Ce topic est génial parce que à chaque fois que je me fais la réflexion de pourquoi j'aime tant le cinéma, je me dis que l'émotion primaire qui m'a fait découvrir cet art en profondeur, c'est la peur. Pourquoi ? J'en sais rien mais je sais quelle a été l'allumette.
C'est bête, mais les vieux Disney sont terriblement effrayants pour des enfants, et le pire de tous est sans contestation possible le premier,
Blanche-Neige.
Toute la fin avec la sorcière est une énorme montagne russe émotionnelle, n'en déplaise à certains. Qui a compris Blanche Neige a compris ce qui fait l'essence du dessin animé, surtout pas un
produit aseptisé et lisse, mais une
œuvre qui cristallise les émotions humaines pour être à la portée des enfants (et la plus fondamentale de toutes, la peur).
C'est pour ça que ce film est un chef d'oeuvre absolu, un adulte qui le regarde pour la première fois ne peut pas le comprendre (excepté pour la prouesse technique), alors qu'un adulte qui l'a vu dans son enfance peut le regarder des dizaines de fois sans s'en lasser (c'est clairement un film que j'emporterais sur une île déserte en tout cas).
dans un autre registre est aussi une punition. C'est une adaptation du Christmas Carol de Dickens et ils ne lésinent pas sur le traumatisme, tout y est, l'ambiance crade et sombre, le fantôme avec ses chaines, et le côté surnaturel de l'ensemble qui pèse pour un enfant.
J'ai aussi eu la chance de voir
Fantasia extrêmement tôt et les segments de l'Apprenti Sorcier et de la Nuit sur le Mont Chauve valent leur pesant d'or également.
En DA, les films de Don Bluth sont encore plus durs pour des enfants, je me souviens en particulier du premier
Fievel qui est extrêmement intéressant (il traite de la diaspora, ce dont un enfant se fout complètement) mais est une vraie purge pour un gosse.
Sinon plus généralement, comme j'ai commencé à aimer le cinéma très jeune, j'ai regardé énormément de choses, souvent en douce, souvent la nuit, avec la pression de me faire caler à regarder des films d'horreur au lieu de dormir. Chaque petit courant d'air, qui a déjà tendance à impressionner un enfant de base, était pour moi comme un coup de tonnerre. Et les vrais coups de tonnerre, dans un contexte horrifique cinématographique, ouvraient des abîmes béants vers l'enfer.
C'est dans cette ambiance de folie que j'ai découvert
de Romero. Je crois pas l'avoir fini à l'époque (le courage de mini-D_Y a des limites quand même), et même en le regardant des années plus tard j'en ai eu des frissons.
A part ça j'ai vu
La Mouche,
Alien : le Huitième Passager en VHS, le premier m'a dégoûté, le deuxième me servait de shoot d'adrénaline.
Halloween ne m'a fait ni chaud ni froid, pas plus que l'
Exorciste. Très bizarrement, la fin des
Aventuriers de l'Arche Perdue (quand ils ouvrent l'arche, donc) m'a beaucoup perturbé, et comme beaucoup j'ai eu peur de la mer à cause de
Jaws.
Shining m'a beaucoup effrayé, pas la version Kubrick (que je n'ai vu que plus tard) mais une version télé de plus de quatre heures. J'ai aucun souvenir de ce téléfilm si ce n'est la scène en question dans la baignoire (elle existe dans la version Kubrick, pour ceux qui se demandent).
J'ai beaucoup aimé la glauquitude du
Silence des Agneaux, du moins je me donnais un genre pour briller dans la cour de récré, en réalité je faisais moins le malin quand
. Il y a aussi l'
Histoire Sans Fin et Artax (ce qui m'a excessivement gavé parce que c'était pendant une rediff au ciné et je voulais pas chialer au milieu de tout le monde).
Je viens de me souvenir que j'ai pas mal niqué ma VHS du
Magicien d'Oz alors que ce film me mettait mal à l'aise. Je pensais que c'était dû à la simple présence de Margaret Hamilton mais en fait non, je pense que c'est le changement entre le N&B et la profusion de couleur qui provoquent cet inconfort (puisqu'il me semble qu'un enfant ne comprend pas vraiment la symbolique technique derrière). Et puis globalement, tous les personnages font flipper.
Y'en a plein d'autres évidemment, plein de trucs gores et dégueulasses genre
Cannibal Holocaust ou
Salo et les 120 Journées de Sodome (tellement que le Soldat Ryan me paraissait être un film tout à fait inoffensif alors que j'avais 12 ou 13 ans).
En tout cas merci pour ce topic parce que ça me rappelle pourquoi c'est ma passion n°1, chose que j'oublie souvent avec les films actuels, et je me rappelle que je suis passé à travers pratiquement tout le spectre des émotions humaines depuis que j'ai conscience d'exister, et c'est précisément grâce aux films