Auteur Sujet: Aujourd'hui j'ai vu...  (Lu 454795 fois)

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Aujourd'hui j'ai vu...
« Réponse #90 le: dimanche 01 mai 2011, 23:29:47 »
Sauf que là, j'peux pas t'laisser dire ça : que tu l'aies trouvé mou, trop lent et onaniste, je comprends très bien, et t'as même pas entièrement tort; mais au niveau de la mise en scène sonore, c'est l'une des oeuvres les plus mémorables qui existent. Les silences dans l'espace, l'usage des musiques, l'association image/son parfaite, la spatialisation sonore...
Kubrick peut être critiqué sur bien des points, mais pas sur son talent avec le son.
Shining en est une preuve énorme.
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« Réponse #91 le: dimanche 01 mai 2011, 23:35:16 »
Justement, je trouve que Shining au niveau sonore est l'antithèse de 2001 ^^

J'exagère en disant que tout est à jeter sur la mise en scène sonore mais j'ai trouvé ça maladroit et justement absolument pas bien associé à l'image

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« Réponse #92 le: lundi 02 mai 2011, 00:52:55 »
Le mérite de 2001, c'est de philosopher sur l'Homme depuis sa création jusque dans un futur plus ou moins proche. Son autre mérite c'est que techniquement, pour un film de 68, il envoie du pâté. Nombreuses sont les scènes qui rendent bouche bée, même aujourd'hui (j'exagère presque pas).
2001 est super long ouais, j'irais pas jusqu'à dire qu'il est mou, c'est un film comtemplatif avant tout, pas un film de SF avec de gros vaisseaux et des batailles spatiales.
Blade Runner que t'as utilisé comme élément de comparaison n'est pas non plus un film de SF classique mais il est loin d'être "mou" et le cherche pas à donner les même sensations que Kubrick.

Kubrick est peut être un connard excentrique mais il est pour moi un des meilleurs cinéaste du siècle précédent, même si 2001 n'est pas son plus grand chef d'œuvre (en même temps soit t'adores soit tu détestes).
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« Réponse #93 le: lundi 02 mai 2011, 02:51:11 »
Bah justement non, je n'adore pas mais je suis loin de détester ^x^
Contemplatif je veux bien, il n'y a pas de problème... mais ça en est ridicule car l'exemple du coucher de soleil il est véridique quoi c'est des photos pendant 10 minutes...

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« Réponse #94 le: jeudi 12 mai 2011, 00:12:01 »
Je venais parler du Bruit des glaçons et dire que j'allais remplir un peu plus ce topic maintenant que j'ai enfin le temps de me mater pléthore de films (je tourne à deux films par jour depuis lundi).
Donc le Bruit des glaçons, c'est bien, c'est de l'humour bien noir avec des purs moments de tension et d'absurde, mais après, sur un plan purement cinématographique, c'est pas non plus énorme. La fin est bof.

Voilà, j'ai pas envie d'en parler plus que ça car je viens de lire le pavé de Mondaye sur 2001. C'est fou comment on peut avoir une chose différente de la chose. Je serais curieux que tu parles un peu des plus des deux hypothèses que tu aurais écrites, car tu les évoques mais tu nous les dévoiles pas, or, je vois pas comment on peut anticiper la fin de 2001 au moment du trip psychédélique.

Bref, pour moi, ce film est juste le deuxième plus grand film de tous les temps derrière Mulholland Drive et c'est bien le plus grand chef d'oeuvre de Kubrick (et je précise que j'ai dit pour moi). Et c'est en grande partie grâce à sa réalisation.

1968. C'est la date de réalisation de 2001. Alien c'est 1980, et ça a limite plus mal vieilli. Je pourrais prendre tout un panel d'environ 50 films de SF des plus cultes entre les années 60 et 90 qu'on pourrait les trouver dépassés que ce soit techniquement, esthétiquement... Mais la plus grande qualité de 2001 c'est bien d'avoir su conserver une incontestable intemporalité.

Bref, personnellement, je me fiche de l'excentricité / orgueil de Kubrick, s'il a senti qu'il était un géni, pour moi il était pas orgueilleux il était lucide, et la citation que tu as postée dans ton message, Mondaye est à mon avis largement valide. Lorsque Kubrick a eu le projet de réaliser 2001, il l'a réalisé dans l'ambition d'en faire le plus grand film de SF de tous les temps et c'est pour moi chose réussie car comme dans tous ses films, il y a un rapport et une tension entre un genre, ses codes et leurs détournements. 2001 est autant un film de SF qu'un essai philosophique, je vois pas comment on peut nier la dimension philosophique de ce film.

J'étaye un peu plus mon propos : d'abord, comment un film peut-il être philosophique ? Est-ce qu'à un moment donné le film doit dire "attention je vais faire de la philosophie" ? Genre un personnage qui commence à parler et à citer des philosophes ? Ou genre des réflexions énoncées par des personnages qui doivent se répondre et dialoguer ? (syndrome Godard) A mon avis, ce n'est pas comme cela qu'il faut faire.

Dans 2001, on nous parle jamais de la philosophie, on est dans des délires symboliques qu'il faut analyser séparément et en détail. Toutefois, le film se suffit à lui seul et ne concerne pas la philosophie à proprement parler. 2001 l'odyssée de l'espace pose des problèmes purement cinématographiques via des procédés cinématographiques. Là, c'est obscur. Mais si je parle de l'incroyable qualité du son et du rapport entre le son et l'image dans ce film on me comprendra peut-être mieux. Le rapport entre le son et l'image dans un film se nomme synergie. Selon la tonalité du film, la musique et l'image peuvent aller dans le même sens (pour un passage triste, une musique triste, c'est globalement le cinéma classique (Autant en emporte le vent...) et les comédies bateaux que l'on trouve par milliers) ; l'image et le son peuvent être dans un sens contradictoire, ce qui crée un éloignement du sujet, un certain recul, déjà grâce à cela naît un poil plus de sens en créant de l'ironie par un procédé purement cinématographique (une musique rigolote sur un moment triste peut décaler le propos, l'ironiser, ou paradoxalement l'intensifier).

Et il peut y avoir aussi une synergie un peu à part, que Michel Chion nomme contrepoint didactique. Cela veut dire que l'image et le son ne vont plus ensemble, ils sont a priori complètement étrangers, mais comme on les accole ensemble, il se passe malgré tout une synergie et cela peut avoir des répercussions assez uniques. Par exemple une valse sur des images de l'espace. Pourquoi ? Il y a un choix derrière ce qui a priori peut paraître absurde. Il faut d'abord se demander ce qu'est la musique : Le beau Danube bleu de Johann Strauss. Et puis, qu'est-ce que cela apporte aux images ? On passe de simples images de satellites dans l'espace à une chorégraphie, une véritable danse. Il se crée une expérience unique, on est dans la plus pure expression de l'expérience cinématographique, on ne peut vivre cela nulle part ailleurs (enfin depuis on le peut, et vraiment n'importe où, je pense que tout le passage dans l'espace, dans FF8 est un réel hommage par exemple).

 Or, donc on a un problème étrange, que peut provoquer, sensiblement ou philosophiquement, le fait d'écouter une valse sur des images de satellites ? Est-ce un message sur la conquête de l'espace ? Est-ce un simple instant de poésie ? Là où cela devient intéressant, c'est que le traitement du son est extrêmement rigoureux chez Kubrick, et c'est donc le premier réalisateur à insister sur le silence pesant de l'espace. C'est la première fois qu'on a une véritable ambiance glaciale de l'espace, on est loin des explosions de vaisseaux de Star Wars, véritable aberration scientifique, par exemple. Kubrick est le premier à respecter dans le cinéma cette loi primordiale : l'espace c'est du néant et le son ne se propage pas dans le vide. Ainsi est née l'une des scènes les plus mémorables et marquante du cinéma de science-fiction : cette excursion hors du vaisseau avec le glacial "Open the door Hal" qui est sans appel.

Maintenant, il y a un problème purement cinématographique : pourquoi les seuls sons que l'on entend dans l'espace sont ceux relatifs au cosmonaute, et qui sont donc purement subjectifs (à l'intérieur de son petit cockpit c'est un chaos sonore), alors que le beau Danube bleu peut résonner avec force dans l'étendue vide ? Quelle est la place de la musique ? Est-elle au-delà du vide ? Est-ce qu'elle est subjective à quelqu'un ? A-t-on, l'espace d'un instant, été proche de quelqu'un sans que l'on s'en rende compte ? La musique a une place extrêmement forte dans 2001 car elle pose problème, elle pose des questions et n'apporte pas de réponses, seulement des interprétations, mais lorsqu'on entend, à la fin du film, résonner les notes de Ainsi parlait Zarathoustra, il y a un lien évident avec la philosophie de Nietzsche qui se crée (là ce n'est plus moi qui parle j'suis pas un grand connaisseur de Nietzsche même si je le souhaiterais).

Par ailleurs, il y a des tonnes de détails dans ce film. Par exemple, les deux cosmonautes qui ne feraient qu'un en réalité (ils sont toujours filmés de manière complémentaire, l'un est droitier l'autre est gaucher, etc.). Mais si je dois rester sur le son simplement, je crois que c'est un  film qui apporte des tonnes de nouveauté et de réflexion comme pas d'autres. Rien que lorsque les scientifiques sont débranchés et que l'on a ses signaux d'alarme, c'est quasiment une des premières fois que l'on a ce code sonore dans le cinéma (c'est désormais un cliché), on a également d'autres questions à travers le décryptage de Hal lorsque les deux cosmonautes se parlent en aparté, nous on entend rien , on ne voit que leur bouche, mais l'ordinateur comprend tout.

Bref, je pense que je suis assez fouillis et imprécis comme ça, je vais m'arrêter là, mais voir 2001 ainsi rabaissé, désolé, fallait que je me réveille et que j'impose une nouvelle discussion dessus :niak:

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« Réponse #95 le: jeudi 12 mai 2011, 04:14:00 »
Je viens aussi de découvrir le post de Mondaye, et je dois dire que j'y ai retrouvé une tendance que je trouve fatiguante en ce moment, à savoir celle de hurler à la "branlette intelectuelle" trop souvent.
Evidemment le snobisme/élitisme existent, particulièrement autour de 2001, mais j'imagine et j'espère que tous les gens qui prétendent l'avoir vu et aimé le font pour autre chose que pour briller dans les discussions entre potes. Y a des analyses extrêmement pertinentes qui existent (On a un bon exemple avec ce cher Nehëmah plus haut) et comme tu l'as dit Kubrick avait pas mal de prétentions avec ce film, à partir de là on peut se dire qu'on est pas forcément dans de la suriterprétation gratuite.
Evidemment, chacun ses goûts et tout le blabla, je conçois totalement qu'on puisse trouver 2001 chiant comme le mort (c'est le cas de 90% des gens autour de moi) sans forcément être un beauf, qu'on n'y soit pas sensible, mais je suis assez lassé de cette remarque qui revient dans les analyses, qu'on se prend à la face dés qu'on parle de quelque chose de complexe ou innovant (je ne dis pas que c'est ton cas tout le temps).

Citation de: "Mondaye"
Kubick c'est un connard prétentieux. Rien qu'une citation qui m'a fait rire tellement c'est d'un ridicule.

« J'ai essayé de créer une expérience visuelle, qui contourne l'entendement et ses constructions verbales, pour pénétrer directement l'inconscient avec son contenu émotionnel et philosophique. J'ai voulu que le film soit une expérience intensément subjective qui atteigne le spectateur à un niveau profond de conscience, juste comme la musique ; « expliquer » une symphonie de Beethoven, ce serait l'émasculer en érigeant une barrière artificielle entre la conception et l'appréciation »

Je n'avais jamais lu cette explication de Kubrick, et c'est exactement ce que j'ai ressenti après mon visionnage de 2001. J'y ai réfléchi, cherché à analyser, lu des commentaires après coup, mais une bonne partie de l'interprétation est venue après le film. Pendant le visionnage, c'était limite une expérience physique, j'ai été tellement happé par l'ambiance et frappé par l'image et le son sans tellement les analyser pourtant, c'en était presque une sorte de transe.
Il y avait une sorte d'aura inexplicable pour moi, une fascination comparable à ce que j'a pu ressentir avec certains types de musique, comme lorsque j'ai découvert la musique acousmatique par exemple.

Je trouve l'explication de Kubrick carrément géniale en fait. Prétentieuse, peut être et je m'en fiche pas mal, mais tellement juste en ce qui me concerne, cette capacité qu'a eu 2001 à me parler, me procurer des émotions sans nécessairement passer par des phases d'analyses/réflexions, c'est une des choses qui m'a le plus marqué.
Ca rejoint totalement cette subjectivité dont il parle, et c'est en plus non seulement un angle qu'il adopte beaucoup dans son film (dans les choix de se focaliser sur un personnage, un son, un élément...), mais aussi une évidence quand on voit la place énorme laissée à l'interprétation. C'est une autre force que je trouve à 2001, ça n'est pas un film où on a l'impression que les choses ont été faites par hasard, on sent l'investissement et la réflexion de Kubrick, pourtant il a réussi à présenter les choses de manière à ce qu'il n'y ait pas d'explication unique, quand on parle du film on est dans l'interprétation plutôt que l'explication (a dire "j'ai ressenti tel élément comme ça" plutôt que "il a voulu dire ça avec tel élément")

Citation de: "Mondaye"
on veut nous expliquer par A + B qu'il y a des trucs qui existent pas qui en fait existe, des théories par milliiieeer, qu'il est impossible de prévoir le fiiiilm. Alors je suis Dieu ?!

C'est pas sorcier de deviner à peu près comment se déroule la fin si on a lu des commentaires "c'est un truc de malade, c'est psyché, ça arrive d'un coup, c'est un truc de gros drogué etc".
Par contre savoir exactement ce qu'on y voit ça serait quand même très fort.

Citation de: "Mondaye"
Son film devait être un "film noble" alors au lieu d'avoir une ambiance de psychopathe que ce film aurait réellement mérité vu la qualité globale

Je suis le seul à trouver ce commentaire plus psyché que le final du film ? :niak:

Citation de: "Mondaye"
on se retrouve avec des scènes pour tout et n'importe quoi à n'en plus finir avec toujours de la musique classique en fond... Non mais sérieux quoi, il y a tellement de bruitage sur lesquels jouer que c'est frustrant.
Pire; quand il essaie de mettre en scène un passage avec uniquement de l'ambiance sonore, c'est ho-rrible. Je pense au passage avec la respiration dans le casque d'un des protagonistes; ça dure 15 plombes et t'entends uniquement sa respiration horripilante, mal faites et super énervante

Moi je trouve que c'est carrément du génie. On occulte vraiment trop la nature hypnotique de la répétition, c'est dommage que si peu de gens y soient sensibles. J'adore ces moments où, quand on passe des sons en boucle, on finit par ne plus penser à leur nature (les notes d'une musique, la respiration dans le cas présent) et juste entendre une masse sonore, vivre quelque chose de physique (à nouveau). Au niveau de l'immersion je trouve cette scène juste en géniale en plus, quoi de plus intime qu'une respiration qui semble être toute proche de nous ? Combiné au côté "hypnotique" de la répétition, ça permet vraiment de "vivre" le film, surtout que le phénomène dont je parle avant se marrie bien avec la respiration, c'est un son qu'on entend tout le temps et dont on ne pense plus à la nature à force. J'ai également trouvé une grande intensité dramatique aux variations du rythme de la respiration en fonction des événements.


Désolé si ce que je dis ne veut pas dire grand chose, il est tard et en fait Nehemah a déjà fait un post admirable avant moi que je ne peux plussoyer.

Petite parenthèse sinon pour dire que j'ai revu le Choc des Titans originel, de 1981, et ça a pris un sale coup de vieux. Les plans, les musiques, les sons, les effets spéciaux, le jeu d'acteur, tout semble ringard et vieillot. Vu qu'on parlait de 2001 justement, c'est fou de voir à quel point ce dernier a tellement mieux vieillit. Le film reste sympathique cela dit, il a un côté niais que je trouve assez attachant, et il a un scénar' qui tient plus debout que dans le remake visiblement.

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« Réponse #96 le: jeudi 12 mai 2011, 08:59:36 »
Je vais mettre un gros +1 pour ce film extraordinaire qu'est 2001. Et pour prouver que ce film m'a plu et marqué bien avant qu'on puisse parler de branlette intellectuelle, je vais dire que ce film était un de mes préférés (je loupais pas une rediff à la télé) quand j'avais... 8 ans !

J'ai toujours été touchée par l'esthétique de ce film, ce qu'on pouvais ressentir en le voyant, les scènes tristes, angoissantes, que je pouvais appréhender à mon jeune âge.

Alors, évidemment quand je l'ai revu plus vieille, quand on a étudié un passage en cours d musique en 3e (sur la lune, avec le monolithe, et cette musique en canon fabuleuse, me rappelle plus du nom...), j'ai vu le film sous un autre angle, mais j'ai toujours autant accroché.


"Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi."

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« Réponse #97 le: vendredi 20 mai 2011, 13:26:00 »
Bon, tant pis, Mondaye n'est pas repassé, ptêtre un autre jour, qui sait.

En attendant, je viens parler des deux derniers films que j'ai vus, deux films marquants à leur sauce.


[align=center]Noisy Requiem de Yoshihiko Matsui, 1988[/align]
[align=center]
[/align]

Film expérimental de 2 h 30 japonais. L'histoire est bizarre. L'histoire c'est celle d'un serial killer qui tombe amoureux d'un mannequin, un véritable mannequin, de ceux que l'on met en vitrine. Il remplit sa poupée avec des morceaux de corps de ses victimes et lui fait l'amour régulièrement. Finalement, un bébé est conçu dans cet endroit improbable. A côté, on a quatre autres couples de personnages, un jeune adolescent et son amie (sur l'affiche du film ci-dessus), un frère et une soeur nains qui pratiquent l'inceste, un clochard qui trimballe un bout de bois en forme de vagin, et un couple d'aveugles qui auraient fait la guerre.


[align=center]
[align=center]Les deux clochards se font publiquement humilié par le serial killer.[/align][/align]

D'un point de vue cinématographique, la mise en scène est radicale. Flash-back intempestifs, grands moments de silence, jeu sur le point de vue lors des scènes avec les nains, luminosité franche qui combat souvent les scènes bien plus obscures... On est perdu dans un Japon urbain et labyrinthique, confronté à d'énormes problèmes de société. La tension oscille souvent entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas, dérivant souvent dans des visions métaphoriques et symboliques qui ajoutent de la poésie à ce qui ne devrait pas en avoir. Dans ce sens, Matsui filme la couche de crasse pour faire remonter l'humanité qui est en elle. Les laissés pour compte de la société sont ici les héros d'un drame incompréhensible, celui de la vie bien sûr.

[align=center]
Contrairement aux apparences, nous sommes sur le toit d'un immeuble. La dimension métaphorique a franchi le seuil de la dimension logique. Les sentiments du personnage envahissent littéralement la scène.[/align]

Le film s'inscrit dans la tradition d'un genre. Bien que tardif, il revendique nettement son appartenance à un cinéma expérimental et underground, celui de Akio Jissoji, Shuji Terayama, Nagisa Oshima ou encore Yoshishige Yoshida. Que ce soit l'aspect un peu pinku eiga qui ressort de scènes très sensorielles et sensuelles, jusqu'à cette manière de filmer qui casse un peu tous les codes du cinéma, Matsui entretient une sorte de relation d'hommage aux géants de l'ATG. En perpétuant leurs mémoires et leurs essais, il donne un nouveau souffle à un genre qui va lentement évoluer vers des radicalisations et des implications du corps encore plus évidentes (dont je pense que le Tetsuo de Shinya Tsukamoto en est le plus grand exemple).








[align=center]Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki, 1988[/align]

[align=center][/align]

J'avais même pas fait gaffe mais ce sont deux films japonais de la même année, et autant dire qu'ils n'ont mais alors rien à voir. Ici, tout n'est que pure poésie et simple enchantement. Probablement un de mes préférés de Miyazaki, à voir avec du recul, mais il y a toujours ces ambiances à la limite entre le rêve et la réalité, cette scission entre le monde des humains et des esprits, scission qui généralement s'effondre grâce aux enfants, et malgré une intrigue relativement pauvre, et bien une histoire relativement tragique, mais traitée de manière tellement légère qu'on est à deux doigts de crier à la niaiserie (alors que pas du tout, cela ajoute probablement davantage au côté émotionnel du film).

[align=center]
Mai à gauche et Satsuki à droite.[/align]

L'histoire est donc celle de Satsuki et Mai, deux jeunes filles, qui déménagent à la campagne, près d'un arbre gigantesque, avec leur papa. Leur maman est malade et collée à son lit d'hôpital, du coup, il manque aux filles cette présence maternelle, qui sera finalement incarnée par une grand-mère, cette figure finalement protectrice que l'on retrouve dans beaucoup de films de Miyazaki. Un jour, alors qu'elle jouait dans son jardin, Mai, la petite soeur, découvre deux drôles de créatures qui peuvent disparaître. En les suivant, elle va faire la rencontre de Totoro, une gigantesque peluche vivante, divine et bienfaitrice, résidant dans l'arbre gigantesque avoisinant leur nouvelle demeure. A partir de là, leur vie ne sera plus jamais comme avant.

[align=center][/align]

Les péripéties qui vont s'enchaîner seront toutes poignantes, et Totoro ne sera jamais très loin, il s'agit d'une figure qui sourit tout le temps, et qui ne pense qu'à dormir et aider les autres. Il est évident que ce film a quelque chose de très enfantin, mais je crois qu'il parle aussi aux adultes, et c'est cela qui en fait la force. Par ailleurs, en 1988, en sachant que Nausicäa de la vallée du vent est de 1984 et que Le château dans le ciel date de 1986, la qualité technique de l'animation leur fout juste une énorme claque, c'est d'une fluidité impressionnante et tout s'incruste parfaitement, on est très loin des deux dernières créations de Miyazaki. Bien évidemment, ce sera encore magnifié par la suite, je pense à Mononoké et Chihiro, bien entendu. Bref, un film à regarder, surtout que je me suis posé devant le film et je suis arrivé à la fin sans m'en rendre compte. 1 h 20 qui sont passées en cinq minutes.

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« Réponse #98 le: vendredi 20 mai 2011, 19:51:45 »
Le premier a film a l'air glauque et malsain... On en ressort comment ? Choqué ? Ému ?
Totoro ça fait un moment que je me dis de le rergarder. :niak:
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« Réponse #99 le: vendredi 20 mai 2011, 20:11:48 »
J'ai pas lu le post de Mondaye sur 2001 mais j'ai lu celui de Nehem et Jay' et, ça m'a donné envie de le revoir car je l'ai vu qu'une foie il y a au moins dix ans et j'avoue n'en avoir qu'un souvenir assez flou...

Mais dans mon souvenir, c'etait une expérience fascinante...
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« Réponse #100 le: vendredi 20 mai 2011, 20:39:57 »
Je sais pas pourquoi mais pour moi Totoro est loin d'être le meilleur Miyazaki, pourtant j'ai vu pratiquement toute la filmo du bonhomme. En fait j'ai vu carrément toute la filmo du bonhomme si on exclu sa série Sherlock Holmes qui coûte quand même la peau du cul.

Mais bref c'est quand même un bon film mais j'ai pas tellement aimé l'ambiance globale, j'ai pris beaucoup plus de plaisir à regarder Chihiro ou Porco Rosso. D'ailleurs pour ce dernier c'est juste incroyable le travail d'ambiance que le staff de Miyazaki a fait, un gros chef d'oeuvre sans aucun doute et le meilleur Ghibli.
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« Réponse #101 le: vendredi 20 mai 2011, 21:00:47 »
D_Y: je trouve juste que la fin de Porco Rosso part dans du n'importe quoi dans le sens où ce n'est pas aussi fin que durant les 3/4 du film

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« Réponse #102 le: vendredi 20 mai 2011, 21:21:28 »
Nile : on en ressort plutôt abasourdi, car on a passé 2 h 30 a suivre un film assez... étrange, enfin je sais pas comment le décrire. Certains passages sont dégoûtants mais plus dans leur contenu suggestif. Donc n'en ressort pas choqué non, ému n'est pas non plus le mot. C'est une expérience quoi.

Peter : je te conseille vivement de le revoir alors !

D_Y : personnellement, j'ai pas encore vu toute la filmo du bonhomme, mais je commence à en avoir vu pas mal (les deux châteaux, Chihiro, Mononoké, Nausicäa, Totoro), mais Totoro est dans les meilleurs (en fait avec Mononoke et Chihiro pour l'instant). Et juste pour le plaisir, j'essaierai de mater Porco Rosso ce soir mais il me tente carrément moins.

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« Réponse #103 le: vendredi 20 mai 2011, 21:35:10 »
Citation de: "Mondaye"
D_Y: je trouve juste que la fin de Porco Rosso part dans du n'importe quoi dans le sens où ce n'est pas aussi fin que durant les 3/4 du film


Un bon pourcentage des films de Miyazaki ont des fins baclées, ça reste un gros mystère pour moi, soit il est pas si genius que ça (mais j'en doute) soit il est pressé par des producteurs.
Quand tu réfléchis bien Mononoke aussi était fini à l'arrache malgré que le reste soit magnifique, pareil pour le Chateau dans le Ciel c'était baclé en 2 min top chrono.

Nan mais Porco je retiens surtout son ambiance mediterranéenne unique, et j'ai adoré les musiques aussi, sans parler de Porco qui en plsu est doublé par Reno, et faut dire ce qui est, la voix de Jean Reno est super classe.
C'est quand même le film qui m'a donné envie d'aller en Adriatique, c'est dire.

Nehem = je me disais la même chose au début "mouais un cochon comme héros c'est nul" et bah non seulement c'est pas le cas, mais en plus ça a dépassé mes esperances les plus folles.

Je te conseille de matter le Chateau de Cagliostro qui est un des épisodes de la looooogue aventure de Lupin III. C'est vraiment excellent même si ça date de bien avant son âge d'or.
O proud Death ! What feast is toward in thine eternal cell ?

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Aujourd'hui j'ai vu...
« Réponse #104 le: vendredi 20 mai 2011, 23:15:38 »
Je trouve vraiment pas que la fin de Mononoke soit bâclée, je pense même que c'est l'une des meilleures, c'est a priori un happy end, mais ça va bien au-delà, tout est réglé mais mitigé à la fois.

Et ce n'est pas le fait que le héros soit un cochon, c'est davantage l'ambiance méditerranéenne des années 20/30 qui me repoussait.

Au final (puisque donc je l'ai vu), je ne pense pas que ce soit le meilleur Ghibli, mais en même temps, j'aurais vraiment du mal à savoir lequel est le meilleur. L'ambiance m'a moins porté que Totoro pour parler d'un film que j'ai vu hier justement. Et puis, il reste des zones d'ombre, on reste sur notre faim, ce qui peut laisser place aux interprétations les plus folles. La voix de Réno transcende le personnage de Porco, par contre, ce qui en fait un des personnages les plus intéressants et les plus classes de la série sans aucun doute.

En tout cas, je pense que c'est typiquement le genre de films qui plaira moins aux fans des univers typiques de Miyazaki et inversement. Bref, je poursuivrai probablement encore un peu ma liste de films Miyazaki très prochainement.