Petit pavé de 3600 mots
Voilà combien de temps qu’ils étaient partis à la conquête du meilleur endroit pour réaliser son restaurant ? Il en avait perdu le compte. Tout ce qu’il savait c’était que le temps pressait. Une lourde menace pesait sur Hyrule. Comme si les gardiens ne suffisaient pas à faire régner la terreur sur les habitants. C’était un peu pour ça que personne n’avait pris la peine d’avertir qui que ce soit sur leur chemin. Après tout, voilà plusieurs heures qu’ils tentaient de reprendre leur force autour de cet oasis et ils avaient vu beaucoup de monde défiler. Et pourtant à aucun moment, ni l’un, ni l’autre, n’avait eu l’idée de demander de l’aide ou au moins d’en discuter avec une personne extérieure. A vrai dire, il n’était même pas sûr que, s’il en parlait avec quelqu’un, ce dernier serait enclin à le croire. En y repensant, c’était vraiment improbable. Bien que la situation ne s’y prête pas, Yorick se surprit à sourire. Il s’imaginait croiser le premier commerçant et lui demander une ristourne parce qu’il en avait besoin pour sauver un bokoblin qui parle et accessoirement le monde. Tout ça dans le plus grand secret. Pourquoi cela lui arrivait, à lui ? De toute évidence, cette question devait se répéter chez chacun de ses compagnons d’infortune. Pourquoi ce bokoblin avait été kidnappé alors qu’il ne souhaitait que vivre une idylle avec son wok ? Pourquoi Jielash était en charge d’un Piaf blessé alors qu’elle souhaitait juste en savoir plus sur la disparition du café ? Pourquoi ce Piaf, qui cherchait certes de l’aventure, a mis l’aile dans un tel engrenage ? Pourquoi ce démon est-il apparu ? Pourquoi la vie ? Pourquoi tant de haine ? Pourquoi cette Gérudo l’accompagnait et semblait voir le futur ?Cela faisait plusieurs nuits qu’ils s’étaient installés dans l’auberge de l’Oasis. Ils n’avaient pas spécialement les moyens de payer la note, mais il s’était engagé à donner les rubis à la fin du séjour. C’était un mensonge éhonté dont Krystal aurait presque pu être fier. Néanmoins après une course chevronnée pour arriver jusqu’au désert, ils avaient besoin d’un peu de confort. Impossible de s’arrêter directement au Relais. Yorick avait besoin de se sentir au plus près du sanctuaire des Yigas. Stefbad en connaissait la localisation… vaguement, mais cela suffirait. Néanmoins, ils n’avaient pas pu aller plus loin. Ils auraient pu continuer au lieu de rester à ne rien faire, mais pour faire quoi ? S’installer dans la cité Gerudo ? Impensable, Stefbad ne souhaitait pas y remettre les pieds et l’accès m’y était interdit. La jeune et timide Gérudo avait bien proposé d’y faire un aller-retour, mais Yorick avait préféré refuser. Cela n’apporterait rien et Jielash pourrait s’en charger si un jour elle revenait. Ils n’avaient aucun plan. Depuis qu’ils savaient que Linkondo résidait dans une cellule en compagnie de Krystal, ils s’étaient mis en tête de les retrouver et les libérer. Quant à savoir comment, c’était toute une autre histoire. Pour l’instant, Stefbad passait son temps à essayer d’avoir des visions de l’avenir. Comme si elles n’étaient là que pour nous compliquer la vie, elles avaient disparu et manquaient à l’appel maintenant qu’on avait besoin d’elles. Impossible de savoir quoi faire grâce à elles. Néanmoins, cela permettait à la jeune Gérudo de rattraper son retard en sommeil accumulé depuis des années de voyance impromptue. Quant à Yorick, lui, il se contentait de regardait ce qu’il se passait autour de l’Oasis en espérant qu’un évènement permettrait de changer la situation. En attendant, il confectionnait des remèdes. C’était les seules recettes où il se sentait vraiment à l’aise d’autant qu’il avait tout ce qu’il fallait. Il avait réussi à garder quelques butins pris sur des monstres et à en échanger d’autres auprès du marchand ambulant contre des insectes ou d’autres ingrédients. Mélangez une corne de Bokoblin et une libellule glagla et vous obtiendrez un remède glagla qui protège contre le froid. Peut-être n’en aurait-il pas besoin ? Mais il préférait se confectionner un stock en tout genre. Au cas où. Le seul qui manquait à l’appel, c’était un remède qui permet d’augmenter sa force. C’est bien dommage car cela aurait été surement bien utile en cas d’affrontement.Alors que sa dernière fournée de remèdes était terminée, Stefbad approchait de l’Hylien en hésitant. Elle revenait d’une sieste. Puisque les nuits semblaient un peu infructueuses, elle essayait récemment de provoquer des cauchemars en pleine journée, mais à sa tête cela ne semblait pas avoir marché.ꟷ Yorick : Je suppose que l’avenir reste toujours obscur. A ce rythme-là, on ne risque pas de manquer de remède. On ne pourra juste pas les transporter… Je songe sincèrement d’ailleurs à vendre les moins bien faits pour garder les meilleurs.
ꟷ Stefbad : Je ne suis pas sûr qu’on en tire un bon profit. Mais ça sera toujours ça. Sinon, non. Depuis qu’on est rentré dans le désert, plus rien. Avant, cela m’arrivait tout le temps.
ꟷ Yorick : Pas grave. Sans vouloir t’offenser, tes visions ne sont pas tout le temps très utiles. Soit on ne les comprend pas, soit elles nous apprennent rien d’intéressant. Mais ne te bile pas. Cela reviendra si tu as envie que ça revienne, peut-être.
ꟷ Stefbad : Cela ne me manquera pas spécialement. C’est juste que je m’y étais habitué et ça aurait pu nous être utile.
ꟷ Yorick : On fera sans.
Il se releva et finit de remplir la caisse avec les derniers remèdes qu’il avait confectionné. Il commençait à tomber à cours de matériaux d’ennemis. ꟷ Yorick : C’est décidé. Je vais vendre tout ça. De toute façon, je doute qu’on ait vraiment besoin de remèdes ignifus, mais il ne restait plus que ça. Pendant que tu dormais, j’ai appris qu’il y avait un marchand un peu étrange. Cela ne m’étonnerait pas qu’il s’agisse de Kilton, mais c’est le dernier à qui je n’ai pas parlé jusque-là.
ꟷ Stefbad : Un marchand étrange ?
ꟷ Yorick : Je n’en sais pas plus. Ce n’est qu’une rumeur, mais il faut que j’attende que la nuit tombe. D’après ce que j’ai entendu, il vend tout ce qu’on ne peut pas trouver ailleurs. Peut-être trouvera-t-on quelque chose qui nous aidera à battre Verantwo…
ꟷ Stefbad : Ici, à l’Oasis ?
ꟷ Yorick : Yep, il a un rendez-vous d’affaire cette nuit. C’est peut-être notre seule chance de l’approcher. Je compte sur toi, pour ce soir. On reste calme et j’essayerai déjà de vendre nos remèdes en gros et on verra.
ꟷ Stefbad : Avec tout ce que j’ai dormi, je suis on ne peut plus prête.
Le rendez-vous avait lieu sur le toit de l’auberge. Le soleil était pratiquement couché, mais cela n’empêchait pas à Yorick de se déplacer aisément sur les barreaux de l’échelle qui menait au toit. La gérudo le suivait derrière sans dire un mot. Ils étaient venus en avance en espérant surprendre le marchand avant qu’il arrive et ainsi pouvoir lui parler avant que les clients suivants arrivent. Hélas, le mystérieux commercial était déjà là. Yorick s’arrêta la main sur le dernier barreau de l’échelle pendant quelques secondes, puis repris son ascension. Autant agir comme tout était normal.En s’approchant, il tenta d’en savoir un peu plus sur ce mystérieux interlocuteur. Il déduisait de sa silhouette qu’il s’agissait d’un homme, assez grand. Il était roux et le visage masqué par un voile. La tenue était singulière, mais qu’importe. Il n’était plus à une excentricité près. ꟷ Vivian : Helloooo ! Mais quel joli couple vous formez tous les deux. Vous êtes sublimes. Vous êtes les Yigas les plus charmants que j’ai pu rencontrer. Vous avez bien fait d’enlever ces horribles costumes. C’était moulant certes tout là où il faut, mais honteusement répétitif.
ꟷ Stefbad : Des Yigas ?
ꟷ Yorick : Oui… des Yigas. C’est bien avec nous que vous aviez rendez-vous. Désolé pour cet accoutrement. Nous ne sommes pas censés nous présenter ainsi, mais vous voyez… Nous vivons pleinement notre relation et c’était soit arriver en retard, soit remettre nos tenues.
ꟷ Stefbad : Notre relation ?
ꟷ Yorick : Oui. Chérie.
ꟷ Vivian : Mais oui ! Oh Darling ! N’ayez pas peur d’exposer votre relation au grand jour avec moi. Il est vrai que ce n’est pas très fréquent parmi les Yigas d’avoir un couple que les autres qualifieraient de « normal ». Mais ça ne me gêne aucunement.
Le marchand avait insisté sur ce dernier mot en détachant bien chaque syllabe. Peu importe pour qui il les prenait, l’hylien en entendant le mot « Yigas » avait été forcé d’improviser. Il fallait en apprendre plus sur leur repaire, sur leur activité, sur Linkondo et Krystal. Si cela devait se faire à son insu, tant pis. Il avait pourtant bien essayé de faire comprendre à Stefbad de se taire et de le laisser faire, elle semblait affolée par la situation et ne pouvait pas s’empêcher de reprendre les termes du négociant.ꟷ Stefbad : Excusez-moi Madame, mais…
ꟷ Yorick : C’est Monsieur en fait.
ꟷ Stefbad : Ben, non. C’est une Vaï, une femme. Ça se voit.
ꟷ Yorick : Non. Je te dis que c’est un homme.
ꟷ Stefbad : Je sais bien qu’il est tard, mais je vois ce que je vois. Et ce que nous avons devant les yeux – pardon Madame de parler de vous ainsi -, mais c’est une vaï.
ꟷ Vivian : Voyons, bien sûr que je suis un homme. Pour se laisser avoir par ce déguisement, il n’y a qu’une Gé… Ah mais attendez ! Vous n’êtes pas des Yigas. Êtes-vous venu tuer le pauvre Vivian.
Et voilà, la boulette attendue était faite. Il allait falloir maintenant s’accrocher pour en savoir un peu plus. ꟷ Yorick : Veuillez nous excuser, monsieur Vivian. Nous souhaitions vraiment vous parler et c’était le seul moyen que nous avons trouvé.
ꟷ Stefbad : Tu es sûr que c’est un homme.
ꟷ Yorick : Merci de bien vouloir me laisser parler avec ce marchand qui, oui, est un homme. Un voï si tu préfères. Si ton aventure vise à t’en trouver un, il serait peut-être temps de commencer par les reconnaître.
ꟷ Stefbad : Très joli déguisement. Je me suis laissé avoir.
ꟷ Vivian : Merci, il en abuse plus d’une. Rassurez-vous. Par contre, je n’apprécie pas spécialement le petit tour que vous m’avez joué. Je vous recommande vivement de partir d’ici avant que les vrais Yigas n’arrivent.
ꟷ Stefbad : En fait c’est à cause d’eux qu’on veut vous parler. Je vais vous expliquer …
Yorick était au bord de l’effarement. Cette jeune Gérudo est inarrêtable. Tout était foutu, il ne tirerait rien de ce marchand. Pas un seul renseignement, pas une seule info et surtout pas un seul rubis contre l’un de ses remèdes encombrants. Par conséquent, il n’écouta pas les explications fournies par Stefbad. Vaincu, l’hylien commençait déjà à rebrousser chemin quand des propos exprimés plus haut retinrent son attention.ꟷ Vivian : Krystal ? Ne dîtes pas que vous êtes amis avec Krystal ! Mais je suis fan de Krystal. J’adore ce qu’elle fait.
Le secret de la montagne Docassé ! J’ai lu tous ses livres. Je l’aime, je l’adore, je la kiffe. C’est mon idole. J’aimerai tellement la rencontrer, voire, si ce n’est pas trop demander, la toucher.
ꟷ Stefbad : C’est justement le problème. Elle a été enlevée par les Yigas avec un autre de nos amis.
ꟷ Vivian : Oh, non ! Mais c’est horrible. Pas ma Krystal, mon dragon de l’amouuuur.
ꟷ Stefbad : Si.
ꟷ Yorick : Si.
La chance aurait-elle tourné ? Il fallait qu’il tombe sur un fan de Krystal. A posteriori, ce n’était pas si surprenant en raison de son apparence, mais quand même. Il semblerait qu’il ait sous-estimé la qualité de la diffusion de ces récits à l’eau de rose. Il faudrait qu’il vérifie le contenu du secret de cette montagne « dos cassé ». Histoire de vérifier qu’il n’en faisait pas partie. Juste pour vérifier évidemment.ꟷ Vivian : Oh non ! Mais que faire ! Comment des êtres aussi raffinés que les Yigas peuvent-ils s’en prendre à Krystal ? Puisque c’est comme ça, je ne vendrais pas les bananes qu’ils aiment tant. Et quand je dis qu’ils aiment les bananes, c’est qu’ils aiment les bananes. Si vous voyez ce que je veux dire…
ꟷ Stefbad : Qu’ils aiment les bananes ?
ꟷ Yorick : Je vois très bien ce que vous voulez dire. Malheureusement, cela ne nous ait d’aucune utilité. Je suppose qu’il refuserait de relâcher leurs prisonniers, même si vous demander gentiment.
ꟷ Vivian : Bien sûr. Je n’ai aucune autorité sur leurs actions. Nous nous fréquentons par moment, principalement pour de la contrebande de bananes lames, comme ce soir. Mais je fais ce qu’ils veulent et j’en tire profit. Je ne vois vraiment pas comment je pourrais vous aider mes petits choux.
ꟷ Yorick : Vous n’allez jamais jusqu’à leur repaire ?
ꟷ Vivian : Nop. Tout se passe ici, sur ce toit. Ce qui fait que je dois me montrer discret.
ꟷ Stefbad : Ben, oui. Je comprends. Il ne faut pas que tout le monde sache pour votre commerce.
ꟷ Yorick : Je ne suis pas sûr qu’il ne parle que de commerce.
ꟷ Vivian : Je vois que vous êtes vraiment un ami de Krystal pour savoir aussi bien lire entre les lignes. Peut-être que … puisque je ne pourrais pas vous aider à la sauver… Je pourrais peut-être vous consoler de la perte de votre amie.
ꟷ Yorick : Même pas en rêve. Ni en fiction.
ꟷ Stefbad : Monsieur la vaï, s’il vous plait. Aidez-nous. Krystal va sûrement mourir si vous ne nous aidez pas.
ꟷ Yorick : C’est vrai. Aidez-nous. Si elle survit à cette mésaventure, je vous jure que je parlerai de vous et peut-être que vous ferez l’objet de son prochain roman. Je vois déjà le titre : « Il n’y a qu’une Vaï qui m’aille ». Une célébrité à votre image : masquée mais irrésistible.
C’était perfide, mais qu’importe. S’il fallait jouer la carte de la flatterie pour arriver à mettre ce Vivian dans sa poche, il fallait la jouer. ꟷ Vivian : Ecoutez. J’ai une petite idée, mais malheureusement je manque de moyen et de temps. Il se trouve que j’ai récupéré des épices soporifiques sheikah que j’ai récupéré auprès d’un veuf du village Cocorico en mal d’amour. Une histoire à vous tirer les larmes. Je comptais les vendre en plus du lot habituel de bananes, mais je pourrais les utiliser sur eux à la place. Il faudrait pouvoir leur faire avaler sans éveiller leur soupçon.
ꟷ Yorick : Des remèdes vous iraient ?
ꟷ Stefbad : Pourquoi boiraient-ils tes remèdes ?
ꟷ Yorick : Il suffit de leur dire que c’est de liqueur de bananes. Je sais que Krystal en faisait un trafic lors du café. Depuis qu’elle les a arnaqués, ils n’ont pas dû avoir l’occasion d’en boire à nouveau depuis longtemps. Attendez ! Attendez ! Et si on disait que vous aviez retrouvé la recette auprès d’un ancien du café. Je peux vous dire des noms. Enfin j’en ai plutôt un qui me vient en tête :
@Bluelink. Ou plutôt Svensk, c’était le cuisinier. Ils vous croiront.
ꟷ Vivian : Je peux faire ça. Mais ça va mettre un coup dur à mon commerce.
ꟷ Yorick : Est-ce que cela ne vaut pas le coup ? Sauver votre idole et peut-être faire partie de sa prochaine romance, voire la rencontrer dans notre restaurant.
ꟷ Stefbad : S’il vous plait, Monsieur la Vaï.
ꟷ Vivian : Je vais faire ce que je peux. Mais je ne vous promets rien.
Sur ce dernier espoir, Stefbad et Yorick redescendirent du toit après avoir laissé une caisse complète de remèdes ignifus. C’était bientôt l’heure du rendez-vous et ils n’avaient pas leur place. Si un Yiga les reconnaissait, ils étaient foutus. Sauf qu’après tout, ils ne les avaient jamais vus ni l’un ni l’autre. Ah si. Il y avait bien celui d’Elimith, mais c’était il y a si longtemps et rien ne disait qu’il avait un lien avec Linkondo ou Krystal. Mais cette dernière avait vendu peut-être leur signalement pour une bouchée de pain supplémentaire. Qui sait à quoi il faut s’attendre avec elle. Néanmoins, il était ravi de pouvoir s’en sortir grâce à elle. Comme quoi il y avait un profit à tirer de ses fictions. Elles n’étaient pas au goût de tout le monde, mais elle avait su trouver son public. Le jeune hylien, une fois bien installé dans la chambre de l’auberge de l’oasis, fut interrompu au beau milieu de sa rêverie par Stefbad.ꟷ Stefbad : Tu penses qu’on peut lui faire confiance.
ꟷ Yorick : Au pire, on se fait capturer et on rejoint aussi Krystal et le bokoblin.
ꟷ Stefbad : Ou on se fait tuer…
ꟷ Yorick : Y a ça aussi. Merci de me le rappeler. En tout cas il avait l’air honnête. Il faut être franchement honnête pour clamer sous tous les toits être fan inconditionnel de Krystal.
ꟷ Stefbad : Mais venant d’un Voï déguisé en Vaï. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter ?
ꟷ Yorick : Ça te choque plus qu’un Bokoblin qui parle ? Il fait ce qu’il veut et je ne vois pas où est le mal. Moi tout ce que je vois, c’est qu’il pourra nous être utile et qu’on pourra les sauver. J’ai bon espoir.
En vérité, il disait ça plutôt pour la rassurer, car rien n’était évident. Sentant sa conviction fléchir, il préféra arrêter la conversation. Plus le temps passait, plus l’angoisse montait. Pourtant, il pouvait se dire que tant qu’il n’avait pas de nouvelles, c’est que Vivian n’avait pas trahi leur identité. Et pourtant, cela pouvait aussi vouloir dire que tout ne se passait pas comme prévu. Qu’il était difficile de rester là sans rien faire et d’attendre qu’une autre personne agisse à sa place ! Sans vraiment savoir quoi faire, ils burent chacun un remède au hasard. Yorick tomba sur un « vitalis » et Stefbad sur un « glagla ». Peu importait de toute façon. Ils ne pourraient pas tous les transporter. Il en profita pour en vendre une bonne partie à la gérante de l’auberge qui les accepta en rechignant. Ce n’était pas son rôle, elle ne vendait que des nuitées et des flèches, mais elle semblait avoir compris qu’il s’agissait là de la seule chance d’avoir un paiement. Alors qu’ils s’apprêtaient à terminer la transaction, ils furent interrompus par quelqu’un qui criait :ꟷ ??? : Attendez !
ꟷ Yorick : Hein ? Mais tu es…
ꟷ Vivian : Un voyageur de passage. Je vous prends tous vos remèdes ignifus ! Je viens d’en goûter avec mes compagnons et nous avons tous adoré ! En guise de paiement, je vous offre ces petits sachets d’épice. Je vous ai mis quelques surprises dans la caisse. Vraiment vos boissons sont un régal ! Vous devriez ouvrir un restaurant ! Je vous le dis !
Devant l’entrain à acheter les remèdes, la gérante de l’auberge fit moins de simagrées et proposa un tarif plus élevé que ce que Yorick avait espéré pour ne pas se faire voler par ce nouvel intervenant un marché qui pouvait se révéler très intéressant. La transaction fut en tout cas très intéressante pour Yorick qui en plus de rembourser le logement et les matériaux nécessaires à la confection des remèdes lui fournissait un petit pactole bien sympathique. Prudent, il garda quand même un échantillon de petite taille de chaque remède afin de pourvoir à chaque situation.Vivian, qui était ressorti, attendait Stefbad et Yorick près d’une caisse derrière l’auberge. Il arborait un sourire énorme qui malgré la pénombre et le voile devant le bas de son visage ne pouvait être dissimulé. Dès leur approche il souleva le couvercle de la caisse et en sortit une tenue complète de Yiga.ꟷ Vivian : Tiens, voilà pour toi mon choux. Cette tenue devrait t’aller comme un gant. Par contre pour toi, ma chérie, ça risque d’être un peu plus compliqué. Avec ta grande taille et ta musculature, une simple tenue de sbire de Yiga t’aurait donné l’air ridicule. Et tu te serais fait repérée à des kilomètres. Comble de chance, il y avait ce soir un officier qui était venu avec eux. Leur maître est sous tension à cause d’un invité surprise, d’où la présence d’une sécurité supplémentaire. Une chance pour toi, poupée. Du coup, vous aurez une tenue de sbire en plus. Ce n’est pas génial !
ꟷ Yorick : Parfait ! Il ne nous reste plus qu’à retourner au repaire déguisé avec les bananes et on pourra alors libérer Krystal et le bokoblin.
ꟷ Vivian : Les bananes sont dans la caisse, avec les deux autres tenues et les épices. Ça peut servir. On ne sait jamais.
ꟷ Stefbad : Et les autres Yigas sont où ?
ꟷ Vivian : En train de ronfler comme des sonneurs sur le toit. Ils se sont endormis rapidement et j’ai pu les déshabiller sans soucis. Pendant que vous vous occupez de sauver Krystal et son ami, je ferai bien attention aux corps endormis. Comptez sur moi. Je ne les quitterai pas des yeux.
ꟷ Yorick : Oh je n’en doute pas une seconde. Changeons-nous et dépêchons-nous de rejoindre les Yigas.
ꟷ Vivian : Ne vous inquiétez pas pour moi. Faîtes comme si j’étais pas là, j’en ai vu d’autres.
ꟷ Stefbad : Nous préférerions, si c’est possible, que vous surveillez plutôt les trois Yigas dénudés. Ils ne vont pas se garder tout seul.
ꟷ Vivian : Ah ! Ah voui voui. Tu as raison ma chérie. Je vais aller vérifier qu’ils vont bien de ce pas. Tellement de choses à faire avec eux…