Communauté > Débat

Le topic des idées impopulaires

<< < (47/90) > >>

Leena:
On peut passer une bonne soirée sans alcool

Je sais pas si c'est vraiment une idée impopulaire, mais j'ai plusieurs amis pour qui passer une soirée sans se prendre une cuite est nul. Je suis pas contre un peu d'alcool mais je comprends pas ce besoin de vouloir se bourrer la gueule pour s'amuser. Le plus drôle c'est ceux qui se souviennent de rien et qui arrivent quand même à dire "j'ai passé une trop bonne soirée !" .. On a pas la même notion de bonne soirée je pense v.v

Leena:
Déterrage de topic !


--- Citation de: Poulika le vendredi 09 mai 2014, 04:08:59 ---Ne pas suivre l'actualité n'est pas un comportement inapproprié.

Et je met 'actualité' en italique parce que j'ai du mal à considérer l'actualité qu'on me fait subir à la radio où à la télé comme convenable. Quand j'entends les informations, j'ai souvent l'impression d'avoir affaire à de l'actualité dirigée, grand public et non exhaustive. Parce que bon (Désolé les non français pour les références) entre les articles/reportages sur les aventures du Front National dont on dit plein de mal pour se donner bonne conscience mais qu'on continue de mettre en avant et donc d'en alimenter la machine (Et c'est bien là un paradoxe qui est tellement croustillant quand on aime l'absurdité) et toutes ces affaires "politiques" qui ne touchent que les scandales alors que c'est du travail d'un gouvernement dont on devrait logiquement parler ...

Et puis on me dira qu'Internet est un outil formidable pour avoir accès à l'actualité et vu sous plusieurs angles en plus ... Seulement voilà, sur Internet au moins, j'ai pas l'impression de subir l'actualité dans la mesure où je peux facilement l'éviter. A vrai dire j'ai même pas besoin de l'éviter puisqu'il faut aller la chercher et c'est un effort que je ne fais quasiment jamais. Et ne pas être au courant du dernier concert de Nicolas Sarkozy comme de l'enlèvement de 200 jeunes filles au Nigéria, ben ça me dérange pas plus que ça ...

D'ailleurs, une question qui me vient, Pourquoi les gens veulent savoir ? Pourquoi c'est important de savoir ce qu'il se passe à l'autre bout du monde quand on sait qu'il n'y a que malheur et désolation ? (Comme le disait si bien ma maman : "On pourrait pas nous montrer des choses joyeuses aux informations ?")
Et c'est une vraie question sans jugement ni rien ! Parce que c'est cool l'empathie pour la misère et d'avoir connaissance des grands évènements dans les grandes lignes, mais qu'est ce qui pousse l'Homme à vouloir être au courant ?

--- Fin de citation ---

Bon je réagis un peu tard à ce post, pourtant je l'avais vu avant mais j'ai eu une discussion il y a pas longtemps qui m'y a fait repenser. Je discutais avec une amie par rapport aux événements récents dans le Moyen Orient, en particulier en Syrie, et je voyais que mes 2 autres amies en face de moi étaient perplexes. Elles n'avaient presque aucune idée de ce qui se passait dans ce pays. J'ai relativisé en me disant que la situation en Syrie est compliquée et qu'il est difficile de comprendre tout ce qu'il s'y passe. Sauf qu'une des 2 ne savait "presque" pas ce qu'étaient les révolutions arabes quand j'en ai parlé. Ou très très vaguement.

J'avoue que ça m'a choquée. Personnellement je suis les actualités régulièrement, en particulier sur internet. Ce que tu dis sur les infos en général est vrai mais il y a toujours moyen de trouver de "bonnes" informations en cherchant un minimum. Après on ne peut pas s'intéresser à tout, on a des sujets auxquels on est plus sensible, qui nous intéressent plus particulièrement. C'est normal on ne peut pas être au courant de tous les événements dans le monde. Mais de ne quasiment rien savoir sur les Révolutions arabes c'est fort. C'est pas comme si on en avait peu entendu parler.

Je ne sais pas ce qu'il pousse les gens à se renseigner, la curiosité, l'empathie, l'intérêt personnel .. Il y a sûrement de nombreuses raisons pour ça. En tout cas à mes yeux, en tant qu'humain, je trouve ça normal de ne pas rester indifférent à ce qu'il peut se passer à l'autre bout du monde. L'indifférence est dangereuse et injuste à l'encontre de populations qui vivent des choses parfois très dures. On peut dire qu'on est plutôt "privilégié" en France (même si je sais bien que le fait de vivre en France ne donne pas tout). Je ne vais pas dire que les gens qui ne suivent pas les actualités sont des gens égoïstes ou quoi que ce soit. C'est juste que pour moi ça a toujours été naturel de m'intéresser au monde. Parce que je sais que le jour où je serais touchée par un quelconque événement j'espère que des gens s'intéresseront à ma cause.

Royug:
Une petite pensée que j'ai depuis quelques temps. Vous me direz si vous êtes d'accord, mais je suis aussi ouvert à revoir mon opinion là-dessus si vous avez des arguments.

La stigmatisation du mot 'nigger' est discriminatoire envers les blancs

Ça peut sonner paradoxal dit comme ça, mais oui, je crois que le fait de dire le mot 'nègre' ou, plus souvent en anglais, le mot 'nigger', soit aussi mal reçu, voire tabou, est de la discrimination de la communauté noire envers la communauté blanche. Je peux comprendre que les noirs se sentent attaqués ou diminués lorsqu'on les appelle par ce mot, vu son histoire et l'utilisation raciste qui en a été faite il y a pas si longtemps encore. Par contre, il pas rare, voire fréquent que les afro-américains et noirs d'autres pays s'appellent entre eux par ce mot de façon amicale, sans y voir aucun problème ou connotation diminutive. Encore là ça va, c'est un peu comme d'autres insultes, genre 'vieux connard' qui peut être mal prise lorsque utilisées pour blesser l'autre personne, ou bien prise si c'est pour blaguer en saluant un ami ("Alors comment ça va, vieux connard ?"). Tout dépend de la façon de dire le mot, du ton employé, etc. Sauf que dans le cas du mot 'nigger', même si un blanc voulait l'employer de façon amicale comme les noirs peuvent le faire entre eux, sans aucune animosité, même pour parler à une personne qu'il connaît déjà, ce serait quand même très mal vu par la communauté noire, voire la population en général, et probablement décrié. Voilà pourquoi je pense que l'utilisation de ce mot est discriminatoire envers les blancs, aussi étrange que ça puisse paraître à première vue. Et conséquemment, je serais d'avis que ce mot soit simplement "banni" par tout le monde, pour plus qu'il y ait de discrimination, ou bien qu'il puisse être utilisé partout le monde sans animosité, puisque quand on y pense, à la base, c'est seulement un mot qui sert à désigner une personne de couleur noire. Après, je sais bien que les habitudes prennent du temps à disparaitre et que le préjudice fait envers les noirs , auquelest si durement attaché ce mot, est surement trop récent encore pour que ça se fasse bientôt.

Je précise que je ne suis pas raciste pour un sou, c'est juste une observation que j'ai déjà faite et une réflexion qui me trotte en tête depuis un moment.

Yuan:
C'est malheureusement bien plus compliqué que ça, et c'est un débat que je considère assez houleux. (D'ailleurs, marrant que tu postes ça pile le jour du Black Out de quelques réseaux sociaux.)

Dans les faits, dire à quelqu'un « tu ne peux pas utiliser [tel mot] parce que tu es de [telle ethnie/pays/sexe/sexualité/genre/j'en passe] », oui, c'est discriminatoire. Mais j'estime qu'il faudrait tracer la limite entre un mot simple, et un mot désignant très spécifiquement un groupe de gens et étant employé à son origine pour les insulter.
Le mot "nigger" est vraiment chargé d'un passé terrible aux États-Unis, et de par son simple usage, il a fait souffrir beaucoup de noirs sur des générations entières tant il s'est imposé comme insulte. Je tiens à rappeler qu'il dérive du terme "negro", qui lui n'avait rien d'insultant (mais qui n'est plus d'usage car toujours assimilé au temps de l'esclavage ; "black (person)" ou "afro-american" étant donc favorisés). Il porte donc un stigmate très lourd, celui du racisme. Ce qui est très différent d'un simple mot comme « connard ». Pendant longtemps, il n'était exclusivement utilisé que par des blancs dans le but de dégrader les noirs. La comparaison ne fonctionne donc pas trop.
Une meilleure comparaison serait le vocabulaire insultant envers les sexualités non-hétéro et genres non-cis, qui a été réapproprié par la communauté LGBT pour en faire de vrais termes ou simplement comme accolades. Par exemple, un hétéro qui dit à un homosexuel que c'est « un gros pédé » (même en tant que blague, j'entends), ça fait un peu grincer des dents. Tandis que si c'est d'un homosexuel à un autre, ça passera déjà moins mal (même si on voit pas trop des homos s'accoler comme ça, contrairement au terme "nigger").

Le fait d'utiliser un mot « pour déconner », c'est très facile à faire lorsqu'on n'est pas considéré par le stigmate qu'il porte. Facile de dire « roh mais je déconnais » après avoir blessé quelqu'un. Encore plus facile à dire quand c'est quelque chose qui ne peut absolument pas nous insulter lorsque c'est employé contre nous.
Le prétexte de vouloir « tourner un stéréotype en bourrique pour s'en affranchir », ça fait joli sur le papier, mais concrètement, ça ne fait que perpétuer le stéréotype en question. Si tu peux faire la distinction entre stéréotype tourné en bourrique et stéréotype insultant, grand bien t'en fasse, mais tu ne peux pas assumer que ça sera le cas de tout le monde. Et justement, il y a énormément de gens qui se confortent dans l'usage de stéréotypes insultants. Faire une blague sur le fait que les arabes sont tous des voleurs peut faire rire pour deux raisons : soit parce qu'on a plus que conscience que ce n'est pas le cas et qu'on rigole du fait que ce soit tourné au ridicule ; ou bien parce qu'en tant que blanc, c'est plus facile de rire des autres, puisque ce n'est pas nous qui nous faisons rabâcher ce stéréotype à longueur de journée. C'est pour ça que j'estime qu'il faut faire extrêmement attention lorsqu'on s'amuse avec de l'humour raciste, parce que parfois on ne se rend même pas compte qu'on appartient à la deuxième catégorie. Et qu'on ne vienne pas me sortir l'excuse : « mais moi j'en aurais rien à foutre qu'on fasse des blagues sur mon ethnie/sexe/etc ! »... parce que je l'entends souvent venir de gens qui n'appartient pas à des ethnies/sexe/etc qui ont été victimes de discrimination institutionnalisée et de racisme généralisé. Facile de dire à une femme « laul ta t régl » quand on n'a jamais connu ça et que le sexisme a toujours favorisé les hommes au cours de l'histoire. De même, facile de dire à un noir qu'il n'aura jamais de boulot quand on ne peut pas connaître la discrimination qu'il a subi de la part de blancs tout au long de sa vie.
Et l'utilisation du mot "nigger" par un blanc n'est insultante que parce qu'elle est inévitablement influencée par tous ces facteurs.
D'ailleurs, pour ma part, j'ai tendance à trouver ça très déplacé quand je vois quelqu'un faire une blague à caractère discriminatoire visant un sexe/genre/etc qui ne le concerne pas. À l'inverse, je trouve ça carrément amusant quand c'est quelqu'un venant de la minorité en question. De base, je trouve que c'est un humour à user avec parcimonie, sans quoi il se révèle juste être lourd comme une montagne et juste stop pls.

Le dernier argument que je vois aussi venir, c'est : « ok, des blancs ont insulté et porté préjudice à des noirs par le passé, il y en avait peut-être même parmi mes ancêtres - mais pourquoi est-ce que ça serait à moi, une génération bien postérieure, d'en payer le prix ? »
Ce à quoi j'ai envie de répondre que non, effectivement, il ne devrait pas y avoir à porter ce poids. Il suffit juste de le comprendre, parce que le temps d'ajustement pour obtenir une société dénuée de racisme et sexisme sera sans doute encore long, et qu'entretemps, il est indéniable que certaines ethnies, sexes, genres, etc. sont « avantagés » car ayant moins souffert de discrimination dans l'histoire et plus représentés dans la culture populaire.
Et mieux encore : Pourquoi est-ce qu'un blanc voudrait utiliser le mot "nigger" ? Dans quel contexte ? Pour accoler un pote noir spécifiquement ? Pourquoi pas plutôt l'accoler de la même façon qu'un pote blanc ?

Mais au bout du compte, on ne peut pas s'amuser à constamment accommoder son vocabulaire en fonction de son interlocuteur... Qui plus est, on ne peut jamais prédire à l'avance quand on va offenser quelqu'un ou pas (et parfois, même un silence peut offenser). Donc le plus simple reste encore de faire ce qu'on fait et de s'excuser si jamais il y a offense ou malentendu. Mais j'estime que ça reste quand même bon de porter une réflexion sur l'usage de certains mots lourds de sens, comme c'est le cas de "nigger".

Une question plus intéressante à mon sens est : comment définir la « discrimination envers les blancs » ? Parce qu'il est évident qu'il arrive parfois à des blancs de se faire attaquer sur leur simple couleur de peau ou origine (j'ai déjà entendu des gens se faire traiter de « sale blanc » ou « sale français » alors qu'ils n'avaient pas attaqué l'autre sur sa couleur de peau)... Mais il est aussi évident que ce n'est qu'une cause directe d'un racisme étouffant venant des blancs envers les noirs s'étalant sur des siècles. Question difficile.

Toujours est-il que le plus simple reste de toujours se détacher de ces choses en ne considérant jamais la couleur de peau, le sexe, le genre, la religion, l'origine, etc. de quelqu'un lorsqu'on s'adresse à lui (ou alors ne le faire que de façon respectueuse). J'ai l'impression de dire une banalité, mais j'ai aussi l'impression que personne n'applique ça en réalité. Ce qui est vraiment navrant, voire carrément déprimant.

Rodrigo:
C'est un débat intéressant. J'ai un ami d'origine congolaise qui m'avait une fois repris quand je l'avais appelé "nigga" (avec l'accent West-Coast) en me disant que ouais il aimait pas trop. Après, entre très bons amis, ça peut se dire pour se taquiner, tout comme il colportait aussi des clichés "sur les blancs". Pour en jouer, sûrement, par habitude aussi (parce que y'a des gens qui vont toujours se retrancher derrière cette fameuse excuse du "c'est pour s'affranchir du stéréotype", quand ce n'est pas la "liberté d'expression"), mais aussi parce que quand on est potes on aime bien s'emmerder avec des trucs comme ça. Par contre, dès qu'il croisait d'autres blacks en ville, ils se disaient "négro" ou "nigger" entre eux le sourire aux lèvres.

Après, l'histoire raciale aux USA et en Europe est assez différente, mais France/Belgique/Royaume-Uni ont eu des histoires coloniales assez lourdes également, et la plupart des mouvements d'émancipation des blacks venaient des États-Unis, et donc, hypothèse de ma part, les "blacks" d'Europe restent assez influencés par la culture afro-américaine, et vont peut-être reprendre l'usage de certains mots, comme ce fameux "nigga".

Depuis, je pense surtout comme Yuan, même si tu veux briser un cliché en le ridiculisant, tu continues à le colporter, et donc à lui donner de la visibilité, et à le perpétuer. Pareil pour le sexisme ou l'homophobie. Un monde sans clichés, sans blagues dénigrantes d'une ethnie/confession/couleur de peau/sexualité, ce serait surtout un monde dans lequel ces idées finiraient par disparaitre.

Le meilleur exemple à mes yeux, ce sont les blagues sur "les Arabes". J'ai vécu dans une province reculée sans le moindre black/arabe/asiatique, et les jeunes se forgeaient des opinions sur Bruxelles, sur les grosses capitales européennes via ces blagues qu'ils écoutaient à la télé, qu'ils lisaient sur internet. Parce qu'au fond, ils n'avaient jamais été confronté à la délinquance "des Arabes", mais au travers des blagues et clichés, c'était la seule idée qu'ils pouvaient se faire des populations issues de l'immigration.

Bref, militons pour un monde sans discrimination. ^x^ (regardez la dernière vidéo d'Usul2000 sur la question, ça enfonce des portes ouvertes, mais c'est bien argumenté)

Navigation

[0] Index des messages

[#] Page suivante

[*] Page précédente

Sortir du mode mobile