. Y-a pas à dire, c'est un bon film, voir même très bon. Cela dit, je prends mes distances quant à la branlette collective autour de l'oeuvre. Je prends mes distances notamment à cause de l'irrégularité du film, dans sa structure et dans sa qualité. Pour commencer, je rote généralement à la gueule des scènes d'expositions trop visibles et là, en l'occurrence, c'était le cas. Un seul exemple; dans la fameuse scène de convocation chez le proviseur, c'est tellement flagrant les coups de "
" balancés comme ça, expliqué à McConnaughey sans raison, puisque il est quand même sensé savoir ce qu'il se passe dans son monde, il est lucide le type. C'est con mais toutes ces histoires de trame et de contexte posés sans subtilité, c'est vraiment quelque chose qui me dérange dans le cinéma, et ça pousse invariablement un film vers le bas pour moi; j'ai trop l'impression qu'on veut s'adresser au spectateur que je suis en me tenant bien fort ma petite main et en pétant presque le quatrième mur.
Autre raté, ce besoin de foutre de l'intrigue là ou on en a pas besoin. L'histoire du "docteur fou" de l'espace, vous l'avez dit, joué par un Matt Damon insipide et pas vraiment convaincant, par exemple (Même s'il donne lieu à l'un des moments forts du film; explosion du sas) ou alors les aventures des enfants du héros, en particulier Murphy, en guise de repère sur Terre (J'ai quand même approché de la larme à l'oeil comme rarement lors de l'instant "passage de temps"), qui sont par forcément intéressant même si importants dans le cadre du film. Je veux dire, ces gens ont une mission salvatrice, hors du commun; ce sont des pionniers de l'espace, des aventuriers qui visitent des planètes, passent dans des trous de verre. Pour moi confronter ça avec un drame humain à base de désespoir et de lâcheté (je parle de Matt), c'est frustrant. Faire que la (seconde) plus grande menace qu'aient eu à affronter ces gens soit un mec qui pète un câble, bien que porteur de sens, c'est hors sujet.
J'ai lu un peu partout que Nolan avait été encensé pour la vision qu'il avait de certains phénomènes (Trou de verre, trou noir, déformation de l'espace temps) et c'est vrai que ça a de la gueule. En revanche, il semblerait que la véracité scientifique, elle, avait été critiquée. J'ai un Bac L, donc j'en sais rien. Cela dit, j'y ai cru tout le long, j'étais dans le truc et le film me semblait crédible. Jusqu'au twist de fin, qui visiblement ne plait pas à tout le monde, et qui ne m'a personnellement pas trop plu non plus.
Le film est un pavé et il y a beaucoup de choses à redire à son sujet. Néanmoins j'en garde un bon souvenir avec une majorité de moments forts, palpitants, beaux. Parmi les moments qui m'ont fait de l'effet; lorsqu'ils quittent la terre ainsi que la fusée. Hormis le silence soudain qui est assez fou, la caméra se met à flotter, donnant, pour moi en tous cas, un effet de vertige saisissant. Malheureusement, cette sensation s'arrête trop tôt (ça dure environ une minute). La fameuse explosion du sas aussi, très surprenant et traumatique. Il y a les moments de bravoure bien fichus aussi (La vague géante, trou de verre, pilotage, ...), il y'a l'esthétique de l'espace, hypnotique et sublime (Je pense que ce sont ces instants qui lui ont valu cette pseudo réputation de film référencé 2001 l'Odyssée de l'Espace, ça et l'aspect monolithique des robots).
Il y a la BO en demi-teinte, intéressante mais trop conventionnelle et redondante, signée Zimmer qui a eu la bonté d'abandonner ses "prouts" de cuivre intenses propres à Inception (Repris alors jusqu'à l'écoeurement dans tous les films d'actions récents, donc merci, ça va).
En conclusion, Interstallar est un bon film, intense et captivant. Il n'a rien à voir avec Gravity, il ne partage que le thème de l'espace. Cela dit, je me permet la comparaison en disant que je préfère un scénario d'action et de survie pure sans réel récit et enrobé d'une technique sensationnelle qu'une technique sensationnelle au service d'un thème intéressant mais d'un récit maladroit et sclérosé par des lieux communs. N'en déplaise à ceux qui pensent qu'un film doit invariablement être porteur de message (Bien que ce soit le cas dans Gravity, mais bon, c'est superficiel et pas très intéressant)
PS : Dans ce film, le mythe américain de la conquête a franchi un cap.