On va pas mégoter, la vie est belle, mais comme c'est une salope, elle le cache bien.
Je dis ça parce que je partais pour un 14 juillet mémorable et qu'il a fini par le devenir pour des raisons opposées. Comme je suis dans la région et que le Navigo est « full zone » pendant les vacances, j'ai décidé de voir le feu d'artifice à Paris, sur le Trocadéro. Je savais qu'il serait tiré à 23h mais qu'il valait mieux prendre de l'avance.
Je me suis donc réveillé à 16h30 et suis arrivé à 20h30 au Troca, avec entretemps un epic fail de godasses gothiques qui m'ont foutu une putain d'ampoule 160 watts au talon. On fait avec, surtout moi qui ai régulièrement des panaris aux petons. Donc, j'arrive sur le Troca et je sors ma PSP pour tâter de Persona. Le 1. J'ai le temps de voir qu'ils ont personazifié le truc d'origine, le genre de portage que tu vomirais volontiers dans le cul de chaque développeur impliqué. J'ai aussi le réflexe d'échanger ma place (au contact avec les lyonnaises) avec une dame faisant trente centimètres de moins que moi ; j'y voyais pas plus mal mais ceux qui étaient derrière moi voyaient nettement mieux.
Bon, rien à redire sur le feu d'artifice lui-même, c'est beau, hypnotisant et tout ; j'aurais eu à redire, par contre, sur la foule qui fait des WOUUUUH à chaque reprise ou gros pétard (mais ça c'pas important). Sauf que j'avais pas calculé que les flashs et les vibrations quand on est tout proche du point de lancement, ça fait pas du bien au palpitant. Surtout quand, lorsque les dernières fusées ont été tirées, y avait un putain d'exode, toutes les rues et toutes les bouches de métro over-saturées. Bref, je réussis envers et malgré tout à aller aux Champs Elysées (me demandez pas par où ni comment, je sais juste que ça m'a pris plus d'une demi-heure). Et là, je commets la connerie : comme j'ai soif et envie d'un kawa, j'entre dans un McDo.
La connerie parce que cet endroit est moins froid qu'un four et qu'il y avait à chaque guichet une queue digne du Marsupilami. Dix minutes plus tard, je transpire comme un veau, j'ai le crâne qui fait du tambourin et je me demande si je vais gerber sur le comptoir ou m'évanouir proprement. Bon, j'arrive à survivre à tout ça, à m'envoyer un Sundae et un café, et je ressors, mais guère plus frais. Je titube de banc en banc, incapable de marcher sur plus de dix mètres sans avoir le vertige. J'en tenais vraiment une belle sans avoir bu une goutte de bibine. C'était magnifique. Bref, au troisième banc, je finis par m'assoupir cinq minutes. Je m'éveille en sursaut quand je manque de me casser proprement la gueule par terre en basculant sur le côté. Puis je me rendors dix minutes. A mon réveil, ma montre affiche 1h43 et le mec à gauche me demande si ça va, parce que lui aussi pensait que j'étais partant pour le malaise. Je lui fais un topo expéditif (comme quoi j'arrive du Troca avec la pression et le McDo qui n'a rien arrangé) et lui me dit qu'il a vécu à peu près la même chose...
Après le mec m'a parlé de l'hommage rendu à un grand résistant pendant les discours du feu d'artifice, j'embraye en résumant ce que je sais de la politique : si l'extrême-droite monte au pouvoir, ce serait le pire des chaos. Visiblement, j'avais dit ce qu'il fallait dire parce que le type s'est avéré être le numéro deux d'une section du PS et un chef d'entreprise international. On a discuté (le mec était encore plus bavard que moi) de politique, certes, mais aussi d'économie, de société, de religion, d'avenir, de présent, de ce que les médias nous contrôlent par ce qu'ils disent, certes, mais aussi ce qu'ils ne disent pas... Je sais pas trop quelle image j'ai pu lui renvoyer, surtout en étant fringué d'un gilet reporter, un t-shirt punk et un treillis sable, plus le casque sans fil autour du cou et la PSP dans la poche, ni avec mes connaissances globalement assez limitées et « biaisées » de la réalité, mais n'empêche que quand on s'est quittés, il était 4h04.
J'ai continué à traîner de mon côté, sauf qu'à force d'errer sans rien calculer, j'ai eu un certain quiproquo autour de 5h30 à Strasbourg Saint Denis avec une dame qui aurait pu prétendre à la parenté d'un Willy ou d'une Marguerite sans éveiller le moindre soupçon. Puis je me suis retrouvé à la gare de l'Est vers 6h, toujours sans rien prévoir (je savais même pas où je me trouvais), j'ai fait un mini-fail à la Cité en allant acheter un Oasis Tropical à 2€ alors que j'aurais dû me souvenir qu'à même pas deux cents mètres de là se trouvaient quatre bornes à eau gratuites... Après, j'ai voulu rester jusqu'à l'ouverture des boutiques mais vu que c'est relativement déprimant de traîner en ville quand tout est fermé, je me suis rabattu sur les Halles pour choper le RER B et me voilà chez moi, à peine fatigué et pleinement satisfait de mon 14 juillet.