Ça existe vraiment des gens qui lisent ce truc ?Chapitre après le deuxième, donc disons troisième, de
Thanatos, mon ami, avec un début écrit sans plan et le reste qu'on rattrape sans trop savoir ce qu'on rattrape. Après celui-ci, la fin commence, enfin, comme toujours, je crois.
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Chapitre après le deuxième : C'est nulJ’écris sans mon livre oh mon Dieu auquel je ne crois pas c’est terrible. Pour un jour, quelques mots
sur un piano, je ne suis pas à ça près.
-
On est pas à ça près, crie Link en insistant sur le
On parce que, rappelons-le, ils sont schizophrène, sans
s au pluriel sinon c’est pas drôle.
-Drôle ? Je te rappelle que nous sommes sur une île d’âmes perdues où des âmes perdues se perdent, avec des accents circonflexes, continue-t-il sur un truc qui n’a d’ailleurs aucun rapport.
À ce moment aussi peu fatidique qu’est de qualité ce qu’écrit Amélie Nothomb, une âme perdue accompagnée d’un accent circonflexe surgit de nulle part, c’est à dire de partout parce qu’ici, c’est tout et rien.
Disons-lui bonjour.
-Bonjour âme perdue et accent circonflexe ! s’écrient-ils comme des alcooliques anonymes.
Attendez, ça fait trois semaine que j’ai écrit ce truc, j’ai retrouvé mon livre, vous me forcez à continuer espèces de schizophrènes que vous êtes.
-Aha c’est nul !
-Ouais, grave. Attends, on va voir à quelle rapidité j’peux écrire tout ça.
-Vas-y, j’te force à écrire, tu t’rends compte de ce que tu peux faire pour nous ? demande Link, le premier, le pas normal bien qu’il soit pas sa schizophrénie voyez-vous.
C’est vraiment terrible de devoir écrire de telles horreur. Je le fais comme un dignitaire indigne de ce nom indigné de dédaigner les cadavres déshérités délaissés dans leurs fosses, dégoûté de sa déification désespérée.
-Ça a un sens, ce que tu écris ? demande l’autre.
-Je crois, réponde-je.
-Bien, alors continuons à explorer cette terre vide en marchant sans raison nulle part sans ressentir de besoin, continue-t-il.
Oui je ne fais que recopier mot à mot mon plan, c’est dire si c’est nul.
-Roh, j’voulais compléter, tu m’as pas laissé trois points de suspension à la fin de ta phrase pour que je te coupe la parole !
-Est-ce que j’ai un esprit à laisser des points de suspension ?
-C’est dire si t’as aucune inspiration.
-Mais on continue la suite, ah oui je précise que c’est K. qui parle. Alors, t’sais, genre, on va faire une signification orphique dans une dichotomie, et de la raison, et de la raison, parmi lesquelles bien sûr tentent de s’y accrocher au sein de leur monde sombrant dans l’absurde. Hé c’que j’écris là c’est pas juste pour faire
lol ça veut rien dire t’utilises des mots savants genre les dessins animés de TF1 pour gosses, pléonasme.
-Mais puisque ton plan est déjà établi, t’as pas besoin d’inventer des éléments littéraires, non ?
-Oui, mais faut bien combler, surtout là, dans une autre oeuvre plus intellectuelle, la raison coule de source, mais là, à l’inverse de Jean-Paul Sartre sortant du lit d’Elsa Triolet disant :
C’est pas qu’on s’emmerde, mais il est tard, je dirais plutôt comme Elsa Triolet sortant du lit d’Aragon :
C’est pas qu’il est tard, mais, m’voyez.
-Donc puisqu’on comble, hé, t’as vu, c’est joli c’que je dis !
-Oui, continue-je, mais toujours est-il que, oh, regarde, voilà Orphée et Euridice qui courent vers la sortie !
-Mais ! Mais y’a pas de sortie !
-Si, crois-je, derrière nous, il y a une sorte de ville pour laquelle je me fiche éperdument si nous l’avons déjà vue ou pas !
-Oui, continue l’autre, peut-être, mais c’est derrière, donc c’est du passé, et le passé, tu nous a dit que c’était mal, et qu’il fallait pas retourner vers le passé !
Je soupire.
-Oui, continue-je, c’est vrai. Mais enfin.
-Mais enfin c’est quand même Orphée, dit la schizophrénie en prenant la parole parce que ça faisait longtemps.
-Non non non, ta ta ta, poum poum poum, 14 14 14.
-14, alors là, tout de même, que vais-je lire, continue le schizophrène avant que je ne lui coupe la parole.
-Ne dis point n’importe quoi, dis-je, Thanatos, mon ami ne se lit pas.
-3 fois 14 parce que 3,14, je reconnais, c’était nul.
-Parce qu’on doit se justifier à chaque truc qui est nul ici ?
-Parce que !
-Orangina Rouge, mais pourquoi est-il si méchant ?
-
Parce que !-Oui tu l’as déjà dit, c’est pas la peine, c’est là la subtilité. Ah oui au fait je sais pas qui parle, j’écris comme ça, allez hop hop hop au boulot les koupaings.
Alors puisque j’veux me repérer on a dit que derrière y’avait une ville avec de la vie, mais que c’est derrière, et que derrière c’est le passé, alors le passé c’est pas bien bien sûr mais comme derrière y’a de la vie et que je crois qu’on cherche de la vie alors on a un paradoxe et le paradoxe c’est paradoxal. Nous continuons à nous déplacer sur place.
-Paradoxe, dis-tu ? demande la schizophrénie, pas trop raisonnée, mais qui au moins le cherche, alors que l’autre, c’est le contraire.
-Je comprends pas ce que tu dis, dit l’autre.
-Arrêtez de me faire soupirer parce que j’aime pas soupirer dans ces circonstances. Ahaha vous verrez la violence avec laquelle je tape sur mon clavier pour écrire, c’est vraiment monstrueux ce que j’inflige à l’écriture sur ce truc.
-Donc puisque c’est un paradoxe, si il a bien compris, ce qui veut dire que c’est la schizophrénie qui parle, mettons en scène un paradoxe, Osef de Orphée et d’Euridice, c’est des mythes, ils sont morts maintenant.
-Les morts ne sont pas morts. Dis-je.
-C’est pour ça qu’on les voit actuellement, en train de courir vers une vie, derrière au passé, continue-t-il.
Mais que faire de ce paradoxe ? Quel suspens ! Pourquoi moi et mes protago
rasnistes infligeons-nous de telles monstruosités à ce qui pourrait être une œuvre littéraire ? Vous le saurez pas au prochain épisode car la fin du chapitre se trouve à la fin, j’ai quand même mon plan tout de même.
-C’est dans ce chapitre qu’on découvre qu’on a besoin de Thanatos pour contrer le paradoxe ? demande le Link qui est censé être normal.
-Non, mais y’a quand même un paradoxe, réponde-je.
-Ah ? Lequel ? demande-t-il.
-Celui de la logique ! crie-je.
Pendant ce temps, modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée, les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
-Ouh, c’est cocasse.
Je continue car il m’a coupé.
-Orphée continue donc de courir sans se retourner. Si je le vois sans que je ne me sois retourné, c’est parce que je suis quand même un narrateur omniscient. Hé, faut bien ça quoi.
-On continue à massacrer ta littérature alors ?
Je soupire.
-Au point où on en est.
Puisque. Puisque nous parlons de Thanatos pour contrer le paradoxe de la logique. Comme prévu, K. trouve la solution inattendue juste après avoir soupiré :
-Mon Dieu pardonnez-moi, j’ai créé des monstres.
C’est ainsi que la vie du passé derrière du paradoxe fut détruite, autant de significations orphiques ou paradoxales qu’elle abritait.
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