Bon. Je ne vous cacherai pas que j'ai un peu honte. Mais je me sens bien libre au milieu du bel appartement lumineux où je suis depuis deux ans et où je peux enfin lire pour moi-même tout ce que j'ai voulu lire en allant acheter des livres pour les deux années de licence à Bordeaux que je viens de finir.
J'ai fait toute ma deuxième année d'études avec pour seule bibliographie de référence l'Histoire du théâtre dessinée.
J'ai ingurgité 2132 tartines de pain brioché, donc 2122 de Nutella.
J'ai bu 788 tasses de thé.
J'ai passé 380 soirées à lire Taniguchi avant de m'endormir.
Je me suis réveillé 189 fois avec Brel, 212 fois avec Brassens, 278 fois avec Mitsuda, 71 fois avec Uematsu, 308 fois avec les thèmes de Civilization V.
En un an j'aurais passé 432 heures de mes weekend sur le jeu sus-cité.
Par rapport à mon idéal de 10 heures de sommeil avant de rentrer en première année, j'ai perdu 1428 heures de sommeil.
Cependant malgré mes nuits de travail je n'ai jamais dormi moins de 2 heures.
J'ai admiré 3 professeurs et 2 chargés de TD.
J'ai voulu tuer 3 titulaires.
J'ai découpé 1,5 kilogrammes de carton-plume cette année.
J'ai imprimé 422 pages.
J'ai dépensé 190 € pour toutes mes impressions de qualité.
J'ai mangé 428 sandwichs fromage-beurre.
J'ai mangé 439 panini jambon-fromage.
J'ai eu 14 coupes de cheveux différentes.
J'ai utilisé 108 cartouches d'encre Parker.
J'ai acquis une maîtrise parfaite des pieds ancré dans le sol du tramway sans me tenir à aucune barre.
J'ai vu des gens me regarder bizarrement 36 fois, armé de ma bâche de 4 mètres sur 5 tenue par ses deux bâtons de 2 mètres, de ma poche de maquette et de décors de 2,4 kg, ou encore de mon processus de création de scéno au premier semestre de 15 kg.
Ma conscience de corps a augmenté de 100% en un semestre.
J'ai appris à maîtriser mes 2 pieds, mon bassin, mes 2 épaules, mes 2 poignets, je me suis déshabillé 2 fois, une en Chorégraphie et une autre en Danse-Théâtre.
Toutes séances d'expression corporelle confondue, j'ai renversé 12 chaises, je suis monté sur 2 praticables, j'ai escaladé 3 rideaux, et j'ai évolué en me cachant sous 1 praticable à roulettes.
Mes chaussettes à fleurs ont été vues 16 fois, mes chaussettes à chien 12 fois, mes chaussettes au drapeau américain 9 fois, mes chaussettes prise électrique bleue 8 fois.
J'ai tenu 21 mains. J'ai escaladé 2 personnes.
J'ai connu Jean Racine, Maurice Maeterlinck, Bernard-Marie Koltès et je veux lire leurs œuvres complètes pendant l'été.
J'ai lu 8 tragédies classiques en 3 semaines.
J'ai lu 4 drames romantiques en 3 semaines.
Le total de mes cours théoriques depuis la première année pris sur traitement de texte s'élève à 201 pages.
Le total de mes cours théoriques depuis la première année pris sur papier manuscrit s'élève à 196 pages à carreaux 21 x 29,7 com.
Ma collection SensCritique s'est enrichie de 576 œuvres.
J'ai prouvé ma réputation inébranlable de XVIIiste et de XIX° qui adopte idéalement le point de vue du spectateur respecté et considérant le théâtre comme ancré dans son époque, spectaculaire et éphémère.
J'ai pris la parole tous cours confondus 498 fois.
Mes phrases à l'oral n'ont réussi qu'une seule fois à compter moins de 22 mots.
J'ai vu 52 spectacles en deux ans et j'ai payé 147€ (et pour ce que j'ai vu, j'en ai honte).
Je n'ai vu que deux spectacles qui respectaient le théâtre en lui-même.
J'ai dépensé 992,10€ en billets de train pour rentrer chez moi et revenir.
J'ai connu 39 amis Facebook.
J'ai connu 21 réels camarades avec qui je m'entendais bien.
J'ai travaillé en groupe, au total, avec 19 partenaires.
J'ai connu 9 copains.
J'ai connu une véritable amie.
J'ai connu un groupe.
Et il me reste un jour avant que la procédure d'admission pour Paris 3 n'ouvre. Je sais qu'ils réussiront à me convaincre de rester. Mais en terme de savoir, c'est évident que je veux aller à Paris, pour de la théorie plus approfondie, pour des professeurs compétents, pour des cours dignes de ce nom. Mais j'ai des projets, et j'ai appris à connaître le groupe là, dans les trois dernières semaines, alors j'aimerais monter Partir. et, si concrètement ce n'est pas réalisable, j'ai envie de monter d'autres projets, même si je pars à Paris on se donnera les moyens de mettre en scène des projets cet été histoire de n'abandonner personne comme un gros lâcheur.