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La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1
Prince du Crépuscule:
Coucou petit mage. Eh oui, c'est moi, le prince. Surprise ! :astro:
Bon, aujourd'hui, pas de pavé. ça peut sembler sévère, comme ça, mais je crois que tu en connais la raison : moi, j'ai déjà lu tout ça. Et si mes souvenirs sont exacts, ça n'a quasiment pas changé depuis l'année dernière (c'est bien l'année dernière que tu m'as filé tout ça ? J'en suis plus très sûr).
Bref ; tout ça pour dire que je suis avec attention cette "nouvelle" fic' et que ça me fait très plaisir que tu continues. Comme l'a souligné Raph', tu as légèrement tendance à t'embarquer dans une foultitude de projets, donc j'espère que cette fois, ce sera la bonne. Relire ces quelques lignes s'est révélé plutôt intéressant, en tout cas. Inutile pour moi de répéter ce que je t'ai déjà dit à propos du prologue et du premier chapitre (pleure, petit poisson rouge :o), puisque tu devrais avoir tout ça dans ton historique des conversations, n'est-ce pas ? Le cas échéant, Raph' et Krys' ont déjà dit en substance tout ce que j'avais en tête, donc tu peux t'épargner la peine de fouiller dans les archives poussiéreuses de msn. De rien. :-*
Par contre, juste un petit détail : les clients des lupanars de Chizell, ils tissent quoi ? Non parce que tu dis qu'on y fait brûler des narcotiques pour les plus "retissant", alors je me demande. :R
Je taquine. Sinon, que dire à part que je suis impatient de lire la suite, avec toujours plus de pacifisme, de tolérance et d'amours pastorales ? Il me semble avoir encore une légère avance sur mes deux voisins du dessus, mais je crois que ça ne durera pas bien longtemps.
Au plaisir de te lire bientôt,
Prinz der Dämmerung
Great Magician Samyël:
Ha, je suis bien content de voir de l'animation dans le coin! :^^:
Raph ==> Merci pour le commentaire! Et oui, Vizamir n'est pas franchement un héros au sens où on l'entend, mais il a de bonnes excuses. Je ne sais pas si on peut dire qu'il fait de la peine, après tout c'est plutôt un type jovial au sourire facile, toussa toussa. ;D En tout cas, tu as oublié dans ta description de GMSland les cui-cui des oiseaux et les gazouillis des ruisseaux joyeux!
Boobstalinette ==> Je n'aime pas foutre des gens à poil dans mes textes, c'est eux qui se désapent tout seul, j'en peux rien. :h: Par contre je sais pas si je suis content que veuilles me frapper à mort pour boire mon sang, dit comme ça ça paraît un peu radical. M'enfin, merci pour le commentaire, et en espérant que la suite te plaise! :)
PdD ==> Vous ici! O_O Pavé ou pas, en tout cas ça me fait toujours plaisir. Et tu as raison, ce que j'ai posté n'a pas bougé par rapport à ce que tu as déjà lu il y a un an, mis à part quelques corrections orthographiques ci et là. D'ailleurs, "l'inédit", si j'ose dire, commencera pour toi dès la deuxième partie du chapitre 2. Et comme je disais à Raph, quelques postes plus haut, j'ai bon espoir de terminer cette Route du Nord, car l'histoire sera assez courte et est déjà bien ancrée dans mon esprit. :^^: Enfin, ça m'a fait super plaisir de te voir dans le coin, et n'hésite pas à repasser!
Sur ces bonnes paroles, voici la première partie du chapitre 2. Bonne lecture!
_____________
La Carte de la Route
Chapitre second :
Skelda de Skarg
-1ère Partie-
Il la trouva le lendemain.
Vizamir avait pris la direction du plein Est, laissant derrière lui, avec un certain contentement, le village anonyme. Cette partie de l’Orientir, au sud de la troisième capital impériale, Ikerias, était aussi plate qu’une lame d’épée. C’était une vaste steppe couverte de hautes herbes malingres battues par un vent souvent violent. Quelques bosquets maigrelets, ainsi que les silhouettes diffuses de minuscules hameaux, loin sur l’horizon, venaient rompre ici et là la monotonie du paysage.
La nuit avait surpris Vizamir avant qu’il n’eut pu trouver un endroit sûr où s’installer. Se reposant à même le sol rendu fangeux par la neige fondue, il n’avait pas osé allumer un feu, malgré le froid, pour ne pas indiquer sa position à un groupe de bandits ou, pire, une patrouille de Skargs. Au matin, sa pelisse de loup était toute raidie par le gel et ses mains tremblantes peinèrent avant de produire des étincelles avec les silex. Il se réchauffa aux flammes en déjeunant de quelques lanières de viande séchée tirées de ses maigres provisions, avant de se remettre en route.
Il atteignit le bois une heure plus tard. Protégée par les frondaisons, la neige n’avait pas été balayée par le vent et il n’eut pas trop de difficulté à retrouver les traces de l’enfant. La forêt était parfaitement silencieuse, mais par précaution, et peut-être un peu à cause de l’anxiété que lui causaient les espaces restreints, Vizamir encocha une flèche à son arc et avança prudemment. Il humait l’air à la manière d’un chien de chasse, à l’affût de certaines odeurs caractéristiques. Celle du sang ne tarda pas à lui emplir les narines. C’était une odeur bien particulière, facilement identifiable par ses remugles cuivrés et entêtants.
Les traces du garçon le conduisirent au pied d’une colline imposante, extrêmement pentue et lisse comme une croupe de vierge. Prenant soin de rester sous le couvert des arbres, Vizamir leva la tête pour tenter d’observer le sommet, mais en vain. Il percevait des odeurs récentes d’activité humaine : excréments, poix de torche, cendres…
Prudent, il longea la colline où il découvrit le corps. Comme le garçon l’avait dit, elle était nue. Elle gisait sur le ventre, la tête face contre terre. Elle avait une impressionnante crinière vermeille tressée de blond, emmêlée et crasseuse, qui masquait ses traits et faisait comme une flaque autour de sa tête. Sa peau blanche, mais non bleuie, était maculée de boue et de neige sale, entaillée par endroits par sa chute. Elle était grande. A vrai dire, c’était la plus grande femme que Vizamir avait jamais vue. Presque aussi grande que lui, qui dominait sans peine l’humain moyen de deux bonnes têtes. Ses courbes avaient quelque chose de gracieux, sculptural, tout en muscles fermes et bien dessinés.
Vizamir resta un moment dans un fourré à la regarder, guettant un signe de vie. Mais les minutes passant, il se rendit à l’évidence : elle était morte. De toute manière, le temps que le garçon ne revînt au village, et que lui-même ne la trouvât, trois jours avaient du s’écouler. Personne ne pouvait survivre aussi longtemps, nu, dans le froid.
Il fit mine de s’avancer mais un craquement de branche, de l’autre côté du corps, le stoppa. Il se figea de stupeur lorsqu’un immense loup surgit des buissons enneigés. La bête était énorme, musculeuse à l’inverse de ses congénères malingres que Vizamir croisait parfois, dotée de crocs blancs et luisants, tellement grands qu’ils jaillissaient de sa gueule. Son pelage était plus noir que la nuit, mais son dos et le sommet de son crâne pointu semblaient faits d’argent. Ses yeux étaient rouges. Rouges comme le sang.
L’animal s’avança, d’une démarche pesante, humant l’air, les oreilles rabattues. Sa queue remuait lentement de droite à gauche, évoquant à Vizamir les oscillations d’un pendule. Le loup s’approcha du cadavre. Il le renifla de haut en bas, lécha un peu de sang séché et poussa un grondement sonore. Alors, il vint se placer derrière la femme et, posant ses pattes de part et d’autre du torse, il la monta.
Vizamir en oublia un instant de respirer. La scène avait quelque chose d’irréel. De là où il était, il pouvait voir le sexe luisant de l’animal pénétrer profondément le cadavre. Cela était écœurant, fascinant, morbide, excitant, contrenature et sensuel à la fois. Vizamir sentit le tempo de son cœur accélérer, alors qu’il était incapable de détourner les yeux de l’atrocité qui se jouait à quelques mètres à peine.
D’une main incertaine, il essuya la sueur qui lui maculait le front, malgré le froid. L’occulte accouplement dura encore deux bonnes minutes. Au terme de celles-ci, le loup jeta le crâne en arrière et poussa un hurlement qui glaça les sangs de Vizamir, tandis qu’il libérait sa semence. Puis, il se retira et, grondant, il darda sur Vizamir ses yeux monstrueux. Sans attendre, ce dernier relâcha la corde de son arc. La flèche fila avec un sifflement, mais la bête avait disparu. Ahuri, Vizamir cligna plusieurs fois des yeux. Le loup s’était purement et simplement évanoui. Il n’y en avait plus trace. Il compta mentalement jusqu’à dix et jugea alors que tout danger était écarté.
Ré-encochant une flèche, il s’approcha du corps. Il n’avait pas été victime d’une hallucination, comme il le crut un instant, car les cuisses de la femme luisaient de semence animale. Mais, surtout, elle vivait. Elle respirait ; sa poitrine compressée contre le sol se soulevait péniblement et il entendait distinctement son souffle rauque. Il caressa un moment l’idée de l’achever et de brûler le corps. Une chose était sûre : il y avait de la magie noire à l’œuvre.
Mû par un sentiment étrange et indéchiffrable, il se contenta de la retourner sur le dos du bout de sa botte. La plaie était horrible. Une lame avait mordu le côté droit du visage, presque verticalement, traçant une ligne sanglante de chair à vif de l’arcade à la mâchoire, en passant par l’œil. Le visage de la femme n’était plus qu’un magma confus de sang, de boue et de cheveux raidis par l’hémoglobine et plaqués par la neige.
Vizamir eut presque pitié. Presque. Avec sa carnation si blanche, ses cheveux de feu et d’or, sa stature et sa taille, la mourante ne pouvait être qu’une Skarg. Il leva les yeux vers le sommet de la colline. Il se demanda si elle avait été victime d’une embuscade tendue par ce qui restait de l’armée déliquescente de l’empereur Valter. Ou bien si elle avait été abattue par ses pairs. Cela ressemblait bien aux mœurs barbares des Skargs.
Il songea à l’odeur de poix, de cendre. Il y avait eu un important groupe d’homme, peu de temps avant. Vizamir frissonna. Il n’était pas un couard, mais pas idiot pour autant : il n’aurait aucune chance si un Froëdar Skarg lui tombait dessus. Il retira sa pelisse, cillant sous la caresse du froid, et en enveloppa la femme du mieux qu’il put. Passant son arc en bandoulière, il souleva l’inconnue dans ses bras en grognant. Elle était lourde, mais chaude. Sa peau était presque brûlante. Vizamir songea qu’elle pouvait souffrir d’une forte fièvre. Cela était agréable, de l’avoir ainsi contre lui. Cela le réchauffait.
Merci d'avoir lu!
raphael14:
Non, mais GMS, sans dec', qu'est-ce que tu nous fais là ? Sans rire, jusqu'où tu vas aller ? Je pensais avoir tous lu dans tes textes mais là, là... Je suis pas du genre prude, mais je suis resté en bug cette fois-ci. Je me suis figé devant mon écran, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés, me répétant dans ma tête "c'est pas vrai, il a pas osé" et ben si, tu as osé.
Pour le coup j'ai eu la même réaction que Vizarim : une bonne grosse moue de dégoût.
Le coup du délire nécrophilo-zoophile, c'est une grande première. Parce que si je ne me trompe pas ce loup noir, sans doute d'origine surnaturelle comme le souligne Vizarim, vient bien de ressusciter Skelda en la "montant". Cette scène est sans doute l'une des plus énigmatiques de La Route du Nord : Quel intérêt aurait une entité surnaturelle ou une personne la contrôlant à ranimer une chef de guerre ? Ça sent la question déterminante dans le scénario.
D'ailleurs, j'avais oublié de souligner cette extrême originalité : une barbare lubrique pourfendant et pillant, on en croise pas dans tous les univers de Fantasy...à part dans Xena. Et en plus elle semble être au goût de Vizarim. Quoique la cicatrice de l'arcane sourcilière à la mâchoire, c'est pas franchement glamour. Faut voir comment elle va réagir quand elle reprendra ses esprit
Un autre point à traiter c'est que l'on découvre plus en détail l'univers dans lequel se déroule l'action : l'empire en déroute livré aux pillage de troupes barbares ont se croirait revenu au temps des invasions barbares.
Bref un chapitre sans doute important et au final assez perturbant. Je me demande quel genre de bidule glauque tu nous prépare pour la prochaine fois, non en fait je préfère pas.
Great Magician Samyël:
Raph ==> Je ne sais pas jusqu'où je vais aller, pas trop loin j'espère, je me plais bien dans le coin. :) Plus sérieusement, je suis le premier à reconnaître que cette fameuse scène est peut-être (sûrement?) too much. A vrai dire, si sur le moment, dans la "transe" de l'écriture, cela me paraissait être une idée lumineuse et pleine de sens, j'en suis moins convaincu maintenant. Je pense même la supprimer, ou au moins la remanier, si jamais je songe à faire éditer cette Route du Nord un jour. C'est pourquoi d'ailleurs, il sera assez peu fait mention de cette scène par la suite dans le texte, ou du moins du détail de celle-ci, et ce afin de me laisser de l'espace pour un éventuel remaniement du texte. Cependant, dit comme ça on pourrait croire que cette scène "nécrophilo-zoophile" comme tu le dis très bien, était "gratuite", un simple délire, mais je te rassure cela fait sens, et rien n'est jamais gratuit dans mes histoires, du moins j'essaie de tout mon coeur.
Cette résurrection surnaturelle trouvera donc sa réponse le long de la Route, comme toutes les autres questions laissées en suspens. D'ailleurs Skelda est moins à rapprocher de Xena que de Raven, l'héroïne du cycle littéraire éponyme de Robert Holdstock.
Bref, merci encore pour ton commentaire, en espérant que la suite te plaise, promis il n'y aura plus de viols démoniaques nécrophiles. ;D
Sur ce, suite et fin du chapitre 2. En vous souhaitant une bonne lecture!
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La Carte de la Route
Chapitre second :
Skelda de Skarg
-2e Partie-
Il s’éloigna autant qu’il le put, jusqu’à ce que ses épaules le tiraillassent sous le poids de sa charge. Il découvrit une petite clairière relativement isolée et assez bien préservée de la neige et de la boue. Il s’installa entre les racines noueuses d’un gros arbre, auquel il adossa la femme. Il ramassa des pierres pour faire un feu, qui crépitait joyeusement quelques minutes plus tard. Il jeta de la neige dans son bol, sorti de son paquetage, et la fit fondre tout en observant la Skarg.
Il était intrigué. La scène à laquelle il avait assistée, les yeux rouges de ce loup, tout cela restait vivace dans son esprit. Vizamir tendit l’oreille, à l’affût de toute activité. Il gardait en tête qu’il se trouvait dans un territoire en guerre, et que les deux camps lui étaient relativement hostiles. Hormis les branches qui craquaient en se consumant, tout était calme. Pourtant, il plaça son arc et l’une de ses dagues à portée de main. L’expérience lui avait appris à être prudent.
Prélevant une bandelette de tissu de sa besace, il entreprit de laver le visage de la femme. Au fur et à mesure que le sang et la boue, la crasse, s’en allaient, une face d’une beauté certaine se révélait à Vizamir. Un nez droit, des traits durs mais irrévocablement féminins, une mâchoire carrée, des lèvres pleines et légèrement mauves… Et une moitié de visage ravagée. Vizamir débarrassa avec mille précautions la crevasse de chair de ses impuretés. Il déboucha une flasque d’alcool et désinfecta la plaie. A sa grande surprise, celle-ci était déjà en grande partie cicatrisée, les tissus meurtris s’avérant plus rosâtres que rouges. Seule un peu d’humeur continuait à suinter de l’orbe oculaire pourpre fendu.
L’idée de l’abandonner traversa une fois encore l’esprit de Vizamir. Il pouvait presque sentir la puanteur de la magie noire. Son instinct lui dictait de l’achever, de brûler le corps et d’enterrer les restes. Après de longues minutes d’hésitation, il prit sa dague, et en plaqua lentement la lame contre la chaire tendre du cou. Un coup rapide, propre. Il commençait doucement à inciser lorsqu’elle ouvrit l’œil.
Il se figea. Cet œil le toisait avec dédain, brillant d’un défi sous-jacent, l’incitant à finir son geste pour prouver son courage. Cet œil était beau, sauvage et déterminé.
-Achève moi, chien d’impérial, fit-elle dans un commun approximatif.
Sa voix ne tremblait pas ; elle était aussi tranchante que l’acier, aussi sûre que l’eau vive d’un torrent. Vizamir déglutit et, lentement, il se recula.
-Je ne suis pas un impérial, répondit-il dans la langue dure de Skarg.
Elle parut surprise d’entendre son dialecte. Elle fronça le sourcil, et détailla son « sauveur » plus attentivement.
-Tu dis vrai, approuva-t-elle dans sa langue. Les impériaux sont petits et ont la peau blanche.
Vizamir se recula lentement, gardant sa lame brandie pour parer à toutes éventualités.
-Je m’appelle Vizamir.
-Alors donne moi une arme, Vizamir, et nous combattrons. Lorshak m’attend.
-Ne dis pas de sottise. Tu es frigorifiée, grandement blessée, peut-être enfiévrée et certainement affamée. Je me demande même comment tu peux encore vivre.
-Je préfère mourir debout une arme à la main qu’égorgée dans mon sommeil par un démon.
-Un démon?
-Tes oreilles sont pointues comme des cornes, tes yeux sont jaunes comme la mauvaise lune, et ta peau est noire comme la pénombre.
Un maigre sourire de dépit tordit les lèvres de Vizamir.
-Et toi, ta peau est pâle comme les brumes d’hiver, tes yeux sont verts comme le roulis de la mer, tes lèvres sont mauves comme les teintures de Balcino et tes cheveux sont rouges comme le sang et jaune comme l’or. Je peux affirmer autant que toi que tu es une démone.
Ils se toisèrent un long moment, pendant lequel nul bruit n’osa perturber l’atmosphère.
-Tu as raison, finit par admettre la Skarg.
-A quel propos?
-Je suis affamée.
Sans même lui demander son aide, elle se releva souplement, comme si elle n’avait jamais reçu de blessure qui aurait du être fatale, et alla s’asseoir au plus près du feu, resserrant la pelisse de loup autour de ses larges épaules.
Vizamir poussa un soupir intérieur. Il était suffisamment au fait des mœurs Skargs pour savoir que la guerrière l’avait accepté et le respectait : il n’avait rien à craindre d’elle dans l’immédiat. Il songea un instant à ce regard provocateur et intense qu’elle lui avait jeté alors qu’il pressait sa dague contre son cou. Il n’y avait lu aucune trace de peur. Juste un défi. Un défi qu’il avait perdu, en fin de compte. Quoiqu’il en soit elle n’avait absolument pas eu peur de lui, et si elle avait vu en lui un démon, elle l’avait tout de même traité en égal dès le départ.
Cette pensée lui arracha un nouveau maigre sourire. Il était curieux et amusant de songer qu’une barbare issue d’une contrée lointaine et sauvage lui montrait plus de respect que les honorables citoyens d’un empire hautement civilisé.
Rengainant son arme en signe de paix, il s’installa de l’autre côté du foyer, extirpant de sa sacoche des lanières de viande séchée qu’il lui passa par-dessus les flammes. Il la regarda les dévorer comme un animal, déchiquetant les lichettes avec un appétit presque brutal.
-Tu ne m’as pas dis ton nom, fit-il remarquer.
-On m’appelle Skelda. Skelda de Skarg.
Le cœur de Vizamir loupa un battement. Il avait entendu parler d’une Skelda de Skarg. Une chef de guerre -khörla dans leur langue- Skarg sans pitié à la tête de la plus imposante Horde -froëdar- jamais constituée de mémoire d’homme. Skelda de Skarg, la tempête écarlate, celle qui avait mis à feu et à sang tout le sud et l’est de l’Orientir, saccageant les terres, incendiant les champs, détruisant les villes et écrasant l’armée de l’Empereur Valter. Des milliers de citoyens impériaux avaient péri sous les épées des Skargs ; des milliers d’autres s’entassaient sur les routes, fuyant vers Ikerias la capitale impériale de Valter.
S’il s’agissait de la même Skelda, alors Vizamir était en présence de l’une des plus grandes conquérantes et guerrières de cette ère. Vizamir n’avait que faire de l’Empire des Trois, et n’éprouvait aucune espèce d’empathie pour la guerre qui déchirait l’Orientir. Il éprouvait par contre une certaine forme de respect pour les Skargs, qui, malgré un équipement plus rudimentaire et un sous-nombre total, avaient réussi à conquérir une large bande de terre civilisée. Son respect s’arrêtait là ; il n’oubliait pas que les Skarg étaient un peuple dur et cruel, aux mœurs relativement primitives et païennes.
-J’ai entendu parler d’une Skelda de Skarg, commença prudemment Vizamir sur un ton neutre.
-Tiens donc? Et qu’est-ce qu’on a bien pu te dire à ce sujet?
-Le paysan qui m’en a parlé fuyait les ruines fumantes de son village, qu’elle venait de mettre à feu et à sang.
-Alors il se pourrait bien que je sois cette Skelda de Skarg.
-Pourtant ma Skelda de Skarg était réputée pour voyager à la tête d’une vaste armée.
-Les temps changent, Vizamir. Parfois l’insurrection et la pleutrerie gagnent la bataille dans le cœur des guerriers, et ils en viennent à trahir leur chef. Aujourd’hui je ne suis plus que Skelda, une simple guerrière borgne et affamée perdue au cœur du territoire qu’elle a pillé et saccagé sans retenu pendant trois ans.
-Les facéties du destin, ironisa Vizamir en reprenant une bouchée de viande séchée.
-Sais-tu dans quelle direction est parti mon Froëdar?
-Non. Lorsque je t’ai trouvée, il était déjà parti depuis au moins deux jours, peut-être plus.
-Dommage.
-Quoi donc?
-J’ai la mort gravée sur le visage, et pourtant je marche et je respire et je mange. Lorshak n’a pas voulu de moi en sa Demeure et m’a renvoyée ici-bas. Il attend quelque chose de moi. J’espérais qu’il s’agirait de tuer ce traître de Björn et tous ces pleutres qui le soutiennent.
Vizamir songea au loup. Skelda semblait sincère. Elle était la première surprise de se savoir vivante. Il pensa que de la magie noire avait bien été à l’œuvre, mais qu’elle en était inconsciente, et encore moins l’investigatrice.
-Que vas-tu faire, dans ce cas?
-C’est évident : Lorshak t’as placé sur ma route pour me sauver. Je te dois la vie, et je te suivrai jusqu’à ce que cette dette soit payée ou que mon destin m’apparaisse clairement.
-C’est fort généreux, mais je voyage seul.
-Ce n’est pas une proposition, Vizamir le Ténébreux. Je te briserais les genoux et te porterais sur mon dos s’il le faut.
Vizamir soupira mais accepta sans tenter de la dissuader. Elle avait beau être affaiblie, blessée et fiévreuse, il y avait quelque chose dans son regard borgne qui lui soufflait qu’elle n’aurait aucun problème à mettre sa menace à exécution.
Merci d'avoir lu!
Krystal:
Ah, tu as enfin posté la deuxième partie, je vais enfin dire ce que j'ai à dire, parce que j'ai effectivement quelque chose à dire sur ta première partie. Oui, ça m'a d'ailleurs profondément traumatisé, ce moment, et j'attendais de pouvoir m'exprimer là-dessus.
--- Citer --- Le visage de la femme n’était plus qu’un magma confus de sang, de boue et de cheveux raidis par l’hémoglobine et plaqués par la neige.
--- Fin de citation ---
Amagad, kom je suis choquée de ce qui est écrit là, la biologiste que je suis est indignée.
Oui, parce que l'hémoglobine est une molécule constituée de quatre sous-unités et est présente dans les globules rouges, c'est d'ailleurs elles qui leur donne cette coloration rouge. Dire que l'hémoglobine raidis les cheveux, c'est faux, car ce sont en réalité les globules rouges qui font ça. Voilà. C'est tout ce que je voulais dire.
Enfin, bien sûr que si quelque chose m'a choqué ! Découvrir que tu avais des penchants zoophiles et des fantasmes bizarres, ça choque toujours. Je savais que tu adorais foutre des gens à poils, mais là, c'est limite, hein.
Pour parler de l'histoire, à part le moment avec le loup, bah c'est super. J'ai hâte de voir la cohabitation de ces deux là, c'est pas gagné j'ai l'impression.
Tu remarqueras la puissance et la longueur interminable de mon avis sur son texte, et en lisant ça, tu seras hypnotisé pour poster la suite dès demain. Va, maintenant.
... ¬¬
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