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Salon d'Ecriture Occasionnelle
Chompir:
Tu te lances des défis étranges mais le défi est réussi et c'est beau ce que tu as écris, Bravo ! :oui:
Sentinelle:
J'ai pas assez d'inspiration pour tenir une vraie heu... Galerie littéraire ? Du coup ce p'tit topic me convient bien, c'est une bonne idée ! C'est parti :miou:
Je grimpai la pente avec difficulté, sans vraiment comprendre encore ce que je faisais ici. Mon souffle se saccadait, et j'étais forcée de m'arrêter presque tous les cinq mètres. Je n'étais pas vigoureuse du tout, mais cette côte était réellement ardue. Je profitais de chaque interruption -celles-ci durant environ une minute- pour admirer le paysage. Enfin, façon de parler. Il n'y avait guère de paysage ici, c'était une rue étroite, profonde, insondable, j'étais entourée de hautes maisons, pour la plupart assez anciennes. Quinze ans que je vivais ici, et c'était la première fois que je profitais de ce spectacle seule. Aucune autre structure n'était visible depuis cette rue, les habitations, hautes, cachaient tout le reste, c'était un peu coupé du monde. Je me souviens que je descendais en voiture cette rue tous les matins il y a cinq ans, pour aller à l'école.
Ah ! Je devais avoir l'air pathétique, ainsi épuisée, seule, transpirant dans le froid glacial du Cantal en janvier ! Mes mains avaient déjà commencé à devenir translucides, heureuse élue du Syndrome de Raynaud que j'étais. Je les mettais dans mes poches, ce qui créa une réaction de chaud-froid assez douloureuse. Ca faisait déjà dix minutes que je montais sans cesse à travers les rues, il était dix-sept heures. Je croisai un homme avec un bonnet, lui au moins avait compris qu'il faisait froid, je me sentais idiote, puis je vis une jeune fille dont le visage me rappelait vaguement quelque chose. Je ne la reconnus qu'après l'avoir dépassée, elle était dans ma classe il y a bien des années, c'était une fille timide, je me demandais ce qu'elle était devenue depuis.
La rue était assez oppressante, peu de gens osaient descendre, et j'avoue ne jamais avoir vu quiconque la monter. Je commençais cependant à en comprendre la raison, mes jambes me brûlaient terriblement. C'était pourtant un endroit magnifique, une vieille rue, au charme désuet, qui créait en moi un sentiment de mélancolie, voire de nostalgie. Je ne pensais pas qu'on pouvait ressentir de la nostalgie à mon âge, c'était un peu décalé et peu justifié, mais agréable.
Quand enfin je compris que j'étais arrivée dans ma rue à moi, mon visage s'illumina, j'en avais enfin fini avec cette montée. Je traînais un peu avant de rentrer, je devais être toute rouge et essoufflée. Ainsi, je ne rentrai que dix minutes après. La sensation de voyager seule m'avait emplie de bonheur, bien que je n'aie en réalité fait qu'un petit aller-retour dans ma propre ville, ce qui n'est pas exceptionnel, en relativisant...
Chompir:
Petit texte intéressant qui doit raconter une fin de journée ou tu rentres à pied chez toi. :8): J'adore la façon de rendre ce moment aussi insignifiant si beau en pouvant écrire un petit texte dessus. :^^: J'espère que tu nous proposeras d'autres petits textes par ici.
Doutchboune:
Bon bon voilà, un concours artistique me fait repasser dans le coin, et au lieu de mettre à jour ma galerie (mais fichtre, y a du taf...) je décide de venir poster un petit texte que j'ai écrit il y a quelques mois. Il y a pour moi un contexte, mais j'ai volontairement tenté d'écrire quelque chose qui peut se lire de manière isolée, et qui peut s'imaginer tout à faire en dehors de ce contexte (que je ne nommerai pas, du coup^^)
Bon, c'est pour un public averti, même s'il n'y a rien d'explicite, je préfère prévenir.
En bonus et à la suite de ce texte, je mettrai un lien vers un autre texte, nettement plus long, que vous pourrez aller lire si l'envie vous chante.
**************
Une nuit
Elle attendait dans sa chambre, nerveuse. Elle portait une simple robe blanche en laine, confortable et rassurante, mais la douceur du tissu ne suffisait pas à diminuer son anxiété. Immanquablement, ses ongles rejoignaient ses dents, jusqu’à les quitter quand elle se serrait les mains. Avait-elle fait le bon choix ? Avait-elle eu raison de céder à ce désir qui couvait en elle depuis de longs mois, maintenant ? La sensation de chaleur qui envahissait son corps lui clamait que oui, et qu’elle n’avait que trop tardé, mais quelque part, son puissant sens des réalités lui lançait des reproches constants. Les conséquences allaient être ingérables, les retombées, si quelqu’un apprenait ce qui allait se passer ici ce soir, seraient probablement catastrophiques, pour elle et surtout pour son image.
Il n’était pas trop tard pour reculer. Elle pouvait ne pas ouvrir la porte, feignant le sommeil. Elle pouvait avancer un malentendu, pour renvoyer son invité poliment, mais là aussi, elle craignait les conséquences, dans ce cas, beaucoup plus personnelles. Certes, pas de problème d’autorité, pas de bruits de couloir et autres ragots, mais ça aurait voulu dire la fin de cette relation piquante qui épiçait ses journées, l’abandon de cette occasion d’enfin remplir une partie du vide affectif qui la rongeait depuis tant de temps. Et plus prosaïquement, elle ne voyait pas comment elle pourrait gérer la frustration que le rejet de son désir immédiat engendrerait. Malgré la peur, malgré les doutes, tout son corps brûlait et palpitait d’envie longtemps inassouvie, et c’était alors qu’elle se laissait aller à cette sensation que l’on frappa doucement à la porte.
Elle sursauta, et la panique refit surface, mais ce fut d’une voix douce qu’elle invita la personne derrière le battant à entrer. Elle sentait son cœur accélérer au fur et à mesure que la porte s’ouvrait doucement, et qu’il apparaissait. Il entra dans la chambre sans un mot, mais avec un sourire charmeur, qu’elle trouva un brin crispé, à moins qu’elle se fasse des idées. Il était toujours aussi beau. D’aussi loin qu’elle se souvenait, elle l’avait toujours trouvé agréable à regarder, mais elle n’avait jamais imaginé, jusqu’à peu, qu’il pourrait y avoir plus que de la contemplation entre eux. Cette pensée lui arracha un sourire, et elle leva les yeux vers son visage. Il venait de se retourner, après avoir refermé la porte en silence. Leurs regards se croisèrent alors qu’elle ouvrait la bouche, voulant parler mais ne sachant pas quoi dire. Elle n’eut pas à s’en soucier. Elle y vit un désir au moins égal au sien, mais aussi une étincelle de crainte, de retenue, qui la surprit chez cet homme habituellement si sûr de lui. Il y eut quelques secondes où le temps fut suspendu, puis il tendit la main et vint caresser sa joue, s’attardant sur la ligne de son menton. Irrésistiblement, leurs lèvres se rapprochèrent, et au moment où elles se rejoignirent, ce fut comme si les digues d’un barrage avaient cédé.
Sans retenue, elle jeta ses bras autour du cou de l’homme qu’elle avait tant désiré, projetant son corps contre le sien. Ses doigts s’enfoncèrent dans ses cheveux, serrant plus intimement sa bouche contre la sienne. Ses mains à lui vinrent se plaquer contre son dos, l’étreignant avec force et passion. Leur baiser dura longtemps, temps pendant lequel leurs mains continuèrent leurs découvertes respectives. Elle explora les lignes de son dos, caressant chaque muscle de ses mains douces. Il parcourut ses courbes, dessinant les arrondis de ses hanches, de sa taille, de sa poitrine. De leurs gestes exploratoires, ils passèrent petit à petit sous les couches de tissu qui les couvraient encore, et le contact de leurs peaux fit monter leur excitation d’un cran.
Leurs bouches se séparèrent, un instant, le temps pour leurs yeux de se rencontrer à nouveau. Ils ne montraient plus aucune crainte, plus aucun doute, seulement la flamme ardente d’un désir qui ne demandait qu’à être consumé. Sans la quitter des yeux, il la prit délicatement dans ses bras, la menant jusque sur le lit, non loin de là. Tout en le regardant, elle en profita pour déboutonner sa chemise, et défaire son pantalon. Une fois étendue sur les draps, elle entreprit de lui ôter ses vêtements alors qu’il remontait une main délicate depuis sa cheville jusqu’en haut de sa cuisse, soulevant sa robe par la même occasion. Puis, comme si le calme et la douceur avait trop durés, elle passa le bras derrière son cou et le plaqua contre elle, et l’embrassa langoureusement en lui mordillant les lèvres. La réponse ne se fit pas attendre, et il glissa ses mains le long de son corps, le dévoilant au fur et à mesure que la robe remontait. Leurs bouches se séparèrent le temps de laisser passer le vêtement, mais se retrouvèrent très vite. Totalement dévêtus, enlacés sur le lit, ils laissèrent libre cours à leurs envies si longtemps réfrénées et ce n’est que tard dans la nuit qu’ils s’assoupirent, l’un contre l’autre, épuisés mais heureux, flottants dans une bulle de félicité.
Elle se réveilla en sursaut, et un coup d’œil par la fenêtre lui apprit que la nuit était bien avancée. La lune était basse dans le ciel, et inondait la chambre de sa lumière pâle. La jeune femme se mit assise contre la tête du lit, les bras autour des genoux. Son regard se posa sur l’homme à ses côtés, et elle sourit doucement. Elle savait que rien au monde ne lui ferait regretter cette nuit, même si le spectre des conséquences se faisait de plus en plus tangible. Là, maintenant, elle se disait qu’elle devait le réveiller, pour qu’il ait le temps de partir rejoindre ses appartements sans que personne ne puisse soupçonner qu’il avait passé la nuit avec elle, mais son sommeil serein l’en empêchait. Elle qui aurait parié qu’il aurait profité de son assoupissement pour partir sans bruit, elle était agréablement surprise de s’être trompée. D’un geste tendre, elle écarta une mèche de cheveux de son front, ce qui le fit frémir.
Elle soupira. Les choses allaient être plus compliquées maintenant. Elle ne savait même pas ce qu’elle souhaitait réellement. Était-ce seulement l’assouvissement d’un désir ? La connivence de deux adultes enclins à passer du bon temps ensemble ? Y avait-il quelque chose de plus concret entre eux ? Désirait-elle aller plus loin ? Ce n’était pour le moment pas envisageable, pas dans leur situation professionnelle actuelle. Pour le moment, pour le reste du monde, rien ne s’était passé cette nuit et personne ne devait en douter. Elle hésita à le réveiller, pour lui demander son avis sur la question, mais se ravisa. Ce n’était peut-être pas le plus sage, ou le plus avisé, mais elle ferait comme ils avaient toujours fait, s’observer et agir quand ils atteignaient un point de rupture.
Elle jeta un dernier regard à la fenêtre. La lune avait plongé vers l’horizon. D’un geste doux, elle réveilla son amant.
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Et le lien vers mon autre texte : Remplir le Vide
Chompir:
Je viens de lire ton texte @Doutchboune et c'est un très beau texte, s'il y a un contexte, comme tu dis, sans l'avoir, on le lit tout aussi bien. En tout cas c'est une belle histoire entre ces deux amants et on peut s'amuser à deviner la situation de chacun. L'une une noble, et l'autre, surement un servant ?
Je prendrai le temps de lire ton deuxième texte et je viendrai en privé te dire ce que j'en aurai pensé. ;D
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