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Je bouquine !

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Plastik:
En ce moment, je lis le fameux Dracula de Bram Stoker, et ça me fait du mal de le dire, mais c'est vraiment pas terrible du tout...

Le roman (je le savais avant de le lire) est épistolaire: extraits de lettres, divers journaux intimes, etc... Le style d'écriture est excessivement redondant. Je me suis laissé leurrer par les quelques cinquante premières pages dans le mythique château, pour le coup vachement bien fichues, mais une fois que l'aventure déménage en Angleterre, bon sang, c'est mou!

Les personnages sont tous beaux, gentils et braves, chaque parole du Dr. Van Helsing (Amstellodamois) est retranscrit avec un million de fautes (parce qu'il est étranger) de grammaire, ce qui est embarrassant vu qu'il occupe la moitié des dialogues...

(Cliquez pour afficher/cacher)Les femmes sont faibles, les hommes sont forts, et par un immense tour de magie, Jonathan Harker, enfermé dans le château a une future fiancée au pays natal, qui elle connait une certaine Lucy vivant proche de la mer et qui se fait mordre lors de l'arrivée en bâteau de Dracula, qui elle connait un docteur qui connait Van Helsing et qui vit juste à côté de la maison acquise par le comte!!
Les ficelles scénaristiques sont énormes, les héros sont mous et chiants, il ne me reste que cent pages et pourtant j'en ai vraiment pas envie tellement le livre a mal vieilli. Quelques trop brefs passages font bien ressentir l'horreur, mais ils sont bien trop rares, l'auteur ayant préféré se perdre dans un dédale de lettres et de retranscriptions de phonographes superbement chiant rempli de bons sentiments victoriens particulièrement grotesques.

Je suis vraiment très déçu de ce roman et j'ai vraiment hâte d'en avoir fini pour passer à autre chose.

D_Y:
@Plastik

Je conçois que tu trouves le roman chiant, mais je capte pas trop tes critiques à son égard.
Admettons le gros défaut du livre : son manichéisme. C'est tout simplement que l'histoire est symboliquement la lutte de la Vie contre la Mort (littéralement). Pourquoi ce serait nécessaire pour faire une bonne œuvre d'en tisser une trame complexe, toute en nuance ? Parce que la vraie vie est toute en nuance ? Dracula est en réalité un livre profond à la thématique forte (l'amour, la folie, le mystère, la mort...), c'est dommage que tu sois passé à côté.
Si ça se passe en Angleterre et pas dans un château glauque, c'est parce que la Mort est mise à hauteur d'homme, pas dans un enfer surnaturel.

Lucy n'est pas une femme faible, c'est une victime, le symbole de la pureté corrompue. Et son amie Mina est pas faible non plus, elle résiste à l'influence de Dracula après sa morsure et elle participe activement à la traque en Transylvanie. A contrario, Jonathan par exemple n'est pas un surhomme. Renfield est la plus grosse victime du roman en plus d'avoir un destin tragique... Mais peut être que ce qui te dérange, c'est le fait que tous les hommes aient envie de protéger la femme ? Je trouve pas que le défaut soit spécialement lourd.
Ensuite pour la cohérence du groupe et les nombreuses coïncidences que tu as relevées. Tu l'as dit toi même, le roman a un style épistolaire. Le fait que l'intégralité de l’œuvre soit vue à travers les yeux de ce groupe précis est étroitement lié au style, sinon autant faire un narrateur extradiégétique bidon. Et de là interroge toi sur le pourquoi Stoker a choisi de raconter son histoire dans un environnement étriqué, plutôt que l'inverse. Sur ce que ça implique pour le lecteur et sa perception de l'horreur. Rappelle toi par exemple la scène où Jonathan (je crois) voit Dracula dans la rue en compagnie d'autres personnes. Stoker aurait pu faire une intrigue parallèle avec ça, mais non. Il a eu la flemme, ou il y a une vraie raison ?

Quant au fait que tous se connaissent et que Dracula, comme par hasard, ait choisi d'habiter à côté de l'asile, c'est tout simplement que Dracula choisi Jonathan, et par extension Mina, pour se rapprocher de l'Angleterre. Et comme tous les personnages gravitent autour de Mina, il n'est pas spécialement extraordinaire qu'il ait choisi un endroit situé tout prés d'un de ses ami proche. Van Helsing est un docteur appelé à l'origine pour son avis de docteur (c'est un docteur ami d'un docteur quoi) qui s'avère devenir efficace au fur et à mesure qu'il analyse le mal qui ronge Lucy. Rien de bien solide pour effriter la suspension d'incrédulité je trouve.

Bref, je vois pas vraiment de quelles ficelles tu veux parler, de même que certains points soulevés (le fait qu'un roman écrit en période victorienne soit trop victorien par ex) me laissent dubitatifs. Je comprends que tu trouve le livre chiant (ça dépend de ta propre sensibilité) mais tu vois des défauts là où il n'y en a pas, et qui ont fait la force du livre dans l'imaginaire collectif.

Btw je sais pas en français mais dans la VO, Van Helsing parle comme tous les autres personnages, il n'y a pas de fautes de grammaires (ce qui, vu l'érudition du mec, aurait été assez grossier).

Plastik:

--- Citation de: D_Y le vendredi 18 août 2017, 22:16:21 ---@Plastik

Je conçois que tu trouves le roman chiant, mais je capte pas trop tes critiques à son égard.
Admettons le gros défaut du livre : son manichéisme. C'est tout simplement que l'histoire est symboliquement la lutte de la Vie contre la Mort (littéralement). Pourquoi ce serait nécessaire pour faire une bonne œuvre d'en tisser une trame complexe, toute en nuance ? Parce que la vraie vie est toute en nuance ? Dracula est en réalité un livre profond à la thématique forte (l'amour, la folie, le mystère, la mort...), c'est dommage que tu sois passé à côté.
Si ça se passe en Angleterre et pas dans un château glauque, c'est parce que la Mort est mise à hauteur d'homme, pas dans un enfer surnaturel.

Lucy n'est pas une femme faible, c'est une victime, le symbole de la pureté corrompue. Et son amie Mina est pas faible non plus, elle résiste à l'influence de Dracula après sa morsure et elle participe activement à la traque en Transylvanie. A contrario, Jonathan par exemple n'est pas un surhomme. Renfield est la plus grosse victime du roman en plus d'avoir un destin tragique... Mais peut être que ce qui te dérange, c'est le fait que tous les hommes aient envie de protéger la femme ? Je trouve pas que le défaut soit spécialement lourd.
Ensuite pour la cohérence du groupe et les nombreuses coïncidences que tu as relevées. Tu l'as dit toi même, le roman a un style épistolaire. Le fait que l'intégralité de l’œuvre soit vue à travers les yeux de ce groupe précis est étroitement lié au style, sinon autant faire un narrateur extradiégétique bidon. Et de là interroge toi sur le pourquoi Stoker a choisi de raconter son histoire dans un environnement étriqué, plutôt que l'inverse. Sur ce que ça implique pour le lecteur et sa perception de l'horreur. Rappelle toi par exemple la scène où Jonathan (je crois) voit Dracula dans la rue en compagnie d'autres personnes. Stoker aurait pu faire une intrigue parallèle avec ça, mais non. Il a eu la flemme, ou il y a une vraie raison ?

Quant au fait que tous se connaissent et que Dracula, comme par hasard, ait choisi d'habiter à côté de l'asile, c'est tout simplement que Dracula choisi Jonathan, et par extension Mina, pour se rapprocher de l'Angleterre. Et comme tous les personnages gravitent autour de Mina, il n'est pas spécialement extraordinaire qu'il ait choisi un endroit situé tout prés d'un de ses ami proche. Van Helsing est un docteur appelé à l'origine pour son avis de docteur (c'est un docteur ami d'un docteur quoi) qui s'avère devenir efficace au fur et à mesure qu'il analyse le mal qui ronge Lucy. Rien de bien solide pour effriter la suspension d'incrédulité je trouve.

Bref, je vois pas vraiment de quelles ficelles tu veux parler, de même que certains points soulevés (le fait qu'un roman écrit en période victorienne soit trop victorien par ex) me laissent dubitatifs. Je comprends que tu trouve le livre chiant (ça dépend de ta propre sensibilité) mais tu vois des défauts là où il n'y en a pas, et qui ont fait la force du livre dans l'imaginaire collectif.

Btw je sais pas en français mais dans la VO, Van Helsing parle comme tous les autres personnages, il n'y a pas de fautes de grammaires (ce qui, vu l'érudition du mec, aurait été assez grossier).

--- Fin de citation ---

Bon bah, en effet, ce livre me déplait, son style d'écriture me bourre complètement.

Je comprends bien que Harker a été choisi par Dracula et que tout orbite d'un seul groupe, mais cela rend le scénario extrêmement prévisible, notamment Renfield qui parle sans cesse de son "maître", qui dit que Mina doit partir, et surprise, Dracula a pénétré dans l'asile pour accomplir sa funeste tâche (propos dits en présence de Van Helsing, le professeur qui sait tout sur tout), du coup, ça me laisse un peu pantois et me fait lever les yeux au ciel, plusieurs détails comme ça dans le livre me gonflent un peu: Van Helsing qui n'arrête pas de dire que durant la journée Dracula est planquée dans une "box" alors que Harker et lui-même ont été confronté au gars en plein jour... Erm, ça passait peut-être bien à l'époque, mais là en le lisant tout de suite, c'est quand même un peu gros. Même si la seule explication que je trouve derrière cela est effectivement que Dracula se serve de tout ce petit monde (après tout Harker s'échappe sans qu'on ne sache trop comment d'un château entouré de loups et rempli de saloperies), mais s'il est capable de tisser un tel plan et d'être omniscient à ce point, cela rend sa fuite d'Angleterre et sa déconfiture encore plus décevantes.

Comment Dracula a-t-il pu deviner que Mina se trouverait à Whitby, auprès de son amie Lucy? (Première victime de Dracula en Angleterre). Je trouve aussi que c'est un beau hasard que le docteur ami de Lucy (ne connaissant ni d'Eve ni d'Adam Mina et Harker avant que VH ne trouve les lettres de Mina adressées à Lucy et embarque tout le monde dans sa quête) habite à deux pas de l'asile de celui-ci. Dracula avait d'ores et déjà choisi sa résidence à Londres près dudit centre d’aliénés avant même d'avoir rencontré Jonathan Harker, qui va en remplacement de son patron qui a été victime d'une attaque de goutte.

Quant aux thématiques (La vie, la mort, la folie, l'amour, cette pointe de sensualité), on les ressent en effet poindre à travers le livre dans certains chapitres mieux torchés, mais encore une fois sa dualité très simpliste m'empêche effectivement d'éprouver un attachement quelconque à ses personnages ultra premier degré, la seule pour qui j'éprouve une quelconque compassion étant Mina qui refuse en effet son sort et veut participer à l'expédition.

Son manichéisme et son style me provoquent une terrible lassitude, je trouve simplement que le bouquin a très mal vieilli et ce à de nombreux points de vue.

Et en effet je lis la VO, et si, Van Helsing parle quand même pas très bien l'anglais, même en recherchant sur le net, je ne suis pas le seul à avoir cet avis, il y a des passages où c'est écrit parfaitement, mais d'autres où se glissent des erreurs aléatoires et des redondances ou des phrases sans queue ni tête. Les autres personnages parlent bien mieux, si on oublie les retranscriptions phonétiques des divers ouvriers et gardien de zoo rencontrés dans le livre.
Genre ça, c'est des exemples assez probants de complet WTF:

"Now take down our brave young lover, give him of the port wine, and let him lie down a while.... I may take it, sir, that you are anxious of result. Then bring it with you that in all ways the operation is successful."

"Notwithstanding his brave words, he fears us; he fear time, he fear want! If not, why he hurry so? His very tone betray him, or my ears deceive."

"Oh, Madam Mina," he said, "how can I say what I owe to you? This paper is as sunshine. It opens the gate to me. I am daze, I am dazzle, with so much light, and yet clouds roll in behind the light every time. But that you do not, cannot comprehend. Oh, but I am grateful to you, you so clever woman."

Donc oui, peut-être que tout ce que je souligne n'est propre qu'à ma sensibilité (sauf les erreurs de Van Helsing), et ce qui me déplait dans le bouquin est sûrement du à l'époque du livre et inhérent à son style. Néanmoins, de nombreuses nouvelles d'épouvante datant d'avant le roman de Stoker parviennent à instiller un minimum d'effroi et de questionnement avec des personnages un peu plus profonds que Quincey ou Goldmaning.

Bref, cela reste pour moi une véritable déception, et un livre d'un ennui manifeste dont les mérites sont complètement enterrés par tous les défauts que je lui trouve.

 

D_Y:
@Plastik

Justement tes réserves se justifient par le style du livre même, non ses facilités scénaristiques et encore moins par l'époque de sa parution (j'ai vraiment horreur de Dune par exemple mais je lui reconnais beaucoup de qualités). Le fait que la sauce prend chez encore de nombreuses personnes montre que les ficelles scénaristiques (qui ne sont pas toujours un défaut dans une œuvre) n'ont pas le même impact selon les individus.
Le livre n'a pas tellement pour but d'être un livre d'horreur pure, plein d'effroi à toutes les pages. C'est sa simplicité justement qui donne sa force à des passages plus glaçants au fil de l'histoire.
Le fait que tu ne t'attache pas aux personnages est totalement subjectif, personnellement je trouve le passage chez Lucy vraiment touchant et j'ai toujours apprécié les personnages masculins du roman.

Pour répondre rapidement au reste, je trouve certaines incohérences et facilités soulignées un peu exagérées (le fait que Renfield prévienne Mina du danger et qu'elle se fasse mordre quand même par exemple). Déjà tout passerait mieux en comprennant que Dracula n'est pas un être omniscient, il est très intelligent, manipulateur et joueur, mais pas infaillible (sinon la fin aurait été toute différente). De même que Van Helsing n'est pas un expert en vampires badass mais à la base un simple docteur consulté pour une maladie bizarre (qu'il mettra un peu de temps à comprendre, et ce en faisant de nombreuses recherches).

Pour le reste je t'avoue que le souvenir de ce livre n'est plus très frais dans ma memoire. Quel est ce passage où Helsing et Harker voient Dracula en plein jour ? (le seul analogue auquel je pense me semble être de nuit, si t'as l'édition Penguin Classics je veux bien la page).
Où est-il fait mention du fait que Dracula s'attendait à voir Mina à Whitby ?
Quant au fait qu'il ait décidé d'habiter comme par hasard à côté du fiancé de l'ami de Lucy, elle même amie de la fiancée de Jonathan qui part au château à la place du patron malade, la clé est Renfield, c'est le liant entre Dracula et le groupe.
(l'attaque de goutte j'ai toujours pensé que c'était pas du tout une attaque de goutte mais autre chose qui oblige Jonathan à venir au château, mais c'est bien possible que je me trompe et dans ce cas je suis assez d'accord)

Pour les erreurs de Van Helsing mea culpa, j'en avais aucun souvenir et je suis allé vérifier dans mon propre livre lorsque j'ai lu ton premier message. De toute évidence je suis tombé sur les passages grammaticalement corrects.

Lucario32220:
Je ne sais pas s'il a déjà été mentionné, mais "La Couleur des Sentiments" ou "The Help" en anglais, écrit par Kathryn Stockett, est à mon sens un ouvrage exceptionnel! Il est touchant quand il faut, drôle aux moments clés, et prenant dans les passages qui doivent nous surprendre. De plus ce thème de la ségrégation raciale aux USA dans les années 1960 est touchant et possède un petit quelque chose qui nous fait continuer de lire pendant des heures. Ce livre nous fait suivre le quotidien de deux bonnes noires, fatiguées de leur condition, Aibileen et Minnie (dont ses passages sont bien écrit à un point qu'on se demande si Minnie ne les a pas écris elle-même tellement ils collent à son état d'esprit) et celui d'une jeune journaliste au besoin d'indépendance, revenue dans le sud auprès de sa famille: "Skeeter". On les suivra donc dans leur parcours pour l'égalité. Je le conseille vraiment à toutes les personnes, lisant beaucoup ou non, car ils vous transportera et vous marquera à tous jamais.

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