Du coup, tu donnes pas vraiment ton avis sur la série, bien que tu n'aies vu que 3 épisodes.
Est-ce que tu aurais préféré que je spamme des "trop d'la balle cet anime, regardez si vous ne voulez pas finir votre vie dans le caniveau des sans-goûts !" ?
Bref, voilà un nouvel avis critique sur mon dernier manga terminé,
Shin Megami Tensei : Kahn. Les feignasses peuvent passer directement au dernier paragraphe ou aller voir ailleurs s'ils y sont, ça m'est égal.
Kahn est un seinen en neuf volumes né sous la palette de Yanagisawa, avec l'aide d'Aya Nishitani (auteur des light novels
Megami Tensei : Digital Devil Story dont est naturellement issue la saga phare du RPG) et de Kazuma Kaneko (designer attitré de la licence).
L'histoire est celle d'un étudiant de dix-sept ans nommé Nobu. Celui-ci, assez violent et distant, cache le secret d'avoir fait un petit voyage dans le monde des enfers (cf le one-shot très dispensable
Shin Megami Tensei : If...), ce qui l'a rendu sensible à la présence des démons dans le monde réel. Mais son quotidien, déjà pas toujours rose, se retrouve teinté de rouge quand sa mère est assassinée et qu'il se retrouve suspect n°1. Obligé de fuir, il va se retrouver embarqué dans une vaste histoire dont dépend l'avenir du monde, aux côtés de divers alliés et ennemis, en particulier la douce Yumi.
On pourrait croire à tort que Kahn n'est qu'une adaptation du jeu vidéo très conceptuel sorti sur SNES en 1992. Pourtant, il s'agit bien davantage d'une œuvre originale fortement inspirée de l'univers éponyme. On retrouve dès le départ beaucoup de noms et de notions (le colonel Goto, l'ambassadeur Thorman, la démone Pixie et d'autres encore) et plus on avance, plus le manga se charge jusqu'à la gueule de clins d’œil et références. On y retrouve aussi toutes les positions morales et les situations d'apocalypse chères à la licence. Ce n'était pas un pari facile que de reprendre tous les éléments d'un jeu aussi riche que SMT, que ce soient les Alignements ou le concept même du demon taming sans faire dans la copie facile, mais Yanagisawa a su jouer de tout cela pour faire un tout très cohérent.
Je ne cache pas que le premier tome est relativement atroce, trop rapide et parfois un peu "gore facile", d'autant plus que le style de l'auteur est correct mais pas exceptionnel, surtout en ce qui concerne les "démons" qui souffrent terriblement de ne pas avoir le design de Kazuma Kaneko et se rapprochent plus des monstres de
Silent Hill : Shattered Memories. Heureusement, les choses s'arrangent avec le second, et l'intérêt trouve toute son amplitude avec le troisième. Les mangas avec un début mou qui deviennent rapidement prenants ne sont pas rares non plus, après tout.
En revanche, il faudra supporter une rupture drastique entre le troisième et le quatrième tome, et malgré les bastons de plus en plus abusées et les concepts toujours plus nombreux, la tension ne reviendra jamais tout à fait ; on entre alors dans le pur affect. Soit on aime, et on continue, soit on n'aime pas, et on envoie proprement le reste se faire foutre. Il sera quand même plus facile d'aimer si on voit les messages subliminaux et si on a ses connaissances en MegaTen pour s'appuyer et comprendre le scénario qui est parfois un peu confus et pas toujours assez explicité au milieu des gunfights et autres bains de sang de plus en plus présent. Quelques chapitres de plus et une narration moins succincte des positions fondamentales n'auraient pas été de trop pour les moins cultivés des lecteurs.
La dernière édition date de 2008 et est vendue à prix coûtant. Cette décision fut prise pour essayer de voguer encore un peu plus sur le regain d'intérêt que les jeux estampillés
SMT ont eu en Occident avec
Personaze 4 et aussi pour poser quelques bases (même indirectes) en prévision de
Strange Journey, qui finalement ne foulera jamais le sol européen, pour notre plus grand bonheur. La seconde édition ne se distingue en rien de la précédente, sortie entre 1997 et 2000, sinon par ses trois euros de moins par volume et une mention inesthétique X/9 en quatrième de couverture. Aucune réimpression future n'est envisagée, ni même envisageable.
On retrouve maintenant nos chères feignasses, j'espère que vous avez bien profité de la pause. Passons donc à la conclusion : la série a beau être sortie sous nos latitudes par un hasard inexplicable (Ki-Oon oblige), elle ne s'adresse pas à un public de profanes, qui seraient bien en peine d'entrevoir où l'intrigue veut en venir sur le départ. On peut aller jusqu'au bout de ce manga si on aime les seinens truffés d'actions et qu'on s'intéresse à
Shin Megami Tensei sans être motivé pour les jeux, mais ce sera peut-être en se forçant. Toutefois, si vous avez une culture de base en
MegaTen comme
Lucifer's Call ou encore
Strange Journey, mais pas en vous arrêtant aux overhypés
Personaze sur PS2, vous saurez peut-être passer un bon moment sur cette création. Pour les fans avertis, il y a un très bon rapport entre la fidélité et l'originalité du contenu, plus une exploitation fort correcte des contraintes et libertés du support papier.