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La Tour du Rouge : [Random | Très court] Sans titre #1
Nehëmah:
--- Citer ---La femme rousse lui tendait la main, une fois de plus. Il l'admira, une fois de plus. Sa beauté était renversante, le fait de poser ses yeux sur elle lui procurait une sensation qu'il ne connaissait pas. Il se perdit dans l'intensité de son regard émeraude, ses cils gracieux battirent plusieurs fois, lui renvoyant un regard féerique. Son front était ceint d'un fin tiare d'argent, qui retenait ses cheveux soyeux qui cascadaient jusqu'au sol, si bien qu'elle semblait auréolée d'un halo de feu. Ses oreilles ornée d'anneaux d'or étaient longues et pointues, ce qui la rendait plus encore plus irréelle car cela accentuait la perfection de son visage.
Les courbes de son corps étaient parfaites, à peine cachées par la tunique verte qu'elle portait. Ses gestes respiraient la grâce et la volupté, et elle possédait un port noble, telle la princesse esseulée d'un château de conte de fée. Dans sa main gauche elle tenait une longue et magnifique lance, où deux dragons, l'un d'un blanc immaculé, l'autre d'un noir de jais, s'enroulaient autours dans une étreinte mortelle.
Un rire cristallin retentit, se répercutant à l'infinie dans la nébuleuse étoilée qui les entourait. Elle lui sourit, et une soleil s'alluma dans son coeur. Il tendit la main vers elle, avec l'espoir fou et secret de pouvoir la toucher, la serrer contre lui, la garder à jamais.
--- Fin de citation ---
Que dire que dire ? En relisant le chapitre 9 qui a en effet bien changé, je suis absolument tombé amoureux de cette description. Je sais pas elle est vraiment belle, les figures de style tout ça, ça colle une sacrée personnalité au personnage (sa mère ? :niak: )
--- Citer ---abysses ténébreuses
--- Fin de citation ---
-> Attention, abysse est un nom masculin ! Et abysses ténébreux c'est moyen comme terme ! Allez, tu peux mieux faire :niak:
Le réveil de Levyathan (drôle d'orthographe !) est un poil confus à mon sens même si ça a l'air fait exprès :niak:
Sinon les Seigneurs Nécromants ont pas mal de classe pour les deux que l'on a pu voir (celui avec les ombres et le corbeau je crois bien ? Plus celui qui attire la Fouine...). En tout cas j'attendais un rôle plus important pour la Fouine bah c'est raté xD
Quant à Arkonn, aps de chance non plus, et je me demande le lien qu'il y a avec Levyathan.
Enfin bref, ça fait du beau monde, trois forces auxquelles devra sûrement s'opposer Samyël ? Bref j'en peux plus de cette attente, tu as tellement bien posé les bases de l'aventure que je veux que ça pète maintenant :niak:
Allez, au boulot, on s'en fiche des concours :niak: ...
Mais non je plaisante :love:
Prince du Crépuscule:
T'as regardé Cyrano de Bergerac hier, toi! ;) J'adore cette suite, mon GMS chéri!
En effet, la chapitre 9 a bien changé, il s'est transposé en qelque chose de bien meilleur à mon sens, j'ai toujours aimé ces descritptions de femmes mystérieuses, belles à en mourir, inaccessibles... Une beauté froide et parfaite comme on n'en voit que dans les rêves. Même si cette descritption est très bien amenée, hélas je dois déplorer les fautes d'accord qui viennent tout gâcher (je déteste ça, j'ai essayé d'y faire abstraction! ^^'). Je ne sais pas pourquoi, mais tu en as fait pas mal dans ce passage, dommage! Sinon j'aime beaucoup, ça me refait penser à ma chère mme Delacrée tiens... (faut que je la rappelle de sa fugue celle-là! :) ). Un remaniement empreint de talent!
Et quelle suite, quelle suite! Les choses s'accèlèrent, les ombres se détachent d'un monde qui semblait fait entièrement de lumières et qui se trouble de ces démons qui surgissent du plus profond des abysses de ton imagination. J'aime particulièrement les 7 Seigneurs Nécromants, et l'ambiance que tu as amené avec eux. Ils possèdent toute la classe qui définit ce genre d'antagonistes machiavéliques, j'adore la manière dont tu as retranscris leur arrivée et cette atmosphère glauque et oppressante. Leur façon différente d'arriver, de s'assoeir sur leur siège, cette légende accomplie, des secrets sombres, cette obscurité qui s'en dégage... Brrrr! Moi qui n'aime pas trop habituellement ce genre d'ambiance gothique, là je suis comblé, avec l'église étrange et effrayante, cette noirceur, cet innocent charmé par des méloppées funestes et trompeuses, ce meutre finalement, dont on ne saura pas tout de suite les circonstances ... Absolument délicieux, j'en veux plus maintenant! Moi qui aime le mystère et ces sensations glaciales, je suis fasciné... :niais:
Ahlàlà... Et le réveil confus du Lévyathan, tout cet envirronement magique et ténébreux, sans qu'on ne sache qu'une infime partie de ce monde et de ces règles d'anciennes légendes et d'antiques fureurs démoniaques... Toutes ces allusions à la souffrance et à la terreur, cet univers d'ombres silencieuses et terribles se réveillant dans leur haine redoublée de Dieux oubliés... Et cette épée qui ma intrigué dès le départ, qui a l'air d'être la source de tous ces murmures mortels... Je ne donne pas cher de la peau de ce brave Rirjk! :conf:
Bravo en tout cas, j'ai vivement envie de connaître tous les tenants et aboutissants de ces nouveaux arrivants majeurs! Je demande la suite! ^^ Mais prends tout ton temps, mon cher Great Magician Samyël!
Bonne chance pour le concours au fait! Tu en auras besoin... Ksh! Ksh! Ksh! ^^' Moi je n'ai pas commencé, mais bon... J'espère être assez inspiré, car je n'aime pas les suites. L'affrontement sera difficile, je sens que cette finale va être très intéressante... ;)
Great Magician Samyël:
Hohoh, et l'GMS est arrivéééé, sans s'presséééé hééhéé! :note:
J'ai honte, ça fait plus de deux mois que je vous ai laissé sans nouvelles fraiches en provenance du Continent. Je vais me morfondre dans les ombres en espérants que la lumière de votre éventuel pardon salavateur vienne m'en tirer... :niak:
M'enfin, tout ça c'est du passé! La tour du Rouge a été dépoussiérée, sortie de force de la deuxième page de ce forum littérature béni où elle gisait, inerte, dans son carcan de topic en tout genre! ^^
Car oui, réjouissez vous, c'est Noël avant l'heure! (Bien en avance d'ailleurs ^^).
Le Super Magicien que je suis enfile un manteau rouge, une chapeau à grelot et une barbe blanche à la mode naine! Avec du chapitre en veux-tu en voilà plein sa hotte à merveilles! ^^
Mais tout d'abords, les réponses à vos questions ^^ (je vais aller dans l'ordre^^)
Nehëm' (tu me permets de t'appeler comme ça? ^^" C'est plus imple à écrire :niak:) ==>
Cette beauté flamboyante tout droit sortie de mon imagination n'est pas la mère de Samyël, c'est tout ce que je peux dire :niak: Wait and See... ^^
Tu es très clairvoyant :niak: effectivement le passage lié au Levyathan (le "y" c'est ma petite patte^^) est confus, mais ce volontairement, afin d'entretenir le mystère... :niak:
--- Citer ---Sinon les Seigneurs Nécromants ont pas mal beaucoup de classe
--- Fin de citation ---
C'est la meilleure chose que tu pouvais me dire à leur propos, je t'en remercie :niais:
Les réponses à tes autres questions viendront bien assez tôt héhé ^^
Mais ne t'en fait pas, ça va péter très prochainement héhé :niak:
(j'aime dire héhé, héhé... :niak:)
PdC <3 ==>Merci pour ton commentaire crépusculien :<3:
Sans plus tarder, le chapitre 11 ^^
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Chapitre 11 : L'épée.
Soulever. Descendre. Expirer. Inspirer.
L'odeur âcre de sa propre sueur agaçait son odorat tandis que des gouttes du liquide acide coulaient le long de son visage, sous ses aisselles et sur son tors nu. Trois lignes rosées et rigoureusement parallèles barraient son abdomen, à l'endroit où il avait accroché les branches d'un sapin lors d'une chute, six ans plutôt.
La chaleur était étouffante, et le rougeoiement infernal du métal en fusion lui brûlait les yeux. Il contracta une nouvelle fois les muscles de ses bras et tira de toutes ses forces pour actionner le lourd soufflet qui gardait la forge à température voulue. Un peu plus loin, Silex martelait consciencieusement une barre de métal encore rouge dans le but d'en faire la lame d'une épée courte. Des gerbes d'étincelles jaillissaient à chaque contacte entre le marteau et l'enclume. Silex était concentré sur sa tâche, autant qu'un homme pouvait l'être. C'était un homme d'expérience, qui avait acquis avec l'âge la patience dans son labeur. Il pouvait travailler plusieurs jours sur une seule commande, afin d'atteindre la perfection. Un véritable maître artisan.
Depuis trois semaines que Samyël s'atteler jour et nuit à activer le grand soufflet, sa musculature s'était considérablement développée, il était devenu robuste et fort, mais gardait toujours une silhouette athlétique, limite déguindée, ceci dû au fait qu'il ne mangeait plus beaucoup. Au début, il avait eu du mal à travailler convenablement, se fatiguant vite et étant obligé de s'arrêter régulièrement à cause de crampes. Le vieux Silex s'était montré très patient, lui conseillant de ne pas se forcer de trop. A présent, il pouvait actionner le soufflet toute la journée, sans être trop fatigué.
Le forgeron avait voulu le rémunérer, mais Samyël avait refusé, l'argent ne l'intéressait pas et il ne savait pas quoi en faire de toute façon. Alors au lieu de lui donner des pièces, Silex forgeait des pointes de flèches en fer, avec les surplus qui restaient toujours d'une commande. Avec ça, Samyël avait enfin pu se confectionner des flèches dignes de ce nom, qui pouvait transpercer la chaire. De plus, le poids plus important permettait un meilleur équilibre au trait, lorsqu'il était décoché.
Silex se redressa puis trempa le fruit de son travail dans le bac d'eau fraîche posé à côté de lui. La lame se refroidit instantanément dans un geyser de vapeur d'eau sifflant. Il admira le résultat, paru content de lui, puis la reposa sur l'enclume avant de s'éponger le front.
-Parfait! Je crois qu'on mérite une petite pause mon garçon. Va te débarbouiller puis rentre chez toi, on a finit pour aujourd'hui.
Samyël lâcha le manche du soufflet avec reconnaissance. Sa poitrine se soulevait au rythme rapide et saccadé de sa respiration. Il rangea les outils de son employeur -cette tâche faisait aussi partie de son travail- puis il récupéra sa chemise en coton et ses bottes, confectionnées avec le cuir d'un daim qu'il avait abattu quelques mois auparavant. Puis il sorti de la forge non sans avoir saluer Silex au passage.
Il retira son pantalon de toile, qu'il déposa à côté de ses autres affaires. Il resta un moment ainsi, nu comme à l'aube du monde, profitant de la caresse du vent sur sa peau qui rafraîchissait son corps brûlant et sal, les yeux perdus dans le fond de la marre qui lui faisait face. Puis il pénétra dans l'eau limpide, et retira le bandeau de tissu qui retenait ses cheveux en arrière. Ils lui arrivaient à présent jusqu'aux omoplates, et la magnificence de cette étrange couleur vermeille en avait abasourdit plus d'un. Cependant, à cause de cela, certaines personnes un peu superstitieuses le prenaient pour le fils d'un démon. Il n'y faisait pas attention, détaché du monde qu'il était. Plus grand chose ne pouvait l'atteindre à présent, et d'une certaine façon cela le chagrinait, car à part la tristesse, il ne ressentait plus d'émotion. Que de la tristesse, et un peu d'amertume.
Il plongea complètement son corps dans l'eau claire, afin de le laver des souillures de la forge. Il se délecta de la sensation revigorante que lui procurait le rafraîchissement instantané de son être. Il ferma les yeux, et se contenta de rester immobile, sous l'eau, jusqu'à ce que le souffle lui manquât. Il creva la surface doucement, et de l'eau dégoulina de ses membres. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il n'était plus seul.
Rose, la seule jeune fille de son âge au village, lui rendit son regard, accroupie près du bord de l'eau. Samyël ne tenta rien pour cacher sa nudité, se contentant de fixer la jeune femme de ses yeux ternes et éteints.
-Je savais que je te trouverais ici, fit-elle dans un grand sourire.
Ses yeux marrons suivait avec appétit les courbes du corps de Samyël, s'arrêtant un moment sur sa virilité. Elle ne semblait pas être mécontente du spectacle.
-Qu'est-ce que tu veux?, dit l'apprenti magicien, doucement.
Elle était mignonne, mais sans plus. Ses cheveux de jais cascadaient le long de son dos et ses yeux bruns brillaient d'un éclat de malice. Elle se releva, et fit glisser les bretelles de sa robe le long de ses bras, puis le vêtement tomba complètement. Cette fois, ce fût au tour du jeune homme de la dévorer des yeux. Elle était de taille moyenne, mais sa silhouette possédaient des courbes alléchantes, bien qu'encore marquées par l'enfance. Elle frissonna sous la caresse du vent, puis le rejoignit dans l'eau. Elle s'approcha de lui doucement, provoquant un sillon d'eau derrière elle. Elle se stoppa à quelques centimètres de lui. Ils se regardèrent l'un l'autre, la première grelottante, le deuxième aussi immobile et droit qu'une statue.
-Tu as froid, fit-il remarqué au bout d'un certain temps.
-Oui, l'eau est glaciale, je ne sais pas comment tu fais pour la supporter.
Les chants des petits oiseaux forestiers les entouraient, et un rayon de soleil darda de sous la dense voûte végétale de la forêt pour illuminer le petit plan d'eau, conférant à la scène un aspect enchanteur.
Elle fit quelques pas hésitants dans sa direction, puis elle l'enlaça de ses bras. Ses seins naissants se pressèrent contre la poitrine de Samyël, répandant dans son corps une douce sensation comme il n'en avait encore jamais connu. Il sentit dans l'aine une chaleur agréable.
-C'est toi que je veux, souffla-t-elle dans son oreille.
Puis elle releva la tête et posa ses lèvres contre les siennes. Samyël se laissa faire, puis finit par lui rendre son baiser. Sans trop savoir pourquoi, il passa ses bras autours de sa taille et l'attira tout contre lui. Leurs bouches se séparèrent un instant, où ils échangèrent un long regard. Rose se perdit dans les yeux étranges et fascinant de son compagnon, puis elle lui caressa la joue d'une main tendre. Elle se réchauffait au contacte du corps brûlant du jeune homme.
Samyël était en proie à un doux mirage. Les traits de Rose s'étaient peu à peu estompés pour faire place au visage de la femme de ses rêves. Il sentait la douce caresse de sa longue chevelure rousse sur sa peau mouillée. Il entendit son rire cristallin dans sa tête, tandis qu'il se perdait une fois de plus dans la féerie de son regard vert.
Puis, mû par quelque instinct dont il ne savait rien, il l'entraîna doucement vers la terre ferme, puis il la coucha tendrement dans l'herbe satinée où ils firent l'amour pour la première fois, sous le regard vif d'un épervier perché dans l'arbre qui les couvrait de son feuillage bienveillant...
-Essai encore une fois, lui demanda Rirjk.
Samyël ferma les yeux, et se concentra sur son souffle régulier et calme.
-Visualise un feu, un brasier. Imagine toi sa chaleur sur ta peau, qui t'entoure de toute part. A présent, fais lui prendre la forme d'Azerioth.
La rune flamboyante apparut dans l'esprit du jeune garçon. Une goutte de sueur perla à ses tempes.
-Tend ta main, paume vers le haut. Capte les courants de magie qui t'entourent, et puises-y l'énergie nécessaire.
Samyël les sentaient, les courants de magie. Les voies des Arcanes, comme les appelaient les mages. Ils se déplaçaient sans cesse dans l'air, invisibles à l'oeil, mais qu'on pouvait ressentir avec un entraînement spécifique. Les magiciens y tiraient leur force, leurs sorts et leurs enchantements. Chaque particule de magie provenait des voies des Arcanes. Dans certaines parties du monde, elles étaient plus ou moins fortes. Ce qui expliquait certaines variations au niveau de la puissance magique que possédait chaque individu, selon qu'il venait de tel endroit ou de tel endroit.
Mais il avait beau les sentir, Samyël ne parvenait absolument pas à s'en servir, pour lancer le moindre sort qui s'apparentait à l'un des 7 Arts. Sauf pour l'Altération. Il parvenait à lancer les sorts et enchantements provenant de cette branche-ci de la magie. Ce qui étonnait fortement son maître qui n'avait jamais été confronté à pareil cas.
Samyël baissa de nouveau le bras, en secouant la tête.
-Désolé maître, je n'y arrive vraiment pas.
Rirjk se gratta la barbe, pensif. Si son jeune élève ne parvenait pas à lancer les sorts de base, ils ne pourraient pas aller plus loin dans l'apprentissage.
-Ba, finit-il par lâcher, on ne va pas te forcer... Nous nous concentrerons sur l'Altération uniquement pour le moment.
-Bien maître.
-Dis moi.. (Rirjk plissa les yeux de manière soupçonneuse avant de continuer :) Tu as fais quelque chose de particulier aujourd'hui?
Samyël leva les yeux, pour faire mine de réfléchir.
"Il va mentir", pensa son maître, qui s'était rendu compte que le jeune homme faisait fi de la vérité lorsqu'il faisait ce petit manège là.
-Hé bien, non. Je suis allé chez Silex, j'ai travaillé, comme d'habitude... Pourquoi cette question?
-Ho non, non, rien...
Mais Rirjk la voyait bien, la petite flamme qui s'était rallumée dans son regard. Cela se sentait aussi dans son parlé, plus vif et moins monocorde. Le vieil homme sourit mais ne chercha pas plus loin, c'était très bien ainsi.
Il se retourna et se dirigea vers un petit tabouret dans le fond de la pièce, où trônait un paquet entouré de linge blanc. Rirjk s'en saisit, et vacilla un peu sous le poids. Puis il revint vers son disciple et déposa son chargement sur la table qui lui faisait face. Le paquet s'écrasa dans un "clac" sonore.
-J'ai enfin reçu ça, du Continent.
-Qu'est-ce que c'est, maître?
-De longues nuits blanches pour toi, en perspectives.
Devant le regard interrogateur de son élève, Rirjk défit le linge d'un geste théâtral, révélant huit livres entassés les uns sur les autres. Sept volumes épais reliés de cuir lourd, et un petit carnet, recouvert d'un cuir plus souple, entièrement noir. Rirjk s'y appuya nonchalamment avec sur le visage le sourire radieux de l'homme content de lui.
-J'ai eu un mal fou à me les procurer. Surtout avec ses nouvelles lois sur le transport des marchandises, plus les taxes, les frais de transports, enfin, je te passe les détails.
Une certaine excitation s'empara de Samyël, alors que ses yeux parcouraient les livres posés devant lui. En plus, ils venaient du Continent! Son maître les étala devant lui, sauf le petit carnet, dont il s'empara lestement en lui disant que celui là n'était pas pour lui, et qu'il avait l'interdiction formelle d'y toucher. Samyël acquiesçait distraitement, alors qu'il touchait le cuir des couvertures. Ils avaient tous une couleur différentes, l'un vert intitulé "De l'Art d'invoquer" par Ford le Blanc; un violet intitulé "Métamorphoses de Caïm" par Caïm et qui semblait traiter d'Altération; un bleu intitulé "Les secrets de l'Enchanteur" par Edwyck de la Tour; un orange intitulé "La Forge de Papy Marteau" par un certain "Papy Marteau" justement, et qui semblait traiter de Méta-Magie; un blanc intitulé "les Dons des Dieux" par Monseigneur de Méhorin et qui semblait traiter de la magie Divine; un rouge intitulé "Le Grand Livre des Mots (ou des Maux)" par un anonyme et qui semblait traiter de la Rhétorique des runes et enfin un marron intitulé "lorsque la foudre se déchaîne" par Baldwyck le Flamboyant et qui semblait traiter de Tellurisme.
-Et donc, poursuivait Rirjk inlassablement, ta prochaine tâche, est de lire et de retenir l'ensemble du contenu de ces ouvrages. Si tu as des questions ou si certains passages te posent problème, n'hésite pas à me questionner, je suis là pour ça après tout. Bien, à partir d'aujourd'hui, considère qu'ils t'appartiennent!
Silex s'enfonça dans la pénombre de sa forge, un immense sourire sur les lèvres.
-Par ici, par ici!, murmurait-il, comme en transe.
Samyël le suivait sans comprendre. C'était la première fois qu'il voyait son employeur comme ça.
-Ha, la voilà! Ma plus belle pièce! J'ai travaillé dessus toute la nuit, pour les finissions.. tu sais ce que c'est...
Le vieil homme s'abaissa vers l'enclume, et saisit un objet long d'environ cinquante centimètres, enveloppé dans une pièce d'étoffe. Il le caressa d'une main rêveuse, puis leva les yeux vers son employé, avant de le lui tendre.
-Tiens, prend la. Elle est pour toi!
Samyël s'en empara, non sans jeter un regard interrogateur à Silex. En palpant l'objet, il lui sembla le reconnaître, et ses yeux s'agrandirent de stupéfaction et de joie. Fébrile, il fit glisser l'étoffe le long de l'objet, révélant petit à petit la lame brillante d'une épée en acier. "Ma plus belle pièce", avait dit Silex. Il avait sûrement raison. La lame, coupante comme celle d'un rasoir, captait chaque petit éclat lumineux et semblait donc entourée d'un halo salvateur, qui soulignait la finesse du travail qui y avait été apporté. Quelques runes ainsi que l'image d'un ours redressé sur ses pattes arrières y avaient été gravées. La poignée et la garde, simples, semblaient avoir été adaptées pour sa main. En plus d'être parfaitement équilibrée, l'arme pesait juste ce qu'il fallait.
-Pourquoi, commença Samyël, enfin je veux dire à...
-Joyeux anniversaire mon garçon!, s'écria soudainement le vieux Silex en l'empoignant par les épaules.
Et il se mit à sautiller tout autour de lui, comme un gamin heureux.
"C'était donc ça", pensa Samyël avec un sourire.
Sur le Continent, tout autant que sur Solanéa, l'anniversaire était une fête qui existait, mais que l'on ne célébrait que dans les classes élevées où l'on avait l'argent pour. Les gens issus des basses classes de la société ne le faisaient pas, ou très rarement.
Treize ans. C'était l'âge de Samyël. A présent, aux yeux du monde, c'était un homme. C'était la première fois qu'on lui offrait quelque chose pour son anniversaire. Mais, à ce moment là, serrant l'épée contre son coeur, il se promit qu'il le fêterait tous les ans.
-Alors, elle te plaît?, demanda Silex, son grand sourire ne souhaitant apparemment pas vouloir quitter son visage.
-Oui, beaucoup, elle est magnifique...
-De mon temps, dès qu'un jeune garçon atteignait l'âge de treize ans, on lui offrait une épée. Si il apprenait à s'en servir, il devenait guerrier ou soldat. S'il la cassait, il devenait magicien, ou érudit. S'il la revendait, il devenait marchand ou artisan.
-Et vous, vous l'avez revendue?
-Oui, c'est cela même.
-Et si on voulait devenir deux de ces choses là?
Silex se gratta la joue, pensif.
-Je ne me rappelle pas avoir déjà eu à faire à pareil cas.
-Alors je serais le premier, fit Samyël avec un sourire.
Il montra du doigt les runes gravées sur la lame.
-Qu'est-ce que ça veut dire?
-C'est ton nom, enfin, d'après ton maître. Et l'ours, c'est pour que tu te souviennes de nous, finit-il, énigmatique.
Après quoi, Silex sortit deux choppes de derrière un établi, et ils burent de la bière. Sans le savoir, le vieil homme venait de développer ce qui serait le plus gros vice du garçon, l'alcool.
Cette nuit là, il reçut la visite de Rose, qui lui souhaita un bon anniversaire, à sa façon...
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Cependant, je reste sur mon 1/chapitre semaine, pour ne pas épuiser tout le stock d'un coup^^
Prince du Crépuscule:
Eh bien Great Magician Samyël, ça me fait vraiment très plaisir de te voir poster l'une de tes suites que j'apprécie tant! ^^ Je sais que tu attendais une critique de ma part, et tu me connais, je n'y manquerais pour rien au monde, surtout quand il s'agit de ta chère fiction, ton cycle rougien. :)
Avant de commencer, j'ai relu le chapitre précédent pour me remettre "dans le bain", comme on dit. Et je dois dire que j'apprécie toujours autant les effets sombres et perturbants que tu as insufflé à tes lignes. Tu as l'art de savoir exprimer les sentiments et de dégager une atmosphère, aussi oppressante soit-elle, sans artifces et maints détours, c'est propre, bien amené (malgré quelques répétitions et encore et toujours des fautes, mais je ne t'en tiens pas rigueur, d'autant qu'il y en a de moins en moins.) Enfin, j'aime beaucoup ce que tu fais, petit Mage Vermeil, autant que par l'histoire, les personnages, l'ambiance que par le style, et en cela je ne te féliciterai jamais assez et ne t'encouragerai jamais assez de continuer, le plus sincèrement du monde. ^^
Dans cette nouvelle suite tant attendue (ravi que tu aies pu autant écrire pendant les vacances, tu auras le temps de trouver de meilleures idées encore :) ) j'ai retrouvé non seulement tout ce qui m'a plu, mais aussi une réelle évolution, une progression nette après le "prélude" introductif des ombres se déversant comme un flux mortel sur le Continent. Et je tiens à dire que j'ai adoré! Certes, quelques passages sont assez "torrides" si je puis m'exprimer ainsi, mais j'admire la teneur de tout l'ensemble, c'est d'une maîtrise, d'une avancée dans les effets et sentiments escomptés absolument superbes, que j'ai beaucoup apprécié et qui m'ont littéralement séduit. Et là s'insinue enfin un peu de féminité dans ce cycle de brute ( ;) ) en la personne de Rose, la découverte des sentiments amoureux, comment tu l'as retranscrite, tout en délicatesse et gradation, jusqu'au paroxysme de la passion, dans un sulfureux moment de communion... Tu as grandement réussi tout ça, vraiment, particulièrement l'ambiance féérique avant que "la magie ne s'opère"! J'ai pris grand plaisir à la lire! ^^ Peut-être est-ce un peu brutal et osé comme entrée en vigueur de la tendresse et de l'amour, surtout dans les expressions choisies, mais je trouve que ça correspond parfaitement à ton cycle et à ta manière d'écrire, moi j'ai aimé en tout cas, c'est ce qui compte à mes yeux. :)
J'ai hâte de découvrir l'évolution de Samyël, puis le véritable départ des péripéties, dangereuses et épiques! ^^ Sa formation, son apprentissage sont toujours aussi intéressants, le voir progresser, affronter les difficultés de la magie sous nos yeux est très plaisant. Et enfin, la scène du cadeau que reçoit Samyël de la part de Silex est touchante, elle m'a véritablement plu, on ne lui souhaite que du bonheur à ce petit bout d'homme! (enfin, façon de parler! Ksh! Ksh! Ksh! j'attends aussi le vrai drame moi, la vraie aventure! :niais: ).
Arf, je me suis emporté, enfin tu commences à avoir l'habitude. ( Voilà ce que c'est que d'avoir des moments de haute inspiration, je vous jure ^^") En un mot, j'aime beaucoup, continue comme ça et ne cesse pas de nous donner autant de plaisir, mister Great Magician Samyël, je ne peux que te souhaiter de poursuivre! :)
A bientôt pour la prochaine suite j'espère, un peu avant la rentrée de préférence! ^^
Great Magician Samyël:
Hohoho, c'est le Géant en Vert :niak:
Finalement, la Kuvett que je suis temporairement aura poster un chapitre, dans ce haut lieu de connaissance des Arcanes (auto proclamé) :niak:
Le jour où Nehëmah rentre en plus, apparemment, si c'est pas merveilleux :niak:
Bref, contrairement à la coutume, pas de palabres aujourd'hui, va falloir attendre le retour du Magicien pour ça :niak:
Place au Chapitre 13, je vous assure, il n'est pas maudit, du moins, pas trop... :niak:
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Chapitre 12: Démonologie.
"L'essence des créatures, des familiers, des esprits et des animaux se déplacent le long des courant arcaniques. Pour les appeler, le conjurateur doit projeter son esprit dans les courants, afin de tisser un lien symbiotique avec l'essence souhaitée. Pour se faire, il doit [...] En récitant la formule appropriée, le conjurateur ouvre une brèche dans les Courants, permettant à l'essence de prendre forme dans notre monde [...] L'essence y restera un temps limité par les pouvoirs du conjurateur, la qualité des ingrédients utilisés pour le sort ainsi que d'autres facteurs trop compliqués pour le novice, qui ne seront donc pas expliqués dans ce présent ouvrage. (Voir "De L'art d'Invoquer vol II") [...]"
De L'art d'Invoquer, extrait.
"Comme le disait Bertram le Métamorphe, "Altérer, c'est l'art de changer le monde, en bien ou en mal" C'est pourquoi le novice doit garder à l'esprit que si l'Altération n'a de limites que l'imagination et le savoir de l'Altérant, toutes utilisations excessive du 2e Art sera sévèrement réprimandée par l'Enclave des Mages. Ci dessous, une rapide liste d'exemples tirés de l'Histoire à ne pas suivre : [...]
Afin de pouvoir changer la réalité d'un objet ou d'un être vivant, l'Altérant doit connaître le nom véritable de sa cible (il en va de même pour un être humain). L'Altération repose sur une unique formule que l'Altérant adapte au cas auquel il est confronté. Ci dessous, ladite formule et le nom véritable de quelques éléments de base que le novice pourra s'entraîner à Altérer: [...]
L'Altération de soi est plus complexe, dans le sens ou la formule diffère et où la capacité imaginative de l'Altérant est mise à contribution [...]
A noter que si l'Altérant reste trop longtemps sous une autre forme, la transformation devient irréversible [...]"
Métamorphoses de Caïm, extrait.
"-Je suis enchanté de faire votre connaissance.
-Cette nouvelle m'enchante.
Ce sont là des phrases que vous avez déjà dû entendre. Bien, mais, qu'est-ce que l'Enchantement? L'art d'être heureux? Certes non!
D'un point de vue purement rhétorique, c'est l'Art de conférer à un support quelconque un pouvoir magique, pour une durée définie.
Concrètement, c'est l'Art d'apposer une rune sur un objet ou une surface afin de lui allouer une capacité.
Par exemple, renforcer une construction en bois, rendre permanent l'affûtage d'une lame...
Et ce ne sont que deux exemples parmi des milliers de possibilités! [...]"
Les Secrets de l'Enchanteur, extrait.
"Bien le bonjour, ami lecteur Tu viens de franchir le pas de la porte de la forge de Papy! On m'a demandé de rédiger un volume pour vous révéler tous mes secrets... Il paraît que je me fais vieux! Enfin, arrêtons de bavasser, nous avons du boulot devant nous!
Vous voici au seuil d'un monde rempli de métal, de runes et de bière, enfin je veux dire de magie! Mais, savez-vous ce qu'est la Méta-Magie? C'est très simple, c'est l'Art combiné de la forge et de la magie! L'Art d'insuffler la vie à vos créations! C'est un travail harassant et épuisant, autan que vous soyez prévenus, mais les méta-mages sont parmi les plus reconnus! Alors persévérez, vous verrez, vous n'en tirerez que des avantages! [...]"
La forge de Papy Marteau, extrait
""Lorsque Moryack apparut à l'Archimage Cantalor, celui-ci ne se doutait pas qu'il allait devenir le premier maître de la discipline la plus noble de l'ensemble de l'Art.
-Soit fier, mage, lui dit le dieu, tu vas devenir le réceptacle de mon savoir, que je te charge de transmettre à tes disciples."
C'est ainsi que commence le Sermon de Moryack, qui n'est autre que le premier traité sur le 5e Art, la magie dite Divine, car enseignée originellement par le Dieu Moryack en personne.
Son but est le plus noble qui soit, protéger, et préserver la vie d'autrui. [...]"
Les dons des Dieux, extrait.
"La Rhétorique des runes est un art complexe, réservé aux initiés. Avant de pouvoir commencer l'apprentissage, le Rhéteur doit connaître une base de runes basiques, suivant ci après: [...]"
Le Grand Livre des Mots (ou des Maux), extrait.
Samyël referma le livre et se frotta les yeux, qu'il avait fatigués. Il venait de finir le dernier livre, l'esprit plein de formules, de runes, de règles, de lois et de mises en garde. Il avait plus apprit en une semaine de lecture intensive qu'en six ans d'apprentissage. Il n'avait pas tout retenu, mais une bonne partie. Décidemment, la lecture était une chose qu'il appréciait grandement. Il regrettait à présent la quasi absence d'ouvrages sur Solanéa.
Il remonta la couverture jusqu'au menton de Rose, endormie à côté de lui, et elle bougea dans son sommeil.
Il souffla la bougie, et les ténèbres emplirent l'intérieur de l'ex maison d'Henry, où il avait continué à vivre après la mort de celui-ci.
Il s'endormit rapidement.
-J'ai fini de lire les sept ouvrages, maître.
-Ha! Parfait, en plus tu tombes bien. Aide moi avec la charrue. Elle est coincée. Mets toi de cet côté et tire quand je te le dirais. Qu'en as-tu pensé?
-Pardon?
-Les livres.
-Ha. C'était très... instructif. J'ai appris pas mal de sorts aussi. Mais...
-Tire maintenant.
-... je n'arrive pas à les lancer...
-Pourquoi cela?
-Je ne sais pas. C'est comme à l'entraînement. Je sens que ça vient, mais rien n'y fait.
Rirjk s'arrêta un moment et regarda son disciple.
-C'est un problème. Il faudra bien que nous y remédions.
Samyël acquiesça mais, étrangement, au fond de lui il se doutait que se ne serait pas possible...
-Je suis appelé à Gontarion pour une affaire urgente, et Erika et Erik sont chez la vieille guérisseuse au Vallon, il semblerait qu'il ait prit froid. Enfin bref, je veux que tu t'occupes de la maison et du potager aujourd'hui. Je suis sûr que tu t'en sortiras très bien! A ce soir! N'oublie pas de préparer le repas surtout! Huhu!
-Maître, attendez!
Mais déjà Rirjk sautait sur le dos du cheval qui l'attendais et s'éloigner sur le sentier au galop. Samyël soupira mais se résigna.
Il commença par le potager, il fallait ramasser les légumes mûrs, déraciner les mauvaises herbes, arroser, retourner la terre... Il s'empara de la bêche en soupirant à nouveau. La journée risquait d'être longue...
Il finit son labeur tard dans l'après midi, Erika n'était toujours pas rentrée. Il rangea les outils dans la petite cabane prévue à cet effet. Il rentra ensuite en traînant les pieds, pensant à l'avance à ce qui l'attendais encore. Il s'assit un moment à la table, pour récupérer un peu. C'est alors que son regard fut attiré par le noir de la couverture d'un petit carnet, posé sur le manteau de la cheminé. Le mystérieux carnet venu du Continent, que son maître lui avait interdit de toucher. Il n'y fit pas attention mais commença à balayer l'intérieur de la maison.
Alors qu'il faisait les poussières sur la cheminé, il fit tombé le carnet par terre, qui s'ouvrit sur la première page. Samyël se baissa pour le ramasser mais il se stoppa lorsqu'il lu le seul mot inscrit à l'encre rouge sur la page.
"Démonologie"
Une certaine excitation s'empara de lui à cette lecture, doublée d'une peur insidieuse qu'il ne s'expliquait pas. Il ne savait même pas ce que cela voulait dire. ¨Passant outre l'interdiction de son maître, il s'en empara et s'installa sur la table. Il tourna la page d'une main hésitante. Des centaines de runes écrites en rouge s'alignèrent sous ses yeux. Les battements de son coeurs s'accélérèrent sans raison. Sans vraiment savoir pourquoi, il se mit à les lire à haute voix. Un grand froid s'empara de lui et il eu l'impression que des serres s'étaient refermées sur son coeur. Mais il continuait à lire d'une voix tremblante, comme hypnotisé. Il entendit alors des chuchotements autours de lui. Des voix sépulcrales qui répétaient de façon angoissante tout ce qu'il lisait. Ses mains commencèrent à trembler.
Et soudain, il sut qu'il n'était plus seul dans la maison.
Il releva vivement la tête, et renversa sa chaise en hurlant. Là, dans l'ombre devant lui, une forme sombre était tapie, dont il ne distinguait que deux yeux ronds et jaunes, sans pupilles, qui ne cillaient jamais. Ils étaient fixés sur lui. Des yeux inquiétants, inhumains. Il se dégageait de la "chose" une aura d'angoisse, accentuée par la nuit tombante. Sans s'en rendre compte, il avait dû lire le carnet au moins trois bonnes heures.
Mais qu'avait-il fait?
Pendant un instant, le temps sembla figé. Un des derniers rayons du soleil couchant traversa l'unique fenêtre de la maison. Lorsqu'il révéla la créature cachée dans l'ombre, l'estomac de Samyël se retourna et son coeur se figea.
"Dieux, je vais mourir", pensa-t-il instantanément.
La gueule du monstre s'écarta de façon grotesque, révélant un sourire démoniaque. Lorsque la pièce se retrouva plongée dans la pénombre, il commença à se mouvoir; semblant glisser sur le sol, épousant les formes des obstacles pour les franchir. Les pupilles dilatées par la peur de Samyël suivaient chacun de ses mouvements, comme si ça vie en dépendait. Ce qui était sûrement le cas. Des paroles commencèrent alors à emplirent son crâne; des mots dits dans une langue qu'il ne connaissait pas, aux accents gutturaux et sauvages. Et lorsque ces voix éclatèrent de rire, quelque chose dans son esprit céda. Son corps se relâcha et il sentit son pantalon s'humidifier. Il commença à rire nerveusement, comme un dément, tandis que ses yeux n'étaient plus que deux petits points verts entourés de blanc nervuré de rouge.
Une langue longue, pointue et baveuse vint lui lécher la joue et dans les yeux jaunes, à quelques centimètres de son visage, il vit le reflet de sa propre mort. Cela le révolta. Il sentit naître en lui un sentiment alimenté par la peur: l'envie de vivre. Son regard se posa sur la porte, à quelques pas de lui. Mais aurait-il le temps d'y parvenir?
"Vas-y", firent les voix dans son esprit.
Sans se poser de question, Samyël leur obéit. Il se releva précipitamment, et se jeta sur la porte, qu'il ouvrit brusquement. L'air frais de la nuit lui sauta au visage. Il se mit à courir comme un fou, rythmant sa course sur les battements de son coeur. Des éclats de rires démoniaques lui parvinrent, et en jetant un rapide coup d'oeil derrière lui, il vit que la chose le poursuivait, son sourire ignoble ne le quittant pas. Elle agitait sa grande langue dans tous les sens, produisant une vision de cauchemar. Samyël s'enfonça dans la forêt sans réfléchir. Instinctivement, il avait cru qu'elle lui fournirait un quelconque secours. Mais le monstre gagnait toujours du terrain, sautant d'arbre en arbre avec l'agilité d'un singe.
Soudain, Samyël se stoppa net.
Devant lui, l'étendue infinie et noire de l'océan. La falaise. Il s'était piégé lui même.
Il n'eu pas le temps d'y réfléchir davantage car les serres du monstres se refermèrent sur ses épaules, déchirant les chairs et s'enfonçant profondément. Il hurla en s'effondrant en avant. Il eu le souffle coupé lorsque la créature atterrit sur son dos. Elle riait. Elle riait aux éclats. Elle se délectait de la peur et de la souffrance de sa proie. D'une geste rapide et violent, elle le retourna sur le dos et sa langue vint de nouveau lui lécher le visage. Son sourire atroce démontrait une joie sauvage à l'idée de tuer. Elle leva l'une de ses serres et d'un mouvement vif et précis, trancha dans la chair. Samyël hurla de plus belle, la douleur ayant atteint son paroxysme. Il sentait son sang quitter son corps et former une flaque sous lui. Il voulut se débattre mais la créature était trop forte. Elle commença à lui labourer le torse, envoyant de petits bouts de chair et du sang dans les air. De l'écume rouge se forma dans la bouche du jeune homme, et ses yeux se révulsèrent. Il sentait sa fin venir. Il eu soudainement envie de dormir. Fermer les yeux, et échapper au cauchemar...
C'est alors qu'un rayon de lumière blanche jaillit de la forêt et vint percuter le monstre. Celui hurla et partit rouler un peu plus loin. Rirjk émergea de l'ombre. Son regard était plus noir encore que la nuit et ses traits faisaient transparaître une colère sans bornes. Alors que la créature se relevait, son sourire envolé, le mage prit une pincée d'une poudre violette dans une des bourses suspendues à sa ceinture. Il la jeta dans les airs et incanta rapidement. Dans un hurlement de rage, le monstre se précipita sur lui. Rirjk tendit le bras vers lui en terminant d'incanter. Une explosion de lumière secoua la falaise. Samyël ferma les yeux pour s'en protéger. Lorsqu'il les rouvrit il vit son maître balancer le corps calciné de la chose dans la mer avec son pied.
Ensuite, il se retourna vers son apprenti. Et son regard le cloua sur place.
-Maître, je...
Rirjk le prit par le col, et le releva d'un geste brusque. Les pieds à quelques centimètres du sol, Samyël regarda son maître avec un regard apeuré. Le poing de Rirjk s'abattit sur le visage du jeune homme en craquant, le renvoyant à terre. Samyël haleta sous le coup de la douleur générée par ses multiples blessures.
-Considère ça comme une leçon, dit Rirjk en tournant les talons.
Samyël ferma les yeux, en gardant l'image des bottes de son maître s'éloignant de lui...
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