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« le: mercredi 29 mars 2017, 14:47:44 »
Bon, je n'en ai pas encore fini (me reste quelques sanctuaires)... Mais je crois en avoir assez vu en l'état pour me faire un avis sur l'ensemble.
Pour reprendre un peu le modèle proposé par Moon... Mon propre contexte.
Depuis quelques temps, de façon étendue, qu'importe les domaines (que ce soit le cinéma, les séries ou les jeux vidéos), je trouve que, volontairement ou non, on nous livre beaucoup trop d'informations, et donc, pour tout ce qui suscite chez moi une véritable attente, je me tiens le plus éloigné de toutes les informations.
Donc pour ce Zelda... Je n'avais vu que les deux trailers des E3 et celui de Janvier, sans même un coup d’œil aux vidéos de gameplay, aux retours sur les démos & cie... Et quelques informations complémentaires plus techniques, comme le truc à télécharger sur WiiU, mais c'est tout. Et ça m'avait suffit à être rassuré et impatient de mettre la main dessus.
Je n'ai pas les mots pour...
Je vais tenter d'être concis, et même si je devais échouer, je suis sûr qu'il manquera des choses tant ce jeu, cette expérience, m'ont marqué.
D'abord, l'ambiance générale...
Ce jeu est beau, c'est incontestable... Visuellement, les paysages sont magnifiques, fourmillant de détails, avec une patte artistique qui évoque, comme ça a souvent été dit, un Ghibli (et encore plus avec les personnages... mention spéciale à l'Impa dont j'adore le design), dans lequel on peut se perdre.
Alors, oui, de près, certaines textures jurent, mais quand on se prend à apprécier l'ensemble, ces défauts disparaissent.
Mention spéciale également à l'affichage pro, dans les paramètres, que j'ai eu la bonne idée de mettre dès le départ (j'ai juste jeté un œil à l'affichage normal pour la différence), car dans un jeu aussi visuel, ne pas être encombré d'éléments et pouvoir profiter du jeu, c'était une très bonne chose (virer l'HUB a été une des premières choses que j'avais fait en moddant Skyrim).
La musique et l'ambiance sonore, par sa discrétion, renforce l'immersion et la vie dans ce jeu, je ne sais pas précisément comment le dire, mais elle n'a jamais prit l'ascendant, sans pour autant s'effacer complètement, elle est juste, que ça soit pour la part qu'elle prend dans l'émotion et l'exploration, que par son volume à chaque instant... Elle fait parti intégrante du tableau qu'on nous offre, et sans encore y avoir accordé une attention, je ne sais pas si l'écoute de l'OST, à part, produirait le même effet.
Ce monde est vivant, de bien des manières... Comme je l'ai souvent dit dans les impressions... Pour saisir combien ce monde est vivant, il faut aller au delà des villages et des habitants déjà très plaisant, encore davantage lorsqu'on commence à voir les autres races, et la relation que chacune peut avoir avec Link (celle qui m'aura le plus marqué, ça sera les Zora, avec le ressentiment et la violence justifiée envers celui qu'ils voient comme le Héros qui a échoué et à cause de qui leur princesse est morte, en me mettant à la place de Link, face à ces réactions, j'ai ressenti une certaine culpabilité, très proche de ce que j'avais ressenti dans TWW en découvrant le château d'Hyrule figé, où j'avais sous les yeux, directement, quelque part, la preuve de mon échec, comme Héros), la présence de certains indices culturels et d'enfants, vraiment génial.
Le fait qu'ils réagissent aux mobs, en les subissant ou en les combattant, à l'environnement, à la météo etc... Ils ne sont pas de vulgaires coquilles immobiles.
Bref, il n'y a pas que les PNJ « classiques », mais également une faune et une flore plutôt variée et imprévisible, tantôt fuyante, tantôt sur la défensive et chargeant avant de filer, mais ayant également des détails dans leurs comportements, très naturels. Les Mobs m'ont particulière touché, pour avoir prit le temps de les observer... Ils ont un rythme de vie, des petits plaisirs, des interactions et même si on ignore ce qu'ils peuvent se raconter, ils discutent entre eux, quand on ne les dérange pas.
(pour le concis, c'est raté, mais on va continuer)
Bon, pour les « généralités », on en restera là, maintenant, l'expérience elle-même...
Comme souvent dit, c'est une ode à l'aventure... C'est un voyage, une expérience...
Il m'a fait renoué avec une sensation qu'aucun Zelda (et très peu de jeu) depuis Majora's Mask, ne m'avait procuré, cette impression d'être totalement perdu. Il m'a forcé à désapprendre tout ce que je savais des Zelda, dans leurs mécaniques, tant il bouscule ses codes, et si je suis conscient que certains seront dérangés, par ça, par la difficulté que présente ce jeu également, c'était ce que j'attendais sans en avoir vraiment conscience.
Et cette apprentissage, il se fait pas seulement au début, mais pendant tout le jeu... Et ça n'est pas via des tutoriels, via des explications qu'on apprend la plupart des choses, mais en expérimentant par soi-même, en se disant « est-ce que je peux faire ça ? », et ça, c'est fou. Même au point où j'en suis rendu, j'ai toujours l'impression d'avoir une foule de choses à apprendre de l'utilisation de telles ou telles items, des synergies possibles, des tactiques possibles... Et ce jeu encourage et surtout récompense cette attitude expérimentale.
Il faut apprendre à gérer ses armes, à économiser, et donc, à exploiter des stratagèmes variés, il faut comprendre (et les sanctuaires sont conçus pour certains en ce sens) les multiples utilisations des outils de la tablette, les interactions possibles avec l'environnement (et il y en a toujours plusieurs). On passe son temps à apprendre, et on utilise concrètement tout ce que nous enseigne l'expérience acquise... Rien n'est jamais superflu, pourvu qu'on y prête attention.
Ce nécessaire apprentissage, cette récompense faite aux audacieux, aux explorateurs, à l'imagination et à la créativité, c'est une des grandes richesses de ce jeu, c'est une de ses pierres angulaires.
Scénario
Et c'est notre aventure avant d'être celle de Link (ce qui conduit à un de ses défauts majeurs), le jeu nous initie rapidement à ses règles sur le Plateau, sans jamais nous tenir par la main, « Tu dois me trouver ça... Pour le comment, débrouilles-toi. », il ne nous donne que quelques indices. Et même par la suite, c'est toujours ce qu'il fera... Donnant des énigmes, des chansons, mais il nous revient la charge d'en comprendre le sens. Une fois conclut le Plateau, il nous libère, considérant avoir fait son boulot, et on peut faire ce qu'on veut, partir dans la direction que l'on souhaite... Ayant, du haut de la tour, ou depuis une montagne, aperçu quelques endroits intriguant et quelques sanctuaires...
Cette liberté est une épée à double tranchant... Elle procure les meilleures sensations mais produit un effet pervers que, je l'espère, Nintendo sera capable de contrecarrer tout en préservant les meilleures idées qu'offre ce jeu. Si on écrit sa propre aventure, si on peut tout faire ou presque dès le début (pourvu qu'on en trouve les moyens), si il n'y a pas d'ordre... Alors le scénario « joué » en souffre malheureusement.
Les souvenirs compensent une part de ce manque, mais si on prend la mesure de la richesse des protagonistes, le fait est que la part que nous faisons de cette histoire est réduite. Des trames assez légères, assez inégales et des donjons plutôt simple une fois conscient de la mécanique du premier (pour les machines), et des boss anecdotiques et oubliables, même si le cadre lui-même est grandiose, d'autant qu'on peut, en partie, explorer et arpenter ces machines, même dans des zones inutiles.
L'exception, c'est le château d'Hyrule, grandiose... Et encore, je l'ai pas totalement exploré, mais il est cohérent, avant d'être un donjon, il a clairement été conçu pour être un château (ça n'était pas le cas des autres, dans aucun Zelda), avec ses pièces à vivres, ses appartements, ses salles de réception, ses cachots & cie, avant d'être un donjon qu'il n'est pas vraiment.
Personnellement, à l'avenir, c'est davantage ce genre de chose que j'aimerais voir... Des temples qui seraient d'abord conçu, par l'architecture, par l'organisation des pièces, comme étant des temples, des lieux de vies et de cultures, de rituels, avec des éléments de background pour qui se donnerait la peine d'y jeter un œil, enrichissant l'univers lui-même, et les races associés, tout en apportant une mécanique pour les traverser ou pour aller plus loin.
La facilité des machines est contrebalancé par la diversité et la complexité de certains sanctuaires (et avec le recul, je me rends compte qu'ils sont conçus pour être ce qu'ils sont dans le scénario, des épreuves pour préparer le Héros... Pour comprendre les mécaniques de ses outils autant que pour s’entraîner à combattre la variété de ses adversaires), dont certains sont particulièrement tordus jusqu'à ce que l'on pose sur eux le bon regard, d'autres sont funs, comme l'Ile Finalis.
Ce défaut dans le scénario « joué » est tout de même en partie contrebalancé par les souvenirs, qui apportent beaucoup, sur le caractère des personnages, leurs relations, et c'est très touchant (que ça soit l'amour de Mepha autant que la relative rivalité avec Revali, et l'aspect très maternel de Urbosa envers Zelda). La relation entre Link et Zelda, dans cet opus, je la trouve vraiment intéressante, dans sa progression autant que par ce que je considère entre les lignes, que le poids de la légende sur leurs épaules.
Quelques défauts...
Pour passer rapidement sur les autres grands défauts... Oui, le jeu peut ramer, dans les villages et lorsqu'on commence à engager de trop nombreux ennemis (particulièrement quand ça implique des Moblins, chez moi), mais au global, c'est une chose anecdotique qui ne ruine pas l'expérience.
Les Korogus reposent sur une variété limités « d'énigmes », mais bon, ça occupe quand on explore et le bénéfice qu'on en tire, au moins pour une partie, encourage à les chercher.
Et, même si je peux le comprendre, d'un point de vue scénaristique... Ganon est une certaine déception, mais bon, j'ai toujours préféré Ganondorf, ou un antagoniste avec du caractère. Ganon, plus que jamais ici, en fait, est l'Incarnation de la Haine promit par l'Avatar, c'est une volonté de détruire à l'état pur, qu'il faut stopper, elle ne discute pas, n'interagit pas, elle veut simplement tout détruire.
Donc si je trouve ça logique, bah... Voila...
Bref...
Y a une foule de détails dont je parle pas, même si j'ai beaucoup écrit, j'ai essayé de rester générale. Mais ce jeu est une pépite, c'est à la fois un Zelda que je n'attendais pas et un jeu que j'espérais, et qu'à travers des mods sous Skyrim, j'avais tenté d'ébauché.
J'en rêvais, Nintendo l'a fait, avec la patte Zelda qui rend les choses encore plus magique.