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[Petits textes en prose ou Fadaises d'Hyrule] | Xanto01

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Xanto01:
Bonjour à tous les Pziens, voici un nouveau texte ! Celui-ci est directement inspiré d'une cinématique de Twilight Princess. Plus précisément, il est inspiré de la cinématique où l'on voit Link prendre en main pour la première fois l'épée de Légende dans les ruines du Temple du Temps.

J'espère qu'il vous plaira ! N'hésitez pas à me donner votre avis ^^


L'âme de la fôret
   
    La voilà enfin. Cette fameuse relique qui lèvera l’absurde malédiction que l’Usurpateur lui avait infligée, pesant désormais sur lui depuis le début de leur périple. Midona, qui avait quitté depuis bien longtemps l’ombre du loup aux yeux bleus tel du saphir, leva ses yeux carmin vers l’objet de leur venue dans cette antique forêt. Fièrement figée dans son piédestal de pierre, c’était comme si le temps, d’ordinaire rongeur et jaloux de la beauté d’autrui, l’avait épargnée en dépit de toute la forêt. Malgré les siècles, la beauté de celle-ci était restée immuable qu’ailleurs, des lierres léchaient paresseusement les ruines de ce qui semblait avoir été autrefois un temple. Magnifiquement élancée, lacée de cordons émeraudes sur cette robe couleur lavande qui dévoilait un splendide joyau couleur or ; jamais elle n’en avait vu de pareille. Elle était la plus belle de toutes, endormie dans ces bois millénaires, à attendre celui qui la sortirait de sa torpeur.

   Étonnement, la posture basse, les poils hérissés, la queue virevoltant nerveusement et les immenses crocs immaculés dévoilés, Link grogna férocement face à elle. Surprise, la petite créature du Crépuscule jeta une œillade à son compagnon de voyage. Lorsqu’il lui prenait de grogner de la sorte, c’était toujours parce que ses sens aiguisés les prévenaient d’un danger qu’ils ne pouvaient voir. Alors pourquoi…? Midona plissa ses yeux. Là ! Tout de suite ! Alors que l’épée s’était mise à scintiller d’une lueur dorée, il lui semblait avoir vu le spectre d’une silhouette bleutée à la robe et aux cordons similaires à la garde. Elle était penchée vers le loup et sa robe – ou alors était-ce des bras – caressèrent la sombre truffe de la bête.

   Dès lors, le halo de la lame scintilla avec une telle force qu’elle dut couvrir ses yeux avec le fragment du Cristal des Ombres qui lui faisait office de casque. Lorsque l’aveuglante lumière illuminant la clairière quelques instants plus tôt se dissipa, Midona hasarda à ouvrir un œil. Quelle fut sa surprise lorsqu’elle découvrit que la roche du Crépuscule, source du malheur de Link, flottait lentement à ses côtés. Co…comment ? Un petit gémissement attira son attention. Ce n’était pas un piètre simulacre d’aboiement lupin mais bien un bruit que seul un humain pouvait produire. La petite créature jeta un coup d’œil à l’instant où le loup au sombre pelage se trouvait plus tôt. Ses mains gantées serrant avec vigueur la poignée de l’épée, le jeune Hylien tentait de la déloger de sa prison de pierre. Tremblant légèrement dans son piédestal, la lame se découvrait peu à peu sous les efforts de Link. Le centre de son socle se mit à briller au fur et à mesure que la lame était tirée vers le haut et lorsqu’il l’extirpa sous un dernier effort, l’endroit où jadis se trouvait l’endormie durant des décennies s’illumina une ultime fois avant de retourner à ses couleurs ternes quand le jeune homme leva l’Épée de Légende vers la cime des arbres.

   La pointe de la lame fièrement dressée vers le ciel, un léger vent se propagea alors dans la clairière, soulevant la poussière accumulée durant ces années de repos. La sortie de la lame de son socle semblait avoir arraché toute la forêt de la torpeur dans laquelle elle s’était enfoncée durant des siècles, en l’attente d’un nouveau Héros.

   « La lame t’a accepté comme étant son maître, admit finalement Midona »

   À ses mots, elle vit les lèvres du jeune fermier doucement s’étirer tandis qu’il contemplait sa nouvelle lame mais ce ne fut pas sa réaction qui fit écarquiller les yeux de la Princesse déchue. À nouveau, elle avait cru voir ce spectre mauve et bleu émaner de la lame alors qu’elle scintillait délicatement. Sûre d’avoir bien vue cette étrange apparition, l’amie de Link battit des paupières plusieurs fois alors que Link s’essayait à quelques moulinets. Peut-être avait-elle mal vu alors était-ce l’Esprit de cette Épée Légendaire qui avait placé le jeune Toalien sous sa protection ?

   Le petit être du Crépuscule dévoila sa canine en un sourire tandis que son compagnon de voyage se familiarisait toujours avec cette relique légendaire. Qui sait ?






 

Chompir:
Je viens de lire tes trois derniers petits textes et c'est vraiment très bien écrit.
J'ai beaucoup aimé celui qui nous présente les intentions de Ganondorf et nous explique sa haine pour Hyrule et les Hyliens.
Celui sur Xanto était très sympa, ta vision du personnage pour expliquer comment il finissait pour être "perverti" par Ganondorf était très sympa.
Pour finir, le texte du jour était très sympa, j'ai adoré quand tu as sous entendu que Fay était là et ça m'a fait sourire. J'espère qu'elle reviendra un jour. :^^:

Xanto01:
Merci @Chompir pour ton retour sur mes trois textes !

Le fait que tu les aies tous les trois apprécié me fait grandement plaisir, notamment pour le texte sur Ganondorf. Je voulais vraiment me dissocier du stéréotype " Je suis méchant avec les Hyliens parce que je suis le Mal Incarné". Et ravie, que mon vision de Xanto t'ait plu. Avec ses pitreries et ses postures étranges, on a tendance à le prendre pour un clown. Je suis donc partie du principe que les hauts placés du Crépuscule le prennent pour le looser ou le fou de leur peuple.

Quant à Fay, j'aimerais aussi la revoir un jour. L'Épée de Légende est récurrente dans la saga donc revoir l'esprit qui s'y trouve serait un beau clin d'oeil à Skyward Sword. D'autant plus, qu'elle avait dit espérer revoir Link dans une autre vie donc..qui sait ?

_____
Bon, on continue avec Twilight Princess et le Sanctuaire de la forêt mais cette fois-ci avec un autre élément emblématique ! Si je vous dis le mot Temple ?

(Cliquez pour afficher/cacher)    Des cris gutturaux et sourds. Link baissa les yeux vers son ombre, distinguant vaguement la forme menue de sa partenaire.  Celle-ci hocha silencieusement la tête avant quitter l’ombre de l’Hylien, se mettant dos à lui.

   « Tu veux te transformer en loup, je présume ? »

   Le jeune homme, qui était fermier jusqu’alors, esquissa un sourire tandis que Midona faisait flotter dans sa main le rocher d’ombre, symbole de la malédiction de Xanto l’usurpateur. Il sentit en un instant son corps se modifier toujours plus, son dos s’arquant au fur et à mesure que ses bras et ses jambes perdaient de leur longueur et se recouvraient d’une épaisse fourrure cendrée. Un poids caractéristique vint s’ajouter sur son dos et le loup tourna sa gueule, vers le petit être du Crépuscule. Celui-ci avait déjà formé un cercle des Ombres sous les pieds de ces créatures, les paralysant sous des étincelles écarlates. Le loup aux yeux limpides se cambra alors, montrant ses crocs aux êtres du Crépuscule, puis se rua sur eux, broyant de sa robuste mâchoire tout ce qui se trouvait à sa portée. Les agents de Xanto tombés, le piège qui leur avait tendu se dissipa sous des petits carrés qui virevoltèrent vers le ciel ensoleillé, formant ainsi un nouveau portail qu’ils pourraient utiliser à leur avantage.

    Le jeune élu de Farore, ayant retrouvé sa forme humaine, esquissa un pas avant de porter une main à son oreille endolorie, gémissant doucement. Il se retourna alors vers Midona, les yeux mis clos sous la douleur et les sourcils haussés, se demandant bien ce qu’il avait encore fait cette fois-ci.

    « Tu peux y aller plus doucement,  fit Midona en tirant sur l’une de ses oreilles, le faisant une nouvelle fois gémir, j’ai failli être éjectée ! »

    La mine désolée, le fermier de Toal leva ses mains sous une forme de capitulation, implorant la miséricorde de son amie pour qu’elle le lâche. Elle céda finalement, non sans lui asséner une dernière tape sur la nuque, avant de rejoindre discrètement son ombre, le laissant face à deux portes battantes. La monumentale statue qui leur avait auparavant barré la route avait mystérieusement disparu dès lors qu’il avait replacé durant un court instant l’Épée Légendaire dans son piédestal. Il ne restait plus que ces deux portes, envahies par le lierre léchant paresseusement la pierre jaunie et effritée par le temps ravageur. Immuables, le sceau Royal et une inscription en vieil Hylien avaient été épargnés par la plante envahissante comme s’ils venaient à peine d’être gravés sur ces portes centenaires.

    Sous un vent invisible, les deux portes battantes s’ouvrirent face à lui, l’invitant à entrer. Devant ses yeux ébahis, la vue colorée de la clairière laissa place à une vision monotone, comme figée dans le temps. Inspirant légèrement, Link fit un pas en avant, traversant ces portes sous une lumière aveuglante qui se dissipa lentement pour dévoiler l’étrange lieu dans lequel il venait de pénétrer.

   Link regarda autour de lui, son regard d’un bleu clair s’attardant sur des vitraux d’une grande beauté, là où il y aurait dû y avoir des arbres. Il n’était plus dans la forêt, là. Mais alors cette vision de la clairière, monotone et oscillant tel un mirage, qu’il avait aperçu quand ces étranges portes s’ouvrirent face à lui… Se pourrait-il que… Le regard du jeune se posa alors vers le fond de la salle, là où se trouvaient deux statues gardant ce qu’il semblait être une deuxième salle. C’étaient ces mêmes statues qui lui avaient imposé une énigme afin de juger s’il était digne ou non de porter la Lame Sacrée, il en était certain. Le compagnon de Midona fit volte-face vers l’entrée, ses yeux écarquillés quand il découvrit, derrière l’entrebâillement des portes, la vision déformée de la clairière où il se trouvait quelques instants plus tôt. Pouvait-il…pouvait-il avoir réellement remonté le temps ? Était-il de nouveau dans l’illustre Temple du Temps ?

   De nouveau ? Le jeune Hylien porta une main à sa tempe, sous une douleur lancinante. Il n’avait jamais pénétré ses lieux auparavant ; comment pouvait-il les connaître ? Un éclat de souvenir et Link se revit enfant, déposant trois joyaux sur une table de pierre, avant de courir précipitamment dans une salle dont le chemin venait de s’ouvrir à lui. Ce n’était pas lui. Ça ne pouvait pas être lui. Il avait tiré l‘Épée de Légende dans la clairière du sanctuaire de la Forêt accompagné de Midona et non dans l’antichambre du Temple du Temps avec Navi. Navi ? Qui était-ce ? Jamais il n’avait entendu pareil non dans sa vie, ou tout du moins dans cette vie-là. Le jeune fermier, perdu, baissa le regard vers sa main gantelée. Le stigmate sacré des Déesses scintillait légèrement malgré l’épais cuir qui le recouvrait, comme mu par les forces qui régissaient ce Temple.  Se pouvait-il qu’en pénétrant dans ces ruines antiques – désormais trop superbes pour être qualifiées de ruines – les souvenirs appartenant à un autre héros se soient mêlés aux siens sous la forme de réminiscences ?

    Ses pas le guidèrent sans en avoir conscience dans la deuxième salle. Face à lui, baigné de lumière par sept vitraux, se trouvait le piédestal du Temps, là où il avait jadis tiré la lame millénaire. Cette action lui avait valu de recouvrer son apparence humaine et tantôt, de pénétrer dans le Temple de la Lumière durant sept longues années. Sept ans, l’Ocarina du Temps, le Royaume Saint, la Triforce… À la vue de ce socle éternel, tous ces souvenirs l’assaillirent. Ils s’imposèrent à sa pensée, écrasant ses propres mémoires, ne laissant qu’un esprit confus.
 
   « Link, l’appela la voix douce de Midona, essaye de replacer l’Épée de Légende dans son socle. »

   À l’entente de sa voix, Link retrouva un semblant de souffle. Midona. Elle était là. Dans ce temple austère et terne où il portait la tunique et l’épée du légendaire Héros du Temps, elle était la seule preuve qu’il était bien lui-même et non un autre. L’homme qui pouvait se métamorphoser en loup jeta un regard soulagé sur son ombre dans laquelle il pouvait distinguer la silhouette menue de ce petit diable noir et bleu. Elle avait raison.  Combien de fois une voie s’était révélée à eux par un tour de la sorte ? Le Champion élu des Déesses dégaina sa lame, dirigeant la pointe de la lame vers la fente de son piédestal. Il allait voir, ici et maintenant, si le fait de replacer l’épée – ne serait-ce l’espace d’un instant - allait le projeter des années en arrière ou non. Il allait voir, s’il n’était qu’une pâle réincarnation ou une entité propre !

   Lorsqu’il planta la Lame Sainte dans son piédestal, des marches de lumière le menèrent vers l’un des vitraux, dévoilant la deuxième antichambre où il allait devoir partir à la recherche d’un fragment du Miroir des Ombres. Le jeune homme avança résolument, sa main serrant vigoureusement la poignée de l’Épée Légendaire en cas d’une éventuelle attaque. Midona quitta alors son ombre, demandant à son ami s’il était prêt pour les prochains combats qu’ils allaient devoir mener. L’Hylien acquiesça doucement de la tête puis les deux compagnons de route s’engouffrèrent dans la partie, soigneusement dissimulée, du temple.
 
   Qu’importe si les souvenirs du Héros du Temps s’étaient imposés à lui, cela ne changeait nullement son identité propre. Il était Link, jeune fermier de Toal et désormais le Héros qui devra bannir le Crépuscule des terres d’Hyrule. Et non son prédécesseur.


J'espère que ce texte vous a plu, n'hésitez pas à me donner votre avis ! Sur ce...


(Cliquez pour afficher/cacher)Vous vous attendiez à la fin du post ? Et non, c'était une feinte ! Une feinte à propos de ? Je m'explique...

Dans mon élan d'inspiration, je me suis retrouvée face à une bête noire, terrible et imbattable. Plus féroce que le Poignant, plus dévastatrice que Bongo Bongo alias Tambour et Sans-tête Man, j'ai nommé la relecture. Eh oui, on a tous, au moins une fois, relu ses vieux textes en se disant "la vache, qu'est-ce que j'ai honte !" ou "c'est vraiment moi qui ai écrit ça ?" en passant par le triste "oh mon dieu, qu'est-ce que j'écrivais mal...".

Bon, on va pas se mentir. C'est toujours dur de relire une vieille fic, la preuve il y en a que je redoute de relire. Comme cette fiction "La Triforce des Ténèbres" que j'avais posté sur le site de PZ. Mon moi du passé (pauvre ignorante que j'étais) ayant complètement omis l'existence de Word, toute ma fic se trouve dans l'ancienne version de PZ. Vous m'direz, le temps que la rubrique fanworks fasse son grand retour, ça retarde l'échéance... Enfin bref !

Remontons le temps et retournons, non pas des siècles en arrière mais il y a 5 ans, en 2014. À cette époque, j'avais écrit ma première fic sur les Pziens et c'était mes débuts sur PZ. Le rapport ?

Eh bien...Aujourd'hui, je penche sur une suite (toujours en cours et toujours sans nouveau chapitre  :niak: ) et pour ne pas m'éparpiller, je me suis mise à réécrire la première partie pour faire un truc un peu plus cohérent. J'ai donc conservé les passages principaux, modifié certains, rajouté d'autres, histoire d'avoir de bons repères pour continuer ma deuxième partie.

Voici donc le retour, qui aura pris du temps, de la Légende des Pziens I.

(Cliquez pour afficher/cacher)   Sous l’un des majestueux chênes qui peuplaient les jardins du Château d’Hyrule, se reposait un groupe de Pziens. Ces jeunes gens appartenaient à la glorieuse patrie de Pzia, un royaume dont certaines frontières se confondaient avec celles d’Hyrule. Si les habitants de ce pays ne possédaient pas les oreilles effilées du peuple Hylien, ils étaient néanmoins dotés d’une magie et d’autres armes redoutables. C’était le cas de cette troupe protégée du soleil brulant par les feuilles épaisses du chêne où ils s’étaient réfugiés. Si leur âge pouvait être trompeur, ces jeunes amis étaient des pourtant des combattants. Entrainés par la dernière Sheikah d’Hyrule depuis leur jeunesse, ils agissaient sous les ordres des dirigeants du Royaume. Ainsi, ils bénéficiaient d’un rang de simple soldat, obtenant ainsi la nationalité Hylienne.

   Et certains profitaient de cette nationalité acquise pour jouer de nombreux tours aux membres de l’armée et à leur chef, la bien-aimée princesse Zelda. L’une de ces farces était d’ailleurs le sujet de conversation de nos jeunes amis qui semblaient se quereller à ce sujet.

  « C’est bon, fit l’une des filles du groupe, c’était juste pour s’amuser Zelink. »

    Le dénommé Zelink lança un regard perplexe à sa camarade. Juste pour s’amuser ? Le jeune mage sentit l’un de ses sourcils tiquer légèrement. Elle ne devait pas partager la conception qu’il avait de l’amusement. Zelink se redressa un peu plus sur le tronc du chêne auquel il était adossé sous le regard de son amie qui continuait à rire de ces farces comme si elle était une Kokiri. Et ces pitreries continuaient à la faire ?

   « Juste pour s’amuser, hein ? Commença le jeune Pzien en l’imiter grossièrement. Mais Xanto01, tu as gribouillé des symboles Pziens sur des vitraux royaux. À quoi tu pensais franchement ? »

    Cette remarque fit rire un autre Pzien, Ganonpow. Celui-ci aiguisait tranquille l’un des couteaux qu’il portait constamment avant de lever ses yeux brillants vers ses camarades, un sourire provocateur aux lèvres.  Sourire que remarqua immédiatement les autres personnes qui participaient à la conversation, chacun se demandant comment cette conversation allait dégénérer.

   « Laisse-la, dit-il de sa voix grave, tout le monde en Hyrule sait qu’elle n’a rien dans le crâne.

   - Qui n’a rien dans la tête ? Demanda Xanto01 en fronçant les sourcils

   - Toi, imbécile.

   - Idiot, persifla-t-elle entre ses dents

   - Idiote, répliqua-t-il sur le même ton

   - Mais calmez-vous enfin, gronda une seconde Pzienne qui venait de retirer la cape qui était vissée sur ses yeux, vous ne savez pas vous arrêter ! »

   Les deux Pziens en pleine dispute se retournèrent vers Gaellink, une jeune épéiste à la rapière aussi vive que le vent. Elle arborait des sourcils froncés en un air faussement sévère qui déstabilisa légèrement les deux rivaux qui la regardaient d’un air étrange. Avant qu’un silence ne s’installe entre ces jeunes, Midona-Hylia prit la parole, affirmant que son amie Gaellink avait raison. Néanmoins, cela n’empêcha  point le fait qu’elle ait apprécié la farce de sa deuxième amie, chose qu’01 acquiesça vivement d’une exclamation suivie d’une nouvelle pique adressée à Ganonpow. Celui-ci réagit vivement et se redressa, provoquant son amie dans un duel à l’épée dans le but de lui « clouer le bec » selon ses dires. Cette altercation fut rapidement contrôlée par Du40 et Nobody qui durent se lever afin de contrôler les deux belliqueux.

   « Et si on bougeait avant que 01 et Ganonpow ne gâchent notre après-midi ? Proposa du40 tandis qu’il tentait vainement de maintenir en place son amie

  - Si ça nous évite de finir éborgner par un coup de coude, répondit Nobody qui quant à lui gérait Ganonpow, je suis partant. »

    Cette annonce réussit à calmer plus ou moins vite les deux bêtes et tout le monde fut mis d’accord. Tous se mirent debout et harnachèrent leur équipement sur leurs épaules bâties par l’entrainement qu’ils suivaient depuis quelques années. Ils se dirigèrent alors vers les écuries où se reposaient leurs fidèles chevaux puis les montèrent une fois les selle de cuir mises sur les flancs des équidés.

   « Alors, fit Gaellink en attrapant de sa main gantée les rennes de son cheval, quelqu’un a une idée sur notre destination ? »
Aucun de ses camarades ne lui répondit, par manque d’idées. Il était vrai qu’ils n’avaient pas réfléchi à la destination avant d’envahir les écuries sous des cris ayant fait paniquer certaines bêtes. Alors que tous cherchaient une idée, du désert Gerudo au Lac Hylia où l’on pouvait devenir un véritable boulet de canon vivant, Xanto01 éclaircit sa gorge pour attirer l’attention de ses amis.

   « Et si on allait au cimetière ?

   - On a déjà Zelda sur le dos, tu veux qu’on soit maudit par des fantômes ? Répliqua Midona-Hylia

   - Ne me dites pas que vous avez peur que des effrois vous dévorent, se moqua son interlocutrice

  - C’est plutôt de ton inconscience dont on a peur, répliqua Ganonpow en croisant les bras sur son plastron

   -  Allez, insista Xanto01 sous les regards dubitatifs de ses amis, c’est pas comme si on avait une meilleure idée. »

    Un soupir général et le groupe de Pziens s’aventurèrent dans la Plaine d’Hyrule pour attendre leur destination peu commune, le cimetière considéré comme l’un des plus mystérieux du royaume. Leur chevauchée dura quelques heures sous le Soleil brûlant de la plaine avant qu’ils n’arrivent à destination. Le groupe des Pziens foulèrent alors de leurs bottes le sol sablonneux du cimetière, attachant solidement les rênes de leurs montures sur les branches d’un arbuste au tronc maigre sinueux. Les bêtes rassurées grâce à quelques caresses sur leur encolure, les jeunes Pziens s’engagèrent dans l’antre des morts. L’air frais qui soulevait délicatement leurs cheveux ne semblait en rien les rassurer et les jeunes portèrent leur main sur leurs armes en cas d’un éventuel danger provenant des tombes peut-être entrouvertes. La salive coincée au travers de la gorge, certains commençaient vraiment à se demander si pénétrer ces lieux chargés d’histoire était vraiment une bonne idée.

   C’était ainsi que commença leur périple ou leur grande mésaventure.


(Cliquez pour afficher/cacher) Le groupe de Pziens  erraient entre les tombes, plus ou moins rassurés par l’atmosphère qui étreignait ces lieux, bien trop silencieux au goût de certains. Tandis que leur étonnante guide s’évertuait à fouiller le cimetière de fond en combles à la recherche d’un coffre regorgeant de précieux rubis platine et autres trésors, certains tentaient de dissimuler le malaise que leur procurait ce lieu en discutant.

    Parmi ceux-ci, on retrouvait la jeune archère Midona-Hylia accompagné du frère cadet de Gaellink et également habile archer, Nobody, et de Ganonpow. Les trois amis discutaient à propos de l’enthousiasme de leur compère Xanto01, qui s'était aventurée un plus loin accompagnée de Du40, Zelink de Gaellink, qui tentaient vainement de calmer ses ardeurs.

     « À votre avis, questionna Midona-Hylia qui ne cessait de tâtonner les pointes de ses flèches, elle aurait une idée derrière la tête ?

    - Je pense, répondit distraitement Nobody avant d’étouffer un bâillement sous main gantée

    - Évidemment, grinça Ganonpow à l’entente des cris de sa rivale au loin, la vraie question est plutôt quand elle va tomber dans une tombe. »

    Un nouveau cri de Xanto01 suivi des exclamations de Du40, Gaellink et Zelink, et les trois flâneurs surent que ce fatidique moment venait d’avoir eu lieu. Les Pziens échangèrent alors un regard, exaspérés, avant de courir vers leurs amis. Ceux-ci, penchés vers un immense trou, sur la façon dont leur amie avait chuté dans une tombe, celle-ci étant capable d'agir volontairement de la sorte. Nobody, accroupi aux bords de la fosse, haussa un sourcil, portant une main à son oreille. Cela avait été très léger, mais il était certain d'avoir entendu quelque chose. Le jeune archer se tourna alors vers les autres, désireux de connaître la source de sa réaction soudaine.


    "Vous avez entendu ça ?"

    L'ensemble des Pziens se rapprochèrent de la stèle, prenant attention aux bruits qui en provenaient. Si au départ, quelques bribes semblaient être des murmures leur parvinrent, ils entendirent bientôt la voix de 01 qui s’élevait des souterrains.

    « Les amis, s’égosilla-t-elle à travers l'obscurité, il faut que vous veniez ! J’ai trouvé un passage souterrain ! »

    Les autres Pziens se regardèrent entre eux, se décidant sur qui pourrait bien aller la chercher.

    « Qui va la chercher ? Demanda finalement Gaellink

   - Moi, répondirent Zelink et Midona-Hylia d’une même voix

   - J’y vais aussi, ajouta Ganonpow qui ne manqua pas de justifier son choix immédiatement après, cet endroit est trop luxueux pour qu’une idiote comme elle finisse ses jours ici. »

    Alors que chacun observait Ganonpow, le Pzien sauta à pieds joints dans le trou avant qu’on ne puisse lui poser des questions. Il fut alors suivi de Zelink et Midona-Hylia qui le suivirent dans ce qui s’apparentait à une crypte. Une fois à l’intérieur de ce gouffre, le mage qu’était Zelink usa d’un sort qui lui permit de créer une boule de feu dans sa main, éclairant ainsi le groupe et les murs par la même occasion. Le trio découvrit alors des pierres mates recouvertes de peintures représentant les démons qui avaient menacé la paix du royaume à travers les âges. Ainsi, on reconnaissait non sans mal Ganon aux muscles saillants surplombés d’une crinière de flammes ou encore la première incarnation du Mal, l’Avatar du Néant. Ces murs étroits tapissés de fresques colossales se rejoignaient en un point d’horizon qui semblait désigner leur amie Xanto01.

   Le groupe de trois combattants avancèrent jusqu’à elle et se mirent rapidement à sa hauteur, la jeune femme ne semblait pas avancer. Xanto01, entendant les pas de ses amis, se retourna vers eux. Elle découvrit les visages de Midona-Hylia, Zelink et Ganonpow se découpant dans la pénombre grâce au sort du mage. Si les deux premiers semblaient rassurants, la lumière du feu oscillant sur la peau de Ganonpow lui offrait une aura particulière. Les flammes dansaient dans ses yeux brillants qui ne cessaient de fixer Xanto01, plus petite que lui. L’épéiste se tourna ensuite vers Zelink, tentant de ne pas paraître troublée par le regard de son rival.

     « Tu ne devineras jamais ce que j’ai découvert. C’est peut-être un moyen d’explorer en profondeur l’histoire d’Hyrule, dit-elle à son amie passionné d’histoire en lui montrant une gravure
   
   - Je dois avouer que pour ce coup-là, admit Zelink en s’approchant de plus près, t’as été vachement efficace.
 
   - À votre place, les avertit Midona-Hylia, j’éviterais de m’approcher trop près. Il y a une inscription. »

    Les deux explorateurs se penchèrent alors sur l’inscription que pointait du doigt l’archère du groupe. Les deux filles s’écartèrent, laissant ainsi le mage Pzien traduire ce qui semblait être de l’Hylien ancien. Accroupi devant l’inscription gravée dans la pierre, Zelink suivait du doigt les nombreux caractères, tentant de les retranscrire en langue moderne. Les minutes dans ce souterrain défilèrent, sous les marmonnements du jeune érudit. Remarquant le soudain silence de son ami, Ganonpow, adossé à l’un des murs, le héla de sa voix grave.

    « Tu as pu traduire alors ?

    - Oui, affirma Zelink, mais c’est étrange, on dirait une prophétie. Ou un avertissement.

   - Qu’est-ce que ça dit ? S’enquit Midona-Hylia »

   Zelink toussa quelques peu dans le but de s’éclaircir la gorge puis commença à lire à voix haute ce qui était inscrit.

  « Ici repose le sceau des époques. Si le fléau maudit des déesses s’aventure en ces lieux, l’équilibre du monde en sera perturbé.
 
   - Très bien, dit Ganonpow, on remonte immédiatement à la surface.
 
   - Pourquoi donc ? Se plaignit 01, on vient de découvrir une prophétie.

   - Réfléchis un peu. Les déesses ne laisseraient pas des gens pénétrer impunément dans un lieu abritant une prophétie concernant l’équilibre des mondes. Cela veut dire que le fléau des déesses est parmi nous et à tous les coups, cela doit être toi puisque tu as découvert ce lieu en première.

   - Ne sois pas aussi superstitieux, si le fléau des déesses existe. Il doit surement apparaitre quand Hyrule est en crise pour déchainer les Enfers. »

    Suite à ces paroles, elle toucha la gravure qui était présente sur le mur peint. Lorsque sa main entra en contact avec les dessins rupestres, rien ne se produisit, comme elle s’y attendait. La Pzienne retira alors sa main, satisfaite, avant de passer fièrement devant le jeune homme dubitatif.

    « Tu vois ? »

   Elle commença à avancer vers la sortie avec ses amis, lorsque des secousses se firent ressentir dans le souterrain. Les Pziens échangèrent un regard avant de se mettre à courir vers la seule issue possible. Leurs cris avertirent alors ceux qui étaient resté à la surface, les invitant plus ou moins poliment à courir également. Les autres Pziens se ruèrent alors en direction des chevaux qui commençaient à s’agiter nerveusement, leur hennissement  se répercutant dans l’aire désespérément vide du cimetière. Une fois en selle, Gaellink aidée de Du40 et Nobody entreprirent de détacher les chevaux de leurs compagnons restés dans les souterrains.

    Quant à Midona-Hylia et les autres, ils venaient d’atteindre l’orifice par lequel il était entré. L’éboulement gagnait de plus en plus de terrain, il fallait donc faire vite pour sortir vivant de cette crypte. Midona-Hylia  fut la première à regagner la surface, soutenue par Zelink et Ganonpow. Le mage grimpa le second, juste avant Ganonpow qui se hissa à l’aide de ses bras. Il tendit ensuite sa main à 01 afin qu’elle puisse elle aussi remonter. Une fois qu’elle eut attrapé  son avant-bras, il la tira vers le haut avant de se mettre à courir sans pour autant la lâcher.

   « Amène-toi ! »

    Les quatre Pziens rejoignirent alors leurs camarades, montant sur leur destrier. Les jeunes gens paniqués face à ce qu’ils avaient provoqué par mégarde, se réfugièrent au sein d’un sanctuaire à la gloire des déesses d’Hyrule, créatrices de la Relique Sacrée, la Triforce. Les jeunes Pziens étaient agenouillés face aux trois statues féminines qui tenaient au creux de leurs mains une réplique de la Triforce. La réplique de la Sainte Relique se mit scintiller d’une lueur dorée et les trois statues commencèrent à se mouvoir.

     Le groupe de jeunes guerriers se retrouvèrent alors dans une salle aux murs immaculés soutenus par de nombreux piliers. Au centre de la pièce, lévitaient trois entités que les jeunes Pziens reconnurent comme étant les déesses. D’abord surpris que les créatrices d’Hyrule apparaissent devant des étrangers tels qu’eux, les élèves d’Impa s’agenouillèrent devant les trois les divinités, les yeux dirigés vers le sol. Tous avaient une boule au ventre et aucun d’eux n’ignorait qu’ils allaient passer sans nul doute l’un des plus horribles moments de leur vie.


(Cliquez pour afficher/cacher)  Les trois déesses, illuminées d’un halo qui soulevait leurs drapés dans des gracieuses courbes, se penchèrent sur leurs jeunes invités. Din, de sa voix forte, ordonna alors aux imprudents de se redresser. Ils s’exécutèrent, le visage fermé, sans doute inquiets sur le sort qui leur était réservé. Face aux fondatrices d’un royaume prospère qu’était Hyrule, ils n’étaient que des grains de poussière que l’on pouvait simplement écraser d’un coup rêche, à l’image du peuple de la vérité que l’on avait décimé sous les yeux des Grandes Protectrices qui, lors de la Guerre d’Unification, n’avaient été que des spectatrices omnipotentes.

 La Protectrice de Ganondorf Dragmire écarta ses bras enflammés, allumant ainsi les flambeaux accrochés aux piliers de marbre. À la vue des flammes qui menaçaient à tout instant de les engloutir, les Pziens eurent un léger sursaut, aux aguets. Par pur instinct, leurs mains virent se crisper non loin de leur arme en un automatisme, en vue d’une éventuelle attaque. Ils reculèrent de quelques pas lorsqu’ils sentirent l’eau de la déesse Nayru atteindre les semelles de leurs bottes. Alors c’était donc ça ? Ils allaient périr de la main des Déesses d’Hyrule ?

   « N’ayez crainte, jeunes Pziens. Notre but n’est point de vous occire. S’éleva la voix de Farore »

     À sa voix douce comme une brise d’été, la Protectrice des Héros de tous les âges réussit à soulager les jeunes gens qui éloignèrent leurs mains gantées de leur arme. La Déesse du Courage vêtue de vert, sentant que ses jeunes invités étaient enfin enclins à écouter son récit, continua à parler, d’une voix plus ferme cette fois-ci.

    «  L’imprudence causée par votre jeunesse n’est pas sans conséquence. En agissant si inconsciemment, vous avez mis la paix du Royaume d’Hyrule en péril. »

     Les jeunes Pziens échangèrent un regard avant de passer la tête face aux trois déesses, penauds. Parce qu’ils voulaient explorer un peu plus ce royaume qui les avait accueillis, ils compromettaient son avenir. Gaellink serra fortement son poing droit. Si Hyrule était détruit, cela sera de leur faute. Qu’est-ce qui les avaient pris de s’aventurer dans ce cimetière ?

     « La force et la fougue ne résolvent pas tout, affirma Nayru, par manque de sagesse, vous avez détruit le sceau qui maintenait l’antre des démons fermée.

   - L’antre des démons ? Releva Zelink avant de baisser le regard, se souvenant qu’il n’avait pas été autorisé à parler »

     La Déesse de la Force remarqua bien son trouble puis prit la parole comme ses sœurs auparavant.

     « C’est un portail menant à la dimension des démons qui menacé Hyrule à travers les âges.

    - Il n’y a donc pas un Héros élu des déesses pour contenir ses monstres ? »

     C’était Midona-Hylia qui  venait de prendre la parole. L’archère Pzienne avait relevé ses yeux jusqu’alors dirigés vers le sol. Ceux-ci se plongeaient dans les yeux clairs de la Déesse Nayru. Les autres Pziens, quant à eux, portèrent leur attention sur leur amie. Elle avait été la seule ayant osé demander aux Déesses ce qu’ils pensaient tous. Nobody, le jeune frère de Gaellink, sentit le rythme de son cœur s’accélérer. Les paroles annoncées en écho par les déesses venaient de lui faire prendre conscience de la gravité de leurs actes. Et si le Héros du Crépuscule ne venait pas en aide au royaume ? Que feraient-ils ensuite avec Gaellink, si Hyrule était ravagée sans aucun Héros pour tous les sauver ? Ils s’exileront dans un nouveau pays, à la recherche d’une  nouvelle vie meilleure que les précédentes ?

       Le jeune archer tremblait nerveusement de la main gauche, geste perçu par Midona-Hylia. La Pzienne enveloppa discrètement la main de son ami par la sienne, surprenant Nobody qui ne s’attendait pas à cette réaction. Néanmoins, rassuré par le simple soutien que lui procurait la chaleur de l’archère, il décrispa légèrement sa main avant de jeter un regard reconnaissant à Midona-Hylia.

      Ganonpow, quant à lui, se contint du mieux qu’il put pour ne pas afficher une grimace sur son visage. À ses yeux, les déesses avaient volontairement omis la question de Midona-Hylia. De toute façon, que pouvaient-elles dire à des réfugiés tels qu’eux ? Que pour une quelque conque raison, le Héros ne pouvait venir sauver le pays comme à chaque fois ? Alors que le Pzien serra des dents, il entendit une respiration beaucoup plus forte que les autres. Le jeune homme tourna alors son visage vers son amie d’enfance 01. Celle-ci demeurait la tête baissée, sa respiration étant irrégulière.

    « Fléau des déesses, avance-toi. Clama la voix forte de Din »

     L’attention de tous fut concentrée sur Xanto01 qui le remarqua bien assez vite. La jeune femme se releva alors, les bras croisés dans le dos comme si elle était en attente d’un châtiment pour sa faute. Son visage habituellement expressif était désormais fermé et ses lèvres se tordaient en une moue imperceptible. La Pzienne prit une grande inspiration tandis qu’elles faisaient face aux déesses. Qu’allaient-elles lui faire ? La châtier du royaume comme une vulgaire pestiférée ou bien la maudire jusqu’à la fin de ses jours ? Sa gorge se noua à cette funeste idée. Allait-elle finir comme l’Homme qui voyait la vérité, exécutée puis jetée dans un immense gouffre qu’elle hantera jusqu’à la venue d’un Héros ?
Tandis que les déesses tendirent leurs bras vers elle, la Protectrice de la Princesse Zelda parlait de nouveau, de sa voix vibrante. Ses paroles ébranlaient l’être de la jeune épéiste qui essayait vainement de les assimiler.

     « Enfant de Pzia, toi qui as été bénie par le Dieu de la Guerre, tu as été choisi afin de préserver la grandeur d’Hyrule. »

        Ainsi elle avait été choisie  par les déesses pour préserver cette terre et son peuple ? Ah ! Elle, dont l’enfance a été bercé par le culte du Dieu de le Guerre, la voilà maintenant béni par les divinités d’Hyrule ! Seulement était-elle vraiment bénie ?

   « Le voyage qui t’attend ne sera pas vierge de tous dangers, continua Farore, puissent nos vertus te guider dans ta quête.

   - Tel est le destin de notre fléau, conclut Din »

      Dès lors ces paroles prononcées, les contours de la salle où se trouvaient les déesses s’effacèrent pour redonner place à l’architecture austère du sanctuaire. Les jeunes refugiés se révélèrent, encore sonnés par leur rencontre avec les créatrices d’Hyrule. Désarçonnés, ils regagnèrent alors les chambres qu’ils louaient dans l’établissement de Telma, qui en plus de sa taverne, abritait une auberge. Lorsqu’ils arrivèrent dans l’établissement de la matriarche, aucun ne pipa mot et la bonne humeur de la propriétaire n’y changea rien. En voyant leur air maussade la femme éprise du père Reynald n’insista point, laissant ses jeunes pensionnaires emprunter les escaliers pour arriver dans leur chambre. Néanmoins, la femme forte pris la peine de servir des verres à ses protégés, qu’elle posa ensuite sur son comptoir. Du40, qui remarqua cette attention de la gérante, prit alors entre ses mains une tasse brulante qu’il tendit à Xanto01.

    « 01, l’appela-t-il d’un ton qu’il se voulait doux

   - Non merci, répliqua le fléau des déesses d’un ton sec avant de disparaître à l’étage »

    Le jeune blond voulut la rattraper mais une pression sur son épaule gauche se fit s’arrêter. C’était Ganonpow. Le rival de Xanto01 s’avança alors vers l’autre épéiste et annonça d’un ton calme qu’il y allait. Le grand Pzien attrapa ensuite la tasse que tenait toujours Du40 et monta lui aussi à l’étage. Lorsqu’il ouvrit la porte de la chambre de la jeune femme, il la découvrit assise par terre, dos à sa couche et la tête entre les mains. Ganonpow posa la tasse sur un petit guéridon en bois et se précipita vers son amie, s’agenouillant à ses côtés. Le métal de froid contre sa peau mate sembla la sortir de sa léthargie car elle leva les yeux vers Ganonpow.

    « Tu vois, commença-t-elle, quand tu disais que j’allais tous nous faire tuer, je crois bien que c’est fait.

   - Ne dis pas cela, répliqua de sa voix ferme le Pzien, aucun de nous, excepté les déesses, ne pouvait le savoir.

   - Tu penses vraiment ce que tu dis ? Demanda 01 après un court silence

   - Si ce n’était pas le cas, je ne le dirais pas. Tu sais comment sont les hommes de ton peuple. »

    Cette remarque décrocha un mince sourire à la jeune Pzienne. Ganonpow, quant à lui, passa nerveusement une main sur sa nuque à la base de ses cheveux flamboyants. Toujours accroupi, l’épéiste se laissa également tomber contre le lit de 01, se retrouvant assis en tailleur. Il lui tendit alors la tasse qu’il avait arrachée des mains de Du40 et convainquit de boire en usant de sa voix grave. Son amie d’enfance obtempéra et put quelques gorgées du liquide brulant avant de diriger son regard vers la surface du thé encore fumant.

   « Tu sais Ganonpow, commença-t-elle après un silence qui lui parut extrêmement long, j’ai du mal à croire que je suis bénie par notre Dieu. »

   Le jeune homme baissa ses yeux vers son amie. S’il avait toujours été plus doué que sa rivale pour les mots, cette fois-ci, le jeune guerrier ne savait que répondre. Alors maladroitement, dans l’espoir d’apaiser son esprit troublé, il retroussa ses manches. Il les retroussa jusqu’aux coudes avant de montrer l’un de ses bras vigoureux, couvert d’encre ébène qui dessinait de nombreux  tatouages tribaux. Sur son avant-bras, une cicatrice en forme de croix, d’une netteté impressionnante, comme si l’auteure de cette blessure avait été une lame fine et régulière.

    « Cette marque qu’on nous a infligé, alors que nous n’étions que de jeunes enfants, elle est la preuve de notre bénédiction.  Crois-moi, si nous n’étions pas des élus de notre Guerrier Divin, nous aurions été bons à garder le bétail au lieu de manier les armes.

     - Tu parles comme les anciens, répliqua 01 en soupirant, l’éducation des prêtres t’es montée à la tête.

     - Tu l’as reçue également. Tu devrais savoir que, quoiqu’il arrive, nous devons prendre la voie du sang. 

   - Et préserver la gloire d’Hyrule si le Héros n’est pas là pour le faire ? Répliqua 01 d’un ton plus agressif qu’elle ne l’aurait voulu, très peu pour moi. »

    Cette fois-ci, le jeune épéiste ne trouva rien à répliquer. Que pouvait-il dire de toute façon ? Qu’il fallait qu’elle sauve une terre qui n’était pas la leur, sous prétexte que les Déesses le lui avaient ordonné ? Ganonpow ne pouvait décidément lui cracher ça à la figure. Et ça, les deux guerriers originaires du même peuple le savaient. 01 n’était pas comme lui. Contrairement à la force inflexible qu’il s’était forgé en entrant dans le monde de la guerre et des adultes, sa force à elle était beaucoup plus vacillante. Plus instable. L’épéiste voulut faire un geste envers elle, pour lui prouver qu’il serait là, mais se retint à la dernière seconde. Xanto01 n’était pas du genre à raconter ses états d’âmes. Mais il n’allait certainement pas la blâmer pour ce fait ; cette incapacité à montrer aux autres ses troubles était devenue l’un des traits de caractère de leur ethnie. Le regard perdu de 01 rencontra les yeux, rouge sang, de l’autre adolescent.

  Alors la maudite, le fléau des déesses se releva après un silence qui sembla durer une éternité et se dirigea vers la porte qui venait au couloir de l’auberge.

    « Que comptes-tu faire ? Entendit-elle dans son dos alors qu’elle posait sa main sur la poignée, tu vas fuir parce que le poids des responsabilités est trop lourd à porter ? »

   À ces mots, les doigts protégés de la jeune Pzienne se figèrent la poignée ronde de la porte. Elle sentit ses muscles se contracter imperceptiblement et sa main se referma un peu plus sur le métal à la légère dorure grattée à certains endroits. Elle ouvrit légèrement la porte et se glissa dans l’entrebâillement à l’aide de petits pas qui faisaient tinter le métal de ses bottes. L’épéiste, auparavant si sûre d’elle,  jeta un dernier vers le guerrier assis, tout en prenant soin de ne pas croiser son regard ardent.

    « Je n’ai pas les épaules pour ça, souffla-t-elle »

    Ce n’était que lorsqu’il entendit un bruit sourd que le Pzien se précipita dans le couloir. Ganonpow serra des dents en voyant, au bout du couloir qui donnait accès aux diverses chambres,  la fenêtre donnant vers l’extérieur grande ouverte. Tandis que ses doigts se fermaient autour du rebord de la fenêtre, le Pzien aux cheveux sombres grogna légèrement, proférant des insultes contre lui-même et contre 01. Évidemment, cette idiote avait craqué et lui, incrédule comme il l’était, n’avait pas tenté de la retenir. Lui qui était venu afin d’apaiser les tourments de son amie, voilà qu’il avait réussi à lui faire prendre peur en lui faisant réaliser l’amère réalité. Ses jointures se blanchirent alors que ses mains se crispaient de plus en plus sur la barre métallique partiellement rouillée. Cette imbécile avait le don de lui faire perdre ses moyens et, par le Guerrier Divin, qu’il redoutait la réaction de ses amis. Qu’allait-il leur dire quand ils verraient que la malchanceuse s’était volatilisé ?

    Des bruits dans l’escalier et, Ganonpow fut bientôt rejoint par Gaellink et Du40, qu’il reconnut au son de leurs voix. Les deux épéistes, légèrement haletants à cause de leur grimpée de ces escaliers aux hautes marches de bois, semblaient inquiets.

    « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Questionna la grande sœur de Gaellink »

    Ganonpow se retourna vers Gaellink et Du40. Le grand jeune homme tourna alors des talons et entreprit de regagner le rez-de-chaussée de l’auberge.

   « Elle est partie, annonça simplement Ganonpow, la pression était visiblement trop dure pour elle à supporter.
 
   - C’est tout ce que tu trouves à dire ? Répliqua Du40 »

    Le blond l’avait vivement attrapé au niveau de son avant-bras. Les yeux rouges dardèrent le regard bleu du Pzien aux courts cheveux blonds. Si Du40 était de nature posée et ne trouvait guère amusant ou il ne savait quelle idiotie d’user de sa force sur l’un de ses amis, comme semblait si bien le faire 01 et Ganonpow, la façon dont ce dernier avait expliqué la situation actuelle l’irritait. Comment pouvait-il dire cela sur un ton si indifférent alors que leur amie avait disparu ?
Alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole, tentant de faire réagir Ganonpow, Nobody et Midona-Hylia firent à leur tour leur apparition dans le couloir exigu. En voyant Du40 qui harponnait fortement Ganonpow, les deux archers se précipitèrent vers leurs autres camarades afin de les séparer.

    « Qu’est-ce qui vous prend ? Les réprimanda Midona-Hylia, ça ne va pas de vous emporter de cette façon ? »

    Du40 échangea un regard avec la sœur ainée de Nobody, interdits. Midona-Hylia, à l’instar du jeune archer et de Zelink, ignoraient que le fléau des déesses – Gaellink frémit à l’épithète que les Saintes Déesses avaient attribué à son amie – avait pris de façon irrationnelle la fuite. Qui réagirait rationnellement dans une situation pareille ? Pensa aussitôt l’épéiste à la rapière. Finalement, des bruits de pas se firent entendre et l’un d’eux avait pris la décision d’échapper à cette situation pesante. La jeune femme brune écarquilla les yeux en reconnaissant la silhouette large de Ganonpow. L’ami d’enfance du fléau était parvenu à se dégager de la prise de fer qu’avait exercé Du40 sur son avant-bras et descendait maintenant les endroits escaliers qui lui reliaient les différents étages du bâtiment. Le jeune guerrier indiqua qu’il sortait afin de prendre de l’air et surement, réaliser l’ampleur de ce qu’ils avaient commis.

    « Gagou, qu’est-ce qu’il se passe ? Demanda Nobody, une fois la tension retombée quelques instants après le départ de Ganonpow »

   Gaellink se tourna vers son jeune frère, ignorant si elle devait l’informer ou non au sujet de 01. Elle se fit hésitante puis une main rassurante se posa sur son épaule. La Pzienne releva les yeux vers le triste sourire mais également encourageant de Du40. Son meilleur ami fit glisser sa main dans son dos puis le tapota doucement, dans un signe de soutien. L’épéiste sentit, sans en avoir conscience, ses lèvres s’étirer en un fin rictus puis elle se retourna vers son frère, toujours aussi perdu à cause de son ignorance sur la situation.

   « C’est 01...

    - Quoi 01 ? Fit Nobody qui ne la saisissait pas, tu ne vas pas me dire que Ganonpow a encore une fois tenté de la balancer par la fenêtre ? »
 
     À l’évocation de ce souvenir, Gaellink sentit la main de Du40 arrêter de percuter son dos. La jeune femme se souvenait bien de cette fois-là. Ces deux-là s’étaient encore provoqués et Ganonpow, une veine palpitant sur son front suant, avait fini par attraper 01 et la soulever à bout de bras. La Pzienne n’avait cessé de gigoter comme un diable en hurlant, et le guerrier aurait très bien pu parvenir à ses fins, si la vieille Impa n’avait pas intervenu. Et si la vieille femme ne possédait plus la force de sa jeunesse, ses cordes vocales, elles, demeuraient bien intactes. Ils en avaient été drôlement choqués d’ailleurs.

   « Gagou ? »

     Comprenant qu’elle n’avait toujours pas répondu à la question de son frère, dont les traits dévoilaient maintenant l’inquiétude et le scepticisme, elle se reprit et se pencha vers l’archer.

    « Ce n’est pas Ganonpow qui l’a balancé, répondit-elle enfin. Elle a sauté de son propre gré pour fuir la situation. »

    La révélation sonna comme un coup de massue pour les deux jeunes archers.

     « Quoi ? »

**
      « C’est pas vrai, jura Gaellink entre ses dents devant la masse d’ennemis qu’ils affrontaient »

    Le groupe de Pziens étaient submergés. Cela faisait plus de trois jours que les Trois Créatrices du Monde et de la Triforce leur étaient apparues et contrairement à Ganonpow, Xanto01 n’était toujours pas revenue parmi eux. À l’entente d’une flèche sifflant en sa direction, l’épéiste recula d’un bond mal assuré, esquivant l’attaque de peu. La Pzienne ramena sa rapière devant elle, au niveau de ses yeux, en une position de garde. Le destin se riait-il d’eux au point de leur envoyer une horde de minions alors qu’ils avaient quitté la Citadelle pour partir à la recherche de leur amie ? Ces horreurs, Bokoblins à l’haleine fétide et aux peaux de bête tribales, étaient apparues des ombres de la plaine, trépignant sur leurs jambes courtes et sinueuses. Ils les avaient ensuite encerclé, bien trop vite pour ne pas comprendre qu’ils leur avaient tendu un guet-apens. Dès lors, ils s’étaient regroupés en un cercle, protégeant leurs chevaux et brandissant leurs armes.

   Un mouvement sur la gauche et la jeune Pzienne fit tournoyer sa lame fine dans sa main, tranchant l’abdomen gras d’un de ces monstres. Le ventre ouvert, les viscères se répandirent au sol, teintant l‘herbe fraîche d’un rouge cramoisi, presque noirci. Le Bokoblin, porta alors sa main aux longs doigts crochus à son ventre rebondi, tout en lâchant un râle d’agonie. Lorsque le monstre fut enfin inerte, jonchant le sol tel un pantin, Gaellink secoua sa rapière souillée son nez froncé face à l’odeur nauséabonde. Par le Dieu du Vent, que ces effluves étaient désagréables…

    « Attention Gagou ! Hurla une voix »
 
    C’était la voix de son jeune frère, Nobody Celui-ci était en train de prendre une nouvelle flèche dans le carquois de cuir attaché à son épaule, se préparant à bander l’arc.  Ce n’était qu’en rechargeant son arme qu’il l’avait remarqué : ce Bokoblin levant sa lame courbe vers le ciel, tentant de poignarder de dos sa sœur aînée. Désireux de sauver ardemment sa sœur, le jeune Pzien se pressa de pointer sa flèche vers le monstre. Alors qu’il se préparait à faire fuser sa flèche dans le vent, il vit avec étonnement le Bokoblin s’effondrer, une dague enfoncée entre ses deux omoplates. Le jeune homme baissa alors son arc, le souffle court. Son regard se promena sur  ses camarades,  tous se démenaient à occire ces vagues de monstres, mais aucun ne semblait être celui qui avait sauvé sa sœur. Alors qui…?

    « Il s’en est fallu de peu mais maintenant que je suis ici… »

   Cette voix… Avant même de se retourner, Nobody la reconnut. C’était celle de leur amie pour laquelle ils s’étaient engouffrés dans les plaines, le fléau maudit des Déesses. Elle se tenait-là, son épée, dont elle avait entourée la poignée de bandages jaunis qui enveloppaient sa main, reposant sur ses épaules.

   « Prêts pour un carnage ? »


(Cliquez pour afficher/cacher)  « C’est pas trop tôt, lâcha la voix de Zelink. »

   La Pzienne se tourna vers le mage. Celui-ci, qui venait d’exécuter le Feu de Din, cercle de flammes dévastatrices embrasant ainsi une horde de Lizalfos, conservait ses sourcils froncés. Mais ce n’était pas cela qui fit naître un sourire sur le visage de l’épéiste. C’était le léger qui soulevait le coin de sa lèvre supérieure, trahissant le soulagement de voir son amie de retour. À ses côtés, se tenait accroupie Midona-Hylia qui s’apprêtait à déloger une nouvelle flèche du carquois attaché à sa ceinture de cuir après avoir décocher l’une de ses flèches.

  « Tu en auras mis du temps. Renchérit-elle en bandant son arc

  - Sans compter le fait que nous nous sommes fait un sang d’encre, ajouta Gaellink en esquissant un coup d’estoc face à un Moblin »

   Le fléau des déesses se frotta doucement la nuque de sa main libre, l’air contrit et un sourire penaud. Alors qu’ils s’étaient démenés à la rechercher dans l’immense plaine d’Hyrule, elle s’était lâchement enfuie, effrayée par un rôle dont elle ne sentait pas remplir la tâche. Bénie du Dieu de la Guerre, là voilà qui avait fui le combat, queue entre les jambes et les oreilles baissées. Une disgrâce que seuls ceux qui vivaient sur les terres venteuses – berceau de Gaellink et Nobody – pouvaient commettre, aurait scandé les vieux de sa Terre. Ah s’ils avaient su… Ils auraient ardemment prié que le titre de fléau, peu flatteur en comparaison de l’élogieux Héros élu des Déesses, revienne à un autre de ses camarades. N’importe lequel tant qu’il puisse accomplir la volonté des Créatrices d’Hyrule. Car elle savait. Elle savait que celui qui portait le nom de fléau était constamment menacé par une épée de Damoclès. Pourtant, par folie ou par un altruisme benêt, elle était revenue leur porter main forte. Parce qu’on ne laissait jamais tomber ses camarades en pleine bataille, elle était revenue. Non pas pour sauver les Hyliens mais pour préserver la terre qui les avait tous accueilli car si celle-là venait à être détruite…où iraient-ils alors ? 

  Le regard de 01 se posa sur Ganonpow et Du40. Ces deux-là combattaient toujours aussi ardemment, faisant siffler leur lame dans l’air et les abattant sur leurs ennemis. Ils exécutaient leurs gestes avec une telle maîtrise qu’on les croirait généraux de guerres tant ils n’avaient rien à envier aux membres réguliers de la Garde d’Hyrule. Esquives, parades, feintes, offensives. Tout était réalisé avec une finesse digne des plus grands escrimeurs pour l’un et une rudesse, guerrière et sans superflus, pour l’autre. Qu’ils continuent dans cette voie et leurs noms seront gravés dans l’Histoire tel le Héros du Temps, pensa 01 en délogeant son épée de ses épaules, pointant les monstres de son bras tendu.

  « Allons donc, tu dégaines ta lame désormais ? Soupira la voix de Ganonpow qui venait de se débarrasser de deux monstres, tu ne comptes pas fuir comme la fois dernière ? »

  Alors qu’elle se mit dos à lui, faisant ainsi face à trois Lizalfos, 01 renifla bruyamment à sa remarque. Trois jours et voilà qu’il la traitait comme une faible ? Ne pouvait-il simplement pas faire comme les autres ?

  « Comment pourrais-je fuir alors que vous vous battez tous ? »

  Un léger bond sur le côté puis elle leva sa lame pour contrer celle qui menaçait de s’abattre sur son crâne pour le fendre en deux. La posture était à son désavantage et elle grimaça lorsque le monstre reptilien augmenta la pression qu’il exerçait sur son épée, rapprochant ainsi le tranchant de son cimeterre de la tête de la Pzienne. Soudain, la vue d’un vif éclair gris lui fit écarquiller les yeux. Derrière le reptile anthropomorphe qui tombait à sa droite en un râle aigu, se tenait Du40. Le jeune homme se secoua sa lame afin d’en extirper le sang puis jeta un regard bienveillant à son amie.

   « Ça serait dommage de te voir blessée après trois jours sans nouvelles de toi. »

   La Pzienne lui rendit son sourire tout en le remerciant, ce qui fit froncer les sourcils de Ganonpow. À voir leurs sourires, il se croirait autour d’une table conviviale de Telma à se raconter les banalités qu’ils avaient vécu durant ces trois jours comme si ces deux-là avaient oublié qu’il se battaient dans la plaine d’Hyrule. Le jeune homme délogea son épée du sol pour la balancer contre son épaule, l’œil et l’oreille attentifs à leurs gestes. Car si la phrase de Du40 le fit sourire, la situation dans laquelle ils se trouvaient par la faute de 01 le faisait nettement moins rire.

   « Tch, cette imbécile est bien plus robuste que n’importe qui lorsqu’un combat est en jeu.

   - En parlant de jeu, commença 01 »

   « Malheur ! » lui criait son intuition ! La dernière fois que cette malchanceuse avait émis une idée, ils s’étaient retrouvés dans le Sanctuaire des Déesses. Qu’elle se taise et vite…! Pensa-t-il en s’avançant vers lui avec des pas pressés, tentant de couvrir de sa main gantée cette bouche qui en disait toujours beaucoup trop. Sa tentative donna alors lieu à un petit spectacle durant lequel 01 gesticulait entre ses bras, essayant vainement de retirer les doigts qui entravaient sa bouche sous les sourires de leurs amis.

   « Du calme, scanda 01en se débattant toujours, je voulais simplement proposer un petit tournoi… Je sais que ce n’est rien face au fait que je vous ai quitté durant trois jours mais c’est l’intention qui compte ! »

   À ses mots Ganonpow la relâcha, la laissant tomber sur la terre battue. Un tournoi ? Le Pzien jeta un coup d’œil à Gaellink. La jeune femme, qui avait poussé un léger soupir face à l’agitation de son amie, s’assit sur un rocher, les bras croisés contre sa côte de maille.

   « Je passe mon tour pour cette fois-ci, annonça-t-elle en jetant une œillade à la horde qui déferlait depuis l’horizon

   - De même pour moi, ajouta Nobody en s’asseyant aux côtés de son aînée, déjà que nous nous sommes battus pendant que tu batifolais on ne sait où… Il est temps que tu nous remplaces.

  - La même chose pour moi, fit Zelink bientôt suivi par Midona-Hylia, ça t’apprendra à venir en retard »

   Le jeune mage et l’archère rejoignirent alors la fratrie Pzienne avant d’être rejoint par Du40 qui assura en un sourire qu’il n’était pas de taille face aux deux rivaux pour un concours de ce genre. Finalement, lorsque la quasi-totalité du groupe s’était délesté de leurs armes disposées en un tas et assis contre un rocher, Xanto01 se tourna vers Ganonpow.

   « Finalement, il ne reste plus que nous deux, hein ? »

   Le Pzien acquiesça avec un grognement sourd puis porta son regard vers l’horizon. De là où il se trouvait, il pouvait estimer qu’une centaine d’ennemis se dirigeaient vers eux au pas de course. Le jeune homme avait de nouveau dégainé son arme et admirait la lame parcourue de tâches brunes. Il faudra qu’il nettoie sa lame…

   « Tu dégaines ? Moi qui croyais que tu allais abandonner, chantonna la voix moqueuse de 01

   - Ne me confonds pas avec toi ! Rétorqua le jeune homme avant d’esquisser un rictus moqueur, je ne fuis pas la queue entre les jambes…

   - On verra la tête que tu feras quand les déesses te diront de sauver le monde.

   - Sauver le monde ? Répéta Ganonpow en haussant un sourcil, ne me fais pas rire plus que ça… La seule chose que tu sois capable de faire est de le détruire à cause de ton idiotie.

   - On verra qui rira le dernier quand tu feras parti des dommages collatéraux, Gaga. »

   Le Pzien écarquilla ses yeux, battant des paupières plusieurs fois. Ga…ga…? Cette idiote… Après des années où ils avaient quitté leur terre natale pour rejoindre le royaume d’Hyrule, là voilà qui l’appelait toujours par ce stupide surnom désuet. Dire que ce surnom datant de leur petite enfance… Sentant ses joues se réchauffer doucement, Ganonpow se retourna vers le reste du groupe qui affichait des petits sourires en coin. Par le Dieu de la Guerre, il l’avait entendue. L’épéiste fit volte-face pour se diriger à toute allure vers 01, la mine sombre.

   « Ne prononce plus jamais ce surnom, rugit le Pzien en tentant de dissimuler sa gêne

   - Ou sinon ? Répondit Xanto01 en tapotant de son index l’armure du jeune homme

  - Je… »

   Le rival du fléau des déesses ne trouva pas le temps de répliquer, se faisant attaquer par un Moblin. Il l’élimina aisément avant de se ruer vers un autre qui tenta de lui faucher les jambes à l’aide de son gourdin. Dans un premier temps, 01 le regarda faire, comptant rapidement le nombre de monstres qui fonçaient vers eux. En ajoutant les deux Moblins qui venaient de se faire décimer par Ganonpow, il y en avait cent en tout. La jeune femme délogea sa lame de la terre où elle l’avait planté quelques instants plus tôt, se joignant à la mêlée. Comme si elle allait le laisser gagner !

   Alors que les deux rivaux se laissaient aller à un véritable carnage, leurs amis s’étaient improvisés juges. Ils allaient de ça et là à leurs petits commentaires sur les deux concurrents, poussant quelques cris d’encouragement de tant à autre.

   « Décidément, commenta Midona-Hylia en observant Ganonpow trancher en deux un Lizalfos, il n’y a que ces deux-là pour se battre de cette façon.

   - S’ils ne poursuivent pas de carrière militaire, ils pourraient se reconvertir en boucher.

   - Tu veux dire en bourreaux ? S’esclaffa Nobody en réponse à Zelink »

    Comme pour prouver ses dires, une tête décapitée par la lame de 01 vint rouler au sol.

    « J’ai du mal à croire que tout leur peuple se comporte de la sorte, lâcha Gaellink en grimaçant

   - Du moment qu’ils se dépêchent d’en finir avec ces monstres, qu’on quitte la plaine. »

    Midona-Hylia eut raison de s’insurger. De part et d’autre de sa tête, à quelques centimètres de ses oreilles, les épées croisées de Ganonpow et Xanto01 venaient de se figer dans la terre. L’archère baissa las yeux vers ses pieds. Devant elle, gisait le corps d’un Bokoblin, cloué au sol par la pointe des deux lames. Les deux propriétaires des armes, quant à eux, clamaient à l’autre être celui/celle qui l’avait décimé en premier. L’amie de Nobody cligna plusieurs fois des yeux puis serra des poings. Ces imbéciles… Ne remarquaient-ils pas qu’ils avaient failli la décapiter ?

   « Vous ne pouvez pas faire attention un peu ? S’insurgea l’archère »

   Les deux Pziens, mettant momentanément leur dispute de côté, baissèrent le regard vers leur amie. Ce ne fut qu’à ce moment qu’ils remarquèrent vraiment la position délicate dans laquelle ils l’avaient mise. Ganonpow et 01 échangèrent un regard avant de récupérer leur arme sous le regard colérique de Midona-Hylia. Un sourire désolé, benêt fleurit sur leurs visages et ils s’excusèrent, prenant garde à bien s’éloigner de leurs compagnons cette fois-ci et, par la même occasion, du courroux de la jeune Pzienne. Ainsi, le carnage reprit court jusqu’à ce qu’ils n’en restent aucuns. Puis finalement, tout cessa et le calme revint dans la plaine.

   Leurs épées balancées sur leurs épaules et le visage éclaboussé, les deux rivaux se présentèrent à leurs amis. Sur leurs armures, des rayures zébraient leurs poitrines, traces de griffes et de coups portés en vain par les monstres de la plaine, et des éclaboussures d’un brun sombre contrastaient avec le métal brillant. La tête légèrement penchée en arrière, le regard flamboyant de Ganonpow se posa furtivement sur son amie d’enfance. Celle-ci essuyait le sang qui parcourait sa figure d’un revers de la main après avoir secoué sa lame. Le Pzien reporta son attention sur les jurés improvisés, un sourcil haussé. Qu’il avait hâte d’entendre ses amis annoncer sa victoire.

   « Alors ? Demanda le jeune homme, confiant. »

   Du40, Zelink et Gaellink échangèrent un regard complice. Alors comment ça Ganonpow était confiant ? Si seulement, il connaissait le résultat de ce petit tournoi.

  « Pour le coin gauche, annonça Du40 sous le roulement de tambour de Midona-Hylia qui battait frénétiquement un bouclier, Ganonpow a éliminé 50 ennemis.

  - Et pour le coin droit, compléta Nobody, Xanto01 est également venue à bout de 50 ennemis.

   - C’est une parfaite égalité pour nos deux concurrents, scanda Zelink

   - Comment ?! »

   Ils réagirent à l’unisson, chacun pointant l’autre du doigt. Une égalité ? Impossible ! Ils avaient surement mal recompté ou vu l’une de leurs performances face à un Bokoblin, ou une autre chose de la sorte. Il ne peut pas y avoir une égalité, pensèrent en même temps les deux jeunes épéistes en se jaugeant du regard. Gaellink mit alors partiellement fin à leur comédie en leur disant qu’ils devaient s’y faire, avant d’inciter les autres à quitter la plaine pour rejoindre au plus vite la citadelle.

  « Cette horde d’ennemis venaient du Nord, en direction de la Citadelle, ils doivent donc déjà avoir envahi le Bourg ; dit l’ainé de Nobody en grimpant sur la selle de son cheval.

  - Elle a raison, ajouta Du40 en prenant les rênes de cuir qui enserraient le cou de son cheval, nous devons nous dépêcher. Si nous tardons, il y aura trop de monstres pour que nous puissions tous les éliminer nous-mêmes. » 

   Acquiesçant, ils se jugèrent tous sur leurs bêtes et se mirent en route en direction du Nord. Durant leur traversée de la Grande Plaine, ils se rendirent compte qu’elle était dénuée de toute présence vivante. Nobody échangea un regard avec Midona-Hylia. Ils n’avaient tout de même pas éliminé la totalité des monstres errant dans cette immense étendue sans s’en rendre compte, si ?

**
  « La ligue du Mal, hein ? Ils se sont vraiment embêtés à chercher un nom officiel ? »

   Quelques uns sourirent à la remarque de Nobody. Contrairement à eux qui n’avaient jamais à ce genre de détail, ces Pziens, deux mages maniant la magie des ombres, avaient eu le temps et l’envie de donner un nom à leur groupe. Mais ce n’était pas le moment pour penser à ce genre de choses. Ils devaient tout d’abord se concentrer sur le plan qu’ils devaient échafauder pour contrer ces deux mages et leurs acolytes.

  « Une infiltration dans leur repère, proposa 01.
 
  - Tiens, ricana Ganonpow, pour une fois que tu réfléchis.

  - Évite-moi donc ton sarcasme, rétorqua la Pzienne avant de grimacer sous le coup de coude que venait de lui infliger Gaellink

  - C’est une bonne idée, admit Midona-Hylia, mais quand allons-nous agir ? On ne peut pas les laisser terroriser Hyrule à leur guise.

  - Plus on attend, plus on leur laisse le temps de prendre leurs marques ; nous devons les battre avant qu’ils ne mobilisent trop de monstres dans leur rang. De plus, s’ils ont déjà leurs sbires dans la citadelle contacter la Princesse Zelda sera une tâche ardue et sans un Héros élu des Déesses, nous devons agir nous-mêmes. Je me trompe ? Intervint Du40 en jetant un regard à 01 »

   La Pzienne hocha de la tête avant de croiser ses bras contre son armure. Frapper avant d’être frappé était la meilleure option à adopter au vu de leur situation.

  « Dans ce cas, fit Zelink en refermant le grimoire qu’il feuilletait jusqu’alors, nous devrions nous débarrasser temporairement du sceau de la Garde Royale d’Hyrule et modifier notre apparence afin de pas être remarqué.

  - Je vois, fit Gaellink, si nous sommes découvert par l’un de ces deux Pziens, nous n’aurons qu’à nous faire passer pour des renégats rejoignant leur cause.

  - Au moins, d’eux d’entre nous n’auront pas de cette petite retouche. Remarqua Nobody en jetant un regard aux deux amis d’enfance. »

  L’ensemble du groupe se retourna vers les deux rivaux. Surpris, les deux Pziens baissèrent les yeux sur leurs armures noires et les autres effets qu’ils arboraient. Maculé de sang, le métal prenait diverses teintes sous la lueur ambiante à l’image des épées qui étaient maintenues dans leur dos par des sangles de cuir. Quant aux capes qui drapaient leurs épaules, bordeaux pour l’une et rouge pour l’autre, elles s’étaient déchirées sous les combats incessants qu’ils avaient mené. Sans compter cette cicatrice en forme de croix et ces tatouages tribaux qui ornaient leur peau et faisaient leur fierté ; on les prendrait pour des guerriers ravageurs qui n’avaient d’autres envies que de détruire Hyrule.

   « Changez donc d’apparence avant de nous regarder de la sorte, on verra si vous… »

   Avant même que Ganonpow ne finisse sa phrase, Zelink venait de modifier leurs apparences. Ainsi Gaellink et Midona-Hylia avaient revêtu des combinaisons sombres auquel étaient rajoutées des protections en métal sur les articulations. Nobody et Du40 voyaient leurs tuniques et leurs côtes de mailles flanquées du Sceau Royal prendre des teintes plus sombres, tirant vers le vert émeraude pour l’un et le bleu nuit pour l’autre. Le mage avait opéré de la même façon pour sa propre tunique, conservant uniquement les bracelets d’or qu’il portait aux poignets. Quant à Ganonpow et Xanto01, le mage Pzien n’allait nullement modifier leur apparence, jugeant qu’à l’heure actuelle ils ressemblaient à de parfaits ennemis pour l’armée d’Hyrule. Pour tous, le Sceau Royal avait été réduit à l’état de lambeaux, déchiré de tel sorte à ce que les prenne pour des renégats.

   Accoudée à son comptoir en bois, Telma, qui astiquait les verres à l’aide son chiffon usé, esquissa un sourire. Décidément, ces gamins étaient sacrément doués… Jamais ils ne cesseront de la surprendre.
 
   « Effectivement on s’y croirait, remarqua la patronne, mais êtes-vous sûr que l’apparence à elle seule suffit ? »

   Les Pziens se tournèrent vers la matriarche. La dame n’avait pas tort. S’ils ne calquaient pas leurs idées sur celles de leurs ennemis, leur petite supercherie ne tiendrait pas. De plus, ils ne pouvaient pas vaincre ces deux mystérieux Pziens sans conserver dans leur manche, un dernier atout, une unique carte.

   « Qu’est-ce que tu nous proposes de faire Telma ? »

   La gérante de la taverne sourit seulement avant de désigner de son regard rieur les autres membres de la Résistance, assis à une deuxième table.

   « Apprenez au moins des vétérans comme nous avant de vous lancer dans ce genre de choses. »

   Les Pziens se regardèrent, avant de diriger leur regard vers Ash, Jehd, Lafrel et Moï. Les quatre alliés du Héros du Crépuscule esquissaient un sourire, Allons donc, voilà qu’ils allaient enseigner à la nouvelle génération. Avaient-ils une tête de précepteurs pour que Telma leur incombe cette tâche ?




Je viendrais ajouter de nouveaux chapitres à ce post quand je finirais de les réécrire. Sur ce, et cette fois-ci c'est la bonne, je vous dis à la prochaine. En espérant que le contenu d'aujourd'hui vous a plu !

Xanto01:
Salutations à tous les Pziens ! Comme d'habitude, un nouveau one-shot, ça change pas mais...Aujourd'hui, pour changer je vous propose un court texte humoristique ! Et si notre protagoniste en avait marre ? Qu'est-ce que nous ferions ?


The Legend of Zel...Bad Guy Link !
« Champion élu des Déesses… »

   Stop. On arrête tout. Link regarda l’Esprit. À chaque fois que Ganondorf ou une autre menace pour Hyrule faisait son apparition, on l’appelait lui. Depuis la création du Royaume par les trois Déesses on ne cessait de l’appeler à la rescousse et visiblement, ça allait continuer jusqu’à la fin des temps. À croire qu’ils n’allaient jamais apprendre à se débrouiller par eux-mêmes. Et puis, Champion élu des Déesses ? Sérieusement ? Ils n’avaient trouvé que ça ? Qu’ils l’appellent plutôt le commis national d’Hyrule, ça sera plus juste et moins hypocrite.

   « Le Mal ronge ses terres ; toi seul peux le pourfendre. »

   Le nouveau héros le laissa poursuivre son monologue. Patati patata… À chaque fois, c’était la même chose… « Le destin d’Hyrule repose sur la vaillance de ta lame. » ou encore le fameux « Que le courage de Farore guide tes pas… » Comment ses anciennes incarnations avaient réussi l’exploit de ne pas craquer ?

   Parce qu’honnêtement, voir des fantômes censés être des entités soit disant supérieures, c’était d’un ennui... Et puis, s’ils étaient si puissants que ça, ils n’avaient qu’à sauver le monde eux-mêmes au lieu de venir le déranger tous les siècles. Ou mieux, qu’il ressuscite l’un de ces prédécesseurs et qu’il le laisse tranquille lui. Des Héros compétents, c’est pas ça qui manquait à Hyrule. Rien que le Héros du Temps, par exemple ! Même mort, enterré et un vieux tas d’os casqué, il avait trouvé le moyen de venir enseigner des bottes à son descendant ! Quitte à faire des apparitions, il n’avait qu’à sauver le monde indéfiniment ! Et puis, en parlant du Héros du Temps… S’il avait véritablement la capacité de remonter le Temps, ne pouvait-il pas supplier le premier Héros de troquer ces horribles collants blancs et moulants pour une tenue pus convenable ?
Les pensées de Link furent interrompues par l’Esprit qui se tenait face à lui. Visiblement, il s’attendait à ce qu’il hoche docilement de la tête avant de se mettre en route, ses bottes en daim juchées sur la selle flanquée aux flancs d’Epona. Le jeune Hylien fronça des sourcils. Pendant des siècles, non des millénaires, il avait enduré sans qu’aucun ne se préoccupe de ses états d’âmes. Durant des années, lorsqu’il tentait d’émettre une objection minime, ses différents guides – qui se gardaient bien de l’accompagner dans son périple dès lors que sa prochaine destination lui était révélée -  l’envoyaient à l’autre bout de la plaine, afin de le faire taire. Mais cette fois-ci, c’était terminé. Il allait émettre son opinion et personne n’allait trouver à y redire.

   « Non. »

   L’Esprit en fut décontenancé.  Alors qu’il avait été élu par Farore la valeureuse, voilà que ce jeune insolent trouvait une chose à répondre. De tous ces prédécesseurs, il était le premier à s’opposer au destin. Ne pouvait-il pas se taire et obéir en silence ? Et puis d’ailleurs, depuis quand l’élu de Farore savait-il parler ? N’était-il pas censé être muet depuis sa première incarnation dans le monde des mortels ?

   « Tu parles ?

   - Bien sûr que je parle, rétorqua le jeune Hylien agacé, je n’ai jamais été muet. »

   Au fur et à mesure que le Héros parlait, il ne cessait de froncer les sourcils. Mais lorsque l’Esprit tenta de lui répondre, avant même qu’il n’ouvre la bouche, le jeune homme le devança.

   « C’est parce qu’on ne m’a jamais laissé parler que vous m’avez tous pris pour un muet. Mais malheureusement pour vous, c’est terminé. »

   Le Héros prit une inspiration, bouffée d’air libératrice. Oui, c’était fini maintenant. Terminé de jouer les coursiers à balader Zelda d’un endroit à l’autre, de battre Ganondorf alors qu’il n’avait rien contre lui, de parcourir le pays sans obtenir une récompense en retour parce que, soit disant, un Héros tel que lui n’avait que faire des biens matériels. Combien de fois s’était-il retrouvé à gratter le sol comme un chien – ou un loup – à la recherche de pauvres rubis et ce, rien que pour payer un tailleur voulant bien raccommoder sa tunique usée ?

   Le jeune homme serra des poings à l’évocation d’autres souvenirs de la sorte avant d’étirer le coin supérieur de sa bouche en un sourire. Il lui manquait de l’argent ? Qu’à cela ne tienne… À Hyrule, il manquera un Héros ! Fini d’être gentil pour tout le monde, à supporter toutes sortes de caprices inimaginables, maintenant il allait enfin s’occuper de sa personne ! Et cela commençait à partir de cet instant !

  « Je démissionne ! Hurla Link avant de se ruer sur la selle de sa jument, filant à toute allure »

  Ah, jamais il n’avait apprécié la brise de la plaine à sa juste valeur… Ce vent frais qui faisaient voleter ses mèches blondes, c’était celui de la liberté ! L’ancien Héros sourit en pensant à sa liberté fraichement acquise, le scandant dans l’immensité de la plaine à qui voulait l’entendre. Libre ! Il était libre, enfin ! Il allait agir comme il l’entendait, sans subir la pression que lui incombait sa mission ! Ah, ils allaient s’en souvenir d’un Héros tel que lui ! Link le preux ? Désormais, qu’ils le surnomment Link le mauvais garçon ! Car, tout ce qu’ils lui avaient subir durant ces millénaires, il allait leur rendre !





J'espère que ça vous a plu ! Peut-être que, si l'inspiration me vient, il y aura une suite.

Xanto01:
Bonsoir à tous, me revoici avec un nouveau texte ! Il prend place entre Ocarina of Time et The Wind Waker, avec pour personnage central, un personnage féminin bien connu du premier opus cité.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture en espérant que ce texte vous plaise.

Une prière pour Hyrule
   Les mains jointes en une prière, la jeune fille leva ses grands yeux, brillants et humides, vers le marbre sculpté. Là, sur une immense estrade de pierre dont la démesure égalait celle des lieux, se trouvait la monumentale statue à l’effigie du pourfendeur d’ombres, jeune Hylien aux mèches d’or et au regard azur que les foules et sages avaient baptisé comme étant le Héros du Temps. D’un chant, disait-on, cet élu de Farore pouvait manier les capricieux grains de sable du temps à sa guise. D’un geste, replaçant dans le piédestal millénaire la Lame Divine, voyait les saisons se mouvoir et le temps. C’était ainsi que le Héros vainquit cet effroyable Gerudo, unique homme dans un peuple de femmes, et ses ignobles ambitions. Du moins, ce fut ainsi qu’il le terrassa une première fois. Car le destin ironique, non satisfait d’élire pour Champion la bête qui aspirait à dominer Hyrule, choisit une toute autre tournure. Par elle ne savait quelle farce, les Trois Créatrices laissèrent de nouveau le roi à la chevelure de flammes saccager leurs terres.

   Sans Héros pour entraver ses ambitions ardentes.

   Ils avaient beau prier implorer les Déesses de faire revenir ce Héros, les divinités demeuraient sourdes face à leurs prières. Mais le peuple pouvait-il blâmer celles qui créèrent de leurs mains ce monde ? N’était-ce à eux de subir le courroux des Déesses pour s’être comporté ainsi ? Ceux qui eurent le pouvoir ravagèrent leurs terres par la guerre, et quant aux autres… N’y avait-il pas plus déshonorant, plus dépravant que de  tuer, voler quelques larcins ou d’offrir son corps pour quelques bijoux et rubis d’or et d’argent ? Que dirent de ceux qui, par pauvre pauvreté, s’abaissaient  à toutes ces atrocités ? Valaient-ils mieux que tous ces gens, aux toges et à la soierie, qui tueraient leur propres frères pour être nommé héritier ?

   Malon s’attarda sur le visage de l’homme. Ses traits, bien qu’ils avaient délaissé la rondeur de l’enfance, elle les reconnaitraient entre milles. Grandi, magnifié à l’image de ce que le peuple qualifierait de héros, l’image du petit enfant Kokiri ne cessait de se superposer à ce visage gravé dans la pierre. Ah, que donnerait-elle pour le voir une nouvelle fois dissiper le Mal en Hyrule ?

   Une larme roula sur sa joue pâle, amoindrie par la faim. Si seulement, était-il là à pouvoir remonter le temps et changer son cours. Que les larmes remontent leurs sillons pour se muer en rires et que les fleurs aux pétales calcinés retrouvent leur floraison naissante. Ah comme elle paierait cher pour revivre l’un de ces précieux instants, quand le temps était synonyme de bonheur. Et pourtant, elle ne pouvait pas refaire le chemin à l’envers ; aussi fort était son souhait de se replonger dans le passé, elle n’en avait pas les pouvoirs. Tout ce qu’elle pouvait faire était de prier et d’attendre, murmurant de ses lèvres gercées le nom de celui qui mettra fin à leur souffrance. Ce nom, qu’autrefois elle criait avec l‘enthousiasme et la ferveur innocente d’une enfant, elle le gémissait pitoyablement aujourd’hui.

   « Link… »

   Ce fut à peine un souffle qui se répercuta dans l’immense salle vide. Dès lors, ce fut un torrent de sensations qui s’empara d’elle. Les fracas contre les portes, les cris, le fracas des bottes aux semelles d’acier sur les dalles craquelées, les féroces troupes de Ganondorf Dragmire, à l’haleine fétide empestant l’alcool et les côtes de maille éclaboussés de tâches brunes. Le grossier fracas des lances et des lames sur les boucliers, la faisant piteusement sursauter la première fois. Dès lors qu’ils s’approchèrent d’elle, Malon se sentit étrangère à son propre corps. Une curieuse sensation que celle de se sentir spectatrice de son propre sort. Elle ne sut combien de temps elle resta là, les cuisses écartées et la robe déchirée. Ce ne fut qu’une fois les hommes du Seigneur Dragmire partis, que la réalité cruellement s’imposa. Son corps sortant de sa léthargie, elle grimaça face à une douleur sourde, brûlant la chair où ces bêtes avaient apposé leurs marques.

   Humiliée. Déshonorée. Souillée. Le regard pétillant de la jeune femme, empli de larmes, leva une nouvelle fois les yeux vers le marbre aux traits ciselés. Puissent les Déesses entendre les suppliques et prières d’une pauvre fille de campagne, dont la beauté des prés lui porta préjudice. Puissent-elles entendre les prières d’un peuple souffrant milles martyres, dont on disait que les longues oreilles effilées servaient à entendre les chuchotements des Créatrices. Qu’un torrent de flammes ou de flots les emportent, si elles laissaient le Malin sombrer avec eux ! Ainsi, ils expieraient leurs crimes, ne laissant qu’une Terre purgée de leurs actions impures et de leurs odieux excès !

   Malon tendit sa main pâle, tremblante, vers le visage du Héros du Temps, gravé dans la pierre. Que les Déesses les punissent tous et, lorsque leur sentence s’abattra… Qu’un nouveau Héros vienne fouler ses terres pures. Qu’il pose son regard sur ce nouveau monde, aux châtiments expiés, et qu’il en restaure la grandeur.



Comme dit précédemment, j'espère que ce texte vous a plu et je suis curieuse de connaître vos avis. Sur ce, à la prochaine !


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