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|Dans le Maelström de Krystal| - Quelqu'un a dit Yaoi ?
Duplucky:
Ca ira :^^': Enfin ceci dit, j'ai oublié de le mentionner mais tu écris vachement bien, avec un style agréable à lire, on dira juste que ce n'est pas le type de lecture que j'affectionne. v.v
Krystal:
L'inspiration ne m'a pas quittée, je suis toujours de la partie !
Plus sérieusement, voici le texte que j'aurais écris pour la première manche de mon concours. Je rappelle que le thème était "Orage" et qu'il était censé être zeldaesque. J'ai également incorporé les mots qu'ils fallait introduire. Bah oui, sinon ce ne serait pas du jeu. Voilà, si des ex-jurés veulent s'amuser à le noter, y a aucun problème. Les critiques sont toujours bonnes à prendre.
Bonne lecture !
Orage
Il avait toujours détesté ça. Du plus loin qu’il s’en souvienne, l’orage éclatait constamment quand il se passait quelque chose de grave.
Il y en avait eu un quand ses parents périrent. Il avait plu quand le Vénérable Mojo était mort, quand le château d’Hyrule était tombé. Le tonnerre grondait à chaque fois qu’il approchait de la forteresse de Ganondorf, quelques minutes avant que la Lune ne chute sur Bourg-Clocher. Une tempête faisait rage alors qu’il parcourait le palais de long en large pour empêcher ce sorcier de tuer la princesse, lors de son combat contre ce géant de fer et cette femme manipulatrice. A chacun de ses souvenirs, d’un ennemi à affronter, que ce fût dans cette époque ou non, issu d’un souvenir d’une de ses vies passées. A chaque fois, un orage avait eu lieu, et aujourd’hui ne faisait pas exception.
Link appréhendai sa prochaine escapade. Zelda l’avait fait appeler auprès d’elle urgemment, envoyant un coursier porter au Héros du Temps un courrier assez inquiétant au fin fond de la forêt. Il devrait partir dans l’heure, mais le temps exécrable commençait petit à petit à avoir raison de lui. Sortir avec une météo comme celle-ci ? C’était du suicide. Mais le choix n’était pas à sa portée, il devait y aller, coûte que coûte. Il n’était pas un héros pour rien.
Le jeune homme agrafa son épaisse cape sombre et enfila ses bottes en cuir. Il y fourra son pantalon en toile et attrapa son épée qu’il mit à sa ceinture. Enfin paré, le blond s’éteignit la bougie qui brûlait dans un coin, apportant un semblant de lumière, et sortit, affrontant la pluie.
Les quelques marches qu’il dût descendre dehors étaient glissantes, inondées, ruisselantes comme de véritables cascades. Il eut le plus grand mal d’atteindre l’écurie, située pourtant juste à côté de sa modeste demeure, sous la pluie battante, pataugeant dans la boue. S’engouffrant sous cet abri avec soulagement, il alla immédiatement seller Epona qui s’agitait. L’eau s’infiltrait déjà dans ses vêtements, coulant le long de sa colonne vertébrale. Ce contact lui arracha un frisson, et encore, il n’était toujours pas parti. Il évita de justesse un coup de queue en s’accroupissant et se remit debout en soupirant et en finissant correctement l’harnachement.
- Je suis désolé, ma belle, lui murmura-t-il, mais nous n’avons pas le choix, il va falloir sortir.
Un hennissement mécontent s’éleva dans le box, et la jument tapa avec force ses sabots au sol pour accentuer le tout, ce qui fit rire faiblement Link. Lui non plus n’était pas ravi.
Enfourchant enfin sa monture, il lança cette dernière au galop, quittant les lieux secs pour s’aventurer sous la pluie torrentielle. Les gouttes lui fouettaient le visage et l’empêchaient d’ouvrir les yeux correctement. Le cavalier rabattit sa capuche pour se protéger du mieux qu’il pouvait, mesure vaine tant l’ampleur de l’averse était forte. Il ne pouvait même pas lever la tête. Jurant un coup, il poussa sa jument, s’enfonçant dans l’obscurité grandissante. Le cheval connaissait le chemin pour sortir de la forêt par cœur, évitant les arbres, sautant au dessus des troncs couchés, des souches mortes. Les branches les protégeaient de la pluie, mais ils savaient pertinemment que c’était provisoire. Bientôt, ils débouchèrent dans la plaine d’Hyrule.
Tout était sombre. On avait beau être en plein milieu de l’après-midi, on s’attendait presque à voir la Lune en levant la tête tellement la lumière manquait à l’appel. Les nuages opaques étaient teintés de noir, la plaine qui s’étendait devant se mouvait en une masse colorée à l’encre de chine, la pluie redoublait d’intensité, poussée par un vent violent et changeant. Un éclair déchira le ciel et s’abattit au loin, un grondement sourd s’élevant à sa suite, les bourrasques sifflant aux oreilles de l’Hylien de sombres prédictions. Une telle situation aurait effrayé n’importe qui, mais l’elfe n’était pas n’importe qui. Le héros faisait galoper sa jument à vive allure, ignorant les flasques d’eau qui parsemaient le sol et le danger qu’elles représentaient, surtout s’ils venaient à glisser. Il voulait arriver le plus vite possible à la citadelle pour se mettre à l’abri, il était déjà trempé jusqu’aux os et il sentait le froid s’insinuer lentement en lui, le faisant frissonner. Seuls les éclairs lui permettaient de voir où il se dirigeait, et il avait un mauvais pressentiment. L’orage. Ce n’était sûrement rien, des orages éclataient fréquemment, alors il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Mais pourquoi était-il donc si tendu, bon sang ? Ce n’était pas une averse qui allait l’effrayer. Inspirant un grand coup, il fit encore accélérer Epona, pressé d’arriver, légèrement soulagé. Mais ce fut de courte durée. Du coin de l’œil, quelque chose attira son attention. Affrontant la pluie, il leva la tête et chercha des yeux ce qui avait bien put le faire tilter, au point que son inquiétude grandisse d’un seul coup. Alors qu’un énième éclair fendait les cieux, il arrêta brusquement sa monture. Une ombre blanche se mouvait dans le ciel, gracieuse, perdue entre ces nuages sombres, très menaçants à côté de cette subite apparition.
Link mit quelques minutes à reconnaître Vaati, ce sorcier manipulant le vent qu’il avait vaincu par le passé. Il fut sidéré de le revoir après tant d’années, vivant qui plus est. Il était pourtant persuadé de l’avoir tué lors de leur confrontation. Il se demanda quelques instants si ce qu’il voyait n’était pas un tour de son imagination, ou un quelconque esprit venu le hanter. Mais après mûre réflexion, et une bonne observation, le sujet semblait être constitué de chair et d’os et semblait bien vivant. A des centaines de mètres du sol. Qu’est-ce qu’il faisait là-haut ?
L’évidence vint tout de suite. Un éclair chuta brusquement au sol, à une dizaine de mètres à peine du cavalier. Epona se cambra soudain, et le héros dut s’agripper à la bride pour ne pas tomber en arrière. Le bruit fut impressionnant, assourdissant, le héros en fut sourd quelques instants. L’herbe que la déflagration avait touché brûlait, noircie, et de la fumée s’y élevait. Ce n’était pas passé loin en tout cas.
Les intentions du démon étaient claires : une nouvelle attaque. Le mauvais pressentiment qu’avait Link était fondé. Vaati l’attaquait, il était venu prendre sa revanche après autant d’années.
Un deuxième éclair s’écrasa plus loin. Ni une ni deux, le cavalier sauta au sol et fouilla dans les fontes accrochées à la selle de sa jument, lesquelles renfermaient de nombreux objets qui pourraient lui servir. Il en ressortit une paire de botte qu’il avait acquise lors d’une de ses aventures, et qui lui permettait de rester en lévitation. S’asseyant dans la boue, il les chaussa rapidement et se releva d’un bond. Il rangea l’autre paire, au sec, empoigna la garde de son épée et, alors qu’un énième éclair zébrait le ciel, il sauta.
Le pouvoir des bottes le propulsa très haut, plus haut qu’il ne l’aurait espéré. L’élan passé, alors qu’il retombait, il sauta de nouveau, encore et encore jusqu’à atteindre les nuages. L’air s’était sensiblement rafraichit, et les rafales de vent étaient plus brutales. Le jeune homme plissa les yeux afin de mieux voir, sa capuche avait depuis longtemps quitté sa tête, ses mèches dégoulinantes collées à son visage. Il les retira d’un coup de manche et se mit à la recherche du démon en traversant le tapis cotonneux. Ses enjambées étaient longues, et après quelques minutes, ses recherches infructueuses. Il l’avait bien vu, pourtant ! Ayant brusquement un doute, l’épéiste se remit en question : et si ça n’avait vraiment été qu’un mirage ? Il secoua la tête. Non, il l’avait vu, il était là. Il évita de justesse plusieurs éclairs, leur bruit assourdissant lui vrillant les tympans, ce qui confirma la présence de son ennemi. Il était tout près, il le sentait. Plus confiant, il fit quelques foulées supplémentaires.
Il repéra enfin Vaati. Entre la pluie et le brouillard, le sorcier était comparable à un feu follet blanc et bleu. Il passait de nuages en nuages, tranquillement, courant au dessus comme si c’était le sol même, réalisant quelques pirouettes entre. Il devait être en train de le chercher. Le héros eu un peu de mal à le rattraper sans se faire voir. Arrivant enfin au dessus de lui, il dégaina son épée et fonça sur lui en hurlant. Le mage tourna la tête, attiré par le hurlement.
C’est là que Link réalisa son erreur.
Le regard enjoué et empli d’allégresse du mage céda soudain à la surprise et à la panique. Il ne l’attaquait pas, bien au contraire.
Aussi vite qu’il le put, le blond fit dévier sa lame sur le côté, afin de ne pas toucher le démon qui se retournait intégralement. Ils se heurtèrent violemment et chutèrent ensemble, bras et jambes emmêlées. L’Hylien fut vivement repoussé, tournant sur lui-même en lâchant un nouveau cri.
Les pieds en l’air, les bottes ne faisant plus effet, Link chuta. Près de lui, il entendit le démon hurler et il entr’aperçu ses cheveux couleur argent s’agiter au vent. Les nuages qu’il traversa en tombant étaient glaciaux, ils accentuèrent la sensation de froid que le héros sentait déjà, avec ses vêtements dégoulinants. Il en avait la chair de poule.
Le sol se rapprochait dangereusement. Trop vite. Enfin, il l’admettait. Le vent le ballottait avec force, si bien qu’il ne savait plus où était le haut du bas et la gauche de la droite. Il sentait son dernier repas remonter lentement et un début de migraine lui prendre les tempes, à tourner comme ça. Ce furent sans nul doute les secondes les plus longues de sa vie, il ignorait quand cela se finirait et s’il allait s’en sortir en vie. Il percuta finalement quelque chose avant qu’un choc plus brusque se fasse sentir.
Il avait mal partout, sa chute avait néanmoins été moins douloureuse que prévue, et surtout sa collision avec le sol. L’Hylien s’agita un peu, secouant ses membres endoloris, avant de se rendre compte qu’il avait atterri sur quelque chose, ou plutôt sur quelqu’un. En dessous de lui, le Mage des Vents reprenait peu à peu conscience. Il avait sûrement dû amortir leur chute avec un quelconque maléfice, enfin, surtout la sienne. Comme électrisé, le héros bondit sur ses deux jambes qui cédèrent sous son poids, et ce fut à quatre pattes qu’il s’éloigna du démon. Ce dernier, dans un grognement, se mit difficilement assis et massa le haut de son crâne en grimaçant. Il releva ensuite la tête, et son regard rougeoyant croisa celui abyssal de son vis-à-vis.
- Toi ! rugit-il.
Link se sentit gêné. Certes, Vaati était l’un de ses ennemis, un ennemi puissant qu’il avait dû affronter autrefois, mais même en sachant cela, le blond se sentait coupable de l’avoir dérangé. Surtout qu’il semblait… s’amuser. Ce concept était assez étrange, surtout chez un démon. Ce dernier se releva, tituba quelques instants avant de reprendre son équilibre, et se dirigea à grand pas vers l’épéiste, qui put le détailler. Depuis leur dernier rencontre, le Mage avait bien changé : il avait troqué ses traits juvéniles contre un visage plus mature, son bonnet violet et sa monture d’or avait disparu, laissant sa tête nu et ses cheveux argentés flottaient autour de lui, comme une barrière infranchissable. Sa cicatrice en forme de croix était toujours présente sous son œil gauche, noire ressortant parfaitement sur sa peau albâtre et son regard carmin et perçant le déstabilisait. De grand changement en somme.
Rapidement, le héros se mit debout tandis que l’individu s’arrêtait devant lui, à moins de quelques centimètres. Il craignait une attaque.
- Je peux savoir ce qu’il t’est passé par la tête ? explosa le sorcier. Attaquer les gens par surprise et sans raison, surtout par l’arrière, ça ne se fait pas !
Link trouva qu’il était vraiment mal placé pour dire ça. Néanmoins, il préféra ne pas relever et garda ses réflexions pour lui, c’était vraiment pas le moment de provoquer son interlocuteur déjà bien en rogne.
- Tu… ne m’attaquais pas ?
- Je ne savais même pas que tu passais en dessous, et je ne contrôle pas la trajectoire des éclairs qui tombent. Et j’avais d’autre chose à faire que de t’attaquer, bon sang !
- Je ne savais pas, je suis désolé… un éclair est tombé près de moi, j’ai cru que…
- Quoi ? Tu as cru que je t’attaquais et tu as cru judicieux de me poursuivre jusque dans les cieux pour me combattre ?
- C’est ça, en effet, mais avec cet éclair qui est tombé tout près…
- Tss, même le hasard a loupé son coup. C’est un comble quand même.
Il fit un pas en arrière et agita une de ses mains d’un geste désinvolte.
- Je suis désolé, sincèrement.
- Tiens, un héros qui s’excuse, ce n’est pas banal.
On sentait clairement l’ironie dans sa voix, et aussi la colère froide qui le submergeait. Le dit héros ne savait pas quoi dire, de toute sa vie – et même des précédentes, tiens – il ne s’était jamais retrouvé dans une telle situation. Il avait toujours affronté ses ennemis, il les avait blessés, vaincus, mais jamais il n’avait eu à s’excuser devant l’un d’entre eux, c’était une grande première pour lui. Comme quoi, tout arrivait.
La pluie s’était presque arrêtée. Étonné, le jeune homme leva la tête et constata que le ciel était un peu plus dégagé et il faisait moins sombre.
- Il ne pleut plus, murmura-t-il interloqué.
- Ne te réjouis pas trop vite, ce n’est qu’une accalmie.
Link se tourna vers le sorcier, qui massait son crâne en grognant. Il put d’ailleurs remarquer que sa main était couverte de sang, et quelques de ses mèches étaient rouges. Ce qui ne fit qu’accentuer le sentiment de culpabilité qu’éprouvait le blond : le démon s’était blessé, et c’était sa faute. Il voulait faire quelque chose, mais il ne savait pas quoi, il ne savait pas comment réagir avec Vaati. Il ne l’avait connu qu’à ses heures sombres, quand il avait voulu tuer la princesse après avoir transformé le château complet en statue de pierre.
Le Mage le fusilla du regard quand il s’aperçut que le héros le fixait. Rapidement, il chercha quelque chose à dire afin d’évacuer ce silence gêné.
- Comment sais-tu que ce n’est une accalmie ?
Il avait connu des débuts de conversation meilleurs… Là, il avait la nette impression de s’enfoncer.
Tout d’abord désarçonné par cette question, enfin c’est ce qu’il semblait, le Minish se ressaisit et se redressa en affichant un air contrit.
- Nous sommes dans l’œil de la tempête. Je l’ai amené par ici quand tu m’as sauté dessus, afin d’essayer d’avoir le moins de rafales possible.
- Amené… Mais attends... C’est toi qui provoque cet orage ?
- En partie. Perspicace, le héros !
Il en resta pantois. Le Mage était-il à l’origine de tous les orages qui éclataient ?
- Mais, pourquoi fais-tu ça ? ne put s’empêcher d’interroger l’elfe par curiosité. Quel intérêt peut apporter un orage ?
Son interlocuteur haussa un sourcil.
- Tu insinues que les orages, ou même de quelconques averses, sont inutiles…
- En effet.
La pluie ne plaisait à personne. Quand il pleuvait, les enfants ne pouvaient pas jouer dehors, et le sol devenait boueux et impraticable à certains endroits. Ce n’était pas pratique quand on courrait dans tout Hyrule.
- Et tu es sérieux ? s’insurgea le démon. Sans la pluie, je ne donne pas cher de votre peau à vous, les elfes.
- Je ne comprends pas…
- Eh bien ! La déesse t’a certes doté de courage, mais l’intelligence a été oubliée quelque part.
Malgré les efforts qu’il faisait pour démêler le tout, Link n’arrivait pas à voir où le démon voulait en venir.
- Pourquoi faire tomber la pluie ? demanda-t-il.
Vaati soupira longuement, se massant les tempes.
- Et pourquoi le soleil brille, dans ce cas ? La pluie est indispensable à la vie, abruti.
Le héros fronça les sourcils, vexé d’être appelé ainsi. Mais rien n’égalait le sourire ravi qu’avait affiché son vis-à-vis après avoir prononcé ce mot blasphématoire.
- Indispensable ?
- Bien sûr ! S’il n’y avait pas de pluie, les lacs seraient-ils toujours aussi haut ? Les rivières couleraient-elles encore ? Et les champs, vos fruits et légumes, ceux qui sont vendus tous les jours au marché d’Hyrule, cet immonde rassemblement sur la place, comment crois-tu qu’ils poussent ? Par magie, peut-être ? Non, il faut de l’eau. Puiser dans les rivières ne suffit pas, vous les assécheriez avec le temps. Et les sécheresses, pourquoi y en a-t-il à ton avis ? Pourquoi vos pauvres paysans guettent-ils les nuages avec autant d’intérêt ? Parce que les nuages renferment la pluie, celle qui nourrit vos terres et qui renfloue vos lacs et rivières, parce qu’elle apporte l’eau indispensable à votre survie. Sans la pluie, vous ne seriez rien. Aie au moins la décence de retenir ces quelques mots, héros.
Ils restèrent silencieux quelques secondes, les dernières paroles du Minish restant en suspend.
- Et les orages, les éclairs, est-ce aussi indispensables à notre survie ?
- Non, mais c’est amusant. J’aime provoquer les orages et les balader partout dans Hyrule.
- Cela m’étonne de toi, avoua le blond. Tu es un démon, nous aider, ça me semble étrange.
- Qui a dit que je vous aidais ? cracha brusquement le mage. Je provoque ces orages uniquement par plaisir, votre bien-être m’importe peu. Vous pouvez mourir d’une épidémie ou d’une famine, cela ne m’intéressera pas. La seule mort que je souhaite n’est d’autre que la tienne.
Une lueur dangereuse se mit à brûler au fin fond de ses prunelles grenat, ce qui fit reculer l’épéiste d’un pas. Il reprit néanmoins courage et affronta son regard acéré, se préparant à une attaque imminente. Mais il n’en fut rien. Agacé, Vaati émit seulement un claquement de langue mécontent.
Un hennissement retentit au loin. Link tourna la tête, et vit Epona galoper vers lui, heureuse. Elle fit un écart monstrueux, pour éviter l’être maléfique qui la dardait un regard meurtrier, et rejoignit le cavalier. Elle tapota son épaule avec sa tête, et son compagnon lui caressa l’encolure. Il se tourna ensuite vers le démon… qui s’éloignait déjà.
- Vaati !
Ce dernier s’arrêta et daigna se retourner vers lui. Le jeune homme le rejoignit en quelques enjambées, entraînant son cheval à sa suite. Il laissa néanmoins une distance de sécurité entre eux, au cas où. Il n’était jamais trop prudent. Au loin, un bruit tonitruant se fit entendre.
- Tu t’en vas déjà ? demanda-t-il.
Cette question dut choquer le sorcier puisque son expression froide laissa place à une surprise sincère, yeux légèrement écarquillés. Il y eut un blanc de quelques instants, durant lequel ils se dévisagèrent, avant que Vaati n’éclate de rire. Il riait tellement qu’il en pleurait presque, se tenant les côtes et presque plié en deux. Pourtant, son vis-à-vis n’avait pas eu l’impression d’avoir dit quelque chose d’aussi drôle.
Le démon réussit à se clamer après un long moment à se moquer de l’elfe.
- Tu croyais peut-être qu’on allait discuter toute l’après-midi en plein milieu de la plaine ?
Il rit de nouveau. L’épéiste en fut stupéfié, de le voir rire ainsi, il le découvrait sous un nouveau jour qu’il n’aurait jamais cru voir. Décidément, cette journée était pleine de surprises. Entre temps, il se remit à pleuvoir.
- L’orage revient, et je n’ai pas l’intention de rester sur la terre ferme. Et je ne me vois pas discuter avec celui qui a détruit ma vie.
Vaati s’était arrêté de rire en prononçant ces derniers mots. L’expression enjouée qu’il affichait quand il riait s’était évanouie. Il n’était même pas en colère, pas une seule once de rancune ne se sentait en lui, il semblait juste abattu, rien de plus.
- Je m’excuse encore de t’avoir coupé dans tes occupations. Et je ne t’attaquerais plus quand je te verrais dans le ciel, promit Link.
- C’est préférable, je serais moins clément la prochaine fois.
- J’en prends bonne note.
Le mage se mit soudain à flotter, décollant du sol et s’élevant petit à petit tandis que les nuages recommençaient à virer au noir.
- A la revoyure, héros.
Il s’évapora soudain, disparaissant dans le ciel alors que les éclairs se mettaient à gronder une nouvelle fois. La pluie torrentielle revint elle aussi, mais le blond ne bougea pas. Il était déjà trempé, de toute façon.
Il laissa l’eau lui couler sur le visage, lui fouetter les joues, le vent s’engouffrer dans ses vêtements et lui arracher de nouveaux frissons. L’orage était revenu, mais il n’en avait cure. Il n’avait plus ce pressentiment, ce malaise qui l’avait saisi lors de son départ. Il voyait l’orage autrement, maintenant. Il ne voyait plus les éclairs, ni la pluie, il ne voyait plus cet événement comme une malédiction, mais comme une bénédiction. Mine de rien, Vaati lui avait ouvert les yeux. Malgré son état de démon, il lui avait montré quelque chose qu’il ignorait, et il avait fait preuve d’une sagesse insoupçonnée, malgré la rudesse de ses propos. Jamais Link n’oublierait les quelques paroles échangées avec cet interlocuteur inattendu. C’était une belle leçon.
Finalement, il enfourcha sa jument et la lança au galop, terminant son chemin. Les remparts de la citadelle furent en vue après une trentaine de minutes de chevauchée, se dressant fièrement droit devant lui. Le pont levis qui le séparait de sa destination s’abaissa à son approche, ce qui fit sourire le cavalier. Evidemment, il était attendu.
La citadelle était déserte. La place d’habitude bondée en cette heure de l’après-midi était sombre, sans aucune âme qui vive. Les échoppes étaient fermées, barricadée au possible pour éviter les éventuels dégâts. La fontaine débordait : l’eau cascadait le long des bords et transformait le sol en une véritable mare. Les plantes étaient bizarrement courbées, sous le poids de la pluie et la force du vent, et seuls quelques fuseaux de lumière indiquaient que les habitants étaient encore là, cachés dans leur habitation bien au chaud et au sec. Les pavés étaient glissants, aussi, le héros fit plus attention et guida sa monture au trot dans les ruelles et sur le chemin qui le menait au château. Il avait bien eu du mal d’arriver jusqu’ici, il ne fallait pas qu’ils tombent maintenant.
Ils arrivèrent enfin à la grille qui fermait l’accès au domaine privé de la famille royale, flanqué d’une poignée de malheureux chargés de surveiller les allées et venues, maugréant contre le temps. Le blond arriva à leur hauteur, et il se présenta, montrant avec peine le courrier qu’on lui avait adressé. Les gardes le laissèrent passer sans aucun problème, ils avaient même pris l’habitude de s’incliner sur son passage. Link n’aimait pas ça, il voulait être considéré come une personne normale, essayant de se persuader que sa vie n’était pas faite que de monstres ou de temples. Mais tous les honneurs qu’on lui accordait ne cessaient de lui rappeler quelle vie il avait mené et qu’il devrait sans doute rejoindre un jour ou l’autre. Chassant de sa tête ses mauvaises pensées, il avança et, arrivé dans la cour, confia Epona à un quelconque valet venu l’accueillir. Un deuxième le conduisit dans le château, auprès de la Princesse Zelda. Cette dernière, debout auprès de son trône, discutait vivement avec un émissaire Zora. Sa voix était pressante.
- Je n’ignore pas dans quelle situation vous vous trouvez et je plussoie le roi Zora en ce qui concerne les directives qu’il a pris. Nous vous aiderons, ne vous inquiétez pas. Retournez au domaine et portez mon message à votre souverain, nous ferons aussi vite que nous pourrons.
L’amphibien s’inclina avant de disparaître. La jeune femme soupira et, apercevant du moyen du coin de l’œil, se tourna vers le nouvel arrivé qu’elle s’empressa de rejoindre, soulagée.
- Link ! s’exclama-t-elle horrifiée. Mais tu es couvert de boue ! Que t’est-il arrivé ?
- Un petit accident de parcours, répondit-il. Mais ça n’a pas d’importance, qu’est-ce qu’il se passe ?
Elle le regarda encore quelques instants avant de secouer la tête, adoptant un air grave.
- Les monstres sont revenus, ils ont envahis le domaine Hylia et ont tenté de se l’accaparer. Les Zoras ont eu beaucoup de mal à se défendre, mais ils ont finalement réussi. Le problème est que nous ignorons qui a commandité cette attaque. Cela m’inquiète, et je crains qu’Hyrule soit de nouveau menacée.
- Je m’en charge.
L’elfe hocha la tête et fit volte-face afin de repartir.
- Link, attends ! appela la princesse en le rattrapant. Tu as vu l’orage qu’il y a dehors ? C’est de la folie de ressortir par ce temps. Tu as déjà affronté la tempête pour venir ici, regarde dans quel état tu es. Tu peux très bien attendre quelques heures ici si tu le souhaite. Il y a des vêtements secs qui te sont destinés.
- Ne t’inquiète pas, Zelda, répondit Link en s’arrêtant et en affichant un grand sourire. Ce n’est pas un simple orage qui va venir à bout de moi. Et puis, on dit que la pluie apporte beaucoup.
Le héros afficha un grand sourire, ce qui étonna son interlocutrice. Elle finit par sourire à son tour, et se mit en chemin avec son chevalier en direction des écuries, afin qu’il reparte accomplir son devoir malgré le temps. Mais après tout, ce n’était que de la pluie.
Dehors, l’on aurait cru entendre des éclats de rire provenir des nuages.
En espérant que vous ayez aimé. A la prochaine !
Krystal:
Bon, c'en est trop ! Longtemps que je n'ai pas posté ici, il est temps que ça change.
Je vais commencer par poster le texte que j'ai écris pour les Concours Croisés, celui de la deuxième manche dont on a jamais eu les résultats. Comme je viens de le retrouver dans mes fichiers, bah, autant le faire partager.
/!\ Ce texte comporte un personnage très récurrent dans mes écrits. Ne pas blâmer Vaati d'être encore le centre de ce texte. /!\
Tempête
Il adorait les tempêtes.
Non pas parce qu’il pleuvait, non pas parce que les éclairs choisissaient ce moment pour déchirer le ciel, mais parce que le vent qui soufflait dépassait ses propres limites. Difficile de ne pas s’émerveiller quand on voyait ces violentes bourrasques se heurter aux vitres qui tremblaient dangereusement, on avait l’impression que les murs bougeaient tellement la puissance de l’élémentaire était colossale. Une force invisible, mais redoutable, une arme absolue capable de se glisser n’importe où sans qu’on ne la remarque. Nombreux étaient ces petits courants d’airs frais qui s’infiltraient chez nous par un minuscule trou invisible à l’œil nu et qui venaient nous chatouiller la nuque afin de nous faire frissonner. Personne n’était capable d’arrêter cette force de la nature, personne n’y était jamais arrivé. Mais ce n’était pas pour cela que l’on ne pouvait pas la dompter.
Vaati scrutait l’extérieur avec intérêt. Cela faisait longtemps qu’il attendait une tempête de cette envergure, et depuis qu’il avait vu ces imposants nuages noirs venir vers lui il y a quelques jours, il ne tenait plus en place. D’où il était, il avait déjà senti le vent se lever, les branches des arbres s’agiter soudainement et l’air devenir plus lourd que d’ordinaire. Déjà, il savait que cette tempête serait grandiose.
Le vent souffle, infatigable, créant son chemin entre les nuages.
Cloitré dans sa demeure depuis sa cuisante défaite contre Link, il passait ses journées à lire ou à faire toute autre activité toutes plus insignifiantes les unes que les autres. Il s’ennuyait ferme, et rien qu’à la pensée de l’arrivée de cet orage, il avait l’impression que le temps ralentissait de plus en plus, le narguait. Mais elle était enfin là.
Leelas se posa sur l’épaule du démon. Une petite chauve-souris au corps arrondi et aux ailes pointues, n’ayant qu’un seul et unique œil grenat. Un être issu du mage après une expérience ayant mal tournée. La petite bête se nicha dans le cou de son Maître et émit une sorte de râle, montrant ainsi son contentement.
Un éclair fendit les cieux, le tonnerre fit trembler les murs et le flash éblouit le jeune homme. Leelas sauta de l’épaule du démon et voleta en tournant dans la pièce. Souriant, Vaati se leva, empoigna son chandelier et, lentement, sortit de la pièce.
Il ne sait pas où il est, mais il sait où il va.
Il descendit les escaliers qui le menaient à son hall et, délicatement, posa son candélabre sur l’un des rares meubles de la maison. Lentement, il revêtit sa cape violacée et mit son cher bonnet qu’il positionna correctement dans le miroir brisé qui lui faisait face. Enfin habillé, il caressa sa petite création avant de souffler les bougies, plongeant la pièce dans l’obscurité, seuls les éclairs apportant un semblant de lumière.
La créature tournoya autour de son Maître avant d’aller se poser sur le rebord d’une fenêtre plus loin, s’installant confortablement dans le repli d’une veste laissée à l’abandon. Elle ne sortira pas.
Choisissant son moment, il tombe soudain.
Vaati ouvrit l’entrée et s’engouffra dehors avec empressement, la porte claquant derrière lui. Il n’eut qu’à faire quelques pas à l’extérieur pour se trouver au cœur de cet événement météorologique et en ressentir toute sa puissance. Il s’arrêta, savourant la sensation de ses cheveux s’envolant au gré du vent, et sauta, tout simplement. Une violente bourrasque souffla précisément à ce moment, emportant le jeune démon avec elle. Elle le précipita dans le vide.
Chutant vers les abîmes, il n’a pour sentiment que l’allégresse.
Loin de s’en soucier, le mage ferma les yeux afin de percevoir ce merveilleux sentiment que lui procurait sa chute libre. Il fendait le vent en deux, ce dernier s’infiltrant dans sa tunique et son bonnet, et le faisait frissonner d’un plaisir insoupçonné. Il se remit d’un coup debout, fixant le fond du gouffre qui se rapprochait dangereusement.
Il remonte brusquement, et tourne.
A quelques centimètres du sol, il utilisa sa magie pour se propulser vers le haut. Il gravit la montagne sur laquelle il habitait aussi vite qu’il en était descendu, et vint se poser sur un nuage qu’il traversa. Il se remit à chuter, mais ne s’en soucia pas, préférant croiser les bras derrière la tête et se laisser aller. Il fit en sorte d’atterrir couché sur un deuxième nuage qu’il ne traversa pas, et de se laisser doucement emporter. Après quelques minutes, le nuage se dissocia et il tomba. Encore.
En pleine chute, Vaati se mit à tourner sur lui-même, créant autour de lui un tourbillon qui grossit de plus en plus. Il se mit brusquement à pleuvoir, les nuages et les éclairs se concentrèrent dans la tornade du démon, plus puissante à chaque seconde qui passait. Elle éclata finalement à une centaine de mètres du sol, au pied d’une image colline parsemée d’arbres, et le mage en sortit en riant.
Puis, il se mit à danser.
Au milieu de ce chaos, la valse débuta.
Pas à pas, le démon gravit la colline, tournoyant sur lui-même, ses pieds tapant le vide qui le projetait encore plus haut. Le vent allait et venait dans ses vêtements et le portait vers le haut, toujours vers le haut, encore plus haut. Sa cape enroulait autour de lui avant de se dérouler aussi sec. Ses bras bougeaient dans le sens des bourrasques, ses jambes l’emmenaient là où l’élémentaire se dirigeait, et ce sans qu’il ne regarde.
Il avait une entière confiance.
Les arbres se rapprochèrent, et Vaati zigzagua entre eux avec grâce, se posant enfin sur la terre ferme dont il soulevait des nuages de poussière tellement il tapait avec force.
Entre les arbres, les feuilles virevoltant.
Les parterres des feuilles mortes se soulevèrent et s’envolèrent, alors que le mage sauta et repartait dans les airs. Il prit appui sur les branches d’arbres et se projeta vers les nuages une nouvelle fois. Il était trempé, l’eau dégoulinait de ses vêtements et coulait le long de sa peau, ses cheveux restaient collés à son visage et il se sentait plus lourd de qu’habitude. Mais il s’en fichait.
Le sang frappait ses tempes et lui donnait un rythme, la pluie formait un bruit de fond et les éclairs finissaient le tout. Cette tempête aurait pu en effrayer beaucoup, mais pour lui, c’était son moment.
Il recommença à tourbillonner avant de toute faire éclater. Quelques acrobaties achevèrent son ballet .
Il danse au son de ce silence qui reste sa seule musique.
Il se posa lentement sur la cime de l’arbre le plus haut d’entre tous et ouvrit les bras en grand.
La masse cotonneuse et noire se fissura d’un coup et laissa passer un unique rayon de soleil qui éclaira le démon. Ce dernier lâcha échapper un dernier rire avant de fermer les yeux tandis que la pluie s’atténuait. Ce moment de liberté n’avait duré que peu de temps, mais bien assez. Il avait oublié sa défaite l’espace de quelque temps, il avait oublié sa miséricorde qui lui reviendrait pourtant en pleine figure d’ici peu, mais il s’en fichait.
Il était heureux.
Je vais essayer de ne pas mettre plus de 120 jours pour pondre quelque chose ici la prochaine fois !
Trictus McNatret:
Aaaah, les textes de Krystal... J'en ai découvert plusieurs pour la première fois pour lui trouver un joli cadeau pour le Santa Secret de cette année, et je les ai relu avec une curiosité nouvelle en cette belle soirée... J'aime toujours autant Orage et Tempête, deux très bons textes, l'un pouvant se targuer d'un certain humour et les deux ayant cette beauté qui touche au romantisme... C'est très poétique et vivifiant à lire. Encore merci à toi pour ces charmants bambins ^^
Je prendrais le temps plus tard de me pencher sur tes autres écrits!
Krystal:
Wtf, un message dans ma galerie, c'est Noël ! Je suis tellement touchée, Rictus. :'(
Sinon, c'est gentil de venir me dire que ce sont de bons textes, je désespérais de voir quelqu'un s'aventurer par ici compte-tenu de ma réputation de yaoïste complètement assumée, mais je suis contente de voir que des gens viennent encore par ici. Il y a d'autres textes si tu en as envie, j'indique quand c'est du yaoi, tu peux y aller sans risques. :astro:
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