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La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1

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Ganon d'Orphée:
Voilà, entre les révisions d'Histoire et celles de Français pour mon Brevet Blanc je me permet de poster ici un commentaire, bien que je n'aie lu que les deux premiers chapitres et la moitié du troisième, ou tout le troisième ? La mémoire me fait défaut.

Commencons par les mauvais côtés et mauvais points .... Il n'y pas foule ici ^^.

Bien bien, passons maitenant aux choses positives puisqu'il n'y a pas de choses négatives. Alors premièrement l'écriture est plutôt belle, les personnages attachant (surtout le mage au nom imprononcable Rirjk), eet le monde haut en couleurs. C'est très plaisant de voir l'évolution de Samyël dans ce jolie décor !

Et secondement, enfin en français cela donne deuxièment, j'apprécie beaucoup le "mauvais" de l'histoire qui semble être un fou religieux qui se rapproche beaucoup de l'attitude des religions humaines dans les âges obscures du moyen-age.

Rodrigo:
Très plaisant à lire . On se laisse entrainer par les aventures du petit apprenti .Les mots sont bien choisis et on a l'impression que ça coule de source . Je trouve ton vocabulaire assez riche en expression et tu utilises des mots assez recherchés .Fais toutefois attention aux fautes d'orthographe ,sans y faire attention ,j'en ai quand meme rencontré .  Sinon sur les personnages ,je trouve Samyel sympathique mais peu charismatique . Je lui préfère son maitre qui a l'air assez classe et dont le savoir semble etre intarissable.Au niveau de l'histoire ,j'aime bien le concept d'apprenti qui s'entraine dur ,ça me fait penser aux mangas. La mort du héros montre le détachement de la vie monotone et gentille des personnages .Je suis juste déçu par le coté trop présent de la magie noire dans le dernier chapitre ,ça fait perdre un peu de charme à l'histoire je trouve . J'ai trouvé ce passage inutilement compliqué et impossible à comprendre au stade ou nous en sommes .

Voila , continue ton histoire ,c'est très bien parti . Et si tu peux ,montre la carte du monde .

Great Magician Samyël:
GdO===> merci^^

Floax===> Tout d'abord, merci pour le com^^ Pour les fautes, j'essaie d'en enlever un maximum, mais je suis loin d'être un expert en grammaire et en orthographe donc... ba je m'excuse pour ce point^^ Je suis content que tu aimes Rirjk (d'ailleurs, je vois qu'il a l'air plutôt populaire parmis mes quelques lecteurs :p) Pour ma part je l'aime beaucoup aussi^^ Le manque de charisme de Samyël tient du fait de son jeune âge, et de son manque d'experience de la vie, ça viendra... ; ) Pour ce qui est du chapitre 5, cela... "ouvre" en quelque sorte le début véritable du récit. Car la suite s'éloignera beaucoup de la petite vie pépère de quelques paysans sur une île reculée. Je tiens à préciser que l'ambiance générale du récit va beaucoup se noircir par la suite, désolé pour ceux qui n'aiment pas ^^' Enfin, pour ce qui est de la difficulté de compréhension de la fin de la première partie du chap' 5, je l'ai voulu. Je m'excuse si vous n'avez pas aimé. La suite directe apportera déjà quelques éléments de réponses pour eclairicir un peu tout ça^^

M'enfin, j'espère que mon histoire vous apportera toujours autant de plaisir, je m'y efforcerais^^
Je posterais la suite demain ou jeudi, voir ce week-end^^
Pour ce qui est de la carte, ce n'est pour le moment qu'une ébauche de ce qu'elle sera véritablement. Il n'y pas encore grand chose dessus, en termes de fleuves, de villes et tout le tralala. Cependant, j'y boss avec ma  cartographe attitrée (:p) donc, on fera aussi vite que possible^^

Great Magician Samyël:
Comme convenu, voilà la suite et fin du chapitre 5^^ Bonne lecture^^


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Chapitre 5 : La bête d’Ur-Les-Ombres. (deuxième partie)


Il pleuvait toujours, et il faisait toujours nuit. Ce furent les premières pensées qui assaillirent Rirjk lorsqu’il ouvrit les yeux. Une abominable odeur de charogne lui agressa les narines, à peine diluée par la pluie.
Il vomit.
Son corps tremblait tout seul, il se sentait épuisé, vidé de ses forces. Un horrible crissement retentit. On aurait dit des ongles raclant un tableau noir.
Rirjk releva la tête. Il remarqua que les bougies s’étaient éteintes, et que les deux étoiles à cinq branches, ainsi que les runes et le cercle avaient disparu. Une ombre plus noire que la nuit apparut alors dans son champ de vision. Elle avait vaguement forme humaine, avec des ailles déchiquetées sur les bords. Une masse de ténèbres, d’ombres. Une silhouette grotesque et difforme. Elle avait une de ses grosses pattes posées sur le torse de Samyël.
Samyël !
L’espace d’un instant, Rirjk l’avait oublié. Tout n’était pas encore très clair dans son esprit. Il se rappelait vaguement le contacte d’un élément liquide… Mais à présent tout lui revenait en mémoire. Cependant, il constata avec un sentiment mêlé de joie et d’inquiétude que, malgré qu’il soit encore inconscient, la poitrine du jeune garçon se soulevait régulièrement. Ca prouvait que Rirjk avait accompli son objectif. Mais à quel prix ?…
De nouveau, le crissement retentit. Il provenait de la forme sombre.
Un rire.
« Je te félicite, mage… » La voix parlait directement à l’intérieur de son crâne. Rirjk chancela sur ses jambes par encore tout à fait stables. Le choc mental était fort, et il usa de toute la volonté et le peu de force qui lui restait pour combattre cet assaut.
« Je ne savais que je trouverais un pratiquant du 8ème art sur cette petite île, kss kss… »
-Garde tes viles paroles pour toi démon, répliqua Rirjk avec toute la voix qu’il pu. Rend moi l’enfant.
« Toi et tes semblables, vous m’amusez beaucoup. L’enfant est à moi. C’est moi qui l’ai tué. »
-Dans ce cas je te tuerais toi.
« Je suis impatient de voir ça… Kss kss… »
Rirjk porta la main à la garde de Haz’Rael et la dégaina. Les centaines de runes qui parcouraient la lame s’embrasèrent. Le temps se figea.
-Que fais-tu ici, si loin hors les murs d’Ur-Les-Ombres finit par demander Rirjk.
« J’ai été envoyé pour l’enfant. Mais si tu veux, je peux commencer par toi… »
Rirjk glissa un regard en direction de son bâton, toujours planté dans le sol un peu plus loin. Il calcula rapidement le temps qu’il lui faudrait pour l’atteindre. La forme sombre sembla deviner ses pensées et se rua sur lui, sans un bruit, glissant dans la nuit. La vitesse et la violence de l’assaut surprirent Rirjk, qui para difficilement le coup de griffe qui visait sa tête. Au contact du monstre, des gerbes d’étincelles jaillirent de la lame. Rirjk se dégagea du corps à corps, et il tenta de lancer un sort en traçant rapidement dans l’air quelques runes. Il n’eut pas le temps. Il sauta de côté pour éviter une nouvelle attaque. Il en profita pour donner un large coup circulaire de sa lame. Le fer mordit dans les ténèbres avec une joie sauvage, vibrant de plaisir tandis que la bête hurlait de douleur, un cri terrible et horrible, qui déchira la nuit et réveilla les villages alentours.
Le monstre se replia sur lui même et s’élança dans la forêt, tentant de fuir. Sans réfléchir, Rirjk se lança à sa poursuite, toute fatigue envolée, seules restant l’adrénaline et la soif de sang que lui donnait son épée. Il courut, courut, sous la pluie, et bientôt les ténèbres de la forêt l’enveloppèrent.
Un étau glacé se referma sur son cœur, qui s’affola. La frénésie qui l’habitait s’évanouit aussitôt lorsqu’il comprit qu’il s’était stupidement piégé lui même. Il voulut faire demi tour. Une ombre passa devant lui, que suivit une vive douleur à la poitrine. Un liquide chaud lui éclaboussa le visage tandis qu’il s’agenouillait en criant sous le coup de la souffrance. Il haletait.
Le rire de la bête s’éleva de nouveau, non loin, mais sans provenance précise.
« Tu me fais rire petit homme. Tu es aussi stupide que tous tes semblables »
-Si… Silence, démon, parvint à articuler Rirjk.
Il s’aida de son épée pour se remettre debout, il chancela. Il s’adossa contre un arbre et essuya la pluie qui lui rentrait dans les yeux.
« C’est ma faute, je n’ai pas été assez prudent. » Voilà la pensée qui l’obsédait alors qu’il se savait proche de la mort –définitive cette fois. C’est peut être ce qui lui donna la force d’ordonner à ses jambes de se remettre à courir. Il sentait la présence du démon derrière lui, il entendait son abominable rire. Bientôt, la nuit s’éclaira un peu. Il s’approchait de l’orée de la forêt.
Alors qu’il croyait s’élancer sur le sentier, il s’arrêta net et adressa une prière aux dieux.
La falaise.
La falaise, là, juste devant lui. L’immensité sombre de l’océan chatoyait sous la lumière lunaire. Il était piégé.
« Au moins, c’est un bel endroit pour mourir » Se dit-il aigrement.
« Nous y voilà, mage, kss kss… »
Rirjk se retourna et fit face au monstre. Deux petites lueurs rouges s’étaient allumées là où auraient dû se trouver les yeux.
-Fais vite, démon. Je n’aime pas la douleur.
Un pâle arc de cercle s’ouvrit dans la masse sombre. Un sourire. Elle se tassa sur elle même, puis bondit. Au moment du choc, une chose incroyable se produisit. Une lumière aveuglante jaillit du torse de Rirjk, déchirant la nuit avec violence. La bête poussa un cri strident de douleur et recula vivement, se tapissant dans les ombres de la forêt. Rirjk porta une main à ses yeux pour se protéger de la vive lumière. De l’autre, il chercha sur son corps l’origine de ce prodige. Ses doigts effleurèrent des entailles assez larges, suintantes de sang, puis se refermèrent sur un petit objet métallique.
Le talisman !
Un fol espoir naquit de nouveau dans son esprit. Il arracha la chaîne qui suspendait l’artefact à son cou et la tint fermement devant lui. Le rayon de lumière balaya les ténèbres, et le démon se recroquevilla au pied d’un arbre, criant et sanglotant, réduis à l’ombre de lui même. Il implorait dans sa langue, demandant pardon, jurant sur tous les dieux qu’il se repentirait.
Rirjk le contempla un moment, l’œil dur.
-N’emploie pas des mots que tu ne comprends pas.
Il leva son épée, et embrocha la bête. Les runes sur la lame s’embrasèrent et se répandirent sur tout le corps du démon, qui hurla, se tordit, se débattit. En vain. Rirjk ferma les yeux pour ne pas assister à la scène.
Ce fut fait en quelques secondes. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il ne restait plus que son épée, enfoncée dans le sol. Comme si rien ne s’était passé. Comme si tout cela n’avait été qu’un rêve…
Soudain pris d’une grande fatigue, il s’agenouilla et pleura en silence.

Rirjk regarda la mer avec dans les yeux de la mélancolie. La pluie avait cessé. Lui avait succédé une douce brise qui réconforta l’âme et le cœur du mage. L’aube pointait doucement, parant l’océan de couleurs miroitantes. Il sourit.
Il lui restait une chose à faire. Et tout serait terminé.
Il empoigna d’une main lourde mais ferme la poignée d’Haz’Rael. De nouveau, les souvenirs douloureux d’un passé qu’il avait oublié refirent surface. Il les ignora.
-Tu connaissais le prix, tu connaissais le prix !, susurra la même voix démente qu’il avait entendu quelques heures plus tôt –des jours !-, chez lui.
Il fixa la lame où apparut bientôt le nom de l’arme.
-Bien sûr que je le connais. Mais je l’ai payé. Au centuple. Remercie ton créateur pour moi.
Et sur ces mots, il jeta l’arme du haut de la falaise. Il la regarda tournoyer dans l’air puis disparaître sous la surface des eaux.
Avec elle disparurent les souvenirs. Libre. Il s’était enfin affranchi de son passé. Du moins il l’espérait.
Il regagna d’un pas lourd la clairière où Samyël gisait toujours. Il s’approcha de lui, mit un genou en terre et lui toucha le front. Il murmura un mot de pouvoir.
Un temps. Samyël ouvrit les yeux, ces mêmes yeux intenses qui avaient surpris Rirjk lors de leur première rencontre.
-Hum… Maître ? Qu’y a-t-il ? Quelle heure est-il ? Vous allez bien ? Pourquoi pleurez vous ? Et ce sang ? Que vous est-il arrivé ?
Le mage pris son jeune disciple dans ses bras, et éclata de rire, tandis que sur ses joues s’écoulaient doucement des larmes de joie.
-Rien. Il ne s’est rien passé. Viens, rentrons. Erika doit s’inquiéter. Aujourd’hui, tu es dispensé d’entraînement. Tu viendras chez moi. J’ai des choses à te dire. Beaucoup de choses. Oui. Beaucoup, beaucoup de choses…
-D’accord.
Main dans la main, ils entamèrent le voyage qui les ramènerait chez eux. Mais, à peine quelques pas plus tard, Rirjk s’effondra, un sourire sur les lèvres.

Great Magician Samyël:
Yop yop^^ Voilà, après une absence de deux semaines dû au vacances, voici la suite du récit, avec la première partie du Chapitre 6! Un chapitre purement descriptif qui a pour but de décrire le monde de Samyël, ainsi que son histoire récente, dans un premier temps, puis dans la deuxième partie, se penche sur ce personnage qui apparemment plaît, j'ai nommé Rirjk^^ Bonne lecture, en espérant que cela vous plaise tjs^^
EDIT: vive les triples posts^^


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Chapitre 6 : L'approche de l'hiver. (première Partie)



-Nous serons bientôt prêts à lever l’ancre, messire.
-Fort bien. Dites aux hommes de se préparer.
Un vent froid et mordant balayait le port. C’était le début de l’hiver. La neige n’était pas encore tombée, mais ça ne saurait tarder. Le ciel était gris et bas. Ils prendraient bientôt leur quartier d’hiver. Mais il leur restait une dernière tâche à accomplir avant cela.
Solanéa.
Une petite île perdue à la pointe sud du Continent. A Des kilomètres de leur position actuelle. Le voyage leur prendrait au moins un mois, sûrement plus. Mais c’était les ordres de Sa Sainteté le Pontife d’Arch’Mark. Il le ferait.
Eratius balaya la Baie aux Sirènes de son regard bleu, tranchant comme une lame de sabre. Une agitation frénétique régnait sur les quais, et ce malgré la bise glaciale. On affrétait un énorme navire, un trois mâts, payé par les bons soins du Pontife en personne afin de faciliter les manœuvres de la Sainte Expédition. Il était suffisamment grand pour transporter cinq cents soldats, en plus de l’équipage et des nombreux rameurs nécessaires pour le maniement des lourds avirons. De petites catapultes s’alignaient le long du bastingage et un énorme pieu en bronze était dissimulé sous la coque à l’avant du navire. A la proue, une représentation en or du Seigneur Illuminant La Terre guidait ses envoyés en leur montrant le chemin de la Justice.
Eratius se sentait fière de naviguait sous cette égide. Il se recueilli un moment et adressa une prière à son Seigneur avant de se diriger vers les baraquements où étaient stationnés ses hommes. A chaque fois qu’il passait devant un honnête citoyen, celui-ci s’inclinait avec respect et prononçait la formule rituelle : « Je vous salue Messire. Puisse la Lumière du Seigneur illuminer vos pas ».    
Eratius était heureux lorsqu’il se trouvait dans sa contré natale, l’Arch’Mark. La Justice régissait la vie de chacun, et la Parole du Seigneur était respectée par tous. Et puis ici, cette engeance démoniaque qu’était la magie était bannie de ces terres sacrées. Et tout cela grâce au vénérable Pontife Arabéus II.
Eratius s’enorgueillissait secrètement du fait qu’il en était en partie responsable.
Cependant sa joie était gâchée dès qu’il songeait aux peuples Infidèles qui continuaient de pratiquer cette magie honnie, partout en dehors de l‘Arch‘Mark… Mais bientôt tout cela allait changer. Les seigneurs des baronnies et des comtés avaient juré allégeance au Pontife, instauré le culte du Seigneur, organisé des Purges et surtout renié le Roi d‘Arendia, ce pantin contrôlé par ce maudit Archimage. Il y avait bien eu certains barons, certains ducs pour se lever contre les envoyés du Seigneur.
Ils y avaient perdu la tête ou avaient rapidement fait profil bas. Tous sauf un.
Le général Kalenz de Fort-Argent. Depuis le début, il tenait tête aux hommes d’Eratius, se battant avec courage, défaisant les Armées Saintes. Le dernier des dix Chevaliers. Le dernier sur qui le roi pouvait encore compter.    
La seigneurie de Fort-Argent se situait au sud de la capitale royale d’Arendia. Elle tenait son nom du château entouré d’arbres à l’écorce d’argent qui gardait le défilé menant jusqu’à la capitale.  
Eratius pénétra dans le bâtiment où étaient stationnés ses hommes. L’ambiance était bonne, les soldats prenaient leur repas en conversant joyeusement. Si pour le paysan l’hiver était synonyme d’ennuie et de froid, pour le soldat c’était la promesse de quelques mois de tranquillité et de relatif confort. Et c’était justement ce qui motivait les hommes d’Eratius. D’autant plus que d’après la rumeur, les mers du Sud était chaudes, même à cette période de l’année.
On leva sa chope lorsqu’on aperçut le Commandeur. Eratius les salua à son tour d’un signe de main et d’un de ses rares sourires.
Quelques heures plus tard, ils embarquaient dans le brouhaha des conversations.


Rirjk fit la grimace et s’apprêta à recracher le liquide épais et malodorant. Erika posa délicatement un doigt sur sa bouche et l’obligea gentiment à tout avaler.
-La guérisseuse a dit que ça calmera la douleur, alors ne fais pas l’enfant, dit-elle en souriant.
Le mage grommela quelque chose d’incompréhensible mais s’exécuta. Il fulminait sur place. La vieille bique qui se prétendait guérisseuse lui avait ordonné de garder le lit pendant quelques jours, le temps que les plaies se referment.
Finalement, il ne s’en était pas trop mal tiré. Les plaies s’étaient avérées moins profondes que de primes abords.  
Cependant, il avait eu plus de mal à trouver une explication plausible à son piteux état de la veille, et à la résurrection miracle de son apprenti.. Il avait raconté à Samyël qu’il avait voulu grimpé à un arbre pour cueillir un fruit et était tombé, ce qui avait provoqué une amnésie partielle, et les branches lui avaient fouetté le torse, afin d’expliquer les blessures dues à sa rencontre avec le démon -épisode dont le jeune garçon n’avait curieusement gardé aucun souvenirs. Rirjk avait ensuite embobiné le reste des villageois avec un discours sur l’Equilibre, ce dont la magie était capable et ils n’avaient plus posé de question. Pour ce qui était de lui-même, il avait prétendu avoir été attaqué par un ours, le tout accompagné d’un sort de confusion de l’esprit et le tour était joué.
Mais il s’en voulait un peu d’avoir eu à mentir à ces braves gens, et surtout à sa femme. Quant au grand père de Samyël, il n’avait pas posé de question. Juste un bref hochement de tête.
Le Grand Père…
Un homme étrange, difficile à cerner, empli de mystères. Mais pourtant bon et doux, quoique sage. Lorsqu’il s’était présenté, il avait prétendu s’appeler Henry. Un faux nom, Rirjk en était sûr, sans trop savoir pourquoi. L’instinct sans doute…
Alors qu’il ressassait tout ça dans son esprit, Samyël entra dans la demeure, son arc en bandoulière. Il salua Erika à la mode mondaine du Continent, comme le lui avait appris Rirjk, incliner le buste vers l’avant, un bras sous l’abdomen, l’autre derrière le dos, en gardant la tête vers le sol.  Après quoi, il se dirigea vers le chevet de son maître. Tout comme à Rirjk, la guérisseuse lui avait bandé le torse et le bas ventre avec des bandes de tissus trempées dans une espèce de mixture censée aider à la cicatrisation. Mais elle avait comme désavantage d’empester à des lieux à la ronde…
-Bonjours maître.
-Bonjours, disciple.
Un temps.
-Vous m’avez dit hier de venir vous voir aujourd’hui, vous aviez quelque chose à me dire…, reprit Samyël.
-Ha oui, c’est exact. Prend le tabouret et installe toi. Pose ton arc là bas. Non, pas là. A côté. Bien. Hum… J’ai tellement de choses à te dire que je ne sais pas par où commencer.
-Peut être par le début mon amour, ce serait une bonne chose, intervint Erika.
-Ha oui, tu as raison, comme toujours. Merci chérie. Le début donc. Hum… Laisse moi le temps de mettre de l’ordre dans mes pensées… J’aimerais… J’aimerais te parler de moi, de ce monde qui t’entoure, et éclaircir quelques points sur ce qui est de la magie.
Samyël hocha la tête.
-Nous sommes ici sur l’Île de Solanéa, au large de la côté Sud de ce que nous appelons couramment le Continent. Ce même Continent n’est en fait rien d’autre qu’une immense étendue de terre émergée hors de la surface de l’Océan. Au nord de l’île se trouve Gontarion, notre port. Plus au nord, à l’extrémité de la Queue du Serpent -c’est ainsi que l’on homme l’extrême sud du Continent, à cause de sa forme en pointe de flèche- se trouve Port-Ebène. C’est un des grands axes de commerce maritime du monde, car c’est par là que passent tous les navires voulant se rendre d’une cote à l’autre. L’espace séparant ces deux ports est appelé le Cap Solaire. D’ailleurs, en ancien langage, Solanéa signifie littéralement la Terre du Soleil. Mais je m’égards. Tu me suis jusqu’ici?
-Oui… Oui, je crois.
-Parfait. Jusqu’à récemment, tout le Sud du Continent, de Port-Ebène jusqu’aux Montagnes de l’Infinie, n’était qu’un seul et même royaume, celui-là même qui fut fondé par Aegir durant l’âge Sombre à la suite de son combat contre Nagür le Noir et ses Seigneurs Nécromants. Mais tu connais l’histoire, ton Grand Père a déjà dû te la raconter. Le royaume était gouverné par le bon roi d’Arendia, la cité royale, qui lui-même était conseillé par l’Archimage. Afin de gérer au mieux cet immense empire, les terres furent divisées en plusieurs petits royaumes, à la tête duquel on plaça un compte, un duc ou un seigneur selon l’importance du fief. Bien évidemment les plus grandes terres revinrent aux Dix Chevaliers Servants d’Aegir et leurs lignés continuent de gouverner avec sagesse tandis que les fils jurent allégeance au roi et siègent au Conseil. Ces terres sont principalement regroupées autours d’Arendia, afin de prévenir toute attaque contre la cité mère. Il en était ainsi jusqu’à ce que le peuple du comté d‘Arch-Mark, situé dans la grande plaine d‘Arch-Land, se révolte. Un homme était à l’origine des troubles, Arabéus. Il était le créateur d’une religion basée sur la vénération d’un seul dieu, communément appelé le Seigneur. Arabéus proclamait que l’Homme se doit de se rendre maître de son destin, en destituant la place prédominante de la magie dans la vie des gens, tout bonnement en l’éradiquant, ainsi que toutes les créatures qui dépendent d’elle. (Samyël buvait les paroles de son maître, la bouche légèrement ouverte, l’air à la fois choqué et ahuri). Les Dieux seuls savent comment Arabéus parvint à convaincre autant de gens de la véracité de ses dires mais il ne tarda pas à destituer le Compte de l’époque et à prendre sa place. Arabéus était un homme dément, mais qui savait parler aux foules. Il prétendit apporter les Bonnes Paroles du Seigneur et convainquit le peuple que le Mal se tapissait derrière chaque mage, chaque magicien, derrière le moindre petit sortilège. Il mit en place les Purges, qui ne sont rien d’autre que des chasses à l’homme dont les proies sont les jeteurs de sorts. Les malheureux qui étaient pris étaient amenés en place publique où ils étaient torturés devant la foule avant d’être mis à mort. Le supplice le plus courant était le fouet, suivi d’une séance d’écartèlement. Après quoi le pauvre bougre était laissé au bon soin du bourreau qui lui arrachait les yeux avec la pointe d’un couteau consacré avant d’être pendu.
Mais Arabéus ne s’arrêta pas là. Il se proclama Pontife, et par la même chef de tout les croyants. Après avoir éradiquer la magie de son domaine, il tourna son regard vers les autres fiefs où la magie était une chose courante et où il n’était pas rare de voir un magicien à chaque coin de rue. C’est là qu’Arabéus créa la Sainte Expédition. Elle est composée des guerriers les plus pieux et les plus fanatisés. C’est une véritable armée qui n’a peur de rien, étant donné que chacun de ses soldats croie que le Seigneur veille sur eux et que rien ne peut leur arriver. A leur tête se trouve le Commandeur, le pire de tous. La sainte Expédition fut chargée de convertir les populations au culte du seigneur, tout en organisant des Purges partout où elle allait. Ses débuts furent difficiles. Aucuns dirigeants ne voulait se soumettre à l’autorité d’Arabéus. De nombreuses batailles eurent lieux, faisant beaucoup de victimes. Les armées du Pontife semblaient inépuisables, car lorsque les soldats croyants se firent rares, de nombreux mercenaires vinrent grossir les rangs, alléchés par la promesse de l’or qu’ils pourraient récupérer lors du pillage des terres. Petit à petit, l’empire d’Arabéus gagna du terrain, conquérant des terres, étendant l’influence de sa religion et des idées qu’elle véhiculait. Les peuples commencèrent rapidement à avoir peur de la Sainte Expédition. Dès qu’on voyait les étendards blancs au loin, on déposait les armes et on expulsait les magiciens hors des murs des villes. Beaucoup de seigneurs et de ducs trahirent leur serment au roi, adoptèrent la religion Seigneuriale et aidèrent à financer la Sainte Expédition. Seuls résistèrent les descendants des Dix Chevaliers Servants, fidèles à la tradition. Ils rassemblèrent une grande armée, et défièrent les forces d’Arabéus dans la grande plaine d’Arch’Land, aux portes de la capitale pontificale. La bataille dura trois jours. A l’aube du troisième, les têtes des neufs Chevaliers ayant participé à la bataille furent envoyées sous escorte au roi en personne. On nomma cette bataille les Trois Jours de la Chevalerie. A la suite de cela, l’influence d’Arabéus ne rencontra plus aucune résistance, et la race des magiciens, des gens comme toi et moi, diminua fortement en quelques années. Le dernier refuge des pratiquants des Arts se trouve désormais dans la Citadelle Blanche, à Arendia. Ce n’est autre que la seule école où l’on enseigne la magie, c’est aussi la demeure de l’Archimage, notre chef. Mis à part cela, quelques uns d’entre nous vivent encore dans leurs terres d’origines, en se cachant.
A présent, Rirjk parlait avec dans la voix de l’amertume.
-Cependant, les rêves et les plans d’Arabéus s’achevèrent brutalement lorsqu’il fut assassiné, il y de cela trois ans.  Malheureusement, son fils se révéla être un digne successeur, et il s’empressa de reprendre les activités de son père. Malgré tout, la mort subite d’Arabéus premier fit une brèche dans la foi du peuple, car si le Pontife, censé représenter le Seigneur en ces terres pouvait être tué, les pouvoirs du Dieu n’était pas aussi puissants qu’on le prétendait. C’est dans cette brèche que s’empressèrent de s’engouffrer de nombreux agitateurs, un peu partout sur le Continent. Certains royaumes trahirent une fois encore leur allégeance, renièrent les enseignement du Seigneur, et arrêtèrent de financer la Sainte Expédition Certains mages audacieux sortirent de l’ombre et prirent par au conflit.
-Et le nouveau Pontife laissa faire? demanda Samyël, subjugué par le récit.
-Bien sûr que non. Arabéus II mit à la tête de la Sainte Expedition un nouveau Commandeur. Celui-ci refit la même chose que le premier avant lui. Il parcourut le Continent, traquant les magiciens et restaurant la religion Seigneuriale. La puissance du Pontife ne tarda guère à redevenir celle qu’elle fut du temps d’Arabéus premier. Aujourd’hui, presque tout le Continent est tombé sous son joug. Seuls résistent encore Fort Argent, au Sud d‘Arendia, et Arendia elle-même. Et Solanéa, bien évidemment.
Samyël acquiesça, l’air grave. Il se sentait plus troublé qu’il ne voulait bien le reconnaître. Peut être était-ce cela l’origine de son malaise vis-à-vis du Continent…

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