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[Petits textes en prose ou Fadaises d'Hyrule] | Xanto01
Xanto01:
Bonsoir à tous les PZiens ! Je suppose que vous avez suivi les news comme moi et que vous êtes donc au courant de ce qu'il passe. Du coup, aujourd'hui, pas de nouvel écrit sur Zelda mais sur Notre-Dame de Paris. J'avais déjà écrit un petit texte en 2015 sur la cathédrale et là, en voyant ce qui arrive à cet immense édifice, je ne pouvais pas m'empêcher d'en écrire un nouveau.
C'est juste un jet comme ça, qui m'est venue en regardant les infos et les images, histoire de soutenir le monument en quelque sorte.
Notre-Dame de Paris II
L’épaisse fumée grise rejoignait les cieux, dissimulant l’édifice. Le feu, d’une incroyable couleur rouge aux teintes, léchait le bois calciné. Les flammes voraces dévoraient la charpente, ne laissant que de la cendre. Tel un doigt pointé vers l’éther, la flèche, d’ordinaire resplendissante, était engloutie par un immense brasier, torrent de rouge ocre et de brume. Suppliante, la flèche était dirigée comme une supplication vers les cieux et le feu, infernal, ne cessait de ravager le bois centenaire, le grignotant un peu plus à chaque instant. C’était là, un malheur de l’Histoire qui se produisait, et la Dame de Pierre, impuissante, n’avait que d’autre choix de se laisser immoler. Le verre de la rosace centrale, brillant habituellement sous l’éclat du Soleil, luisait sous une teinte rouge, beaucoup plus sombre, tandis que le feu perpétuait son massacre. Derrière l’immense vitrerie bordeaux, à l’intérieur de la nef, oscillaient avec vigueur les flammes obsédantes. Les teintes variaient selon les courbures, virant de l’orange au jaune vif, comme un fer forgé. Elles dansaient les insolentes, leurs formes volages et leur valse intense, tandis que l’eau tentait vainement de les estomper. C’était là la valse de la destruction, infernale et cruelle, qui se jouait de la cathédrale, la dévorant lascivement.
La braise filait vers le ciel bleu nuit, tandis que des légers volutes de fumée s’évanouissait avec elle. La charpente mise à nue, ne laissait de l‘édifice que de poutres rendues maigres sous l’assaut du feu, insolent. Ces flammes narguaient l’édifice, moqueuse face à la foule et aux pompiers, qui s’efforçaient à vouloir contenir le feu. La flèche, fierté autrefois dressée vers le ciel, avait déjà succombé, ses restes calcinés avaient sombré dans le gigantesque méandre rouge. La pointe tombée, sa chute avait entrainé de nouvelles flammes, ravivant l’incendie de plus belle.
La foule silencieuse avait les yeux rivés sur ce monumental brasier, interdite. Cela pouvait paraître idiot, impensable pour certains, mais ces spectateurs muets ne pouvaient détacher leurs yeux de ce spectacle, comme si leurs milliers de regards soutenaient la cathédrale dans sa souffrance. De là où ils se trouvaient, les flammes s’étaient tapies dans le bâtiment pour ne dévoiler aux yeux de tous qu’un rougeoiement intense, faisant luire les pierres et rongeant le bois, gratifiant l’édifice d’une aura sacrificielle. La Dame centenaire se faisait lacérer par les flammes capricieuses, sous une prière silencieuse. Celle de voir, d’espérer qu’elle tienne encore debout.
Synopz:
Merci pour ce petit texte, @Xanto01
Je suis bien plus touché par cet évènement que je ne l'aurais pensé. Toute la succession de l'histoire qui s'en va, c'est extrêmement triste, je ne sais pas, de penser à toutes les vies humaines qui ont croisé la route de ce bâtiment, à toute la succession des âges que cela peut représenter... Je ne vis pas à Paris depuis très longtemps, mais je trouve cela terrible, effectivement.
Chompir:
J'avais pas encore pris le temps de lire ton petit texte Xanto et je te remercie pour cet écrit (c'est le débat qui m'a rappelé que je devais lire le texte :oups:). Je suis très attaché à la cathédrale et cet événement m'a mis un sacré coup. Ton texte était vraiment très beau.
Xanto01:
Merci @Chompir et @Synopz pour vos retours ainsi qu'à tous ceux qui ont mis un p'tit rubis !
J'avais écrit ce texte tout en regardant les images de l'incendie qui défilaient aux infos. En tout cas Chomp, je suis ravie que tu trouves mon texte très beau malgré le fait que la ferveur soit retombée et que la situation de ND soit médiatisée. Et tout comme toi Synopz, j'ai également été très touché par cet évènement. D'autant plus que, pendant mon enfance, j'aimais bien me promener aux alentours.
Je vous présente désormais un texte, de nouveau sur Zelda ! Il met en scène un personnage énigmatique de Twilight Princess. Au début, j'avais pensé à en faire un One Shot mais l'idée de faire une histoire en plusieurs chapitres me trotte dans la tête du coup voici ce qu'on peut qualifier d'un premier chapitre.
The Hero's Shade
« Avant le début des temps, avant que vie et esprit n'existent, trois déesses d'or et de lumière descendirent sur l'amas chaotique qu'allait devenir Hyrule. Din, déesse de la force. Nayru, déesse de la sagesse. Farore, déesse du courage. Din, de ses bras enflammés, sculpta le sol et créa la terre rouge. Nayru, elle, inonda de sa sagesse la terre et apporta ordre et loi sur ce monde. Farore, de son âme infinie, donna vie aux êtres issus de l'ordre et de la loi. Les trois déesses, leur œuvre accomplie, s'en retournèrent vers les cieux. Leur départ fit alors apparaître trois triangles d'or, seuls vestiges de leur pouvoir. Depuis, les triangles sacrés symbolisent l'essence de notre création. Et depuis ce jour, le Saint Royaume est le berceau des triangles de justice. »
L’épaisse brume grise s’épaississait, déformant la haute cime des arbres lointains tandis que la pluie continuait de s’abattre avec fracas sur ce paysage terne. C’était un large sentier inoccupé, tapissé de feuilles rougeâtres et écornées, où seuls ses pas lourds accompagnaient le clapotis monotone de la pluie sur la terre ratissée. Il était le marcheur solitaire de cette route, en proie à ses pensées et à ses souvenirs. Comme à chaque fois qu’il arpentait le bas-côté des sentiers, ses pensées se dirigèrent vers les paroles de son père adoptif, vénérable chêne dans l’orée d’une forêt millénaire. Cette légende il ne lui avait conté qu’une fois lorsque, mourant, l‘antique âme de la forêt l’avait envoyé partir à la quête des autres pierres ancestrales. Cette quête en avait alors entrainé une autre beaucoup plus grandiose et ce fut ainsi qu’il fut nommé par ses pairs comme étant le Héros traversant les âges grâce à une épée légendaire : le Héros du Temps.
Il s’esclaffa, de la buée s’échappant de ses lèvres en même temps qu’un ricanement cynique. Ce titre de Héros, ainsi que cette lame millénaire, voilà longtemps qu’il les avait perdus ! Si l’une reposait dans le superbe Temple du Temps, plantée dans le piédestal défiant les époques ; l’autre était oubliée des mémoires. Une chimère qui avait sauvé le royaume de son ombre car, hormis quelques uns venant d’un autre âge, qui se souvenaient du Héros du Temps ? Ce monde où l’on avait renvoyé à la fin de son épopée, ce n’était plus le sien. Comment pouvait-il l’être d’ailleurs ? Son enfance dérobée, remplacée par la fièvre des combats ; on demandait ensuite au jeune homme que la vie avait éprouvé de vivre dans un corps fluet.
Qu’ils voient donc l’ombre du Héros du Temps, l’ombre d’un homme aux exploits oubliés par le commun des mortels ! Les traits durs, le menton parcouru d’une cicatrice qui remontait jusqu’à sa joue, ses longs cheveux blonds et ternes attachés hasardeusement sous une cape brune au tissu rugueux, il n’avait rien d’un Héros ; il ressemblait plus à un vulgaire mercenaire qu’un noble chevalier d’Hyrule.
Ses mains se raffermirent sur la capuche brune qui protégeait sa tête de la pluie battante puis il marcha, son regard d’un bleu dur rivé sur l’avant. À chacun de ses pas, il sentait le fer de son épée, aux bords crantées et à la pointe rouillée, cogner l’intérieur de sa cuisse. Ce n’était pas une épée d’une grande beauté, juste un vulgaire morceau de fer. Les lanières de cuir usées du pommeau n’avaient rien à voir avec la parure mauve de l’Épée de Légende, juste une protection désuète pour ses mains écorchées par les batailles. Ah, qu’il était loin le temps où il chevauchait Epona tout en brandissant son épée ! Aujourd’hui, le voilà… Un vagabond errant avec une vieille arme volée, sans sa jument bien-aimée.
À cette pensée, ses sourcils se froncèrent. C’était lors d’une chevauchée, alors que sa bourse était encore pleine et que ses vêtements n’étaient pas encore des guenilles. Il avait été acculé par un groupe de pillards qui, l’œil attiré par la bourse pleine attaché à sa ceinture, tentèrent de l’intimer pour s’accaparer son dû. Il refusa et la riposte fut sans appel. Un carreau d’arbalète fusa alors vers le cou à la robe brune d’Epona, se fichant dans sa chair. Les lèvres du Héros oublié se pincèrent en y repensant. Si seulement il avait été moins idiot et leur avait cette fichue poche de cuir, Epona serait encore là à ses côtés.
Un secouement de la tête puis il reprit sa route sans jamais détourner les yeux, sans jamais jeter un regard en arrière. Tandis qu’il marchait, ses bottes lourdes écrasant la terre mouillée à chacun de ses pas, il entendit un bruit se mêlant à celui de la pluie. Pour l’avoir si souvent entendu, il le reconnut instantanément. Des chevaux courant à perdre haleine. Il s’arrêta, son bras prêt à attraper la garde de sa lame sous son manteau. Qui sait qui empruntait ce sentier désolé. Le fracas répété de sabots martelant la terre se rapprochait de plus en plus avant de finalement cesser. Une calèche était désormais à sa droite, les chevaux hennissant tandis le cocher tirait sur les rennes. C’était un vieillard, aux traits tirés par l’âge et aux joues creuses parsemées par les vestiges d’une barbe mal rasée, vêtu d’un haillon gris. Derrière lui, deux gamins étaient protégés par l’immense toile tendue. L’Hylien ne les vit pas, conservant sa tête baissée, le regard vers l’horizon brumeux et la main se resserrant sur son épée en vue d’une éventuelle attaque. Ce fut la voix du vieil homme, chaleureuse et paternelle, qui baissa légèrement sa garde.
« Hey l’ami ! L’orage va bientôt faire rage !
- Ne te dérange pas pour moi et continue donc ta route. »
Il y eut un court silence où seuls le clapotis de la pluie et la respiration hachée des chevaux se faisaient entendre, puis le vieux cocher reprit la parole.
« Viens donc, il y a de la place pour une personne supplémentaire. De plus, la route n’est jamais sûre pour un marcheur seul. »
Il leva alors les yeux vers le vieil homme. C’était un regard bien trop dur pour un homme dans la fleur de l’âge, d’acier tel une lame et ayant vu milles souffrances. Un regard qui faisait frémir l’échine dès qu’il se posait sur vous. Ce n’était pas un homme ordinaire, pensa alors le vieux pendant que cet étrange marcheur le scrutait de son regard.
« Si tu insistes. »
Le vagabond se tourna complètement, se dirigeant vers l’arrière de la calèche pour y grimper. Alors qu’il posait ses mains sur le bois s’apprêtant à enjamber la petite marche, une simple question vint troubler la mine grisâtre du marcheur, le faisant tiquer légèrement.
« Comment tu t’appelles, l‘ami ? »
La réponse fut brute, hachée sous le fracas de la pluie sur la bâche écru. C’était le nom d’un être qui reliait les époques et dont le temps avait effacé les traces. Le nom d’un Héros dont on ne souvenait nullement.
« Link. »
Chompir:
J'ai pris le temps de lire ton texte et j'ai adoré rien que l'histoire déjà ou l'on découvre le héros du temps adulte mais revenu à son ère oublié de tous et juste géniale et très bien retranscrit et tu nous amènes jusqu'à la fin en nous racontant comment il fini déchu avec cette fin très forte ou il donne juste son nom. Tu as très bien géré ton texte, les sentiments de tristesse qu'on éprouve pour le héros, nous lecture qui connaissons des hauts faits. Franchement bravo.
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