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La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1

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Doutchboune:
Allez, j'ai promis, je me lance !

Déjà, dès que j'ai vu que tu avais posté, je me suis jetée dessus et encore une fois j'ai dévoré le chapitre. Enfin, le prologue.

Et sincèrement, je trouve ça fichtrement bien écrit. C'est terriblement violent. Et pourtant ce n'est pas écrit si crument que ça, mais on sent l'horreur à travers le détachement obligatoire du capitaine, qui tente de s'éloigner de l'horreur en en parlant de façon "banale". Ce qui, bien entendu, renforce le sentiment d'horreur chez le lecteur.

Et comme je me doute que c'est cela même que tu as voulu faire passer, je te dis un grand bravo ! Pour ce qui est de mettre mal à l'aise, c'est totalement gagné, sans pour autant tomber dans le (trop) gore.

Sinon, tout de même, un truc qui m'a échappé quand tu dis

--- Citer ----Comment t’appelles-tu?
Personne ne pouvait résister aux ordres muets d’Ikana.
--- Fin de citation ---

je suppose que l'ordre muet était celui de se relever et de le regarder dans les yeux, mais de la façon dont c'est écrit, on a plutôt l'impression que c'est la question qui serait muette, alors qu'il la pose à haute voix. Du moins c'est comme ça que je l'ai compris, peut-être que je me trompe^^

En tout cas, Hyrule est vraiment mal barrée pour la suite, je dis ! Et j'ai hâte d'en savoir plus.

Great Magician Samyël:
Doutchy ==> C'est effectivement ce que je voulais faire ressentir, je suis content que ça marche. ^^ Pour l'histoire des ordres muets, j'avoue que ce n'est pas clair. En fait pour moi la question n'était que ça : une question. Mais derrière la personne ressent une injonction non prononcée qui la force à répondre. En tout cas merci de passer me voir, ça me fait grand plaisir!  :<3:

Sur ce, voici le premier chapitre de Triangle de Haine. Bonne lecture!  ;)


_________________________


[align=center]I
-Feena-[/align]


   -ASSEZ!
   La voix tonitruante, vibrante de colère et de frustration de Salomon d’Hyrule parvint à ramener un calme relatif dans la grande salle du trône.
   -Au noms des Trois! Link s’est enfui avec ma fille et la Lame Purificatrice, Locke Sanks est mort et pour ce que j’en sais, une horde de barbare campera bientôt sous les remparts de ma ville. Et vous trouvez encore le moyen de vous chamailler pour des broutilles? Je suis entouré d’incompétents! Tarquin!, aboya le roi. Tarquin, par les Très-Hautes, où es-tu?
   -Il a été enfermé au donjon sur votre ordre, précisa ser Mikau Zora d’un ton posé.
   -Mon ordre? Quelle est donc cette fourberie? Amenez-le moi de suite! J’ai dit DE SUITE! Aghanim? Aghanim, crénom?
   -Nous n’avons pas vu le Premier Conseiller depuis deux jours, glissa ser Mikau.
   Le roi Salomon cligna des yeux, comme hébété, et soudain son ire reflua, et il s’affaissa comme une masse sur son trône, le front dans la paume de sa main. Il n’avait jamais autant fait ses quatre-vingt ans passés qu’en ce jour. Le jeune prince Nohansen, sur un siège à côté de lui, tremblait comme une feuille et ses yeux étaient rougis par les larmes qui n’avaient cessé de couler depuis qu’il avait assisté au meurtre sauvage de son héros, ser Lock Sanks, dit le Chien.
   Feena Hurlebataille se tenait coite, adossée à l’une des colonnades qui soutenaient les balcons. Les bras croisés, elle ne pipait mot, se contentant d’observer. Elle était en proie à une foule de sentiments contradictoires. Elle avait juré allégeance à un homme, Link, lorsque celui-ci l’avait mise à genoux grâce à la force de son fidèle Chien. Maintenant, ce même Chien -qu’elle avait fini par aimer, elle en était certaine à présent- gisait mort quelque part, assassiné par son maître, lui-même en fuite. Feena ne savait pas ce qu’elle était censée faire. L’honneur de son serment l’obligeait à suivre son suzerain légitime, mais elle n’éprouvait pour lui que haine et mépris. Elle voulait venger Sanks. Sa fidèle paire de haches n’avait pas quitté ses flancs depuis le fameux incident.
   Toute la haute noblesse d’Hyrule était réunie dans la salle du trône, et se chamaillait comme des chiffonniers à propos de ce qu’il fallait faire. Certains arguaient qu’il fallait de suite sonner le ban et marcher sur Link avant qu’il ne parvînt à rassembler ses armées de barbares, d’autres préconisaient de laisser couler, car un conflit ouvert avec le Faux-Héros ne provoquerait rien d’autre qu’une guerre civile, aux vues du nombre encore important de ses partisans dans la population…
   -A quoi pensez-vous, très chère?
   Lord Dumor Mojo la tira de ses réflexions. Le seigneur de Boisperdu était accompagné, comme à l’accoutumée de son conseiller et sorcier personnel, Fado le Faiseur de Vent. Ces deux là formaient une paire originale. Tous deux de la taille d’un enfant -ce qui avait valu à lord Dumor le surnom de Lutin-, ils étaient pourtant aussi dissociables que le jour et la nuit. Lord Dumor avait toujours un air renfrogné et lassé de tout, un esprit brillant piégé dans l’identité de fat grossier qu’il s’était forgé ; quant à Fado, il ne se départait jamais d’un sourire léger, et sa cécité l’obligeait à garder les yeux clos.
   -Beaucoup de choses, répondit Feena. Je ne sais pas si j’ai encore ma place ici.
   -Tss. Allons, cela me parait pourtant évident. Vous aviez un choix, suivre Link, ou rester. Vous avez fait le bon, ce qui vous place du bon côté : le nôtre.
   -Je ne sais pas si je dois m’en réjouir, plaisanta maladroitement la guerrière.
   -Je ne sais pas non plus, je vous l’avoue.
   -Que va-t-il se passer?
   -Aujourd’hui? Rien. Regardez les. Des roquets teigneux qui ne veulent écouter rien d’autre que leurs propres jappements. Ce ne sont que des idiots.
   -Et vous, qu’est-ce que vous conseilleriez?
   -Rien, ce n’est pas mon rôle. J’administre mon domaine, et je laisse les affaires d’Etat aux plus compétents.
   -Ne soyez pas si humble. Vous êtes probablement le plus à même de prendre les bonnes décisions. Vous êtes intelligent, et vous passez votre vie à faire de la politique.
   -Détrompez vous, très chère. Il y a certaines personnes bien mieux placées que moi…
   Feena suivit le regard de Lord Dumor jusqu’à tomber sur ser Mikau Zora. Ser Mikau était quelqu’un d’assez curieux. Il était plutôt beau, avec sa silhouette svelte et musclée, ses longs cheveux bleus et ses yeux un peu trop azurés. Habile à l’épée, il se révélait être d’excellente compagnie, sachant toujours avoir le bon mot. Cependant, ses traits jeunes étaient démentis par son air grave et son regard toujours fixe qui évoquait les yeux d’une personne bien plus âgée et bien plus expérimentée. Feena s’était attendue à le voir prendre la parole mais il n’avait rien dit de tout le débat, à part quelques informations glissées ici et là d’une voix calme.
   -Ser Mikau?
   -Ho oui, « ser » Mikau. Ou peut-être devrais-je dire « maître » Mikau, le loyal défenseur de la Couronne, le compétent chef du Sheikah.
   -Pardon?
   -Ne vous faites pas avoir par son air de bon garçon et ses belles manières. C’est lui qui gouverne Hyrule pour l’instant, en l’absence de ce cher, cher Tarquin.
   -Comment savez-vous tout cela?
   -Et bien voyez-vous…
   -Le vent me l’a dit, intervint Fado avec son sourire.
   -… Voilà.
   -Le vent…?
   -Oui, ça déroute toujours la première fois, mais je vous assure qu’on finit pas s’y faire, ricana Dumor.
   -Si vous le dites. Allez-vous rester?
   -Ho, Grandes Déesses, non. Je n’ai jamais aimé le tapage. Et Lord Drof est tout chamboulé d’avoir perdu trois de ses précieux doigts, je ne sais pas s’il a encore les facultés pour jouer aux échecs. -Entre nous ce n’est pas une grande perte pour ce noble sport.- Je vais rentrer chez moi. Boisperdu a été privé de son maître depuis bien trop longtemps. Vous pourriez m’accompagner, je suis sûr que vous vous plairiez à l’ombre de notre belle verdure.
   Feena n’eut pas le loisir de répondre. Ser Goro, le cadet de la fratrie Dodongo, se détacha de la masse des nobles et se dirigea vers le trône.
   -Votre Majesté!, interpella-t-il l’intéressé.
   -Quoi donc?, répondit Salomon d’une voix lasse en regardant le jeune homme s’approcher.
   Le chevalier grimpa les quelques degrés de pierre et se pencha vers le souverain, comme pour lui murmurer un secret.
   -Je dois vous faire part d’une nouvelle importante…
   Tout alla trop vite. Ser Goro agrippa violemment le col du monarque, et planta avec hargne une dague dans la poitrine du vieillard. Son forfait accompli, le jeune homme se recula de quelques pas et tira son épée.
   -Longue vie au roi Link!, cria-t-il en brandissant sa lame.
   Il y un bref moment de flottement, comme si le temps suspendait son cours, frappé de stupeur, durant lequel seuls les gargouillis d’agonie de Salomon d’Hyrule brisaient le silence. Puis, à l’image d’une tempête éclatant sous les chaleurs de l’été, des cris de guerre, de rage et d’effroi fusèrent sous la voûte de la salle. Des « Vive le roi Link! » répondaient à des « Pour Hyrule! ». Une symphonie de métal se joua lorsque les épées furent vivement tirées des fourreaux pour s’entrechoquer avec véhémence dans une mêlée confuse et surréaliste. Les plus stupéfaits moururent les premiers, hommes comme femmes.
   -Les forbans!, éructa Lord Dumor en se réfugiant derrière la colonnade. Ils avaient tout prévu!
   En effet, les gardes royaux furent victimes de la même crise de loyauté. Les hommes d’arme fidèles au souverain légitime succombèrent sous les coups de lance des traîtres, et les survivants entamèrent une lutte fratricide.
   Prise malgré elle dans le combat, Feena repoussa la rapière d’un jeune hobereau au visage tordu par la rage et la peur. La deuxième hache de la guerrière lui trancha le bras sous le coude et elle l’acheva en le décapitant d’un coup net et précis. Sans même lui accorder plus d’attention, elle jeta un coup d’œil vers le trône. Un noble s’approchait en titubant de la dépouille royale… ou plutôt du jeune prince, totalement terrifié, qui regardait son assassin venir vers lui avec des yeux exorbités. Le sang de son père maculait son visage juvénile. Feena arma son bras pour propulser l’une de ses armes, mais un adversaire se présenta et elle dut réfréner son geste.
   Lorsque l’importun mordit la poussière, le visage à moitié arraché, le meurtrier d’enfant gisait au pied des marches, une dague plantée dans l’œil droit. Tarquin Qu’un-Œil emmenait le prince Nohansen à l’abris des combats, sans même un regard en arrière. Soudain, un crépitement assourdissant vrilla l’atmosphère, et une explosion de feu liquide retentit dans la mêlée, embrasant à part égale loyalistes et traîtres. Un concert de cris d’agonie et un écœurant fumet de chair carbonisée emplirent la salle du trône, interrompant, pour un temps seulement, la mêlée.
   Un hurlement de rire aussi bref que fou perça la fumée et le tapage ambiant. Un rire que Feena crut reconnaître, mais qu’elle était certaine de n’avoir jamais entendu.
   -Sapristi!, jura Lord Dumor depuis son abris. Sur le balcon! C’est  ce traître d’Aghanim.
   Feena leva la tête et aperçut le Premier Conseiller accompagné par un vieillard dont la peau extrêmement fripée n’était pas sans évoquer une pomme de terre. Apparus comme par magie -c’était probablement cas-, ils récitaient des formules obscures en fermant les yeux. Des rafales d’énergie jaillirent de leurs doigts tendus pour faucher des vies au hasard, en contrebas.
   -Nous sommes piégés!, fulmina la guerrière.
   -Ma dame!, l’appela Fado. Il y en a deux autres au dessus de nous. Je vais vous y envoyer. Il faut à tout prix les arrêter, où bien il ne restera plus rien de la classe dirigeante d’Hyrule!
   Feena eut à peine le temps d’hocher la tête qu’une bourrasque de vent d’une violence inouïe se forma sous elle et la propulsa vers le haut. Elle s’agrippa à la rambarde du balcon et passa par-dessus. L’homme qui lui faisait face était un géant coiffé d’un masque de démon en fer. Elle eut la nette impression de l’avoir déjà vu, mais un sentiment tout aussi fort lui soufflait que ce n’était pourtant pas le cas. Peu habituée à réfléchir longuement face à l’appel du danger, elle se jeta sur lui et le plaqua au sol. Le sorcier poussa un cri de surprise et de terreur en l’apercevant qui levait sa hache pour le tuer. La tête de l’arme ne rencontra qu’une brume intangible, car le sorcier avait disparu.
   -Très impressionnant, commenta une voix diaboliquement calme. Il en faut beaucoup pour faire peur au Facétieux.
   Feena se releva et fit face à un homme entre deux âges, habillé d’une riche robe dorée au col ridiculement grand. Sa carrure n’avait rien d’impressionnant, mais ses yeux d’or brillant avaient quelque chose de purement maléfique et l’aura de puissance qui se dégageait de lui était presque palpable. Un petit sourire narquois ne quittait pas ses lèvres.
   -C’est un plaisir de vous rencontrer enfin, Feena Hurlebataille. J’ai beaucoup entendu parler de vous.
   -Cela m’est égal, rétorqua la guerrière en avançant d’un pas. Je n’ai que faire des radotages d’un vieillard mort.
   -Ha! Je vois. Aussi impétueuse que le vent de la plaine. L’on verra si vous serez toujours aussi bravache lorsque je vous chevaucherai comme la jument idiote que vous êtes.
   Une force incommensurable frappa Feena de plein fouet, lui arrachant un cri de douleur. Elle sentit une présence terriblement froide et terrifiante s’insinuer en elle, la souiller. Le monde devint noir tout autour d’elle, et elle s’effondra. Lorsqu’elle revint à elle, elle était étendue sur le ventre, entièrement nue. Quelqu’un était en train de la saillir. Elle sentait une verge gonfler dans le creux de ses reins à chaque coup de boutoir douloureux. Une peur comme elle n’en avait encore jamais éprouvée lui fouaillait les entrailles. Elle se contorsionna pour apercevoir son agresseur, et elle hurla lorsqu’elle contempla le Mal dans toute son ignominie : Un porc anthropomorphe qui la montait comme un animal en poussant des cris rauques.
   Des larmes ruisselaient sur le visage de Feena pendant qu’elle essayait de se débattre, en vain. Soudain, elle sentit une présence non loin d’elle. Quelque chose se tapissait dans les ombres tout autour. Une entité qui se nourrissait de son désespoir, y puisant de la force et du pouvoir. Feena perçut un mouvement infime mais pourtant colossal. Elle pensait discerner les contours de la chose, à la périphérie de son champ de vision, mais ses yeux fous renvoyaient des images que son esprit humain et brisé ne parvenait pas à comprendre ni à traduire. C’était un être venu de par delà les étoiles et le cosmos, avant même la naissance du monde. Un titan assoupi qui s’agitait dans son sommeil troublé.
   C’était une montagne en marche. Une montagne à face de porc.
   Feena hurla en se prenant la tête entre les mains. Le vieillard aux yeux dorés s’esclaffa.
   -Tu es comme les autres, chienne. Aussi fragile et faible qu’un nourrisson. J’arracherai ta vie et ta dignité lentement, morceau par morceau, et j’en offrirai chaque parcelle au Maître en hommage à sa Grandeur! Rien ne pourra entraver son retour! Rien, tu m’entends? La Prophétie de ce fou de Madura s’est écroulée avec la mort du premier des Trois Qui Furent Choisis. Le Façonneur des Quatre Qui ne Sont qu’Un est tombé avec le Gardien du Savoir, et l’Ombre qui Voit et qui Pleure ne peut plus que chialer sur son sort. Tu m’entends? Hyrule brûlera! Madura avait raison sur un seul point. Cette terre croulera sous des mers de sang et de cadavre. Et le Maître s’en repaîtra, oui, et moi, je serai à ses côtés, moi, Exelo!
   Feena n’écoutait pas les délires psychotiques du sorcier. Sa raison vacillait au bord d’un précipice sans fond. L’attaque mentale qu’elle avait subie l’avait rendue faible et tremblante, sanglotant. Elle se tenait sur le sol en position fœtale, le visage enfui contre son sein. Elle n’avait plus conscience du monde autour d’elle.
   Exelo, l’Archi-Maître du Consortium Aedeptus, tendit la main vers elle. Un souffle de flammes noires jaillit de ses doigts et embrasa la guerrière qui se mit à hurler de plus belle. Ses cheveux et ses sourcils disparurent en premier, puis sa peau commença à fondre sur les os, lentement, horriblement. Le sorcier jubilait, hurlant de rire. Un rire qui se mua en crachotement tenu lorsqu’une lame d’épée lui perça le thorax.
   -J’espère que ton Maître t’avait préparé à ça, Exelo, persiffla ser Mikau d’une voix dure en le repoussant.
   Le sorcier tituba sur quelques pas, une main sur sa poitrine d’où s’échappait un sang noir et épais, et se retint à la balustrade. Il se tourna vers le Zora, le visage déformé par la haine et la douleur.
   -Tu paieras pour ça, chevalier, éructa l’Archi-Maître en crachant du sang.
   -On ne s’attaque pas impunément à mes amis, vermine. Préviens ton Maître que Mikau Zora vient le chercher.
   Le jeune homme frappa un grand coup rageur, mais ne rencontra que le vide après la téléportation du mage. Il s’y désintéressa aussitôt pour jeter sa cape sur Feena et éteindre les flammes.
   -Déesses miséricordieuses, ayez pitié d’elle, murmurait-il en tapotant la cape.
   D’une main tremblante, il souleva un pan du vêtement, et le relâcha aussitôt en jurant. Au moins, elle respirait encore…
   Las, ser Mikau se redressa, épuisé, et contempla le charnier en contrebas.
   Une bouillie de cadavres brûlés répandait une fumée âcre et épaisse. Les survivants erraient, hagards, à la recherche des blessés. Fado et dame Laruto dispensaient déjà des soins à ceux qui pouvaient encore en recevoir. Lord Dumor ruminait, assis sur la première marche du trône, où le cadavre du roi était toujours avachi, cloué par la dague qui dépassait de sa poitrine. Lord Darunia tenait Lady Ruto, sanglotant, dans ses bras et hurlaient des injures, un poing rageur brandi. Ser Allister était agenouillé devant la dépouille de son plus jeune frère, qu’il avait tué de ses propres mains. Son épée étaient plantée bien droite dans le ventre de ser Sédrik.
   La catastrophe était totale. Et c’était en grande partie de sa faute, à lui, ser Mikau. C’était sa mission, de protéger la Couronne et le Royaume. Il y était lié par les deux serments qu’il avait jurés. Et pourtant, il avait failli lamentablement. Il avait été incapable de prévoir cette traîtrise, incapable de déjouer les plans du Consortium.
   Hyrule allait payer très cher son incompétence. A présent, le Royaume reposait sur les épaules frêle d’un petit garçon terrorisé. Et il allait devoir gérer une guerre.
   -Le Roi est mort!, hurla Mikau. Longue vie au Roi Nohansen!

Doutchboune:
Aaaah j'aime quand les histoires commencent comme ça, dans la joie, la bonne humeur et la légèreté ^^ Tout de suite, ça remonte le moral ;)

Bon, blague à part, c'est vraiment très bien écrit, j'ai beaucoup aimé. J'ai un peu de peine pour tous ces braves persos qui souffrent un à un, et j'espère que l'influence du trône de fer ne sera pas complète à ce niveau. Mais je dois avoir trop bon fond, en fait !
Sinon, ce qui me dérange, enfin, pas qui me dérange, parce que je sens bien le pourquoi du comment, mais... je sais pas comment dire (et après c'est ptet aussi une preuve que tu rends bien le malaise), je suis gênée par ta forte utilisation des scènes de viol. Après, en effet, ce genre de scène, c'est vraiment fort pour montrer la dépravation, pour donner un fort traumatisme au perso, ce genre de chose... (d'ailleurs, pense ptet à mettre un petit panneau d'avertissement pour ta fic, parce que entre ça et le prologue, je sais pas si c'est top pour les plus jeunes^^) J'ai ptet une âme trop sensible à ce niveau aussi, peut-être...

En tout cas, je réitère mon propos de mon précédent commentaire : Hyrule est vraiment mal barrée pour la suite^^

Enfin, bon globalement j'aime beaucoup, hein, vraiment, et j'ai hâte de lire la suite ;)

Great Magician Samyël:
Doutchy ==> Comme nous en avons déjà un peu parlé, je suis d'accord pour les scènes de viol, je vais sérieusement me réfréner à ce niveau. :niak: En tout cas, content que le Triangle continue de te plaire, et encore merci pour ton commentaire. :niak:


Sur ce, voici déjà la suite de Triangle de Haine. Bonne lecture!


__________________


[align=center]II
-Roy-[/align]


   Roy avait toujours été un garçon simple et aimable. Il faisait la fierté de sa mère, et celle de son père, même si ce dernier, comme tous les pères, le montrait moins. Il avait été élevé dans les valeurs de la famille, du travail et de l’honnêteté. La vie n’était pas facile, la ferme était vaste, et il fallait un labeur constant pour la maintenir en activité, et récolter assez d’argent pour manger et entretenir le domaine. Roy ne rechignait jamais dans les tâches qu’on lui attribuait. Il était travailleur et courageux ; il n’avait pas peur des puissants et nerveux étalons de sailli, ni de Sam, le gros chien de garde à la mine belliqueuse. Roy faisait tout ce qu’on lui disait de faire, sans se plaindre ni demander de contrepartie.
   Roy était un bon garçon. Il ne parlait pas beaucoup, parce qu’il trouvait qu’il n’avait pas grand-chose d’intéressant à dire, mais il avait l’esprit vif. Suffisamment vif pour avoir pu apprendre à lire, bien que cette compétence ne lui fusse de peu d’intérêt dans son travail agricole. Ce même travail lui tailla une solide constitution au fur et à mesure que les années passaient. Lorsqu’il eut vingt ans, son père jugea qu’il était prêt à tâter un peu du fer.
   Le père de Roy avait été soldat durant de longues années, avant de prendre sa retraite, d’épouser sa femme et d’acheter le domaine. Il gardait deux épées affûtées et huilées dans la penderie, et ce fut avec elles qu’il initia son fils à l’escrime. Ce dernier se révéla étrangement doué, malgré des débuts douloureusement difficiles. Il n’avait aucune difficulté à assimiler les mouvements de jambe, les gardes, les postures, les entrechats ou les bottes. Assez vite, il parvenait à vaincre son père en duel. Fier comme un coq, ce dernier proposa à Roy de quitter la ferme pour suivre ses traces et devenir soldat à son tour. C’était une carrière honorable, et bien payée. Le travail ne manquait pas, avec tous les maraudeurs des clans qui trainaient sur la Plaine. Mais Roy refusa.
   -Non, Père. Je n’aime pas me battre. Je préfère travailler la terre et traire les vaches.
   Le sujet fut clos.
   Il était clair dans l’esprit de Roy qu’il prendrait la direction de la ferme à la mort de ses parents, et qu’il épouserait Lucie, la fille d’un fermier voisin. Il voyait sa vie comme un chemin tout tracé, sans embûches, calme et paisible, fait de joies simples et d’un bonheur tout aussi simple mais quotidien. Cette idée lui plaisait, mais il n’en parlait pas beaucoup, car cela n’avait pas vraiment d’importance, et que cela aurait fait de la peine à ses parents, qui avaient pour lui plus d’ambition que lui-même n’en avait pour lui. Il ne comprenait pas ce qu’un homme pouvait désirer de plus qu’un toit, deux repas journaliers, une femme aimante et un travail honnête.
   Les saisons se succédaient dans un train train réconfortant. Les hivers étaient rudes mais le bon travail de Roy les abritait de la faim ou du froid, car ils pouvaient se permettre d’acheter du bois de chauffe. Au printemps, après les récoltes, Roy entreprenait un long périple jusqu’à Cocorico, loin au nord, pour vendre les vêtements en laine confectionnés par sa mère, ainsi que leurs légumes, leur fromage et la bière que brassait son père. Il ne s’attardait jamais guère longtemps, et une fois son argent en poche, il retournait à la ferme, pour reprendre le travail, planter les légumes d’automne, faire courir les chevaux, ou labourer les champs.
   Lorsque son père tomba malade, il prit sur lui et redoubla d’effort pour gagner assez d’argent pour payer les services d’un guérisseur. Malgré tout, le mal qui rongeait son géniteur ne fit que croître, le clouant au lit. Sa mère le veillait de longues heures chaque jour, pleurant doucement dans la pénombre de la chambre.
   Roy aurait voulu la réconforter, mais il ne savait pas quoi lui dire d’intéressant, alors Roy se tut et s’absorba dans le labeur.
   Des rumeurs commencèrent à arriver, à propos d’une bande de guerriers s’élevant contre les clans des plaines, menée par un mystérieux bretteur qu’on disait aussi fort et beau qu’un loup. Roy n’y prêta pas attention, car cela ne l’intéressait pas. La ferme était située assez profondément dans la plaine, là où les clans ne s’aventuraient pas souvent. La ferme n’avait pas connu d’incident depuis presque six ans. Roy s’estimait chanceux, et pensait pouvoir gérer une rencontre avec les maraudeurs.
   Un jour cependant, alors qu’il travaillait assez loin de l’habitat, dans les champs de maïs, il entendit un cri de femme dans le lointain. Pris d’un mauvais pressentiment, il laissa son labeur en suspend et courut vers le domaine. Par chance il avait prit l’une des épées de son père avec lui, car il comptait s’en servir pour tailler une statuette pour sa mère. De sombres nuages de fumée noire s’élevaient en spirale menaçante dans le ciel qui commençait à se teinter d’orange sous la caresse des derniers rayons du soleil. Le feu dévorait le toit de chaume de la grange, et malgré la distance Roy pouvait entendre les cris des animaux piégés.
   Il accéléra ses foulées, la peur au ventre, anxieux de ce qu’il allait trouver. Un cavalier jaillit de nulle part et poussa sa monture au galop vers lui. Il venait du domaine, et il portait une armure de cuir et maniait un lourd gourdin ferré qu’il agitait au dessus de sa tête en éructant des mots incompréhensibles. Roy ne saisit qu’un peu tard les intentions belliqueuses du cavalier et il reçut un vilain coup sur l’épaule. Il entendit un craquement et la douleur fusa dans son bras. Il roula sur le sol, et il sut instinctivement comment il devait réagir.
   Il tira douloureusement l’épée,  et attendit que le cavalier revienne à la charge. Alors, il bondit sur le côté au dernier moment, et frappa de haut en bas. Il rencontra une résistance molle et écœurante, et la lame fut soudain maculée de sang. Le barbare continua sa course sur quelques mètres avant de choir au sol, les entrailles à l’air.
   Roy resta un long moment interdit, peinant à admettre qu’il venait de prendre une vie, et que cela lui avait été aussi facile. Il se sentit sali et se détesta pour son acte. Mais il n’avait pas de temps à perdre à s’apitoyer sur son sort. Lorsqu’il arriva aux abords du domaine, il était trop tard. Tout brûlait. Une bande de maraudeurs entourait son père et le frappait à tour de rôle avec leurs bottes. Mais il n’y avait déjà plus aucune vie dans le corps du vieil homme. Son visage n’était plus qu’une bouillie infâme. Le cadavre de sa mère gisait non loin. Elle avait été transpercée par des lames en plusieurs endroits, et rejetée sur le côté. Elle avait certainement essayé de faire un rempart de son corps pour son mari.
   Une grande lassitude envahit Roy à la vue de ce spectacle. Il baissa son épée et resta debout sans bouger, contemplant la scène sans vraiment la voir. Un cavalier s’approcha lentement de lui.
   -Comment tu t’appelles?
   La voix était claire et chantante, le timbre, impérieux. Roy releva la tête et fut frappé par la beauté du cavalier. Un séraphin se tenait devant lui, bien droit sur sa selle, glorieux dans son armure incrustée de jade et frappée au loup noir. Les longs cheveux blonds flottaient doucement au vent, lui conférant un air éthéré. Les traits parfaits étaient flanqués par deux longues oreilles pointues harmonieuses.
   Le cavalier frappa Roy au visage avec sa botte.
   -Répond, vermine.
   -Ro… Roy, je m’appelle Roy, messire.
   -Je suis Link. Mais toi, tu m’appelleras Maître. Car à présent tu es mon Chien, et tu n’auras jamais d’autre maître que moi. Et j’attends de toi de la reconnaissance pour ma miséricorde.
   -Merci, messire…
   Sans trop savoir pourquoi, Roy fut reconnaissant. Il acceptait le don de la vie qui lui était fait. Il comprit que son existence n’avait aucune valeur, qu’il n’était rien comparé à cet homme, à son maître. Il vivrait pour le servir.
   -Roy est un nom bien trop joli pour un chien. Dorénavant tu t’appelleras Locke, car tu n’es qu’une loque, un rebu qui me doit tout. Tu peux garder le nom de Sanks, ainsi les gens sauront quel genre de bâtard tu es, à l’image de ton salaud de père. Remercie moi.
   -Merci, messire. Messire est trop bon.
   -Bien, c’est  ce que j’aime entendre. Maintenant, va enterrer ces déchets qui te servaient de parents, et rattrape nous. Nous allons à l’Ouest. Je vais écraser cette vermine rampante qui infeste notre glorieuse plaine. Et lorsque je baiserai la Princesse et que j’assiérai mon cul sur le trône, je t’autoriserai à te coucher à mes pieds. Car c’est là la place des chiens, n’est-ce pas?
   -Oui messire. Merci messire.
   Le rire de Link retentissait encore dans les oreilles de Roy lorsqu’il sortit de son long sommeil. Il avait presque oublié cet épisode de sa vie. A vrai dire, il avait presque oublié qui il était, avant de devenir le Chien du Héros.
   Roy Sanks resta un moment sans bouger, contemplatif. Il se rendit compte qu’il était serein. Serein pour la première fois depuis ce fameux jour. Il se laissa imprégner par ce sentiment presque étranger, le goûta, l’apprécia. Lentement, il ouvrit l’œil, et laissa la lumière ambiante le baigner. Il fixait un plafond modeste et sans ornement, qui lui rappela, d’une certaine manière, le plafond de sa chambre, là-bas à la ferme.
   Il se sentait bien.
   Tournant la tête, il aperçut un second lit, près du sien. Quelqu’un l’occupait, emmitouflé dans des couvertures. Roy se releva péniblement. Les souvenirs du tournoi lui revenaient, et avec eux, la douleur de son abdomen. Soulevant sa tunique, il fut surpris de constater que la plaie était déjà presque cicatrisée. S’accommodant de la douleur, il fit pivoter ses jambes hors du lit, et s’approcha de la silhouette recouverte. Lentement il tira sur la couverture, découvrant le visage horriblement défiguré de Feena Hurlebataille. Ses cheveux et ses sourcils avaient disparu, accentuant la laideur résultant de sa peau à moitié fondue. La pauvre femme était inconsciente, et sa respiration n’était rien d’autre qu’un sifflement rauque.
   Roy la contempla un long moment avec son œil valide. Une émotion qui lui était totalement inconnue montait en lui. Il caressa tendrement les traits de la guerrière avec sa main intacte. Il fut perturbé par l’intrusion brutale d’un homme dans la pièce. Ce dernier ressemblait à un mendiant, avec sa crinière de cheveux sales, sa barbe en bataille, ses vêtements rapiécés. Il tenait un long couteau dans la main, et ses yeux fiévreux indiquaient assez qu’il était complètement saoul.
   -Vous étiez pas censé être là vous, siffla-t-il après s’être passé une main sur le visage. T’es Locke Sanks, pas vrai? Le Chien? Tout le monde dit que vous êtes mort.
   Roy ne répondit pas. Il n’avait pas grand-chose d’intéressant à dire. Il baissa le regard vers Feena ; un regard triste.
   -Cette pauvre femme n’a-t-elle pas déjà assez souffert comme ça?
   -C’pas mon problème. On me paye pour la tuer, c’tout. Maintenant, écartez toi, j’aime pas frapper des infirmes.
   -Mais suriner des femmes inconscientes et affaiblies ne vous dérange nullement. Vous avez un curieux sens de l’honneur.
   L’homme jeta un regard nerveux derrière lui, comme s’il craignait qu’on le surprenne d’un instant à l’autre -Ce qui était certainement le cas.
   -Bon, j’te préviens une dernière fois, mon gars, tu t’écartes bien gentiment ou tu vas goûter de mon surin, reprit l’assassin en agitant son arme.
   -Et bien approchez, j’ai une faim de loup.
   Le malandrin le fixa en reculant d’un pas, comme si Roy l’avait frappé avec ses paroles. Puis il sembla reprendre courage, réalisant qu’il était face à un infirme, borgne de surcroît.
   -Tu me laisses pas le choix, matois. On se reverra là haut.
   L’homme se jeta sur Roy en éructant. L’esprit extraordinairement clair, ce dernier saisit l’agresseur au cou et écarta sa lame avec son avant-bras. Son pouce s’enfonça dans la carotide, et il raffermit l’étau d’acier qu’était devenu son poing. L’ivrogne gesticula en vain, ses yeux s’exorbitant au fur et à mesure qu’il s’étouffait. Sa résistance se fit de plus en plus faible, puis il cessa de bouger. Il s’écroula au sol lorsque Roy relâcha sa prise.
   Roy resta debout sans bouger pendant un long moment. Durant toute son existence, il avait fauché des vies, mécaniquement, sans s’en soucier, sans leur accorder d’importance, tout cela au nom de la gloire d’un fou. Là, il venait de prendre une vie, mais cela avait eu un sens. Il avait protégé quelqu’un. Il contempla sa main.
   -Locke Sanks est mort.
   Ce constat le perturba.
   -Je suis Roy Sanks. Je suis… Je ne suis le chien de personne.
   Il vacilla soudain sur ses jambes, comme frappé de stupeur. Il s’assit précipitamment sur le bord de son lit. Des larmes se mirent à couler le long de ses joues, pendant qu’il se remémorait les sept années passées aux côtés de Link. Il parcourut du doigt les cicatrices qui ravageaient son visage, et il identifia alors le sentiment qu’il avait éprouvé un peu avant : la colère. Sept longues années d’humiliations, de tortures, de dénie de soi se transformaient soudain en une colère ardente, un désir impérieux de vengeance et de justice.
   -Vous êtes éveillé.
   Tarquin Qu’un-Œil pénétra dans la pièce, et enjamba le cadavre sans même lui accorder un regard.
   -Et en forme.
   -Qui lui a fait ça?, demanda Roy en indiquant le lit de Feena du menton.
   -Exelo. Le doyen du Consortium.
   -Je vois. Où est Link?
   Tarquin observa Roy un court instant, mais ne fit aucun commentaire.
   -Quelque part sur la plaine, j’imagine. Il s’est enfui de sa cellule du donjon grâce à l’aide de la Princesse, et certainement celles d’autres nobles. Goro Dodongo a assassiné le roi Salomon, et la moitié du sang bleu d’Hyrule continue de se répandre sur le marbre de la salle du trône. Le Consortium en a profité pour participer à la… « fête », si j’ose dire. Goro, Mido Mojo, Darunia Dodongo et toute une tripotée de petits seigneurs ont fui la ville pour rejoindre Link, que tout le monde appelle le Faux-Héros, depuis qu’il vous a… et bien, tué, en quelque sorte.
   -Y a-t-il une bonne nouvelle, dans tout cela?, demanda Roy en se frottant l’arrête du nez.
   -Une bonne nouvelle? Et bien… Vous êtes en vie. J’imagine que c’est plutôt réjouissant, comme perspective.
   -Hmf. Oui, j’imagine. Où sommes-nous?
   -Dans l’aile des serviteurs, au château. A vrai dire, je venais vous chercher.
   -Me chercher?
   -Cela même. Dame Laruto m’a fait savoir que vous pourriez être réveillé. Si j’avais quelques réserves à propos de cette assertion, vu l’état critique dans lequel vous étiez -j’ai bien cru vous perdre trois fois lorsque nous vous avons transporté ici après le tournoi-, je n’en ai maintenant plus aucune. Si vous voulez bien me suivre…
   -Comment va-t-elle? Je veux dire, dame Laruto…
   -Bien. Oui, bien, j’imagine. La Couronne lui doit beaucoup. Après tout, elle vous a arraché des griffes de la mort, et a sauvé pas mal de nos chers nobliaux.
   -Elle m’a sauvé?
   -Ho ça oui, je la vois encore, passant de longues heures à votre chevet, récitant sans cesser un seul instant des incantations. A vous observer, le traitement semble plutôt efficace. Bon, allons-y.
   Roy se leva, et fit mine de suivre le Sheikah.
   -J’aimerais que vous postiez un garde. Cet homme, il venait pour elle.
   Tarquin haussa le sourcil.
   -Tiens donc. Voilà qui est curieux. Je pensez que vous étiez la cible.
   Les deux hommes échangèrent un regard.
   -Oui, vraiment curieux.
   Ce qui restait de la haute noblesse Hylienne était réunie dans la salle du trône, où les traces encore visibles du combat récent ne cessaient de rappeler l’état critique dans lequel était plongé Hyrule. Lord Dumor, Lord Dorf, Lady Ruto, Lord Darunia, ser Allister et les conseillers Fado et Laruto faisaient face au trône où le trop jeune Daphnès Nohansen Hyrule Ier était assis. Il n’avait pas l’air de comprendre ce qu’on attendait de lui, et il fixaient des regards de bête traquée et blessée un peu partout, malgré la main apaisante que ser Mikau posait sur son épaule.
   -Mais regardez le!, tempêtait Lord Dumor. Il est terrorisé! Il ne sait même pas où il se trouve! Vous l’avez assis à l’endroit même où le sang de son père l’a éclaboussé, Mikau. Qu’est-ce que vous attendez, au nom des Trois?
   -Messire, je vous en prie, nous devons garder notre calme, tenta de l’apaiser ser Mikau. Cela ne servira à rien de nous emporter.
   -Il a raison, mon frère, intervint Lady Ruto de sa voix chagrinée. Tu ne peux pas demander tant à un enfant.
   -Très bien, dans ce cas, qu’est-ce que vous proposez?
   -Un régent!, explosa Lord Dorf en agitant sa main mutilée. Il nous faut élire un régent. Pour le bien du royaume.
   -Un régent, ricana Dumor. Et qui ce sera? Vous, peut-être?
   -Et bien, pourquoi pas?, rétorqua le seigneur Gérudo en plissant les yeux. Vous avez une réserve à émettre, cher Lutin?
   -Une réserve! Par les Déesses, ha ça non! Il est certain que je n’aurais aucune objection à laisser un corniaud incapable de jouer aux échec régner sur tout le Royaume!
   -Comment?!
   -Mes seigneurs! Cessez. Cela n’est vraiment pas le moment. N’y a-t-il donc pas déjà assez eu de morts et de blessés?
   Le bon sens de ser Mikau ramena les deux belligérants au calme. Lord Darunia, d’ordinaire prompt à s’exprimer, ne pipait mot. Il semblait terriblement abattu,  et se tenait en retrait des débats.
   -Même si cela me peine, déclara Dame Laruto de sa douce voix, il apparaît évident que le prince ne peut gouverner, surtout en cette période de crise. Il faut envisager d’assoir une nouvelle lignée sur le trône d’Hyrule.
   -Seul un membre de la famille royale peut prétendre à gouverner Hyrule. Tenez le vous pour dit, divinatrice.
   Tarquin Qu’un-Œil jaillit de derrière le trône, la mine mauvaise.
   -Vos paroles pourraient passer pour de la félonie.
   -Loin de moi cette idée, messire, s’inclina la magicienne. Je ne faisais que réfléchir à haute voix.
   -Dans ce cas, je vous prie de garder vos réflexions pour vous.
   -Et que préconisez-vous, ô grand et puissant Tarquin?, ironisa Dumor avec un geste fataliste.
   -Il n’y a rien à préconiser, Lutin. Noah restera sur le trône et gouvernera Hyrule. Il boutera le Consortium hors de notre belle Cité, et marchera sur le Faux-Héros, récupérera sa sœur et la Lame Purificatrice.
   Lord Dumor ne put s’empêcher d’applaudir face à cette déclaration.
   -Vraiment, un plan magnifique. Me voilà parfaitement rassuré. C’est vrai, après tout, pourquoi s’embêterait-on à chercher un général charismatique, un homme à poigne apte à gérer un royaume en temps de guerre, alors qu’un bambin chialeur peut parfaitement remplir ce rôle?
   Le maître du Sheikah esquissa un sourire mauvais.
   -Parce que cet homme, Lutin, nous l’avons déjà.
   Roy, qui était resté dans l’ombre de la Petite Galerie, derrière le trône, s’approcha lentement. Il vint se placer à côté de Tarquin, et regarda toutes les personnes présentes dans les yeux, une par une. Dans tous ces regards, il lut de la surprise, parfois de l’espoir, dans les yeux de ser Allister il vit brûler une ardeur nouvelle, dans ceux de dame Laruto quelque chose qu’il ne connaissait pas.
   -Mais… Mais, il est mort, balbutia stupidement Lord Dumor.
   -Et bien il n’était peut-être pas si mort que ça, finalement, ricana Tarquin.
   Roy descendit les marches du trône et se tourna vers le Prince. Ce dernier semblait plus que jamais perdu. Il n’avait pas l’air de savoir s’il devait se réjouir du retour de son héros, ou s’il devait être horrifié de voir un mort marcher parmi les vivants.
   Roy tira son épée, et mit un genoux en terre, la pointe de sa lame sur le sol.
   -Mon Prince! Peu avant que la reine votre mère ne nous quitte, elle m’avait demandé de devenir votre bouclier lige. J’ai refusé. Les choses ont maintenant bien changé. C’est une période sombre et difficile qui s’annonce. S’il n’est pas trop tard, j’aimerais honorer la requête formulée par la reine, et brandir votre étendard à la bataille. Moi, Roy Sanks, mets mon épée à votre entier service.
   Un silence médusé suivit cette déclaration. Tarquin affichait le sourire ravi d’un homme observant son plan se dérouler sans anicroche.
   -C’est avec une joie ineffable que sa Majesté accepte votre généreuse offre, ser Roy.
   -Dans ce cas, s’écria Lord Dorf en tirant sa propre épée, ce sera une joie de combattre pour vous, votre Majesté!
   Et, l’un après l’autre, les seigneurs d’Hyrule jurèrent allégeance au nouveau souverain. Lord Dumor, qui s’avança en dernier, ne put s’empêcher d’ajouter :
   -J’espère que vous savez ce que vous faites, Tarquin.
   -J’essaie de sauver ce qu’il reste à sauver. Vous devriez essayer de faire de même, Lutin.
   Roy avait toujours vu sa vie comme un chemin tout tracé, sans embûche, fait de joies simples et d’un bonheur tout aussi simple et quotidien. Ce chemin avait rencontré au final quelques obstacles et fait quelques détours, mais maintenant la route était de nouveau droite et dégagée.
   Son objectif était clair : raser le Consortium Aedeptus, et venger la mort de ses parents.

Doutchboune:
Oh que j'aime ce retour :niais: j'en suis pas totalement surprise, même si j'avais préféré ne pas y croire (une vieille habitude, je préfère les bonnes surprises que les déceptions^^).

Reste que, je me pose des questions sur les origines de Roy (enfin, tu laisses trainer des tas de petits trucs qui amènent à ça en même temps, fourbe que tu es :p ). Et cette aura charismatique de Link, elle me rappelle un autre personnage, je dois avouer. Dans Berserk^^ Mais je ne sais pas si tu l'as lu ou pas, alors pour le moment, je n'en dirai pas plus.

En tout cas, chapeau, c'est encore bien chouette.

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