Je viens foutre la merde mais :
j'ai toujours plus de mal à voir un animal souffrir qu'un adulte "humain"
Vu que c'est une idée largement admise aujourd'hui, je ne te trouve pas si monstrueux que ça. C'est peut être un point positif de trouver toute vie, même animale, précieuse. Pourtant avec du recul et quelques décès dans le fion (ça fait mal, surtout pour s'asseoir ensuite), je suis porté à croire que c'est une grosse connerie. Je pense plutôt que l'homme qui a une conscience se projette chez ces animaux (qui n'en ont pas forcément) et a pitié, au moins inconsciemment, de leur condition d'animal domestique et "inférieur" aux hommes. Du coup toute souffrance qui leur arrive, qu'elle soit volontaire ou non, c'est un peu comme si l'animal souffrait sans même comprendre pourquoi, ce qui ajoute inévitablement de la pitié chez l'homme qui, lui, sait que l'animal ne comprend pas.
Pour preuve ta précision, que ce soit l'adulte "humain" qui te fait moins de peine que l'animal. Personnellement j'aurais mis "adulte" entre crochet. Car c'est faire une subdivision dans le genre humain (et pourtant ne pas en faire chez les animaux), là où il n'y a pas lieu d'être. Un enfant ne mérite certes pas de mourir, pas plus qu'un adulte d'ailleurs, et dans les deux cas aucun des deux n'a envie de franchir le pas vers l'autre rive (sauf exceptions, of course). C'est donc bien que dans ton esprit, quand la conscience n'est pas assez développée pour comprendre le concept de mort et de souffrance, la mort ne devrait pas être admise. En théorie, elle devrait être encore moins admise dans le cas contraire (puisque la douleur de la mort serait plus dure à vivre), et idéalement pas admise du tout, quel que soit l'âge et le niveau de conscience.
La conscience semble être la clé du problème, mais du coup qu'est ce qui te ferait le plus mal, entre voir souffrir un enfant de 8 ans surdoué, ou un handicapé mental de 35 ans ?
D'autres pistes sérieuses (dans mon raisonnement du moins) seraient la brièveté de la vie des animaux, mais on imagine que les animaux n'ont pas la même perception du temps que nous (pas plus que la même perception de la mort), de sorte qu'un chien qui vit 15 ans aura déjà eu l'impression d'avoir un belle vie, de son point de vue, de même qu'une tortue bicentenaire, si elle avait le niveau de conscience approprié, verrais les hommes comme plutôt éphémères.
Ou encore la cruauté et la barbarie qu'on fait subir à certains animaux (dans les labos par exemple, ou juste pour se divertir (cf corrida)). Pourtant des hommes, des femmes et des enfants meurent injustement tous les jours, victimes de la barbarie inutile d'autres hommes, donc qu'est ce qui fait qu'un animal fait ressentir plus de sentiments ? Si ce n'est cette arrière pensée du "l'animal n'a rien demandé", je ne vois pas, comme si les hommes devraient mélanger leurs torchons sales ensemble (ce qui serait impossible même en excluant le règne animal de notre monde, étant donné la diversité de notre espèce).
Mais ce serait aussi oublier que les animaux sont violents entre eux, et pas forcément juste pour survivre. Au sein d'une même espèce, il est plutôt fréquent d'en arriver à la baston (et parfois à la mort chez les espèces un peu pétées genre les lions) pour pas grand chose au final. La violence gratuite est elle du coup, à exclure ? Pas nécessairement, si on considère que les hommes devraient être plus sages que ça, mais là encore on en revient au même soucis, beaucoup d'hommes ne sont pas plus sages qu'une mouche à merde, et beaucoup de ceux ci qui souffrent ne l'ont pas plus demandés qu'un petit chaton.
Reste réellement deux solutions : 1/ les animaux domestiques ressemblent à ce qu'ils sont (c'est à dire mignons, cf la photo de Mew) parce qu'on a voulu qu'ils le soient. Auquel cas ta tristesse devant un truc kawai est une émotion contrôlée par un long processus initié par l'homme pour te faire apitoyer sur un truc dont l'apparence est dictée par notre besoin d'être les maîtres de la terre (bon, dit comme ça, ça fait vachement Jurassic Park j'en conviens). Il y a aussi l'idée qu'on voit plus de souffrance animale qu'humaine dans notre société, mais la misère humaine fait très mal au coeur aussi dans certains cas. Ou alors la souffrance fait de la peine quelle soit ciblée sur n'importe quelle forme de vie (lambda, qui n'est pas un connard envers les autres quoi) sur Terre. Après tout, j'ai déjà eu plus de considération envers des hommes adultes qui souffraient que sur un chat à qui on met un pétard dans le cul.
(oui, ma phrase conclusive déchire, j'en suis très fier)