Yuhki Kamatani fait sa première apparition dans les librairies françaises avec
Nabari, édité par Kazé manga, qui est aussi sa première série sortie au Japon.
Nabari no Ō (de son titre original, le Roi de Nabari) sera publié de 2004 à 2008 dans le magazine shônen G Fantasy pour atteindre 14 volumes.
On a affaire à une histoire de ninjas dans le monde moderne, qui se battent afin de récupérer un pouvoir qui pourrait exaucer tous les vœux, réécrire l'histoire et contrôler le monde de l'ombre. La série aborde des thèmes comme l'évolution de la société, l'héritage, la mémoire, l'immortalité. L'œuvre alterne affrontements et passages plus calmes, où les personnages manigancent, se posent des questions sur leurs buts et la marche à suivre mais aussi tentent parfois simplement de vivre leur vie.
Après cela, c'est à travers l'éditeur Akata qu'un autre de ses séries arrivera en France.
Shimanami Tasogare, renommée
Éclat(s) d'Âme, qui traite entre autre de la vie de personnes membres de la communauté LGBT+, dont Yuhki Kamatani fait justement partie, puisqu'iel s'identifie comme agenre ou non-binaire (x-gender, au Japon).
Dans cette œuvre en 4 tomes, publiée de 2015 à 2018 via le magazine Hibana, on y suit l'évolution de Tasuku, un lycéen gay qui, suite à des rumeurs sur sa sexualité, va faire la rencontre du mystérieux personnage de "l'hôte", propriétaire d'un salon de discussion. Dans ce salon, Tasuku va faire connaissance avec plusieurs personnes, rejoindre une association réhabilitant les maisons abandonnées de la ville et pouvoir se poser des questions sur qui il est, son rapport avec les autres, ce qu'il veut faire, etc.
Même si on suit principalement Tasuku, on découvre aussi les vies, les problèmes et l'évolution des autres personnages du salon de discussion, parfois à travers ce qu'ils échangent avec lui, parfois en dehors de son point de vue.
Suite à la bonne réception d'
Éclat(s) d'Âme, Akata va aussi licencier
Shônen Note ou
Nos C(h)œurs évanescents, une œuvre en 8 tomes issue du Morning Two, écrite entre
Nabari et
Shimanami. Celle-ci vient de commencer à sortir cette année en France. L'histoire se centre sur le chœur musical d'un collège, ses différents membres et leur rapport à la musique. Le personnage principal est Yutaka, un jeune garçon soprano qui n'a pas encore mué et possède une voix incroyable et une sensibilité musicale très marquée.
Le style graphique de Kamatani évolue énormément au cours de Nabari, qui a évidemment été une œuvre formatrice. Une certaine poésie et son style particulier, qui se perfectionnera dans ses œuvres suivantes, se dégage déjà de plusieurs planches. Cette évolution se transcende vraiment avec son œuvre suivante où, à travers la musique, le monde se déforme et se transforme, la rêverie prend le pas sur la réalité.
Des procédés similaires sont utilisés dans
Éclat(s) d'Âme pour représenter les émotions et l'état d'esprit des personnages, bon ou mauvais. Déformations à l'intérieur des cases, jeux de perspective exagérées, effets d'accumulation, superpositions, métaphores visuelles. Ses compositions sont vraiment efficaces et personnelles, on prend plaisir à s'arrêter sur une page, en observer les détails, et à vraiment rentrer dans la tête des personnages.
Le développement des relations entre eux justement est aussi très sympathique, les dialogues et interactions s'associent bien à la mise en page léchée. On reconnait à travers ses différentes œuvres quelques types de caractères que Kamatani semble apprécier mais ses personnages restent assez différents les uns des autres.