Art > Longs métrages et Télévision
Aujourd'hui j'ai vu...
Jay d'ail:
Je viens aussi de découvrir le post de Mondaye, et je dois dire que j'y ai retrouvé une tendance que je trouve fatiguante en ce moment, à savoir celle de hurler à la "branlette intelectuelle" trop souvent.
Evidemment le snobisme/élitisme existent, particulièrement autour de 2001, mais j'imagine et j'espère que tous les gens qui prétendent l'avoir vu et aimé le font pour autre chose que pour briller dans les discussions entre potes. Y a des analyses extrêmement pertinentes qui existent (On a un bon exemple avec ce cher Nehëmah plus haut) et comme tu l'as dit Kubrick avait pas mal de prétentions avec ce film, à partir de là on peut se dire qu'on est pas forcément dans de la suriterprétation gratuite.
Evidemment, chacun ses goûts et tout le blabla, je conçois totalement qu'on puisse trouver 2001 chiant comme le mort (c'est le cas de 90% des gens autour de moi) sans forcément être un beauf, qu'on n'y soit pas sensible, mais je suis assez lassé de cette remarque qui revient dans les analyses, qu'on se prend à la face dés qu'on parle de quelque chose de complexe ou innovant (je ne dis pas que c'est ton cas tout le temps).
--- Citation de: "Mondaye" ---Kubick c'est un connard prétentieux. Rien qu'une citation qui m'a fait rire tellement c'est d'un ridicule.
« J'ai essayé de créer une expérience visuelle, qui contourne l'entendement et ses constructions verbales, pour pénétrer directement l'inconscient avec son contenu émotionnel et philosophique. J'ai voulu que le film soit une expérience intensément subjective qui atteigne le spectateur à un niveau profond de conscience, juste comme la musique ; « expliquer » une symphonie de Beethoven, ce serait l'émasculer en érigeant une barrière artificielle entre la conception et l'appréciation »
--- Fin de citation ---
Je n'avais jamais lu cette explication de Kubrick, et c'est exactement ce que j'ai ressenti après mon visionnage de 2001. J'y ai réfléchi, cherché à analyser, lu des commentaires après coup, mais une bonne partie de l'interprétation est venue après le film. Pendant le visionnage, c'était limite une expérience physique, j'ai été tellement happé par l'ambiance et frappé par l'image et le son sans tellement les analyser pourtant, c'en était presque une sorte de transe.
Il y avait une sorte d'aura inexplicable pour moi, une fascination comparable à ce que j'a pu ressentir avec certains types de musique, comme lorsque j'ai découvert la musique acousmatique par exemple.
Je trouve l'explication de Kubrick carrément géniale en fait. Prétentieuse, peut être et je m'en fiche pas mal, mais tellement juste en ce qui me concerne, cette capacité qu'a eu 2001 à me parler, me procurer des émotions sans nécessairement passer par des phases d'analyses/réflexions, c'est une des choses qui m'a le plus marqué.
Ca rejoint totalement cette subjectivité dont il parle, et c'est en plus non seulement un angle qu'il adopte beaucoup dans son film (dans les choix de se focaliser sur un personnage, un son, un élément...), mais aussi une évidence quand on voit la place énorme laissée à l'interprétation. C'est une autre force que je trouve à 2001, ça n'est pas un film où on a l'impression que les choses ont été faites par hasard, on sent l'investissement et la réflexion de Kubrick, pourtant il a réussi à présenter les choses de manière à ce qu'il n'y ait pas d'explication unique, quand on parle du film on est dans l'interprétation plutôt que l'explication (a dire "j'ai ressenti tel élément comme ça" plutôt que "il a voulu dire ça avec tel élément")
--- Citation de: "Mondaye" ---on veut nous expliquer par A + B qu'il y a des trucs qui existent pas qui en fait existe, des théories par milliiieeer, qu'il est impossible de prévoir le fiiiilm. Alors je suis Dieu ?!
--- Fin de citation ---
C'est pas sorcier de deviner à peu près comment se déroule la fin si on a lu des commentaires "c'est un truc de malade, c'est psyché, ça arrive d'un coup, c'est un truc de gros drogué etc".
Par contre savoir exactement ce qu'on y voit ça serait quand même très fort.
--- Citation de: "Mondaye" ---Son film devait être un "film noble" alors au lieu d'avoir une ambiance de psychopathe que ce film aurait réellement mérité vu la qualité globale
--- Fin de citation ---
Je suis le seul à trouver ce commentaire plus psyché que le final du film ? :niak:
--- Citation de: "Mondaye" ---on se retrouve avec des scènes pour tout et n'importe quoi à n'en plus finir avec toujours de la musique classique en fond... Non mais sérieux quoi, il y a tellement de bruitage sur lesquels jouer que c'est frustrant.
Pire; quand il essaie de mettre en scène un passage avec uniquement de l'ambiance sonore, c'est ho-rrible. Je pense au passage avec la respiration dans le casque d'un des protagonistes; ça dure 15 plombes et t'entends uniquement sa respiration horripilante, mal faites et super énervante
--- Fin de citation ---
Moi je trouve que c'est carrément du génie. On occulte vraiment trop la nature hypnotique de la répétition, c'est dommage que si peu de gens y soient sensibles. J'adore ces moments où, quand on passe des sons en boucle, on finit par ne plus penser à leur nature (les notes d'une musique, la respiration dans le cas présent) et juste entendre une masse sonore, vivre quelque chose de physique (à nouveau). Au niveau de l'immersion je trouve cette scène juste en géniale en plus, quoi de plus intime qu'une respiration qui semble être toute proche de nous ? Combiné au côté "hypnotique" de la répétition, ça permet vraiment de "vivre" le film, surtout que le phénomène dont je parle avant se marrie bien avec la respiration, c'est un son qu'on entend tout le temps et dont on ne pense plus à la nature à force. J'ai également trouvé une grande intensité dramatique aux variations du rythme de la respiration en fonction des événements.
Désolé si ce que je dis ne veut pas dire grand chose, il est tard et en fait Nehemah a déjà fait un post admirable avant moi que je ne peux plussoyer.
Petite parenthèse sinon pour dire que j'ai revu le Choc des Titans originel, de 1981, et ça a pris un sale coup de vieux. Les plans, les musiques, les sons, les effets spéciaux, le jeu d'acteur, tout semble ringard et vieillot. Vu qu'on parlait de 2001 justement, c'est fou de voir à quel point ce dernier a tellement mieux vieillit. Le film reste sympathique cela dit, il a un côté niais que je trouve assez attachant, et il a un scénar' qui tient plus debout que dans le remake visiblement.
Doutchboune:
Je vais mettre un gros +1 pour ce film extraordinaire qu'est 2001. Et pour prouver que ce film m'a plu et marqué bien avant qu'on puisse parler de branlette intellectuelle, je vais dire que ce film était un de mes préférés (je loupais pas une rediff à la télé) quand j'avais... 8 ans !
J'ai toujours été touchée par l'esthétique de ce film, ce qu'on pouvais ressentir en le voyant, les scènes tristes, angoissantes, que je pouvais appréhender à mon jeune âge.
Alors, évidemment quand je l'ai revu plus vieille, quand on a étudié un passage en cours d musique en 3e (sur la lune, avec le monolithe, et cette musique en canon fabuleuse, me rappelle plus du nom...), j'ai vu le film sous un autre angle, mais j'ai toujours autant accroché.
Nehëmah:
Bon, tant pis, Mondaye n'est pas repassé, ptêtre un autre jour, qui sait.
En attendant, je viens parler des deux derniers films que j'ai vus, deux films marquants à leur sauce.
[align=center]Noisy Requiem de Yoshihiko Matsui, 1988[/align]
[align=center]
[/align]
Film expérimental de 2 h 30 japonais. L'histoire est bizarre. L'histoire c'est celle d'un serial killer qui tombe amoureux d'un mannequin, un véritable mannequin, de ceux que l'on met en vitrine. Il remplit sa poupée avec des morceaux de corps de ses victimes et lui fait l'amour régulièrement. Finalement, un bébé est conçu dans cet endroit improbable. A côté, on a quatre autres couples de personnages, un jeune adolescent et son amie (sur l'affiche du film ci-dessus), un frère et une soeur nains qui pratiquent l'inceste, un clochard qui trimballe un bout de bois en forme de vagin, et un couple d'aveugles qui auraient fait la guerre.
[align=center]
[align=center]Les deux clochards se font publiquement humilié par le serial killer.[/align][/align]
D'un point de vue cinématographique, la mise en scène est radicale. Flash-back intempestifs, grands moments de silence, jeu sur le point de vue lors des scènes avec les nains, luminosité franche qui combat souvent les scènes bien plus obscures... On est perdu dans un Japon urbain et labyrinthique, confronté à d'énormes problèmes de société. La tension oscille souvent entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas, dérivant souvent dans des visions métaphoriques et symboliques qui ajoutent de la poésie à ce qui ne devrait pas en avoir. Dans ce sens, Matsui filme la couche de crasse pour faire remonter l'humanité qui est en elle. Les laissés pour compte de la société sont ici les héros d'un drame incompréhensible, celui de la vie bien sûr.
[align=center]
Contrairement aux apparences, nous sommes sur le toit d'un immeuble. La dimension métaphorique a franchi le seuil de la dimension logique. Les sentiments du personnage envahissent littéralement la scène.[/align]
Le film s'inscrit dans la tradition d'un genre. Bien que tardif, il revendique nettement son appartenance à un cinéma expérimental et underground, celui de Akio Jissoji, Shuji Terayama, Nagisa Oshima ou encore Yoshishige Yoshida. Que ce soit l'aspect un peu pinku eiga qui ressort de scènes très sensorielles et sensuelles, jusqu'à cette manière de filmer qui casse un peu tous les codes du cinéma, Matsui entretient une sorte de relation d'hommage aux géants de l'ATG. En perpétuant leurs mémoires et leurs essais, il donne un nouveau souffle à un genre qui va lentement évoluer vers des radicalisations et des implications du corps encore plus évidentes (dont je pense que le Tetsuo de Shinya Tsukamoto en est le plus grand exemple).
[align=center]Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki, 1988[/align]
[align=center][/align]
J'avais même pas fait gaffe mais ce sont deux films japonais de la même année, et autant dire qu'ils n'ont mais alors rien à voir. Ici, tout n'est que pure poésie et simple enchantement. Probablement un de mes préférés de Miyazaki, à voir avec du recul, mais il y a toujours ces ambiances à la limite entre le rêve et la réalité, cette scission entre le monde des humains et des esprits, scission qui généralement s'effondre grâce aux enfants, et malgré une intrigue relativement pauvre, et bien une histoire relativement tragique, mais traitée de manière tellement légère qu'on est à deux doigts de crier à la niaiserie (alors que pas du tout, cela ajoute probablement davantage au côté émotionnel du film).
[align=center]
Mai à gauche et Satsuki à droite.[/align]
L'histoire est donc celle de Satsuki et Mai, deux jeunes filles, qui déménagent à la campagne, près d'un arbre gigantesque, avec leur papa. Leur maman est malade et collée à son lit d'hôpital, du coup, il manque aux filles cette présence maternelle, qui sera finalement incarnée par une grand-mère, cette figure finalement protectrice que l'on retrouve dans beaucoup de films de Miyazaki. Un jour, alors qu'elle jouait dans son jardin, Mai, la petite soeur, découvre deux drôles de créatures qui peuvent disparaître. En les suivant, elle va faire la rencontre de Totoro, une gigantesque peluche vivante, divine et bienfaitrice, résidant dans l'arbre gigantesque avoisinant leur nouvelle demeure. A partir de là, leur vie ne sera plus jamais comme avant.
[align=center][/align]
Les péripéties qui vont s'enchaîner seront toutes poignantes, et Totoro ne sera jamais très loin, il s'agit d'une figure qui sourit tout le temps, et qui ne pense qu'à dormir et aider les autres. Il est évident que ce film a quelque chose de très enfantin, mais je crois qu'il parle aussi aux adultes, et c'est cela qui en fait la force. Par ailleurs, en 1988, en sachant que Nausicäa de la vallée du vent est de 1984 et que Le château dans le ciel date de 1986, la qualité technique de l'animation leur fout juste une énorme claque, c'est d'une fluidité impressionnante et tout s'incruste parfaitement, on est très loin des deux dernières créations de Miyazaki. Bien évidemment, ce sera encore magnifié par la suite, je pense à Mononoké et Chihiro, bien entendu. Bref, un film à regarder, surtout que je me suis posé devant le film et je suis arrivé à la fin sans m'en rendre compte. 1 h 20 qui sont passées en cinq minutes.
Nilezor:
Le premier a film a l'air glauque et malsain... On en ressort comment ? Choqué ? Ému ?
Totoro ça fait un moment que je me dis de le rergarder. :niak:
Peter:
J'ai pas lu le post de Mondaye sur 2001 mais j'ai lu celui de Nehem et Jay' et, ça m'a donné envie de le revoir car je l'ai vu qu'une foie il y a au moins dix ans et j'avoue n'en avoir qu'un souvenir assez flou...
Mais dans mon souvenir, c'etait une expérience fascinante...
Navigation
[#] Page suivante
[*] Page précédente
Sortir du mode mobile