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K. ~ Partir et autres expériences.

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HamsterNihiliste:
Bonsoir !

Voici, en cet hiver tant attendu, avant de commencer mon projet Memento Mori, Memento Vivere. - remerciements à Wolf pour les droits d'auteur sur la signature - la première partie d'une nouvelle qui date déjà. Je l'ai commencée à la fin de l'été, je n'y ai pas touché pandant une certaine période, alors, de peur qu'elle stagne, je livre une première partie. C'est une longue nouvelle, mais il s'agit de quelque chose de parfaitement légitime puisque sur un ton léger et parodique je parodie les codes de l'heroic-fantasy. L'on y trouvera donc des stéréotypes elfiques et emphatiquement héroïques, une princesse qui ne se fait même pas capturer, de la magie divine, des armes de mêlée gemmées, des distinctions de classe, ainsi qu'une liste non-exhaustive qui me remet en question par rapport à mon statut d'ex-joueur de WoW.

*
•Un peu de fantaisie
L’aube à la lueur des espérances fleuries aux matins pacifiques du royaume d’Yÿsœndrägr faufilait ses doigts fluets fascinant les paladins emplis de gloire et de justice pourfendant les ténèbres par leurs lames en adminium forgées dans la roche de cristaux de thorium, les mages dont les flamboiements mystiques contribuèrent aux victoires de la Quatrième Bataille de la Plaine des Artisans, les archers que la grâce aérienne et l’agilité imprévisible innée de leurs corps promulguaient au rang d’Élus dans la Guilde des Travailleurs de Plumes, les elfes de la Plaine qui usaient du mana hérité de la quatre cent-deuxième divinité du Vent mieux que personne, ainsi que les autres qui ne faisaient pas partie de l’Élite, à leur grand chagrin. Leur condition sur laquelle le Roi, les conseillers, les paladins appartenant à l’Élite de la Grâce mise en exergue par l’héroïsme que leur conféraient leurs gemmes de cristal, fermaient les yeux comme les avait fermés Ælexshärtrza la Reine Suprême de la flamboyante cité capitale d’Hyrle-Urllow pendant la fâcheuse posture du peuple humain, fut tant représentée par le Troisième Humain de la Providence dans le troisième cycle, chassé injustement de la cité, dont les derniers mots ornent encore le colossal portique d’or pourpre aux portes de la ville.

Ce fut au tour du mythique héros du royaume de lire l’inscription, s’avançant avec la solennité du Prince d’Agahür lorsqu’il parcourait la nef de la Cathédrale d’Arthanc s’inclinant sous la lueur de la paix d’antan.
Nous reviendrons. Nous reviendrons et nous serons des millions, lut-il.
C’est dingue, ça me rappelle quelque chose. Mais quoi ? entendit-on de la voix cristalline de Zödæ résonnant si souvent de son entière douceur sur l’autel du Temple elfique des Lunes Perdues.
Zödæ était une elfe de l’Azur née dans les derniers feux de la Guerre des Temps Immémoriaux. Ses cheveux blonds ne trouvant d’égal que dans son esprit triomphaient des cœurs de toutes les races humaines, elfiques, insurgées, hyalennes, mais jamais des nains ni des gnomes qui n’avaient dans leurs pics perdus pour seule compagnie que leur caleçon d’obsidienne et leur bière à la main. Princesse de la contrée lointaine d’Ælyn, elle brillait dans l’usage éthérien du mana conféré par les quatre cent-quatorze divinités en lesquelles elle croyait, ce qui n’était pas toujours réciproque.
Mais c’est pour le jeune glorieux héros Lynken que son cœur s’envola tel un rougeal phénixien brumeux parcourant la Plaine Azuréenne au crépuscule des déesses, il y a douze ans humains de cela. C’est en l’an 722, le deuxième jour de Solaris du calendrier humain, que Zödæ et Lynken scellèrent leur amour sous la bénédiction du soleil et des Lepidopteræ pourpre-argentés.

Lynken le descendant de la noble famille d’Atrëæ régnant depuis quatre cycles sur le royaume d’Yÿsœndrägr, était un homme, quoi qu’en puissent dire ses longs cheveux blonds, son rouge à lèvres et son Rimmel, qui lui valurent d’être maintes fois comparé au charisme sexuellement ambigu d’un elfe de sang de la contrée lointaine de Quel’Thalas, mi-elfe du Feu mi-humain. Maniant comme personne l’arc à flèche unique, technologie avancée recherchée durant trente-deux cycles d’années par le  peuple hyalenne contribuant à sa renommée mondiale, car personne n’était assez ridicule pour user d’une telle arme, Lynken était tout aussi fort pour s’enorgueillir d’avoir triomphé du mal par quarante-deux fois et pour prononcer des maximes vides de sens que l’écho chantait à travers l’éther mais que personne au monde ne comprenait.

Lynken accompagné de son arc solaire à flèche unique en hêtre incrusté de pyrite et de la main douce de son amante franchit les portes de la capitale. La magnificence des colossales sculptures du peuple humain ornant la solennelle entrée d’Hyrle-Urllow mettait à l’épreuve son sens de l’art et de la parole même.
- Waouh. C’est beau, dit-il afin de prononcer à juste titre de sa juste valeur une juste phrase vide de sens.
Mais enfin, Lynken, tu es déjà venu ici, lui souffla d’un ton aussi aimant que la douceur de la lune son éternelle amante.
Chut, lui murmura-t-il pour que le lecteur n’entende pas, c’est pour le quota de phrases débiles à remplir dans un roman d’heroic-fantasy. Maintenant, contente-toi d'acquiescer que mon ego puisse être satisfait, et avance avec moi sous les acclamations de la foule en délire qui n’attend que nous.
Oui, mon amour, ma vie. Après tout je suis une princesse blonde adjuvante du héros.

Et tandis qu’ils marchaient sur le ponton de pierre lisse blanche doublé du tapis pourpre réservé aux héros des Sept Royaumes, résonnaient des hurlements derrière les murs adossant la statue du Septième Commandeur de la Légion d’Argent.
Le Héros incarne notre seul espoir ! Le héspoir incarne notre seul eros !
Non, là, tu t’embrouilles, mec, entendit-on de la voix d’un second Garde de l’Élite.
L’Élite n’autorise que de droit exceptionnel de s’exprimer tel ce que vous dîtes.
Sans avoir fourni de traduction de ses paroles prononcées à l’instant, le Roi Suprême Daphn Wÿrnm Yensen II recouvert de sa cape en peau rare de loup blanc des Montagnes Septentrionales vendue à prix d’or brandit sa lame royale de diamant massif au pommeau de jade extraite de sa main des mines de la Gloria. L’ouïe du peuple résonnait du bruit du diamant tranchant la jonction dorsale de la tête et du corps, tandis que la tête désormais silencieuse d’un Garde de l’Élite poursuivait sa course jusqu’au trottoir de la cité.

Oh, une tête, s’aperçut Lynken.
À ces mots que personne n’entendit, le Roi accourut dans la direction de l’elfe du Feu triomphant, le postérieur face à la statue du Commandeur à genoux sur tapis.
Ô Grand Maître Vénéré Dont La Lueur Suprême S’Étend Par Delà La Lueur Du Firmament Divin, se prosterna le Roi lui-même.
Alors, déjà, tu me diras où t’as appris l’art de la lèche, et ensuite, quitte à continuer là-dedans à te ridiculiser devant nous-même, couche-toi à mes pieds et lèche-les, réagit un Lynken offusqué de la scène.
Non, non, quand même pas, y’a des limites, oh ! se releva Daphn Wÿrnm Yensen II le Roi Suprême de la flamboyante cité capitale d’Hyrle-Urllow en dépoussiérant sa tunique à torsades d’or et de lapis lazuli. Le Conseil de Garde de l’Élite a décidé la nécessité de votre intervention. Ainsi que celle de votre, hum, là, votre truc.
Regarde Lynken, il a besoin d’être ridiculisé et puni par nous-même, c’est-y pas mignon ? sourit Zödæ, offusquée mais prenant un malin plaisir à révéler grâce à sa puissance éthérienne le caleçon à fleur de sa Majesté Daphn Wÿrnm Yensen II.
Donc, vous avez besoin de nous pour quoi, au final ?
Le Mal a commencé à vouloir étendre son empire au loin des frontières des terres brumeuses d’Ysengnärkl.
Le peuple fut abasourdi au point que cinquante-trois pour cent de la population assistant autour à la cérémonie publique tomba en syncope.
Les frontières des terres brumeuses d’Ysengnärkl ? Mais c’est à cent deux géopades du royaume ! s’insurgea Lynken tout en précisant au lecteur ignorant que les géopades sont décidés comme étant des unités de mesure de cet univers incongru.
Certes, mais nous ne tenons plus à prendre de risques inconsidérés en laissant le Mal s’approcher trop près de nos terres et notre population, répliqua le Roi.
Mais il n’y a rien à plus de vingt-trois géopades d’ici dans la direction d’Ysengnärkl !
Soumettez vous au silence. Je suis le Roi de ce Royaume.
Cependant c’est toi qui étais à deux doigts de me lécher les pieds à l’instant à peine.
Certes. Mais, il n’empêche que vous deux êtes les héros de ces terres, élus par les divinités  pour chasser le Mal par votre puissance incommensurable. Vous obtiendrez donc notre reconnaissance éternelle si vous consentez à accomplir la quête qui vous est demandée.
Encore ?
Il faut croire, rajouta Zödæ. Qu’est ce qu’on fait ? On accepte ? Parce que ça fait quand même loin, on s’éloigne un peu de la quête principale, je pense.
Nom de la soixante-quatorzième divinité de l’Eau, tu penses ! s’écria Lynken. Hum. Trêve de sérieux. J’en ai un peu marre de toutes ces quêtes annexes. C’est quoi la récompense ?
15 000 XP, armure de pyrite royale, soutien-gorge orné, flèche unique de basalte, baguette de mana prézorkienne, 200 000 Rubis.
Ils s’émerveillèrent.
Nom de la quatre-vingtième divinité de l’Azur, ça c’est du stuff ! s’écria l’elfette.
Ah ça, ma petite dame, c’est pas des quêtes de lopettes ! •Accepter. •Refuser.

Lynken et Zödæ reprirent en main leur héroïsme et leurs armes, parés de leur meilleur équipement gemmé d’obsidienne et d’or pourpre, acceptèrent leur quarante-troisième quête et partirent en direction des plaines mortuaires, des horizons verdoyants, des océans marécageux jusqu’aux impénétrables terres oubliées d’Yÿsœndrärg desquelles personne n’était encore ressorti.
On va pas me faire savoir que je suis le seul héros qui peut triompher du Mal dans ce royaume de treize millions de justes paladins, de gentils elfes efféminés, de beaux humains blonds aux yeux blonds, de méchants orc-garous, de gobelins kaki maîtres dans l’art  de la copulation avec les trolls, de forgerons et joailliers émérites, ainsi que, tiens, le temps que je parle, nous sommes déjà arrivés.
Déjà ? s’étonna Zödæ qui n’avait subi les diatribes de cette ignominie que depuis le temps incroyablement long d’une minute.
Oui, mais, tu ne diras rien, j’ai speedhacké, de plus c’est une des incohérences de cet univers.

Le nom de la zone inconnue s’afficha en caractères gothiques ambrés : Le Bourbier de la Groupière, tandis que la carte se dénudait de son brouillard de guerre.

Mais ils pourraient pas nous sortir des noms de zones qui veuillent dire quelque chose, des fois ? s’insurgea Zödæ.
Tout a une origine. Les Tomes Elfiques de la Bibliothèque des Jours Incendiés transcrivent les derniers mots du Deuxième Humain de la Providence, qui, sombrant dans la folie au point de parler aux Gavials des Ombres, leur adressa ses mots dans son dernier souffle de haine envers la cité : « J’ai quitté le groupe hier. »
Mais, mais il a dit « le groupe hier », c’est masculin ! Le nom de la zone est féminin, ce n’est pas logique !
C’est une parodie d’heroic-fantasy, on a jamais dit que ça devait être logique.
Ah oui, je suis un femme, c’est vrai, se soumit-elle.

Et ils marchèrent, et ils marchèrent, au milieu des Crocodylæ blancs, des Hirudinés des sables, des Élémentaires  et des Nénuphars sporadiques, affrontant des dangers incommensurables, risquant jusqu’à leur vie et leur mort, mais triomphant toujours grâce au divin pouvoir de l’amour et surtout aux coups de flèche unique dans les membres des ennemis qui s’y offraient.

Et tandis qu’ils traçaient dans la fange leurs victoires héroïques, les forces noires du Mal  poursuivaient leur course en direction de la chute d’Yÿsœndragr. Désormais loin à trente géopades de leur terre natale qu’était les Quatre Premiers Royaumes régis par le pouvoir exécutif d’Hyrle-Urllow, les deux élus des déesses amoureux sous la lueur ardente des feux du crépuscule courraient jusqu’à rompre leur force vers l’horizon de la Mer de l’Eau saillante des âmes perdues.
Je commence vraiment à me demander si ça a un sens, haussa les épaules Zödæ.
Un quoi ? perdit certaines connexions de son organe cérébral Lynken.
Un sens, d’autant plus quand je vois à quelle sauce nos verbes introducteurs sont placés, se couvra-t-elle le front avec la paume de la main.
Un sens ? Mais qu’est-ce que c’est ?
Oh, je sais pas trop.
Est-ce que ça a un rapport avec l’Eau saillante des âmes perdues ? demanda-t-il afin de fuir ce sujet qui n’avait plus de rapport qu’avec une œuvre précédente dont on ne doit pas prononcer le nom. Je sais pas, ça ressemble à « océan ». Un peu.

Au fil de ces débats à l’immense portée métaphysique, l’énigmatique silhouette noire horrifique se dessinait à l’horizon, dépassant la vision de la mer au calme inébranlable dans sa force naturelle face à laquelle personne ne pouvait rien. Il marchait en direction de Lynken et Zödæ dans un rythme épique. Ils marchaient en direction du Mal dans un rythme épique.
Du Mal ? s’étonna Lynken à mi-chemin, à la nage sur l’Eau saillante des âmes perdues.
Non, on a dû mal lire. C’est théoriquement impossible que l’on croise le mal à mi-chemin au hasard, sans aucune armée ni solennité ; nous sommes les héros et il est le méchant, il périra par l’épée dans un cri héroïque médité de nous deux.

Ils avançaient chacun au rythme d’une musique épique nommée The Day Before The Fight Between the Good and the Evil. Ils se croisèrent, à la nage, parce que le Destin l’avait écrit ainsi.

Mais ils ne firent que se croiser. À peine trois décanes, ou si peu, plus tard, ils rebroussèrent chemin.
J’ai un mauvais pressentiment, frissonna Lynken.
Par les douze divinités de la Trinité, mon aura sent au loin les émanations maléfiques qui rendent notre royaume comme à feu et à sang, prédit Zödæ de sa voix sensuelle ayant si souvent déclamé les Hymnes de la Terre sur l’Autel d’Yÿsœndrägr.

L’aura des ténèbres prit les yeux de la belle elfe de l’Azur. Les pouvoirs célestes des fées et des déesses pénétrèrent l’épée divine du héros.

Ainsi, c’est vous ! Je vous attendais, Lynken et Zödæ, jeune héros de la prophétie, et jeune princesse destinée, je n’ai besoin plus que de vous pour ressusciter mon Maître !
Le Seigneur du Mal Incarné n’obtint point de réponse.
Offusquez-vous, par les esprits des Ténèbres Emprisonnées ! Je connais votre nom alors que je ne vous ai jamais vus !
C’est normal, c’est la magie, dégaina-t-elle sa Cime de Dévotion Crépusculaire au mana éthérienne.
Mais, vous voulez dire, que vous n’êtes pas un PNJ ?
Non, Lynken. Je suis ton père.

*
Les plans de la " deuxième partie " sont prêts depuis le début, j'ai choisi cette division uniquement pour aider au confort de la lecture et ne pas me prendre pour PdC. N'hésitez pas à commenter, à conseiller, ainsi qu'à jeter un œil sur ma première nouvelle du concours, Deus Sex, qui est déjà publiée mais que je posterai sur cette bibliothèque à la fin du concours.

Bonne lecture, à bientôt !

HamsterNihiliste:
Bonsoir !

En raison de la passion utilisée pour le Concours et évènements récents qui donnent à savoir que la littérature n'est pas morte (Ironie), le Concours littéraire est annulé. Ma déception en témoigne, mais cela me permet de poster officiellement mes deux textes, Deus Sex ainsi que Alpha & Omega, deuxième ne pouvant donner suite. Voici donc la nouvelle écrite pour le première thème, Enfance, demandant d'écrire à l'instar d'un enfant qui voyait une fin du monde imminente. L'originalité m'a valu un bon résultat pour ce premier tour, donc le thème laissait une libre interprétation. N'hésitez pas à aller voir la présentation de l'épreuve sur le topic du Concours ! Sachez que j'ai également voulu commencer une nouvelle pour les rattrapages ; je ne l'ai pas terminée, depuis la date limite je ne l'ai pas continuée, le texte m'intéressant moins. Elle restera peut-être inachevé, mais je la garde sous la main pour avoir un texte à compléter par la suite.

*
•Deus Sex
Il fait froid. Papa il dit que l’été est mort. J’aime bien l’été, plein de jours j’allais à la piscine, je jouais avec tous mes copains, je mangeais des glaces, parce que Maman elle aime m’acheter des glaces aux Smarties et moi j’aime les manger. Le jour de mon anniversaire, y’avait plein de copains à moi, et on a mangé presque que des glaces aux Smarties. Après on a joué dehors, parce qu’on était tout le temps dehors dans mon jardin, il faisait chaud mais on a trop rigolé. Mais Papa il dit que j’en aurais plus, des anniversaires comme ça. Papa il dit que tout va être détruit, que tout le monde va se casser la gueule et que ça sera bien fait. Des fois il crie tout seul ou contre Maman. Il crie que c’est pas la peine parce que tout va finir, que c’est pas la peine de gueuler, alors il crie contre Maman, parce que de toute façon c’est la fin du monde, que le monde il a qu’à crever à cause de la guerre, pris par les armes et les chars et plein de gros mots. Et puis à la télé ils ont dit ça aussi. À la télé ils parlent tout le temps de la fin du monde dans des films avec des gens qui crient. Comme Papa et Maman. Papa il aime pas les films comme ça, il dit que la télé dit n’importe quoi, il dit que c’est pas fait pour les gosses, en plus il me dit que ça fait peur. Alors moi je regarde pas.

Maman, avec moi, elle m’aime. Elle m’aime beaucoup ma Maman, beaucoup plus. Maman elle me dit toujours qu’il y aura pas de fin du monde, que je dois pas écouter Papa, il y aura jamais de chars et de guerre. Alors j’ai pas à avoir peur. Après, on fera plein de jeux, j’irai à l’école, j’apprendrai à lire, je suis déjà allé à l’école et j’ai eu plein de bonnes notes, alors Papa, Maman, et moi, on était contents. En plus j’aurai plein d’amis et ça sera comme à mon anniversaire. Mon anniversaire cet été, c’était le meilleur de toute ma vie.

Je m’appelle Kalvin et j’ai huit ans. Je suis né en 2012, il paraît qu’en 2012 c’était la fin du monde, mais y’a rien eu. Alors peut-être que cette année y’aura rien. Je sais pas moi. Papa il dit que c’est bientôt. Si ça se trouve, la fin du monde ça existe pas, c’est juste Papa qui fait des cauchemars ou qui lit trop de livres sur la fin du monde, parce que lui il regarde pas la télé. Moi j’aime la télé. Je regarde tout le temps Pokémon Burning Asphalt & Shining Blood New Season: Arena Champions avant l’école, comme ça Papa il me dit que ça peut compenser. À l’école, on parle pas de la fin du monde, on apprend plein de choses avec les copains et le maître et la maîtresse.

Y’a que Papa qui parle de la fin du monde. Mon Papa il crie après moi, il dit que c’est qu’avec Maman, qu’il compte plus, que c’est son problème. Papa il dit même que c’est sa faute, et que c’est tout. Si ça se trouve, y’a que Papa qui aura sa fin du monde. Mais je sais pas, il va pas mourir à la guerre, il travaille pas dans tout ça, mon Papa il travaille sur un navire dans un bureau, ou c’est ce qu’il dit. Mon Papa il m’amène toujours des jolies images de bateaux sur la mer, et de baleines dans l’océan. Il veut partir après la fin du monde sur son joli bateau pour voir la mer parce que ça sera que son problème, il parlera avec les poissons, les oiseaux, les oiseaux et les poissons, qu’ils seront ses seuls amis à lui et qu’ils vont se comprendre. Mais je sais pas où c’est l’océan. De toute façon Papa il dit que pour l’instant il attend la fin du monde. Il dit que ça va tout changer et que ça sera tant mieux. Il dit que c’est que contre lui et Maman, Maman elle dit que c’est que avec elle et Papa. Ils me disent toujours que c’est pour mon bien ou bien que c’est pas grave pour moi. Des fois faut qu’ils parlent. Mais ils crient.

Mais moi je sais pas ce que c’est la fin du monde. Peut-être que Papa et que Maman ils vont mourir, peut-être que mes copains ils vont mourir ou peut-être que je vais mourir. Même si Maman et Papa ils m’ont déjà dit que la mort, c’est pas pour moi, ou c’est que eux qui la comprennent. Mais moi, je suis déjà allé à un enterrement, quand ma Mémé elle est morte. Mais Maman elle dit que je m’en rappelle pas parce que j’étais tout petit, mais avec la musique, c’était triste alors elle a pleuré. Et mon cochon d’Inde aussi, il est mort, mais il était trop mignon. Elle s’appelait Tenshi. J’aimais toujours lui donner à manger des graines et à boire dans son petit biberon. Elle venait toujours vers moi et elle était trop douce, on aurait dit qu’il voulait me faire des câlins. Mais à la fin de sa vie, elle est partie, Maman elle m’a dit qu’elle s’était endormie très longtemps. Mais j’étais petit, maintenant je sais qu’elle se réveillera plus. J’ai beaucoup pleuré quand je l’ai enterrée dans le jardin, avec un peu de foin et un peu de sciure.
Maintenant je suis grand. Moi, je sais pas si on va pleurer lors de la fin du monde, parce qu’on dit qu’on va mourir.
Moi, je veux pas mourir. Je veux manger les tartines de riz moléculaires au Tofu préparées par Maman, et puis aller à l’école avec mes copains rigolos, et puis faire des bisous à Lola, et puis avoir des enfants, et puis devenir cosmonaute, et puis aller sur Saturne avec Lola.
De toute façon, Papa il me dit que je risque rien, que c’est pas mon problème, que je m’en foutrai. Mais je sais pas ce que ça veut dire.

En plus, on dirait que c’est demain ou la semaine prochaine, la fin du monde. On dirait que le monde il va bientôt exploser, parce que Papa a dit que ça va être terrible. Moi, ça me fait peur. Je suis peut-être tout seul, parce que mes copains ils en parlent pas. Mes copains ils disent qu’ils ont vu des trucs que dans les films, avec des bombes, des extraterrestres, des météorites, des explosions, ou des attaques de Kinder Bueno géants. Peut-être que c’est ça, la fin du monde. Peut-être que ça veut rien dire du tout. En tout cas, à la télé c’est pas comme ça. C’est toujours dans les films que Papa regarde, et Papa il dit que c’est dans peu de temps. Papa il a dit qu’il était sûr du temps, mais il voulait me le cacher. Alors, Maman, elle est gentille avec moi, elle veut pas que j’entende Papa. Alors elle me donne des bisous, pareil que quand le matin je vais à l’école. Elle me borde le soir, dans mon lit, avant de faire dodo, elle me dit « je t’aime », même des fois, je l’entends pleurer mais elle elle voulait me le cacher.
De toute façon, Papa il dit que la vie continuera pour tout le monde, il est bizarre, mon Papa. Il dit que j’aurais qu’à faire des études de droit numérique intermondialiste comme tout le monde, que j’aurai un beau diplôme électronique orné de dorures et de longs rubans pourpres comme tout le monde, que j’aurai trois enfants virgule huit comme tout le monde, que j’irai vivre en Nouvelle-Chine ou en Amérique et que je n’aurai pas d’avenir dans un bureau pour signer de la paperasse pendant soixante-dix ans, comme tout le monde. Mais moi c’est pas ce que je veux.

Ce que je veux, c’est pas la fin du monde. C’est savoir ce que c’est. Ça a pas l’air d’être la guerre. Mais c’est calme. C’est tout calme. Papa il crie plus, Maman non plus. Ils parlent plus. Je sais pas. Mais Papa, il a dit que c’était demain. Il a peut-être voulu me le cacher, mais je l’ai entendu et Maman aussi.
Demain, il va chez le juge. Ils vont divorcer.

De toute façon Papa il dit que c’est qu’une histoire de cul.

*
En prime, comme je l'ai posté pour Game Over, je vous offre l'avis du jury.


--- Citer ---Avis Raphaël
Forme : [7,25/10]
Un texte stylistiquement intéressant car il reproduit le langage d'un enfant (même si à huit ans, faut pas charrier, un enfant ne parle plus d'une telle façon) (1,5). Pour ce qui est du respect du thème, je n'ai rien à redire si ce n'est que je trouve que la possibilité de montrer l'impact psychologique sur l'enfant n'a pas été exploité, dommage (1,5). En ce qui concerne l'orthographe je n'ai rencontré aucune faute (2). Texte assez clair, sans incohérence même si les structures enfantines nuisent un peu à la compréhension. (1.75). Pour ce qui est de l'originalité du texte, je suis désolé mais j'ai trouvé que c'était assez convenu, même s'il est fortement probable que si la fin de l'humanité devait arriver par la guerre. Du coup ça met du plomb dans l'aile au texte (0.5)

Ressenti personnel: [8/10]
C'est un texte que j'ai globalement apprécié malgré un certain manque d'originalité. La grande trouvaille c'est le style enfantin et l'utilisation du présent de narration qui rendent le texte authentique, je soutiens toutefois qu'un enfant de huit ans ne parle plus d'une telle façon. Autre chose, les références multiples qui jalonnent le texte tel que les Pokémons ou bien les Kinder Bueno, même si elle font sourire et sont assez amusante, grillent un peu l'ambiance sensée être lourde et dramatique, un choix malheureux.

Note finale [15,25/20]


Avis Lu
respect du thème: 4/5 rien à ajouter
originalité/reflexion: 4/5 de bons éléments
orthographe/lisibilité: 4/5 on a du mal à définir le genre du cochon d'Inde
appréciation personnelle: 4/5
La conclusion m'a bien fait rire. Le récit tourne un peu en rond, certains paragraphes auraient pu être écourtés.

note: 16/20


Avis John
Magnifique. J’ai d’abord cru que le style extrêmement enfantin le serait justement trop, un cliché total de ce qu’on s’imagine quand on pense à la façon de parler d’un gamin… et, très vite, cette diction passe et paraît justement moins bête qu’elle n’y paraît. Sur ce point, chapeau.
Et l’histoire… l’histoire est, sans équivoque, maîtrisée avec brio. Sans détours, je dirai que c’est, me semble-t-il, une approche parfaitement réaliste et intelligente de ce qu’un enfant, dans ce contexte, à la fois naturel et aimant, et effrayant et anormal, aurait lui-même.
Deux-trois fautes, un peu bêtes, comme une répétition et une confusion futur/conditionnel. Rien d’important, mais justement, dans un texte qui ne fait presque pas d’erreur, tomber dessus est d’autant plus remarquable.
Autrement, on est perdu, on est confus, on veut savoir mais on ne saura jamais, et ce qu’on sait c’est pas clair, et ça, ça, ça marche mais parfaitement. Ce n’est pas de l’ignorance frustrante; c’est de l’ignorance parce qu’on est dans le même état que le personnage, et que le personnage, il n’en sait rien, lui.
Un gros, gros souci toutefois : la phrase finale. Je n’ai absolument pas compris. C’est une histoire de cul ? Ils sont dans une secte ? Ils sont dans l’armée ? Je pense bien qu’il y a une subtilité dans le thème « fin du monde », une volonté d’originalité, de « ah le salaud, bien vu ! », mais… je vois pas. C’est bête, parce qu’en plus ça pourrait être très efficace, renversant… Mais ça, par contre, ce n’est pas évident. Vraiment dommage.
Au final, je dirai que ce texte est extrêmement mature et intelligent, dans une simplicité joliment mesurée.
16/20


Note
15,25+16+16=47,25
47,25/3=15,75
15,75/20
--- Fin de citation ---

HamsterNihiliste:
Voici donc la duologie du concours, avec le texte de la deuxième épreuve, nommé Alpha & Omega, formule grecque qui aurait pu donner suite à un troisième texte, pour conclure en beauté. Mais soit, le texte est assez fini par ce qu'il traite, la note en introduction indiquera quelques détails. Parce qu'en effet, le deuxième thème du concours, Musique, demandait d' " écrire une musique avec des mots ", injonction relativement relative. Je pense que beaucoup ont laissé libre cours à leur interprétation, j'ai voulu me donner une contrainte qui m'a passionné ; écrire selon une musique, en respectant son rythme. Il est difficile de forcer un rythme de lecture donc j'ai établi une moyenne de temps qui correspond lorsque je l'ai testée.
Alors, je serai capable d'écrire un plaidoyer complet sur la musique utilisée, oui je serai capable de faire bouffer du verre pilé en empalant sur un grappin le premier qui m'en parle, mais sachez que Lux Æterna est l'originale présente dans le film - qu'on connaît tous v.v -, et correspond le mieux au contexte. ça et ça n'ont jamais existé. JAMAIS.

*
•Alpha & Omega
Nota : La version de cette musique qui correspond au rythme de la lecture doit être jouée pendant votre lecture du texte. Elle est la seule piste nommée ainsi que l'on trouve dans le film, replacée dans son contexte. Je ne force pas votre rythme de lecture ; mais lorsque j'ai essayé afin d'établir une moyenne, il devait être un peu plus rapide que la moyenne. N'hésitez pas à relire sans la musique ou plus lentement pour pouvoir analyser plus en détail.

http://www.youtube.com/watch?v=Lk3F4as_1tM&list=UUQ6KvFP8_jynrpO_CY6jFCw&index=1&feature=plcp
Les bureaux de verre et d’acier ne surplombaient rien d’autre qu’une désolation. Ils le regardaient livré à leur jugement. Ses crevards étaient peut-être là, à recompter leurs verres, leurs armes, ou leurs cris, à ne vouloir même pas crever la bouche ouverte dans les ruines de leurs illusions, tout ce qu’il leur voulait. Le peuple ne pouvait pas l’ignorer, les voitures voyaient ce qu’elles voyaient, la foule s’attroupait, les chiens n’assumaient pas ce qu’ils avaient crevé, tous, tous les vautours venaient montrer du nez un homme qui avait peur de se retourner après avoir dormi sur ce qui était avant.
Ce qui était, il ne s’en souvenait plus. Ce qui restait, il en avait peur. Que des ruines quand il se retourna enfin. Que des planches de bois brûlées, des tables craquées, des cadavres d’alcool et des peaux mortes d’hommes, de femmes, d’enfants. Que des livres tombés, des poussières de couvertures, des pages arrachées, des lettres perdues.
Il n’attendait pas ça. Non. Il voyait de ses yeux vides, il n’y avait plus rien, ce n’était pas qu’un rêve, il ne voulait pas le savoir et pourtant le savait, il aurait voulu hurler. Ce n’en était pas encore décidé, les ombres qui alimentaient leur morne quotidien lui auraient dit. Il voulut hurler à la face de la foule de la force des ses larmes et de ses cris. Rien.
Il n’y avait rien qui quittait ses tripes. Il était vivant dans une ville dont il avait peur, au milieu d’une foule oppressante qui ne faisait rien là. Personne ne criait, personne n’entendait. Il était écrasé par une peur d’être seul et entouré de tous, réalité quelconque, sans aucun souvenir. Que des ruines, et lui. Il attendait.
Encore. Il attendait de s’éveiller, pour se consoler, ou de s’endormir, pour espérer. S’il n’y avait plus rien, si plus rien ne restait, si personne ne vivait, s’il croyait que rien n’était réel. S’il n’avait plus à voir que les yeux crevés, que les rêves perdus, que les Songes d’une nuit d’été embrasés dans leur lit. S’il le pouvait encore, il n’avait plus qu’à croire. Ou bien, il lui semblait, qu’à se souvenir.

Il se souvenait. Il avait voulu, parce qu’il était jeune, espérer encore en la littérature, les livres, les brouillons, et les poètes maudits, il avait dès ses premiers printemps ouvert, entre deux ruelles et trois planches de bois, sa bibliothèque, celle qui laissait la ville en dehors du tumulte, celle qui préservait les feuilles écrasées par une société qui le rendait fièrement misanthrope jusqu’aux veines. Et il espérait. Au début, elle vivait, chantait-il autour de voix douces de femmes, de verres d'absinthe, de menthe à l’eau et de senteur de Fleurs du mal. Au début, ils lisaient, ensuite, ils écrivaient. C’était ce qu’il voulait, qu’ils soient un, deux, vingt, cent ou des millions, ainsi rien n’était mort. Enfin, ils oubliaient.
C’étaient les mêmes qu’il voulait réunir pour découvrir cette vie qui brûlèrent un soir les sols par l’eau-de-vie, qui nourris par la folie mirent à sac les pages, abattirent les planches, broyèrent les tiroirs, violèrent les femmes saoules en déchirant leurs seins, achevant le reste sur les hommes et les enfants, et défoncèrent les portes en croyant aux conquêtes.
Il avait vu les corps. Il les avait vu, impuissant, prisonnier, brûlés par ce qu’il restait. Il avait vu les bras survivre aux agresseurs, les filles résister aux pulsions décharnées, il les avait vu tous jusqu’au dernier. Il avait vu les derniers livres brûler leurs derniers mots, les dernières illusions crever jusqu’à ses yeux. Que des derniers feux de la violence.
Que de la culture perdue qui jouait une partie qui n’en finissait pas. Réduit à un jeune patron de café vivant ses dernière heures. Il subissait sa perte, celle de ce qu’il voyait, jusqu’à être réduit à en fermer les yeux ; les hurlements de foule, les senteurs de whisky, le goût de la folie, et les copeaux de bois qui le heurtaient aux jambes. Il les avait vus tous. Il n’oubliait rien. Il devait fermer les yeux. Il ne pouvait pas les rouvrir. Mais il ne rêvait pas.

Il ouvrit les yeux. Il soutenait le présent. Il était regardé par la réalité, par le peuple dans lequel les fous étaient peut-être, par ceux qui aimaient le spectacle de l’homme désœuvré. Ils le voyaient jouer. Ils le regardaient perdre. Ils le voyaient tourner sur lui-même, encore et toujours, dans une histoire dont il n’était  même pas le héros.
Il était soudain retombé dans une réalité. Perdu parmi les perdus. Soumis à la nature qu’il avait voulu haïr. Alors peu importe ce qu’il avait fait, peu importe ce qu’il ferait, puisque son passé était déjà perdu, puisqu’il n’y avait pas d’avenir. Mais il n’était plus temps de se complaindre sur ses illusions perdues, de vomir ses regrets, ou de pleurer sur les perdus. Ça y est ; il s’était réveillé sur ses ruines, il le savait déjà. S’ils l’avaient torturé, s’ils avaient tour à tour craqué les verres sur son crâne, s’ils l’avaient jeté dehors, s’ils avaient éraillé vingt ou cent livres déjà vieux, peu importe. Il ne pouvait oublier, il ne pouvait espérer, il en était plus que fier. Il voulait seulement faire subir à la foule toute l’indifférence qui habitait ses veines. C’était sa vengeance. La vengeance qu’il adressait à sa résignation ou à sa soif d’attente. Désormais. La haine qu’il vouait à son public ou à ses meurtriers. Maintenant. La folie issue de son passé ou venue par son présent. La folie.
Il courut dans la foule, il revint sur ses ruines. Il fermait les yeux. Il les ouvrait. Il pleura. Encore. Il clignait devant la foule. Son temps était suspendu, son propre corps l’écrasait. Il finit par sombrer sur le sol, s’écroulant face à aux champs de la folie, allongé dans la ruine. Il imaginait venir de nouveau dans un café tout neuf. Il ouvrit sa porte. Il sentit une feuille.

Il rêvait enfin, allongé, livres ou ruines, la société le regardait encore. Du haut des bureaux de verre et d’acier.

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Je précise également que je trouve ce texte d'actualité et correspondant bien aux évènements. Je ne dirai pas jusqu'à dire qu'il est un hommage, mais il m'a tenu à cœur - si tant est que j'en aie un - de l'écrire.

HamsterNihiliste:
Après des ébauches travaillées à la plume en plein cœur de l'hiver qui se faisait attendre, après avoir concrétisé le projet que je voulais écrire depuis près un an, après avoir fini paradoxalement Misanthropie, mon Amour., après avoir haï et hurlé ma haine pour le Temps, après avoir vécu les joies et les souffrance inhérentes à l'activité d'auteur, Memento Mori, Memento Vivere. est officialisée et vient de naître comme un long projet personnel, qui, malgré tous les plans, malgré la connaissance du commencement et de la fin, malgré le calcul de tout, ne peut au final absolument pas se deviner.

Il y aurait à dire avant de commencer ; pour vous laisser découvrir avec mon écriture et celle des faux auteurs, une précision cependant. Chaque chapitre, puisque cela m'avait plu dans mon précédent, s'accompagne d'une musique, qui constitue uniquement une référence et n'est pas introduite avec la volonté de correspondre au rythme, ce qui imposerait une contrainte trop lourde. Vous pouvez la voir comme une référence, une musique ou chanson qui correspond au thème, qui peut peut-être s'écouter en même temps, mais là n'est pas son but. Mes chapitres postés s'accompagneront toujours de mes courts textes personnels de présentation, cela me permettra d'introduire plus tard la division en trois parties.

Vous lirez le premier mot, la première phrase, le premier texte, je connais le dernier mot, je connais ce que j'écris. Je publierai à un rythme régulier, même si je me détache de la politique du résultat, mais, puisqu'il faut se soumettre au temps, j'en serai. Je poste le Prologue, un dernier jour d'un premier mois, un hiver attendu dans lequel le froid viendra enfin, dans un prochain post afin d'aérer la mise en page. Je remercie John de m'avoir soutenu et vous souhaite une bonne lecture de ce court prologue, un bon partage, un bon questionnement et de bonnes critiques, mais pour introduire avec une citation autre que la dernière phrase de ce Prologue : " Tout ce qui doit être dit ne peut parfois l'être avec des mots. ".

HamsterNihiliste:
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•Memento Mori, Memento Vivere.
Prologue : Alpha

Yoko Shimomura - Main Theme - Xenoblade Chronicles
Naître dans un monde commencé sans le temps et fini par le temps. Vivre là où l’on naît, là où l’on est élu. Survivre sur une terre que l’on n’a pas voulue.

L’œuvre à laquelle ils croient, s’ils veulent encore savoir d’où viennent leurs origines, où ira leur destin. L’œuvre née des Déesses, elles les seules à connaître l’Alpha et l’Omega, le commencement et la fin, les premiers et le dernier. Ce qu’ils veulent savoir, ce qui leur coûtera, ce pour quoi survivre est devenu leur lot avec le temps. La voici, qu’ils contemplent, qu’ils assument la bête ; la destinée des Hommes créés par le Destin qu’ils ont créé eux-mêmes.

Rien d’autre que le monde, le bien, le mal, les Hommes, ne sont nés des Déesses. Ils ne connaissent rien d’autre que ce qu’ils peuvent savoir. S’ils veulent croire en nos biens, à trois triangles d’or scellés dans un lieu saint, la liberté est leur. Pour avoir créé une seule preuve d’existence, pour avoir élu les destins de trois Hommes, pour avoir incarné le sacré et la haine, le bien et le mal, l’élite divine leur doit d’avoir leur religion, et de n’être rien d’autre que la proie de leur foi. Les Déesses sont lâches, lâches pour laisser leur monde à ce qu’elles ont voulu, mais les Hommes le sont, les Hommes l’ont été, été jusqu’à leur fin.

La terre n’est pas née, la terre n’est pas morte. Bien ironique sort pour l’œuvre qui est nôtre que d’être sous le temps. La terre est créée, la terre est détruite, peu importe quand, peu importe la mesure, peu importe quelle bête l’a voulu ; c’est une réalité que les Déesses savaient, qu’elles savent et qu’elles sauront. L’héroïsme des héros, la lâcheté des lâches, les vies qui sont soumises au hasard et les morts qui ne le sont pas ; nous, Déesses, le voulons.

Alors qu’ils croient, qu’ils guettent, qu’ils attendent et qu’ils hurlent, qu’ils écrivent, qu’ils parlent, qu’ils vivent et qu’ils se tuent, qu’ils poignardent, qu’ils tirent, qu’ils se jettent et s’entassent ; auront-ils autre chose tant qu’ils ne seront rien ?

Nous laisserons les Hommes et nous nous retirons. Nous n’avons donné rien d’autre qu’une  marque d’existence ; croire sera leur peine, leur joie, leur vie. Pour des statues scellées, pour des guerres, pour des fous, nous serons leur pierre brute, nous serons la mère d’un monde encore naissant, nous serons les auteurs du destin de lecteurs.

Ce n’est pas tous les jours qu’on écrit un Prologue. Qu’ils soient libres.

Écrits des Déesses. - Textes intemporels non destinés aux hommes. Non-datés.
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