Je lance un petit sujet sur le marché du travail actuel et le chômage (et ses différentes réformes actuelles et à venir). Je sais que plusieurs personnes sont encore au lycée, stressent pour le bac (ou le brevet pour les plus jeunes) et pour qui le marché du travail est encore une douce chimère. Mais quelques petits axes de réflexions pourraient permettre à certains de réfléchir lorsqu'ils seront sur
Parcoursup.
Comme la plupart des gens se lèvent le matin pour galérer et survivre, qu'il est plus ou moins admis que notre catégorie socio-pro a une influence majeure sur notre niveau d'étude (et que la plupart des gens viennent de CSP au mieux "modestes"), que la compétitivité de notre modèle économique actuel favorise le travail aliénant et répétitif et l'écrasement des individus (on en a eu un bon exemple ici avec maintenant l'ex-job de
@Krystal 
), que les diplômes perdent en valeur du fait de l'engorgement des études sup qui fait que des niveaux bac+5 peuvent être entrainés à faire des boulots sous-qualifiés, que les recruteurs sont souvent absurdes (cercle vicieux du "vous avez pas d'expérience" qui fait qu'on est pas pris et qu'on gagne pas d'expérience pour avoir un travail qui demande de l'expérience), et qu'en plus tout ça ne va pas s'arranger à cause de la mécanisation de la plupart des emplois (bonne ou mauvaise chose ? si on perd des emplois seront nous en mesure d'en créer des nouveaux ? si oui y'aura t-il une phase de transition ? de combien de temps ? sera t-elle hardcore à vivre pour des gens qui auront l'impression de n'être plus utiles en rien) ?
Bref, partons du postulat que,
généralement, un humain est obligé pour manger d'avoir un boulot qui ne l’intéresse pas (pour être poli), même en étant qualifié. Ce qui remet sur la table le débat "Un humain est-il naturellement fait pour travailler ?". Sans rentrer dans les postulats débiles du genre "vivement qu'on revienne au temps des chasseurs-cueilleurs", la question, je pense mérite qu'on se la pose.
En d'autres termes, notre confort de vie mérite t-il tant de misère ? Donner du jus au capitalisme et au consumérisme sur la vie des hommes est-il un sacrifice qui vaut le coup ? Selon Harari (l'auteur du livre "Sapiens", vulgarisateur mais que je conseille), le cercle vicieux a été commencé pendant la Révolution Agricole, qui a obligé les hommes à vivre enchainé aux champs, dépendant des saisons, qui si elles pouvaient détruire les champs condamnaient les agriculteurs et leurs familles à la famine (et souvent à la mort). Sans parler du fait que l'agriculture est un métier très difficile qui brise (c'est déjà pas évident même avec nos moyens modernes, donc le labeur exténuant dans ce domaine se calcule en millénaires). Bref à cette époque les hommes ont perdu en confort de vie car auparavant nous vivions en tribus nomades, une tempête ne signifiait pas la mort mais le déplacement, et notre survie ne dépendait pas d'heures et d'heures de travail mais de choses beaucoup plus simples, plus liées à la Nature. Le reste servait à se sociabiliser au sein de la tribu (c'est important car le travail moderne perd son aspect de sociabilité pour devenir plus compétitif).
Bon, c'était l'instant hippie, après loin de moi l'idée de dire que l'époque des chasseurs-cueilleurs est une époque bénie ; elle est bien plus mortelle et sauvage à bien des égards, mais en terme de valeurs humaines, nous ne sommes peut être pas si évolués que cela par rapport à cette époque.
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Maintenant le chômage.
Comme vous le savez (ou pas), le gouvernement Macron a décidé de serrer la bride sur les chômeurs. Grossièrement, un chômeur sera obligé d'assister (pour ne pas dire accepter) à des entretiens organisés par Pôle Emploi. S'il ne le fait pas, Pôle Emploi le radie pendant deux mois, coupant naturellement les indemnités chômages.
Alors déjà première chose, avoir confiance en Pôle Emploi n'est pas une chose vraiment aisée, je pense que quiconque ayant un jour été en relation avec cet organisme en garde un mauvais (neutre dans le meilleur des cas) souvenirs. J'ai personnellement passé quelques temps dans quelques Pôle Emploi et ceux ci ne m'ont jamais été utile une seule seconde (je plaisante pas). Mais bref ça dépend des expériences de chacun, on va pas s'étendre là-dessus. Même si on pourrait arguer du risque qu'un chômeur bien diplômé se retrouve à être obligé de faire des entretiens pour travailler à Lidl.
Ce qui est plus intéressant au contraire est cette stratégie de répression des chômeurs.
La faille de la stratégie de Macron, c'est principalement qu'il y a un problème offre/demande. En d'autres termes, il y a littéralement pas assez de boulot pour tout le monde en France. Donc si dans un monde idéal toutes ces offres étaient pourvues, il y aurait toujours des chômeurs qui fatalement seraient privés de leurs droits. Ce qui fait qu'on enlève, plutôt arbitrairement, un moyen de subsistance pour des millions de gens (ce qui peut dans quelques cas signifier la rue).
Ça parait gros ? Ça l'est peut être, mais c'est mathématique. Admettons cependant qu'il y ait pile poil le bon nombre d'offres pour le bon nombre de chômeurs. Le chômage est à 0%, Macron est acclamé, il a réussi à faire disparaitre la pauvreté de son pays. Faire disparaître ou cacher ? Le modèle allemand nous enseigne que les taux de chômage les plus faibles sont des anomalies dans l'Histoire, et quand ce n'est pas le cas elles cachent beaucoup de misère sociale et de pauvreté (comme en Allemagne donc où les emplois précaires sont légion).
Pourquoi, dans notre pays, on charge tout sur le dos des chômeurs ? Pourquoi on a ce culte de la richesse et la haine de ce qu'on appelle "l'assistanat" de manière péjorative ? Dans une société qui produit assez de richesse pour nourrir, loger (coucou les SDF) et éduquer littéralement tout le monde, on voit un accroissement de la misère sociale, toutes les réformes honteuses creusant cette misère sont prises soit avec indifférence soit avec joie par des personnes qui en pâtissent mais qui approuvent pour des raisons obscures (et qui ont souvent des notions de politique et d'économie dans les choux, mais je fais des procès d'intention). Ne pourrait-on imaginer que les chômeurs sont volontairement présentés comme des paresseux et des assistés, voués à la pauvreté par dessus le marché, pour la seule raison de faire peur aux travailleurs, de leur faire accepter des boulots aliénants, fatigants et répétitifs, chose qu'ils n'auraient naturellement jamais acceptés si ne pesait pas au dessus de leur tête cette épée de Damoclès ?
Ou alors pourrait-on arguer que le monde du travail n'est pas vraiment adapté à l'Homme. La croissance exponentielle dans laquelle nous sommes plongé n'est pas infinie, elle s'arrêtera de gré ou de force (plus vraisemblablement de force). Outre les handicaps et problèmes physiques/physiologiques qu'il provoque, on pourrait aller jusqu'aux problèmes de la centralisation parisienne, et conséquemment du nombre d'automobiles qui sont sollicitées (= pollution = des milliers de morts par an sans parler d'autres problèmes liés à la voiture).
Mais bref sans vouloir partir trop loin, nous sommes peut être à l'aube (espérons le du moins, l'espoir c'est la seule chose qui fasse tenir) d'une révolution de pensée par rapport au monde du travail. La relation employeur > employé (travailler pour quelqu'un qui nous envoie des miettes) est assez récente dans l'histoire humaine, elle n'est pas plus éternelle que la croissance, il n'est pas impossible qu'un jour une nouvelle théorie économique pointe le bout de son nez, libérant une proportion non négligeable des humains de leur esclavage moderne.
Voilà je m'arrête là parce que je suppose que ce pavé est une purge à lire

Néanmoins j'espère avoir émis ici quelques étincelles de pensée qui pourraient porter à débat, ce que je vous invite d'ailleurs à faire
