Trump a beau être l'incarnation vivante du capitalisme, il n'en reste pas moins qu'il n'est pas issu du milieu politique à proprement parler. C'était d'ailleurs un de ses premiers arguments, et couplé au fait qu'il a joué la carte du populisme jusqu'au bout, ça a contribué à son succès.
Ce n'est pas qu'une question de peuple sous-éduqué, d'ailleurs quand on regarde les démographies des votes, la majorité des diplomés universitaires blancs ont voté Trump. Mais le fait est que Trump a parlé à tous ces blancs qui se sentent « attaqués » par le libéralisme social, qui ont peur des étrangers et du Moyen-Orient, et qui veulent de nouveaux emplois parce que les immigrés leur en volent... Et oui, Trump a promis de créer de nouveaux emplois en centralisant la production. Pourquoi pas, hein, mais je demande à voir tellement ce type dit tout et son contraire, c'est à se demander s'il a toute sa tête parfois.
De plus, c'est aussi faux de dire que les médias ne sont pas satisfaits de cette élection, ou qu'ils en sont choqués... Absolument pas. Ils ont rempli leurs sacs sur le dos de cette élection, jusqu'aux dernières minutes en faisant durer le suspens alors qu'on savait déjà que Trump remportait l'élection (je voyais encore des médias parler d'états à compter alors que Trump avait déjà remporté 276 grands électeurs sur les 270 qu'il lui fallait). Et les médias ne soutenaient absolument pas Clinton ; jusqu'au bout, elle a été martelée avec les scandales qu'elle traînait, en particulier celui des e-mails, qui est le plus anodin de tous, ce qui est pour moi une bonne preuve d'un désir profond de lui faire une sale pub - et ce n'est pas injustifié.
Et non, Trump ne sera pas aussi limité qu'Obama, puisqu'il a bien un congrès républicain prêt à le soutenir. Évidemment qu'il ne pourra jamais faire toutes les conneries qu'il a pu mentionner dans sa campagne, parce qu'un bon nombre sont simplement inconstitutionnelles... à moins qu'il n'abuse le système à ce point, auquel cas je ne réponds plus de rien et j'aurai presque envie de bruler mon passeport.
Je tiens quand même à dire que la naïveté des européens m'a un peu blasé pendant toute cette élection, à l'instar de l'incrédulité quant au second mandat de Bush fils lorsqu'il s'est représenté. Tous les Français que je connais n'arrêtaient pas de me répéter que Trump ne passerait jamais : c'est très mal connaître les États-Unis. :[
Pour moi, ce que cette élection prouve, c'est la puissance de la suprématie blanche aux États-Unis, un pays qui, au bout de 200 ans d'histoire, a encore Andrew Jackson sur son billet de 5$ alors que cet enculé a tout simplement entraîné un génocide contre les Natifs. Parmi les votants de Trump, il y avait des gros rednecks qui se retrouvaient dans chacun de ses propos et qui font preuve de racisme hyperviolent (de nombreux exemples étaient visibles dans le public de ses discours, où l'on voyait des noirs se faire bousculer et exclure), mais il y avait aussi de simples blancs qui espèrent, par Trump, attaquer le système, relancer l'économie... Leur vote n'en reste pas moins injustifiable, mais il faut comprendre d'où il vient.
Cette élection est un témoignage d'une société oppressive et toxique, où l'électorat blanc est prêt à choisir un candidat qui rejette totalement les minorités ethniques, qui est un misogyne avéré et accusé à plusieurs reprises de harcèlement sexuel, et qui est un homophobe et transphobe regressiste pourri jusqu'à la moelle, tout simplement parce qu'ils ne sont pas concernés. Et c'est atroce de se dire que cet électorat, baigné dans son privilège, est capable de faire abstraction de toute cette oppression parce qu'ils ne sont pas concernés.
Le véritable ennemi n'était donc ni la campagne faible de Clinton, ni l'abstention, ni les Third Party, ... c'est vraiment la suprématie blanche et les institutions oppressives qui permettent ce genre de mentalité de perpétuer, qui a poussé les gens à voter pour un putain de cheeto sexiste qui se vante de ses conquêtes par harcèlement sexuel plutôt que pour une femme.
Cela dit, outre la suprématie blanche, l'autre grand coupable de cette élection reste le système de vote américain. Si cette élection n'avait pas été un suffrage indirect, Hilary Clinton remportait la présidentielle, ayant récolté un plus grand nombre total de votes. Un système auquel, malheureusement, personne ne s'attaque.
Et un dernier petit mot à l'égard de Bernie Sanders, qui a mené une campagne vraiment forte, riche en émotions, pleine de belles promesses, et en laquelle, pour la première fois de ma vie de votant, j'avais vraiment envie de croire. J'espère vraiment revoir un candidat comme lui lors d'une élection future, qui cette fois-ci ne sera pas flingué par son propre parti pour des raisons idiotes. #hesmyrealpresident
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