Le premier, c'est celui de la liberté de penser. Grand concept s'il en est, mais à partir du moment où nous sommes influencés, sans forcément en avoir conscience, qu'on nous propose des produits "parce que c'est ceux qui nous intéressent", pensons-nous vraiment librement, de notre plein gré ? Problématique qui renvoie à tous les maux du marketing en général, qui fait énormément appel au subconscient, à des techniques de neuro-psychologie et qui nous influence concrètement sans qu'on en ait souvent conscience une seconde.
J'avoue que je tombe un peu de ma chaise à chaque fois qu'on me parle du marketing et de la liberté de penser.
Comme Vince l'a fait remarquer, nous sommes absolument tous influencés par notre entourage, au sens large du terme : nos proches, mais aussi ce que nous voyons tous les jours. Ça inclue la publicité. Mais en quoi la recommandation d'un moteur de recherche ayant formé un profil de nos goûts est-elle si différente de ce que des amis nous connaissant nous recommandent ? J'ai découvert à peu près autant de bons artistes de musique par le biais de recommandations YouTube/Last.fm que par des amis (qui, d'ailleurs, étaient eux aussi influencés par les deux sites que je viens de citer, pour la plupart).
Notre liberté de penser est, en tant que telle, déjà minime. Publicité ou pas. Qui plus est, au-delà du marketing, ce qui nous formate le plus reste notre éducation (ou manque d'éducation, dans beaucoup de cas...).
Tout ce qui touche au subconscient et à la neuropsychologie... ça fait tellement parano dit comme ça. Juste parce que j'ai vu une pub ne signifie pas que je suis condamné à en acheter le produit. Et ce n'est le cas de personne. Je pense que personne ici ne me contredira là-dessus.
Qu'une méthode de marketing soit plus efficace qu'une autre, c'est une chose : elle contribue davantage à la vente du produit. Mais le seul moment où ça devient problématique, c'est lorsque la consommation est irresponsable, i.e. qu'on ne se renseigne pas sur la concurrence, sur les enjeux derrière l'entreprise, etc. Et être un consommateur responsable, c'est quelque chose qui s'apprend.
(salut les pigeons Apple, je vous regarde)La société formate-t-elle des consommateurs irresponsables pour faire tourner le système à son avantage ? Ce n'est pas à moi d'élaborer sur cette thèse de sociologie, tant ses enjeux sont complexes. De toute façon, à sa conclusion, on peut trouver que le problème ne vient pas de la méthode de marketing en elle-même, mais seulement de l'éducation du consommateur : lui a-t-on appris à être responsable ? Je trouve ça facile de blâmer le marketing pour tout et n'importe quoi, « c la fote a la méchante sociéT 2 konsomacion ». C'est la faute à la méchante société qui n'apprend pas à y vivre de façon responsable et à remettre en question ses habitudes, surtout.
Le deuxième, c'est le fait qu'il n'y a pas vraiment d'alternative à ce modèle. Quand bien même nous payerions pour des articles payants du Monde, ça ne désactive pas pour autant ces cookies, et de toute façon nous ne pourrions (ou ne voudrions, c'est selon) assumer le prix de chaque site que nous visitons. Ce qui pousse à un raffinement toujours plus poussé des techniques de marketing, de profiling de l'individu et ... de violation de la vie privée.
Sauf que de nombreux sites proposent déjà des alternatives (services payants, entre autre), donc... si, il y en a clairement.
Pourquoi tout blâmer sur les cookies ? C'est à la base quelque chose qui a été mis en place pour le confort de l'utilisateur. De plus, on est toujours averti lorsqu'un site utilise des cookies, je crois même que c'est obligatoire (tout du moins en France), et ça se nettoie en littéralement quelque clics.
Tous les sites qui utilisent un minimum de tracking, notamment avec des créations de compte, ont des chartes exhaustives qui, pour la plupart (tout du moins ceux que je fréquente, je sais pas où vous mettez les pieds), expliquent clairement que les données ne seront pas utilisées à des fins commerciales, voire demandent à l'utilisateur s'il désire pouvoir bénéficier de profiling pour de la publicité ciblée. En bref, je ne vois pas où c'est malhonnête.
Évidemment que certains sites glissent des trackers dans les cookies, je ne suis pas naïf à ce point. Mais c'est à l'utilisateur de ne pas fourrer son gros clic sale sur tous les coins de son écran. On en revient à la responsabilité, blabla. (et encore une fois, les cookies ça se vide)
Le troisième, c'est que ces données sont alors vendues, à des entreprises, à des gouvernements, au fond on n'en sait pas grand chose. Mais eux pourront alors savoir des choses que nous ne disons pas forcément à des proches (orientation sexuelle/politique par exemple), et ça peut être extrêmement dangereux (discrimination à l'emploi, pays un peu totalitaires qui utilisent ces données contre leur population, etc). On retourne au problème de la vie privée, mais ce qui est vicieux, plus encore qu'avec Facebook ou Twitter, c'est que nous ne choisissons pas ce que nous donnons comme information (c'est relativement inconscient).
On met enfin le doigt sur cette soi-disante violation de vie privée. Vince a déjà touché plusieurs points sur ce sujet, donc j'ajoute juste les miens par-dessus.
Pourquoi ne voudrait-on pas que nos proches ou que d'illustres inconnus sachent certaines choses à notre sujet (comme tu les as cité toi-même, l'orientation sexuelle ou politique sont de bons exemples) ? Ce n'est pas par pudeur, mais parce que la réaction peut être disproportionnée ou potentiellement nous mettre en danger. Mais c'est bien la réaction qui est le problème, et pas l'information en elle-même, qui est somme toute innocente. On serait bien plus ouvert sur certains sujets nous concernant si on n'était pas au courant qu'il y a des gens qui se sont fait caillasser pour avoir eu la même appartenance politique ou religieuse, par exemple.
Pour les cas problématiques que tu cites, les problèmes sont littéralement dans les exemples eux-mêmes. En cas de discrimination à l'emploi suite à une information sucée sur un de tes profils internet, le problème est littéralement la discrimination à l'emploi (je ne parle pas des cas où elle est justifiée, par exemple c'est peu choquant de ne pas employer quelqu'un avec un casier judiciaire chargé si on a appris qu'il en a un grâce à internet, a fortiori s'il essayait de s'en cacher
(je dis pas qu'il n'y a pas de futur pour les gens avec un casier judiciaire, on se calme, je dis juste que c'est normal de discriminer face à quelqu'un qui n'en a pas, c'est tout le principe du casier judiciaire)). Dans le cas du régime totalitaire, le problème est littéralement le régime totalitaire. Je reprends ce qu'a dit Vince ici, mais en bref, il faut voir à blâmer les bons problèmes.
Si ce genre d'information se retourne contre nous, ce n'est pas la faute de l'information, et elle n'a pas à être « cachée ».
Si jamais une information doit l'être (après tout, les gens font ce qu'ils veulent), c'est à eux de prendre des mesures pour. En revanche, à ce niveau, je suis tout à fait d'accord que ce n'est pas aisé, et je suppose que c'est ça le plus grand problème. Mais on reste libre, et si on désire cacher quelque chose d'internet, c'est parfaitement réalisable, et je suis d'accord sur le fait qu'il faudrait que ça le soit davantage ; mais il faut aussi être responsable, évidemment.
Ou même des pubs directes ! Je veux dire... Sur Jv.com, sans adblock, je suis obligé de regarder une pub avant de pouvoir regarder une pub (un trailer, c'est rien de plus qu'une pub). Même TF1 n'est pas aussi cynique !
Ah, tiens, ça me rappelle une anecdote... Je me souviens qu'une fois, je voulais montrer le trailer de Skyrim a quelqu'un, et la pub qui précédait la vidéo c'était... le trailer de Skyrim. C'était très perturbant.
Sinon, quand un site fait n'importe quoi avec les pubs, on peut aussi... ne pas le fréquenter, parce qu'il abuse et qu'on n'approuve pas ça en tant qu'utilisateur ? Wow, le boycott, ça remonte au moins au 19ème siècle, y'a de quoi prendre quelques rides
Je trouve ça un peu gonflé d'utiliser adblock sous prétexte qu'on « peut se le permettre » grâce à la magie du virtuel. Un produit aurait été problématique sous sa forme physique, on ne l'aurait pas acheté, point. C'est comme ça qu'on consomme de façon responsable. Mais dès qu'il y a l'opportunité de se débarrasser d'une pub trop ostentatoire, wow, on se jette dessus, osef si ça crée du manque à combler, après tout, « c'est moins pire que le vol », donc c'est bien !
*inspire calmement*
Bref. Je ne suis pas allé sur JV.com depuis perpet' à cause de leurs grosses pubs caca. Je n'y suis jamais allé en fait, à part quand j'étais très jeune, et sinon pour certaines chroniques (pour lesquelles ça ne me gêne pas de regarder de la pub puisque ça rémunère les chroniqueurs que je regarde). Si vous voulez désespérément voir un trailer, JVC est loin d'être la seule option au monde, dieu merci. Autant se tourner vers une autre option plutôt que d'utiliser adblock.
Outre l'exemple du trailer, dès qu'une publicité devient intrusive, il suffit de ne pas rester sur le site en question ! Personnellement, quand un site a des pubs trop chiantes, je me casse parce que le confort d'utilisateur ne m'incite pas à y rester. Je ne vais pas utiliser des moyens détournés pour continuer à en profiter sans « payer ma part ».
Bref, prout :v Je suis d'accord pour dire qu'il y a des problèmes avec le système actuel de marketing (et plus généralement la société, mais là je n'apprends rien à personne), mais il faudrait apprendre à pointer du doigt les bons problèmes.
Quant aux documentaires sur Arte, ça m'intéresse par contre. Je les mets de côté, je regarderai ça !