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Littérature, BD et séries d'animation / [Anime] [Manga] Rainbow : Nisha Rokubou No Shichinin
« le: lundi 25 février 2019, 11:59:47 »Image promotionnel de l'anime, diffusé pour la première fois en avril 2010
Dans l'ordre : Mario au premier-plan, Joe puis Kyabetsu à sa gauche. À sa droite, Baremoto, Suppon et Heitai. À l'arrière-plan, Rokurota Sakuragi dit Anchan.
Synopsis de l'oeuvre
Mario. Joe. Heitai. Suppon. Baremoto. Kyabetsu.
Dans le Japon de l'Après-Guerre, ces six jeunes hommes sont envoyés dans une maison de correction et se retrouvent tous dans la cellule 6 du quartier 2. Ils rencontrent là-bas, un jeune homme de 17 ans sans co-détenu, Rokurota Sakuragi. Si, lors de leur première rencontre, Sakuragi leur colle une dérouillée mémorable, au fur et à mesure de l'histoire, c'est un vrai lien d'amitié qui se crée. Rokurota, dès lors surnommé Anchan (littéralement grand-frère) par ses nouveaux camarades, leur apprend à survivre dans cet enfer carcéral. Démarre alors une lutte contre les humiliations et l'injustice où les sept adolescents gardent un unique espoir, celui de voir un arc-en-ciel transpercer ce ciel sombre.
Analyse et avis généraux sur l'oeuvre
Publié entre 2002 et 2009, Rainbow est un seinen dessiné par Masasumi Kakizaki (auteur des seinen Bestiarius, Green Blood et du one-shot Hideout) et scénarisé par George Abe. Après avoir été pré-publiée dans le magazine Big Comics Spirits, suite à l'arrêt d'un premier magazine (le Weekly Young Sunday), l'oeuvre, compilée en 22 tomes, est éditée au Japon par la maison d'édition Shogakukan. En France, c'est Kaze qui édite la série.
Fait intéressant, à travers ses personnages, on peut y déceler la vie, bien qu'extrêmement romancée, de l'auteur George Abe. Il a en effet vécu dans le Japon d'après-guerre et, comme les détenus du quartier 2, a séjourné dans une maison de correction. C'est un vétéran de 81 ans qui a effectué les mêmes professions que certains de ses personnages et, à mes yeux, cela donne une profondeur de plus à l'oeuvre.
Le manga, basé sur un fait historique, nous donne un aperçu du Japon en pleine reconstruction suite à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. On y voit les oubliés de la guerre, des jeunes à qui on ne donne aucune chance, si ce n'est de croupir derrière les barreaux.
Cette citation, illustre d'ailleurs mes propos :
"Dix ans ont passé depuis la défaite du Japon. Le pays est en ruine. Tout manque : les habitations, les vêtements et même la nourriture. Cette guerre a été décidée par des hommes adultes… Mais ceux qui en ont le plus souffert sont les faibles : les femmes, les vieillards et les enfants." ~ Rainbow - tome 1
Dans Rainbow, ces trois catégories se mélangent et leurs destins s'entrecroisent. On suit, non seulement la lutte acharnée pour la vie des protagonistes, mais également la lutte de leurs amis. Ainsi, on voit le rêve d'une prostituée japonaise s'accomplir, la reconstruction d'une jeune orpheline auprès de cette famille reconstituée et le quotidien d'un vieil usurier qui est haï par ses emprunteurs lorsqu'ils doivent le rembourser. C'est ce qui, à mon sens, est une des forces de l'oeuvre.
À l'image de la "vraie vie", aucun personnage n'est évincé dans l'intrigue et tous trouvent un dénouement. Heureux ou pitoyable, tous y font face en tentant d'échapper à une sorte de fatalité. Rien n'est manichéen, chacun se débat à sa manière quelques soient ses raisons. C'est comme si la majorité des personnages tentaient de sortir leur tête hors de l'eau afin de prendre une grande bouffée d'air, synonyme de liberté.
Car la liberté est une quête omniprésente dans Rainbow. Même dans la seconde partie du manga qui se concentre sur la réinsertion des protagonistes dans la société japonaise, ils ont cet espoir de voir un arc-en-ciel fendre cet horizon trouble. Car même libres, on leur colle cette réputation d'anciens taulards à la peau. Alors qu'ils n'aspirent qu'à trouver un peu de quiétude dans ce monde rude, ils doivent se battre pour faire oublier au reste de la société ce fantôme tenace. Les protagonistes se battent avec leurs seules armes, leur volonté commune de sortir de cet enfer parcouru de barreaux et de barbelés. Ils se démènent avec leurs poings et leur coeur, mus par l'amitié qui les unissent.
Cette lutte est le coeur du scénario, si poignant de par son rythme de narration et ses histoires du quotidien entremêlées à la trame principale. On se retrouve, non pas avec une simple aventure, mais une véritable tranche de vie qui témoigne du passage de l'adolescence à l'âge adulte dans cette période difficile.
Mais la qualité d'écriture et l'histoire si poignante que j'en ai versé quelques larmes n'est pas le seul avantage de Rainbow. Si je devrais parler d'un autre atout de Rainbow, ça sera indubitablement le dessin.
Ici, Masasumi Kakizaki a fait un travail de maître. Les ombrages sont très présents, comme pour montrer ce monde sombre dans lequel tous les personnages ont été balancés. Mais malgré cela, il y a toujours une touche d'espoir, une touche de blanc qui vient nous dire que le désespoir n'a pas totalement triomphé. Le rendu, très détaillé, est d'une grande beauté. Bien sûr, on peut être gêné par ces stries blanches omniprésentes sur des scènes de ce type, mais ce trait fait parti du style de Kakizaki et est commune à plusieurs de ses oeuvres.
Pour finir, je vous partage l'opening de l'anime qui comporte une vingtaine d'épisodes. Il ne traite que de la première partie du manga mais c'est toujours plaisant à voir en plus de la version papier.
Le titre de la chanson est We're Not Alone qui est interpretée par le groupe metalcore japonais Coldrain. Le groupe a également deux autres chansons qui sont l'opening de l'adaption anime de King's Game et un ending d'Hajime no Ippo. Avant de vous laisser regarder cette courte vidéo, un dernier avertissement...Préparez les boules Quiez et les cotons tiges car les premières secondes de l'opening sont...intenses !
Sur ce, je vous laisse avec une image représentant Mario et Anchan, provenant de l'anime. Ici, bien qu'on se situe au milieu de l'intrigue, un arc-en-ciel ténu, commence à apparaître pour les détenus.