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La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1

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Prince du Crépuscule:
Bon, arrêtons un moment de bosser et de m'épuiser, rejetons la fatigue qui m'assaille et l'insomnie qui me fait plier sous son joug cruel ces derniers temps, et employons le peu d'énergie qu'il me reste pour servir une noble cause: un pavé Crépusculien, certes plus court que certains autres, mais rien que pour toi, mon amour de Mage Vermeil! :love:

Donc avant de commencer réellement, je vais me poser pour répondre un peu. Les commentaires ne sont plus trop mon habitude, depuis une semaine c'est très long pour moi vous savez? XD
Hé, qu'est-ce que tu croyais, que j'allais te laisser en chemin mon petit Samyël? Oh! C'est PdC qui commente hein, pas un de ces freluquets à peine tombés de la dernière ondée d'automne, non mais! Et puis, j'allais pas me priver de quelque chose d'aussi merveilleux non? ;)
Mais de rien très cher, et désolé pour Rirjk (que son nom soit béni par je ne sais quelle déesse -je préfère- de ton univers, amen.), tu m'avais déjà repris au tout début, à mon premier commentaire (ça remonte hein? ^^) mais pour moi c'est un vieillard magicien ce bon bougre, et puis voilà c'est triste quoi, faudrait que la vieille Chiyo rescucite et qu'elle refasse son sort de résurrection, ce serait bien. (référence pourrie liée à l'insomnie, tu vois dans quel état je suis? Tu m'étonnes que j'écrive de ces commentaires qui durent trois plombes après, c'est la fatalité je crois que veux-tu c'est comme ça... >_>).

Enfin bref, je suis heureux d'enfin te revoir un peu, surtout pour un nouvel écrit ("pour le reste tu peux crever!" J'aurais écrit ça si j'étais méchant, mais je ne le suis pas, hein? *fait son timide comme les petites filles* Tu crois que je devrais...? *appelez l'ambulance, c'est urgent* XD). D'ailleurs, comme tu n'as pas avancé dans ton fabuleux Cycle du Rouge (t'es pas le seul, bouhouhou... T-T), je vais commenter cette fraîche nouveauté, qui ne manque pas d'intérêt! J'ai sacrifié de mes questions analytiques de littérature, de mon explication de texte en philo et de mon ô combien génial DM d'histoire pour lire ceci, je spécifie car tu devras répondre des mauvaises notes! :p

Voilà donc la première partie du pavé... *le rideau tombe, entracte*

Ah, c'était bien bon ce petit mousseux! D'Allemagne dîtes-vous? De Basse-Franconie? Je connais, c'est chouette comme endroit, d'ailleurs wissen sie, dass meine Grosseltern dort wohnen? Ja, wirklich ich bin doch nicht si dumm, um so Blöde Witze zu machen! Na ja, einfach so, ich sagte es, um Spass zu machen, sie sehen so frustriert aus. Was? Sie sind die Frau von Ganon d'Orphée? Oh, entschuldigung, ich glaube ich habe leider etwas auf'm Feuer vergessen. Auf Wiedersehen, Frau d'Orphée! Haha!... :ash: *s'éclipse*

Y a des gens je vous jure, on se demande ce qu'ils font là... V_v

Tout ça pour dire que je suis content que GdO ait posté sont deuxième commentaire ici! Les parasites, c'est pas très beau à voir et en plus... c'est collant... Brrrr *frissonne*
Enfin voilà, la vie est ainsi faite, avec son lot de bonnes/mauvaises rencontres, de gens qui n'ont rien à faire là, ou qui racontent leur vie alors qu'ils étaient venus initialement commenter aussi, si si ça existe je vous jure, mais j'en ai jamais vu encore... ;-D

(ça me fait bizarre d'écrire autant de trucs moches et inintéressants après un premier chapitre aussi épique et aussi bien présenté, je suis perclus de remords désormais. é_è)

Enfin bref, commençons au commencement! ;)
Le Chevalier Argoth... Rien que le titre et l'intitulé, comme le disait si justement et avec tant de célérité d'esprit M. d'Orphée, donnent déjà plus qu'envie de lire. Et ce dessin, cette présentation, cette manière de nousintroduire dans ton monde, comme dans une bibliothèque avec une ambiance de vieux chefs-d'oeuvre entreposés qui n'attendent qu'à ce qu'on les ouvre avec la plus extrême précaution, j'adore! ^^
Honnêtement, c'est très réussi, rien que par le contexte dans lequel tu places cette première chronique des temps anciens. Toujours ce style soigné et si prompt à dévoiler intrigue et à engager l'action, mais qui sait habilement restituer une ambiance (avec son lot de fautes et d'othographiques turbulences *rime*), atmosphère presque palpable et non dépourvue de son côté épique, de même que s'arrêter un moment pour goûter au tumulte des sentiments et des réminiscences, je ne puis qu'aimer. :) (Je fais dans le baroque en ce moment, ça se voit? ;p)

Tu m'avais déjà parlé de fables, mais je ne m'attendais pas à cela, pas à cette dimension fantastique en tout cas. Excellente surprise au demeurant! Tu es habile dans tes constructions et dans ta manière de narrer, avec un enchaînement de longues et courtes phrases, de dialogues ou descriptions puis d'un bref commentaire assez drôlesque (comme la phrase finale, poiur ne citer qu'elle ^^) ponctuées de métaphores très imagées et d'expressions qu'on dirait presque populaire, mais qui n'appartiennent qu'à toi. Et c'est en ceci que tu te révèles parfaitement amène à créer une ambiance quelque peu oubliée, restituée du fond des âges, ô combien onirique et chevaleresque. ^^ Je saisis enfin ton principal atout en terme de narration, chose qui m'avait plus ou moins échappé jusqu'à lors, comment ai-je pu être aussi aveugle? Fichtre et foutre mon graçon, tu es un talentueux conteur! Zedd n'aurait pas dit mieux. ;)
Après au niveau de l'intrigue en elle-même, je te tire la révérence, là aussi je suis impressionné. Comment suspecter, sinon par l'image (et encore, je croyais que c'était un autre personnage ou simplement une illustration d'un ennemi que le héros aurait combattu) que le Chevalier Argoth avait des ascendances reptiliennes et héroïques à la fois? J'adore! Et puis ce début, la façon dont tu fais apparaître ton héros, puis la succession d'évènements avant la bataille, la peur, le caractère lacunaire du lézard, la victoire, le renversement final... Parfait, j'attends la suite avec on ne peut plus d'impatience! Tu sais que tu m'inspires? J'ai créé un nouveau personnage après avoir lu tout ça. :<3:

Un mot encore pour conclure: continues ainsi, tu as tout le soutien Crépusculien à tes côtés et même si tu le savais déjà je te le redis, au cas où tu aurais oublié. ^^

PS: Grihm. Conte. Curieux hasard, coïncidence ou clin d'oeil? Je ne m'en suis rendu compte qu'après coup mais c'était très agréable, ça m'a ait penser aux frères Grimm, je me trompe peut-être mais je crois que ce n'était pas fait exprès. Destin, destin et influences... :)
(Rayez les bouts de phrases inutiles du début, jamais Prince du Crépuscule n'aura fait si long commentaire pour une fiction! (vous voulez que j'édite pour voir? \o/ *crève*)) Et désolé pour l'heure tardive, je vais me coucher maintenant, l'insomnie m'appelle... A bientôt! :)

Great Magician Samyël:
GdO==> Ce n'est certes pas un commentaire, mais cela m'a mis le baume au coeur :niais: Surtout la dernière phrase, quand l'on connait ton adoration pour Tolkien!^^ Merci bien donc!^^ Et je suis pareil à toi, j'adore tous ce qui est texte introductif, références extérieures etc etc Alors j'adore encore plus en faire XD

PdC==> Boudiou! Bientôt cette chère Tour va se transformer en 3615 PdC's Life :love: Ca me fait plaisir de voir que tu sacrifies tes devoirs à ton Mage Vermeil, merci bien :love: Par contre, pourrais-je avoir la traduction du texte allemand, où est-ce estampillé "private Joke" avec GdO? =p
C'est étonnant d'ailleurs, que tu te sois à ce point attaché à Rirjk, car à la base, ce n'était qu'un bête personnage secondaire, avec certes son importance mais voilà. ^^ Mais ça me fait plaisir et puis, qui sait? Peut être le revérrons nous un jour? :niak:
Je prends sur moi pour répondre des mauvaises notes, sois sans craintes, je rédigerais une lettre pour ça, s'il le faut :love:
Arf, les fautes :love: une grande histoire d'amour. Ceci dit, j'ai relu cette première partie plusieures fois, et j'en ai enlevé pas mal. Je m'améliore, mine de rien : p
Enfin, que dire face à ce commentaire qui me comble de joie? :love: J'e veux des pareils tout le temps, même si je sais que je me répète :love:
Quoi qu'il en soit, heureux que cette histoire te plaise, car elle me plait grandement aussi :love: Et si en plus elle t'inspire, que demander de plus? :<3:
Ha, effectivement, je n'avais pas fait moi même le rapprochement avec les frère Grimm avant que tu ne me le fasses remarquer^^ J'ai souvent tendance à l'aide de mon subconscient profond à faire des raprochements sans m'en rendre compte. Donc ce nom est d'autant plus approprié, je ne le change pas :love:

Enfin, l'histoire est loin d'être terminée, de nombreux obstacles et exploits attendent encore le Chevalier Argoth. Bon retour sur le Continent. Et bonne lecture.

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I/ L'épée du Chevalier. (Deuxième partie)



Comme je m’en doutais, Messire Argoth était un Chevalier errant, sans terre ni bien, ne possédant que son écu vierge, sa monture, sa lance et son armure. Il n’avait même pas d’épée, pourtant symbole de la chevalerie. Alors que nous trotions, lui à cheval, moi à pied, vers l’Auberge du Cor une nouvelle fois, afin de se remettre des émotions de la nuit, je le lui fis remarquer.
« Sire, vous n’avez pas d’épée. »
Il me regarda et acquiesça.
« Voulez-vous que j’aille vous en achetez une au village? Le forgeron est l’un de mes amis, je pourrais avoir un prix. »
Il me fit part de son refus en secouant doucement la tête. Et je remarquai qu’il n’avait pas de heaume non plus, encore que la morphologie de son crâne pouvait expliquer cela.
Lorsque nous arrivâmes à destination, je pris les rènes de Sor‘n   -c’est ainsi que se nommait le cheval, sûrement en hommage à Shor’n, le dieu du vent et des cieux- et les attachai au poteau prévu à cet effet.
Le soleil était déjà à la moitié de son parcour, et la chaleur était déjà accablante. Je me demandai comment Messire Argoth pouvait rester aussi serein, avec sa lourde armure, noire qui plus est. Ce devait être une vraie fournaise.
« Sire, je ne voudrais pas vous offenser, mais un Chevalier se doit d’avoir une épée. Comme le Sorcier se doit d’avoir un bâton magique. 
-Je sais. »
Je l’aidai à descendre, puis seulement après je remarquai que Messire Argoth venait de parler normalement, comme un véritable humain. Sans siffler, ni allonger les mots. Craignant de le vexer je ne le lui fis pas remarquer, mais profitai de l’occasion.
« Où allez-vous vous la procurer dans ce cas, Sire?
-Siiilenceeee… »
Je me tus. Nous entrâmes à l’intérieur de l’établissement. Michel nous salua d’un geste. Mon maître resta un moment planté sur le seuil. Il semblait chercher quelqu’un qu’il trouva rapidement. Nous nous dirigeâmes vers lui, et nous asseyâmes à sa table. C’était un vieux paysan du coin, sale, le crâne chauve et ruisselant de sueur. Il ne semblait nullement effrayé de l’apparence de Messire Argoth, au contraire, il semblait heureux de le voir.
« Ho, Sire, Sire! J’ai prié les dieux pour vous toute la nuit. Et ils n’ont pas été sourds à mes vœux!
-Mais de quoi parlez vous, vieil homme?, répondis-je 
-Les Spectres! Les Spectres! Les Douze Spectres de Minuit! Ceux qui hantaient mes champs, une fois la nuit tombée, pour venir danser leur adoration aux démons! Nous n’en dormions plus, mais votre maître nous en a débarrassé! Ho, Messire, je ne sais comment vous remercier! »
Ainsi c’était donc ça. Messire Argoth était allé au devant du danger en sachant pertinemment ce qui l’attendait. En repensant à ces fameux cavaliers, je ne pus réprimer un frissonement d’angoisse, et dans le même temps je ne pouvais qu’admirer la force et le courage de mon maître.
« Nous n’avons plus grand-chose, à cause des fantômes. Mais je vois que vous n’avez pas d’épée. Je peux peut être vous aider à en trouver une. »
Messire Argoth acquiesça, pour l’inviter à poursuivre.
« Quand j’étais enfant, mon grand père me raconter souvent une histoire. Elle dit qu’au sommet du plus petit pic des Khaz’Khoradan, vit dans une grotte un grand Enchanteur. La légende dit qu’il confectionnerait une lame magique au premier héros qui sortirais vainqueur de son épreuve. Cependant, atteindre son repaire n’est pas chose aîsée, car l’on dit que de sombres créatures rôdent sur le versant des montagnes à la nuit tombée. Mais vous m’avez l’air brave et sans peur. Peut être pourriez vous essayer de trouver l’Enchanteur. »
Oui, le vieil Enchanteur du Petit Pic. Je connaissais l’histoire. Mais je ne lui accordais aucun crédit, ce n’était que fabulations de vieillards superstitieux. Du moins, l’aurais-je considéré de ce point de vue avant la nuit de la veille.
Messire Argoth se leva alors, et serra l’épaule du fermier. Puis il m’indiqua la sortie et nous quittâmes les lieux. Une fois dehors, et alors qu’il enfourchait sa monture, je lui demandai.
« Où allons nous, Sire? »
Il me considéra d’un air étonné, comme si la réponse était évidente. Il tendit le bras derrière lui, pointant du doigt la silhouettes déchiquetés des Khaz’Khoradan. Ce que je redoutais. Ainsi il avait crû à l’histoire du vieux fou. Je grimaçai; puis tentais d’en dissuader mon maître. Lorsque qu’il siffla, je me résignai.

Les Khaz’Khoradan ne se trouvaient qu’à un jour de cheval de l’Auberge du Cor Argenté, et le Petit Pic à une supplémentaire. Nous fîmes route toute la journée, ne nous arrêtant qu’à midi, lorsque la chaleur ne nous permettait plus d’avancer.
Nous traversâmes les champs, puis la campagne, et enfin nous trouvâmes à l’orée du bois de Tarask, celui où jamais personne ne s’aventure, où nul chemin n’est tracé, nul sentier dessiné. Le bois dans lequel vivait la bête de Tarask.
Il émanait de ces bois une étrange moiteur, qui vous glaçait les os et vous nouait les entrailles. Aucun animal saint n’y vivait, et on affirmait que de nombreux démons, appelés par le chant de Tarask, y résidaient, dansant la nuit au milieu des grands arbres, chantant la mort et le Mal, en échangeant maints maléfices avec les Sorciers et les Sorcières du pays.
Il y avait une source, au fin fond des bois de Tarask. Une source dont les eaux étaient si noires que nul reflet ne s’y voyait, nul poisson n’y nageait. Et dans ces eaux, dormait la Tarask. Personne n’avait jamais vu la bête, mais tous savaient qu’elle existait. La légende disait que dans l’autrefois luxuriante forêt de Disëry vivait un Magicien, bon et plus sage que le plus vieux des hommes. Il veillait sur la flore et sur la faune de son domaine, leur assurant protection et prospérité. Ce Magicien vivait seul, car malgré sa bonté, nulle femme ne l’aimait. Nul ne venait lui rendre visite, et il finit par mourir de chagrin et de solitude. C’est pourquoi un jour, une fois minuit sonnée, il se rendit à la source claire de la forêt de Disëry, et là pria les dieux de lui donner un fils. Un enfant qu’il pourrait élever et chérir, afin de ne plus jamais souffrir de la solitude. Malheureusement, le démon Daz’Raël l’entendit avant eux, et prit la forme d’un loup blanc afin de tromper le vieux Magicien. Il s’approcha de l’homme éploré, et laissa choir de sa gueule les linges d’un nouveau-né. Le vieil homme, ne voyant le mal dans la blanche fourrure de l‘animal, crû à une intervention divine et remercia mille fois, et mille fois encore le démon. Mais lorsqu’il prit le corps maigre de l’enfant dans ses bras, il remarqua alors qu’au lieu d’un beau bébé, ce n’était là qu’une créature difforme et boursouflée, parodie d’humanité. Apeuré, le Magicien noya la chose dans la source, qui aussitôt devint noir. Puis il prit la fuite. Le démon, furieux, lança à sa poursuite ses fidèles serviteurs, qui mirent le pauvre homme en pièce. Depuis ce jour, la Tarask2  hante la source, et ses pleurs, pareils à un chant merveilleux, charment les voyageurs et les attirent dans la noirceur de ses flots, où elle les dévore. La douce forêt de Disëry devint les sombres bois de la Tarask, et nul ne la traversa plus jamais. L’on dit que le Magicien, dans sa hâte, laissa derrière lui de fabuleux trésors, que la Tarask garde avec amour, en souvenir de son défunt père.
« Le chemin continue par le Sud et longe les bois, indiquai-je à mon maître »
Il secoua la tête; il semblait vouloir prendre par la forêt. Certes le chemin était plus rapide, mais seule la mort nous attendais là bas.
« Messire, vous n’y pensez pas. Aucun des guerriers, des chevaliers qui se sont aventurés par là ne sont jamais revenus! Prenons la route du Sud. Cela vaut mieux. »
Sans m’écouter, il talonna Sor’n. Je le regardais s’enfoncer sous les cimes sombres des arbres, hésitants. Ho, certes, j’aurais pu le quitter là, retourner chez moi et essayer de rembourser mes dettes. Certes cela aurait sûrement mieux valu, mais, tiré par quelque force invisible, je m’engageai à la suite de Messire Argoth. Je ne tardai guère à le rattraper, il m’avait attendu un peu plus loin. Jamais je n’ai sû pourquoi il m’avait choisi. Jamais je n’ai su ce qu’il pensait de moi. Pourtant il m’attendait, toujours, comme s’il savait que je finirais forcément par revenir vers lui. Ce que je fis à chaque fois.
Il me tendit une torche allumée, car l’obscurité s’épaississait rapidement. Sor’n, à l’aide de son buste puissant et de ses pattes robustes, traçait un chemin à travers la végétation, que je suivais d’un pas peu assuré; je regardais nerveusement partout autour de moi, m’attendant à voir surgir de derrière chaque tronc un fantôme, un démon, ou quelque monstre que ce fût. Les bois de la Tarask étaient silencieux, et nous progressâmes avec la plus grande discrétion. Il y faisait froid, très froid, et ce changement radical, après la canicule de la campagne, me surprit grandement. J’avais l’impression de sentir le souffle méphitique de la bête à chaque bouffée d’air; d’entendre des rires étouffés, des murmures étoffés, là haut, dans les ténèbres des cimes.
Messire Argoth lui, avançait, serein, calme, détendu, intouchable, comme à son habitude. Je ne pouvais que l’admirer une fois de plus.
C’est alors que nous l’entendîmes. Le Chant de la Tarask. C’était une mélopée fascinante, hypnotique, belle, douce, apaisante. Mais à quelle point triste et mélancolique. Les arbres eux même vibraient, comme répondant à cet appel. Je me souviens avoir baissé ma torche, et pivoté dans la provenance de cette complainte merveilleuse. Je n’avais plus qu’une envie, suivre ce chant, et réconforter la pauvre créature.
Le maléfice fut brisé lorsque Messire Argoth posa sa main sur mon épaule. Aussitôt, je retrouvai mes esprits. Et je me bouchai les oreilles. En vérité, le Chant de la bête n’avait rien de mélodique. Ce n’était que borborygmes, raclements, bruits fangeux et dégoûtants, viscosités sans nom. Comment avais-je pu être à ce point tromper? Une autre interrogation me vint en tête: Pourquoi Messire Argoth en était-il immunisé? Pourquoi savait-il guérir, de surcroît?
L’on dit des Chevaliers que se sont des hommes bénis des dieux, introduits sur les terres des hommes pour protéger les peuples et les rois des maléfices des entités Démoniaques. Peut être était-ce vrai après tout.
Messire Argoth me fit signe de le suivre, et nous nous enfonçâmes dans les bois vers la provenance du son, et donc de la source maudite. Étrangement, le lieu ne me paraissait plus si oppressant, ni si angoissant. Sûrement que cela avait à voir avec mon Maître. Il émanait de lui une aura de calme et de sérénité, de confiance et de force.
« Regarde, me fit-il »
Il écarta une branche d’arbre, et révéla à ma vue une petite clairière d’herbes hautes; balayée par des vent qui, en s’engouffrant dans les feuillages, produisait des bruits semblables aux plaintes de quelques malheureux. Et au fond du lieu, se trouvait une source. Quelques gros rochers recouvert de lichen et de mousse formaient les falaises miniatures d’une cascade tout aussi petite. Et à leur pied, un plan d’eau, immobile et lisse comme un miroir. Et son eau était noire, noire, d’un noir comme je n’en avais encore jamais vu.
La bête s’était tue. Tout était immobile. Tout était calme.
Messire Argoth s’avança, m’intimant d’un geste de rester à ma place. Je le regardais avancer, empli de doutes et d’angoisses. Arrivé à peu près à la moitié du chemin qui le séparait de la source, il mit pied à terre, sans prendre ni son écu, ni sa lance. Il marcha, droit et confiant, jusqu’au bord des flots.
C’est alors que Tarask apparut. Doucement, une gueule hideuse, et léonine, creva la surface. Elle surmontait un cou immense, grêle comme celui d’un poulet, mais écailleux comme le corps d’un serpent. Ses yeux fou se fixèrent sur Messire Argoth, et de sa bouche dentées de lames de poignards, sortaient miasmes et purulences, qui gouttaient dans l’eau en fumant.
« Qui ose? Qui ose pénétrer en mon domaine?
-Moi, répondit mon Maître d’une voix assurée, et pareille à celle d’un humain, comme cela lui arrivait de temps à autre.
-Et qui es-tu?  
-Je m’appelle Argoth. Je suis Chevalier.
-Chevalier? »
La bête rit, d’un rire gras et écœurant. Son cou se déplaçait le long de l’onde, sans troubler sa plate immobilité.
« Pourquoi ris-tu?
-Nombres de tes semblables se sont présentés à moi, tous prétendaient être comme toi, Chevalier. D’aucun à péri, de vouloir me défier. Et toi, Chevalier d’écaille et de maille, que me veux-tu?
-Je suis venu ici pour te défier.
-Mouharfharfharf (c’était à peu près ce que faisait Tarask quand elle riait), soit. Prépare toi à mourir.
-Ho, nul doute que je périrais face à toi. Mais regarde moi, je te pris, de plus près. Je me présente à toi sans armes ni écu. Mon destrier est plus loin. Oui, assurément tu me tuerais sans le moindre effort, et pourrais me dévorer afin d’étancher ta faim. Mais tu n’en tirerais nulle gloire.
-Je me fiche de la gloire.
-M’accorderais-tu une faveur? »
Je hoquetai de surprise. Etait-il sérieux? Tarask inclina la tête sur le côté, semblant réfléchir.
« Je t’écoute, mais fais vite, mon ventre crie famine.
-Je convoite le trésor que tu gardes. Mais pour le moment il m’est impossible de te combattre pour m’en emparer. Laisse moi franchir tes bois, ainsi qu’à mon écuyer. Je promets de revenir avant la nouvelle lune. Je te combattrais alors, et tu me tueras et me mangeras.
-Pourquoi devrais-je attendre, alors que je peux te manger tout de suite?
-Tu me trouverais indigeste.
-Et pourquoi cela?
-Car je n’aurais pas bougé, et mes muscles seront rigides et dures comme la corne. Alors que si tu accède à ma requête, je reviendrais, je te combattrais, et ma chaire sera tendre et douce comme celle d’un agneau. »
Tarask sembla considérer cette option, pesant le pour et le contre. Puis son long cou commença à s’enfoncer dans l’eau, tandis qu’elle répondait.
« Soit. J’accède à ta demande, Chevalier. Tu peux traverser mon domaine sans crainte, nul mal ne te sera fait. Mais attention, si une fois la nouvelle lune haute dans le ciel, tu n’as pas tenu ta promesse, tu seras maudit, et la meute infernale de mon père viendra te dévorer dans ton sommeil. »
Messire Argoth s’inclina, poliment, face à ce monstre épouvantable.
« Sois sans crainte, j’honorerais mon serment.
-Je te le souhaite vivement, Chevalier, je te le souhaite vivement… »
Puis la bête disparue sous la surface, sans la moindre ondulation. Messire Argoth pivota et enfourcha Sor’n de nouveau.
« Allons, Ecuyer, dépêche toi, le temps nous est compté, me dit-il »
Puis il reprit sa route, et moi derrière lui. Les Khaz’Khoradan nous attendaient.  

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2: Littéralement : "Bête Noyée"

Ganon d'Orphée:
Hé bien, tu aurais du vivre au Moyen-Age, ainsi nous aurions à notre époque de multiples légendes estampillés Samyël, telle un légendaire Chrétien de Troyes. J'avoue que la première partie est normale, rien de bien particulier c'est juste ce chevalier sifflant qui vient dans une auberge puis paf, encore une légende (jamais vu autant de légendes moi ^^), et en plus une légende qui régle un problème cruciale : car Argoth n'a pas d'épée, et c'est très bien trouvé car un chevalier sans épée est comme un magicien sans baton magique pour citer un auteur de ma connaissance ^^.

Puis cette bête de Tarsak (on dirait que tu aime les bois sombres, car après les bois de Solenea avec les arbres sérés et les légendes ténèbreuses, on retrouve encore un bois ténèbreux ^^), la légende (+1 encore ^^) est très belle, on début on croirait que c'est une légende très naïve, puis au fur et à mesure elle devient bien trouvé puis après ... la naissance d'une nouvelle espèce de Sirène. Je ne doute pas que tu t'es inspiré du chant des sirénes pour le chant de Tarask, d'ailleurs Argoth y étant insensible me fait penser briévement à Ulysse, deux héros ^^.

Puis ce chevalier sans épée qui utilise la ruse (bon après tout sinon il se fait bouffer donc c'est compréhensible ^^) c'est malin je trouve, le chevalier Argoth est rusé, il semble donc ne pas avoir besoin d'épée. Inventerais-tu une nouvelle espèce de chevalier ? Chevaliers pacifistes, sans armes mais rusés ?

Bon, et bien vivement la suite (pour ton information, je n'ai aussi rien compris à la phrase de Pdc ^^ Pourtant je suis Germaniste).

P.S : et encore un nom "Tarsak" qui signifie quelque chose. J'avoue que cette légende me plait bien par son aspect "inscrit dans l'univers du Cycle mais indépendant".

Nehëmah:
Ah, j'arrive enfin après mes nombreux commentaires !
Donc, donc, donc. Nous n'avons pas droit à l'histoire de Samyël... Tant pis, nous en avons une presque mieux pour compenser !

Je m'excuse d'avance du commentaire sûrement bref que je vais faire puisque j'ai déjà beaucoup donné pour les compères PDC et Gd'O (et avec GMS ça fait trois noms à rallonge qu'il est plus facile de racourcir).

Déjà le commencement : la manière d'amener l'histoire, ce que le Prince soulignait en parlant du contexte, et bien je dois avouer que c'est sacrément plaisant. Tout comme lui, je ne m'attendais pas à ce qu'Argoth soit ce lézard peu rassurant. Et c'est là-dessus que repose tout le génie ! Ce Argoth, bon sang, mais quelle classe ! T'aurais dû t'appeler Great Knight Argoth (même si GMS rend mieux que GKA) car bon sang... Un chevalier lézard c'est relativement cool (oui désolé pour le qualificatif pourri). Il déborde de classe, ce qui est d'autant plus démontré que ce brave écuyer le suite bien souvent sans raison tout en se demandant "ben zut pourquoi je le suis déjà ?". Argoth transpire la confiance, la générosité, la loyauté, l'honneur. Par ailleurs, je reste persuadé que le chevalier n'est pas forcément rusé et que sa requête présentée à la Tarask (comme dans Final Fantasy 9 ? :niak: ) n'est ni plus ni moins que d'ordre pratique. La morale de ce chevalier est à toute épreuve.
Mais alors... Avec autant d'atouts, pourquoi est-ce un lézard ? Je crois que cet Argoth cache un passé douloureux qui nous sera dévoilé en temps voulu.
Egalement, les diverses histoires qui se greffent à l'intrigue générale, elle-même greffée à ton monde si particulier donne forcément matière à l'admiration. L'histoire touchante de la Tarask notamment.
J'espère que cette histoire aura des conséquences (même implicite) sur celle du petit Samyël.

Bref, j'applaudis l'évolution de ton monde absolument maîtrisée et attends la suite de ce somptueux chevalier avec impatience !

Prince du Crépuscule:
Ravi que mon interminable commentaire t'aie plu à ce point, ce n'était pas voulu à la base que ce soit si long, mais on ne change pas un Prince du Crépuscule je suppose, surtout quand il parle de l'oeuvre de son cher Mage Vermeil n'est-ce pas? :love:

Pour que tu comprennes (et Gd'O accessoirement, honte à lui d'ailleurs \o/), je vais traduire ce passage de mon délire (car ce n'était pas autre chose, mêlé à un enthousiasme plus que débordant et à une fatigue écrasante XD) en Allemand, dont M d'Orphée ne connaît pas les origines, et je dois dire que moi non plus... Enfin, voici que voilà la traduction:
"D'ailleurs savez-vous que mes grands-parents habitent là-bas? Mais oui, vraiment, je ne suis pas bête au point de faire de si vieilles blagues! Oh oui, juste comme ça, j'ai dit ça seulement pour amuser, vous semblez si frustrée... Quoi? Vous êtes la femme de Ganon d'Orphée? Oh, pardon, je crois que j'ai malencontreusement laissé quelque chose sur le feu. (Vraiment bête hein? XD) Au revoir, Madame d'Orphée! Haha!... :ash: *s'éclipse* "

Pitoyable je sais, j'aurais mieux fait de ne pas l'écrire, mais bon c'était une soirée spéciale on va dire... Je suppose qu'on en a rien à faire maintenant non? ;)
Et puis oui, tu m'inspires mon cher, j'ai créé un personnage (enfin plutôt à demi, puisque je savais en gros à quoi il allait ressembler) juste après avoir lu cette merveille, et quand tu connaîtras ce personnage, crois-moi tu te rendras compte que j'étais vraiment dans une soirée spéciale! ^^

Ah, et pour information, je ne sais pas si tu as remarqué, mais moi et les personnages secondaires c'est une histoire d'amour, je l'appréciais beaucoup ce cher Rirjk. Et puis n'en as-tu pas une preuve des plus flagrantes avec une certaine inconnue de mon Chant de l'Ombre hein? Non, non, tu ne la connais pas, elle se nomme Aylinn... joli prénom n'est-ce pas? ;)

Trêve de palabres, passons à un petit commentaire d'agrément (quand je dis ça, c'est toujours le moment où je m'étends le plus, je m'attends au pire ='D), parce que j'ai peur de m'épuiser au ryhtme auquel ces suites paraissent (pas que ça me dérange, juste tu me connais j'aime bien être posé tout ça ^^), et puis il y a le reste aussi. Je ne m'engage pas pour rien moi, même si je commentais déjà bien avant. ^^

Donc, que dire.... Mais que cette deuxième partie est tout aussi géniale, voire plus que la précédente! J'adore ce chevalier Argoth et son écuyer, cette histoire onirique, renvoyant à foule de références, ça me plaît au plus haut point. Je garde tout de même une préférence pour les aventures de ce cher Samyël, mais je ne m'inquiète pas trop pour ça je sais que tu poursuivras te connaissant relativement bien. Continue en tout cas, c'est tout le bonheur que je nous souhaite à tous et moi en premier! J'admire presque tout autant ta maîtrise et l'histoire de ce conte chevaleresque et original que ton Cycle du Rouge en lui-même, c'est pour dire. :)
Tu es étonnant et débordant d'imagination, ha mon instinct ne s'était pas trompé en me poussant à te lire cet heureux jour de mars je crois. Béni soit-il! Tu es tout simplement doué et tu réserves bien des surprises, certes tu as un tout autre style que moi et une autre manière d'aborder les situations et les personnages, mais c'est tant mieux! (heureusement je devrais dire, je sais pas si je te lirai dans ce cas >_> avec un brin d'orgueil je dirais que ça m'embêterais un peu de savoir que quelqu'un écrit comme moi de nos jours, enfin bref on s'en fiche, mais les divagations chez nous c'est une habitude tellement courante! :love:)

Que dire d'autre sinon que l'étendue de ton monde m'émerveille, inscrivant ses propres légendes dans d'autres mythe, eux-mêmes faisant subtilement référence à la réalité et s'insérant dans l'histoire principale? Rien, c'est génial et je ne vais pas t'assommer plus longtemps, sinon pour maintenir que cette ambiance purement épique et merveilleuse m'éblouit par son inventivité et sa maîtrise, ça sent l'inspiration brute tout ça, ces douces exhalaisons vont-elles encore me pousser à écrire jusqu'à des heures déraisonnables, comme hier et avant-hier? Ce ne serait pas judicieux, pour mon propre bien, mais que n'y suis-je poussé! Et puis ces deux personnages, ce héros débordant de classe et de sang-froid (normal pour un reptile non? ^^), cette atmosphère moyen-âgeuse... Je m'abandonnerais volontiers à me laisser voguer contemplativement dans ces eaux douces et cette légende du Tarask, c'était très beau honnêtement. Ce changement d'état, la séduction puis le repoussement, la laideur après la bauté, une certaine part d'illusion, puis la ruse du chevalier. Cette poésie faussement naïve aussi, révélant peu à peu tout sa réelle profondeur, j'en suis tout remué. :niais:

Ce ne serait peut-être que flatterie causée par mon exaltation démesurée, et je sais que je m'égare trop en ce moment sentimentalement (Aylinn, arrêtes de me déteindre dessus voyons =D), mais il me faut te le dire, et maintenant... J'en suis persuadé, tu feras un bien meilleur auteur que moi, et je suis vraiment empli de la plus grande des fiertés de t'avoir côtoyé, d'avoir pu goûter à ces oeuvres fabuleuses et d'avoir pu passer d'aussi bon moments en ta compagnie. :<3:  
Autre chose aussi... Tu me manques...

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