Perso, je le vis comme un accomplissement, deux fois !
@Guiiil Tu dis ça mais je pense que pas mal de personnes voient la chose de manière cynique, pas un accomplissement mais un simple instinct, une "prolifération" de notre espèce insignifiante perdue sur notre globule au milieu du vide glacial, mettant au monde des êtres tout autant insignifiants. On nait dans la nuit et on meurt dans la nuit. Non seulement ces questions (plus philosophiques que pratiques je te l'accorde) se posent, mais il est sain de se demander si donner naissance à des êtres qui vivront dans un monde en crise, abruti, servile, menacé par le changement climatique, sans repères, &c, sert vraiment à quelque chose. Les dits enfants vont êtres éduqués dans un poulailler où plus aucun jeune ne lit, où l'enfant est roi, où il risque de devenir roi lui-même.
A mon avis (je suis pas psychologue ni sociologue donc c'est peut être de l'opinion bar PMU), marteler dans la tête des gens que faire des enfants est un accomplissement, un but en soi, c'est une source de mal-être ultime. Le fait qu'une naissance soit reconnue comme un accomplissement dans la société est la source d'une contradiction terrible, puisque les parents ont conscience qu'ils vont donner naissance dans un monde qui ne convient guère à beaucoup de gens, sans parler du fait que faire un enfant est un acte égoïste en soi (source de bonheur pour les parents + façon la plus directe et la plus facile de garder un héritage sur Terre).
Alors certes notre instinct fait qu'une naissance est une source de bonheur, peut être la source ultime de confiance en soi, qui nous donne conscience d'avoir apporté notre pierre à l'espèce au lieu d'être une larve, en atteste par exemple le fait que tu parles de tes mômes dans quasi l'intégralité de tes posts (c'est pas une critique, n'importe qui ferait pareil j'imagine). A contrario ça renforce énormément le mal-être de personnes qui soit n'ont pas d'enfants, ou sont en situation de misère sociale. Dans ces derniers cas le constant manque d'amour d'autrui, ajouté au fait que la finalité (avoir un enfant) est aussi inimaginable que de voir une licorne, y'a quand même certaines bonnes raisons pour considérer la procréation comme quelque chose d'au mieux secondaire, au pire de discutable. En tout cas c'est une pression que personne ne devrait avoir, ça ne devrait pas être un levier au bonheur, comme le fait de n'avoir jamais eu de relations sexuelles très jeune (ou même à 40 ans pour ceux que ça regarde) ne devrait pas être honteux. Comme si la bestialité primaire (en gros niquer -et seulement avec l'autre sexe sinon c'est tout aussi honteux- et procréer) était le seul but de l'existence humaine.
Y'a de quoi péter une durite si par malchance tu rentres pas dans ce moule de bonheur préconçu par l'Homme comme un meuble Ikea !
Bref j'ai déjà fait un mini-pavé sur une mini-phrase de ton post

Pour revenir à la question soulevée par
@Chompir, déjà le premier truc qui me choque (plus qu'il ne me chagrine), c'est le fait de littéralement abandonner les études à cause de son mal-être. Dans mon cas perso j'ai détesté l'intégralité de ma scolarité (vraiment) de la maternelle jusqu'à la fac. C'était pas simplement la flemme de me lever mais une réelle haine d'aller en cours et de côtoyer des mecs de cités avec tous les inconvénients qu'on s'imagine. D'ailleurs j'ai été pas mal en échec scolaire et mon obtention du bac tient pour ainsi dire du miracle.
Mais bref on s'en fout, tout ça pour dire que ça me paraît chaud de carrément abandonner sa scolarité. Au pire on se rabat sur un CAP ou je sais pas quoi mais ça me parait dingue que des professionnels de la santé préconisent cela et laissent des mineurs à l'abandon. Je ne veux parler au nom de personne (parce que je suis dans la tête de personne évidemment), mais j'ai tout de même l'impression que la plupart des jeunes ont un "mal-être" non pas imaginaire mais pas mal biaisé. Dans cette ère de l'enfant roi, où chacun est convaincu d'être un génie ou un surdoué, dans laquelle les parents vouent un culte à l'intelligence (alors que c'est pas grave du tout de ne pas être intelligent), où les enfants sont habitués à vivre dans l'abondance matérielle, le retour à la réalité doit être excessivement difficile. C'est pas tant la faute des parents, ni celle des enfants, mais de l'évolution de notre société. Là comme ça je vois pas réellement de solution, si ce n'est "faut arrêter de se prendre la tête et de pleurnicher comme ça comme un bébé" mais bon c'est un peu con comme conseil...
Je pense en réalité que le mal-être des jeunes n'est pas spécifique aux jeunes mais commun à toutes les générations. En gros les jeunes n'ont pas de raisons qui leur sont propres.
Déjà faut tout de suite mettre sur le tapis que le bonheur est un but inaccessible comme la carotte au bout du bâton qui fait avancer un poney. Même quelqu'un de super riche et ne manquant de rien sera insatisfait pour la simple raison que la peur de la perte (et l'effort de maintenir) est plus grande que la satisfaction des choses accomplies. A ce titre Chompir je te conseille de lire un peu de philo (ou au moins t'intéresser aux concepts basiques) car c'est pas là que tu trouveras quelques réponses à tes nombreuses questions existentielles.
Ceci dit, une des raisons principale expliquant le mal-être général est (à mon sens) l'explosion de la famille et l’avènement de l'individualisme. La plupart des humains ont toujours vécu en clans, tribus, familles, &c. Le fait d'être poussé à quitter le foyer rapidement et de vivre sa vie tout seul est un non-sens. Ce phénomène est un peu exacerbé par le revers de la médaille ; basiquement tout le monde pense à son propre cul et dans le monde qui est le nôtre, gouverné par l'argent et le marché et voué à la croissance non-stop, on nous apprend à écraser pour arriver à nos fins. Le soucis donc c'est que sans l'éducation qui permette de résister à tout cela, la soumission de l'individu peut avoir des conséquences dramatiques, invisibles à l'échelle sociétale (du moins balancé à la hâte sous la commode comme s'il ne se passait rien).
On ne peut pas ne pas évoquer la technologie. Je dis technologie mais c'est pas la technologie en elle-même qui est en cause mais ce qu'on en fait. Le fait d'avoir littéralement toute l'info dans notre poche et de voir de plus en plus d'anti-vaccins me parait assez symbolique du phénomène. Pour le coup cette prise de conscience que l'espèce humaine est peut être surestimée en sa qualité d'être pensant et curieux - je veux dire le contraste de faire partie d'une espèce qui a réussi à envoyer des hommes dans l'espace mais qui s'excite jusqu'au sang sur des textes religieux, entre bien d'autres choses - me semble être une bonne raison de péter un plomb tout seul dans son coin (ou alors de regarder tout ça en tant que spectateur passif).
Ensuite je sais que c'est pas une opinion populaire dans notre génération mais les technologies (et les jeux vidéo) sédentarisent de manière négative (en contradiction avec d'autres activités sédentaires saines comme la lecture). C'est pas du crack hein mais ça peut contribuer à la solitude chez beaucoup de gens, souvent pour des résultats concrètement nuls (genre passer sa journée sur Twitch, YouTube ou PZ

).
Voilà après il y a les choses évidentes comme le contexte économique qui rend le futur incertain, la pression sociale ou que sais-je. Après c'est un fait que l'on vit mieux, peut être trop. Dans un monde où on risque plus de mourir d'obésité que de sous-nutrition, on voit bien que la tendance qu'a connu l'humanité depuis son origine est en train de s'inverser à toute vitesse. Entre l'automatisation du monde du travail, la recherche de la croissance économique non-stop qui déshumanise et donne une quasi religiosité aux objets, la problématique des IA, les grandes migrations à moyen-terme, &c, j'ai vraiment l'impression que l'humanité en tant qu'espèce est en train de fondamentalement changer de nature, ou au minimum notre modèle économique qui fait marcher le monde sur la tête (ce qui risque de changer la dite nature humaine donc au final ça revient au même). Encore qu'un tel changement d'importance était impossible avant l'ère industrielle (on naissait paysan et on mourrait paysan, point), là je pense que personne n'est capable de prévoir ce que sera le monde dans ne serait-ce que 10 ans. L'imprévu c'est cool mais je pense que le mal-être général est une sorte de symptôme fiévreux devant notre incompréhension à ce qu'il se passe, et qui pourrait même bien aboutir à la mort.