Par exemple, on a beaucoup entendu pendant le 1er tour « mais pourquoi Hamon ne se rallie pas à Mélenchon (ou inversement) ? »... Ben parce qu'ils disent pas exactement la même chose ?
Si deux mecs aux valeurs parentes et du même bord politique ont le droit de rester chacun de leur côté parce qu'ils ont deux ou trois idées qui divergent, tu t'imagines bien que dans le contexte d'une élection nationale, les millions de personnes qui ont des idées radicalement opposées les unes des autres, l'idée communément admise de la "démocratie", ils se la mettent bien profond, qu'il y ait 3, 10, ou 50 tours.
Le ralliement c'est juste essentiel en politique puisque le premier tour avec ses trouzemilles candidats divise énormément alors que dans les grandes lignes les programmes se rejoignent et qu'unifier des électeurs, c'est non seulement la clé pour pas tomber dans les extrêmes, mais ça évite de coller une étiquette indélébile sur des gens qui au second tour ne savent plus pour qui voter (et du coup plus t'as de candidats nuancés, plus ton camembert président sera élu à un pourcentage bas et plus tu divises le monde).
Macron a gagné parce qu'il s'est rassemblé avec des politiques diverses, la gauche a perdue parce qu'ils ont campés chacun de leur côté (et ils viennent pleurer après "ouin ouin Le Pen front républicain plz").
(dit en passant, entendre Valls parler de république c'est priceless)
Ensuite tu as comparé le bipartisme américain et l'élection française, mais le choix nuancé je ne l'ai jamais vu en France, ça a toujours été Tweedledum et Tweedledee et ce n'est qu'aujourd'hui que c'est un peu inédit (et encore, ça reflète bien la crise du monde, puisque l'un et l'autre symbolisent une certaine forme de fascisme, donc c'est un autre problème).
Dans l'idée c'est cool d'avoir un large éventail de candidats et des visions aussi variées, mais aujourd'hui il faut être vendu au système (voire mieux, être un prodige et vivre et respirer le système depuis toujours), être énarque ou avocat et surtout très riche pour oser espérer gagner. Et même avec ça il faut lutter contre les préjugés, les peurs, les médias et toutes ces manipulations plus ou moins subtiles (demande à Mélench il en sait plus que moi à ce sujet)
(+ un peuple con comme ses pieds)
Donc le choix il s'est toujours limité à deux candidats et un troisième péquin un peu différent pour garder un peu de suspense, pour faire parler mémé Germaine devant TF1, lui donner l'adrénaline d'une finale de Koh Lanta, bref, pour donner l'illusion que la démocratie française elle est tip top, alors que tout le monde sait que tel ou tel candidat est foutu d'avance (Arthaud, Poutou ou Cheminade pour citer des noms concrets), avec quel candidat on peut se permettre de faire un Godwin, avec quel autre on peut citer Staline ou Castro, etc...
On peux dire que c'est un paradoxe, que c'est parce qu'on pense qu'ils ont aucune chance que, de fait, ils ont aucune chance. Mais il suffit de voir un peu comment sont bercées nos idées aujourd'hui, plusieurs fois par jour et tous les jours. Je ne suis pas spécialement anti-système, je lui accorde des qualités, et surtout je sais faire la part des choses entre un régime bien pourri qui affame les gens et le "néo-libéralisme" (ou plus généralement notre monde occidental actuel). Mais je sais aussi qu'il manipule ses populations et leur donne une ligne de pensée unique. Ça force tellement dans leurs petits crânes qu'ils sont tout perdu et que par conséquent, seul le populisme y gagne.
Le premier tour "représentatif" il représente des cacahuètes et ça ne va jamais dans l'intérêt des électeurs. Or, quand la seule issue à moyen/long terme semble être une remise à zéro du système (donc une révolution), ce n'est plus une démocratie puisqu'une démocratie existe justement pour éviter ce genre de chose.
Tout ça pour dire qu'il y a tellement de choses qui entravent le concept même de démocratie que de s'échiner à savoir s'il faut un, deux, ou trois tours, ou bien une liste, ça ne changerait pas grand chose au problème de base qui prend racine bien plus profondément que ces questions mineures...
Et aussi, jamais à la télé ou dans les journaux personne ne dit les mots "oligarchie de fait", "aristocratie élue", ou "anacyclose". Quelles que soient les idées, les conclusions à en tirer (favorables ou non)...Même un débat sur la pertinence d'utiliser ces termes dans notre contexte m’intéresserait mais non, on est condamné à voir des mecs qui ont utilisé des 49-3 et la violence policière pour taire une opposition parler de démocratie comme si de rien n'était.
(pays de merde, je vais fuir en Belgique moi
)