L'absence d'illustration est une contrainte avec laquelle ils doivent composer, et non une contrainte qu'ils s'imposent.
Résumé de la situation : si tu publies un livre, tu peux écrire sur n'importe quel sujet (bon il y a bien deux trois choses comme la diffamation ou l'apologie du terrorisme qui peuvent poser soucis, mais bon, c'est pas le sujet). C'est comme ça qu'on peut se retrouver régulièrement avec des brûlots contre des présidents en cours d'exercice par exemple, il n'y a pas d'autorisation à leur demander. De la même façon, je peux publier un livre demain sur la série Zelda sans avoir à demander à Nintendo si j'ai le droit ou non. Il y a aussi le droit de citation qui permet de pouvoir faire assez facilement références à certaines choses. Par contre, les images, c'est un autre problème. Qu'il s'agisse de screenshots d'un jeu, d'artwork officiels ou de la photo d'un créateur, ce sont des images sur lesquelles il y a des droits.
De là, tu as deux choix :
- Demander l'autorisation officielle : En tel cas, le propriétaire des droits peut te faire payer une somme (potentiellement assez grosse) pour pouvoir exploiter les images. Le propriétaire des droits peut aussi très bien dire "OK, mais je veux avoir mon mot à dire sur tout ce qui est écrit". Ce qui peut forcément mener à de la censure ou à de l'auto censure, cela rallonge aussi énormément les délais de production. Joanna Ardaillon des éditions Soleil (qui produits des produits sous licence officielle donc) nous avait déjà pas mal parlé des looongs délais de validation qui repoussent parfois de plusieurs mois la sortie d'un ouvrage (ici et là). Dans le cas de Nintendo, pour les ouvrages non officiels, le problème est encore plus compliqué puisqu'ils ne répondent généralement pas à ce genre de demandes. Certains éditeurs acceptent parfois sans être trop chiants, mais cela reste une grosse minorité
- Ne pas demander d'autorisation officielle et prendre le risque que Nintendo te tombe dessus un jour. Soit à la sortie du livre, en tel cas tu as tout perdu et ta petite société d'édition peut ne jamais s'en remettre, ou alors bien plus tard quand le livre est rentabilisé... en espérant qu'il n'y ait pas de condamnation financière. Il suffit qu'un mot de plaise pas, et ils peuvent lancer une action en justice demandant à retirer un livre de la vente car il exploite illégalement une propriété intellectuelle.
A ça on pourrait ajouter d'autres histoires comme l'impression d'un livre en couleur qui augmente très vite le prix de vente d'un livre, mais bon, c'est pas vraiment le problème ici.
D'ailleurs, pour info, PZ est dans le second cas. Nintendo (et tous les éditeurs de JV de façon générale) tolère ce que l'on fait ici parce que c'est un peu de la pub gratuite, mais si demain ils veulent nous faire très mal, ils peuvent le faire d'un claquement de doigt. Une différence entre PZ et les maisons d'éditions, c'est aussi qu'on n'a pas d'employés auxquels on pense en prenant des risques, ni la volonté de vivre de nos publications.
Du coup, Third Editions (et d'autres), prennent le parti de dire tout ce qu'ils ont à dire, de pousser leur réflexion au bout, de compenser l'absence d'illustration par une analyse plus fine / détaillées. C'était aussi le cas de L'histoire de Zelda, sorti cet été chez Pix n Love, qui est uniquement illustré par des graphiques (sur les chiffres de vente notamment).
Je suis d'accord avec toi sur le fond : oui, ce serait plus agréable si c'était illustré, ne serait-ce qu'avec une illustration entre deux chapitres. Mais je préfère qu'ils prennent la liberté de raconter ce qu'ils veulent, plutôt que de voir arriver des livres beaucoup plus insipides (comme "Zelda 30 ans de légende" allègrement illustré malgré son caractère non officiel, mais qui reste au raz de pâquerette dans ce qu'il raconte). Et oui, pour y apprendre quelque chose, c'est vite compliqué pour eux : ils n'ont pas accès aux principaux concernés. Ils sont obligés de résumer tout ce que l'on peut trouver dans les interviews, les communications officielles etc. Dès que l'on va au-delà, on tombe très vite dans l'analyse et la réflexion personnelle. Alors oui, dans les faits on n'y apprend souvent pas grand chose de nouveau sur le jeu en lui même, sur les intentions, sur le soucis de développement, mais il y a vraiment des analyses qui me semblent pertinentes, notamment dans ce second volume.
Concernant l'ouvrage où on découvrait la date de sortie du premier Zelda, il s'inscrit dans un cadre différent. Celui de la presse. C'est assez injuste, mais si tu publies un titre de presse (et non un livre), tu es libre d'illustrer à ta guise les articles. C'est pour cela que tous les magazines de jeux vidéo sont illustrés, et non la majorité des livres sur le sujet.
En résumé : dès que l'on sort des publications officielles (dans le cas de Zelda : Hyrule Historia, Arts & Artifacts), et qu'on ne fait pas de la presse, c'est très compliqué d'illustrer un livre comme tu le souhaites.