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Aujourd'hui j'ai vu...
Nehëmah:
Jay : nan mais t'as pas tort, le côté lisse du truc me gêne aussi... Mais tant que lisse est bien différent d'aseptisé, en théorie ça me gêne pas :niak: Mais je je pense que nos avis se rejoignent fatalement :niak:
Rodrigo:
Aujourd'hui j'ai vu Tree of Life, et je ne pense pas avoir tout compris. Par contre c'est très joli, y'a des beaux plans, et tout, mais j'ai vraiment l'impression d'être passé à côté du film. Sinon, bah c'était un peu trop naïf à mon gout.
Nehëmah:
Je pense pas que c'était naïf, Mallick assume totalement ce point de vue "tout est beau" et il suffit de voir ses autres films pour s'en rendre compte (je n'ai vu que La ligne rouge, mais c'est bien cette manière de peindre la guerre comme une tragédie inhérente au milieu des hommes dans un environnement magnifique qui dégage la portée émotionnelle et sensitive du film). Et on retrouve ce côté-là, d'ailleurs dans Tree of life, à savoir que malgré une tragédie au sein de cette famille, qui est la tragédie de la vie et de la mort, cela reste raconté sur le ton de la "beauté" comme il l'évoque. Contrairement à beaucoup de films qui nous racontent une histoire d'amour dans un monde de violence, c'est un peu l'inverse que fait Mallick, une histoire de violence dans un monde d'amour. Je pense qu'il y a une réelle philosophie derrière tout ça, alors on a peut-être l'impression que ça dégage une certaine naïveté, mais je crois que Mallick l'assume énormément et propose un point de vue vraiment personnel sur la vie (et le cinéma). Ah et par ailleurs je crois que personne n'a compris entièrement le film. Qui est réellement mort ? Il y a une réponse a priori évidente, mais il y a d'autres interprétations également.
Sinon pour faire plaisir à Emy je vais parler des deux derniers films que j'ai vus.
Mais oui, vous l'avez reconnu, c'est Ryan Gosling. Et derrière la caméra c'est Refn, l'ivrogne qui a réalisé Le guerrier silencieux et la trilogie des Pusher. Et là, ce film ben c'est Drive.
L'histoire, c'est celle d'un chauffeur qui ne peut réellement s'exprimer que par la violence. Pilote d'élite, il est capable d'absolument tout, et la séquence d'ouverture met vraiment le doigt dessus. Une telle alternance entre action pure et tension dans l'attente, c'était purement jouissif, surtout cette espèce de parallèle entre le match et la course-poursuite, c'est franchement puissant.
Ce qui est surpuissant c'est la qualité de la réalisation, avec une mise en scène réellement solide et qui justifie bien le prix du festival de Cannes qui n'a pas du tout été volé (je n'ai pas vraiment vu tous les films de la compéte, mais y avait des monstres en course). Les plans sont somptueux, la composition de l'image est toujours pensée et nous évoque sans peine son film précédent, avec une certaine proximité des corps et des visages perdus pourtant dans de grands ensembles. Contrairement à Valhalla rising, ce ne sont pas de gigantesques et isolées terres désolées, mais des décors urbains comme par exemple un simple garage, un pallier, un parking.
On pourra également noter les 10.000 références à tel ou tel film que peut contenir Drive, allant de la police kitschounette et de la musique bien electro / new wave, qui nous figent dans une certaine époque et emprisonnent le personnage de Gosling dans un moule, dans une société qui fait déjà partie du passé, jusqu'à cette sensation de retourner dans la faune urbaine de Taxi Driver. Drive pourrait presque être une réécriture du film culte de Scorsese (je précise pour ceux qui seraient sceptiques à la lecture de mes lignes, qu'effectivement je n'apprécie que peu ce film et ce réal mais je sais en reconnaître les valeurs cinématographiques évidentes... heureusement me dira-t-on :niak: ). Entre le personnage silencieux et blasé (quoique De Niro n'est pas franchement silencieux), l'incapacité à dormir la qualité de chauffeur, et surtout la relation qui naît entre un garçon et une femme a priori plus jeune (une blonde bien sûr), dans les grandes lignes on a vraiment l'impression que Refn cite constamment un grand maître. Mais voilà, Refn s'en sert pour appuyer son propos, il place son historie, son personnage dans un contexte particulier et il regarde comment ça évolue.
Proximité du corps, perdu dans le paysage urbain et nocturne de Drive...
Certaines scènes se révèlent d'une puissance incroyable due à leur violence primale. Si je parle d'un casse qui tourne mal, je pense que chacun aura à l'image la scène la plus douloureuse du film, à la fois surprenante lors de l'évènement tragique, et haletante au niveau de la course-poursuite qui s'ensuit, où les personnages sont vraiment prisonniers de cette caisse de fortune dans laquelle ils roulent, prisonniers d'une mécanique dont le chauffeur n'est pas véritablement le chauffeur. Perso, en plein cinéma, j'ai dû sursauter à chaque coup de feu, le son devait être fort, mais la surprise que ça a provoqué a, je pense, énormément joué aussi.
Non, ce film n'est pas franchement bling bling contrairement aux apparences.
Au final, on regrette un peu que le scénario soit aussi prévisible dans son déroulement, après la scène du casse on sait plus ou moins comment le film va se développer, seule la scène finale ajoute un peu de surprise, et encore, la scène de l'ascenseur avait véritablement annoncé ce genre de fin. Pour ma part c'est le seul reproche que je puisse lui faire. Pour le reste ce n'est que de l'admiration et un respect profond.
Une scène marquante... Parmi tant d'autres.
Je parle enfin d'un bide film que personne a vu et dont personne ne lira la critique puisque c'est un film totalement inconnu. Pourtant c'est un film vraiment correct (voire bon).
Ongaku, aka The music, raconte l'histoire de Reiko, une jeune femme qui n'entend plus la musique, ou plutôt qui ne ressent plus la musique tout comme elle ne ressent plus aucune sensation lorsqu'elle couche avec son copain, un mec beau, fort et largement au fait de ces choses-là. Reiko entreprend donc une cure chez un psychologue afin de découvrir la vérité autour d'elle.
Le film est une immense cure psychologique, le scénario est donc particulièrement bien ficelé et cohérent tout en profitant des thèmes propre à la cure psycho-thérapeutique : l'inconscient mais aussi et surtout le sexe. Le film ne lésine pas de ce côté-là et nous offre des scènes de pure sensualité totalement olé olé qui nous rappelle que le cinéma expérimental de l'époque était en étroite relation avec les pinku eiga, et cette comparaison se reflète à juste titre dans bien d'autres films comme par exemple Heroic Purgatory ou encore Mujo, qui partage d'étranges liens avec Ongaku. Par ailleurs si ce ne sont pas des liens authentiques, cela relève d'une pure mode de l'époque de traiter du tabou par le tabou, à savoir traiter de l'inceste dans un film a priori sérieux par des images éminemment érotiques.
Concernant l'image, dans Ongaku, elle est sale. Non pas qu'elle soit dégueulasse à tout prix, mais la couleur de l'époque lui confère un peu une connotation de film dépassé visuellement (je ne parle qu'en terme de qualité technique) alors que le noir et blanc aurait peut-être moins permis cette dégradation. Toutefois, les compositions des images sont très bonnes, et les scènes de cure psychologique se déroulent dans un noir total, à la faible lueur d'une lampe, où se profile alors l'inconscient, libéré dans toute sa grandeur, vagabondant dans un vacarme assourdissant de mensonges et d'associations étranges (ce taureau avec des phallus à la place des cornes).
Malgré un thème sur la psychanalyse qui peut paraître assez désuet de nos jours (tout a rapport avec la sexualité, Freud inside), Masumura met en avance des problématiques de son temps. Comme toujours avec ces films de l'ATG, il y a un regard sur un monde, un témoignage d'une sorte de société très polie mais qui n'est qu'une sorte de devanture derrière lesquelles se déroulent les passions les plus animales, à l'image de la tante de Reiko.
Rodrigo:
--- Citer ---Ah et par ailleurs je crois que personne n'a compris entièrement le film. Qui est réellement mort ? Il y a une réponse a priori évidente, mais il y a d'autres interprétations également.
--- Fin de citation ---
Ouf ça va alors. Après c'est intéressant comme point de vue, j'avais pas vu les choses sous cet angle, mais y'a pas mal de choses dans ce film que je n'ai pas compris, comme le passage avec les dinosaures (bon, on part du Big Bang, mais pourquoi s'arrêter aux dinosaures, et pourquoi parler de tout ça ? Pour faire une transition sur la mort vers le rien vers la vie ? ) Et même si j'ai trouvé la morale la plus mise en évidence assez naïve, je dois dire que le message est beau, pur, et est dans la continuité du film. Mais effectivement, je ne suis même pas sûr de qui est mort, et toute la scène dans la désert avec la porte, ou celle dans la mer, je n'en comprends vraiment pas le sens.
JeK:
Bon, je le dis tout de suite, je suis un fan incondi de Daft Punk. J'ai grandi avec et pourtant je ne suis pas spécialement calé point de vue electro. J'ai absolument tous leurs albums chez moi, y compris les Alive 1997 et 2007, la bande originale de Tron: Legacy et aussi quelques albums de remixes. Pour moi, Daft Punk est ce qui est arrivé de mieux en ce qui concerne la musique en France. Et qu'on aime ou qu'on déteste, on ne peut malgré tout qu'être fier d'avoir un groupe comme ça dans nos contrées. Car outre un son précurseur dans le domaine de la musique éléctronique, c'est surtout le mythe qu'ils ont construit autour d'eux au biais d'une image ultra soignée qui fait que ce groupe est reconnu internationalement parlant. Et si vous demandez à n'importe qui dans le monde s'il connait Daft Punk, dans le meilleur des cas il vous répondra très certainement par l'affirmative.
Néanmoins, on peut parfaitement être accro à quelque chose/quelqu'un et en parallèle être complètement passé à côté d'un truc en rapport avec ce dont on est fan... C'est précisément mon cas. :niak:
Je savais que Daft Punk avait fait une incursion dans le cinéma (notamment en tant que contribution musicale sur Interstella 5555 en 2003, et Tron dernièrement) mais je n'avais encore jamais prêté attention au fait qu'ils s'étaient également mis à la réalisation... jusqu'à aujourd'hui. v.v
Écrite et réalisée en 2006, cette toute première oeuvre signée du célèbre duo frenchy est un véritable OVNI dans le paysage cinématographique.
Son nom : Daft Punk's Electroma.
Dans un monde terrestre qui ressemble au désert californien de nos jours,
deux robots aux vestes "Daft Punk" sont en quête d'un rêve : devenir humains.
Avant toute chose, il est bon de préciser que ce film n'a absolument rien de commun avec ce que l'on peut voir habituellement au cinéma. Le traitement est lent, le film est court (1h10), il n'y aucune parole, et il y a pas mal de plans-séquences (certains durent même presque 10 minutes). C'est en ce sens qu'il convient d'avertir qu'il faut posséder une grande ouverture d'esprit pour apprécier pleinement la chose. Car en realité il s'agit ni plus ni moins que d'un film purement expérimental et à volonté philosophique. Pour cela, je crois qu'il ne serait pas prétentieux de ma part de le comparer avec un certain 2001, l'Odyssée de l'Espace qui possède à peu de choses près les même notions v.v
Human After All
Il ne faudra pas non plus compter sur un scénario très important car celui-ci n'existe tout simplement pas. Le postulat de départ est en effet ultra simple, presque ridicule : c'est l'histoire de deux robots qui n'ont qu'un seul et unique but, celui de devenir humains. Commence alors une longue traversée du désert afin d'entamer cette recherche d'identité qui est, en réalité, la véritable thématique de ce film.
C’est dans une voiture noire immatriculée en Californie et qui porte le nom prédestiné de "Human" que les deux robots débutent leur quête d’humanité. L’histoire commence comme un road-movie, avec le magnifique désert californien en toile de fond. La caméra suit, précède, survole le véhicule lancé à toute vitesse, s’attardant parfois sur ses occupants ou encore sa carrosserie...
Quand ils débarquent en ville, le spectateur note tout de suite un contraste avec les autres robots qui, s’ils portent eux aussi tous des casques, sont par contre habillés normalement alors que les deux héros sont tout de noir vêtus. Peut-être faut-il être un peu marginal pour souhaiter devenir humain ? De plus, ces autres robots ont une attitude quasi léthargique.
Une fois arrivés dans une espèce de laboratoire scientifico-futuriste, changement de décor : le monde devient noir et blanc et saturé, les deux robots reçoivent leur visage et après une courte euphorie, leur existence humaine va prendre un tournent tragique. Il ne reste plus aux deux qu’à aller panser leurs plaies dans le désert...
Le film multiplie les références au cinéma sf. Ici, l'esthétique rappelle clairement THX-1138 de George Lucas...
Thèmes et Influences
Le film est ponctué d'idées intéressantes qui ne doivent finalement rien aux autres, surgies d'on ne sait où, à la fois de partout et de nulle part. Déjà, un parti-pris, celui de diviser le film en autant de chapitre en mettant des inserts de fragments de flammes. Ensuite, de peupler tous les êtres quasiment de masques à leur effigie afin de créer une population entièrement mécanique. Le contraste avec leurs masques à têtes d'humains qu'on jurerait issus des Guignols de l'info ne fait que prolonger la stupeur et le sourire bienvenus (je soupçonne ces têtes d'être celles, à peine caricaturées, des véritables Daft : Bangalter et Homem-Christo xD).
Et puis, plus le film avance, plus il débouche sur une sorte d'errance touchante des personnages. Pas de paroles, que des non-dits, des plans étirés, des jeux d'angles et de flou... À ce stade, le manque affectif se fait confondre avec le désert qui devient, à travers de nombreux plans contemplatifs, un personnage à part entière.
Le désert, symbole d'une autre thématique : l'errance. Filmé avec une sensualité incroyable sur fond de Linda Perhacs.
Si le film n'est clairement pas destiné à être un pur objet commercial et est même carrément inaccessible de part son traitement philosophique, il est par contre traversé à la fois par le respect des road-movies pré-existants (scène d'explosion revue 3 fois sous différents angles qui évoque un peu le Zabriskie Point d'Antonioni), des références cinéphiliques en vrac (principalement le Gerry de Gus van Sant -- plans dans la voiture sur lesquels on pourrait mettre du Arvo Pärt, plans-séquences sur la marche des personnages dans le désert étirés à mort afin de faire ressentir la temporalité au spectateur -- ainsi que le 2001 de Kubrick et le THX-1138 de George Lucas -- contraste noir et blanc clinique et extrême à faire pâlir d'envie un Roberto Rodriguez sur fond de symétrie quasi-parfaite dans la scène du laboratoire...), mais également par une vraie touche personnelle sensible, n'appartenant au fond qu'à lui.
Au final, il en ressort une sorte d'étrange trip visuel et sonore (sans la psychédélie d'un 2001 cependant). Un film que l'on ne peut pas expliquer et qui, une fois visionné, reste autant détestable que fascinant, car pas du tout accessible. Comme je le disais plus haut, il faut avoir un esprit très ouvert pour ne pas décrocher au bout de deux minutes...
Si vous acceptez de faire le voyage dans un film au rythme lent, que vous aimez la musique 70's (pas de morceaux des Daft) et être surpris par une certaine esthétique, ou encore que vous préférez les robots et la science-fiction utopiste à la musique électronique qui fait trembler le plancher et l'animation japonaise (Interstella 5555), vous ne le regretterez pas.
Mais si vous aimez tout simplement ce que j'ai cité auparavant, alors matez-le aussi !
Le film est visible facilement sur Internet ;)
Enjoy ! /o/
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