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K. ~ Partir et autres expériences.

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HamsterNihiliste:
*Entre dans sa bibliothèque, dépoussière un peu, scrute les alentours et prépare une ultime fois son ouvrage*

Voici donc ma nouvelle création, une fic qui se présentera en trois chapitres.
Ouimékeskesé ? : Minute, phalène à tête de mort. Origines traite des origines ( Ça alors ! ) de Link, premier du nom, à savoir d'Ocarina of Time. Les conditions de sa naissance, le contexte, sa famille, , et plus tard, sa recherche de vérité. Le premier chapitre ne le fait pas intervenir, mais l'on apprend des choses sur sa famille, et ses futures relations.
Appelé Termina, il reste quelque peu sombre et brutal, sans pour autant atteindre Game Over ; j'ai d'ailleurs tenté de tenir compte des critiques pour écrire quelque chose qui nous corresponde à tous.

Bonne lecture ! ;)

*
•Origines
Chapitre I : Termina

Il existait un temps où l’utopie était réelle. En un pays aux frontières floues, les Hommes savaient vivre en autarcie en cultivant leurs jardins. Sans être trop nombreux ni trop peu, tous étaient différents et s’entendaient à merveille. Ils échangeaient sur leurs modes de vie, sur leurs relations ou encore leurs opinions dans ce paradis terrestre où l’Homme avait été naturellement voué à vivre en société. Souvent, le jour, des animaux aux couleurs de l’arc-en-ciel et aux voix mélodieuses venaient les entourer dans leur bonheur, et chaque nuit, la Lune à la blancheur éclatante était visible, veillant sur la terre et le ciel. Mais les habitants les plus raisonnés, bien qu’ils n’aient pas d’autres expériences, commençaient à douter. Un pays si parfait où les Hommes seraient assez équilibrés ne pouvait pas être viable plus longtemps. Ils sentaient planer une menace. Rien que par le nom du pays : Termina.

Dans une cabane au milieu des arbres vivait sereinement un jeune couple comme les autres, heureux et rempli de projets. Ikau et sa compagne venaient de se connaître et voulaient partager leur bonheur avec les personnes auxquelles ils étaient liés, des amis qu’ils avaient appris à connaître et à qui ils faisaient confiance. Certains faisaient partie de l’élite intellectuelle qui dirigeait le pays, d’autres étaient sans prétention et acceptés à leur juste valeur. Leur meilleur ami, Ridley, gouverneur capital de l’Élite, leur parlait souvent de cette menace imminente, comme s’il se sentait épié ; le couple n’avait pas peur, mais n’étant pas naïf, il préférait rester sur ses gardes.
Le mariage se célébra quelques temps plus tard, au milieu de la vaste plaine aux reflets mordorés. L’espace d’un instant, le bonheur le plus total traversa les deux, ils en oubliaient tout ce qui les entourait : la perfection était telle, qu’ils se mirent eux aussi à douter.

En effet, quinze ans plus tard, une guerre sans merci avait éclaté. Une brève et vile attaque quelques années auparavant avait détruit les principales ressources économiques. Au-delà de cette crise, les esprits restaient marqués par une seule image : Celle du chef de cette insurrection, un enfant étrange  et squelettique au visage éternellement caché.
Personne n’avait rien subi, mais la menace pressentie s’étant avérée avait obligé l’Élite à prendre des mesures pour éviter d’autres abus. On se rendit malheureusement compte que le peuple avait besoin de subir les lois pour comprendre, et non de les vivre. La société avait donc été remise en question pour rétablir l’ordre et la liberté. C’est alors que le peuple, non compréhensif des nouvelles propositions, s’indigna et chercha à se révolter : La révolution prit une ampleur monstrueuse qui gaspilla jusqu’au dernier rubis dans la peur et la violence. L’Élite organisa un exil collectif, cependant que Ridley, à l’insu de tous, se poignarda d’un seul coup.

La guerre civile durait. Tout Termina était mobilisé pour lutter, on engageait les enfants dès quinze ans. Quinze ans, c’était presque l’âge de Kafei, Leur fils, jeune homme aux cheveux violacés. Face au climat de peur, son engagement était une nécessité et il en rêvait. Désormais seuls, ils vivaient cachés dans la plaine, autour d’un éboulement de rochers qu’un soupçon de mousse avait recouvert.
-Papa, laisse-moi partir.

-Non, non. Jamais. Je ne doute pas tu as d’excellentes aptitudes pour te défendre. Je te l’ai enseigné, je t’ai appris toutes les techniques. Demain, dès tes quinze ans, tu seras en âge de recevoir ton épée et ton arsenal, de partir à tout jamais si tu veux, mais tiens compte de nous. Tu es notre seul enfant et je n’accepterai pas de te perdre.
-Mais Termina a besoin de moi ! Ils doivent former les enfants pour l’avenir du pays ! Je serai capable de tout, je changerai même d’identité...pour vous aider.
-Tu n’es plus un enfant.

Au crépuscule de sa quinzième année, après avoir conclut les explications, Kafei se sentait tourmenté. Partir selon son désir, se libérer et prouver sa valeur, ou contenter sa famille au risque d’être plus vulnérable ? Il ne savait pas ce qu’il allait devenir, mais comme tout jeune de son temps, voulait se surpasser et prendre des risques. Devenir un Héros.
Cependant, son père et sa mère étaient aussi troublés. Pendant la nuit, elle fit part à Ikau de sa crainte principale :
-Ikau, je ne peux pas savoir comment tu vas réagir, mais...
-Mais ? Qu’y a-t-il ? C’est grave ?
-Non. Je suis enceinte.
-Ah. De combien ?
-D’un seul.
Ikau ne réagit pas à cet humour absurde et poursuivit la discussion.
-Comment est-ce arrivé ? Je suppose que je le saurai déjà si cet enfant était le nôtre.
-Je suppose que cet enfant est issu d’une pulsion d’un guerrier. Je n’ai pas pu me défendre.
Il se retourna. Il pleurait.
L’aube vint; les cris de guerre reprirent ; Kafei s’en alla dans l’horizon.

*
Je précise aussi que, pour accentuer l'angoisse et le trouble, j'ai fait preuve d'une petite contrainte dans l'écriture.

HamsterNihiliste:
*Entre dans sa bibliothèque, respire la bonne odeur de ses œuvres, et présente la suite d'Origines.*

Voici donc le deuxième chapitre de ma nouvelle fic. Ce dernier, intitulé comme la fic elle-même, présente les origines de Link. Un commencement qui se mêle à une fin, un espoir qui se mêle à un ennui, des frontières floues mais brutales.

*
Chapitre II : Origines

Kafei s’était enfui depuis longtemps déjà, tandis que les mouvements de l’enfant se faisaient sentir dans le ventre de sa mère, comme s’il était désireux de voir dès maintenant ce monde en pleine déchéance. Hélas, le climat de guerre n’était pas prêt à le recevoir, et plus la terreur avançait, plus sa naissance approchait. Si Ridley avait été encore en vie, il aurait pensé cet enfant comme le fruit de la providence qui devait libérer son pays. Mais ni Ridley ni l’Élite n’étaient là. Tous les autochtones suppliaient pourtant le gouvernement de rentrer, parce qu’ils étaient trop faibles pour assumer leurs actes, et pour trouver des solutions aux problèmes qu’ils avaient posés eux-mêmes. Mais tout ce qu’ils recevaient, qu’ils ne considéraient presque pas, c’était des lettres. Des lettres simples, sans explication, qu’un enfant en vacances pourrait écrire à ses parents. À part que cet enfant n’a plus de parents.

Au sein de cette panique, les parents de Kafei arrivaient encore à garder espoir, à la grande indifférence et incompréhension du peuple. Ils pensaient que la seule issue face à un tel désespoir serait de s’illusionner et de croire en l’avenir, en attendant hypothétiquement qu’un héros venu de nulle part aille rétablir leur utopie. Ils en étaient ridicules. En attendant, l’enfant se pressait de plus en plus de venir au monde, un drame s’ajoutait donc au couple. Mais quel que soit le contexte de sa naissance, la préoccupation principale était son bien être et son avenir. Sa mère tenait absolument à ce que son existence ne soit pas gâchée, même si elle devait mettre sa propre vie en jeu. Mais cela était beaucoup plus qu’un jeu, et l’angoisse atteignait son paroxysme. Le dialogue n’était jamais entamé, la campagne était vide et les hommes aussi. Le futur frère de Kafei ne se laissait pas encore pervertir.

Pourtant, plus la peur gagnait sa terre, plus il était attendu. Il se laissait ainsi attendre durant neuf mois, et fut enfin à la hauteur d’atteindre son monde. À l’aube de sa naissance, le pays était devenu sombre au possible, et la corruption le guettait si sa famille n’agissait pas. Ikau, qui recherchait sans cesse une solution, regrettait de ne pas avoir écouté Ridley et les prédictions de l’Élite ; S’il avait su qu’elles s’avéreraient, il aurait eu tout le temps pour fuir avec sa femme et ses fils. Mais il était trop tard pour regretter, il fallait donc trouver un moyen d’échapper à ces heures sombres et morbides.
Ayant longuement parlé avec sa femme, Ikau la leva par le bras, saisit ses deux dagues desquelles il ne se séparait jamais, et prépara enfin sa rébellion :
-Je passerai par le Canyon. J’indiquerai à ceux de notre parti que des combats décisifs ont lieu à la Baie. Tu partiras pour le Sud.

Son projet froid et intelligent voulant évidemment induire tous les guerriers en erreur, il allait en profiter pour fuir et trouver une terre libre où reconstruire sa vie. Ou plutôt, leur vie. Par ce qu’il connaissait des Marais du Sud, il était persuadé qu’une entrée vers un nouveau Royaume pouvait s’ouvrir, et qu’il pouvait enfin rejoindre son entourage pour repartir à zéro. Mais ce zéro était déjà annihilé par les centaines de guerriers, bloquant la majorité des issues de Termina. Ikau restait persuadé de la qualité de son plan, auquel il s’était longuement préparé.
Enfin, le jour fatidique arriva. Après des heures douloureuses, leur enfant naquît, et entendit ces premiers mots si doux de la part de sa mère :
-Tu n’es pas né ; tu es venu au monde. Ton nom n’est pas Link ; tu es Link. Tu ne survivras pas ; tu vivras.
Son père à son tour lui adressa la parole, après l’avoir contemplé et avant de partir :
-Si je venais à mourir...Tu m’oublieras.

Puis ce dernier s’en alla devant, tenant dans chaque main une de ses deux dagues aux reflets platinés, seuls biens matériels qu’il lui restait. Il maîtrisait parfaitement l’art de l’aventure et de la guerre, et l’appliquait à son paroxysme en escaladant le Canyon, plantant successivement ses épées dans le granite en guise de prises. Il surplombait le Cimetière, où les cadavres des guerriers s’entassaient sur les fondements du Royaume. Parmi les combattants, il percevait même Kafei, mais qu’importe, personne ne reconnaissait personne. Triste désolation malgré laquelle il voulut mener son plan porteur d’espoir. Mais à peine avait il commencé à parler, qu’il était égorgé dans l’indifférence. Par son propre fils semble-t-il.
Pendant ce temps, les Marais avaient vu passer la mère et son nouveau-né, perdus et épuisés. On ne sait comment, elle arriva finalement à une forêt, verte et vivante. À l’orée de la clairière, où des fées et des enfants profitaient de leur jeunesse, le gigantesque Arbre Mojo la repérait. Exténuée, elle s’effondra à ses pieds.

-Que penses-tu trouver ici ? demanda le Vénérable d’une voix tendre et grave.
-Je ne sais plus. De l’espoir, peut-être. Tout ce que je veux est pour mon fils...Faites ce que vous voulez de moi, mais laissez lui une vie...Il est mon unique consolation, je vous en prie ! souffla-t-elle dans un ultime effort.
-Inutile de me prier, ton vœu est censé. Tu veilleras sur ton enfant aussi longtemps que tu le voudras. Sa destinée sera assurée.
-Je...Je vous en remercie. Mais...La seule contrainte que je veux lui imposer est...qu’il ne sache rien de ses origines. Dites-lui qu’il est orphelin, ou qu’il est né ici...Sa vie ne commence que maintenant.  Quant à la mienne, je n’ai pas peur de sa fin, j’y ai été confrontée tant de fois...Si je peux regarder Link, tant mieux, s’il doit vivre sans moi, tant pis.   
-Ne t’inquiètes pas, relève-toi et souris ! Comment te nommes-tu donc ?
-Je...Je me nomme Navi.
-Très bien, Navi. Tu veilleras sur ton fils. Tu deviendras une fée.

*

Suijirest:
J'ai adoré lire cette fiction. C'est plus que prometteur, c'est déjà très bien. :)

J'ai dû rattraper mon retard parce que j'avais raté le premier épisode, mais en tout cas, tu prends ton temps pour écrire et le résultat le reflète tout à fait. C'est facile à lire, et tu démontres une bonne culture Zeldaesque.

J'attends la suite avec un grand intérêt, de même que la fiction de Synopz ! (tiens, j'ai oublié de commenter, j'ai fini les chapitres en cours...)

raphael14:
Bon, ça fait un certain temps que j'ai lu mémoire d'un pot que je n'ai, à ma grande honte, pas commenté, il est donc temps de réparer cet affront.
C'est fichtrement original palsambleu cette histoire de pot, il faut dire que ces pots cassés par un type bizarroïde habillé en vert ne sont pas suffisamment médiatisé, heureusement cette injustice a été réparée, grâce à toi. Autrement dans la forme je ne vois absolument rien à redire donc voilà.
Je repasserai sans doute plus tard plus commenter plus amplement des textes qui me semblent très prometteurs.

HamsterNihiliste:
*Se lève à l'aube d'un nouveau jour. Ce que j'ai écrit ne veut rien dire.*

Origines, troisième et dernier Chapitre. Il peut être perçu plutôt comme un chapitre complémentaire, puisque tout se découvre à la fin du deuxième. On sombre donc pleinement dans l'univers de fausseté, jusqu'à ce que la vérité éclate. En tout cas le style colle à l'ambiance dramatique et troublée. Bonne lecture finale et bonnes fêtes !

*
Chapitre III : Aube

“ Sur la terre d'Hyrule résonne l'écho d'une légende.
Cette légende nous conte l'histoire d'un garçon qui, après avoir combattu le Mal et sauvé Hyrule, disparut de ce royaume qui l'avait élevé au rang de légende vivante.
Fatigué des combats qu'il n'avait eu cesse de livrer, il partit pour un voyage, une quête secrète et personnelle.
Un voyage à la recherche d'êtres chers et d'un inestimable ami.
Un ami qu'il quitta après avoir accompli sa quête héroïque et trouvé sa place parmi les héros légendaires... ”
Termina s’était rétabli, douze ans avaient passé. Douze ans passés à s’enfermer sur le passé, à regretter une guerre, à regretter même un espoir. L’Élite n’était pas revenue, et nul ne savait où elle avait conquis sa liberté. Le peuple n’était plus pour autant livré à lui-même ; de nouveaux législateurs l’encadraient, mais ne portaient pas non plus le nom d’Élite pour ne pas subir les mêmes conséquences vécues auparavant. Son fils Viscen succédait à Ridley dans les locaux de Bourg-Clocher, un des rares endroits qui n’était pas ravagé. Le rayonnement du Cimetière d’Ikana, auquel la mort du père du Link donna son nom, étant entaché, ce dernier eu droit accompagné de Ridley à des adieux nationaux ; leurs dépouilles furent livrées à la liberté de l’Océan.
Étrangement, la guerre avait cessé le jour où Navi et son fils s’étaient enfuis pour une autre vie. Les légendes s’étaient donc avérées. 

Mais les souvenirs persistaient, notamment celui du chef de guerre, ce jeune enfant qui se cachait derrière ses masques. Personne ne l’avait revu jusque là à Termina. Seulement il vagabondait parfois dans Hyrule, comme un enfant abandonné de tout. Les Terminiens, Navi comprise, espéraient seulement qu’il ne reviendrait pas chez eux. Hélas, c’était trop beau. L’Histoire était en marche, et un jour, nul ne sait comment ni pourquoi, on le revit à Termina face à Link.
Navi, prise de peur face à au voyage de son fils, communiqua avec une proche par télépathie :
-Taya ? C’est vraiment toi ? Excuse-moi...Es-tu prête à assumer une haute responsabilité ?
-Par rapport à toi ? Euh, ouais, sans problème.
-Mon fils vient de sombrer à Termina. Je vois qu’il a été victime de Skull Kid.
-Quoi ? Mais tu ne peux avoir de fils ? Tu es une fée !
-Non. Je suis aux fées ce que mon fils est aux Kokiris.

-T’es pas une fée ? Mais qu’est ce qu’il s’est passé ? C’est une malédiction ?
-Pas du tout. Au contraire.
Navi lui raconta tout. Elle raconta à cette chère amie comment elle avait tout sacrifié pour son fils, qu’elle était à deux doigts de perdre. Comment son homme s’était sacrifié pour rechercher un ultime espoir. Comment elle avait offert la plus grande liberté du monde à Kafei en le livrant à la guerre. 
À Taya de révéler sa vérité. Elle et Navi se connaissaient fort bien à Termina en tant qu’humaines, avaient subi le même sort, mais par des raisons différentes. Taya avait perdu ses proches pendant la guerre, ne comptait plus sur Navi qu’elle ne voyait plus, et s’accrochait encore à la plus infime once d’espoir. C’est lorsqu’elle rencontra Skull Kid, dont l’image la traumatisait auparavant, qu’elle sombra dans son univers de perversion.
-Une chance que l’on ait pu se trouver. Tu es si jeune.
-Oui. J’aurais pu être ta fille.

C’est après ces retrouvailles dues au hasard que Navi communiqua sa demande :
-Taya, j’ai tout vu depuis l’endroit où je suis. Toi aussi. Nous avons été humaines, et je te demande une chose que jamais je n’aurais pu demander auparavant. Je ne peux pas revoir Skull Kid et Termina, j’y ai tout perdu. De surcroît Link croît déjà qu’il a été un enfant abandonné, qu’il est fils unique et que sa mère est morte. Alors que je l’accompagne faussement depuis sa naissance, sans qu’il ne connaisse véritablement mon identité. Je t’en prie, veille sur lui. Et fais en sorte de lui cacher l’existence de son frère. Il est trop tard, maintenant rien n’est plus réversible pour lui.
Taya accepta sa demande ; elle n’avait rien à perdre, était déjà abandonnée, et n’avait donc plus qu’à s’ouvrir à d’autres esprits. Link fut donc, comme toujours, accompagné par la fausseté et le mensonge sans rien savoir. Mais une once de vérité survivait encore. Étrangement, Kafei n’était pas mort.

Dans le monde prématurément apocalyptique  de Termina, Link apercevait de temps en temps son frère caché. Aucun ne se soupçonnait frère, mais c’est à l’aube du dernier jour que Link fit le premier pas. On l’avait chargé d’une mission commune, et il l’abordait comme n’importe quelle autre. Auprès de l’herbe abandonnée et de l’eau morte du lavoir, ils se revirent. Taya eut bien du mal à cacher l’identité de ce frère. Si elle révélait la vérité à Link, elle devait lui expliquer qu’il connaissait sa mère. Si elle la lui cachait, elle se doutait qu’il finirait pas la découvrir, et elle ne pouvait rien faire contre cela ; ce n’était qu’une fée. Elle préféra donc ne rien dire et se cacher une énième fois.
Après avoir reçu sa lettre sans encombre, Kafei interpella son frère :
-Qui es-tu ? Qui es-tu pour ne pas avoir peur de ce monde d’âmes déchues ? Qui es-tu pour garder ce courage indigne de l’ancien peuple ? Qui est-tu pour être un être aussi vrai ?

Link, qui s’était d’habitude contenté d’écouter sans s’exprimer, se sentit reconnu par cet homme qu’il connaissait depuis seulement deux jours. Il était d’ores et déjà persuadé qu’un lien le liait à lui :
-Je ne suis pas de Termina. J’y ai sombré mais j’y ai survécu.
-“Mais.” Inutile. Tu es obligé d’y survivre.
-On...On m’a raconté que les premières paroles de ma mère à mon égard étaient les mêmes. “Tu ne survivras pas ; tu vivras.”
Kafei se mit à rire nerveusement, d’un air surpris et d’un teint blanc.
-Qui es-tu ? Ce texte est le même qui est gravé sur les dagues de mon père. Ses deux dagues platinées et vengeresses que j’ai récupérées. Lorsque je l’ai tué.
-Mon père a été tué pendant la guerre.
-Alors nous avons les mêmes origines. Tu es mon frère et tu es une légende. Maintenant que tu le sais, nous pouvons nous séparer. Je pourrais me sauver de ce corps puéril et désuet, qui m’a longtemps servi lorsque j’étais encore bête et innocent.

À ses mots, Kafei se saisit d’une de ses dagues, la fixa de ses deux yeux, pleura, et la replaça dans son fourreau. Il regrettait.
Avant de partir vers sa bien aimée, il se saisit d’un livre en cuir couvert de dorures et écrivit.

“Vieille dague ! Toi, je te garde.”

Il courut vers la Grande Baie, planta une de ses deux dagues dans son livre, et le jeta définitivement à la mer. Il rangea la dernière dans son fourreau, quitta la malédiction qui l’emprisonnait, et s’unit enfin à sa bien-aimée. Link, comme à son habitude, sauva le pays de son apocalypse et s’en fut.

La suite appartient à l’Histoire.

*

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