Bon, allez, je viens déposer un petit avis sur Le soldat-chamane de cette brave Robin Hobb.
Pour commencer, je précise cash où j'en suis : j'ai lu tranquillement La déchirure, premier tome, et j'ai littéralement dévore le tome 2, Le cavalier rêveur. Actuellement, je démarre le tome 3. Doutchboune était intéressée de connaître mon avis, vu que je démarre Hobb directement avec cette saga sans passer par L'assassin royal que je lirais fort probablement après, ce qui témoigne déjà de mon enthousiasme pour la saga.
Par où commencer ? Le tome 1 est vraiment très lent mais pas ennuyant. Tout n'est qu'affaire de mise en scène assez ingénieuse et de rythme. Le chapitre 1 met déjà l'accent sur tout le thème de la saga : l'identité culturelle et le conflit entre une société sclérosée, civilisée et au contraire l'esprit nomade et païen, possédant des relents de Pocahontas ou tout du moins de société post-coloniale tels que le relateront les articles lambdas sur le web et dans la presse. Met si le premier chapitre captive grâce à cette petite nomade qu'on oublie rapidement (peut-être la reverra-t-on ? A mon avis placer un tel personnage dans le premier chapitre du premier tome d'une saga n'est pas anodin), la cassure vient avec Dewara, une cassure violente et tonitruante, qui propulse le lecteur dans un imaginaire vraiment fort. La transe de Jamère qui lui vaudra cette fameuse déchirure est réellement un passage fascinant, fort en symbolique, en délicatesse d'écriture, narrativement bien positionné, et qui incarne le réel moteur de l'histoire.
Après tout cela, la tension retombe et le tome 1 se finit tranquillement, comme si Dewara et la femme-arbre n'eurent été qu'un rêve finalement. Tout le tome 2 s'obstine à travailler le lecteur et le style. Il y a un décalage très onirique entre le statut du cavalier et celui du rêveur, un rapprochement assez paradoxal mais qui définit bien Jamère, sortant des clichés, le délaissant ainsi, héros raté. Le rêve, la nature, toutes ces valeurs a priori positives, on les vit de manière très nuancées, souvent remises en question par Jamère, parfois acceptées, mais jamais vraiment arrêtées. De ce que j'ai pu me spoiler légèrement, les nuances vont s'approfondir.
Je tiens tout de même à faire part d'une chose : la fin du tome 2 m'a juste totalement aspiré. Les mésaventures de Jamère à cause des intrigues nouveaux nobles / vieille aristocratie, son désespoir palpable, puis ce carnaval qui s'oppose violemment à son humeur interne, où règnent le mensonge et la déchéance, introduisent la peste comme un élément vraiment intense. En terme de narration, c'est à mon sens pour l'instant le point culminant et le plus marquant des deux premiers tomes, où Jamère combat pour la première fois son identité, son destin et assiste à la fois à des sauvetages émouvants mais également à des laissés pour compte déchirants et brutaux. La fin de ce tome 2 est d'une violence rare d'un point de vue narratif, l'ambiance entière se métamorphose, j'avais un peu l'impression, pour surinterpréter, d'assister à la mise à mort du système scolaire très rowlingien d'un ponit de vue stylistique. TUEZ CES ETUDIANTS ET CES LIVRES SUR LES ETUDIANTS PUTIN MAIS OSEF QUOI.
Bref, littéralement sous le charme du Soldat-chamane. Lorsque vous dites que L'assassin royal est supérieur, est-ce juste car vous l'avez lu en premier, ou car c'est vraiment meilleur ? Ne serait-ce pas juste très différent et par là-même votre préférence de saga se porte sur vos préférences personnelles initiales ? Pour l'instant je suis subjugué, je continuerai de fournir des avis détaillés lors de mes prochaines lectures.