De son titre japonais Ooku,
Le pavillon des hommes est un manga de Fumi Yoshinaga, prépublié dans le magazine Melody, il est toujours en cours avec pour le moment 15 tomes et est édité chez Kana en France.
Au début de l'ère Edo, à la suite du décès d'un jeune garçon attaqué par un ours dans la montagne, une étrange épidémie se développe dans les villages puis les villes, passant au fil des ans de régions en régions jusqu'à ce que tout le Japon soit atteint. Cette maladie surnommée "la variole du tengu" a la particularité de ne toucher que les hommes, généralement au moment de l'enfance et l'adolescence. Aucun remède ne sera trouvé, si bien qu'au bout de 80 ans, la population masculine du pays fera le quart de la population féminine.
Lorsque le shogun Tokugawa Iematsu, bien qu'étant adulte, décède de cette maladie, sa nourrice Kasuga no Tsubone envoie chercher son unique enfant, une fille illégitime, qui devra remplacer son père pour empêcher des révoltes des seigneurs féodaux et continuer à tout prix la ligné directe des Tokugawa. Il faudra pour cela que "Iemitsu" ait un enfant, aussi Kasuga fait construire un pavillon au château d'Edo dans lequel seront placés de nombreux hommes en bonne santé qui lui serviront de concubins.
Le pavillon des hommes est donc une uchronie (récit d'Histoire alternative) dans laquelle la forte baisse de population masculine va changer la société des femmes et des hommes japonais de cette ère. L'époque n'est pas choisie au hasard, en effet c'est sous Iemitsu que le Japon commence sa politique d'isolation (1633-1853) pendant laquel le pays est coupé au reste du monde, à l'exception de la Hollande avec laquelle ils ont un accord commercial. Cela avait pour but d'empêcher l'expansion du christianisme dans le pays mais dans le Pavillon des hommes, c'est aussi une bonne manière d'éviter que le monde extérieur n'apprenne la situation compliquée dans laquelle se trouve le pays.
Kasuga no Tsubone a bien existé mais le "Ooku", qu'elle a créé était un quartier réservé à des femmes concubines. Les autre personnages basés sur un équivalent réel sont aussi évidemment nombreux et s'il s'agit d'une uchronie, Fumi Yoshinaga se base cependant sur la vie des différents shogun et reprend des événements historique ayant marqués cette époque. Il n'y a donc initialement pas de grand changements comme peuvent le donner certaines uchronies se basant sur le principe de "Et si X avait perdu/gagné cette bataille décisive, que ce serait-il passé ?"
Ceci dit je n'ai pour le moment lu que les 6 premiers volumes, il y aura peut-être des différences grandissantes par la suite. Et puis, je ne peux pas dire que je m'y connaisse vraiment sur les détails de cette période historique donc je ne saurais dire tout ce qui tient du fait réel ou de la fiction dans tout ce qui est narré.
Mais je pense que même sans rien y connaître en Histoire japonaise on peut tout de même suivre et apprécier le manga. Après ce n'est pas toujours très facile de se souvenir des noms des très nombreux personnages (certains en possédant plusieurs en plus) et parfois de qui est qui vu qu'il y en a beaucoup qu'on voit grandir et vieillir et qu'on change régulièrement de groupes de personnages au fur et à mesure que l'histoire suit son cours.
On suit donc principalement la vie des différents shoguns et ce qui se passe au sein du pavillon mais plusieurs scènes montrent l'évolution au niveau des différentes classes sociales qui se joue dans le pays, les femmes reprenant de nombreux métiers masculins et devenant la main d'œuvre majoritaire, héritant des commerces et titres de leur famille puisque les garçons ne sont pas assurés de survivre jusqu'à l'âge adulte.
C'est intéressant de voir comment la mangaka présente ces changements petit à petit et je suis curieuse de voir comme cela continuera de se développer au cours des tomes suivants.