J'ai relancé une partie de
Tales of Symphonia après presque 15 ans, sur la version PS2/3 (je sais jamais laquelle mais en tout cas plus complète que la GC) portée sur PC, avec l'absence du flou dégueulasse de la version GC qui est sans doute la cause première de ma myopie tellement j'ai passé d'heures sur ce jeu penché sur ma petite télé cathodique, et surtout les voix japonaises. Au départ je voulais garder les voix anglaises pour me remettre dans les conditions de l'époque mais j'ai vite laissé tomber, et j'ai bien fait car la VO est vraiment de qualité sur ce jeu (et au contraire la VA est nulle).
Je ne savais pas si j'allais aimer, car ToS à l'assez grand inconvénient d'avoir été le premier RPG 3D de mon existence sur ma première console personnelle, qui plus est console de salon 3D (ce qui n'a l'air de rien mais quand on a connu que la 2D portable toute sa vie ça fait un choc, la transition a pas été progressive dans mon cas), bien évidemment jeu le plus long et le plus complet de ma ludothèque en 2004 et qui le restera pendant assez longtemps. Je me vois encore rentrer du magasin avec mon jeu sous blister, c'est dire. Ce qui fait que pendant tout ce temps j'ai jamais su dire si le jeu était un classique ou une bouse ne reposant que sur ma nostalgie. Avec 60h de jeu (en NG mais j'en ai prévu au moins 3 de plus, si j'ai la patience, pour aller au 100%) et devant la porte de Mithos (toc toc mothafuckaa), je peux donner un premier bilan, que je pense malheureusement biaisé malgré mes précautions.
D'abord ce qui fâche. Il n'y a pas de flou certes mais on se rend compte dans la version HD que son existence n'était pas un hasard. Il y a de la satanerie dans certains endroits, des jpeg moisis posés là pour faire illusion (ce qu'ils ne parviennent pas à faire), du gros pixel à te faire passer un sol pour un plateau d'échecs ; et des choses qui se voyaient déjà à l'époque, c'est à dire les animations pathétiques et la map monde qui aurait pu tourner sans soucis sur PS1/N64. J'avais mis pendant longtemps sur le compte de la grandeur du monde cette mocheté, mais il faut dire qu'en fait les deux mondes, surtout celui de Sylvarant, sont en réalité minuscules, se traversent d'un bout à l'autre en 20 secondes lorsqu'on prend possession des ptéroplans, et ne sont remplis que de minuscules villes aussi. J'en viens à me demander pourquoi ils ont eu besoin de deux CD à l'époque de la GC.
Mais ce n'est pas si grave que ça en a l'air car le jeu est esthétiquement
beau. Bon certes pas tout. Par exemple tout ce qui est affilié au Temple de la Terre, des gnomelets jusqu'à Gnome lui-même, transpirent le nawak. Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres. Le jeu oscille entre la beauté (notamment dans les esprits originels, Ondine ou Luna en premier lieu) et le manque de goût flagrant. Je jurerais que la licorne a été tellement ratée par la Création qu'elle s'est elle-même laissée trépasser pour abréger ses souffrances.
Ensuite il y a l'histoire. Sans vouloir taper dans du Proust ou du Shakespeare, on dirait que le jeu a été écrit par un ado qui découvre le nazisme et qui est en même temps dans sa période Shōnen (car le nazillon en chef de l'histoire est lui-même un gosse, pas seulement physiquement mais mentalement). C'était un aspect du jeu que j'avais déjà capté (et regretté) quand j'avais 13 ans, autant dire que c'est pas bien subtil car le mini-moi était pas brillant (le premier qui dit que le moi de maintenant non plus je le def ban).
Mais ce qui l'est, et que j'avais bizarrement occulté ce sont les tentatives de nuancer le schmilblick, et que tout l'aspect sur la discrimination est en fait plus compliqué qu'une simple redite enfantine des fascismes du XXe siècle (ou alors les devs ont voulu nuancer le nazisme mais bon...). En bref, tout comme l'esthétisme, on passe d'une niaiserie absolue à base de "l'Amour vaincra toujours et c'est pas gentil d'être méchant" dont le symbolisme est Colette (qui dans ma mémoire était beaucoup plus chiante que ce qu'elle est en vrai) à une réflexion un peu plus développée (pas de quoi s'arracher les neurones non plus mais bon). Un jeu tiraillé entre deux extrêmes ce qui déconcerte autant que ça fait dire "purée c'est pas si niais que ça en fait".
Alors voilà c'est bien tout ça mais si le jeu se limitait à ce que je viens de dire, j'aurais sans doute pas continué. Or dès la première note de la musique d'Isélia j'ai été conquis. On sait (ou pas) l'importance cruciale qu'ont les OST pour moi et ce jeu n'en est pas dépourvu, d'autant plus quand sur GC je passais exprès des combats en pause rien que pour écouter les pistes que ma mémoire n'a jamais effacées. Finalement j'ai été assez heureux de reparcourir des villes et villages, redécouvrir des PNJs dont j'avais oublié l'existence comme les Minouz, me recreuser la tête pour varier mes stratégies (dans un système de combat qui a toujours autant la patate) et mes capacités EX. Hélas ce qui était moins marrant était de visiter des donjons ma foi assez nuls (surtout quand à l'époque j'avais les Zelda 64 en parallèle) : trop simples et limités (logiquement tous ceux en début de jeu quoi) mais pire que tout ils deviennent irritants sur la dernière ligne droite, j'ai notamment détesté la Tour du Salut et la Forêt d'Ymir (que j'avais très probablement passés avec soluce à l'époque !) ; devoir chercher son chemin et tout visiter plusieurs fois pour être sûr de n'avoir manqué aucun coffre, ça ferait devenir n'importe quel homme desian (et oui pour ceux qui se demandent j'ai fini par louper des coffres en fin de compte, je suis bloqué à 99.2%).
Du reste la progression est fluide, peut être un peu trop si on aimerait mieux suivre un cheminement libre plutôt que de se faire dire explicitement les prochaines étapes par un compagnon de groupe. La routine est brisée seulement quelques fois lorsqu'on tombe sur des ennemis calibrés à haut niveau et sur lequel on est obligé de se casser les dents plusieurs fois avant d'être sûr ce ce soit le cas. En atteste mon trop-plein de confiance lorsque, possesseur de toutes mes armes maudites, je me dirige vers Abyssion que j'avais battu plusieurs fois à l'époque... qui maintenant m'envoie bouffer les pissenlits par la racine en deux minutes. Enfin non même pas car il me laisse aucune mâchoire et m'annihile. J'avais eu aucun GO de tout le jeu même sur les 3 apparitions de l'élite des Enfers, et je suis passé d'une confiance quasi-divine à "ptn je pue la merde c'est chaud !".
Maintenant je vais affronter Mithos avec un Lloyd en slip de bain, une Sheena (très certainement le personnage de jeu vidéo le plus présent sur les sites de hentais en 2005) en costume de gala, Regal en chef cuisinier et Préséa en mascotte d'Altamira. Le petit Hitler de 13 ans il va voir ce que c'est des vrais héros. Bref pour conclure et qu'on se le dise, j'ai aucune idée si le jeu passerait bien aujourd'hui. Mais il passe bien chez moi, parce qu'il était tombé entre mes mains au bon moment pour devenir un de mes jeux cultes quels que soient ses défauts (il y en a, et ils sont gros