@asuffel @Nilezor Evil Dead est une série un peu bâtarde justement, puisque le premier semble être de l'avis général le moins marquant, alors qu'à contrario le deuxième, qui mise bien plus sur le trash, est le plus apprécié.
Ironiquement Army of Darkness, qui ne mise ni sur le trash ni sur l'horreur pure, ne démérite absolument pas alors qu'il tranche avec tout le reste.
Lorsqu'on dit que le cinéma d'horreur n'est plus qu'un divertissement de masse, artificiel et sans âme, c'est un peu vrai mais pas aussi simple, car ça a toujours été un peu le cas.
Même dans les années 70/80, les navets et les bouses étaient légions, y compris dans les sagas "cultes" comme Freddy ou Halloween qui globalement ne valent pas un clou, excepté leur épisode fondateur (sauf Vendredi 13, le seul épisode qui ne soit pas une grosse daube est celui qui ne se prend pas au sérieux).
L'horreur viscérale est très rare, par essence elle ne doit pas attirer la masse, elle doit choquer, c'est une vérité qui dérange, qu'instinctivement chacun voudrait éviter. Comme l'inévitable domination de la Mort sur les hommes, pour laquelle on aimerait trouver des parades.
Ou c'est tout simplement le monstre sous le lit, i.e la peur de l'inconnu, le symbole de ce qu'il y a au dehors et qu'on ne peut identifier. Sauf si ce monstre c'est l'homme, et que la plus grande terreur, ce sont les fruits de son imagination poisseuse ?
Autant dire qu'un "vrai" film d'horreur et parfaitement rare, et que son potentiel succès public est tout relatif. Les facteurs sont trop nombreux, ne serait-ce que pour que l'oeuvre soit réussie.
Si Stoker avait été un écrivain raté, les vampires seraient restés à l'état de mythe et légendes orales dans des campagnes reculées, et c'est un pan important de l'horreur contemporaine que l'on aurait jamais connu.
Si Shelley n'avait pas trouvé l'inspiration en rêvant de sa créature, alors que jusque là elle avait le syndrome de la page blanche...
Et il y a la réception critique. Massacre à la Tronçonneuse à été interdit de nombreuses années en France et la lutte a été rude contre la censure.
Un film d'horreur de ce genre doit marquer une génération. C'est aussi un cinéma de liberté, puisqu'il va toujours à l'encontre d'une masse conservatrice (ou bien pensante ?) qui veut l'interdire, préserver le confort du monde, le lisser, l'enfermer dans une bulle, fermer les yeux et se boucher les oreilles en somme.
Si, de base, une masse adhère à un film d'horreur, on peut être sûr qu'il y a un problème quelque part, et qu'on est en train de regarder une coquille.
Tout ça pour dire que le commerce c'est l'anti-thèse du genre. Freddy 5 ça vaut Saw 4 sans soucis.
Argento est effectivement une bonne idée, même si ses films sont de prime abord assez déconcertants, Suspiria en tête. Ténèbres et Phenomena sont aussi de beaux morceaux. En parallèle, Lucio Fulci est également un monument, voir par exemple "Au Delà".
Pour ce qui est vampiresque, Frankenstein et autres classiques, les vieux Universal et les Hammer sont des valeurs sûres. Au delà de ce que ces films ont alimentés dans l'inconscient collectif, ils comptent quelques chef d'oeuvre comme la "Fiancée de Frankenstein". La liste est plutôt longue et les nombreuses dérives (Le Fils de..., etc) ne sont pas toutes mauvaises, mais il faut y consacrer du temps. Nosferatu est un immanquable, en plus d'être un incontournable du cinéma en général.
Concernant les morts vivants, le plus évident est l'excellente trilogie de Romero (Night/Dawn/Day of the Living Dead). Contre toute attente, les italiens ne sont pas en reste, toujours avec Lucio Fulci.
En fantômes il y a de tout, mais à voir, la "Maison du Diable" de Robert Wise.
Pour ce qui est de la tuerie psychopathe, tu as déjà du voir les Lecter (Manhunter est à mon sens mieux que le Silence des Agneaux), mais tu peux regarder par curiosité le "Cabinet du Dr Caligari" et bien sûr les Hitchcock comme "Psycho".
Ne pas oublier pour finir les monstres et autres aliens. Ça va du plus évident (le Huitième Passager ?) au plus oublié (Body Snatchers), en passant par "Creature of the Black Lagoon", "They Live", "The Thing".
Puis les adaptations littéraires, celles de Lovecraft ("Cthulhu", "Re-animator"), Edgar Poe (avec Vincent Price).
Sans compter les premiers Peter Jackson, Cronenberg, le Loup Garou de Londres, l'Homme Invisible, les esprits japonais, etc...
(et le cinéma français en général)
Liste non exhaustive bien sûr, et à plusieurs égards assez évidente même pour le néophyte, mais puisqu'on fait de l'horreur depuis qu'on dessine dans des grottes, il arrive souvent que
tout le monde, même ceux qui n'aiment pas ça (voire pire, ceux qui veulent l'interdire), finissent par appréhender l'horreur d'une façon ou d'une autre, parfois sans s'en rendre compte.
En effet, même Evil Dead n'est rien comparé à l'horreur d'un conte de fée dans les yeux d'un enfant.