Je regardais dans la foule le champion combattre. Il était mal en point, mais se battait comme un forcené faisant usage de stratégie et n'hésitant pas parfois à se replier. Malgré cela, la magicienne elfe lui porta un coup qui le met à terre. Alors que la créature aux cheveux violets allait changer de cible pour se retourner contre l'un de ses deux derniers adversaires, Vouivre Dejor se relève tant bien que mal. Il ne tient pas sur ses deux jambes, mais mon coeur saute de joie. Il est vivant. J'avais raté le rendez-vous. Nous devions combattre ensemble et tout rafler dans l'arène. Un duo, cela aurait été du jamais vu. En raflant la mise, nous aurions pu le sauver. Mais il n'était pas trop tard. Tant que la vie il y a de l'espoir. Alors que Vouivre tentait de se découpler, il émit un gémissement. Ses blessures étaient sévères, voire sinistres. La plainte suffit à attirer l'intérêt du dernier combattant à attaquer. Voyant le danger arriver, je m'époumonais pour prévenir Vouivre. Je n'étais pas le seul. Toute la foule scandait son nom ou un avertissement. L'elfe noir réussit à être assez rapide pour lui donner un coup de sa hallebarde noire. Maudite magie ! Maintenant, ce qu'il fallait c'était esquiver.
Mon souffle était coupé. La gorge sèche, j'attendais de voir si le champion - mon champion - allait réussir son coup. La masse fondit sur lui avec une grâce proche de zéro. Facile à parer. La masse ne toucha pas sa cible et s'abattit sur le sable de l'arène, suivi peu de temps par Vouivre. Le visage crispé par la douleur, il semblait être l'incarnation de l'expression "mordre la poussière". Les blessures lui furent fatales en définitive. L'effort physique pour esquiver eut raison. J'attendis encore un moment dans l'espoir qu'il se relève une dernière fois, mais ce ne fut pas le cas. D'un coup de pied, Galliwyx vérifia qu'il ne répondait plus et plongea sa main sur le corps sans vie de l'elfe. Qu'est-ce qu'il avait pris ? Je n'avais aucune idée de la réponse. Je ne voyais que le corps charnu de dos de l'adversaire qui avait eu raison de Vouivre. Et puis j'étais trop loin. Aussi.
C'en était fini. Nous ne pourrons pas combattre ensemble. Maudit crottin de cheval qui causa son retard. Néanmoins, Ollone comptait sur moi. Je ne pourrais pas décevoir. Toute la responsabilité reposait sur mes épaules. Mes seules épaules. Alors que tout le monde acclamait "Vouivre Dejor", je me levais et commençait à descendre les gradins causant sur mon passage les grondements des spectateurs à qui je gâchais la vue. Je me dirigeais vers les inscriptions de l'arène. J'avais maintenant une raison supplémentaire de participer à ces combats barbares. Et que les nouveaux champions se reposent bien. Je vais particulièrement m'intéresser à leur cas une fois dans l'arène.