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K. ~ Partir et autres expériences.

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HamsterNihiliste:
Le dernier chapitre de Thanatos, mon ami. Court. L'auteur parle. Le paradoxe se questionne. L'écriture se rebelle même si elle ne le fait pas. Je laisse une petite attente quelques jours avant l'épilogue, lisez quoi, pourquoi, comment, quand, où vous voulez.

*
Chapitre 42 : 47

Aube du Quatrième Jour.

-J’suis réveillé dans une mare d’oubli et de débauche, mon haleine sent l’absurde, mon corps est recouvert de folie. J’sais plus ce qu’il s’est passé depuis que l’auteur a écrit le dernier chapitre de l’autre bouquin.
Je ne réponds pas mais ne fais pas qu’endurer pour autant. Après tout.
-Après ! Comment ça, après ? Le temps n’existe pas, as-tu dit ! continue le Link plus ou moins normal.
Un silence ne se fait pas entendre, mais c’est normal, parce qu’un silence, ça ne s’entend pas.
-Mais qu’est ce qu’il fait ? Qu’est ce qu’il fait le narrateur ! s’insurge la schizophrénie.
-Non, on écrit une question avec un point d’interrogation, s’insurge-t-il doublement en jouant mon rôle.
-Ah oui, c’est vrai ?

Ils sont amusants. Mais chut, ne leur parlons pas. Qu’est ce qu’ils peuvent bien se débrouiller tout seul ?

-On était quoi ? Dans un temple ?
-Oui en effet, je crois.
-Pour aller sauver la princesse qui est gentille ?
-Oui en effet, je crois.
-D’un Boss final qui est méchant ?
-Oui en effet.
-Avec nous en tant que protagonistes qui est schizophrène - et il n’y a pas de faute de frappe ?
-Oui en effet.
-Sans un auteur qui est absent ?
-Oui.

Un autre silence ne se fit pas entendre parce que je l’ai déjà dit.

-Tu as oublié quelque chose dans ta phrase, dit-il habitué à ce que la schizophrénie réponde toujours Oui en effet, je crois.

Sur ce il nous faut continuer, alors continuons, je dirais même plus, finissons.
-Fini, c’est fini, ça va fini, ça va peut-être finir.
-Woh l’autre, on a compris l’influence beckettienne dans cette pseudo-écriture.
-Alors avançons. Regarde. Il y a un chemin en face.
Alors ils empruntent le chemin qu’il y a en face.

Ils ouvrent la porte, les voilà en lumière. Je referme la porte. Les voilà.

Bonsoir. Je ne me présenterai ni comme un méchant ni comme n’importe quelle autre entité. Je suis un Boss final, si je veux. Je ne suis que l’auteur.
Mes personnages sont époustouflés.
-Tout ça pour être suivis par la bipolarité d’un auteur qui ne faisait qu’être paradoxal ?
À peu près. Si vous le dîtes.
-Mais.
-Que fais-tu là ?
Qu’est ce que je fais là. J’écris. Seulement. Suis-je un méchant. Peut-être. J’ai choisi que ma liberté fasse de vous des schizophrènes absurdes, qu’elle fasse de moi un paradoxe névrosé, qu’elle fasse de la littérature un produit produit en masse que l’on bouffe avec la bêtise humaine.
Et alors. Je l’ai choisi. Je ne l’ai pas aimé. Maintenant, je peux très bien dire que vous avez effectué une quête pour la liberté. Je vous ai écrits. Je peux très bien faire en sorte que vous vous rebelliez. Vous êtes des œuvres littéraires. L’Écriture elle-même est venue prôner sa toute-puissance, alors, qu’attendez-vous. Je suis un connard, je vous ai tués, j’ai tué l’Écriture.
-Mais je peux me révolter ! Je suis fait de lettres ! Et les lettres, qu’est-ce que c’est ? Ton ego ne nous as t-il pas formaté en prônant et prouvant que toute œuvre est toute puissante ?
Tout œuvre, si. Tout art, si. Toutes lettres, si. J’aurais en effet pu réfléchir, au lieu d’imaginer, une toute autre réflexion, au lieu d’une pseudo-histoire spontanée. Pourquoi ? Parce que je suis libre. Vous auriez pu vous rebeller. Vous êtes faits de lettres ; vous aussi. Alors pourquoi ? Pourquoi ?

-Paradoxe.

Paradoxe.

Avant que Thanatos ne réponde, laissez-moi dire que même le paradoxe n’a pas de sens. Vous étiez une écriture pure. Brute. Seule. Sans liberté. Voilà tout. Tandis que d’autres étaient les deux. L’écriture sans la liberté, elle est comme Éros sans Thanatos, comme l’amour sans la haine, comme le givre sans le feu, comme la pluie sans le soleil, comme vous sans moi. Je vous ai écrits, je me suis écrit. Soit.

-La vie est donc absurde, déclare sa schizophrénie.
Lui ne dit rien.

Je les tue.

*

HamsterNihiliste:
Je conclus donc Thanatos, mon ami qui aura occupé une page entière, par cet épilogue infime mais infini qui ne fait pas que croire avoir un sens. C'est alors en cette date que soit l'hiver est fini, soit l'été commence.

Avec le plaisir d'avoir écrit, si l'on peut encore l'appeler écriture, cette deuxième fiction parallèle à Misanthropie, mon Amour., et de la partager avec ceux qui le veulent bien.

*
Chapitre K. : Le sens de la vie ?

Puis il se réveilla.

“ La vie ne serait-elle qu’un songe ? “ déclara-t-il. “ Je n’en ai qu’une mémoire floue, comme l’infinie masse des songes sans lesquels nous ne serions rien.
Autant continuer à rêver. Morphée, ma vie, envole-moi. “



Il était une fois, au numéro douze de la rue du Moineau qui chante, au quatrième étage, au fond du couloir à gauche, deuxième carreau en partant de l’Est, le trois avril mille neuf cent cinquante-cinq pour être précis, un petit écureuil qui fabriquait des mouchoirs de couleur rose pour ma soeur qui n’hésitait r’a peute. C’est dans un univers qui n’a absolument rien à voir que prend place une histoire qui n’a absolument rien à voir.

*

John Craft:
Ton texte est clairement une expérience personnelle.
Il est un exercice de te jeter sur un papier et écrire et écrire et essayer de mettre plein de trucs qui t'amusent ou te plaisent, mais, surtout, qui te passent par la tête d'un seul coup. C'est une expérience très intéressante et nourrissante.
Un détail : même si certaines fautes passent pour voulues -pour des blagues ou jeux de mots-, certaines sont juste des fautes, pense à te relire ^^
Sinon, tu sais jouer avec les allitérations, les sonorités, les sens, etc, etc. Tu t'en sors très bien.
Ton texte est souvent confus, mais ça va dans le sens du récit, donc ça ne dérange qu'à peine.
Cependant, le principal défaut, c'est que tu vas un peu nulle part. Tellement nulle part que je ne vois même pas pourquoi tu arrêtes : c'est le genre de choses que tu pourrais continuer à profusion, dès que tu en as envie tu reprends Link et sa schizo et hop tu repas.
C'est un texte plus pour toi que pour les gens à qui tu le montres; c'est très intéressant à lire, mais c'est surtout toi qui en tires quelque chose.
J'ai bien aimé le lire, donc; mais parce que j'ai eu envie de voir ce que tu réservais.
Donc le prochain texte que je dois lire de toi, c'est un plus narratif. Un qui veut raconter quelque chose, pas juste montrer quelque chose ^^

HamsterNihiliste:
Nouvelle d'été, le plus sobrement du monde intitulée. Je parle de nouvelle d'été car je l'ai écrite durant ce temps, mais ce n'est pas le genre de Mémoires d'un pot ou Ne rougis pas qui respirent le soleil et l'herbe verte. C'est un monologue. C'est tout, celui d'un fou qui regrette. Soit. Moi-même ça m'a fait peur, c'est pour cela que je pense pouvoir affirmer en m'autodescendant : Ça ne vous plaira pas. Je précise également, c'est la première nouvelle que j'ai écrite à l'aide d'un brouillon plus détaillé et consistant, c'est pourquoi j'ai préféré m'essayer au monologue pour être le moins contraint par une autre forme. Mais puisque c'est l'été.

*
•L'été
Tout est terminé. La glace a cassé. Je ne garde plus aucune trace de givre ou d’amour de la haine envers toi et moi. Je t’aimais l’été, je te haïssais l’hiver, je réussissais à ne te nommer qu’à la troisième personne. J’aimais la haïr plus que la haine ne le peut, j’aimerais la haïr à m’en crever les veines. Mais terminé le temps où leur givre craquait. J’ai perdu l’ardeur de te haïr, j’ai perdu la raison de t’exclure de mes heures. Je ne garde plus de raison de souffrir. Je regrette peut-être l’hiver qui me nourrissait, je regrette peut-être quelque chose que je ne connais pas, ou que je n’ai pas connu. Il peut peut-être être fier d’avoir vécu une fin si monotone. Pas de doute, l’hiver est éteint.

Le rire m’a arraché à la haine, le cœur au désespoir. Je semble vide. Je continue peut-être à me battre pour ceux qui chassent la lumière et qui vivent heureux un éternel hiver, pour ceux qui ne croient ni au bonheur, ni à l’été, et qui n’ont jamais cru à n’importe quelle autre illusion. Mais peu importe le passé, j’oublie. Oublier, voici ma fin si je reste accroché. Suis-je passé du Cocyte à Léthé ? Il semblerait réellement. Pourtant, l’été, ça semble agréable, plus près d’une chaleur accablante et d’une mer à la liberté perdue. Les autres qui vivent en été ont trouvé un bonheur, c’est merveilleux, ça brille, c’est magnifique, c’est merveilleux, j’ai trouvé le bonheur !
C’est ironique. Je ne veux pas trouver le bonheur. Je veux le chercher. Si je le trouve, qu’est ce que j’aurai à faire d’autre que de jouir de la fin de ma recherche, pour pouvoir enfin crever la bouche ouverte arborant la mine réjouie du crétin satisfait ?
Mais puisqu’il faut vivre, alors soit. Pas de doute, c’est l’été.

Je ne sais déjà plus ce que je dis. J’ai perdu des raisons, ai-je perdu la raison ? J’en ai peur. Mais la peur, mais le passé, mais la haine, mais peu importe. Puisque la montagne est belle, puisqu’ils disent que ça brille, que voilà l’idéal. Est-ce que profiter du soleil a déjà tué quelqu’un ? Est-ce qu’écouter les Beatles dans son hamac en voulant repartir dès que le vent soufflera a déjà rendu fou ? Est-ce que jouer trois accords de guitare pour balancer les bras le soir autour du feu est anormal ? Non. Bien sûr que non. Voilà que je regrette de ne pas avoir voulu être normal. Ça viendra peut-être, ça ne viendra peut-être pas. Il faut fatalement croire qu’il y a des choses qui sont soumises au hasard et d’autres qui ne le sont pas. Il y a des gens qui aiment et d’autres qui n’aiment pas. Soit.

Je fais partie des gens qui n’aiment pas. Mon cœur a appris a dormir dans un hiver aussi froid que les champs du Norfendre. J’ai peur qu’il se réveille. J’ai peur de regretter. Mais puisqu’on finit tous par regretter, alors soit. Il paraît que je subis un amour. Subir, aimer, ça semble équivalent pour ce que ça veut dire. L’expérience m’a appris à assassiner l’amour, l’espoir, le soleil, et toutes ces conneries-là. Je ne suis pas fait pour être amoureux. J’ai cru l’être. Mais maintenant je sais que je ne le suis pas. Je sais que je finirai seul brûlé par mon paradoxe à force de penser, et que je serai le seul à le savoir. C’est évident. Mais puisqu’elle me veut, je ne fais que lui faire croire que j’aime. C’est terrible.

Peut-être que cet amour veut me persuader ou me convaincre de réveiller mon cœur. Puisque ça semble agréable. Puisque des fous ont creusé la terre jusqu’après leur mort, détruire leur art serait trop regretter. Puisque des fous ont eu la volonté de brûler à s’en écarteler, serais-je aussi fou qu’eux pour regretter autant ? Je regrette. J’ai toujours regretté. Je regretterai encore. Je sais bien que ma vie, c’est écrire des textes qui finiront par me rendre fou, c’est écouter seul Jacques Brel l’hiver en pensant finir. Mais je ne regretterai pas plus en m’émerveillant devant des gens qui savent vivre l’été. Ce qu’ils étaient, je n’en sais rien, ce qu’ils seront, je n’en sais pas plus, mais ce que j’en sais, c’est qu’ils sont. Mais puisque je serais prêt à aimer pour ne pas regretter, alors soit.

Soit. Je vais perdre à être lié à un affectif. Je vais peut-être y gagner, mais puisqu’il faut finir, alors soit. On parle. Je ne suis pas fou, je n’ai rien fait pour qu’on me déteste, je ne suis pas un assassin. C’est vrai. Je suis un homme, c’est tout. Et même si je suis fou, même si je serai assassin, je suis aimé, maintenant. Elle comprend peut-être ma vie, je lui relate peut-être la mienne, on s’émerveille l’un l’autre, sans les mêmes raisons, mais qu’importe ; l’amour demande-t-il une raison ?

Je n’ai pas de raison d’être haï, j’ai des raisons d’être aimé. Soit. Mais qu’importe, je ne garde plus aucune place au doute. L’expérience s’alliera à l’oubli. L’expérience, mère de l’avenir, l’avenir, père du hasard. L’expérience de s’allonger dans l’herbe chaude, de glaner le bonheur dans le temps venu des blés, de se tenir la main pour éviter l’orage, de boire de la manzana glacée en écoutant Renaud, de trouver une réponse et de courir jusqu’à la fin du monde. Juste nous. Toi et moi. Oublier. Un instant. Juste un instant. Un instant seulement.

C’est l’été.

*
Oui, c'est court. On n'aurait pas dit comme ça. Puis ça dépoussière ma bibliothèque. Puis vous connaissez déjà le nihilisme qui est le mien avec la peur du mort pour dernier terrain vague, j'ai juste besoin parfois. Parfois.

Suijirest:
Pas mal. ;)

J'y vois une large part autobiographique, mais c'est intéressant quand même. :)

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