Bonjoir à tous ! En cette période de rentrée et propulsé par de bonnes nouvelles, je me suis senti inspiré et vous livre une nouvelle nouvelle intitulée
Ne rougis pas, largement bercée par une inspiration tirée d'Hugues Auffray.
Plusieurs années après The Wind Waker, voici un Link libéré et accueillant le monde tel qu'il vient. Il sera confronté à une ancienne connaissance, personnage de second plan, certes, mais dont l'histoire m'a touché. Si vous aussi, vous pourrez apprécier cette fable dans la veine de
Mémoires d'un pot. Une MàJ du premier post pour en savoir plus, bonne lecture et à bientôt !
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•Ne rougis pas
Comme depuis des années, le Héros du Vent sillonnait l’océan à bord de son fidèle bateau à voile. Depuis longtemps il avait quitté ses pied-à-terre et s’était libéré de tout enfermement, était libre et pouvait partir où il voulait dans l’infini. Il avait laissé derrière lui son passé et était maître de tout grâce à sa baguette, son âme de musicien sans laquelle il perdrait toute son humilité face à la nature. Le voyage était calme et magnifique, et l’horizon s’ouvrait à perte de vue. Link vivait pleinement.
Un jour, pour une raison quelconque, il ne put reprendre le contrôle de son navire à temps et se vit propulsé à toute vitesse droit devant. Son sort semblait être celui de finir écrasé contre une île. Restant calme malgré tout, il sortit sa Baguette et voulut calmer la force du vent, mais il était trop tard : Avant d’avoir terminé sa mélodie, le choc contre le récif l’éjecta loin du Lion Rouge.
Link reprit tant bien que mal ses repères, et s’évanouit finalement sur le rivage de l’île.
Revenu à ses esprits, son premier réflexe fut de rechercher son précieux objet sur et autour de lui.
-Ou est-elle ? Où est ma baguette ? Mon âme ! cria-t-il effrayé de ne pas la revoir.
Ne sachant pas où il se situait, il fit le tour de l’île et chercha dans l’eau pendant un temps effroyablement long.
Ayant finalement retrouvé son précieux grâce à l’aide du Lion Rouge, il rejoint le rivage et jeta un oeil sur l’île. Elle était grande, couverte d’herbe et parfaitement entretenue. Des plantes étaient cultivées autour, près de l’eau, et évoquaient l’autarcie les habitants. Au milieu, un trou creusé entouré d’une clôture permettait à certains de se baigner en sécurité dans l’eau, purifiée par une machine malheureusement bien visible.
Au fond s’élevait un immense manoir luxueux, qui frappait la vue des marins à plusieurs kilomètres. Couvert de fenêtres donnant sur un intérieur riche et doré, il correspondait à une richesse non négligeable. Link fut déçu de voir cet univers si terrestre, bien qu’esthétique qu’il avait voulu quitter, et se demandait bien ce qu’il pouvait renfermer.
Alors qu’il avançait d’un pas sur l’île, une femme ouvrait la porte du manoir. Link resta immobile, lui signifiant sa soif de découverte.
Elle avança peu à peu, et examina l’Hylien d’un oeil curieux et surtout snob.
-Vous cherchez quelque chose ?
-Euh, non, j’ai retrouvé ce que j’avais perdu, merci, répondit Link.
-J’en suis ravie, mais le fait est que vous vous trouvez sur ma propriété, affirma la femme d’un ton terriblement mondain.
-Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est magnifique !
-Certes. Je l’ai acquise depuis mes vingt ans. Dans ma jeunesse, j’ai travaillé dans une île loin de ma terre natale, et grâce à mes efforts, j’ai réussi à m’acheter cette sublime demeure. Elle me rappelle tant la maison dans laquelle j’habitais lorsque j’étais jeune... J’étais la plus belle et la plus riche fille de ma ville !
-Mais...
Elle continuait sans le laisser parler.
-Lorsqu’un monstrueux oiseau aux plumes dorées m’a...
-T’a enlevé et amené jusqu’à une Forteresse Maudite, continua Link. C’est alors qu’un jeune homme sachant contrôler le vent s’y est infiltré et t’as sauvé de cette infâme torture.
-Pas du tout.
Link était atterré.
-Mon père a dépensé toute sa fortune pour me libérer d’ici. Une fois réceptionnée, je me suis rendu compte avec effroi que nous n’avions plus rien pour vivre. J’en étais réduite à vivre dans la rue...
-Et à voler des rubis.
À cet instant, le Héros montra sa Baguette du Vent qui avait permit sa réputation et ses expériences.
-Link ! s’écria-t-elle en l’embrassant.
-Mina, soupira-t-il. Qu’es-tu donc devenue ?
-Riche, tu ne vois pas ?
-Si. Malheureusement. C’est pour ça que tu es partie et que je n’ai jamais pu te revoir ? C’est pour ça que tu as voulu quitter cette existence que tu détestait ?
-Oui, et je suis bien mieux ainsi. Comme avant !
-Comme avant. Je t’aimais comme avant. La première fois que je t’ai vue, dans ta luxueuse demeure, tu m’impressionnait tellement, tu paraissait si inaccessible. Je savais qu’un jour je pourrais t’atteindre avec ma gloire, mais je suis sorti résigné. Puis, lorsque tu travaillais chez Naglagla, j’ai pu voir ton naturel, je t’ai réellement compris. C’est comme ça que je t’aimais, tu n’avais plus de nom d’apparat, de superflu ; tu pouvais très bien t’en sortir. Tu as recommencé à zéro. Comme avant.
-Pfff...C’est toi même qui voulait m’aider à m’en sortir. Tu m’as aidé à prendre conscience et à gagner ma vie normalement. Alors c’est à cause de toi si je suis ainsi aujourd’hui !
-Mais tu n’étais pas obligée de te laisser pervertir par cette société mercantile et matérialiste ! Regarde-toi. Tu es devenue une pauvre riche, sans aucun naturel et totalement fermée. Tu peux te ressaisir ! Tu peux être la Mina que j’aimais !
-Je peux peut-être, mais je ne veux pas.
-C’est sûr que tu es bien plus à l’aise ici en ne manquant de rien et en te laissant entretenir qu’en étant libre, en naviguant en plein cœur de la nature ! Regarde-moi ! Je me porte très bien, et je vis selon le vent et selon mes désirs, c’est tout ! Je m’arrête sur différentes îles, j’vais boire une verre et me sustenter aux tavernes, je rencontre énormément de personnes, sans plus me soucier des relations que je cultiverais. Mais cela n’a jamais été pour toi ?
-Non. Tu mènes ta vie, je mène la mienne. Nous n’avons rien à partager, Link.
-Tu ne mérites pas d’être aimée, affirma-t-il d’un ton méprisant.
Puis, un homme arriva près d’eux, par une porte sur la gauche du manoir. Mina ne s’en soucia guère. Link le regarda quelques temps, puis Mina. Mina regarda Link, puis se tourna vers l’homme. L’homme regarda Mina. Link le regarda. L’homme le regarda. Mina regarda Link. Link ne regarda pas Mina. L’homme retourna à ses activités.
Sans rien dire, sans regard, Link s’en fut. Il n’avait plus rien à penser de Mina et de son passé, il ne chercha pas à savoir qui était cet homme ; le mari ? Un serviteur ? Un ennemi ? Il avait revu un femme qu’il aimait, mais cette femme ne l’aimait pas ; lui non plus.
Et c’est le cœur le plus léger du monde qu’il tourna le dos à ses regrets.
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