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|Dans le Maelström de Krystal| - Quelqu'un a dit Yaoi ?
Yuan:
Bon petit texte ! Pour un concours, c'est ça ? Bonne chance en tout cas, il mérite de gagner.
(Par contre, c'est quoi ces péquenots qui mesurent la longueur d'un texte avec des lignes ? :cfsd: Faudrait apprendre à le faire en mots...)
Le souci du détail concernant la fatigue de Link, surtout au niveau physique, était très bon. C'est d'ailleurs ce que j'ai le plus apprécié dans ton texte. Beaucoup d'auteurs (selon moi) font l'erreur de ne pas mentionner des choses telles que la sueur, les blessures, la lourdeur de la respiration... Alors que c'est, au final, ce qui tape le plus à l'œil quand on regarde un guerrier d'une sorte ou d'une autre. Donc rien que pour ça, ce texte est très bien parti.
Le fait que les noms des héros ne soient pas mentionnés pourrait peut-être en déranger certains. Pour ma part, j'ai trouvé l'initiative bonne.
Après, détail tout moisi, mais
--- Citer ---Nouvelle parade, nouveau coup qui étourdit ses sens, de nouveau, le laissant hébété une seconde de trop.
--- Fin de citation ---
Je trouve le « de nouveau » de trop ? Il était sans doute voulu, mais je trouve qu'il n'est pas très à sa place dans une phrase où on a déjà deux fois le mot nouveau, sans suivre le schéma précédemment usité. (Je me comprends, j'espère que toi aussi.)
Voilà voilà, tout ça pour dire que globalement, j'ai trouvé ce petit texte très bien rédigé et prenant à la lecture. En espérant que tu actualises cette galerie plus souvent que ça dans les 120 jours à venir :astro:
Krystal:
AHAHAHAH, UPDATE APRES LA GAZETTE, MOUAHAHAHAHA... Hum.
Dis donc, moins de cent-vingt jours avant mon prochain ajout dans ma galerie, que m'arrive-t-il ? L'inspiration m'aurait-elle touché de sa main divine et m'entraînerait-elle sur les chemins dorés des longs pavés et des fautes d'orthographe ? Oh mon dieu. Couplé à la fatigue, je suis tellement productive que même le plus rapide des écrivains en pâlirait d'envie. Bon j'exagère un peu... à peine.
Bref, je ne suis pas là pour parlementer, mais pour poster. Je ne vous surprends pas en vous apprenant que je vais mettre ici les parties de la Fiction de l'Été que je suis actuellement en train d'écrire pour la Gazette.
Le tout se passe dans l'univers de Twilight Princess mais je préfère préciser qu'il y aura certaines choses tirés d'autres opus, tels le Colosse du Désert (seulement cité), des personnages et autres, bref, des crossovers à petite dose, mais bel et bien là. Donc me lynchez pas parce que ça n'est pas dans le bon univers, c'est fait exprès. C'est ça la fiction.
Concernant la fiction, elle est en neuf parties, et j'ai pas encore décidé d'un bon titre, mais je vous tiendrais au courant si jamais j'en trouve un. Passons à la lecture, si jamais vous ne lisez pas la Gazette et donc pas ma magnifique fiction. Mais vous êtes pardonnés.
Bonne lecture !
La Fiction de l'Été 2014 : Partie 1
Routine Ennuyante
Link regardait la tasse posée devant lui, qui ne fumait plus depuis une poignée de minutes déjà. Il aimait le thé, en boire de temps à autre était agréable, même en été. Bien qu'il préférait des boissons plus fortes, d'ordinaire, il ne refusait jamais une de ces décoctions chaudes qui avaient le don de le revigorer, de lui redonner une énergie nouvelle qu'il gardait la journée entière. Mais, malgré cela, il n'avait pas encore touché à son infusion, portant posée sur la table devant lui, et une seule raison l'en empêchait : la tasse. Non, elle n'était pas ornée de piques acérées, ni d'un quelconque être vivant qui puisse l'attaquer si jamais il osait approcher une seule main, elle était joliment décorée de filaments dorés et de motifs fleuris qui la rendait plus que belle. Une belle tasse qu'il avait peur de casser entre ses mains de bretteur parce qu'elle valait sûrement plus que tout ce qu'il possédait.
C'était la même chose à chaque fois qu'il décidait de rendre visite à la Princesse. Elle le recevait avec plaisir, le faisait s'asseoir dans son petit jardin privé et lui servait du thé dans un service hors de prix, à un tel point qu'il attendait le dernier moment avant de boire, précautionneusement, sous le regard amusé de sa compagne qui riait de sa crainte pourtant infondée.
« C'est toujours divertissant de te regarder hésiter à prendre une simple tasse, commenta-t-elle en croisant les bras, un léger sourire flottant sur son visage.
- J'ai toujours peur de la briser, avoua son interlocuteur en affichant une moue embarrassée. J'ai tendance à ne pas sentir ma force, et manipuler une chose aussi fragile, je n'en ai pas l'habitude.
- Ton ocarina est pourtant une chose fragile, philosopha Zelda d'une voix chantante, et les notes qui en sortent sont magnifiques. Pourquoi avoir peur de casser une simple tasse et non ton ocarina ?
- Question d'habitude, je suppose », répondit Link en haussant les épaules.
Il sourit et décida enfin de se saisir de l'objet pour avaler une gorgée de thé. Il était tiède, pas encore froid, une note fruitée envahissant ses papilles. Tout aussi délicatement qu'il l'avait prise, il reposa la tasse et reporta son regard sur la jeune femme, qui continuait de sourire.
« Tes visites sont plus fréquentes, constata-t-elle pour entamer la conversation. Te languirais-tu de ma présence ? ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie.
- Mais toujours, Princesse, répondit le Héros de la même manière, en reprenant une nouvelle gorgée.
- Je suppose qu'il n'y a rien de nouveau. »
Link laissa sa tasse en suspend, quelques secondes, avant de soupirer longuement. Cela suffit à la jeune femme pour comprendre que tout allait bien. En effet, depuis la fin de leur querelle les opposant à Ganondorf, la paix était revenue. Si beaucoup s'en réjouissaient, ce n'était pas le cas du jeune bretteur qui, il devait se l'avouer, s'était muré dans un ennui profond. L'adrénaline qui parcourait ses veines, l'action qui dictait ses journées, ses voyages qui l'emmenaient aux confins du monde, tout ça était fini et ça lui manquait terriblement. Tellement qu'il sillonnait les routes depuis plus de deux ans, en espérant trouver la moindre trace d'une présence maléfique qui puisse nuire, une troupe de Bokoblins qu'il puisse éradiquer ou le moindre petit monstre sur lequel il pourrait se défouler, mais rien. Alors, pour essayer de se divertir, il tirait des flèches sur des arbres situés à de longues distances. Expérimenté comme il était, il manquait rarement sa cible, et cela l'énervait plus que de raison. Alors, inexorablement, il revenait à la citadelle et rendait visite à Telma, qui avait parfois de bons tuyaux pour l'occuper un peu. Mais cela devenait de plus en plus rare, à son grand dam.
Alors il rendait visite à Zelda. Et cette dernière avait parfaitement raison en soulevant le fait que ses visites se faisaient plus nombreuses. Il ne savait pas quoi faire, tout simplement. Un jour, le Roi - toujours ravi que le héros qui avait sauvé son peuple se rende au château - lui avait conseillé de s'engager comme chevalier, mais il avait refusé. Il détestait avoir une routine, bien qu'il commençait à en avoir une, et rien qu'à l'idée d'être coincé à la citadelle des mois durant le rendait malade. Alors il s'asseyait sur une chaise, dans un petit jardin, en face de ce qui constituait son plus grand challenge en deux ans, à savoir une tasse.
Il restait peu de thé, assez pour une dernière gorgée, et Link savait qu'il n'en reprendrait pas. Après tout, il ne restait pas assez longtemps pour prendre une deuxième tasse et, bien que leurs sujets de conversation soit divers et variés, la Princesse restait quelqu'un de très occupée. Mais elle n'en restait pas moins bavarde.
« ... et les débris ont été évacués. La Tour du Jugement est enfin fonctionnelle et ont peut d'ores et déjà transférer les détenus de la citadelle là-bas.
- Il y en a beaucoup ? se risqua à demander le jeune homme.
- De moins en moins, mais leur nombre reste conséquent, soupira-t-elle. Mais ils se tiennent à carreaux, surtout depuis que la rumeur, comme quoi le Héros patrouillerait dans tout Hyrule, se répand. »
Le jeune homme éclata de rire à l'entente de cette phrase. Il savait que sa réputation s'était amplifiée au cours de cette dernière année, mais de là à ce que les gens arrêtent leurs méfaits.
« Il y a une telle rumeur ! s'esclaffa le concerné. J'ignorais que je faisais peur à ce point.
- C'est une bonne chose.
- Qu'en pensent les sages ?
- Ils sont ravis de se rendre utiles. Ils veilleront sur la Tour tout comme ils ont veillés sur le Miroir. »
Link sentit un long frisson lui parcourir l'échine. Le Miroir des Ombres était un sujet difficile pour lui. Deux ans étaient passés, mais il n'avait pas oublié la trahison de Midona quand elle avait décidé de briser le Miroir pour couper l'unique pont entre le monde de la Lumière et le monde du Crépuscule. Encore aujourd'hui, son coeur se serrait quand il repensait à ce moment, et l'idée qu'il ne reverrait plus jamais cette femme pour le moins irritable - il faut se le dire - le faisait se sentir assez mal. Mais il restait persuadé qu'il la reverrait. Un jour ou l'autre, qui sait.
La dernière gorgée de thé fut avalée, et il fut temps de se séparer. Avant que leurs chemins ne se séparent, la Princesse, comme à son habitude, prit soin de déposer un léger baiser sur la joue de son Héros. Link savait qu'elle espérait un jour qu'il y réponde et qu'il lui avoue ses sentiments, pour le moins visibles. Mais devenir Roi reviendrait à devenir chevalier, et ça, pour le moment, il ne voulait pas.
Alors il quitta le château, toujours au même point, et s'engagea dans les ruelles de la citadelle après avoir salué les gardes, qui lui présentait leurs respects, comme à chaque fois. Il savait pertinemment quelle était sa destination. Il n'y coupait jamais. Il tourna dans une nouvelle ruelle et descendit quelques volées d'escaliers avant d'arriver.
« Salut Telma ! lança Link une fois qu'il eut poussé la porte de la fameuse taverne.
- Link ! répondit la femme enthousiaste. Dis donc, plus beau chaque jour qui passe ! La boisson habituelle ? »
Un simple hochement de tête suffit pour lui répondre, et la tavernière s'empressa de prendre une chope fraîchement nettoyée et de la remplir pour le nouveau venu. Ce dernier s'assit au bar, farfouilla dans sa bourse et en sortit quelques rubis pour payer son amie. Il échangea sa monnaie contre la bière qu'il attendait, et reçut un plus un magnifique sourire, celui qui voulait tout dire. Retenant un long soupir, le héros feignit de n'avoir rien vu et commença à boire innocemment, alors que son interlocutrice s'accoudait devant lui, une moue curieuse s'étant affichée sur son visage. Puis, elle le demanda enfin.
« Alors, avec Zelda ? Pas d'avancements ? »
Link grogna. Il savait qu'il n'aurait pas la paix avec Telma, toujours avides de petits potins, qui s'empressait à chaque fois de lui demander comment s'était passé son entretien. Mais, malgré cela, il ne pouvait se résoudre à ne pas lui rendre visite. Que ferait-il d'autre, sinon ?
« Je te l'ai déjà dit, répondit-il finalement, je ne veux pas devenir roi...
- Mais si tu veux épouser Zelda, tu vas devoir t'y faire, lui répliqua-t-elle.
- J'ai jamais dit que j'allais l'épouser.
- Mais tu l'aimes. »
Le jeune homme ouvrit la bouche pour protester, mais il ne trouva rien à redire. Tout simplement parce qu'elle avait parfaitement raison.
Aimer quelqu'un, c'était quelque chose. Tout sacrifier pour elle, c'en était une autre. Oui, il serait auprès de la femme qu'il aime, mais à quel prix ? Entre sa liberté d'agir et Zelda, le choix était difficile et, bien que beaucoup de personnes, dont Telma et Iria, le poussent à aller avouer ses sentiments qui devenaient de plus en plus évidents chaque mois qui passaient, il ne pouvait se résoudre à dire adieu à ses voyages. Il ne savait pas s'il y arriverait un jour, et la crainte que Zelda se marie à quelqu'un d'autre le tenaillait sans cesse, sans pour autant l'aider à prendre une décision. Et plus le temps passait, plus il avait peur. Peut-être était-ce aussi cela qui l'empêchait d'agir.
Alors qu'il ruminait ses pensées sous l'oeil attentif et amusé de Telma - qui, entretemps, guettait les autres clients et poussait quelques gueulantes de temps à autre, un cri retentit et se répercuta entre les murs de la taverne.
« Regardez ! Dehors ! »
Sans pour autant lâcher sa chope bien fraîche, Link tourna légèrement la tête vers la provenance du cri, non sans être pour le moins désintéressé. Il jeta un rapide coup d'oeil avant de reporter son attention sur Telma dans le but de continuer leur conversation. Cependant, c'est en remarquant l'expression sidérée de cette dernière, les mains en suspend et la bouche grande ouverte, qu'il se fit la réflexion que quelque chose ne tournait pas rond. Il se décida à s'intéresser d'un peu plus près à ce qui se passait. Avalant une dernière lampée, il pivota et regarda dans la direction que tout le monde semblait observer. Sur le coup de la surprise, ses doigts lâchèrent la chope qui retomba sur le bar dans un bruit mat. Comme hypnotisé, le héros se leva maladroitement, sans lâcher du regard la fenêtre, et se précipita dehors, aux côtés des habitués eux aussi sortis pour observer le phénomène.
Le ciel, auparavant dégagé et bleuté, s'était couvert d'épais nuages blancs et cotonneux. Le vent s'était brusquement levé, brise glaciale qui mordit férocement les joues du héros qui fixait, yeux écarquillés, les environs en proie à un phénomène impossible à cette époque de l'année.
Il neigeait.
Voilà, bisous bisous !
Krystal:
Han, un double post ! Indécent ! Mais le dernier date de plus de vingt-quatre heures depuis le dernier post, j'ai le droit ! Bref, vous vous en doutez, voici la deuxième partie de la Fiction de l'Été.
Par ailleurs, j'ai trouvé un titre à ce petit gros : la Fiction de l'Été est renommée Hiver Estival. Pas mal comme titre, hein ?
Bref, je vous laisse, car je suppose que vous l'avez déjà lue, cette partie. *regard suspicieux*
La Fiction de l'Été 2014 / Hiver Estival : Partie 2
Routine Brisée
Link observait l'extérieur, pensif. Cela faisait maintenant plus de deux heures que la neige tombait en continu, s'étalant dans les rues de la citadelle tel un voile immaculé. L'air s'était rafraîchit, chutant de plusieurs dizaines de degrés en quelques minutes à peine. Le soleil et la chaleur avait désertés, ne laissant que la neige et la glace derrière eux, et tout cela sans que personne ne comprenne pourquoi. Tout s'était enchaîné très vite, et personne n'avait rien vu qui puisse expliquer ce brusque changement de temps. Et c'était cela le plus dérangeant.
La vague de froid avait provoqué une panique irrationnelle au sein des habitant de la citadelle. Beaucoup hurlaient que c'était là une malédiction lancé par un esprit maléfique et cherchaient à savoir de qui elle provenait - mais ils ne poussèrent guère leurs recherches et ces dernières s'avérèrent infructueuses -, d'autres clamaient que les déesses les punissaient de leur désobéissance et priaient ou déposaient des offrandes en leur nom pour essayer d'apaiser leur colère. Il était d'ailleurs assez amusant de voir à quel point de la simple neige pouvait effrayer une population entière quand elle ne tombait pas à la bonne saison. La grande majorité des habitants s'étaient barricadés chez eux, délaissant les rues et les quelques étals qui vendaient leurs marchandises avaient été débarrassés et abandonnés. Ce changement soudain de temps avait beau n'être pas naturel, il n'effrayait pas tout le monde : en effet, les nombreux enfants qui avaient pu échapper à la surveillance de leurs parents s'amusaient déjà dehors et n'avaient pas traîné pour construire leur premier bonhomme de neige, qui trônait fièrement au beau milieu de la place principale, bientôt rejoint par d'autres aussi beaux.
Link ne savait pas quoi penser de tout cela. Pour sûr, ce n'était pas naturel, l'oeuvre d'un sorcier peut-être, mais les déesses aurait tout aussi pu provoquer cela. Si cette dernière option était la bonne, et c'était peu probable, il n'y pouvait pas faire grand-chose, à part savoir pourquoi.
Le jeune homme reporta son attention sur la fumée qui s'échappait de sa tasse. Encore. C'était son deuxième thé de la journée et, bien qu'il soit en charmante compagnie, il savait pertinemment que cela n'annonçait rien de bon.
La princesse fit son entrée dans le petit salon qui l'accueillait cette fois-ci, faute de ne plus pouvoir s'installer dans le jardin, plus fatiguée que quelques heures auparavant, et cela se comprenait.
« Il y a plus d'une cinquantaine de personnes qui hurlent à l'aide dans la salle du trône, entama-t-elle en retenant un long soupir las. Ils demandent à ce que la malédiction qui a été jetée sur Hyrule disparaisse.
- Nous le voulons aussi, répondit son interlocuteur en s'emparant de la théière brûlante, le tout est de savoir qui a provoqué cela et comment l'arrêter. »
Link servit une tasse de thé à la jeune femme qui le remercia d'un petit hochement de tête. Elle s'empressa de la prendre et de la serrer entre ses mains, ne pouvant s'empêcher de réprimer un long frisson.
« Le peuple a déjà essuyé un rude hiver cette année, et l'été s'annonçait long et chaud, reprit-elle. Je n'ose les imaginer revivre une fois encore ce froid morbide qui nous a tenu compagnie des mois durant.
- Ce n'est peut-être qu'une simple farce, supposa le jeune homme.
- Si ça s'avère être le cas, elle est bien mauvaise », rétorqua aigrement la princesse.
Elle marqua une pause et bu une gorgée de sa boisson, avant de détourner les yeux vers la fenêtre, son regard se perdant au loin. L'inquiétude se lisait sur ses traits fins, mais l'on pouvait également voir qu'elle était perdue, ne comprenant pas ce qu'il arrivait à sa belle contrée. Devoir gérer cela presque seule - son père le Roi d'Hyrule étant vraisemblablement occupé à régler d'autres affaires plus urgentes - était difficile pour elle, aussi Link essayait de lui apporter le plus d'aide possible pour la décharger comme il le pouvait.
« Il est peu probable que les déesses aient provoqués tout ce remue-ménage, reprit Zelda au bout de quelques minutes de silence. Si on est logique, on peut penser que c'est dû à un sort lancé par un esprit vengeur ou bien un démon.
- A qui penses-tu en particulier ? demanda Link
- Ce Mage du Vent, il en serait capable. Ce ne serait d'ailleurs pas la première fois qu'il fait tomber de la neige sur la citadelle .
- Mais en plein été ? Il peut créer des tempêtes, certes, mais de là à changer de saison, il y a quand même une sacré différence de pouvoir.
- Ce n'est peut-être pas lui, mais nous ne perdons rien à commencer à chercher de son côté », trancha la jeune femme d'un ton autoritaire.
Le Héros soupira et reprit une gorgée de thé. Quand il s'agissait de son peuple, Zelda se montrait implacable. Son comportement doux s'envolait et laissait place à une reine tyrannique prête à tout pour résoudre le moindre problème qui menaçait la paix d'Hyrule. Peu de personnes avaient eu l'occasion de la voir dans ce rôle, et Link supposait qu'il avait été l'un des rares à l'apercevoir. Après, le pays n'avait pas tellement été en danger depuis la chute de Ganondorf, et elle n'avait guère eu l'occasion de s'inquiéter. A part ce jour il y a quasiment deux ans, où elle lui avait appris, hystérique, que le tyran Ganondorf n'avait finalement pas été emprisonné et se baladait, libre de ses mouvements mais privé de ses pouvoirs, dans Hyrule. Il lui avait fallu deux mois entier pour comprendre qu'ils n'étaient pas en danger et qu'il ne représentait aucune menace, diminué comme il était. Ou du moins, pour le moment.
« Avant toute chose, il faudrait consulter quelqu'un qui pourrait nous dire à quoi cette neige est due, lança la princesse.
- Les Sheikahs sont bercés dans la magie noire, peut-être pourrait-on leur demander, proposa son vis-à-vis.
- J'ai bien peur que l'été ne passe avant que tu ne trouves un seul Sheikah, même avec l'aide d'Impa, se désola-t-elle.
- Les sages alors. Leur savoir est gigantesque, ils sauront sans nul doute me renseigner. »
Zelda resta silencieuse quelques instants, considérant l'idée du Héros avant de hocher lentement la tête, signalant son approbation.
« Pars sans plus tarder. Plus vite cette histoire sera réglée, plus vite le peuple sera rassuré et se calmera de lui-même.
- Et plus vite le calme reviendra dans la salle du trône, rajouta le jeune homme avec un petit sourire en coin.
- Aussi », admit la princesse en retenant de justesse un nouveau soupir.
Ils se levèrent de concert et se saluèrent pour la deuxième fois de la journée avant que Link ne prenne le chemin de la citadelle. Mais, comme à son habitude, avant de partir à l'aventure, il fit un détour à la taverne de Telma, à qui il avait promis de revenir juste après sa visite au château.
« Les sages ? Tu crois qu'ils pourront réellement t'aider ? demanda la tavernière sceptique en essuyant l'une de ses chopes.
- Ca ne coûte rien d'essayer, lui répondit son ami.
- Je n'ai personnellement pas confiance en ces hommes immatériels, renifla dédaigneusement Telma. Ils me donnent la chair de poule.
- Je t'assures qu'ils sont dignes de confiance.
- Et ils t'aideront à trouver ce Minish décérébré qui nous a très certainement ramené l'hiver ? »
Le Héros hocha la tête en réajustant la sangle de son fourreau. Il attrapa son bouclier et le remit dans son dos, sous l'oeil attentif de le femme qui continuait d'astiquer ses chopes. Elle les rangea finalement et sortit un petit panier qu'elle tendit à son seul client sobre. Quelques petits pains aux graines, de la viande séchée, des pommes et une gourde d'eau s'y trouvaient.
« Ta route est longue, j'ai pensé que ça te serait utile, dit-elle en faisant un clin d'oeil.
- Merci bien, Telma ! remercia Link en prenant le panier avec lui.
- Et surtout, tiens-moi au courant de tes avancées. Bon voyage !
- Promis, je reviens te voir bientôt. »
Et sur cette promesse, le jeune homme quitta la citadelle à dos d'Epona et chevaucha jusqu'au désert Gerudo, traversant les plaines enneigées et les villages déserts, aux ruelles abandonnées et aux habitants calfeutrés chez eux. Néanmoins, comme l'avait dit Telma, le chemin pour arriver à sa destination était long, et il dut s'arrêter dans une auberge située au bord du lac Hylia - qui se trouvait à côté du désert - pour passer la nuit. Il eut d'ailleurs la surprise de retrouver Tobi et Lakka, les deux gérants de l'attraction catapulte qui se trouvait au centre du lac, avec qui il passa une agréable soirée au coin d'un bon feu. Il apprit par ailleurs que le dit-lac était complètement gelé, qu'il y faisait tellement froid que le canon de leur attraction était bloqué et que même la grotte qui abritait la source de Lanelle était inaccessible. Non-content d'éviter un nouveau tour en canon qui était certes rapide mais horriblement désagréable, Link reprit la route le lendemain matin après avoir passé une bonne nuit de sommeil, cependant courte. La situation avait empiré et la météo s'était dégradée, aussi le Héros dut emprunter à l'aubergiste des vêtements chauds, que ce dernier lui donna de bon coeur.
La traversée du désert se trouva être moins pénible que les routes couvertes de neige que le jeune homme avait traversé la journée d'avant. L'endroit n'avait en rien perdu de sa beauté et la chaleur était toujours aussi torride, l'hiver n'ayant apparemment aucune emprise en ces lieux. Abandonnant Epona et ses vêtements chauds à la lisière du désert - la pauvre n'aurait pas supporté de galoper à une chaleur pareille, de surplus dans le sable - c'est à dos de sanglier que le jeune bretteur atteignit en milieu d'après-midi la Tour du Jugement, où s'activaient de nombreux gardes et ouvriers qui continuaient de retaper la bâtisse pour qu'elle puisse recevoir prochainement les détenus de la citadelle. L'arrivée du jeune homme fut, par ailleurs, accueillie avec enthousiasme.
« Messire Link ! salua respectueusement le capitaine de la garde présent sur place en accourant vers lui. C'est une surprise de vous voir ici ! Qu'est-ce qui vous amène à la Tour ?
- De sérieux événements à Hyrule, répondit gravement le Héros en descendant de son sanglier. N'avez-vous rien remarqué d'étranges ces derniers jours ?
- Non... Que se passe-t-il ? »
En quelques mots, Link expliqua la situation au capitaine alors qu'il l'accompagnait à l'intérieur de la Tour, où l'air était sensiblement plus frais. Le jeune homme poussa d'ailleurs un soupir de soulagement : l'hiver était certes revenu sur Hyrule, avec son froid mordant, cela ne l'empêchait pas de ne pas supporter la chaleur des lieux, qui était par ailleurs étouffante.
« De la neige ? Mais nous sommes pourtant en plein été ! s'exclama l'un des gardes qui accompagnait le héros et le capitaine, horrifié.
- C'est l'objet de ma visite : j'ai besoin de parler aux sages. Sont-ils toujours au sommet de la Tour ?
- Oui messire, toujours. Dois-je aller vous annoncer ?
- Inutile, je monte. »
Hochements de tête, petite révérence envers celui qui les avait sauvé avant que ce dernier ne rejoigne la salle centrale qui le mènerait au sommet.
Durant sa petite promenade, il ne put s'empêcher d'admirer le travail admirable qu'avaient accomplis les ouvriers chargés de la rénovation de la Tour : les ruines avaient disparues, les trous remplis et plus un grain de sable ne traînait dans les salles, comme si ces dernières n'avaient jamais croulées sous des dunes infranchissables. Les monstres et les spectres avaient désertés l'endroit, et il en était presque accueillant. Mais les souvenirs ressurgissaient rapidement, et le jeune homme hâta le pas, pressé de quitter ces murs. Les escaliers qui menaient tout en haut de la Tour avaient été reconstruits, mais c'est avec une joie non feinte que Link s'empara de son vieil aérouage que lui tendit un jeune garde lorsqu'il pénétra dans la grande salle. Et au vu du sourire que ce dernier affichait, il devait sûrement savoir à quel point il était plaisait de gravir les étages avec rapidité sur cet objet antique. Ce que fit immédiatement l'Hylien : il arriva en haut en un clin d'oeil.
Le sommet n'avait pas changé. Les derniers vestiges de la Tour s'y trouvaient, avec eux le support du Miroir qui n'avait pas encore été enlevé. C'est avec un pincement au coeur que le nouveau venu se dirigea au centre de ce qui fut autrefois le lieu de torture de Ganondorf et l'endroit où Midona quitta définitivement ce monde. Refoulant ces souvenirs douloureux, Link leva la tête et attendit. Les sages, au nombre de cinq, apparurent au bout de quelques secondes, s'inclinant longuement devant leur invité.
« Link, salua l'un des sages, nous t'attendions. »
Ses quatre confrères approuvèrent lentement et se tournèrent vers le Héros qu'ils fixèrent à travers leur masque. Il était difficile de deviner les émotions d'un homme qui n'avait pas de visage, immatériel de surplus, mais Link nota néanmoins la légère pointe de joie qui résonnait dans sa voix. Tout comme lui, les sages étaient content de le revoir, mais l'heure était grave et les salutations ne s'attardèrent pas plus.
« L'hiver qui sévit en Hyrule, viendrais-tu pour cela ?
- Oui, confirma le jeune homme. Vous êtes les seuls capables de répondre à mes questions, mais également à celles de la Princesse Zelda.
- Quelles sont-elles ? »
La question était purement rhétorique. Les sages savaient quelles questions il allait poser, mais la politesse était une chose importante pour eux, si bien qu'elle les faisait bien souvent passer pour des simples d'esprit, alors que c'était tout le contraire. Mais cela avait apparemment très peu d'importance pour eux, puisqu'ils n'en avaient cure et continuaient comme si de rien n'était.
« L'hiver est-il dû à un châtiment des déesses ? interrogea le nouveau venu, une pointe de crainte perçant dans sa voix.
- Non, répondirent ses interlocuteurs en choeur, les saintes déesses ne sont pas responsables de cette malédiction. Mais, coupèrent-ils avant que Link ne rouvre la bouche, c'est bel et bien l'oeuvre d'une personne ici-bas, nous pensons à un démon.
- Lequel ?
- Le même que la Princesse et toi suspectiez hier déjà. Un mage peut accroître sa puissance, et il n'est pas impossible qu'il ait réussi à réunir assez de puissance pour installer un hiver éternel sur Hyrule. »
Le bretteur garda le silence, ruminant ses pensées. Encore un coup d'un démon, il s'en doutait. Bien que cela nuise au peuple d'Hyrule, Link ne put s'empêcher de se réjouir de cette nouvelle : enfin un peu d'action ! Lui qui avait été privé d'aventures deux ans durant, voir les choses s'agiter un tantinet le mettait en joie plus qu'il ne le devrait. C'est le coeur gonflé d'une joie déplacée qu'il leva les yeux vers les sages, qui l'observait silencieusement. Malheureusement pour le jeune Héros, son bonheur fut très vite remarqué.
« J'imagine que ce démon va tromper ton ennui quelques temps, commenta un sage avec une pointe de moquerie dans la voix.
- ... Oui, admit Link après un moment d'hésitation. Savez-vous où puis-je trouver Vaati ? demanda-t-il ensuite.
- Nous savons seulement qu'il ne se trouve pas dans les cieux. Nous ne pouvons le localiser, mais il existe une voyante, résidant à la citadelle, qui le pourrait.
- Je vois.
- Nous ne pouvons t'aider plus, nous sommes désolés. Puisse ton voyage de retour se passer sans encombre, Héros. »
Sans une parole de plus, les sages s'évaporèrent dans l'air, laissant les lieux vides de toute vie, excepté Link. Ce dernier tourna les talons sans tarder, et entreprit de redescendre de la Tour pour reprendre sa route, qui était encore longue. Il n'était pas resté longtemps et devait déjà reprendre son voyage, mais cela ne le dérangeait nullement, il avait reçu les réponses à ses questions, et cela lui suffisait.
Il ne restait plus qu'à arrêter Vaati.
Gros bisous !
Krystal:
Comme l'inspiration a du mal à venir pour la partie de la semaine passée, je poste la troisième partie, en espérant que ça me vienne un peu.
C'est la faute au Concours de Cap, j'en suis sûre ça. :h: Bref, j'vais jouer à Pokémon en attendant. Na.
La Fiction de l'Été 2014 / Hiver Estival : Partie 3
Routine Nouvelle
« Vous aimez quelqu'un, n'est-ce pas ? »
Link tiqua. De toutes les prédictions que cette voyante aurait pu sortir, il fallut qu'elle énonçât la plus évidente et la plus douloureuse. La femme le darda d'un regard mystérieux et ses lèvres teintées de pourpre s'étirèrent en un large sourire à la vue de ses joues qui rougirent. Cela s'annonçait prometteur.
Le soir arrivait à grands pas et le crépuscule ne tarderait pas à s'étendre sur la citadelle qui avait retrouvé un peu de son activité. L'hiver était toujours présent et la neige recouvrait encore les rues et les toits mais la panique générale était retombée. Les habitants étaient moins réticents à l'idée qu'il fasse froid en plein été et, bien que tout le monde sût qu'il y avait anguille sous roche, ils n'hésitaient presque plus à sortir pour vaquer à leurs occupations quotidiennes. Mais malgré cela, on pouvait entrevoir dans leurs yeux la peur et la méfiance, quoi de plus normal étant donné les événements. Les enfants, quant à eux, étaient aux anges : des bonshommes de neige jonchaient les ruelles et les places de l'intégralité de la citadelle. Ils se chiffraient à plusieurs dizaines, voire une bonne centaine, si bien que les marchands refusaient de vendre aux enfants des carottes car ces dernières servaient bien souvent de nez aux braves hommes de glace. Un beau gâchis pour les adultes, et cela se comprenait : avec la météo, personne ne savait si les récoltes actuelles allaient survivre, et une pénurie de fruits et légumes n'était pas à exclure, loin de là.
Affamer une population était le meilleur moyen de l'affaiblir, et Link ne put s'empêcher de se faire la réflexion que c'était sûrement là un coup des démons pour que leur prochaine attaque sur la citadelle soit la plus efficace possible. Une théorie qu'il partagea aussitôt avec la Princesse Zelda dès qu'il fut revenu de la Tour du Jugement. Le voyage de retour avait d'ailleurs été plus pénible que l'aller, étant donné que la couche de neige s'était trouvé être plus épaisse et plus dense, ce qui était difficile pour Epona. Le jeune homme avait repassé la nuit dans la même auberge que la nuit précédente, en compagnie de Tobi et Lakka, avant de repartir au petit matin après avoir revêtu ses vêtements chauds. Il n'avait pu atteindre sa destination qu'en milieu d'après-midi, deux fois plus de temps qu'à l’aller, ce qui l'exaspéra : sa quête allait être ralentie si cela continuait, et le tout n'allait pas s'arranger, il en avait bien peur.
Il était parti depuis presque deux jours, mais la Princesse avait l'air aussi épuisée que lors de sa précédente visite. Elle avait de larges cernes sous les yeux qui avaient perdus de leur éclat, et le maquillage ne suffisait pas pour les masquer. Le sommeil devait lui faire défaut, à moins qu'elle ne veillât intentionnellement, ce qui devait être le cas, mais le jeune homme ne lui fit aucune réflexion. Il ne voulait pas la vexer et encore moins initier de dispute, cela aurait d'ailleurs été une grande première pour eux.
Ils s'étaient installés dans le salon habituel et ils avaient pris le thé comme à leur habitude. Link lui avait rapporté ce que lui avaient dit les Sages, à la virgule près.
« C'est bel et bien un démon qui provoque tout cela, en avait-elle conclut. Cela nous confirme donc que Vaati est la cause de nos maux.
— Peut-être, rectifia le Héros qui avait pourtant de moins en moins de doutes. Il faut que je rencontre cette voyante pour savoir où il se cache et ainsi régler ce problème au plus vite.
— Je te fais confiance », avait alors soufflé son interlocutrice.
Elle avait alors empoigné sa tasse pour boire, et son invité l'avait imité, rien que pour obtenir un peu de chaleur au creux de ses mains. C'est qu'il ne faisait pas très chaud dans le château même, bien que l'intégralité des âtres abritaient déjà de volumineux feux de cheminée. Au gré des minutes, la discussion avait dérivé.
« J'ai fait vérifier les pays voisins, avait déclaré Zelda. Bien heureusement, il n'y a qu'Hyrule qui est touché par cet hiver estival.
— C'est étrange…
— Il faut y remédier au plus vite. Nous sommes déjà considérés comme des êtres à part parce que nous manions la magie, mais si jamais cet hiver s'étend aux autres pays, ils risquent de nous déclarer la guerre !
— N'est-ce pas exagéré, Princesse ? avait commenté Link en s'adossant à son siège.
— Te faut-il une excuse supplémentaire pour éliminer ce qui te semble être une menace ? »
Le Héros avait secoué la tête, incapable de répondre. Simplement parce que c'était vrai. Ils avaient ensuite continué leur discussion, établissant encore diverses théories sur l'origine de cet hiver, mais la plus plausible restait celle qui incluait Vaati et ses tendances farfelues à vouloir provoquer des tempêtes à tout va. Ils ne s'étaient pas étendus plus sur le sujet, et c'était avec empressement et inquiétude que Link et Zelda s'étaient quittés, si bien que cette dernière en oublia leur traditionnel baiser. Pour rien au monde il n’aurait osé l'avouer, mais le Héros avait ressenti une grande déception l'envahir quand il vit la jeune femme s'éloigner sans qu'elle l'eût embrassé. Ah, l'amour !
Le jeune homme, en sortant du château, s'était hâté de retrouver cette voyante, et ce avant d'aller rendre visite à Telma. Cette dernière serait plus heureuse si jamais elle avait plus de détails croustillants, bien que, pour le moment, il n'en possédât pas beaucoup, voire même pas du tout. Et puis, il saurait sûrement où aller par la suite, alors peut-être pourrait-il grappiller quelques provisions à la tavernière au lieu de se rendre au marché continuellement bondé.
Trouver la demeure de ladite voyante ne fut pas très compliqué : des quelques personnes à qui il demanda s'ils la connaissaient, il n'eut que des regards apeurés et une direction pointée à la va-vite. Et avant que le bretteur ne prononce un seul remerciement, la personne avait déjà disparu au coin d'une rue. Après plusieurs fuyards, il atterrit dans un coin reculé de la citadelle, dans un joli petit jardin fleuri et enneigé où était montée une tente sombre, décorée de motifs pour le moins effrayants. Deux piques étaient plantées devant l'entrée, avec à leur bout des crânes d'animaux, alors que pendaient juste au-dessus des carillons d'ossements et de choses séchées non identifiées. Mais au vu des mouches qui voletaient autour, ce devait être des organes d'animaux. Ne s'attardant pas sur ces détails, Link s'était avancé et avait pénétré dans la tente, écartant le voile de l'entrée.
Et c'est comme cela qu'il s'était retrouvé devant la fameuse voyante, qui l'observait, amusée, après lui avoir explicitement demandé s'il aimait quelqu'un. Elle semblait d'ailleurs contente de son petit effet, car elle se redressa sur son siège et s'accouda dessus, continuant de fixer le nouveau venu avec un large sourire.
« Prenez place, Héros. Je vous attendais. »
Méfiant – qui ne le serait pas ? – le jeune homme s'avança et s'assit dans le siège qui faisait face à la mystérieuse femme. Il prit soin, au passage, de détailler l'intérieur de la tente : elle était d'une rare simplicité. En observant l'extérieur, on aurait eu du mal à croire que l'intérieur fût aussi bien rangé : quelques tables et commodes s'alignaient, avec des boîtes posées dessus, sans plus, rien d'autre ne traînait. Un petit poêle chauffait l'intérieur, et le sol était recouvert d'un épais tapis coloré aux mêmes motifs que ceux de la tente. Et puis, un table, entre la voyante et Link, avec une boule de cristal posée dessus, et des pentacles gravés dessus. Classique. Il n'y avait pas de lit. Le bretteur en déduit qu'elle devait avoir un autre endroit pour dormir autre que cette tente. Peut-être la petite maisonnette derrière. Quant à la femme qui lui faisait face, le jeune homme lui donnait moins d'une quarantaine d'années, mais les couches de maquillage qu'elle portait semblaient indiquer qu'elle en faisait beaucoup plus. Un épais châle noir était posé sur ses épaules dénudées, et l'une de ses mains habillée de vernis violet tapait patiemment sur le rebord de l'accoudoir, tandis que ses yeux de corbeau scrutaient avec curiosité son nouveau client. Un regard qui le mettait d'ailleurs mal à l'aise.
N'ayant aucunement l'intention de s'attarder, Link prit la parole le premier, devançant la femme qui gardait le silence. Mais, elle devait s'y attendre, déduit-il.
« Vous savez pourquoi je suis ici, dit-il sans tourner autour du pot.
— Bien entendu, je serais une bien piètre voyante sinon, répondit-elle en souriant de plus belle. Qui aimez-vous, Héros ? »
Ce dernier garda le silence quelques secondes. Il savait ce qu'elle tentait de faire, aussi décida-t-il de ne pas entrer dans son petit jeu et il se focalisa uniquement sur ce qu'il était venu demander.
« Où se trouve Vaati ? demanda de but en blanc le jeune homme en ignorant la question de la femme.
— Est-ce la princesse ? continua la voyante, insouciante. Elle est belle, j'en conviens, qui ne tomberait pas sous son charme ?
— Vaati ne se trouve pas dans les cieux d'après les Sages.
— Pourquoi n'avez-vous pas avoué vos sentiments, le courage vous ferait-il défaut ?
— Il faut donc chercher sur terre, mais je ne sais où commencer, d'où le but de ma visite.
— Vous avez peur d'être roi et de ne plus pouvoir voyager à votre guise. Donc vous attendez, mais vous avez néanmoins peur d'arriver trop tard.
— Va-t-on jouer à ce petit jeu le restant de la journée ? »
Un rire. Un froncement de sourcils. Cela n'allait pas être facile de lui tirer les vers du nez. Surtout quand son interlocutrice prenait un malin plaisir à lui torturer l'esprit en ne répondant pas à ses questions et en appuyant fort là où ça faisait mal. Mais peut-être était-ce là le rôle des voyantes : ramener à la surface ce qui faisait le plus mal et le balancer à la figure des gens. Survivaient-elles réellement en exerçant ce métier ? Il y avait tellement de gens crédules à Hyrule, cela ne l'étonnait guère.
« Vaati, reprit Link en retenant un soupir agacé.
— Vaati est un être insaisissable, coupa abruptement la voyante en se redressant. C'est un démon né il y a un peu moins d'un millénaire de cela. Il a vu les débuts de Ganondorf, a même servi ses desseins et a survécu jusqu'à notre époque. Crois-tu qu'il est aisé de l'attraper alors que des générations entières se sont échinées à essayer de le capturer, sans succès ? Ce n'est pas le Mage du Vent pour rien !
— Là n'est pas ma question…
— Je le sais bien, je voulais juste m'assurer que tu savais à qui tu avais affaire, jeune insouciant. Concernant sa localisation, rends-toi au village qui se trouve au pied des ruines d'Acaldi. Les habitants ont reçu la visite de ce démon il y a peu, ils seront plus prompts à te répondre. »
Finalement, elle avait craché le morceau assez vite. Ce qui était d'ailleurs assez étrange. Avait-elle abandonné l'idée de lui faire avouer ses sentiments ? Ça l'aurait beaucoup étonné. Peut-être attendait-elle autre chose. Sûrement, étant donné qu'elle continuait de le fixer sans ciller. Cela en devenait presque gênant.
« Je suppose que je dois payer cette séance, soupira-t-il après quelques minutes d'un lourd silence.
— Bien sûr que non, vous n'avez rien à payer, lui répondit-elle en agitant une main. Je vous aide dans mon propre intérêt, ma tente n'est pas adaptée à l'hiver et le bois commence à manquer. Je pense passer les prochains jours chez Telma, si vous voyez ce que je veux dire. Je veux juste que vous répondiez à une seule et unique question.
— Laquelle ? »
La voyante se redressa et s'accouda sur sa table, croisant les mains et fixant le Héros avec un regard lourd de sens.
« L'aimez-vous ? »
Link garda le silence. Sans un mot, il se leva de son siège, rajusta sa tunique et tourna le dos à la femme qui continuait de l'observait, imperturbable. Arrivé au seuil de la tente, alors que l'air frais se faisait sentir sur son visage, il s'arrêta quelques instants, pour lâcher un simple mot.
« Oui. »
Il n'eut pas besoin de se retourner pour savoir que la voyante affichait un grand sourire ravi, et il sortit sans rien ajouter de plus. Il en avait déjà bien trop dit.
La voyante avait eu le mérite d'être installée à la citadelle, sa visite avait été courte mais il n'avait pas besoin de refaire un voyage juste après comme pour les Sages. Sachant enfin où se diriger, le Héros fit halte à la taverne pour raconter ses dernières trouvailles à la commère du coin. Une bouffée de chaleur l'accueillit lorsqu'il poussa la porte de sa destination, et il eut la surprise de constater que, non seulement il faisait bien chaud, mais en plus l'endroit était bondé. Bien heureusement, la tavernière devait l'attendre car sa place habituelle était libre. Il s'y dirigea sans concession, après avoir brièvement salué tout le monde.
« Il fait bon ici, s'étonna Link en s'asseyant au bar.
— C'est parce que j'ai changé les tarifs, expliqua Telma. La boisson à moitié prix si on me ramène une bûche à mettre dans l'âtre. Et la boisson offerte s’il y en a deux.
— Décidemment, tu as le sens des affaires ! s'esclaffa le jeune homme, impressionné.
— Il le faut bien si je veux garder mon décolleté », rétorqua-t-elle en lui faisant un clin d'oeil lourd de sous-entendus.
Le Héros éclata de rire et accepta la chope que lui tendit son amie. Cette dernière réclama aussitôt le résumé de ses aventures, ce que le jeune homme lui conta sans faire d'histoire.
« Les ruines d'Acaldi, ça te dit quelque chose ? demanda finalement Link à la fin de son récit.
— Attends... oui, c'est un ancien temple au sud-ouest d'ici, si mes souvenirs sont bons. Il a été creusé au pied d'une colline, mais il est à présent abandonné et à moitié détruit. Tu cherches à te rendre là-bas ?
— D'après la voyante, Vaati aurait attaqué ce village récemment, lui apprit le Héros.
— C'est bien les démons ça, renifla Telma. Attaquer les villages reculés et se repaître du malheur de leurs habitants. »
Le jeune bretteur passa la soirée à écouter la tavernière insulter les démons et les maudire tout en continuant à servir ses clients. Quelques uns de ses derniers la rejoignirent et, ensemble, ils débattirent sur la place que les démons avaient dans ce monde, leur impact, de comment la vie serait sans eux. Link tint deux heures avant de décider qu'il était temps pour lui d'aller se reposer. Telma lui prêta volontiers une chambre dans laquelle il passa la nuit avant de repartir le lendemain matin en direction dudit village, avec son petit panier de provisions sous le bras.
Il avait encore neigé cette nuit-là, et d'épaisses couches de verglas étaient dissimulées sous la neige, ce qui rendit le voyage plus difficile encore. Le village se trouvait au sud-ouest de la citadelle, au fin fond de la forêt de Firone, au nord du village de Toal, dans les hauteurs. Dire que l'ascension fut un vrai parcours du combattant était un bel euphémisme : Epona avait même arrêté d'avancer à un moment, et avait refusé de continuer. Il avait fallu que Link la soudoie avec de l'avoine avant qu'elle ne décide de reprendre la route, à contrecœur. L'air était glacial, et le Héros ne sentait plus du tout ses extrémités quand il atteignit enfin le fameux village, en fin de journée. Affamé, fatigué, c'est avec soulagement qu'il distingua les maisons au loin, une lumière faiblarde s'échappant des fenêtres. Et apparemment, il fut également très vite remarqué : un vieil homme sortit brusquement de l'une des bâtisses, un gros manteau sur les épaules, des bottes en fourrure et un bonnet sur son crâne sûrement dégarni, et son visage d'où pointait une barbe de quelques jours affichait un grand sourire.
« Messire, messire ! », appela le vieillard en courant vers lui.
Ou, en tout cas, il essayait de courir. Avec la couche de neige qu'il y avait, il ressemblait plus à un moblin ayant des problèmes d'incontinence et essayant difficilement de marcher plutôt qu'à un simple Hylien.
« Nous n'espérions plus d'aide, avoua le vieil homme après être arrivé à sa hauteur. L'hiver est revenu d'un coup et... et les villageois ont peur, messire.
— Je sais, la situation est pareille dans tout le royaume, répondit Link en descendant de son cheval.
— Je vois... Mais allons, rentrons nous mettre au chaud, avez-vous faim ? Venez, votre cheval doit être épuisé aussi, avec toute cette neige. »
Le jeune homme sourit et flatta l'encolure de sa monture qui hennit en secouant sa crinière couverte de neige. Ensemble, il se dirigèrent vers une imposante bâtisse d'où s'échappait de la cheminée une fumée blanchâtre et de merveilleuses odeurs de nourriture. Et au fur et à mesure qu'il avançait, le Héros pouvait distinguer des chants paillards et de vives conversations. Il en déduit que cet endroit devait être l'auberge du village, et que tout le monde s'y réunissait pour échanger de vieilles anecdotes ou leur trouvaille du jour. Et étant donné que le jour commençait à décliner, il devait y avoir pas mal de monde.
Ils arrivèrent au seuil d'une écurie qui se trouvait à côté de l'auberge. Un enfant d'une dizaine d'année surgit brusquement d'un des box et s'empressa de s'occuper d'Epona, qui le suivit sans ronchonner. Elle devait être contente que l'on se soucie enfin d'elle avec, à côté, un joli petit tas de foin. Link la vit s'ébrouer en poussant un petit hennissement ravi avant qu'elle ne disparaisse de son champ de vision. Rassuré que sa monture fût entre de bonnes mains, il reprit la route avec son guide.
« Je m'appelle Isaac, dit le vieillard en tendant la main au jeune homme. Je ne suis pas le doyen du village, mais je suis celui qui en prend soin, on va dire.
— Enchanté ! répondit le nouveau venu en lui serrant la main. Je m'appelle Link.
— Link ? Link comme... le Héros Link ? »
Ce dernier hocha la tête. La stupeur se lut sur les traits de son compagnon, et il y eut quelques secondes de flottement avant que le vieil homme ne reprenne ses esprits.
« Je ne pensais jamais vous rencontrer ! se réjouit-il. Le Héros d'Hyrule dans notre petit village, qui l'aurait cru ?
— Je ne viens malheureusement pas faire du tourisme.
— Je m'en doute. Entrez, il fait bon à l'intérieur. »
Ce fut avec joie que le bretteur s'exécuta, content de retrouver un peu de chaleur après cette longue journée de voyage dans le froid glacial. Son entrée fut d'ailleurs très remarquée, car les discussions cessèrent brusquement et ne reprirent que quelques secondes plus tard, en murmurant. Ils ne devaient pas avoir l'habitude de recevoir du monde, et encore moins quand l'hiver sévissait dehors. Faisant abstraction de tous ces regards posés sur lui, Link suivit le vieil homme vers une table au fond, à l’écart de toute oreille indiscrète. Ils furent aussitôt rejoints par une jeune femme rousse, à la robe marron et au tablier blanc taché, tenant entre ses mains un plateau. L'air ravi qu'elle aborda en regardant le jeune homme laissait fort à penser qu'elle appréciait la vue.
« Cheveux d'or, yeux bleus, et une tunique verte ? On raconte que le Héros d'Hyrule ressemble à ça, chantonna la serveuse en le détaillant de haut en bas.
— Il paraît, répondit Link en lui rendant le sourire qu'elle affichait.
— Il paraît aussi que les Dieux eux-mêmes jalousent sa beauté et qu'il met toutes les femmes à ses pieds, rajouta-t-elle en dévoilant une rangée de dents blanches.
— Cynbel, cesse ! réprimanda Isaac. Un peu plus de respect envers le sauveur d'Hyrule ! »
La jeune femme laissa son bras en suspend et continua de fixer Link, une expression pour le moins surprise plaquée sur le visage. De toute évidence, elle ne s'attendait pas du tout à avoir affaire au véritable Héros.
« Il n'y a pas de mal, rassura le bretteur en prenant place à une table.
— Cynbel, apporte un peu de ragoût, veux-tu ! demanda le vieil homme en s'asseyant à une chaise lui aussi. Veuillez excuser ma nièce, elle est un peu maladroite.
— Je vous l'ai dit, ça ne fait rien, répéta le Héros alors que ladite nièce s'éloignait en rougissant.
— Votre visite n'a rien d'opportune, n'est-ce pas ? continua son vis-à-vis en retirant son bonnet et ses gants. Que puis-je faire pour vous, Héros ?
— J'ai ouï dire que vous aviez essuyé une attaque de démon, récemment. Est-ce que par hasard il... »
Il ne continua pas sa phrase. L'expression soudainement confuse de son interlocuteur lui laissait deviner qu'il y avait un problème quelque part. Et ce fut le cas, à son grand dam.
« Mais, messire, il n'y a eu aucune attaque, pas depuis des années en tout cas. »
Link en tomba des nues. La voyante s'était trompée, Vaati n'était pas passé par ici. La seule piste qu'il possédait venait de s'envoler. Pourquoi avait-il autant de malchance ? Plus l'hiver avançait, plus il avait du mal à progresser et il avait la peur perpétuelle de ne pas être assez rapide pour stopper la personne responsable de ces événements. Et plus le temps passait, plus cette peur grandissait. Comme avec Zelda.
Cynbel revint avec un bol de ragoût et du pain frais quelques instants plus tard, et cette dernière ne put s'empêcher de remarquer l'air abattu qu'affichait le Héros. Et il y avait de quoi. Trois jours que sa quête avait commencé, et il était toujours au point de départ. Il y avait de quoi déprimer. Peut-être s'était-il trompé de village, qu'il s'était perdu dans la forêt, mais il écarta bien vite cette hypothèse. Il n'y avait qu'un seul village au pied de ruines, et c'était celui-ci, Telma ne se trompait jamais. Il retint de justesse un long soupir las et jeta un oeil au repas qu'on venait de lui apporter. Mais son appétit s'était éteint, et ne reviendrait pas de sitôt.
« Néanmoins, reprit soudain le vieil Isaac, certains villageois affirment avoir vu un démon près des ruines de l'ancien temple, à quelques lieues d'ici, avec de longs cheveux argentés, presque violacés. Serait-ce lui le démon que vous recherchez ? »
Une étincelle d'espoir s'alluma brusquement au fond du regard du jeune Héros. Il fit très vite le rapprochement entre ledit démon aux cheveux violacés et Vaati, et il se dit que, finalement, la voyante n'avait pas eu totalement tord. Elle avait eu au moins le mérite de le mettre sur sa piste. C'était un bon début en tout cas. Meilleur que quelques minutes auparavant.
Il fallait qu'il se repose et reprenne le plus de forces possible cette nuit-là, car le lendemain serait une grosse journée. Il avait des ruines à visiter.
Gros bisous !
Cap:
--- Citation de: Krystal le jeudi 14 août 2014, 17:21:52 ---Comme l'inspiration a du mal à venir pour la partie de la semaine passée, je poste la troisième partie, en espérant que ça me vienne un peu.
C'est la faute au Concours de Cap, j'en suis sûre ça. :h: Bref, j'vais jouer à Pokémon en attendant. Na.
--- Fin de citation ---
Je plaide non coupable :h:
Et gaf à toi, la pénalité de retard te guette. Et elle va être belle vu le retard actuel :astro:
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