu’à sa condition candide d’enfant, et qu’elle finisse par disparaître avec les ans. Déjà, ses traits juvéniles commençaient à se creuser, sa silhouette à s’affiner en grandissant. Si le prince continuait à dénigrer les choses de l’épée et de la guerre au profit des livres et des connaissances, il risquait de devenir un grand échalas malingre.
Tarquin soupira intérieurement. De toute façon cela n’avait plus d’importance, puisque Noah ne serait jamais roi. La princesse Zelda étant son aînée, c’est son époux qui hériterait de la couronne à la mort de Salomon.
-Tarquin, Tarquin! Criait l’enfant en courant vers le susnommé.
Celui-ci l’attendit calmement, un petit sourire aux lèvres. Il avait beaucoup d’affection pour le prince, qu’il avait quasiment élevé avec maître Baelon. La maladie de la reine s’était déclarée peu de temps après sa naissance, et elle n’avait plus la force de s’occuper d’un enfant aussi énergique et turbulent. Si maître Baelon s’occupait de l’instruction de la géographie, de l’histoire, de l’étiquette, de la littérature et des arts, et Ser Talon, le maître d’armes, de l’instruction militaire et martiale -sans grand succès-, Tarquin surveillait attentivement le prince, l’empêchant de se blesser, de commettre des bêtises, lui parlant de la politique et de ce qu’il devait observer. Noah était un petit garçon intrépide, trop énergique pour son bien, jovial et généreux. Ses ambitions ne s’élevaient, au dam de son père, pas plus haut que le titre de chevalier et encore, cela n’eut-il dépendu que de lui il serait devenu bibliothécaire, de son propre aveu.
-Tarquin, vous avez vu cela? L’Epée! Elle….
-Oui mon Prince, je l’ai vue, répondit Tarquin en remettant machinalement en place la tunique du prince.
-Qu’en pensez-vous?
-Ce que j’en pense? Et bien, j’en pense ce qu’a dit votre père. Cela annonce certainement un âge d’or heureux.
-Maître Aghanim a dit qu’il n’aimait pas cela.
-Et pourquoi donc?
-Il a dit qu’on n’avait jamais vu cela auparavant, et qu’il ne fallait pas trop se faire d’idées avant que le Consortium étudie l’affaire plus avant.
-Oui, bien sûr, le Consortium…
Avec les nobles, le Consortium Aedeptus était la deuxième institution qu’exécrait Tarquin. Sans être officiellement une Guilde, le Collegium de magie n’en avait pas moins la mainmise sur l’ensemble du marchandage occulte dans le royaume d’Hyrule, et ses membres arrogants bouffis de leur propre puissance ne perdait jamais une occasion de se faire mousser ou d’imposer leur volonté. Tarquin avait eu le plus grand mal à placer l’un des siens au sein du Consortium. Le Premier Conseiller Aghanim était légèrement différent. Plus humble, plus discret, quoique d’une compétence redoutable. Le vieux Sheikah le trouvait presque sympathique par moment. Il n’en restait pas moins un mage et par conséquent une personne à surveiller de près.
-J’y pense, mon Prince. N’est-ce pas l’heure de votre leçon avec Ser Talon? Il doit s’impatienter.
Noah grimaça à l’évocation du maître d’armes.
-Je hais cela, me battre et manier l’épée… C’est indigne d’un prince, n’est-ce?, demanda-t-il en relevant les yeux vers Tarquin.
-Si cela ne dépendait que de moi, ce serait très digne d’un prince. Mais ce ne l’est certainement pas aux yeux des Lords et de votre peuple, en effet. Vous devriez mettre un peu plus de volonté à l’ouvrage.
-Mais Tarquin! A quoi cela sert-il de se battre? A être blessé et à mourir. Non merci, je préfère de loin regarder les Chevaliers de père jouter de loin.
-Un jour vous serrez peut être amené à guerroyer, et alors vous remercierez les Déesses des leçons de maître Talon.
-Ce n’est pas vrai!, s’emporta Noah. C’est le sieur Link qui sera roi. Moi, je n’aurai pas besoin de guerroyer. A ce propos, Tarquin…
-Mon Prince?
-On dit qu’il s’est mis en route, et qu’il sera là bientôt.
Le Sheikah leva un sourcil. Peu de personnes étaient au courant, et le prince n’était pas censé en être.
-Et comment savez-vous cela?
-Bon, je le confesse, j’ai « un peu » écouté ce que disait sa Sainteté à Lord Dumor. Mais c’est fantastique n’est-ce pas?
-Je suppose oui… Votre sœur va se marier, ce sera un grand événement.
-Au diable cette idiote! Il y aura plein de vieux guerriers et de vétérans au château, ils auront des tas d’histoires à raconter!
Tarquin sourit devant la candeur de son protégé. Lui, la présence de tant de « vieux guerriers », tous issus de clans différents et souvent rivaux, ne l’enchantait guère.
-Savez-vous Tarquin s’il sera là lui aussi?
-Il, mon Prince?
-Mais oui! Vous savez! Le fameux Chien! On dit qu’il a abattu à lui seul plus de cent cinquante guerriers avec une seule main! Il serait si fort qu’il se bat avec deux marteaux de guerre à la fois et que ses ennemis implorent son pardon avant même le début des combats.
Tarquin rit de bon cœur.
-Il me tarde de le rencontrer dans ce cas. Je n’en savais pas tant sur lui.
-Alors? Alors? Sera-t-il ici?
-C’est presque certain, mon Prince. J’ai entendu dire qu’il ne quittait pas son maître d’une semelle.
-Merveilleux! C’est merveilleux! Je suis sûr qu’il aura plein de choses passionnantes à me raconter!
-Je n’en doute pas mon Prince. Maintenant, filez avant que Ser Talon n’envoie la Garde pour vous chercher.
-Vous avez raison Tarquin. Peut être que le Chien me donnera un ou deux leçons.
-Je lui en toucherai un mot si cela vous agrée.
-Ho oui! Merci Tarquin!
Noah tourna sur lui-même et repartit d’où il venait. Tarquin le regarda partir avec un sourire qui s’évanouit bien vite lorsque ses vieux os se glacèrent.
Il avait un mauvais pressentiment.