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La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1
Great Magician Samyël:
Plop ami(e)s lecteurs(trices) ^^ Voilà donc comme annoncé un peu plus haut, je reprends le Cycle là où je l'y avais laissé :niak: Que les fans du Chevalier-Lézard se rassurent, je n'abandonne pas son écriture, loin de là, mais j'ai besoin de continuer le Cycle en ce moment :niak: Votre cadeau de noël sera sûrement la troisième partie d'Argoth, soyez patients :niak:
Nehëmah ==> Tu m'excuseras auprès de ce brave Jacques donc :niak:
Je laisse tes doutes en suspend quant à ce défilé et ce qu'il s'y trouve derrière, pour laisser le mystère entier ^^
Effectivement, habile procédé que la tache d'encre :niak: Cette fois je peux répondre, ce n'est que pour laisser le suspens au lecteur, car la vérité quant aux origines d'Argoth sera révélée dans... Le Cycle! :niak: Quoi que, pas pour tout de suite, mais ça y sera ^^
Pour l'affaire Nymérius, je partage entièrement ton avis. Je ne me suis pas cassé la tête pour ce personnage, car il n'est que de second plan et sert juste à faire avancer l'intrigue. L'archétype du vieux sage/magicien me paraissait judicieux pour ce genre de personnage ^^
Effectivement, Argoth semble exempt de défauts... Mais n'est-ce pas l'une des caractéristiques des Chevaliers de jadis? Huk huk ^^ Droiture, justice, art de l'épée et de la stratégie, et une poèsie à fleur de peau pour ces dames... Enfin, je vois difficilement Argoth faire des courbettes, mais sur le principe... :niak: Voyons donc comme il évoluera, certains mystères seront levés au cours de l'histoire... :niak:
Bref, encore merci pour ce commentaire :love:
Place maintenant au texte, et bon retour sur le Continent, sortez couverts, l'hiver est rude... :niak:
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Le Cycle du Rouge
Livre III : Arendia.
Chapitre 15 : Le Général Kalenz.
Le frère en robe blanche se déplaçait aussi vite que la décence le permettait dans ce haut sanctuaire. Ses pas résonnaient doucement dans les grands couloirs du palais pontifical de l’Arch’Mark. A chaque fois qu’il arrivait au niveau d’une statue, d’une peinture ou d’une icône représentant le Seigneur, le prêtre s’agenouillait un moment, et récitait une prière, les mains jointes.
Le palais était peut être le lieu le plus beau du Continent. Erigé sur une haute colline, il surplombait l’ensemble du compté de sa bienveillante présence. L’architecture se développait autour d’un immense bâtiment principal, qui abritait les salles du culte, les bibliothèques et les appartements du Pontife. Le reste des édifices, qui s’agençaient avec merveille entre eux recelait les quartiers des moines, les réfectoires, les scriptoriums, les salles de lectures, le Saint Cimetière, les casernes de l’Armée Sainte. Les résidants et les voyageurs pouvaient rechercher la paix et la sérénité en se promenant au milieu des magnifiques jardins qui agrémentaient les chemins menant aux différentes structures. L’ensemble était ceint d’une impressionnante muraille reflétant la puissance du Seigneur et permettant de contrer toute attaque d’infidèles.
Les murs étaient construits en pierre blanche et souvent décorés de fresques à la gloire du Dieu suprême. Les hautes colonnades dorées à l’or fin s’élevaient dans les hauteurs pour soutenir les élégantes arches qui délivraient le passage entre les différentes salles. Les hauts plafonds en voûtes étaient peints de différentes scènes de culte, tout comme les riches vitraux colorés qui laissaient entrer la lumière divine à flot. Nul ne pouvait rester insensible face à la beauté mystique du palais.
Le frère arriva finalement face à la grande et lourde porte en bois massif qui marquait les appartements du Pontife. Il salua les deux gardes, qui le reconnurent et le firent entrer. Un prêtre en robe noire vint vers lui.
-Bonjours, frère. Vous désirez vous entretenir avec sa Grâce ?
-Oui, mon père. J’ai un message pour lui.
-Dites, je me ferais une joie de le lui transmettre.
-Merci mon père. Le Commandeur est arrivé.
Eratius mit pied à terre, rapidement imité par ses valeureux soldats. Une cohorte de moines vint récupérer les chevaux pour les mener aux écuries. Les hommes franchirent la grande herse relevée du palais et pénétrèrent dans les premiers jardins. Le Commandeur fit signe à ses compagnons de rejoindre les casernes pour se restaurer et se reposer après le long voyage. Quant à lui, il continua son chemin et pénétra dans le bâtiment principal. L’écho de ses pas et les cliquetis de son armure se répercutèrent dans la haute et vaste salle qui abritait une statue en bronze immense du Seigneur. Eratius s’arrêta à ses pieds, mit un genou en terre, dégaina sa formidable épée et en posa la pointe sur le sol, puis son front sur la garde, en une posture de prière.
Il pria un long moment, avec ferveur et piété, sous les regards bienveillants des moines et des prêtres. Puis, lorsqu’il se releva, un homme chétif qui semblait flotter dans sa robe vint le chercher pour le conduire chez le Pontife.
Eratius était toujours heureux lorsqu’il devait faire son rapport à Arabéus. Il était toujours fier d’énumérer le nombre d’infidèles, de magiciens, de sorcières et autres possédés qu’il avait envoyé rejoindre leurs sombres maîtres via le bûcher. Nulle pitié pour cette engeance. Seules les flammes divines de la justice pouvait en débarrasser le monde. La joie que lui procurait les cris d’agonies, les suppliques qui se transformaient bien vite en malédictions effroyables le comblait littéralement. Il ne vivait que pour ces moments de satisfaction, du devoir accompli. Il savait que depuis son Saint Royaume le Seigneur le regardait avec bienveillance, l’encourageant dans son entreprise honorable.
Il franchit à son tour la grande porte en bois, après avoir été salué par ses deux soldats en factions devant les appartements, une des tâches les plus prestigieuses auxquelles pouvait aspirer un soldat Arch’Markien. L’homme en robe noire l’accueillit, et lui fit passer l’antichambre luxueusement décorée. Eratius se baissa pour passer sous une porte un peu basse puis se retrouva dans un grand bureau, très sombre à cause des rideaux tirés devant les fenêtres. Arabéus aimait se plonger dans l’obscurité silencieuse pour mieux méditer. Le feu vigoureux qui flambait dans la grande cheminé arrivait à peine à éclairer un coin de la pièce. Le reste restait insondable.
-Bonjours, mon fils, fit soudain une voix.
Eratius s’agenouilla avec humilité. Il mesurait fort bien l’immense honneur qu’il avait de pouvoir s’adresser au Pontife en personne.
-Bonjours mon Père.
-Quelles nouvelles m’apportes-tu, mon fils ?
-De très bonnes nouvelles, votre Grâce. Je peux affirmer que l’île de Solanéa est définitivement purgée du mal qui la rongeait.
-Fort bien, le Seigneur en soit remercié. Ferdinand D’Alembord t’a-t-il posé des problèmes ?
-Aucun, mon père. Il s’est montré très… coopératif.
-Oui, c’est un homme intelligent… Le Seigneur m’est apparu hier dans mon sommeil. Il m’a fait part des projets qu’il a pour toi, son fils le plus loyal…
Le cœur d’Eratius se réchauffa d’une infinie joie. Le Seigneur l’aimait ! Il l’appelait son fils le plus loyal ! Qu’est-ce qu’un homme pouvait vouloir de plus que cela ?
-Il veut que tu conquières Arendia pour chasser une bonne fois pour toute le mal qui gangrène le Continent.
Le commandeur se releva, et se tapa la poitrine à l’aide de son poing. Le bruit métallique du choc résonna un moment.
-Si telle est Sa volonté, alors ainsi il en sera fait. Je me mets en route dans l’heure.
-Non, mon fils. Le temps ne presse pas. Il est venu pour toi le moment d’accomplir ton Passage. Le Seigneur veut t’accompagner personnellement dans cette épreuve. Soit fier, mon fils.
Eratius retomba sur les genoux, le visage ruisselant de larmes de joie. Enfin ! Enfin ! Après tant d’années, tant d’effort… Il était enfin venu l’heure de sa consécration !
***
Samyël ouvrit péniblement les yeux. Les rafales de vent et de neiges vinrent lui cingler le visage. Le monde était blanc et gris. Au-dessus de lui, ce n’était que fureur immaculée et aveugle. Le ciel et la terre étaient connectés.
Le jeune garçon se leva sur son séant avec encore plus de difficultés. Sa couverture était rigide, glacée. Pourtant, il ne ressentait pas le froid. Tout semblait aller au ralentit. Samyël n’avait plus qu’une envie : dormir, dormir, pour l’éternité. Cependant, au fond de lui, une petite voix presque inaudible lui disait de lutter. Il fallait qu’il se relève, qu’il récupère ses affaires et se mette en route. S’il attendait de trop, il mourrait probablement dans la tempête.
Avec toute la volonté qu’il pouvait déployer, le jeune homme se mit debout. Le feu de camps n’était plus qu’un lointain souvenir, complètement recouvert de neige. Il resserra les pans de son épais manteau pour essayer de conserver un maximum de la maigre chaleur qui l’habitait encore. Il regarda autour de lui.
A sa gauche, le fleuve Nyr était complètement gelé, sa surface transformée en une glace épaisse et praticable. Il se dirigeait toujours vers le Nord, vers Arendia, presque en ligne droite. Tout autour, le bois s’étendait dans la plaine sur plusieurs kilomètres.
Samyël récupéra son sac, fourra difficilement sa couverture dedans, puis passa son arc en bandoulière et sa lame à la ceinture. Puis il se remit en route vers le nord. Ceci dit, il lui semblait oublier quelque chose. Il se souvint de quoi lorsqu’il passa devant le corps gelé et bleui de Zackary, dans le visage à moitié enseveli sous la neige avait été proprement déchiqueté. Le pantalon du vieil homme était encore sur ses talons. Samyël se demanda vaguement s’il y avait des loups dans le coin. Il n’en avait encore jamais vu de ses yeux. Cela devait être beau.
Avancer dans le blizzard était une tâche qui révélait du quasi surhumain. La haute couche de neige ralentissait vos pas, et le vent glacial s’infiltrait dans chaque ouverture pour vous emprisonner le cœur dans un carcan de glace. A chaque fois qu’il trébuchait et s’affalait sur le sol mou, Samyël s’étonnait de trouver assez de force en lui pour se relever et continuer. Zackary lui avait dit la veille qu’ils ne se trouvaient plus qu’à une journée de marche de Fort-Argent, le fief du Général Kalenz. C’était le seul itinéraire possible pour Arendia.
Arendia…
Bientôt la cité royale s’étendrait à l’horizon, au terme d’un voyage de plus de six mois à travers le vaste Continent. L’hiver avait surpris les voyageurs bien plus tôt qu’ils ne le croyaient, ralentissant leur progression et allongeant la durée de leur entreprise. Oui… Bientôt, très bientôt…
-Tu crois qu’il est mort ?
-Non, regarde, il respire.
-Il a l’air mal en point.
-Tu m’étonnes, il doit être complètement gelé. Ramenons-le au chariot. On l’emmène.
-A vos ordres, sergent !
-Hey ! Garçon ! Tu m’entends ? Ca va ?
Samyël parvint approximativement à hocher la tête. Cela ressemblait plus à un tremblement plutôt qu’à autre chose. Où était-il ? Il était allongé, et pourtant il sentait que son corps se déplaçait. Le sol était dur sous lui, il tanguait un peu. Un bateau ? Non, il n’entendait pas les bruits de la mer. Le temps s’était calmé, le blizzard était passé. Le ciel était uniformément blanc.
-Comment tu t’appelles ?
-Sssaammyalll.
Sa bouche et sa langue étaient littéralement pétrifiées par le froid. Il ne pouvait quasiment plus parler.
-Sanyal ? Tiens, c’est original comme nom ça ! Vous avez entendu Sergent ?
-Oui, j’ai entendu Tom…
-Alors, Sanyal, qu’est-ce que tu faisais tout seul sur cette route en pleine tempête ?
Samyël secoua la tête.
-Ho, excuse moi ! Attend un moment, j’ai exactement ce qu’il te faut !
Le dénommé Tom lui ouvrit la bouche, et un liquide chaud vint remplir sa gorge. Cela le réchauffait instantanément, et lorsque le breuvage dévala son œsophage, il laissa une traînée de chaleur qui fit tousser Samyël.
-Hahaha, comme je le dis toujours, un p’tit coup de gnole ça vous requinque un homme en deux secondes ! Z’en voulez Sergent ?
L’alcool avait contribué à faire repartir le cerveau de Samyël à plein régime. Une foule d’information l’assaillit : Il se trouvait dans un chariot, avec deux inconnus en armes, Zackary était mort et il ne savait pas où il était !
La panique commença à s’emparer de lui, mais il se ressaisit vite.
-Qui êtes vous ?, commença-t-il par demander.
Le sergent, qui menait l’attelage depuis le siège du conducteur, lui répondit sans se retourner.
-Nous sommes des soldats du Fort D’argent. Nous rentrons de mission.
-Fort Argent ? C’est là bas que vous vous rendez ?
-C’est ce que j’ai dit, oui.
La Providence existait-elle ?
-C’est parfait, c’est là que je me rends également.
-Qu’est-ce que tu faisais seul en pleine nature par temps de tempête ?, redemanda Tom.
-Je me rends à Arendia, avec Zackary.
-Qui est Zackary ? Il n’y avait que toi, sur la route…
-Je sais, je crois qu’il… Je crois qu’il est mort.
A présent, la scène lui revenait en mémoire, et avec tous les détails sanglants. Peut être était-ce parce qu’à ce moment là il était complètement groggy, mais étrangement Samyël n’en éprouva pas beaucoup de peine.
-Il a été dévoré par des loups.
-Ho… Je suis désolé…
Un silence pesant s’installa entre les trois hommes. Ils suivaient le cours du Nyr à une allure rapide et régulière. Le chariot était tiré par deux puissants chevaux d’attelage robuste et endurant.
-D’ où… D’où tu viens ?, demanda timidement Tom pour briser ce silence qui le rendait mal à l’aise.
-De Solanéa.
-Je ne connais… Ca se situe où ?
-C’est une petite île, tout au Sud du Continent.
-Tout au Sud ? Mais c’est à des Kilomètres, même des centaines de kilomètres !
-Oui, je sais.
Les jambes de Samyël s’en rappelaient très très bien…
-Ba ça alors…
-On m’a dit que Fort Argent est la dernière défense d’Arendia, c’est vrai ?
La mine des deux soldats s’assombrit soudainement. Ca avait l’air d’être un sujet très sensible.
-Malheureusement oui, répondit quand même Tom sur un ton lugubre.
-Ces chiens de fanatiques… On leur ferra payer tout ça, un jour !
-Et… Vous combattez même par ce temps ?
-Non, non, bien sûr que non ! A cette période de l’année, les armées prennent du repos, ce qu’on appelle les quartiers d’Hiver, car le sol et le temps ne permettent pas de combattre correctement. C’est une règle immuable de la guerre, qu’on respecte depuis le commencement du monde !
-Mais les camps du Commandeur ne sont pas très loin du fort. Nous devons rester vigilants, ils prévoient certainement une attaque dès le début du printemps. Quoi que, j’ai l’impression qu’ils se sont relâchés ces derniers temps.
-Après tout ce temps, peut être qu’ils renoncent !
-Cela m’étonnerait, Arabéus n’aura de cesse tant que le monde ne lui appartiendra pas.
Les deux militaires crachèrent sur le sol à l’unisson.
-Mais ils pourront essayer autant de fois qu’ils voudront, l’unique passage pour Arendia restera définitivement clos. A ce propos… (Le sergent tourna la tête et scruta attentivement Samyël, soudainement soupçonneux) Pourquoi te rends-tu là bas ?
Le jeune homme réfléchit à toute allure. Il ne savait pas trop quoi répondre. Les ultimes avertissements de Rirjk défilèrent devant ces yeux, mais ces deux hommes ne faisaient-ils pas partis de la dernière armée libre du Continent ? Ne devait-il pas leur faire confiance ?
-Je vais à la Citadelle. Pour devenir Mage.
Les yeux de ses compagnons s’agrandirent de stupeur, et des sourires immenses leur fendirent la bouche. Tom le prit par les mains, tremblant de joie.
-C’est vrai ? C’est vrai ?
-Ou.. Oui, pourquoi vous mentirais-je ?, répondit Samyël, surpris par leur réaction.
-Vous avez entendu ça Sergent ? Il reste de l’espoir ! De l’espoir !
Les paroles de Tom hantaient Samyël. Il ne se les expliquait pas. Qu’avait-il voulu dire par « il reste de l’espoir » ? Pour masquer son trouble et se calmer les idées, il but une longue rasade de cet alcool fort. Il commençait à l’apprécier. L’élixir le réchauffait, et le rendait étrangement euphorique. C’était une drôle de sensation.
-Nous y voilà… Dhaz’Dorath, Fort d’Argent…
Samyël releva la tête, et sa bouche s’agrandit de stupeur lorsqu’il aperçut le paysage qui s’offrait à lui.
La citadelle était comme un magnifique bijou d’argent étincelant qui se nichait dans un défilé étroit dont les parois rocheuses s’élevaient très haut. De part et d’autre de la route principale qui menait au pont-levis s’alignaient d’impressionnant arbres à l’écorce d’un blanc immaculé. Le fort était construit en pierre de couleur gris-clair, et alliait excellemment esthétisme et efficacité, en une perle de génie architecturale. Des meurtrières étroites fleurissaient un peu partout sur la muraille et les tours élégamment crénelées étaient surmontées d’oriflamme portant le blason de Kalenz, un arbre d’Argent sur fond rouge. Samyël pouvait distinguer des centaines de soldats sur le chemin de ronde, prêts à donner l’alerte à la moindre menace. Le jeune homme distingua également plusieurs machines de guerre dont il n’aurait su dire les noms. Des espèces d’arcs géants braqués sur la route. Il n’était pas bien difficile de s’imaginer les ravages que de telles armes pouvaient provoquer dans les rangs ennemis. Vu comme ça, il paraissait impossible de s’emparer du château. Et pourtant, Arabéus et son commandeur s’y échinaient depuis plusieurs années.
-C’est vraiment… impressionnant…, souffla Samyël, admiratif.
Remplis de fierté, les deux soldats sourirent d’un air entendu. Puis Tom brandit un drapeau rouge et l’agita au dessus de lui après s’être mis debout.
Le signal fut bien reçu, et le pont-levis commença doucement à s’abaisser dans un bruit infernal de chaîne.
Depuis le chemin de ronde, Samyël pu enfin avoir une vue plus globale du Continent, et de tout le chemin qu’il avait parcouru en six mois en compagnie du vieux Zackary –les Dieux aient pitié de son âme. Cette terre était d’une beauté saisissante, surtout couverte de son blanc manteau de neige. L’hiver était la période préférée de Samyël. Le temps de la pureté immaculée venue du ciel. Quand tout était calme, serein, spirituel. Mais d’un autre côté, cela lui rappelait la triste fin de son grand père, survenue à cette période de l’année… Déjà sept ans depuis le terrible événement. Samyël avait plus ou moins déjà fait son deuil. La tristesse et le chagrin ne lui apportaient rien, il avait appris à ne plus les éprouver. Ceci dit, quand il avait appris la capture de Rirjk, il n’avait pas été capable de retenir ces deux sentiments. Mais un nouveau s’était formé à ce moment là, la rage. Rage de vivre, rage d’exister, rage de vaincre. Devenir le meilleur. Il s’était rendu compte au cours des six derniers mois que dans ce monde seule la force avait une quelconque importance. Les faibles servaient d’esclaves ou d’exutoires aux forts, et pas l’inverse. Il n’y avait que l’argent pour rivaliser avec la force.
Lors du voyage, Samyël avait également assisté à quelques bûchers. Il avait vu des gens de sa race brûler vif en hurlant de douleur pour le seul crime d’exister en tant que magiciens. Les ecclésiastiques et les soldats fanatisés ne pardonnaient rien. Le mal devait être purger par le feu et la violence. Seule une justice expéditive pouvait préserver le peuple des « démons » qui hantaient le Continent. Ces images restaient gravées dans l’esprit du jeune magicien, et un nom venait souvent s’y transposait, un nom qu’il hurlait toutes les nuits dans ses plus sombres cauchemars, Eratius.
Devant ces sombres spectacles, Samyël avait pris une décision. Il ne pouvait supporter de vivre dans un tel monde. Il devait le changer. Mais la tâche était ardue. Il lui fallait une armée, de l’or, des terres. Il devait devenir quelqu’un. Une personne crainte et respectée, connue de tous, un héros qui délivrait le peuple oppressé. La magie l’y aiderait. Les mages de la Citadelle comprendraient sûrement également. Ils l’aideraient sans aucun doute. Puis il tuerait Eratius et son Pontife dément, et le monde serait sauvé. Grâce à lui.
Cette idée était vraiment séduisante.
Mais son esprit vif et intelligent, savait que ce n’était encore une fois rien d’autre que des rêves de gamins. Si c’était si facile, pourquoi personne ne l’avait-il déjà fait ? Non, l’évidence s’imposait. Il ne pouvait rien faire. Cette triste fatalité lui arracha un sourire ironique.
-Jeune homme ? Jeune homme ?
Une voix un peu timide le tira de ses pensées. Il se tourna vers le soldat qui lui faisait signe d’approcher depuis le pas de la porte qui menait aux escaliers. Il se dandinait d’un pied sur l’autre, visiblement gêné.
-Le général va te recevoir. Suis moi.
Samyël obtempéra. Le militaire se retournait assez fréquemment vers le jeune homme, et lançait de rapides regards sur la chevelure vermeille. Samyël ne s’en formalisa pas. Certes cela l’avait déstabilisé initialement lors de ses premiers jours sur le Continent, où tout le monde se taisait à son passage, et fixait intensément ses cheveux rouges, contrairement à Solanéa où chaque habitant le connaissait. Mais il avait apprit à ne plus y faire attention. Cependant, quand les gens insistaient vraiment, cela avait tendance à l’agacer. Samyël avait également appris que les différences rendaient les gens nerveux ou gênés, voir violents.
Ils traversèrent la cour enneigée puis pénétrèrent dans le donjon.
Une fois arrivés devant les portes de la Salle du Trône, les deux gardes en factions devant celles-ci confisquèrent les armes de Samyël en lui promettant de les lui rendre une fois l’entretient fini. Le jeune garçon comprit parfaitement qu’en temps de guerre, on ne pouvait pas laisser n’importe qui s’approcher du général juste car il prétendait vouloir devenir magicien. Puis les soldats saisirent chacun un des battants et tirèrent afin d’ouvrir un passage dans lequel Samyël s’engouffra.
La Salle était assez vaste, quoi qu’assez vide. Les murs de pierre étaient recouverts de tableaux, de blasons, d’armes finement travaillées, d’étendards et bien d’autres. Un tapis de soie rouge menait jusqu’au pied d’un grand siège sur lequel était assis le général Kalenz en personne.
Le général ne ressemblait pas du tout à l’image que s’en faisait le jeune homme. Il se l’était imaginé grands, forts, avec des bras et des cuisses comme des poteaux, un cou de taureau, le crâne rasé et un regard furieux. Un guerrier, en fait.
Or Kalenz n’était rien de ceci. De taille moyenne, il était élancé mais athlétique. Il avait des traits aristocratiques fins, qui lui conféraient une beauté surprenante, mais qui respiraient la douceur mêlée à une autorité sans appel, quoique juste. Ses yeux verts en amande fixaient son jeune invité avec un mélange de gêne et de surprise. Ses cheveux mi longs plaqués en arrière ainsi que sa fine moustache de gentilhomme étaient roux. Une couleur que Samyël n’avait encore jamais vu chez un être humain, il en avait seulement entendu parlé au travers des récits de son Grand Père. Car la rousseur était une caractéristique propre à la lignée des Hÿalenz, dont été issu le général, le dernier descendant des dix chevaliers originels qui avaient lutté au côté du roi Aegir.
Etrangement, Samyël se sentit diminué face à cet homme, qui n’avait pourtant rien d’inquiétant. Il émanait de lui une étrange aura de force sereine, d’autorité tranquille qui forçait le respect. Arrivé suffisamment près, Samyël détourna le regard et s’agenouilla.
-Général Kalenz, c’est un ho…
-Qui es-tu ?
-Pa… Pardon ? (Samyël se sentit idiot, il bafouillait ridiculement, et son cœur cognait fort dans sa poitrine.)
-J’ai dit, qui es-tu ?
-Je m’appelle Samyël.
-Je le sais. Ma question est, qui es-tu ?
Le jeune garçon regarda son interlocuteur sans comprendre. Se moquait-il de lui ?
-Sire, je vous l’ai dit, je m’appelle Samyël.
-Oui, oui je sais tout cela. Mais un nom n’est rien d’autre qu’un nom. La chose qui m’intéresse est de savoir qui tu es. Pas qui tu prétends être.
La confusion de l’adolescent s’accentua.
-Je… Je crains de ne pas vous suivre, sire.
-Je crains de ne pas me suivre moi même… Cette guerre nous rend tous fous. Enchanté de te rencontrer, jeune Samyël. Ta venue est providentielle. Tout n’est peut être pas perdu.
-Que voulez-vous dire ?
-Quand j’étais jeune, un peu moins que ton âge, voir des garçons sillonnaient les routes pour se rendre à la Citadelle dans le but d’entreprendre des études de magie était monnaie courante. Maintenant, cela doit bien faire trente années que je n’avais plus vu quelqu’un comme toi. Au rythme ou vont les choses, la magie risque de disparaître purement et simplement. Ainsi, te voir debout face à moi, le regard déterminé et me dire avec résolution que tu t’apprêtes à devenir mage me redonne de l’espoir. Oui, tout n’est pas perdu.
Le général se leva de son siège, et avança de quelques pas. Tapotant l’épaule de Samyël, il lui fit comprendre qu’il pouvait se relever.
-Quoi qu’il en soit, pour toi, et ce sera la première fois depuis de longues années, j’ouvrirais la porte qui garde la route jusqu’à Arendia. Tu n’auras plus qu’à suivre le Nyr et tu arriveras à la capitale.
-Merci, général.
-Cessons ces règles de protocoles futiles, appelle moi simplement Kalenz. Tu ne t’en rends peut être pas compte, mais le simple fait que tu puisses contrôler les Arts, certes pour le moment de bien maigre façon, fait de toi mon égal sur le plan politique et sociale. Peut être même plus.
Samyël fut abasourdi par cette information. Jusqu’à présent il ne s’était jamais interrogé sur cet aspect de son apprentissage. D’ailleurs cela lui semblait tout bonnement surréaliste. Parce qu’il savait faire apparaître un globe lumineux dans sa main cela faisait de lui un grand de la société ?
-Ceci dit, le temps reste encore indécis, une tempête risque d’éclater avant la nuit. Reste ici ce soir prend un peu de repos. Le voyage a dû t’épuiser.
-Cela fait à peu près trente ans que je tiens ce fort contre les hommes d’Arabéus. Crois moi, il ne tombera pas de sitôt. Tant que je serais vivant en tout cas.
-Kalenz, il y a quelque chose que je ne comprends pas.
-Oui ?
-Et bien… Comment dire… Le Continent est vaste… Et… Comment se fait-il que le défilé d’Argent soit le seul endroit où les armées du Pontife puissent passer pour atteindre Arendia ?
-Car ils ont peur.
-Peur ? Peur de quoi ?
-De vieilles légendes mentionnent l’existence d’anciennes reliques magiques disséminées aux points stratégiques de la Plaine de L’Arch’Land, que les magiciens de la Citadelle pourraient réactiver pour couper court à toute tentative d’invasion.
-Et c’est vrai ?
-Bien sûr que non. Mais les gens croient ce qu’ils ont envi de croire. Et malgré toutes leurs belles paroles, ce qu’Arabéus et ses hommes redoutent le plus c’est bien évidemment la magie. C’est en partie pour cela qu’ils veulent l’éradiquer. Par conséquent, leur dernière possibilité est de passer par le Fort Argent, tenu non pas par des créatures et des boules de feu, mais par des hommes mortels équipés de fer et d’acier.
-Je vois…
Cela paraissait vraiment étrange à Samyël. Il trouvait cette histoire bancale et tirée par les cheveux. Ceci dit, les faits étaient là. Alors qu’ils avaient tout le loisir d’encercler la capitale de tous côtés, les Arch’Markiens préféraient envoyer leurs troupes s’écraser contre les hautes murailles du Fort.
-Sais-tu te servir de ton épée ?, demanda soudainement le général, tirant Samyël de ses pensées.
-Un peu, Zackary m’a enseigné les bases.
Pour souligner son propos, Samyël fit coulisser la lame hors du fourreau.
« -Vois-tu, l’art de l’épée est l’équivalent physique de la magie. C’est une manière d’être, une manière de vivre. Elle demande autant d’efforts et de concentration que l’étude magique. Cela requiert un corps fort et un esprit vif mais paisible. Dix centimètres d’acier peuvent tuer plus vite qu’un éclair ou une sphère de flammes. Maîtrise ton épée, fait tienne sa force et sa volonté, et tu seras un bon combattant. Lorsque tu te bats, tu ne dois penser à rien d’autre qu’à ton adversaire, focalise toute ton attention sur lui, observe le, analyse le, anticipe le, et bat le. Ce sont les préceptes de l’escrime. »
-Que dirais-tu de participer à quelques duels amicaux ? Avec ce froid, il faut se maintenir en forme, et l’exercice réchauffe.
-Oui, pourquoi pas. Je suis curieux de voir ce que je vaux à l’épée.
-Bien, dans ce cas suis moi.
Kalenz guida Samyël au travers des longs couloirs du Fort jusqu’à une petite cour centrale qui servait de terrain d’entraînement. Plusieurs soldats étaient à pied d’œuvre et s’affronter avec des armes émoussées. Lorsqu’ils s’aperçurent de la présence de leur général, ils s’arrêtèrent et le saluèrent en se tapant le poing sur le cœur.
-Messieurs, que diriez-vous de vous mesurer à notre invité ?
Les hommes regardèrent Samyël avec surprise, puis éclatèrent de rire.
-Bien, c’est réglé, dit Kalenz avec un sourire malicieux. L’équipement d’entraînement est par là.
« -Le physique ne fait pas tout. Un colosse de deux mètres avec des bras comme des poteaux et ne se reposant que sur sa force n’a aucune chance contre un adversaire agile. Un bon escrimeur allie force, vitesse et technique. Si tu doutes de tes muscles, sert toi de ta tête et de tes jambes. Bouge toujours, ne laisse aucune faille dans ta défense. La moindre petite brèche peut se révéler fatale. Dans le même ordre d’idée, ne laisse pas à ton adversaire l’occasion de t’attaquer. Lance assaut sur assaut, enchaîne les bottes et les feintes, sois agressif. Souviens toi toujours que lors d’un combat, tu mets ta vie en jeu. Alors défend la de toutes forces. »
Samyël posa sa main sur la garde de son épée. Il mit une jambe en avant et positionna son corps en biais. Une posture classique. Le soldat qu’il avait en face de lui, croyant avoir à faire à un gosse n’ayant jamais touché une lame de sa vie, fonça sans se soucier de rien. Sereinement, Samyël attendit le bon moment, se décala un peu puis déferra sa lame aussi vite qu’il le put, la positionnant sous le cou de son adversaire.
Le public resta sans voix. Kalenz sourit. Le soldat, médusé, recula un peu, puis s’effondra sur les fesses, regardant le jeune garçon avec des yeux ronds.
-Finalement, l’entraînement du vieux ne devait pas être si mauvais que ça, dit simplement Samyël en rengainant son arme.
« -Samyël, surtout, ne tire aucun orgueil de ton épée. Sois toujours humble. Car il y aura toujours un homme pour te dépasser et te vaincre. Si cela arrive un jour, n’en tire aucune rage, ne te blâme pas ou que sais-je encore. Prend plutôt cela comme une leçon et tire en des conclusions. C’est ainsi que tu progresseras toujours plus dans l’art de l’épée. Un bon guerrier fait davantage confiance à sa lame qu’à son habilité. En maniant longuement la même arme, le combattant tisse avec elle des liens forts qui l’aident à se battre. Changer d’épée comme de chemise n’est jamais bon. Un escrimeur peut avoir une épée forgée par le plus grand maître forgeron du monde, il n’aura aucune chance face à une lame de moindre qualité si elle est maniée par une personne la manipulant depuis de longues années. Considère ton arme non comme un outil, mais comme une entité, comme une amie. Une compagne qui t’épaule et qui t’aide. On dit que si les liens sont vraiment forts, l’esprit de l’épée apparaît à son possesseur. Met en pratique tout ce que je t’ai appris, entraîne toi régulièrement et tu deviendras un redoutable combattant. »
Transpirant abondamment, Samyël massa son épaule meurtrie. Il tomba à genoux, déclarant sa défaite. Kalenz sourit, rengaina sa lame puis aida le jeune homme à se relever.
-Ta technique est intéressante, mais tu as encore de gros progrès à faire.
Samyël acquiesça. Après s’être fait rosser proprement, le doute n’était pas permis. Il ferma un moment les yeux, et repassa mentalement le combat qui venait de se dérouler. Non, vraiment, la différence de niveau était beaucoup trop importante.
-Est-ce que le Commandeur est fort ?
Réalisant la stupidité de sa question alors même qu’elle franchissait sa bouche, Samyël grimaça en se traitant d’idiot. Kalenz le regarda, pensif, puis perdit son regard dans le ciel.
-Oui, il est fort. Pour l’avoir vu de près, je mettrais ma main à couper que je n’aurais aucune chance contre lui en combat singulier.
Cette nouvelle dépita Samyël. Il serra le poing de rage. Eratius était très fort à l’épée ? Aucune importance, il comblerait le manque de force par sa magie. Etrangement, Samyël se mit à souhaiter de rencontrer le Commandeur en personne. Peut être pour mieux lui passer sa lame au travers du corps…
Un rictus dément tordit ses traits.
Nul ne le vit, mis à part le général Kalenz. Une boule se forma dans sa gorge, et il sentit une sueur brûlante descendre subitement le long de sa colonne vertébrale. Un étrange pressentiment le saisit alors qu’il contemplait le visage du jeune homme.
« Est-il vraiment celui que l’on attendait ? », ne pu-t-il s’empêcher de penser.
Mal à l’aise, il déclara soudainement d’un ton faussement enjoué.
-Aller, assez combattu pour aujourd’hui. Le repas doit être prêt, tu dînes à ma table ce soir. Je te présenterais à Marron, notre mage.
Samyël releva la tête. Son sourire fou avait disparu, il arborait à nouveau le visage expressif et heureux d’un adolescent normal –outre cette teinte de cheveux bizarre.
-Je ne savais pas qu’il y avait un magicien ici !
Kalenz avait-il rêvé ? Sûrement. Pourtant… Pourtant il était sûr d’avoir vu un tout autre visage quelques instants plutôt.
-Et comment aurions nous pu tenir si longtemps sans un soutient magique ?
Allons bon. Ce n’était sans doute rien. La lumière était mauvaise, cela avait dû fausser son jugement. Il devenait vieux, tout simplement…
Marron était un homme avoisinant la quarantaine, mais qui était perpétuellement agitée d’une bonne humeur contagieuse. Il remontait sans cesse ses lorgnons le long de son nez, et tenait toujours un livre, comme si c’eût été un besoin vital. Plutôt ventripotent, il se vêtait souvent d’une ample robe auburn, ne démentant pas ainsi la tradition voulant qu’une personne de magie porte une robe.
Samyël le rencontra brièvement lors de la soirée. Le mage fit un rapide détour par la salle à manger pour saluer leur hôte, puis il repartit presque aussitôt à ses livres, comme si il était sur le point de découvrir quelque chose de capital.
-Ne t’en fais pas, dit le Général avec un sourire, il est toujours comme ça. Tu auras sûrement l’occasion de le voir un peu plus tard.
Samyël acquiesça distraitement en hochant la tête. Il savourait le repas exquis, servi dans des assiettes dorées. Cela le changeait de la viande séchée, du fromage et des fruits secs qu’il avait mangé durant tout le voyage. La viande juteuse fondait littéralement dans sa bouche ; les légumes cuits à la perfection croquaient sous ses dents… Il se régala plus que de raison.
-Parle moi un peu de toi, continua Kalenz en buvant un peu de vin.
-Que voulez vous savoir ?, répondit le jeune homme en relevant vaguement les yeux.
-Je ne sais pas… Tu as de la famille ?
-Je n’ai jamais connu mes parents. Mon grand-père m’a recueilli très tôt après ma naissance et il m’a élevé seul. Eratius l’a assassiné, il y a sept ans.
-Ainsi donc il était magicien ?
-Non, pas vraiment. Il s’est sacrifié pour sauver la vie de mon maître.
-Une noble fin. Ce devait être un grand homme.
-Oui, un très grand homme. Plus grand que je ne puis l’imaginer.
-Et ton maître ? Parle moi de lui.
-Rirjk ? C’était quelqu’un de bien aussi. C’était un bon maître, il m’a élevé à la mort de mon grand père.
-Rirjk ? Tu as dit Rirjk ?
-Oui, en effet, c’est ce que j’ai dit. Il y a un problème ?
-Non, non, aucun, pardonne-moi. J’ai cru me souvenir de quelque chose, mais ce n’est pas possible. C’est lui qui t’a envoyé vers la Citadelle ?
-En quelque sorte. Du moins c’est ce qu’il me conseillait de faire dans sa lettre.
-Dans sa lettre ?
-Les Arch’Markiens l’ont enlevé il y a six mois. Il semblait s’y attendre, il m’avait écrit une lettre au cas où cela se produirait. Je ne sais pas s’il est encore en vie, quelque part…
-C’est peu probable, je sais ce que ces foutus fanatiques infligent aux gens de magie…
-Je le pense également…
Sur l’arbre auquel Henry était pendu, une deuxième silhouette apparut dans l’esprit de Samyël. La silhouette de Rirjk, se balançant doucement au bout d’une corde.
-Ton grand père avait également les cheveux rouges comme toi ?, fit Kalenz, désireux de changer de sujet.
-Non, il était brun. Personne ne sait d’où ils me viennent. Sûrement de ma mère.
-Je vois, je vois…
Le général porta sa coupe à ses lèvres, et but une gorgée de liqueur.
-Tu sais gamin, dans le fond, je t’admire. Tu es plus courageux que moi.
Samyël releva la tête cette fois-ci. Kalenz le regardait fixement, une étrange lueur dans le regard.
-Que voulez-vous dire ?
-Tu te diriges vers une vie vouée aux études de la magie. Dans un monde devenu complètement fou et qui ne désire que son éradication. Dans quelques années, tu seras l’un des ennemis publics numéro un. Tu seras traqué, chassé, sûrement assassiné. Mais sachant tout cela, tu continues bravement ta route. Oui, je t’admire.
Une boule se forma dans la gorge de Samyël. Il n’avait jamais envisagé les choses sous cet angle. Son esprit était encore enchaîné par les grives de l’enfance. Il baissa les yeux vers son assiette. Il n’avait plus faim tout à coup. Il commença à s’imaginer que derrière chaque colonnade, chaque porte, à chaque détour d’un couloir, il y avait un homme, attendant le bon moment pour lui planter une dague entre les omoplates. Une sueur âcre glissa le long de son dos. Son futur lui parut soudainement beaucoup plus incertain.
-J’ai pris une décision, là, dans l’instant. ‘Sûrement aidé par cet excellent vin. Je te fais une promesse. Je tiendrais ce fort pour cinq ans encore, au moins. En échange, tu dois me promettre quelque chose.
-Quoi donc ?
-Lorsque tes pouvoirs auront suffisamment grandi, tu prendras part à la guerre.
Le général semblait très sérieux. Ses yeux légèrement rouges à cause de l’alcool ne cillaient pas. Il attendait une réponse. Samyël réfléchit juste un moment aux conséquences qu’aurait cette promesse. Mais après tout, dans le fond, après la mort d’Henry, pourquoi avait-il continué l’apprentissage des Arts ? Pour finir illusionniste de rue, comme le vieux Zackary ? Pour mourir pendu au bout d’une corde ou brûlé vif en place publique sous les hués d’un peuple aveuglé ? Non. Il voulait se battre. Il voulait prendre sa revanche. C’était clair comme de l’eau de roche. Nulle hésitation ne pouvait ralentir sa parole.
-Je vous le promets, général.
-Général, puis-je vous parler ?
Kalenz abaissa le bras, signalant aux sentinelles d’activer les systèmes d’ouverture de la Porte de la Lune. Après quelques instants, les lourds battants commencèrent doucement à s’ouvrir.
-Bien sûr, mon cher Marron, je vous en pris.
Le temps était radieux, le ciel d’une bleuté immaculée. Seul le froid mordant et le paysage enneigé signalaient la présence de l’hiver.
-Il y a quelque chose qui me trouble à propos de maître Samyël.
Le magicien se plaça à côté de Kalenz, et tous deux, depuis les créneaux, regardèrent la petite silhouette rougeâtre qui entamait le voyage final jusqu’à Arendia.
-Je vous écoute.
-Mon général, c’est assez difficile à expliquer. J’ai pu m’entretenir avec lui. Je ne doute nullement de ses intentions et de ses dires. Seulement, j’ai eu l’occasion de tester son pouvoir, et il m’est apparu que ce garçon ne possède aucune once de magie en lui.
Kalenz fronça les sourcils mais ne quitta pas Samyël des yeux.
-C’est faux, il a fait apparaître une sphère de lumière dans sa paume hier au dîner.
-Je le sais, et c’est justement cela la source de mon trouble.
Un silence méditatif s’installa entre les deux hommes. En contre-bas, la porte de la Lune se refermait aussi doucement qu’elle ne s’était ouverte. Quelques années seraient sûrement nécessaires avant que ses battants ne bougent de nouveau.
-Êtes vous sûr de ce que vous avancez ?
-Sûr, mon général, autant qu’un magicien peut l’être.
Sans trop savoir pourquoi, Kalenz revit dans son esprit le visage illuminé d’un sourire dément de Samyël, la veille sur le terrain d’entraînement. Il chassa cette idée d’un revers de la main.
-Mais sera-t-il apte à apprendre vos Arts ?
-Il semblerait que oui, au vue de ce qu’il est déjà capable de faire.
-Dans ce cas oubliez vos troubles. Nous en avons moins besoin que de sang neuf dans les rangs des vôtres.
Marron acquiesça en se caressant le menton.
-A vos ordres mon général.
En silence, les deux hommes rentèrent à l’intérieur, chacun ruminant ses pensées, partagées en espoirs et incertitudes.
Prince du Crépuscule:
... Comme promis, j'ai défié certaines foudres que tu connais pour venir ici te commenter. Je suis désolé d'avoir été autant absent, ma connection ne me pardonne pas ces derniers temps, et le manque de sommeil non plus d'ailleurs. Profitons donc de ces jounées banalisées bien méritées suite au bac blanc (on devrait en faire plus souvent rien que pour cette récompense je trouve *-*) pour venir faire un tour dans l'antre de son Mage Vermeil et de ses magnifiques écrits! :<3:
Ha, eh bien! Enfin les aventures de ce cher Samyël reprennent, tu m'en vois fou de joie, je n'attendais plus que ça! Et pour l'occasion Nehëmah m'a généreusement laissé la première place derrière ce looooong post pour accueillir mon retour à bras ouvert, je t'aime toi aussi! =3 (enfin parfois seulement... les parasites, ça te suce le sang jusqu'à la moëlle et ça dissèque des souris marmotte en plus, mieux vaut ne pas trop s'y attacher... XD)
Alors, par où commencer, y a tellement à dire que j'en ai déjà oublié la moitié. Alors, première note positive, Samyël est de retour! Pas que j'appréciais pas la reptilienne compagnie de ce cher Argoth, mais bon disons que j'ai toujours gardé quelques préférences pour l'oeuvre originale et sa dimension complète, et pour les cheveux rouges aussi. ^^ Magnifique et long chapitre donc, deux qualités essentielles selon moi. Il est vrai qu'à la fin on commence à s'épuiser et à relire plusieurs fois la même ligne, mais quel bonheur! J'ai été emporté par cette suite aux nobles épopées de notre apprenti mage préféré, et à son intrusion au sein de Fort-Argent. Et pour commencer fort, outre ton style toujours aussi admirable et soigné, ce vocabulaire riche et précis et cette belle syntaxe conférant à tes écrits un grand souffle épique, comme l'herbe des grandes plaines ployant en un murmure charmé aux avances du langoureux zéphir, et se laissant totalement séduire en une vague de plaisir double, (PdC, calme tes ardeurs, on t'a retrouvé on a compris... v_v") on découvre le personnage intéressant que constitue Eratius.
Oui, l'ennemi de Samyël lui-même, celui qui a fait exécuter de sang froid son grand-père puis Rirjk (j'espère tant qu'il revienne, ta mise en doute quant à sa mort nourrit mes espoirs, je veux savoir! é_è), on en apprend plus sur lui en une belle scène dans le grand palais pontifical d'Arch'Mark, dont la belle description m'a tout de suite plongé dans le flot chrameur de tes écrits. Personnage fanatique s'il en est, imposant mais aveuglé par son fanatisme exubérant et ses fausses lumières, jouant d'ombres sur la pureté de ses convictions. Rien n'est pire que la religion pour cela, et sa totale foi en Arabéus le confirme dangereusement pour notre mage vermeil (mais non pas toi, celui que t'as créé voyons! \o/). La magie, ce noble art, est traqué de toutes parts et seule Arendia résiste à cette déferlante de folie. Il est évident que ce dernier rempart de la raison serait sa cible utlime. On a un bel aperçu de fanatisme qui se développe tout le long de ta première partie, jusqu'au point ultime où il exulte de sa consécration, au point de fondre en larmes. Encore une fois j'ai envie de le comparer à Thomas Brogan, du Sang de la Déchirure dans l'Epée de Vérité, car il est vrai que ce thème est largement repris à travers les épopées de Fantasy, mais bon j'aime et tu y réussis parfaitement, les méchants garçons de ton cycle sont parfaitement crédibles! ;)
Et voilà que la deuxième partie débute, après une grande ellipse narrative (Nehëmah, c'est à cause de toi tout ça je te hais, profondément... >w<' non je plaisante ;p) nécessaire il est vrai, même si j'aurais bien voulu quelques petits chapitres transcrivant cette longue route vers Fort-Argent. Enfin je vais pas me plaindre, mais six mois balayés comme ça, pfiou ça en fait du temps et des kilomètres racourcissant mon cycle préféré. M'enfin, ça aura permis quelque chose de grandiose, de fabuleux, d'aussi précieux que le ciel... Rirjk est vengé, et Zackary est mort! Ouaaaiiiisss!! ^o^ ... Ah non, je voulais dire, on en aura su que peu concernant ce gentil mage, c'est tellement dommage ( :p ) même si l'on pouvait aisément pressentir qu'il ne serait pas important et qu'il servirait uniquement à compléter autant que faire ce peut la formation de Samyël avant d'entrer dans la cour des grands barbus en robe. Et aussi de ne pas le laisser sombrer dans cette douce folie qui semble l'habiter, peut-être.
Bon, ensuite la rencontre avec les soldats, blabla, on en apprend un peu plus sur la situation, et surtout ils révèlent ce qui fait l'unicité de Samyël, outre ses cheveux rouges: la magie, qui est en pleine décrépitude. Encore une fois, je te félicite quant à la qualité de tes dialogues et de la narration, que tu manies à merveille. ^^
Vient la belle description de Fort-Argent, joyau d'argent serti dans les hautes falaises le ceinturant. Elle suscite autant l'admiration de Samyël que la mienne je crois. Je décèle une forte ressemblance avec Minas-Tirith d'ailleurs, j'ai pensé d'emblée à cette merveille et au film, à ces fiers remparts, ces trébuchets (remplacés par des balistes mais bon customisation samyëlienne on va dire ^^) j'ai pensé à la grandiose guerre qui allait s'en suivre, destinée que Fort-Argent lui partage en plus de son apparence (enfin c'est l'impression que j'en ai eu, je parie que c'est encore faux ce que je raconte >_>).
Puis enfin surviennent la belle rencontre avec Kalenz, une figure que j'aime beaucoup et à laquelle je me suis attaché dès que je l'ai vu (avant dans le cycle, même que je l'avais confondu je crois fufu). Je sens que ça veut dire qu'il va mourir vite, comme tous les personnages secondaires qui me plaisent plus que les autres... (alias Rirjk, Haku dans Naruto et une foule d'autres...) T-T Il en impose je trouve, il me rappelle Sildinn d'ailleurs (un peu), haut compliment que je te fais là! :)
Ils parlent de l'avenir, etc... puis la scène de l'entraînement arrive (la tirade de Kalenz sur l'épée et la rencontre de son âme même m'ont fait penser au zanpakutô de Bleach ^^), pour déboucher sur la folie incertaine de Samyël. Côté sombre intéressant au demeurant, comme un germe qui croîtrait en lui pour usurper sa raison et son statut d'apprenti classique, pour rendre dans l'original. ça me plaît et j'ai hâte de voir comment les choses évolueront! Je prédis un gros barbare sanguinaire qui s'abeuvrait du sang de ses ennemis. XD
La scène finale conclut sur la promesse de Samyël de combattre au nom d'Arendia et des utilisateurs de magie, puis sur les paroles échangées entre Marron et Kalenz en haut des remparts de la fière cité, mettant en cause les fondements du don du petit mage, alors que cet être, ultime espoir, s'en va dans la neige. :niais: ça fait très mélancolique je trouve, comme si quelque chose de terrible allait arriver, comme un bond dans le futur avant l'heure, juste avant la bataille, ou un grand regret embrassant un passé révolu bien trop tôt. Je m'égare peut-être, mais bon sans sentiments chez moi on arrive à rien, je t'offre ma propre vision des choses en des petits commentaires se résumant en deux mots: j'aime! ;)
Pour conclure... Je veux la suite! Bonne continuation GMS, j'espère que cette légère impression personnelle occupera un peu de ton temps et éclairera ce que je pense de tout cela. Bonne soirée! =D
PS: Quand j'ai commencé à écrire, il faisait encore jour, je comprends pas... :niak:
Nehëmah:
Et bien, nous sommes civilisés, très cher confrère du forum littéraire :niak: Ainsi, c'est avec grande joie que je te laisse t'emparer de la première place du podium des commentaires pour ce tour-ci :niak: Remarque, c'est soit toi, soit moi, ; dois-je en effet rappeler que nous sommes, quasiment, les deux lecteurs réguliers de Samyël ? (et tout au moins ses deux commentateurs officiels adorés, je te laisse allègrement la première place, tu la mérites, si, si j'en suis sûr !). Bien sûr, des fois Ganon d'Orphée fait des apparitions, mais il faut approfondir les efforts :niak:
Bref. Si ça continue comme ça, je deviendrais presque pire que toi, Prince du Crépuscule, au niveau de l'égarement des commentaires. cependant, nous le faisons de deux manières différentes, ce qui fait c'est chouette (oui j'avoue j'étais pas inspiré pour finir ma phrase).
Du coup, j'en viens à m'excuser, Samyël, puisque j'ai introduit quasiment en répondant à Prince du Crépuscule xD D'ailleurs, je veux savoir si ce dernier m'aime ou me haït, puisqu'il m'a dit qu'il m'aimait, puis, plus tard, qu'il me haïssait , tout ça dans un même commentaire. Par conséquent, je doute profondément. Car comme en plus il a dit qu'il ne fallait pas trop s'accrocher aux parasites... Bon... Il a pas tort :niak: M'enfin pas grave, j'achève là ma digression refoulée et pourtant non-contenue.
Bon. Procédons à la dissection *et oui, un parasite reste un parasite*.
Que nous as-tu donc servi de bon ? Pour l'entrée, un peu d'Eratius, tout fou-fou. Ce personnage me fait penser un peu à Kefka dans Final Fantasy 6 : un illuminé qui boit les paroles de son supérieur (avant de se rebeller et de le tuer, dans une passe de folie qu'il gardera jusqu'à sa mort, une année plus tard). Bref, tu vois tout de suite le parallèle que je compte faire ? Je pense qu'Eratius est un illuminé profond, qui a une foi inébranlable, et croit trop d'ailleurs. Ben tiens, le Seigneur l'a élu... J'suis pas sûr que son dieu existe vraiment, mais il risque d'y croire vraiment, et Eratius pourrait fortement faire glisser cette relation de Dieu - croyant à Dieu lui-même. Vous voyez, la folie, c'est forcément une affaire d'inconscient qui bouffe le conscient. Et dans le conscient on retrouve des tas de saloperie du genre du complexe de supériorité, caché par une profonde humilité.
Ensuite, sûrement que tout ce que j'ai dit n'est que palabres inutiles et j'aurais tout simplement l'air d'être un psychanaliste en herbe. Bah... Normal, j'en suis un, et même pas en herbe, en graine si possible.
Là où je suis heureux et fier de moi, c'est dans ma lecture fine et perspicace du personnage de Samyël (hein ? Je me jette des fleurs ? Ben oui...). Ce que je pensais, à savoir l'évolution de sa folie, est en bonne voie. Je dirais même que ce chapitre confirme ce que je pensais, et pire encore, que ça risque d'être au-delà de mes croyances. Un Arthas en puissance ? Je ne mise même pas sur le barbare sanguinaire mais sur l'espèce de paladin déchu, ravagé par sa folie et ses doutes qui n'ont trouvé écho qu'en la facilité de destruction.
Samyël est là, au moment où tout se joue. Il a en lui les potentialités d'un futur dangereux. Il ne le sent même pas. Mais pourtant, c'est clair. Et ce qui m'a franchement mais franchement éclairé, c'est quand il s'imagine dans plusieurs années, en proie à des tueurs et tout et tout. Et puis, il veut devenir le meilleur. Il se cache cette possibilité, quoi ! Il se dit qu'il ne doit pas le faire, car il ne peut pas, comme s'il pratiquait une auto-humilité. Franchement, tout ce maelström de paranoïa et de complexe de supériorité.... Avec la référence aux cheveux rouges, je pourrais presque croire que ce brave Josef Staline, excellent dirigeant de l'URSS de 1924 à 1953 t'a inspiré, mais bon... Donc, je vois franchement Samyël devenir chef d'un Etat totalitaire, pire encore que ce peut pratiquer Eratius et ses acolytes... Une sorte de vengeance, mais en ultra-pire (ouais, terme pourri à deux balles). Par ailleurs, je crois que dans le futur, Samyël n'aura rien à envie à Eratius.
Par ailleurs, notons qu'à cette période de la vie, tout peut se jouer. Il peut se transcender tout ocmme il peut sombrer. A la manière de la famille Skywalker. Sombrer, comme Anakin, ou lutter et se transcender pour Luke. Lequel sera Samyël ?
Une dernière chose à dire, c'est que j'adore vraiment ce personnage dans le sens où c'est maintenant qu'il révèle son potentiel et que nous sommes en train de lire ses aventures tout comme nous sommes peut-être en train d'assister à l'ascension d'une terrible menace pour cet univers dans les décennies à venir. Peut-être le héros d'une histoire sera l'ennemi public numéro 1 d'une autre ? Bref, cette désagréable sensation de voir un tyrant évolué et de mettre sur le compte de son hypothétique future tyrannie, toutes les souffrances qu'il a dues endurer.
Je passe rapidement à Zackary.Bon, concrètement il a pas servi à grand chose le pépé. Je me demande même si c'est pas Samyël à la limite qui l'a tué (notamment à cause du décallage : "Samyël se demanda vaguement s’il y avait des loups dans le coin." et le ton de certitude "Il a été dévoré par des loups. "... un peu comme une sorte de mensonge). A vrai dire, ça peut paraître absurde mais je ne fais absolument pas confiance à ce mage vermeil.
Pour conclure sur Zackary; il a enseigné les rudiments du combat à l'épée de Samyël, mais c'est bien sa singulière utilité. Pour le reste, on repassera. J'avais trouvé une itnerprétation pour ce personnage maisje ne m'en rappelle même plus, signe qu'il m'a franchement marqué.
Enfin, Kalenz. Bon, n'y allons pas par quatre chemins : il se fera tuer par Eratius ou Samyël... Je sais pas, honnêtement mais je le vois mal passer le cap de ces cinq années. Au pire, il sera une perte qui fragilisera un peu plus Samyël, mais honnêtement je le vois plutôt mort que vivant. Et c'est bien dommage car il dégage un certain style, mais paraît un peu trop lisse une fois encore. Par ailleurs, le Fort d'Argent donne un petit côté Gouffre de Helm qui semble encore une fois un peu repompé. Simple clin d'oeil ? Réminiscence purement fortuite ? Faiblesse d'imagination ? J'opte plutôt pour la une et la deux, je doute beaucoup que tu sois un faible d'esprit :love:
Bref, ce qui me met sur la voie de son trépas certain, autre que par mort naturelle, c'est le fait qu'il ait vu le visage de Samyël, le véritable, celui qu'il cache, qu'il cache à la fois de son entourage mais aussi de lui-même. Kalenz a vu son visage. Un peu une sorte de malédiction. De la superstition peut-être. Mais je pense qu'il a déjà des doutes sur Samyël, confirmés par Marron (heureusement qu'il y a des personnages aux airs inutiles afin de simuler l'impression de peuplade immense :niak: xD Bon, c'est dit sur le ton cynique, mais c'est un compliment hein !). Bon, et puis le fait qu'il se pense moins fort que Eratius, c'est bien le signe d'une impuissance et donc d'une inutilité certaine. C'est à Samyël qu'il appartient de se venger d'Eratius et sûrement que le mage pourrait tuer n'importe qui pour achever Eratius.
Ce n'est sûrement pas la bonne réflexion, mais j'aime le penser.
Bon, ai-je vu d'autres choses qui méritent d'être signalés ? Ah oui, je pense comme Prince du Crépuscule, après ce qu'il en a dit ça m'a paru évident : Rirjk n'est pas mort. On ne le voit pas mourir, et son ombre plâne encore sur la fiction. Si, si, il reviendra plus tard. Et sera sûrement très fâché de voir que son brave petit Samyël est devenu un monstre fou à lier (oui là je me projette dans mes hypothèses ah ah).
Bref. Je te remercie pour cette lecture, ce fut tellement intense de retrouver Samyël dans de telles conditions ! Ca faisait un mois ou deux qu'il avait disparu mais il était toujours aussi frais... Voire plus que d'habitude... Ah... Vivement la suite !
Red ink:
Analyse detaillée du premier chapitre :
Il y avait donc une forêt de sapins, en bordure du village. Une forêt aux arbres serrés, où régnaient l’obscurité et l’humidité et avait de ce fait acquis la réputation d’être hantée par quelques esprits. Il fallait également faire attention car le bois se finissait sans crier gare sur un à-pic vertigineux à flanc de falaise qui vous entraînait vous briser sur les rochers.
Pour la première phrase : la virgule n'est pas nécessaire mais bon tu peux la garder à la limite.
Pour la deuxième phrase : évite la répétition de forêt et utilise une belle figure de style. Par exemple : Une montagne verte où régnait une humide obscurité xD / Au fait tu as utilisé deux fois la conjonction "et", une fois cela suffit. De plus ta phrase n'a plus de sens enfin je bloque quand je la lis.
Pour la troisième phrase : Je bloque encore ><
Et malgré tout cela, nombre de voyageurs venaient arpenter les sentiers à peine dessinés de cette forêt. Parmi eux, se trouvait un jeune garçon, originaire de la Dent. Il ne devait avoir que six ans, ou pas loin, mais il vagabondait dans la forêt sans crainte ni peur, peut-être par inconscience… ou par courage.
Première phrase : "Et malgré tout cela" fait trop simple je trouve ^^ (exemple : Et malgré ces nombreux dangers)
Deuxième phrase : t'as du mal avec les virgules xD
Troisième phrase : si il vagabonde sans crainte c'est qu'il le fait sans peur, donc le deuxième adjectif est complétement inutile et ne fait qu'allourdir la phrase (oh un premier vrai commentaire xD) / Pour la fin de la troisième phrase, elle pourrait bien conclure le paragraphe mais je bloque encore une fois (exemple : Etait-ce son inconscience ou sa témérité qui guidaient ses pas ?)
En ce temps, le trafic maritime avait fortement évolué et les navires charriaient avec eux les rumeurs de la guerre, et nombre de réfugiés cherchant abris à Solanéa. Parmi eux se trouvait un homme d’âge mûr, vêtu d’une robe ample et auburn. Avec lui cheminait une jeune femme, très belle de visage et aux manières douces. Si fait, ils avaient entendus parler de la Dent de l’Ours et c’est vers ce lieu qu’ils se dirigeaient d’un pas pressé, quoique sûr. Ce faisant, ils pénétrèrent dans la forêt qui bordait la Dent. L’homme rassura sa compagne d’un murmure et ils pressèrent leur âne qui rechignait à entrer. Ils progressèrent quelques instants sans rien croiser, et au bout d’un moment ils s’assirent sur le tapis de mousse qui recouvrait le sol du bois et ils firent un repas de pain et de fromage.
Première phrase : encore une fois tu as utilisé trop de fois la conjonction "et"
Troisième phrase : 'Avec lui cheminait une jeune femme, très belle de visage et aux manières douces"
Très belle de visage ... Mouais xD (remaniement proposé (à toi de voir hein xD) : une charmante jeune femmes aux douces manières.
Dernière phrase : Encore ce deuxième "et" ><
-Vous qui êtes entrés en mon domaine, vous qui ne craignez pas mon courroux, acquittez-vous du droit de passage ou rebroussez chemin dans l’instant, fit soudain une voix surgie de nul part.
Elle se voulait forte et menaçante, mais le son était si aigu qu’on devinait la candeur de l’enfance. L’homme se leva, ramassa son bâton de marche et leva son autre main, souriant.
-Je vous demande pardon, messire, mais nous ignorions que cette forêt était vôtre. Nous ne sommes que de simples voyageurs sans argent et nous ralliions la Dent de l’Ours. Montrez-vous, messire, et nous pourrons parler.
Un buisson s’agita un peu à l’écart du sentier qu’ils suivaient. Un petit garçon en sortit. Il était de taille moyenne pour son âge. Ses cheveux, d’un rouge sombre comme le sang séché, lui arrivaient aux épaules en mèches indisciplinées. Son regard vert intense et résolu fixait le voyageur dans les yeux. Il était habillé d’un vêtement en toile grossière et portait au côté un long bâton droit, à la manière des chevaliers, qui devait lui peser vu qu’il se penchait un peu vers la droite.
-Je suis le Maître de la forêt, un chevalier de premier ordre, mais vous pouvez m’appeler Samyel.
L’homme s’inclina avec un sourire.
-Messire Samyel.
-Vous voulez passer …
-C’est exacte Messire.
-Messire Samyel, le corrigea-t-il. Il vous faut vous acquitter d’un droit de passage.
-Nous n’avons pas d’argent, Messire Samyel.
-Je ne vous en ai pas demandé.
-Que voulez vous, messire Samyël ?
-Battez vous contre moi.
-C’est impossible. Je ne suis pas un guerrier, messire Samyël.
Le garçon s’assit sur une souche, un peu à l’écart du sentier. Son regard intense ne quittait l’homme. « S’il avait été plus vieux, je l’aurais cru s’il m’aurait dit être chevalier », pensa-t-il. Il y avait dans son regard un éclat, une flamme de bravoure, et, malgré son très jeune âge, on l’aurait cru capable d’affronter n’importe quel adversaire.
-Dans ce cas enseignez moi quelque chose, reprit le garçon.
-Que voulez vous savoir, messire Samyël ?
-N’importe. Du moment que c’est quelques chose que je ne connaisse pas ni votre nom.
-J’ai 31 ans.
-J’en suis heureux.
-Me laisserez vous passer, messire Samyël ?
-Non.
-J’ai remplis votre condition.
-Certes non.
-Je vous ai appris quelque chose.
-Je ne le pense pas.
-Je vous ai dit mon âge, et j’aime à penser que vous ne le connaissiez pas, messire Samyël.
-Si, répondit le garçon.
-Et comment cela ?
-Je suis magicien. Ne vous l’avais-je point dis ?
-Je ne pense pas.
-Dans ce cas vous me devez une faveur.
-Pourquoi cela ?
-Je vous ai appris quelque chose. Il est donc normal que vous me donniez quelque chose en retour.
L’homme sourit devant l’intelligence poignante de l’enfant.
-Permettez moi d’insister, messire Samyël, mais comment avez vous fait pour connaître mon âge, comment vous y êtes vous pris ?
-Et bien c’est simple. Je vous ai jeté un envoûtement.
-Vraiment ? Quel genre d’envoûtement ?
-Un magicien ne révèle jamais ses secrets.
-C’est exact. Maintenant que je sais que nous sommes confrères, je me permets donc de ne plus vous donner du messire.
Le garçon en resta un moment interdit.
-Vous êtes magiciens ?
-C’est encore exacte.
-Vous êtes le premier que je rencontre. Mais n’allez pas croire que vous m’impressionner, je suis chevalier !
-Je n’en ai jamais douté un seul instant (et en un sens, c’était vrai…).
-Dans ce cas enseignez moi la magie.
-Je ne le puis.
-Pourquoi ?
-Je ne sais même pas si vous êtes apte à pratiquer les Arts.
-Je le suis.
-Comment le savez vous ?
-Je le sens.
-Intéressant. Il faudra que nous en reparlions dans un futur prochain. Vivez vous à la Dent ?
-Oui. Enfin non. J’habite la petite maison au bord de la falaise, tout au sud du village, avec Grand Père.
-Parfait. C’est là bas que nous nous rendons, ma femme et moi, pour emménager.
-Dans ce cas vous pourrez tenir votre promesse et vous me parlerez de la magie.
-Sans problème. Puis-je poursuivre notre route ?
-Oui.
Le mage remercia l’enfant et repris le petit sentier qui zigzaguait entre les arbres. Lorsque sa compagne voulut le suivre, le garçon l’en empêcha en lui barrant le chemin avec son bâton.
-Désolé, mais vous n’êtes pas encore autorisée à passer.
La femme parut surprise au début, puis adressa à Samyël le même sourire doux qu’aurait eu une mère pour son fils.
-Enseignez moi quelque chose, où battez vous contre moi, comme vous préférez.
Elle le prit alors dans ses bras, et le serra contre son cœur, tendrement. Le garçon en perdit tous ses moyens, et lorsqu’elle se sépara de lui, il resta debout, interdit. Le couple repartit, et lui resta ainsi un moment.
Il ne le savait pas encore mais il venait d’apprendre une chose fondamentale.
Je n'ai rien à signaler ici, quoique essaye d'aerer le texte
Great Magician Samyël:
Hop, bientôt la rentré, et toujours pas de cadeau de noël/nouvel an? Roo, c'est impardonnable :niak: Bon, pour atténuer quelque peu votre courroux justifié, voici le chapitre 16, que j'ai pris énormément de plaisir à écrire ^^
Mais avant, répondons à ces deux pavés :bav: (à noter que c'est un compliment, hein? ^^)
PdC==> Ha Eratius, je l'aime bien celui là. D'ailleurs, pour la petite anécdote, originellement, il s'appelait Konan le bougre :niak: Mais une personne avisée de mon entourage (GdO quoi :niak:) m'a fait remarqué que ça faisait un petit décalage... Bref^^
Alors, effectivement, il ressemble assez à Thomas Brogan, je ne le nie pas, car l'épée de Vérité fait partie de mes nombreuses sources d'inspirations ceci dit, cette impression devrait s'estomper au fur et à mesure de ses apparitions, j'ai des projets intéressants pour lui, mais vous verrez ^^
Bon, je répète ici ce que je t'avais dit en privé, cette grande ellipse ne se retrouvera pas dans la version finale du Cycle. En effet, il devrait normalement y avoir quelques chapitres relatant le voyage et développant le personnage de Zackary, ainsi que leur entraînement aux armes^^ Mais pour le moment, je ne me sentais pas encore suffisament expérimenté pour écrire des chapitres comme ça tout en les rendant intéressants ^^
C'est pourquoi ça a pu paraître un peu brutale comme reprise =p
Sildinn? Effectivement, haut compliment que voilà, je t'en remercie ^^ Roo, pourquoi devrait-il forcément mourir? ^^ Je l'aime bien moi ce Kalenz...
Attention par contre, même si je reconnais que cela peut ne pas être claire, la tirade sur l'art de l'épée est en fait une leçon qu'a donnée Zackary à Samyël durant leur voyage, d'où ce découpement. Heureux que la folie grandissante de Samyël te plaise, j'avoue que je craignais que cela déplaise ou passe mal ^^ Sûrement à tord d'ailleurs =p Un gros barbare sanguinaire s'abreuvant du sang de ses ennemis...? xD J'aime bien l'image, mais ce n'est pas vraiment ce que j'ai imaginé pour lui =p
Bref, encore merci pour ce superbe commentaire :niais:
Nehëmah==>LowL, je te pardonne v_v (oui je suis de bonne humeur en ce moment xD) Toujours est-il que les sentiments d'un Prince sont souvent difficiles à interpréter... :niak: Wait and see :niak:
Je ne connais pas plus en détail ce Kefka, n'ayant joué à FF6 que très rapidement sans jamais allé plus loin qu'après le premier boss (l'espèce d'escargot =p), ceci dit, la description que tu en fais résume assez bien Eratius :) Sauf ce qui est entre parenthèse =p Comme je disais à PdC, j'ai des projets pour lui, regardons comment il évoluera ^^
Ha, j'aime quand tu t'interroges comme ça sur Samyël, ça me permet de voir comment vous ressentez les choses, et de comparer avec ce que j'ai prévu^^ C'est vraiment instructif ^^ Etant donné que ce thème est l'un des thème principal du récit, je ne dirais trop rien, je préfère que vous découvriez tout au fur et à mesure des chapitres^^ Par contre, je n'ai pas trop saisi le raprochement avec Staline et l'URSS mais c'est pas grave =p
Pour Zackary, effectivement il ne sert pas à grand chose, voir ce que j'en dis à PdC un peu plus au dessus ^^
Rooo, décidément mon brave Kalenz, personne ne croit en ta sruvie mdr Bref, je crois que c'est pas la peine de le cacher, en effet il mourra. Ceci dit je garde le secret sur les circonstances ^^
Bref, merci pour ce super commentaire *o*
--- Citation de: "PdC" ---Je décèle une forte ressemblance avec Minas-Tirith
--- Fin de citation ---
--- Citation de: "Nehëmah" ---le Fort d'Argent donne un petit côté Gouffre de Helm
--- Fin de citation ---
\o/ Faudrait vous mettre d'accord. =p Bref, c'est ni l'un ni l'autre, ma description est peut être pas assez poussée (j'ai toujours du mal pour les longues descriptions ^^"), mais l'idée que j'ai du Fort d'Argent est très éloignée et de Minas-Tirith et du Gouffre de Helm ^^ Donc Nehëmah, ni clin d'oeil, réminescence fortuite peut être (mais alors vraiment pas voulue ^^"), ni faiblesse d'imagination, quoique cela m'arrive parfois mais ce ne fut pas le cas ici :)
Quand à Rirjk... Mouahaha, doute, doute, que je t'aime. lowl Je garde cette info' pour moi, vous verrez bien :gnark:
Red Ink==> Bon, je crois qu'on a assez parlé de ces commentaires :p
Bref, sans plus attendre, le chapitre 16 ^^ Il est possible qu'il contienne plus de fautes que d'habitude, j'avoue que je l'ai relu moins de fois que la normal^^
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Chapitre 16 : Arendia.
-« … ainsi est-il parti depuis peu ; j’ai dépêché mon coursier le plus rapide pour vous apprendre la bonne nouvelle, votre Grâce. Salutations, Général Kalenz. » Et le cachet est authentique, aucun doute là dessus.
Le petit cabinet où se tenait la réunion secrète devint soudainement silencieux. On pouvait presque entendre les pensées de chacun se mettre en action. Dhaltarion III, grand roi d’Arendia et de l’ancienne Arch’Land, reposa doucement la missive sur le bureau. Son visage grave ne démontrait aucune émotion, ses yeux de marbre reflétant la lueur du feu qui crépitait dans l’âtre.
-Que pensez-vous de tout ceci, mon ami ? demanda-t-il sans tourner la tête.
Nemerle, Archimage de la Citadelle Blanche, se leva du confortable fauteuil où il était assis et se mit à faire les cents pas dans la petite pièce. Sa robe blanche, symbole de son rang, froufroutait légèrement à chacun de ses gestes.
-Si cela est vrai, c’est une grande nouvelle, Mon Roi. Cela fait environ trente années que nous attendions un événement de ce genre. Un futur mage, qui n’est pas originaire d’Arendia. Cela me redonne de l’espoir, et une grande joie. Souhaitons qu’il soit digne de nos attentes.
Dhaltarion acquiesça en silence. Il ne savait pas trop quoi penser de tout ceci. Cela lui paraissait trop soudain, presque irréel. Depuis toutes ces années de guerres désastreuses, enfin peut être l’étincelle de l’espoir pouvait de nouveau s’allumer ? Le roi l’espérait. Mais il réfléchissait. N’était-ce pas aller un peu trop vite en besogne ? Oui, un jeune mage arrivait. Le premier depuis longtemps. Mais alors quoi ? Un gamin pouvait changer la face d’une guerre qui touchait presque à sa fin, là où des centaines de milliers d’autres avant lui avaient échoué, où même les pouvoirs des plus grands magiciens avaient failli ? C’était presque ridicule. Le sort en était jeté depuis pas mal de temps à présent.
L’Arch’Land n’existait plus, la magie menaçait de disparaître, et bientôt les hordes Arch’Markiennes viendraient déferler sur Arendia et détruire à coup de haches et d’épées le dernier bastion de la raison dans ce monde ravagé par la folie d’un homme et de son fils.
Un goût amer remplit la bouche du Monarque. Non, décidément, cela ne changeait strictement rien. Une fois que le Fort-Argent serait tombé, s’en serait fini. Avec ou sans ce Samyël.
Comme souvent récemment, Dhaltarion III pleura. Filibert d’Aranis, général en Chef des armées Arckendéennes -du moins ce qu’il en restait-, l’Archimage Nemerle ainsi que Markus d’Esboni, grand intendant de la famille royale Arendienne, se détournèrent pour respecter la dignité de leur roi. De tous les hommes présents, un seul garda le regard fixe : Arthurus, prince héritier d’un royaume déchu. Du haut de ses treize années, il regardait son père pleurer. Il ne le comprenait pas. Il ne comprenait pas qu’un roi puisse être aussi lâche.
Pour lui, son géniteur se contentait de se lamenter en pleurnichant. Si cela n’avait tenu que de lui, Arthurus aurait depuis bien longtemps rassemblé les dernières forces D’Arch’Land, et entreprit la reconquête de son royaume. Au lieu de rester assis sur un trône maintenant dénué de pouvoir à attendre l’inéluctable.
Cependant le jeune prince ne disait rien, il gardait ses sombres pensés pour lui même. Il n’était pas en mesure de faire quoi que ce fût. Et puis de toute façon, son père ne l’aurait pas écouté. Il ne l’écoutait jamais.
Une fois ses larmes sèches, Dhaltarion releva la tête. Il croisa le regard dur de son fils et détourna les yeux.
-Messieurs, cette entrevue est terminée. Merci de vous être levés aussi tard.
-Cette nouvelle ne pouvait attendre, le rassura Nermerle d’un sourire.
Après quoi, ils sortirent tous un par un, laissant leur roi seul dans le cabinet.
-Nermerle, commença Filibert quand ils furent dans le couloir, cela changera-t-il vraiment quelque chose ?
-Je ne pense pas.
Entendre tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, sur un tel ton fataliste, sapa leur morale un peu plus qu’il ne l’était déjà.
-Cependant, reprit l’Archimage, attendons de voir comment tout ceci évoluera. Peut être… Peut être que les dieux ne nous ont pas oubliés. Ce jeune Samyël pourrait être celui qui ferra bouger les choses.
-Vous le pensez vraiment ?, intervint à son tour Markus d’Esboni.
Le vieil Archimage garda un moment le silence.
-Non, pas le moins du monde. J’essais juste de rester optimiste.
Derrière les trois hommes les plus importants d’Arendia, le jeune prince Arthurus serra le poing.
Plus personne ne croyait au miracle.
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« Viens, je t’attends… »
Le féerique regard vert se posa sur Samyël, aguicheur. Une fois de plus il se retrouvait devant cette inconnue, tout son être tremblant de désir. Ils flottaient au centre d’une nébuleuse étoilée, silencieuse et apaisante. Samyël savait vaguement que tout ceci n’était qu’un rêve. Il l’avait fait trop souvent pour ne pas le savoir. Pourtant, il voulait s’approcher de cette femme rousse, l’enlacer, l’embrasser, lui faire l’amour. Lorsqu’il était devant elle, plus rien n’existait en dehors d’elle. Il aurait tant voulu, tant voulu pouvoir la toucher. Rien qu’une fois. Mais des mains invisibles le retenaient, l’empêchant de répondre à ses pulsions profondes. C’était une torture, mais quelle douce torture. Il savait que bientôt elle s’éloignerait en riant, jusqu’à disparaître au delà des étoiles. C’était toujours ainsi que cela se passait.
Ses lèvres exquises s’ouvrirent en un sourire divin. Son rire cristallin se répercuta un instant, emplissant Samyël d’une fébrilité merveilleuse.
Une pensé toucha son âme et son esprit « Viens, je t’attends… ».
Puis, doucement, l’apparition s’éloigna. Samyël la regarda, désespéré, mais cette fois il trouva la force de crier :
-Quel est tom nom !?
Mais nulle réponse ne lui fut donnée, et la femme se fit aspirer par une étoile.
Le jeune homme se réveilla en sursaut, ruisselant de sueur. Il avait de nouveau fait ce rêve. C’était la première fois depuis cet après-midi où il avait appelé un démon en lisant le carnet noir. Ces six derniers mois, ses nuits avaient été remplies de cauchemars où un seul homme revenait chaque fois pour achever sa besogne : Eratius. Chaque fois, il revêtait une apparence différente, pour mieux le tromper et le tuer. Et pendant que Samyël brûlait sur un bûcher ou s’étouffait au bout d’une corde, cet homme riait de lui, son sourire dément barrant sa face cauchemardesque. Mais cette nuit c’était différent. La femme rousse lui avait de nouveau rendu visite. Sans trop savoir pourquoi, il se sentit étrangement serein. Plus qu’il ne l’avait été ces six derniers mois. Il resta un moment allongé sur le sol, sous sa couverture. Dans le ciel étoilé il cru reconnaître les traits de sa belle. Ce spectacle lui arracha un sourire. Depuis son départ de Fort-Argent, la veille, le temps s’était montré clément, il faisait même presque « chaud ». L’adolescent n’avait rencontré aucun voyageur, contrairement à son voyage avec Zackary. Cela l’étonnait à moitié. Après tout, la région était encore sous la menace de la guerre. Et le temps ne se prêtait pas à l’aventure. Cependant, la route principale était très bien entretenue, et Samyël n’avait aucun mal à la suivre.
Comme l’aube approchait à l’est, il décida de se remettre en route. Il estimait à quelques heures encore le temps nécessaire pour compléter son périple. Il se leva, s’étira, puis s’éloigna un peu du feu qu’il avait allumé pour se soulager. Lorsqu’il revint, il éteignit les flammes à l’aide de son pied. Il passa sa lame à la ceinture, chargea son sac sur ses épaules puis passa son arc et son carquois en bandoulière. Puis il reprit sa route.
Avec l’amélioration du temps, le fleuve Nyr s’était dégelé, et lorsque Samyël rejoignit sa rive gauche après un lacet du chemin, il l’entendit qui descendait la plaine vers le Sud, pour déboucher sur la mer en un delta à trois bras. Ce fleuve, Samyël le suivait depuis son arrivé sur le Continent. Il se sentit triste en se disant qu’il ne l’entendrait plus, une fois arrivé à la capitale. La rivière était devenue comme une amie, une présence rassurante. Mais enfin, enfin il touchait au but. Bientôt, il se réchaufferait aux feux de la Citadelle…
La plaine sauvage laissait place à de vastes étendues de terre cultivées, laissées un peu à l’abandon en raison de la saison. Les fermes poussaient de-ci de-là au petit bonheur la chance, sans ordre. Des clôtures sommairement montée devaient servir de délimitations entre les différents lopins de terre, et garder le bétail sur les lieux de pâturage. Auparavant, là devait pousser une formidable forêt, car de minuscules bosquets se tenaient encore fièrement un peu partout, derniers représentants des immenses bois qui couvraient le Continent dans cette région des siècles en arrière. Le Nyr traversait le paysage lentement, scintillant tranquillement sous le soleil froid de l’hiver.
L’air était glacial, le temps dégagé. Samyël soufflait perpétuellement dans ses mains pour tenter de les réchauffer. Bien en vain. Ses jambes avaient encore à peine assez de force pour le porter et le somptueux dîner de Fort-Argent n’était déjà plus qu’un souvenir pour l’estomac torturé du jeune homme. Ses provisions arrivaient à leur fin, tout comme son voyage. Derrière le petit tumulus qu’il escaladait s’étendait Arendia. Le joyau de l’Arch’Land, la cité des Rois, fondée par Aegir en personne. Des fumées blanches s’élevaient en spirale dans le ciel gris. Le soleil se levait à peine à l’Est, mais déjà semblait-il la ville était éveillée.
Samyël fit une halte, préférant attendre un peu et savourer l’instant. Il s’assit sur un gros rocher plat et froid, et porta son regard sur la Chaîne de L’infini, à l’horizon nordique. Les hautes montagnes aux pics enneigées qui marquaient la fin du sud Continental n’étaient qu’une vague silhouette obscure et floue. De bien nombreuses légendes faisaient mention des prétendus habitants des montagnes. Des géants de pierre, des lutins malicieux, de grandes forteresses sous la pierre où des êtres merveilleux faisaient fête toute l’année. Certains conteurs disaient que les montagnes abritaient les demeures ancestrales des anciens dieux -telle Adyäna, déesse de la Grâce qui bénit l’épée d’Aegir afin de la rendre invulnérable au sang corrosif de Nagür le Dragon Noir- où les héros de jadis joutaient les uns contre les autres pour obtenir les faveurs des filles des divinités. Dans le Haut-Pays, à l’Est, l’on murmurait que l’effroyable Foudroyeur qui faillit venir à bout du légendaire Argoth rôdait toujours le long des cimes glacées, faisant le tonnerre et les éclairs pour les jeter sur le monde d’en bas. Enfin, quelques aventuriers de retour de voyage affirmaient avoir aperçu les ombres immenses de quelques dragons, volant dans le ciel, très haut, retournant s’abriter dans les cavernes secrètes abritant leurs trésors mirifiques. La Chaîne de L’infini s’étendait sur plusieurs milliers de kilomètres, coupant littéralement le Continent en deux, d’Est en Ouest. Seuls deux passages avaient été creusés par d’anciennes peuplades, bien avant la venue des hommes et permettaient de pouvoir franchir les montagnes à pied, sans passer par la mer. Bien peu avait osé s’y aventurer. Les cartes dessinées par les explorateurs faisaient état d’immenses forêts de conifères vierges, du côté occidental, comme du côté oriental. Nul brave n’avait eu l’audace de défier ces contrées inconnues, et les vastes terres du Nord Continental restaient un mystère complet, que les sudistes se plaisaient à entretenir.
Samyël rêva un moment de ce qui pouvait se trouver au delà. Des créatures magiques, des aventures oubliées, d’anciens trésors et des ruines antiques. Son esprit d’enfant vagabonda quelques instants à flanc de montagnes, accompagné d’un grand sourire. Mais bientôt, la réalité, sombre et morose, le rattrapa. La lueur dans ses yeux s’éteignit et ses lèvres se figèrent. Le vent froid fit doucement voleter ses longs cheveux. Il était temps de se remettre en route. Le jeune magicien souffla un bon coup, prit une grande bouffée d’air frais et se releva. Il marcha jusqu’au sommet de la colline. Ses yeux s’agrandirent et sa bouche s’ouvrit, d’émerveillement et de stupeur mêlées.
Les mots lui manquaient pour définir ce que son regard balayait. Arendia s’offrait enfin à sa vue, après six mois de voyage, et treize années de rêves secrets. La cité des Rois portait bien son nom. Bâtie sur un modèle octogonal, elle s’étendait sur plusieurs dizaines d’hectares. Une épaisse et haute muraille crénelée ceignait son pourtour, d’où s’élevaient régulièrement des tours de guets, surmontées d’oriflammes rouges et noires aux couleurs de l’Arch’Land et d’Arendia. Les étendards claquaient au vent, et les soldats en armures blasonnées faisaient des rondes incessantes le long du rempart. Des meurtrières étroites s’ouvraient un peu partout permettant à des tireurs d’arroser les rangs ennemis. Des mangonneaux, des balistes, des trébuchets miniatures et d’autres armes de mort s’alignaient le long des murs, couvrant ainsi la presque totalité de la plaine environnante.
Quatre portes qu’on aurait dites inébranlables gardaient ses entrées, une au Sud, une au Nord, une à l’Ouest et une à l’Est. Deux énormes avenues en partaient et se croisaient pile au centre de la ville, formant ainsi une croix parfaite. Des centaines, des milliers plutôt, de bâtiments s’élevaient de part et d’autre dans un ordre parfait. Des auberges, des échoppes, des marchés, des demeures, des forges, des boulangeries, des ateliers d’artisanat, des manoirs… Des parcs fleurissaient de-ci de là, où s’élevaient d’immenses statues en bronze à l’effigie de quelques héros de légende. Bien que le soleil ne fusse qu’à peine plus qu’un demi disque à l’horizon, les rues grouillaient littéralement de monde, une foule bariolée composée de gens déjà au travail. On allumait les fourneaux, on sortait le pain des fours, on garnissait les étalages… le tout dans un brouhaha permanent. Les avenues étaient surveillées par une milice en constant mouvement, prête à intervenir au moindre problème. Ces soldats étaient reconnaissables de loin grâce à leurs tabards rouge-vif, couleur de la maison des rois d’Arch’Land depuis le temps d’Aegir. Des gens entraient et sortaient de la cité, accompagnés de chariots remplis de marchandises diverses -blé, farine, viandes, métaux…-, et chaque allée et venue était contrôlée par les gardes en faction aux portes. Au delà du mur d’enceinte, plusieurs dizaines de chaumières, de fermes et autres masures prolongeaient la cité. Le Nyr longeait Arendia par l’Ouest jusqu’à la porte Sud. Un pont de bois avait été édifié pour permettre le passage à la porte Occidentale. Ainsi le fleuve faisait partie intégrante de la défense Arendienne et avait joué lors de nombreuses batailles un rôle déterminant.
Une colline s’élevait au Nord Ouest de la cité, sur laquelle avait été bâti le palais royal, immense et sublime bâtiment qui n’avait d’égale que le palais Pontifical de l’Arch’Mark. Le donjon s’élevait sur plus de cinq niveaux, abritant les appartements royaux ainsi que la salle du trône, la salle des banquets, le Conseil des Chevaliers, le Hall du Souvenir où reposaient le corps d’Aegir ainsi que de tous ses descendants, la salle du trésor royal et enfin les geôles où croupissaient les hors-la-loi en attendant d’être jugés par le roi en personne. Au dehors, de vastes jardins s’étendaient tout autour de la grande propriété, faits d’allées de terre battue, de parterres de fleurs magnifiquement entretenus, de bassins où des poissons rares et précieux s’ébattaient tranquillement, de labyrinthes de haies, de bosquets touffus où l’on avait installé des bancs de marbre blanc et de sculptures finement détaillées.
Deux rues plus loin se trouvait la caserne et les baraquements des soldats en poste dans la cité, ainsi que les terrains d’entraînement et les réserves de matériel. Par endroit, de grandes tours d’argent et de nacre s’élevaient à des hauteurs vertigineuses, rivalisant de beauté et d’audace architecturale. C’était là les demeures de quelques magiciens aisés et respectés.
Samyël n’en revenait pas. Tant de beauté, tant de magnificence, tant de grandeur… Il se sentit soudain très petit, et un étrange vertige s’empara de son corps. Etourdi, il s’adossa à un arbre pour reprendre ses esprits. Tout cela dépassait ses rêves les plus fous ! Il avait trouvé Port-Ebène immense, Arendia faisait presque le double ! Et tous ces gens, ces odeurs, ces fumées… Beaucoup de choses passaient dans l’esprit de Samyël, mais la déception n’en faisait assurément pas partie. Une certaine excitation le saisit. C’était donc dans cette merveilleuse cité qu’il passerait les années à venir. Il s’avouait sans mal que cela n’avait rien de déplaisant. Alors qu’il la parcourait du regard une dernière fois, il eut l’étrange impression que quelque chose manquait. Il scruta chaque quartier, chaque place, chaque parc, mais ne parvint pas à mettre le doigt sur l’origine de son trouble. Finalement, il haussa les épaules en se disant que ce n’était qu’un effet de son imagination. Le cœur soudain plus léger, il reprit sa route, déterminé à avaler les derniers kilomètres qui le séparaient encore de sa destination. Une nouvelle vie l’attendait là bas, une vie d’étude, de magie, de livres anciens. Il s’imagina entrain d’arpenter de vastes bibliothèques aux odeurs d’encens et d’encre ; il s’imagina rédiger des traités, des parchemins de magie ; il s’imagina vêtu de somptueuses robes de mage, déambulant dans les rues, acclamé par les foules.
« Lorsque tes pouvoirs auront suffisamment grandi, tu prendras part à la guerre. »
Sa promesse lui revint subitement en mémoire. Ne le laisserait-on donc jamais tranquille ? Pourquoi ne pouvait-il simplement rêver, et vivre en paix ? Pourquoi le Destin semblait-il s’acharner sur lui, pourquoi devait-il faire une guerre qui ne le concernait pas ?
-Pourquoi ?!, s’écria-t-il soudain.
L’écho de son cri se répercuta un instant dans l’air glacé. Les doux sentiments qui l’avaient envahi étaient partis. Seule restait une colère sourde, amère. Son regard se porta à l’Ouest, par delà les grandes forêts, vers l’Arch’Mark. Là où résidait la source de tous ses tourments, la source de toutes ses peines, de toutes ses peurs aussi. Un jour viendrait peut être où Samyël devrait partir batailler dans les plaines de l’Occident. Peut être. Sûrement jamais.
« Je te fais une promesse. Je tiendrais ce fort pour cinq ans encore, au moins. »
Cinq années ? Voilà donc tout le temps qu’il lui restait ? Enfin, il fallait être réaliste. Le Fort-D’argent ne tiendrait sans doute pas jusqu’au prochain été. Que pouvait bien faire une pauvre garnison perdue dans une forteresse isolée contre la quasi-totalité du Continent ? Une poigné d’hommes pouvait-elle réussir là où des armées prétendues invincibles avaient échoué ? Non, le général avait fait son temps. La gloire Arkandéénne n’était plus qu’un vague souvenir. Le royaume d’Aegir s’était effondré, et d’ici un an ou deux, l’hégémonie Arch’Markienne commencerait, et pour longtemps, signifiant par la même la fin de toute magie dans cette partie du monde. Un régime de terreur, basé sur une divinité unique et son pontife maléfique.
Un goût amer remplit la bouche de Samyël. Il se demanda si cela valait vraiment le coup, en fin de compte, de continuer sa quête de magie. Au bout, il ne voyait qu’une seule chose : la mort, par les flammes, ou au bout d’une corde. Renoncer, c’était vivre. Mais renoncer, c’était admettre la défaite. Alors, fallait-il continuer, ou plutôt s’abandonner tout de suite et mettre un terme à tout cela ?
Le jeune homme tira doucement son épée. Ses démons intérieurs le tiraillaient, le tourmentaient, noyant son esprit dans la confusion et le doute. Il plaça la lame sur son poignet. Il paraissait que mourir par hémorragie, c’était comme de s’endormir tout doucement. Et avec le froid, ses sens étaient émoussés…
Samyël sourit de dérision, et alors qu’il allait s’entailler les veines, son regard tomba sur l’ours gravé sur la lame. Sa résolution se brisa en mille morceaux, et il lâcha l’épée. C’était ridicule. Ridicule ! Il se faisait pitié. Est-ce qu’Henry, alors qu’il était emmené vers la potence, s’était posé des questions aussi stupides ? Est-ce que Rirjk, sachant la mort proche, s’était enfui lâchement, comme il voulait le faire à l’instant ?
Non, non et encore non. Tous deux avaient bravement affronté leur destin, regardé la mort en face. Leurs convictions n’avaient jamais faiblis, n’avaient jamais changé. Ils étaient restés les mêmes jusqu’à la fin.
Les yeux vagues, Samyël regarda une fois de plus le paysage froid. Il ne savait plus où il en était. Ce qu’il était. Ses certitudes disparaissaient les unes après les autres, aspirées dans les affres du doute. Il tomba à genoux. La rassurante présence de l’enfance avait disparu, laissée quelque part sur une île aux confins du monde. Ses rêves de jeunesse, ses envies… Tout, tout volait en éclat. A quoi bon ? A quoi bon ?
Le regard vide, il se laissa tomber sur le sol glacé. Peut être qu’en d’autres temps, il se serait mis à pleurer. Mais il avait juré que jamais plus l’eau salée ne mouillerait sa figure. Ainsi en serait-il…
Ce jour là, devant Arendia, le jeune Samyël faillit sombrer pour toujours et disparaître à jamais de l’Histoire. Les scènes épouvantables auxquelles il avait assistées repassaient en boucle dans son esprit. Henry, se balançant au bout de sa corde, le visage picoré par les corbeaux. Le vieux Zackary, dévoré par les loups. Il s’imaginait sans peine ce que Rirjk, Erika et le petit Erik avaient enduré avant de périr. Les bûchers, les potences grinçantes. Le démon qui avait failli le tuer, six mois auparavant… Enfin, un nom terrible, sans forme, qui tourbillonnait devant ses yeux, glaçant ses rêves : Eratius. Parfois, des sensations fugaces lui revenaient, les tendres étreintes de Rose, le rire du vieux Silex, les histoires du grand père… Mais jamais elles ne persistaient et très vite finissaient emportées par les cauchemars. Parfois il rêvait d’un bateau, perdu dans la brume, visité par d’effroyables créatures. Des cris de douleur, des cris de mort. Et le sang, qui se confondait rapidement avec ses cheveux…
Un sabot se tint soudainement devant les yeux perdus de Samyël. Il entendit l’animal renâcler, et un bruit de ferraille. Le jeune homme leva les yeux. Une lumière aveuglante le frappa, le faisant larmoyer. Sur le cheval se tenait un homme, vêtu d’une armure de plaques magnifique en fer blanc. Un casque rayonnant coiffait son chef et il tenait dans la main droite une lance d’arçon à laquelle flottait fièrement un étendard éclatant. Une épée fabuleuse pendait à son côté, attachée à sa ceinture.
Un Chevalier.
L’apparition tourna la tête vers Samyël. Puis, elle saisit le cor qui été ceint à son torse, et souffla dedans. La mélodie guerrière, grave et envoûtante, partit au galop courir sur la plaine, traversa les forêts, puis se perdit dans les hautes montagnes au Nord. Un autre cor rugit et Samyël aperçut, plus loin sur la prairie, un second Chevalier, en armure dorée. Solennellement, les deux hommes levèrent leurs lances, puis, d’un accord tacite, lancèrent leurs montures au galop, faisant trembler le sol. Samyël regardait la scène sans trop comprendre, captivé.
Les armes s’abaissèrent, et les écus se brisèrent. Les deux combattants furent désarçonnés, mais ils continuèrent de lutter au sol à l’aide de leurs épées. Le duel dura ce qui sembla une éternité, puis les deux chevaliers s’évanouirent, ne laissant derrière eux qu’un mince filet de fumée blanche.
Qu’est-ce que cela voulait dire ? Etait-ce une vision ? Un mirage provoqué par l’hiver ? Un message divin ?
Samyël se releva et s’épousseta.
Les doutes, les craintes, les angoisses, c’était pour les faibles.
Dans ce monde, seuls les forts survivent, seuls les forts changent leur Destiné. Seuls les faibles vivent dans la peur de l’avenir.
Le jeune homme ramassa son épée et la remit au fourreau. Un large sourire sur le visage, il reprit la route.
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